La Nécessité d’Apprendre à Vivre
LA NÉCESSITÉ D’APPRENDRE À VIVRE
Conférence de Samaël Aun Weor
Le Cinquième Évangile
Bon, nous allons commencer notre conférence de ce soir. Avant tout, mes chers frères, il s’avère nécessaire de savoir vivre ; c’est quelque chose que nous devons comprendre.
Quand nous conversons avec quelqu’un, celui-ci nous raconte les divers épisodes de sa vie ; il nous parle, disons, de faits qui lui sont arrivés, de ce qui s’est produit à certaines périodes de son histoire (comme si la vie n’était qu’une chaîne d’événements).
Les gens ne se rendent pas compte qu’en plus des circonstances de l’existence, il existe aussi les ÉTATS DE CONSCIENCE ; la capacité à vivre repose précisément sur la façon dont on réussit à combiner les États de Conscience avec les circonstances de l’existence.
Il peut arriver qu’une circonstance qui aurait pu être heureuse, ne l’ait pas été, du fait que nous n’avons pas su combiner l’État de Conscience avec l’événement en lui-même.
Quand nous examinons le monde dans lequel nous vivons, nous pouvons vérifier de façon frappante, claire et définitive qu’il y a des personnes qui devraient être heureuses mais qui ne le sont pas. Nous avons connu de nombreux cas concrets d’individus qui ont une bonne maison, une belle auto, une magnifique épouse, des enfants charmants et suffisamment d’argent et qui, cependant, ne sont pas heureux.
Par contre, nous avons pu voir, corroborer le cas de personnes pauvres, dans le besoin, peut-être d’humbles travailleurs à la pelle et à la pioche, ne possédant pas de belle maison, n’ayant pas plus d’argent que ce qui est strictement nécessaire pour leur subsistance quotidienne, ne faisant pas usage d’une rutilante automobile dernier modèle, et qui, cependant, sont heureux dans leurs foyers, avec leurs enfants (pauvres, mais propres et respectables) et leur épouse vaillante et sincère.
Par conséquent, ce n’est pas l’argent en soi qui peut nous donner le bonheur ; tout dépend de la façon dont on sait combiner les États de Conscience avec les faits ou les circonstances de la vie pratique.
Si une personne placée dans de magnifiques conditions n’est pas à la hauteur des circonstances, si elle ne sait pas combiner ses États de Conscience avec le milieu où elle évolue et où elle vit, elle sera incontestablement malheureuse.
Une autre, par contre, qui bien que se trouvant dans des circonstances difficiles, sait combiner les faits de sa vie pratique avec les États de Conscience, atteindra le bien-être, la prospérité, la joie, etc.
C’est pourquoi il s’avère urgent de comprendre qu’il est nécessaire d’APPRENDRE À VIVRE AVEC SAGESSE.
Si nous désirons un changement définitif des circonstances de la vie, il est nécessaire qu’un tel changement ait lieu d’abord à l’intérieur de nous-mêmes ; si, à l’intérieur, nous ne modifions rien, la vie continuera à l’extérieur avec ses difficultés.
Avant tout, il est nécessaire de SE RENDRE MAÎTRE DE SOI-MÊME ; tant qu’on ne saura pas se gouverner soi-même, on ne pourra pas non plus gouverner les circonstances difficiles de l’existence.
Quand nous contemplons les divers événements de la vie, quand nous voyons cet ordre de choses, nous pouvons constater que les gens sont de véritables machines qui ne savent pas vivre : si quelqu’un les insulte, ils réagissent, furieux ; si quelqu’un les salue, ils sourient, heureux ; il s’avère très facile, en vérité, pour un pervers quelconque de jouer avec les Machines Humaines ; il peut les faire passer de la tristesse à la joie et vice versa, seulement en leur disant quelques paroles.
Comme c’est facile, n’est-ce pas ? Il suffit que quelqu’un nous insulte pour que nous réagissions ; il suffit que quelqu’un nous donne quelques petites tapes sur l’épaule pour que nous souriions, tout contents ; nous ne savons pas nous gouverner nous-mêmes, ce sont les autres qui nous gouvernent ; et en fait, c’est lamentable (nous sommes des incapables…).
