La Loi du Pendule

LA LOI DU PENDULE

Conférence de Samaël Aun Weor

Le Cinquième Évangile

Nous allons commencer notre chaire de ce soir. Il est certain que l’humanité vit dans la bataille de l’antithèse, dans la lutte sanglante des opposés : parfois, nous sommes très joyeux, contents, et d’autres fois, nous sommes déprimés, tristes. Nous avons des périodes de progrès, de bien-être, certaines meilleures que d’autres, en accord avec la Loi du Karma ; nous avons aussi des périodes critiques, au niveau économique, social etc. Certaines fois, nous sommes optimistes par rapport à la vie et d’autres fois nous nous sentons pessimistes.

On a toujours constaté que toute époque de joie et de contentement est suivie d’une période dépressive, douloureuse, etc. Personne ne peut ignorer que nous sommes toujours soumis à de nombreuses alternatives sur le terrain de la vie pratique. En général, les périodes que nous qualifions « d’heureuses », sont suivies par des périodes d’angoisse. C’est la LOI DU PENDULE qui gouverne, réellement, notre vie.

Vous avez vu, par exemple, le pendule d’une horloge : dès qu’il est monté à droite, il se précipite pour monter à gauche. Cette Loi du Pendule gouverne aussi les nations, cela ne fait aucun doute !

Par exemple, à l’époque où l’ÉGYPTE était florissante sur les rives du Nil, le peuple juif semblait être, non pas « semblait » mais était nomade dans le désert. Beaucoup plus tard, lorsque le peuple égyptien déclina, le peuple hébraïque s’éleva, victorieux : c’est la Loi du Pendule. Une ROME triomphante s’appuie sur les épaules de nombreux peuples, mais ensuite, avec la Loi du Pendule, elle décline et ces peuples s’élèvent, victorieux.

L’UNION SOVIÉTIQUE, par exemple, s’est terriblement passionnée pour la DIALECTIQUE MATÉRIALISTE ; mais maintenant, le Pendule commence à changer ; il se met à passer de l’autre côté et, comme résultat, la Dialectique Matérialiste est en train de décliner, ou plutôt est pratiquement abandonnée ; elle n’a plus aucune valeur. De nos jours, la meilleure production que nous ayons en matière de PARAPSYCHOLOGIE, nous la devons à l’Union Soviétique.

Il a bien été vérifié, d’après les renseignements, que l’Union Soviétique est en train de produire la plus grande quantité de matériel en relation avec la Parapsychologie : on utilise l’Hypnotisme dans les cliniques, la Parapsychologie dans tous les hôpitaux, etc.

Au train où va l’Union Soviétique, d’ici peu de temps, elle sera passée exactement du côté opposé au matérialisme ; elle deviendra absolument mystique et spirituelle. Elle est déjà sur cette voie et de nombreux paladins mystiques sont donc en train de se distinguer en Russie.

La Dialectique de Karl Marx ? Eh bien, elle a été abandonnée, elle est pratiquement tombée aux oubliettes pour laisser la place à la Parapsychologie et, postérieurement, à L’ÉSOTÉRISME SCIENTIFIQUE, à l’Occultisme, au Yoga, etc., car le pendule est en train de changer, de passer de l’autre côté : de la THÈSE à l’ANTITHÈSE.

Tous les êtres humains dépendent de la Loi du Pendule, c’est évident. Nous avons de bons amis et, si nous savons les comprendre, il est clair que nous pourrons conserver leur amitié ; mais il serait absurde d’exiger de nos amis qu’ils ne soient jamais SOUMIS À LA LOI DU PENDULE.

On ne doit pas être surpris, par exemple, qu’un ami avec lequel on a toujours eu de bonnes relations se présente devant nous, du jour au lendemain, en colère, en rogne, les sourcils froncés, irrité, en disant des paroles dures, etc. Dans ce cas, il faut s’excuser respectueusement et se retirer pour que notre ami ait le temps de se détendre ; nous ne devons pas nous décourager parce qu’il nous a fait « mauvaise figure » un jour ; il faut, bien au contraire, le comprendre, car il n’y a pas d’être humain qui ne soit pas soumis à la Loi du Pendule.

Par conséquent, cela vaut la peine de réfléchir. Cette Loi du Pendule me semble ou, du moins, elle m’apparaît très évidente, spécialement chez les natifs du signe des GÉMEAUX (du 21 mai au 21 juin). On dit que les Gémeaux ont une double personnalité. En tant qu’amis, ils sont extraordinaires, merveilleux ; ils vont même jusqu’à se sacrifier pour leurs amis ; mais quand ils changent de personnalité, alors ils sont à l’opposé et tout le monde reste déconcerté.

Eh bien, c’est un exemple précis de ce qu’est la Loi du Pendule. Je ne veux pas dire qu’ils soient uniquement les seuls à être régis par la Loi du Pendule ; non, nous n’irons pas jusque-là. Mais, le moins qu’on puisse dire est que les Gémeaux illustrent cette Loi, qu’ils la mettent en relief, qu’ils servent en quelque sorte de modèle et qu’ils nous indiquent, en réalité, ce qu’est vraiment une telle Loi.

Nous qui connaissons les natifs du signe des Gémeaux, nous savons comment nous conduire avec eux. Lorsque leur personnalité fatale ou négative se manifeste, nous n’opposons aucune résistance et nous attendons paisiblement que la Personnalité sympathique se remette en activité.

Tout cela est très intéressant ; mais la Loi du Pendule est non seulement démontrée chez les natifs du signe des Gémeaux, mais nous pouvons aussi l’observer dans notre organisme. Dans le cœur, il existe la DIASTOLE et la SYSTOLE, c’est-à-dire la Loi du Pendule. « Diastole » vient d’un mot grec qui signifie « réorganiser », « se préparer », « accumuler », etc., « systole » signifie « contraction », « impulsion », « direction », d’après des mots d’origine grecque.

Pendant la diastole, le cœur s’ouvre pour recevoir le sang, mais aussi il organise, il prépare, etc., jusqu’à ce qu’il prenne une nouvelle initiative ; il se contracte, alors, et projette le sang dans tout l’organisme. Ce jet est important ; c’est par lui qu’on existe.

Mais, ce dont je me rends justement compte, c’est que les gens comprennent qu’il y a une diastole et une systole, mais qu’ils ne comprennent pas qu’entre la diastole et la systole, existe une TROISIÈME POSITION : celle de la PRÉPARATION, de l’organisation, de l’accumulation de puissances vitales, etc.

On nous dira alors que l’intervalle entre la systole et la diastole est très bref. Je suis d’accord, il s’agit de millièmes de seconde. Pour nous, c’est trop fugace ; mais, pour ce monde merveilleux de l’infiniment petit, pour ce monde extraordinaire du microcosme, eh bien, c’est suffisant pour réaliser des prodiges.

En regardant les choses sous cet angle, il me semble que nous devrions nous orienter avec cette question de diastole et de systole et leur synthèse organisatrice, c’est évident.

Tous les gens, dans les relations et interrelations sociales de leur vie, sont complètement esclaves de cette Loi du Pendule. À peine se lèvent-ils avec une joie débordante, en chantant victoire, qu’aussitôt ils vont de l’autre côté, déprimés, pessimistes, anxieux, désespérés. Tout semble même se compliquer, en accord avec la Loi du Pendule. Les hauts et les bas de la monnaie, les hausses et les baisses des finances, les périodes de merveilleuse harmonie dans les familles, les périodes de conflits et de problèmes se succèdent tous inévitablement en accord avec cette Loi du Pendule.

D’après notre façon de voir les choses, nous pouvons affirmer, avec insistance, que la Loi du Pendule est MÉCANIQUE à cent pour cent.

Cette Loi du Pendule, nous l’avons dans notre mental, dans notre cœur et aussi dans notre Centre Moteur-Instinctif-Sexuel. Il est évident que la Loi du Pendule existe DANS CHAQUE CENTRE.

Dans le mental, elle est parfaitement définie par la BATAILLE DES ANTITHÈSES, par les opinions contraires, etc. Dans le cœur, par les ÉMOTIONS ANTITHÉTIQUES, par les états d’angoisse et de félicité, d’optimisme et de dépression. Dans le Centre Moteur-Instinctif-Sexuel, elle se manifeste par les HABITUDES, les COUTUMES, les MOUVEMENTS : quand nous sommes déprimés, nous fronçons les sourcils, nous avons une mine sévère ; et quand nous sommes très contents, nous sourions, joyeux, sous l’impulsion, donc, du Centre Moteur, etc. Nous sautons, nous bondissons, remplis de joie pour une bonne nouvelle, ou bien nos jambes tremblent devant un danger imminent : thèse et antithèse du Centre Moteur, la Loi du Pendule dans le Centre Moteur.

Conclusion : nous sommes ESCLAVES D’UNE MÉCANIQUE. Si quelqu’un nous donne de petites tapes sur l’épaule, nous sourions tranquillement ; si quelqu’un nous donne une gifle, nous répondons par une autre gifle ; si quelqu’un nous fait une louange, nous nous sentons heureux, mais si quelqu’un nous blesse avec une parole agressive, nous nous sentons terriblement offensés. Au final, nous sommes de petites machines soumises à la Loi du Pendule ; chacun peut faire de nous ce dont il a envie.

Veut-on nous voir contents ? On nous donne quelques petites tapes sur l’épaule ou on nous murmure quelques flatteries à l’oreille et nous sommes très contents. Veut-on nous voir remplis de colère ? On nous dit une parole qui blesse notre amour-propre, on nous dit une parole dure et on nous verra offensés, fâchés.

Par conséquent, la psyché de chacun d’entre nous est, en réalité, vraiment soumise à ce que veulent les autres. C’est triste à dire, mais nous ne sommes pas maîtres de nos propres processus psychologiques ; n’importe qui peut manipuler nos processus psychologiques ; nous sommes de véritables MARIONNETTES manipulées par n’importe qui.

Si je veux vous voir contents, il me suffit de vous dire des choses douces à l’oreille, de vous faire des louanges et vous voilà heureux. Si je veux que vous vous fâchiez contre moi, je me mets à vous offenser et alors, vous froncez les sourcils, l’entre-sourcils, vous ne me regardez plus avec des « yeux doux », comme vous me regardez en ce moment, mais de manière colérique, avec des « yeux revolvers ».

Mais, si je veux à nouveau vous voir contents, je recommence à vous dire de petits mots doux et vous êtes de nouveau contents et vous me regardez encore avec douceur. En conclusion : vous vous transformez pour moi en un instrument sur lequel je peux jouer des mélodies, soit douces, soit graves, soit agressives, soit romantiques, comme je le veux.

Alors, où se trouve donc L’INDIVIDUALITÉ des gens ? Ils n’en possèdent donc pas s’ils ne sont pas maîtres de leurs propres processus psychologiques. Lorsqu’on n’est pas maître de ses propres processus psychologiques, on ne peut pas dire, réellement, que l’on a une individualité.

Vous sortez, par exemple, dans la rue ; vous êtes très content tant que rien ne vient vous déranger. Et une fois que vous êtes au volant de votre automobile, surgit un fou, comme il y en a en ville ; il vous dépasse par la droite et vous coupe la route. Cela vous offense terriblement. Si vous ne protestez pas sur le moment avec la parole, pour le moins vous protestez en klaxonnant, mais vous ne pouvez pas rester sans protester.

C’est-à-dire que le conducteur de cette automobile qui vous a dépassé, qui vous a tracassé, qui vous a contrarié, vous a fait changer totalement. Si vous étiez content, vous êtes maintenant rempli de colère ; ainsi ce conducteur a été plus fort que vous ; il a pu manipuler votre psyché, mais vous, non.

Vous voyez donc la Loi du Pendule ? Y aurait-il un moyen d’échapper à cette terrible Loi Mécanique du Pendule ? Croyez-vous qu’il y ait une manière de lui échapper ? S’il n’y en avait pas, nous serions condamnés à vivre une vie mécanique « per seculum seculorum, amen ».

Il est évident qu’il doit y avoir un système qui nous permette de nous évader de cette loi ou de la manier. Celui-ci existe réellement : nous devons apprendre à DEVENIR COMPRÉHENSIFS, RÉFLÉCHIS, à voir les choses de la vie telles qu’elles sont.