Il est nécessaire de COMPRENDRE ce qu’est le MENTAL, ce qu’est le SENTIMENT et le SENTIMENTALISME. Si nous étudions l’Être de façon judicieuse, nous verrons que LE MENTAL N’EST PAS L’ÊTRE.
Dans la Théosophie, on parle beaucoup du « CORPS MENTAL » ; les diverses écoles de pensée le mentionnent. Nous ne voulons pas dire par là que tous les « humanoïdes » possèdent déjà le Véhicule Mental ; il y a le « Manas », comme on dit en sanscrit, c’est-à-dire la Substance Mentale déposée en chacun de nous, mais ça, ce n’est pas posséder réellement le Véhicule du Mental.
En tout cas, le mental, soit que l’être humain possède déjà ce véhicule, soit qu’il commence à le créer ou qu’il ne l’a pas encore, n’est rien de plus qu’un instrument de manifestation, mais ce n’est pas l’Être.
LE SENTIMENT NON PLUS N’EST PAS L’ÊTRE. Dans le passé, j’étais enclin à croire que le sentiment, en soi, correspondait véritablement à l’Être ; mais, plus tard, à la suite d’analyses rigoureuses, j’ai vu la nécessité de rectifier un tel concept ; chez les êtres humains, il est évident que le sentiment provient du CORPS ASTRAL.
On pourrait objecter en disant que « tout le monde ne possède pas encore ce précieux véhicule KEDSJANO » et, en cela, nous sommes bien d’accord ; mais l’émotion, qui est la substance correspondante, existe bien, elle, en chacun de nous ; et c’est d’elle, bien sûr (que l’on possède ou non le Véhicule Sidéral), que provient ce qu’on appelle « sentiment ».
Dans son aspect négatif, le sentimentalisme nous convertit donc en individus vraiment négatifs, mais le sentiment en soi n’est pas non plus l’Être ; il peut appartenir au Centre Émotionnel, mais il n’est pas l’Être.
Le mental a son centre, le CENTRE INTELLECTUEL, mais il n’est pas l’Être. Le Centre du Mental, le Centre Intellectuel, se trouve dans le cerveau, évidemment, mais il n’est pas l’Être. Le sentiment, qui correspond au CENTRE ÉMOTIONNEL ou au Cerveau Émotionnel, est situé dans la région du Plexus Solaire, et comprend même le centre nerveux sympathique et le cœur, mais il n’est pas l’Être ; « l’Être est l’Être, et la raison d’être de l’Être est ce même Être ».
Pourquoi devons-nous nous laisser mener par les Centres de la Machine ? Pourquoi permettons-nous que le Centre Intellectuel ou le Centre Émotionnel nous contrôle ? Pourquoi devons-nous être esclaves de cette machinerie ? Nous devons apprendre à contrôler tous les Centres de la Machine ; nous devons nous convertir en maîtres, en seigneurs.
Il y a cinq centres dans la machine, c’est évident : le centre INTELLECTUEL qui est le premier ; le centre ÉMOTIONNEL qui est le deuxième ; le centre MOTEUR qui est le troisième ; le centre INSTINCTIF qui est le quatrième ; et le centre SEXUEL qui est le cinquième ; mais LES CENTRES DE LA MACHINE NE CONSTITUENT PAS L’ÊTRE ; ils peuvent être au service de l’Être, mais ils ne sont pas l’Être ; par conséquent, ni le mental, ni le sentiment ne sont l’Être.
Pourquoi les êtres humains souffrent-ils ? Pourquoi permettent-ils à la pensée et au sentiment d’intervenir dans les diverses circonstances de la vie ? Si on nous insulte, nous réagissons immédiatement en insultant ; si on blesse notre amour-propre, nous souffrons et nous allons jusqu’à nous mettre en colère.
Quand nous contemplons tout le panorama de la vie, nous pouvons nous rendre clairement compte que nous avons été, disons, des bouts de bois dans l’océan, parce que, précisément, nous avons permis que le mental et le sentiment se mêlent toujours aux diverses circonstances de notre existence.