Il est évident que chaque chose, dans la vie, a DEUX FACES : n’importe quelle surface nous indique l’existence d’une face opposée, cela est incontestable. La face d’une médaille nous suggère son revers. Tout a deux faces ; les Ténèbres sont l’opposé de la Lumière. Dans les Mondes Suprasensibles, on peut vérifier qu’à côté d’un Temple de Lumière existe toujours un Temple Ténébreux, c’est évident.

Mais pourquoi commettons-nous l’erreur de nous réjouir devant quelque chose de positif et de protester devant quelque chose de négatif si ce sont les deux faces d’une même chose ? Je pense que l’erreur la plus grave en nous consiste précisément en ce que nous ne savons pas regarder les deux faces d’une chose ou d’une circonstance, etc. Nous ne voyons toujours qu’une face, nous nous identifions à elle et nous sourions ; mais lorsque l’antithèse de cette même chose se présente à nous, nous protestons, nous déchirons nos vêtements, nous « tonnons » et « lançons des éclairs » ; en vérité, nous ne voulons pas coopérer avec l’inévitable et c’est précisément là notre erreur.

Parfois, nous nous passionnons pour un côté de la balance et d’autres fois pour l’autre côté ; parfois, nous allons vers une extrémité du Pendule et parfois nous allons vers l’autre extrémité ; et c’est pour cette raison qu’il n’y a pas de paix en nous ; nos relations sont très mauvaises, conflictuelles.

Toute époque de paix est suivie d’une époque de guerre et toute époque de guerre est suivie d’une époque de paix. Nous sommes victimes de la Loi du Pendule et c’est douloureux. C’est précisément ce qui cause « la tempête de tous les exclusivismes », la lutte des classes, les conflits entre le capital et les travailleurs, etc.

Si nous pouvions voir les deux faces de chaque chose, tout serait réellement différent ; mais malheureusement, il nous manque la compréhension. Si nous voulons voir les deux faces de chaque chose, il est nécessaire (selon ma façon de comprendre les choses) de ne plus vivre à l’intérieur de la Loi du Pendule, mais plutôt dans un cercle fermé, un CERCLE MAGIQUE. Imaginons un cercle autour de nous, un Cercle Magique.

Par ce cercle passent toutes les Paires d’Opposés de la Philosophie : les Thèses et les Antithèses, les circonstances agréables et désagréables, les périodes de triomphe et d’échec, l’optimisme et le pessimisme, ce que les gens appellent « bien » et ce qu’ils appellent « mal », etc.

Autour de ce Cercle Magique, nous pouvons voir un défilé très intéressant ; nous découvrirons, par exemple, que toute grande joie est immédiatement suivie d’états dépressifs, d’angoisses, de douleurs. Plus les gens rient aux éclats et plus les larmes sont abondantes et les pleurs amers.

Vous avez observé, vous avez remarqué qu’il y a, dans la vie, des moments où tout le monde rit dans la famille, où tout le monde est très content, où il n’y a que des éclats de rire et de la joie… c’est mauvais signe. Lorsqu’on voit cela dans une famille, on peut prophétiser infailliblement qu’une douleur guette cette famille et qu’ils vont tous pleurer.

C’est certain, parce que tout est double dans la vie. À la grimace de l’éclat de rire succède une autre grimace fatale, celle de la douleur suprême et des pleurs. Les cris de joie sont suivis de cris de suprême douleur.

Tout a deux faces : la positive et la négative, c’est évident. Ce signe ésotérique, par exemple, (le Maître fait le signe de l’Ésotérisme avec les trois doigts de la main droite levée). Supposez qu’il se réfléchisse sur le sol. Observez l’ombre sur le sol. Que voyez-vous ? LE DIABLE. Cependant, c’est le signe de l’Ésotérisme ; mais son ombre, à l’évidence, a la figure du Diable. Tout est double dans la vie ; il n’y a rien qui ne soit pas double.

Lorsqu’on s’habitue à voir les choses à partir du centre d’un Cercle Magique, tout change ; on se libère de la Loi du Pendule. Une fois, lorsque j’avais le corps physique de THOMAS DE KEMPIS, j’ai écrit, dans une œuvre intitulée « L’imitation de Jésus-Christ », la phrase suivante : « Je ne suis pas plus parce qu’on me loue, ni moins parce qu’on me blâme, car je suis toujours ce que je suis ». C’est clair, tout a une double face : la louange et le blâme, le triomphe et la déroute… Tout a deux faces.

Lorsqu’on s’habitue à voir n’importe quelle circonstance, n’importe quelle chose, n’importe quel événement, de manière intégrale, unitotale, sous ses deux faces, on s’évite alors, dans la vie, bien des déconvenues, bien des frustrations, bien des déceptions, etc.

S’il s’agit d’une amitié, d’un ami, alors on doit comprendre que cet ami n’est pas parfait, qu’il possède ses agrégats psychiques et qu’à n’importe quel moment il peut passer de l’amitié à l’inimitié, ce qui est normal, en outre. Et le jour où ceci arrive réellement, le jour où cet événement se réalise, on ne passe par aucune désillusion, on a « pris ses précautions », c’est évident.

Je me souviens quand j’ai commencé avec le Mouvement Gnostique. À l’époque, environ trois ou quatre personnes me suivaient et j’avais vraiment mis tout mon cœur dans ces gens-là, luttant pour les aider, pour qu’ils sortent en Corps Astral, pour la méditation, pour l’étude de la Gnose, etc. J’étais arrivé à former un petit groupe et je m’attendais à tout, sauf à ce qu’un membre du groupe se retire, puisque j’étais venu, plein de dévouement, former ce petit groupe avec beaucoup d’amour.

Il est évident que lorsque quelqu’un s’est retiré du groupe, j’ai eu l’impression qu’on m’avait planté un poignard dans le cœur. Je disais alors : « Pourtant, si j’ai tant lutté pour cet ami, si je voulais qu’il marche sur le sentier comme il se devait, si je ne lui ai fait aucun mal, pourquoi m’a-t-il trahi ? ».

Il s’est affilié à une autre école. J’aurais pensé à tout, mais pas à ce qu’une personne, qui a reçu ces enseignements, puisse s’affilier à une autre petite école. Cependant, je résolus de poursuivre stoïquement mon travail. Le groupe augmenta et le jour vint où il y eut beaucoup de monde.

Un jour, on me dit, dans les Mondes Supérieurs, que « Le MOUVEMENT GNOSTIQUE était un train en marche dont certains passagers descendaient à une station et où d’autres montaient dans une autre station ; d’autres en descendaient plus loin, et plus loin encore, d’autres y montaient ». En conclusion, c’était un train en marche et j’étais le machiniste qui conduisait la locomotive. C’est pourquoi « cela ne devait pas me préoccuper ».

C’est ainsi que je le compris et, plus tard, je pus le vérifier réellement : quelques passagers montaient à une station et descendaient plus loin, et ainsi de suite. Dès lors, je devins stoïque. Je vis également que lorsqu’il en partait un, il en arrivait dix.

« Bon, me dis-je, il n’y pas besoin de tant se préoccuper ». Depuis ce moment-là, donc, après cette grande souffrance par rapport à une personne qui s’est retirée, j’ai appris que très rares sont ceux qui arrivent à la station finale. Cela m’a coûté assez de douleur ! Si aujourd’hui un frère se retire, eh bien, qu’il s’en aille ! Je ne suis plus celui qui se remplissait d’une terrible angoisse, désespéré pour le petit frère ; ce temps-là est bien révolu. Si une personne se retire, il en viendra dix, vingt… Qu’est-ce qu’une personne lorsqu’il y a tant de monde ? Nous ne devons pas nous battre pour les gens, c’est clair.

Tout le monde est soumis à la Loi du Pendule : ceux qui, aujourd’hui, s’enthousiasment pour la Gnose, demain seront désillusionnés. C’est normal ; tout le monde vit dans cette mécanique.

J’ai alors appris à voir les deux faces en chaque personne. Quelqu’un s’affilie-t-il à la Gnose ? Je l’aide et tout, mais je suis absolument certain que cette personne ne va pas rester avec nous toute sa vie, qu’elle ne va pas arriver à la station finale. Comme je le sais à l’avance, je prends donc mes précautions.

Je me suis mis exactement au centre du Cercle Magique pour voir tout ce qui va passer dans ce cercle : chaque circonstance, chaque personne, chaque événement, chaque fait avec ses deux faces : positive et négative. Si on se situe au centre et qu’on voit tout passer autour de ce centre, sans prendre parti, ni pour la partie positive, ni pour la partie négative de chaque chose, on s’évite alors bien des déceptions, bien des souffrances.

L’erreur la plus grave dans la vie, c’est de ne vouloir voir qu’une seule face de toute chose, qu’une face d’une amitié, qu’une face d’une circonstance, qu’une face de n’importe quel objet, qu’une face d’un événement. C’est grave, car tout est double. Quand vient la partie négative, on a alors l’impression qu’on nous enfonce sept poignards dans le cœur.

Il faut apprendre à vivre, mes amis, il faut savoir vivre si vous voulez aller loin, contrairement à beaucoup d’autres. Car si vous ne voyez qu’une seule face et rien de plus, que vous ne voyez pas l’antithèse, l’autre face, la fatale, vous devrez passer par bien des déceptions, bien des désenchantements, bien des souffrances ; vous finirez par être malades et, à la fin, vous mourrez.

La pauvre Madame BLAVATSKY, par exemple, ils l’ont tuée. Qui l’a tuée ? Tous ses calomniateurs et détracteurs, ses ennemis secrets et ses amis (ou ceux qui se disaient « amis »). Ils l’ont simplement assassinée, non pas avec des pistolets, ni des couteaux, non, non, non, ils ont parlé en mal contre elle, ils l’ont calomniée publiquement, ils l’ont trahie, etc., et j’en passe. Conclusion : la pauvre est morte, remplie de souffrances.

Moi, franchement, je regrette beaucoup, mais je ne donnerai pas ce plaisir à tous les petits frères du Mouvement. Moi, je vois deux faces en chaque frère. Un frère qui, aujourd’hui, est avec nous, qui étudie notre Doctrine, je l’apprécie, je l’aime ; mais le jour où il se retire, pour moi c’est normal qu’il se retire ; ce qui m’étonne le plus, c’est quand quelqu’un reste trop longtemps.

Mais pour apprendre cette horrible leçon, j’ai dû beaucoup souffrir. Les premières fois, ce fut comme si on m’avait enfoncé un poignard dans le cœur ; ensuite je me suis senti mieux, c’était comme si mon cœur s’était cuirassé.

De sorte que ce qui est arrivé à Madame Blavatsky ne m’arrivera pas, car je regarde les deux faces de chaque chose ; je suis dans la troisième position, dans la position du cœur se préparant pour la systole ; il est en état d’alerte, absorbé dans ses profondeurs, se préparant, s’organisant, pour ensuite se ressaisir, se comprimer et lancer le sang dans tout l’organisme. Ce troisième aspect est très utile.

En d’autres termes, je considère qu’il vaut mieux vivre dans le centre d’un Cercle Magique qu’aux extrémités du Pendule. Ce centre, en Orient, spécialement en Chine, s’appelle le « TAO ».

Le « TAO » est le TRAVAIL ÉSOTÉRIQUE GNOSTIQUE ; le « TAO » est le CHEMIN SECRET ; le « TAO » est l’INRI, le « TAO » est l’ÊTRE.

Quand on vit au centre du cercle, on n’est donc pas pris dans ce petit jeu mécanique de la Loi du Pendule, on n’est pas soumis à ces alternatives d’angoisse et d’allégresse, de triomphe et d’échec, de joie et de douleur, d’optimisme et de pessimisme, etc., non, on s’est libéré de la Loi du Pendule, c’est évident.

Mais, je le répète, il faut apprendre à voir chaque chose sous ses deux faces : Positive et Négative et ne s’identifier ni avec l’une, ni avec l’autre, car elles sont toutes deux passagères ; tout passe ; dans la vie, tout passe.

Dans ce monde, que l’on pourrait qualifier d’« intellectuel », j’ai toujours ressenti comme une certaine aversion envers les opinions. Parce que j’ai compris qu’une opinion émise n’est rien de plus que l’extériorisation intellectuelle d’un concept, par crainte qu’un autre ne soit le vrai. Naturellement, cela dénonce une ignorance crasse, c’est grave. Là se trouvent les antithèses.