NOUS N’AVONS PAS DONNÉ D’OPPORTUNITÉ À L’ESSENCE, À L’ÊTRE, pour qu’ils s’expriment à travers nous ; nous avons toujours voulu résoudre les choses pour notre compte : nous réagissons devant n’importe quelle petite parole dure, devant n’importe quel problème, devant n’importe quelle difficulté ; nous nous sentons blessés quand quelqu’un nous blesse ou contents quand une personne quelconque nous adule ; nous avons été victimes de tout le monde ; tout le monde a joué avec nous ; nous avons été, disons, des bouts de bois parmi les vagues déchaînées du grand océan ; nous n’avons pas été maîtres de nous-mêmes.
Pourquoi sommes-nous préoccupés ? (Je me le demande et je vous le demande). « À cause des problèmes », me direz-vous. La PRÉOCCUPATION, mes chers frères, est une habitude de très mauvais goût : ELLE NE SERT À RIEN et elle ne résout rien ; on doit apprendre à vivre d’instant en instant, de moment en moment. Pourquoi devrait-on être préoccupé ?
Ainsi donc, avant tout, ne permettons pas que le mental et les sentiments se mêlent aux diverses circonstances de la vie ; la PERSONNALITÉ humaine DOIT DEVENIR TRANQUILLE, PASSIVE ; cela implique, en fait, une TERRIBLE ACTIVITÉ DE LA CONSCIENCE ; cela signifie : apprendre à vivre consciemment ; cela signifie : poser les fondements de l’Éveil.
Tout le monde voudrait voir, entendre, toucher et palper les grandes réalités des Mondes Supérieurs ; mais, naturellement, comment les endormis pourraient-ils se transformer en expérimentateurs des grandes réalités ? Comment ceux qui ont la Conscience dans le sommeil pourraient-ils être des investigateurs de la vie dans les Régions Suprasensibles de la Nature et du Cosmos ?
Si nous éveillions la Conscience, nous pourrions vérifier le fait concret que le monde n’est pas tel que nous le voyons.
J’ai dit plusieurs fois, et aujourd’hui encore je vous le répète, que toutes les merveilles qui figurent dans le livre des « Mille et une Nuits », tous ces prodigieux phénomènes magiques de l’antique « Arcadie », tous ces miracles de la Terre Originelle (de ces temps où « le lait et le miel émanaient des fleuves d’eau pure de vie ») n’ont pas cessé et continuent à se produire d’instant en instant, de moment en moment, ici et maintenant.
On pourrait objecter en disant : « S’il en est ainsi, pourquoi ne les voyons-nous pas ? Pourquoi ne sommes-nous pas témoins de ces faits insolites ? Pourquoi la possibilité d’expérimenter ces merveilles ne nous est-elle pas donnée ? »
La réponse est la suivante : personne ne nous a enlevé la capacité d’expérimenter, personne ne nous empêche de voir et d’entendre ce qui se passe autour de nous ; si, en ce moment, de tels phénomènes ne sont pas perceptibles à nos sens extérieurs, cela n’est dû qu’à une seule raison (qui est, certes, très grave) : NOUS NOUS TROUVONS EN ÉTAT D’HYPNOSE, ENDORMIS ; et l’individu en transe hypnotique devient INCAPABLE DE PERCEVOIR de tels phénomènes.
On a dit beaucoup de choses sur l’abominable ORGANE KUNDARTISSEUR (organe fatal que possédait l’humanité dans les temps anciens). On ne l’a pas perdu en totalité ; nous savons bien qu’il existe encore un résidu osseux, à la base de l’épine dorsale ; personne ne l’ignore. Ce résidu appartient à l’abominable Organe Kundartisseur et il possède, entre autres, un POUVOIR HYPNOTIQUE formidable ; ce courant hypnotique, général, collectif, est fascinant.
Si, par exemple, nous voyons quelqu’un vêtu de façon extravagante dans la rue, nous ne ressentons pas d’étonnement ; nous disons simplement : « Quel individu excentrique ! ». Une autre personne qui est avec nous dirait : « Ça, c’est la mode ! ». Une autre personne, plus loin, s’exclamerait : « Voilà un hippie ! » ; et un vieillard qui serait sur le trottoir d’en face se limiterait à penser : « Voilà comment sont les gens de la nouvelle vague ! » ; mais les uns et les autres sont en état d’hypnose et c’est tout !