Je ne comprends toujours pas pour quel motif une certaine Pythonisse Sacrée a dit à Socrate : « Il y a quelque chose entre la Sagesse et l’Ignorance » et que « cette chose c’est l’opinion ». Franchement, bien que cette Pythonisse soit très sacrée, je n’ai pas pu accepter sa thèse parce que l’OPINION VIENT DE LA PERSONNALITÉ ET NON PAS DE L’ÊTRE.

La Personnalité conduit réellement les êtres humains vers l’Involution Submergée des Mondes Infernaux. La Personnalité, comme je vous le disais à un moment donné, a beaucoup d’arrière-plans ; elle est artificielle, elle est formée par les coutumes qu’on nous a enseignées, par la fausse éducation que l’on a reçue dans les écoles et les collèges, qui nous a séparés de l’Être et qui n’a plus aucune relation avec les différentes parties de l’Être.

La Personnalité est artificielle. Étant donné qu’elle nous éloigne de notre propre Être Intérieur profond, il est évident qu’elle nous conduit sur le chemin erroné nous menant vers l’Involution du Règne Minéral Submergé.

De sorte que je pense (ici, je suis en train de penser à haute voix) que lorsqu’on ne sait pas une chose, il est préférable de se taire plutôt que de donner une opinion, car l’opinion est le produit de l’ignorance. On émet une opinion parce qu’on ignore, sinon on n’émettrait pas d’opinion. On émet un concept par crainte qu’un autre ne soit le vrai ; voyez-vous ce DUALISME DU MENTAL ? C’est la terrible Loi du Pendule : on oppose une opinion à une autre.

Ainsi, la Personnalité se déplace à l’intérieur de la Loi du Pendule ; elle vit dans le monde des opinions contradictoires, des concepts antithétiques, de la bataille des antithèses. Alors, la Personnalité ne sait rien et l’opinion est le produit de l’ignorance.

Si nous analysons ce qu’est la Personnalité (d’où naît l’opinion), nous arrivons à la conclusion que l’opinion est le résultat de l’ignorance ; par conséquent, ce que cette Pythonisse a dit à Socrate me semble erroné.

Socrate interrogea également la Pythonisse (la Pythonisse de Delphes s’appelait DIVINUS) au sujet de l’Amour. Socrate dit : « L’Amour est beau, ineffable, sublime », La Pythonisse répondit : « À proprement parler, il n’est pas beau ». Socrate lui dit, lui répondit, étonné : « Il n’est pas beau ? Alors il est laid ! ». La Pythonisse dit : « Ne peux-tu voir que le laid, comme s’il n’existait que le laid ? Ne peux-tu concevoir qu’entre le beau et le laid il y ait quelque chose de différent, quelque chose de distinct ? L’Amour n’est ni beau, ni laid ; il est différent, c’est tout ». Socrate, qui était un Sage, garda le silence.

Il est évident que comme je suis en train de penser à haute voix avec vous, je vous invite à la réflexion. Comment avez-vous vu l’Amour ? Comment l’avez-vous vu ? Non pas comme on vous a dit qu’il est, mais comment l’avez-vous ressenti : beau ou laid ? Quelqu’un d’entre vous peut-il me donner une réponse ? Qui oserait répondre ?

Question. Maître, quand on est amoureux, eh bien, il est beau ; et si on a une déception, alors ce qui était beau devient laid pour les deux prétendants. Pour moi, donc, il y a ici […]. Mais il faut chercher […].

Maitre. Continuons.

Question. On a toujours relié la beauté à l’Amour et la laideur avec l’antithèse de l’Amour. Ce sont des aspects psychologiques parce que nos grands-mères, du moins quand elles nous parlaient des fées, elles nous les dépeignaient comme étant bonnes, belles ; et lorsqu’elles nous parlaient des ogres, ils étaient mauvais, elles nous les dépeignaient comme étant laids. Alors je crois que l’Amour est au-delà de ces concepts.

Maitre. Ces réponses sont bonnes. Mais, on doit faire une différence entre ce qui est beau et ce qu’est l’Amour. Ainsi, la question n’est pas très complète. Qui d’autre veut répondre. Toi.

Question. Je pressens que l’Amour est au-delà de cette paire d’opposés ; il transcende le beau et le laid ; il est au-delà.

Maitre. La réponse est très intéressante. Continuons, dis-moi, frère.

Question. L’Amour est ineffable parce que ce n’est pas une question intellectuelle ; c’est une émotion que nous pourrions qualifier de « sublime ».

Maitre. Cette réponse est plus transcendantale.

Question. Maître, je considère que l’Amour est indescriptible ; lorsqu’on ressent de l’Amour, on ne peut l’exprimer avec des mots.

Question. Maître, je dirais que pour nous c’est très difficile de dire si l’Amour est beau ou laid parce que nous ne connaissons pas l’Amour. Nous sommes sur les voies de connaître l’Amour. Seul un Être Supérieur connaît ce qu’est l’Amour.

Maitre. Bon, continuons, la dernière réponse.

Question. Je pense que du point de vue de notre Personnalité humaine, tout est relatif, tout dépend des circonstances. Si nous approfondissons et nous intériorisons en nous-mêmes, je pense qu’il échappe à ce qui est nôtre. Il appartient réellement à l’Être et non à la Personnalité humaine. S’il nous intéresse, il est bon ; s’il ne nous intéresse pas, il est mauvais ; c’est-à-dire qu’il faut se mettre dans l’intervalle.

Maitre. Nous t’avons entendu. Qui d’autre peut dire quelque chose de plus ? Voyons, Shepard.

Question. L’Amour est comme l’Être ; l’unique raison de l’Amour est l’Amour-même.

Maitre. Voyons, frère.

Question. Je considère que l’Amour consiste à être en harmonie avec tout et avec tous.