Soumettez un quelconque individu à un profond sommeil hypnotique ; dites-lui ensuite qu’il est au milieu de l’océan, qu’il se déshabille parce qu’il va se noyer et vous le verrez se dévêtir ; dites-lui qu’il est un grand chanteur et vous le verrez se mettre à chanter, bien qu’en réalité il ne fait que pousser des hurlements ; dites-lui de se coucher sur le sol et il se couchera ; qu’il se mette sur la tête et il le fera, parce qu’il est en état d’hypnose.
J’ai fait, il y a peu de temps, un petit voyage jusqu’au Port de Vallarta ; il y a là (comme à Acapulco) un bateau pour les touristes ; je n’eus aucune difficulté à acheter le billet pour payer le voyage en bateau qui devait m’emmener à une plage voisine ; le trajet fut plaisant, délicieux ; naviguer sur le Pacifique est agréable.
Il y avait là un de ces hypnotiseurs en question. Quand l’ensemble instrumental se mit à jouer, il dit aux gens de danser et ceux-ci dansèrent ; de se donner la main et tout le monde se donna la main ; il demanda aux fiancés de s’embrasser et les fiancés s’embrassèrent ; la seule chose qui manquait à cet homme, à cet hypnotiseur improvisé, c’était de leur dire de se mettre sur la tête, mais tout ce qu’il ordonnait se faisait.
On riait et on était étonnés, en même temps, de voir les merveilles que faisait l’hypnotiseur : comment il jouait avec les passagers, comment il les faisait rire, comment il les faisait sauter, comment il les faisait tourner en rond, etc.
Bien entendu, comme je suis accoutumé à me trouver en ÉTAT D’ALERTE-PERCEPTION, D’ALERTE-NOUVEAUTÉ, je me suis limité exclusivement à regarder ces idiots en état d’hypnose.
Observez vous-mêmes la publicité : « Achetez tel remède infaillible contre la toux ». Chaque annonce publicitaire donne des ordres au peuple hypnotisé pour qu’il aille à tel ou tel endroit, pour qu’il achète tel ou tel savon, tel ou tel parfum, pour qu’il se rende dans tel ou tel cabinet médical, etc., et les gens se déplacent sous les ordres des hypnotiseurs qui, à leur tour, sont hypnotisés aussi par d’autres gens et par d’autres multitudes, comme les foules elles-mêmes ; tout le monde marche en État d’Hypnose, de transe hypnotique.
Mais ça demande du travail pour savoir que l’on est en État d’Hypnose ; SI LES GENS SE LE PROPOSAIENT, ILS POURRAIENT S’ÉVEILLER de cet état si lamentable, mais malheureusement personne n’envisage de le faire.
Il en coûte donc beaucoup, je le répète, pour découvrir l’État d’Hypnose dans lequel on se trouve ; on arrive à se rendre compte que l’état d’hypnotisme existe quand la force hypnotique circule plus rapidement, quand elle se concentre en un endroit déterminé, quand a lieu une session d’hypnotisme. En dehors de cela, en dehors de ce moment-là, on ne se rend pas compte qu’on est en État d’Hypnose.
Si on pouvait s’éveiller de ce sommeil dans lequel on se trouve, ON VERRAIT ALORS LES PHÉNOMÈNES merveilleux qui se sont produits autour de nous depuis le commencement du monde.
Je connais des phénomènes si simples que n’importe qui peut les voir : ils sont physiques, matériels, ils sont à la vue de tout le monde et, cependant, les gens, en les voyant, ne les voient pas.
Vous pourriez me dire… ou me demander, et à juste titre d’ailleurs (ou vous pourriez exiger de moi, pour parler plus clairement) : « S’il en est ainsi, pourquoi ne nous en mentionnez-vous pas ne serait-ce qu’un seul ? » Pour quels motifs ? Un seul : à savoir que si je vous mentionnais l’un quelconque de ces phénomènes (qui sont perceptibles à l’œil nu), vous les verriez immédiatement, mais vous mourriez, parce qu’il se trouve qu’actuellement ces phénomènes, qui correspondent à des Forces et à des Prodiges, SONT JALOUSEMENT GARDÉS PAR CERTAINS ÉLÉMENTAUX très forts, qui, s’ils se sentaient découverts, CAUSERAIENT LA MORT DES CURIEUX ; et comme je n’ai pas envie de créer un cimetière pour mon propre compte, je me vois dans l’obligation de me taire.