Maitre. C’est bien… Mais, en réalité, il est vrai que cette Pythonisse de Delphes qui a parlé à Socrate a pratiquement insinué une vérité : L’AMOUR EST AU-DELÀ DE CE QUI EST BEAU ET DE CE QUI EST LAID. Que la beauté provienne de l’Amour, c’est autre chose. Par exemple, lorsque l’Égo est dissous, il reste en nous la beauté intérieure et, de cette beauté, provient ce qu’on appelle « Amour ».

Par conséquent, l’Amour est, en soi, au-delà des concepts que l’on a sur la laideur et sur la beauté. On ne peut le définir, car si on le définit, on le déforme. La Pythonisse a-t-elle raison ou non ? Oui, elle a raison ; l’Amour est au-delà des concepts de la laideur et de la beauté, bien que de l’Amour provienne la beauté, jaillisse la beauté. Là où existe le véritable Amour, existe la Beauté Intérieure, c’est évident.

Ainsi, mes frères, entre la Thèse et l’Antithèse il y a toujours une SYNTHÈSE qui coordonne et réconcilie les opposés. Voyons cela. Nous savons qu’il existe une grande bataille entre les Pouvoirs de la Lumière et les Pouvoirs des Ténèbres. DANS LE SPERME SACRÉ LUI-MÊME, IL EXISTE UNE LUTTE entre les Pouvoirs Atomiques de la Lumière et les Pouvoirs Atomiques des Ténèbres. Dans tout le créé, cette grande lutte existe ; les colonnes d’Anges et de Démons se combattent mutuellement dans tous les recoins de l’Univers.

Lorsqu’on n’a pas encore la Pierre Philosophale, il est impossible de RÉCONCILIER LES OPPOSÉS (LUMIÈRE ET TÉNÈBRES) à l’intérieur de soi-même. Mais, lorsqu’on obtient la Pierre des Philosophes, la Pierre du Serpent (à force de travaux conscients et de pénitences volontaires), alors grâce à celle-ci, on arrive à réconcilier les opposés ; et on les réconcilie en soi-même, car on reconnaît que, dans la création, tout a une double face. Et c’est seulement grâce à la troisième position, c’est-à-dire seulement grâce au Tao (au centre du Cercle Magique), seulement grâce à la SYNTHÈSE que nous pouvons réconcilier les opposés à l’intérieur de nous-mêmes, c’est évident.

Ainsi, il est nécessaire d’apprendre à réconcilier les Opposés ; il est nécessaire de nous libérer de la Loi du Pendule et de mieux vivre à l’intérieur de la LOI DU CERCLE.

On se libère de la Loi du Pendule lorsqu’on se place dans la Loi du Cercle, lorsqu’on se place dans le Tao qui est au centre du Cercle Magique. Car alors, tout passe autour de nous en cercle, tout autour de notre Conscience ; avec la CONSCIENCE « RONDE », on voit comment passent les divers événements avec leurs deux faces ; les choses avec leurs deux positions, les circonstances, etc., les victoires et les défaites, le succès et l’échec.

Tout a deux faces et si on se place au centre, on réconcilie les opposés, on ne craint plus la faillite économique, on ne sera plus capable de « se faire sauter la cervelle » parce qu’on a perdu sa fortune du jour au lendemain, comme l’ont fait de nombreux joueurs du Casino de Monte-Carlo : ils ont perdu leur fortune et se sont suicidés ; on ne va plus souffrir pour les trahisons de nos amis ; on devient invulnérable au plaisir et à la douleur.

Vous voyez comme c’est extraordinaire, merveilleux ! Mais si nous n’apprenons pas à vivre dans le cercle, si nous ne nous plaçons pas exactement dans le Tao (point central du Cercle Magique), nous continuerons à être ce que nous sommes, exposés à la Loi tragique et changeante du Pendule qui est complètement mécanique à cent pour cent et douloureuse.

Ainsi, mes chers amis, nous devons apprendre à vivre intelligemment, consciemment, c’est évident. Malheureusement, toute l’humanité est soumise à la Loi du Pendule. Regardons comme le Mental passe d’un côté à l’autre. C’est fatal.

J’ai donc vraiment vu qu’en réalité, il n’y a personne qui ne soit soumis à la question des OBJECTIONS. Si quelqu’un arrive et nous dit une chose, une phrase, que fait-on en premier lieu ? On objecte, on émet telle ou telle objection ! C’est la Loi du Pendule : « Dis-moi et moi je te dirai », « Tu me démolis et moi je te démolirai ensuite ». Conclusion : Douleur. C’est terrible, mieux vaut le contraire. Pourquoi devons-nous émettre des objections, mes frères ?

Il me vient en mémoire, en ce moment, un cas intéressant. Il y a de nombreuses, de très nombreuses années, je me trouvais dans le Monde Astral (dans Hod, la Séphiroth HOD, à l’intérieur de cette Séphiroth). Je dus y invoquer une Divinité, un Ange, un Elohim ou Deva (comme il vous plaît de l’appeler). Cette Divinité me dit quelque chose et, immédiatement, j’objectai et fis ressortir l’antithèse. D’une manière très grossière, je vous dirais que je la contredis.

J’espérai que la Divinité discuterait aussi avec moi, mais il n’en fut pas ainsi. Cette Séité m’écouta avec un respect infini et une profonde vénération. J’alléguai de nombreux concepts et lorsque je terminai (je pensais qu’elle allait prendre la parole et me réfuter), à mon grand étonnement, je la vis me faire un signe, s’incliner pour me faire une révérence, me tourner le dos et s’en aller.

Elle me donna une leçon extraordinaire, elle n’objecta rien. Évidemment, cette Divinité avait pensé au-delà des objections. En effet, il est indubitable que les objections appartiennent à la Loi du Pendule. Tant qu’on objecte, on est soumis à la Loi du Pendule.

Tout le monde a le droit d’émettre ses opinions ; chacun est libre de dire ce qu’il veut. Nous devons simplement écouter avec respect celui qui parle. A-t-il fini de parler ? Nous nous retirons… Bien sûr, certains n’agiront pas ainsi ; ils ne procéderont pas de cette manière. Par orgueil, ils diront : « Je ne me retire pas, je dois lui donner le change ». Voilà l’orgueil crasse, intellectuelloïde. Si nous n’éliminons pas de nous-mêmes le Moi de l’orgueil, il est évident que nous n’arriverons jamais à la Libération Finale.

Le mieux, c’est que chacun de nous dise ce qu’il a à dire et que NOUS N’ÉMETTIONS PAS D’OBJECTIONS, car chacun est libre de dire ce qu’il veut, simplement. Mais on vit en faisant toujours des objections : on les fait à notre interlocuteur et on se les fait aussi à soi-même.

Il est clair que cela ne signifie pas qu’il n’existe pas de choses agréables ou désagréables ; il est évident que cela existe. Supposons que l’un de nous ait à nettoyer une porcherie (l’endroit où vivent les porcs). Je crois que ce ne serait pas précisément un travail très agréable.

Nous aurions le droit de ne pas trouver cela agréable ; mais que ce travail ne nous paraisse pas agréable est une chose et une autre chose, très différente, est que nous émettions des objections, que nous commencions à protester : « Quelle porcherie, mon Dieu ! Je n’aurais jamais cru tomber si bas ! Pauvre de moi, comme je suis malheureux de nettoyer une porcherie ! Vais-je en venir à bout ? ».

De cette manière, tout ce que nous obtenons est que nous fortifions complètement les Mois de la colère, de l’amour-propre, de l’orgueil, etc.

C’est aussi le cas d’une personne qui, à première vue, nous déplaît : « Comme cette personne me tape sur les nerfs ! ». Mais que cette personne nous déplaise à première vue est une chose et autre chose est que nous émettions des objections, que nous protestions contre cette personne en disant : « Mais cette personne me tape sur les nerfs, cette personne est un problème ! » et que nous cherchions des subterfuges pour la poignarder et l’éliminer.

La seule chose que nous arrivons à faire avec les objections, c’est de MULTIPLIER L’ANTIPATHIE en nous, de RENFORCER LE MOI de la haine, de renforcer le Moi de l’égoïsme, le Moi de la violence, de l’orgueil, etc.

Comment faire au cas où une personne ne nous plaît pas ? Nous devons tous nous connaître nous-mêmes, afin de voir pourquoi cette personne ne nous plaît pas. Il se pourrait que cette personne soit en train d’exhiber certains défauts que nous avons.

On a le Moi de l’amour-propre en nous et si quelqu’un exhibe l’un de nos défauts intérieurs, alors évidemment ce quelqu’un « tombe mal » pour nous ; de sorte qu’au lieu d’émettre des objections sur cette personne (en protestant, en nous disputant), nous devons plutôt nous AUTO-EXPLORER pour savoir quel est cet élément psychique que nous portons en nous et qui fait naître cette antipathie.

Pensons que si nous découvrons cet élément et le dissolvons, l’antipathie cessera. Mais si, au lien d’investiguer sur nous-mêmes, nous émettons des objections, nous protestons, nous « tonnons et lançons des éclairs » contre cette personne, nous renforcerons l’Égo, le Moi, c’est indubitable.

Dans le monde de l’intellect, il n’y a pas de doute que nous sommes toujours en train d’émettre des objections. Cela produit la DIVISION INTELLECTUELLE : le Mental se divise entre THÈSE et ANTITHÈSE, il devient un champ de bataille qui DÉTRUIT LE CERVEAU. Observez comme ces gens qui se disent « intellectuels » sont remplis d’étranges manies : certains laissent leurs cheveux en bataille, ils se rasent d’une manière épouvantable, etc., ils font cinquante mille pitreries ; il est clair que c’est le produit d’un Mental plus ou moins dégénéré, détruit par la bataille des antithèses.

Si, à chaque concept, nous émettons une objection, notre Mental finit par se quereller tout seul. Comme conséquence, on se retrouve avec des maladies du cerveau, des anomalies psychologiques, des états dépressifs du Mental, de la nervosité qui détruit les organes les plus délicats, comme ceux du foie, du cœur, du pancréas, de la rate, etc.

Mais si nous apprenons à ne pas faire d’objections, mais à laisser chacun penser comme il en a envie et dire ce qu’il veut, ces luttes de l’intellect se termineront et, à la place, viendra une Paix véritable.

Le Mental des pauvres gens se bat tout le temps : il se dispute tout seul affreusement et ceci nous conduit sur un chemin très dangereux, le chemin des maladies du cerveau, des maladies de tous les organes, de la DESTRUCTION DU MENTAL : beaucoup de cellules sont brûlées inutilement. Il faut vivre en sainte paix sans émettre d’objections ; que chacun dise ce qu’il veut et pense comme il en a envie. Nous ne devons pas émettre d’objections ; c’est ainsi que nous marcherons comme il se doit : Consciemment.

Ainsi, il faut apprendre à vivre. Malheureusement, nous ne savons pas vivre ; nous sommes pris dans la Loi du Pendule. Maintenant que je suis en train de parler ici avec vous, je reconnais que ce n’est pas facile de ne pas émettre d’objections.

Nous sortons d’ici, nous prenons notre voiture ; soudain, un peu plus loin, quelqu’un nous dépasse sur la droite et nous barre la route. Bon, si nous ne disons rien, du moins nous klaxonnons en signe de protestation. Même si ce n’est qu’avec le klaxon, nous protestons. Si quelqu’un nous dit quelque chose au moment où nous « baissons la garde », il est sûr que nous protestons, que nous émettons des objections.

C’est très difficile, épouvantablement difficile de ne pas émettre d’objections. Dans le Monde Oriental et aussi dans le Monde Occidental, on a profondément réfléchi à cette question. Je crois qu’il y a des fois où on doit faire appel à un Pouvoir supérieur au nôtre si nous voulons nous libérer de cette question des objections.

Une fois, un moine bouddhiste marchait sur les terres du Monde Oriental, par un hiver épouvantable, rempli de neige, de glace et de bêtes sauvages ; il est clair que ceci procurait des souffrances au pauvre moine qui, naturellement, protestait, émettait des objections.

Mais le pauvre eut de la chance : alors qu’il défaillait, AMITABHA lui apparut en méditation (c’est-à-dire qu’AMITABHA, en réalité et en vérité, est le DIEU INTERNE DE GAUTAMA, le Bouddha Sakyamuni) et celui-ci lui remit un mantra afin qu’il puisse rester fort et sans faire d’objections, quelque chose qui l’aide à ne pas protester à tout moment contre lui-même, contre la neige, contre la glace, contre le monde.