Ainsi donc, mes frères, IL EST NÉCESSAIRE DE S’ÉVEILLER si nous voulons percevoir les grandes réalités de la vie ; mais il n’est possible de s’éveiller qu’en sachant vivre.
Comment une personne qui est un jouet pour les autres pourrait-elle s’éveiller ? Si je vous insultais, à cet instant, je suis sûr que vous ne le supporteriez pas, que vous protesteriez violemment et que la plupart d’entre vous se retireraient immédiatement.
Voyez comme il est facile de vous faire changer ! Il suffit que je vous dise une parole dure pour que vous deveniez tout de suite rouges de fureur ; si, maintenant, je veux vous flatter, il me suffit de vous dire quelques petits mots doux pour que vous soyez contents. C’est-à-dire que vous êtes victimes des circonstances, que vous n’êtes pas maîtres de vous-mêmes et c’est lamentable, n’est-ce pas ?
De sorte, frères, que celui qui veut être maître de lui-même doit commencer par NE PAS PERMETTRE QUE LE MENTAL ET LES SENTIMENTS INTERVIENNENT dans les affaires de la vie pratique. Bien entendu, cela requiert, comme je l’ai déjà dit, une terrible PASSIVITÉ DE LA PERSONNALITÉ ET UNE TRÈS FORTE ACTIVITÉ DE LA CONSCIENCE.
C’est précisément là ce dont nous avons besoin : l’activité de la Conscience. Quand la Conscience devient active, elle sort de sa léthargie et alors il est évident qu’advient l’Éveil.
Avant tout, nous devons commencer par NE PAS FAIRE CE QUE FONT LES AUTRES. Quand je vais au restaurant et que j’y vais avec tous mes proches, à l’heure du repas, je peux constater que tous passent aux lavabos pour se laver les mains. Quant à moi, on peut me traiter de « cochon », de « sale », mais je ne vais pas me laver les mains.
Quand on m’en demande la raison, le pourquoi, je réponds : « Simplement parce que je n’aime pas faire ce que font les autres, c’est-à-dire que je n’aime pas être une machine ». De sorte que si les autres se mettent sur la tête, moi aussi je devrais me mettre sur la tête ? Si les autres marchent à quatre pattes, je devrais aussi marcher à quatre pattes ? Non, mes frères ! Il faut nous convertir en individus et cela n’est possible qu’en nous « déségoïstisant » et en ne permettant pas que le mental et les sentiments se mêlent aux diverses circonstances de l’existence.
Quand nous commençons ce travail, quand nous apprenons à devenir terriblement passifs pour donner libre cours aux grandes activités de la Conscience, nous voyons que tout change.
Je veux vous citer rien de plus qu’un fait concret : je me trouvais dans une maison, peu importe laquelle. L’un des « enfants bien élevés » de cette maison était parti sur les routes du monde et il était devenu rien moins qu’un Don Juan séducteur : il avait fait des siennes, là-bas, avec une jeune fille.
Conclusion : les parents de celle-ci sont intervenus : il est donc évident que ceux-ci se sont présentés en personne à cette maison, cherchant le « fils à papa », le « garçon bien élevé ». (Polisson ? oui, mais amoureux. Noceur et joueur ? Je ne sais pas ; je sais seulement que c’est un véritable Don Juan).
Le père de la jeune fille est venu, évidemment, avec l’intention « d’amocher » le jeune homme ; personne n’osait sortir ; il n’y a que moi qui, me trouvant là, faisais acte de présence, profitant de l’opportunité qui m’était donnée pour servir de médiateur.
Le chef de famille, furieux, appelait le jeune homme pour qu’il sorte de la maison ; j’ai retenu le garçon et fait entrer le chef de famille offensé. Avec beaucoup de douceur et d’amour, j’ai invité la personne offensée et le Don Juan à s’asseoir tous les deux et, bien sûr, les deux ont pris un siège.
Avec le père de famille, il y avait une dame ; j’ai compris qu’il s’agissait de la mère de la jeune fille. Il y eut des paroles terribles et il s’en fallut de peu qu’il ne sorte son pistolet et ne tire. Néanmoins, je dis au monsieur, avec toutes les bonnes manières : « Il est possible de tout arranger ; par la compréhension, on peut trouver une solution à tout ; on ne résout aucun problème en tuant ».
Cet homme fut alors surpris : il ne pensait pas qu’il y aurait dans cette demeure quelqu’un d’aussi serein, d’aussi tranquille.
Il y eut des conversations, des échanges amicaux entre le chef de famille et le Don Juan ; tout s’est arrangé à l’amiable et l’offensé est parti, emportant avec lui son pistolet avec ses cinq balles ; il n’y eut aucun coup de feu.
Et tout s’est arrangé : pourquoi ? Parce qu’en servant de médiateur, j’ai pris un État de Conscience Supérieur à cet événement ; mais si j’avais conseillé à ces gens de procéder avec violence, si moi-même, prenant le rôle du « très bon ami », j’avais répondu avec des paroles dures, les circonstances auraient été différentes et le Don Juan serait allé faire un séjour au cimetière et les deux familles se seraient remplies de deuil et de douleur.
De sorte que les circonstances de la vie dépendent de nos États de Conscience ; SI NOUS CHANGEONS NOS ÉTATS DE CONSCIENCE, LES CIRCONSTANCES CHANGENT, c’est évident. Nous ne pouvons pas changer les circonstances de la vie si, auparavant, nous ne changeons pas nos États de Conscience.
Je vous invite donc à une réflexion plus profonde. À mesure que nous allons permettre à la Conscience de devenir active, à mesure que nous allons contrôler le mental et le sentiment, pour ne pas mettre le nez là où il ne doit pas être, le résultat sera merveilleux, parce qu’à mesure que la Conscience devient active, le processus d’éveil s’accentue. Et non seulement toutes les circonstances qui nous entourent changent, mais, de plus, nous commençons à remarquer que pendant les heures où le corps physique dort, nous travaillons (ou nous vivons, pourrions-nous dire) en dehors du corps physique d’une façon plus consciente.
Et ainsi, à mesure que la personnalité va devenir passive, à mesure que le mental et les sentiments vont être réfrénés pour ne pas se mettre là où ils ne doivent pas être, l’Éveil va devenir de plus en plus grand et, ainsi, nous finirons par nous transformer en de grands investigateurs de la vie dans les Mondes Supérieurs.
Celui qui veut s’éveiller doit le faire ici et maintenant ; CELUI QUI S’ÉVEILLE ICI ET MAINTENANT, S’ÉVEILLE DANS TOUS LES RECOINS DE L’UNIVERS.
Bien, mes chers frères, ici s’achève cette conférence. Mais, nous donnons l’opportunité à ceux qui veulent poser des questions, de le faire avec la plus entière liberté.
Question. Vénérable Maître, vous venez de dire que tout le monde n’a pas le Corps Astral. Ma question consiste à savoir (ensuite, avec votre réponse, je crois que ce sera bien clair) pourquoi la personne qui rêve (et je crois que tout le monde rêve) est endormie dans son lit et que, cependant, elle rêve qu’elle est dans un autre lieu. Y a-t-il, ici, une projection du Corps Astral, une projection de la Conscience ou une projection de la pensée ?
Maitre. C’est avec le plus grand plaisir que nous allons donner une réponse à notre frère R. Il est certain que le Corps Astral ou Corps Kedsjano est un luxe que ne peuvent s’offrir tous les êtres humains. Personne ne naît avec le Corps Astral, excepté ceux qui l’ont créé dans des vies antérieures.
Quand on s’est offert le luxe de créer ce corps, on peut travailler et vivre avec ce véhicule dans les Mondes Supérieurs de façon naturelle, aussi naturellement que lorsque nous vivons dans le corps physique. Mais comme tout le monde n’a pas encore créé ce merveilleux instrument de l’existence, il est clair que lorsqu’on agit en dehors du corps physique, soit parce qu’on s’est échappé à travers la mort, soit pendant les heures de sommeil, c’est L’EGO qui AGIT.
Je veux dire que l’Essence, le matériel animique, disons, le facteur directeur de tous les processus psychologiques que nous portons à l’intérieur de nous, est embouteillé dans l’Égo, dans le Moi, le moi-même, le soi-même et lorsqu’arrive l’heure du sommeil normal, commun et courant, l’Égo, le Moi psychologique (à l’intérieur duquel se trouve absorbée l’Essence) abandonne le corps physique pour que le véhicule vital puisse réparer le corps dense ; parce que si le véhicule vital ne répare pas le corps dense, le corps dense meurt.