Ce mantra est très utile ; je vais bien vous le vocaliser pour que vous le graviez dans votre mémoire et pour qu’il reste également gravé sur les bandes que vous avez dans vos enregistreurs : GAAAAATÉÉÉÉÉ, GAAAAATÉÉÉÉÉ, GAAAAATÉÉÉÉÉ.

Le mieux est que je vous l’épelle : G-A-T-E. J’ai entendu dire que ce mantra a permis à ce moine bouddhiste d’ouvrir son « ŒIL DE DANGMA » et c’est intéressant. Celui-ci est en relation avec L’ILLUMINATION INTÉRIEURE PROFONDE et avec le VIDE ILLUMINATEUR.

Il eut besoin de cette aide car ce n’est pas si facile de cesser d’émettre des objections. Qu’on baisse la garde un moment et nous voilà à objecter contre tout : la vie, l’argent, l’inflation, le froid, la chaleur, etc. Beaucoup de gens protestent parce qu’il fait froid ; ils protestent parce qu’il fait chaud ; ils protestent parce qu’ils n’ont pas d’argent ; ils protestent parce qu’un moustique les a piqués ; ils protestent pour tout.

En réalité et en vérité, quand on passe sa vie à faire des objections, on se porte horriblement préjudice, car CE QU’ON A GAGNÉ D’UN CÔTÉ EN DISSOLVANT L’EGO, ON LE DÉTRUIT DE L’AUTRE AVEC LES OBJECTIONS.

Si on lutte pour ne plus sentir de la colère mais qu’on émet des objections, alors le démon de la colère revient et se renforce. Si on mène une lutte terrible pour éliminer le démon de l’orgueil, mais qu’on émet des objections contre notre mauvaise situation, contre ceci ou cela, alors on renforce ce démon. Si on fait des efforts pour en finir avec l’abominable luxure, mais qu’on émet des objections à un moment donné « parce que notre femme ne veut pas avoir de relations sexuelles avec nous » ou, pour la femme, « parce que son époux ne recherche pas sa compagnie » et cinquante mille objections de ce style, alors on renforce le démon de la luxure.

De sorte que, si d’un côté nous luttons pour éliminer les agrégats psychiques et que de l’autre côté nous les fortifions, simplement NOUS STAGNONS. Donc, en réalité, si vous voulez vraiment désintégrer les agrégats psychiques, vous devez en finir avec cette question des OB-JEC-TIONS. Si vous ne procédez pas de cette manière, vous stagnerez inévitablement, vous ne progresserez en aucune façon. Je veux donc que vous compreniez cela une fois pour toutes.

Bon, ici se termine la chaire d’aujourd’hui. Cependant, nous laissons la porte ouverte aux questions que les frères veulent poser. Voyons, parle mon frère.

Question. Maître, on dit que « le silence est l’éloquence de la Sagesse ». On dit souvent : « Il est aussi mauvais de se taire quand on doit parler que de parler quand on doit se taire ». Et il y a des fois où il est nécessaire de parler pour se défendre lorsqu’on est attaqué peut-être injustement. Donc, je voudrais que vous m’éclairiez sur cet aspect.

Maitre. On a le droit de parler, car on n’est pas muet et personne ne parle pour nous. Mais ce qui n’est jamais convenable pour notre propre bien, c’est de faire des objections, de protester, de « tonner et lancer des éclairs » parce qu’il fait chaud, parce qu’il fait froid, d’être contrarié pour tout. Cela nous conduit naturellement à l’échec. Nous ne devons pas, je le répète, faire d’objections.

On doit dire ce qu’on a à dire : la vérité et rien de plus que la vérité et laisser aux autres la liberté de donner leur opinion comme ils en ont envie, car chacun est libre de dire ce qu’il veut. Si on ne procède pas ainsi, si on fait tout le temps des objections, on détruit notre Mental, on détruit notre propre cerveau et on se fait beaucoup de mal à soi-même. De plus, on fortifie l’Égo au lieu de le détruire. Y a-t-il une autre question ?

Question. Il y a des personnes qui vivent convaincues, mais alors tout à fait convaincues, qu’un moment de joie est suivi d’un moment de tristesse, c’est-à-dire qu’elles se programment en ce sens ; elles ne se mettent pas à l’intérieur du Cercle Protecteur. Évidemment, c’est ce qui arrive à ces personnes, d’une façon infaillible, mathématique ; tant et si bien, qu’elles ne profitent pas des moments de joie, car fatalement elles craignent les moments de tristesse. Pourriez-vous nous éclairer un peu là-dessus ?

Maitre. Ces personnes se rendent réellement compte que tout, dans la vie, possède deux faces, mais, malheureusement, elles ne se mettent pas au Centre du Cercle, elles ne se mettent pas dans le Tao. Lorsqu’on se trouve dans le Tao, on sait qu’on voit passer autour de soi, autour de sa propre Conscience, en soi-même, tous les événements de la vie avec leurs deux faces et on sait qu’ils sont passagers.

Alors, il est évident qu’on ne s’identifie ni avec une face, ni avec l’autre : on réconcilie les opposés grâce à la synthèse. Prenons le cas, par exemple, de quelqu’un qui est dans une grande fête (très content, très joyeux) et cette personne sait que tout moment de joie est suivi d’un moment de douleur. Mais si cette personne est située au centre, dans le Tao, alors elle réconcilie les opposés en elle-même, en son propre Être, en sa propre Conscience. Elle dit : « Je sais que toute joie est suivie d’une tristesse, mais moi, rien de tout cela ne m’affecte, parce que tout est passager, tout passe : les personnes passent, les choses passent, les idées passent, tout passe ».

Par conséquent, elle peut parfaitement vivre cet événement comme il se doit. Cette réflexion permettra à une telle personne de faire partie de l’événement sans aucune préoccupation : elle est consciente, elle sait que c’est un moment passager, elle ne l’élude pas, elle le comprend, elle connaît ses deux faces. Simplement, elle vit en Conscience. En réfléchissant ainsi, une personne agit de la même façon que le cœur lorsqu’il s’ouvre lors de la diastole, accumule, organise, élabore, pour ensuite entrer en activité avec la systole.