Et pour que le véhicule vital puisse réparer le corps physique, il est nécessaire que l’Égo (dans lequel se trouve absorbée l’Essence) abandonne le corps physique. Alors l’Égo voyage dans les différents lieux du monde ; et, bien sûr, étant donné qu’il a la Conscience endormie, il rêve et les rêves sont transmis à travers le Cordon d’Argent et parviennent alors au cerveau physique. Mais, disons que c’est l’Égo qui sort, hors de la forme dense, c’est tout. Y a-t-il une autre question, mes frères ? Tu peux poser ta question.
Question. Vous nous aviez parlé du faux Corps Astral ou Corps de Désirs. Pouvons-nous identifier le Corps de Désirs (siège des émotions) avec l’Égo ?
Maitre. Certainement, LE CORPS DE DÉSIRS N’EST RIEN DE PLUS QUE L’EGO LUI-MÊME. Ce n’est pas un corps en soi, c’est une série de formes ou d’agrégats qui se pénètrent et se compénètrent mutuellement sans se confondre. Si quelqu’un appelle ce Moi, cet Égo : « Corps de Désirs », libre à lui ; on ne peut pas l’appeler non plus Corps en soi-même, mais si on veut l’appeler ainsi, qu’on l’appelle ainsi ; cependant, ce n’est pas correct puisque l’EGO N’A AUCUNE INDIVIDUALITÉ, CE N’EST PAS UN ORGANISME ; CE N’EST QU’UNE SOMME D’AGRÉGATS.
Si cela se fait de façon conventionnelle, nous disons « Untel est sorti en Corps Astral ». Mais, qu’en savons-nous, si cet untel n’a pas encore de Corps Astral ? Il est sorti dans l’Égo (à l’intérieur duquel se trouve l’Essence, la Conscience) ; il a été un moment éveillé et il a pu vivre hors du corps physique, il a pu se déplacer, voyager dans différents lieux. Ce qui se passe, c’est que l’Égo fait office de Corps Astral. Mais il est loin d’avoir la perfection du Corps Astral. L’Égo est l’Égo et c’est tout.
Question. Cependant, vous dites que quelques personnes informées (bien que ce ne soit pas de la Sagesse Gnostique, concrètement de l’Arcane A.Z.F. et qu’elles ne puissent pas fabriquer les Véhicules Solaires), mais qui, pourtant, cultivent une discipline de caractère mystique ou ésotérique peuvent, dans l’Égo, grâce à la prière, aux bonnes pensées, avoir un contact avec des entités divines. Est-ce possible que quelqu’un se trouve éveillé même s’il est embouteillé dans l’Égo ?
Maitre. Il est certes possible que, pendant un instant, quelqu’un se trouve éveillé, bien qu’il soit embouteillé dans l’Égo. Il est évident que si la Conscience arrive à s’éveiller, c’est parce que l’Égo a perdu du volume ; et quand l’Éveil est radical, total, absolu, l’Égo n’existe plus, il a disparu.
De sorte qu’au fur et à mesure que l’Égo est peu à peu réduit en cendres, la Conscience s’éveille. CET ÉVEIL N’EST JAMAIS IMMÉDIAT ; IL AUGMENTE DE MANIÈRE GRADUELLE.
Normalement, n’importe quelle personne peut avoir 1 % de Conscience éveillée ou ne rien avoir ; il se peut qu’une autre personne ait 2 ou 3 %. Si l’humanité avait 10 % de Conscience éveillée, il n’y aurait plus de guerres. En avoir 100 % est quelque chose de très difficile ; il n’y a que les Kumaras qui peuvent en avoir 100 %, les grands Prajapatis, les grands Elohim.
Cependant, un Maître aussi excellent, aussi grandiose qu’Helena Petrovna Blavatsky (qui a étudié aux pieds du vénérable Grand Maître K.H. au Shangri-la), on ne peut pas dire qu’elle ait 100 % de Conscience éveillée ; elle a 50 % mais pas 100 %. Seuls Ouspensky et Gurdjieff sont arrivés à un certain pourcentage de Conscience ; mais dire qu’ils sont arrivés à 100 % est difficile. Si Gurdjieff a eu 60 ou 70 %, c’est tout, mais seuls des Maîtres comme K.H., comme Morya, comme Jésus de Nazareth, comme Hilarion (celui qu’on appellera « Paul de Tarse »), Maître immortel qui conserve un corps physique parfait […] en ont eu 100 %.
Mais, les Maîtres qui ne sont pas encore parvenus à ces hauteurs, qui n’ont pas pu encore être admis, disons, dans la partie la plus sélecte de l’Humanité Divine, qui ne sont pas parvenus à la Résurrection, ne jouissent pas encore de ce pourcentage si absolu de 100 %.
Ainsi donc, mes chers frères, nous devons réfléchir profondément. Quelqu’un pourrait commencer à améliorer son pourcentage de Conscience, avoir 5 ou 10 %. En tout cas, au fur et à mesure que l’Égo va se dissoudre, le pourcentage de Conscience ira en augmentant ; et, à mesure que le pourcentage de la Conscience va augmenter, la capacité d’investigation dans les Mondes Supérieurs va devenir de plus en plus intense.
Il peut arriver aussi que, GRÂCE À LA MÉDITATION INTÉRIEURE PROFONDE, l’Essence, le matériel psychique, SOIT DÉSEMBOUTEILLÉ de l’Égo, bien que ce soit MOMENTANÉMENT, pour expérimenter Cela qui est le Réel, Cela qui n’appartient pas au temps.
J’ai dit que quand l’Essence ou la Bouddhata agit en l’absence du Moi, du moi-même, du soi-même, elle fusionne intégralement, bien que ce soit momentanément, avec l’âme humaine, dans le Monde Causal et alors elle agit, disons, comme si elle était sous la forme bouddhique. Elle peut sentir en elle-même, vivre en elle-même, un « élément » qui transforme radicalement. C’est pourquoi la Méditation Zen, par exemple, et Chan s’avèrent si formidables : parce qu’elles permettent à l’Essence de se désembouteiller.
Si quelqu’un a expérimenté une fois, en lui-même, le Vide Illuminateur, il est différent des autres personnes ; il est indubitable que celui qui a ressenti une fois cet « élément » qui transforme, que cet individu a eu la chance de passer par une expérience grandiose qui le renforce dans ses profondeurs les plus intimes, qui lui donne du courage pour l’Autoréalisation, qui l’incite à une activité terrible contre le moi-même, le soi-même.
Parce qu’avoir expérimenté une fois le Vide Illuminateur en l’absence du Moi psychologique est une chose et avoir réalisé le Vide Illuminateur est autre chose.
Quelques-uns parlent du Tao. Mais, nous dirons qu’avoir visité le Tao en l’absence de l’Égo est une chose et réaliser le Tao en soi-même, ici et maintenant, est autre chose.
Nous devons, mes frères, nous devons réaliser le Tao. Il faut réaliser en soi-même ou Autoréaliser en soi-même le Vide Illuminateur. Et cela n’est possible, mes chers frères, qu’en travaillant intensément, en sachant vivre dans la vie pratique ; en ne permettant pas que le mental et les sentiments interviennent dans les diverses circonstances de la vie, en donnant toujours une opportunité à la Conscience pour que ce soit elle qui agisse et pas nous.
Quand nous procédons ainsi, nous nous plaçons en fait sur le chemin qui doit nous conduire de manière effective à l’Éveil.
Nous devons être différents de la foule qui nous entoure, ne pas faire ce que font les autres ; nous devons nous convertir en véritables individus.
Aujourd’hui, nous ne sommes que des machines : on touche le bouton d’une machine et ça fait tourner une roue ; on touche un autre bouton et celle-ci s’arrête de bouger ; on actionne une manette et la machine s’élance en avant, on en actionne une autre et elle s’élance en arrière.
C’est ainsi que nous sommes ; on nous fait et nous faisons ; on nous dit et nous disons ; on nous blesse et nous blessons. Chacun peut jouer avec nous comme il lui plaît.
Nous sommes victimes de tout le monde.
C’est la crue réalité des faits. Voilà, mes chers frères.