Le Côté Caché de la Lune Psychologique

LE CÔTÉ CACHÉ DE LA LUNE PSYCHOLOGIQUE

Conférence de Samaël Aun Weor

Le Cinquième Évangile

Il faut comprendre qu’il y a, disons, en nous-mêmes, une partie occulte de notre propre égo qu’on ne voit jamais à première vue. De même que la Lune a deux aspects publics : un qui se voit à première vue et un autre qui est caché, il y a aussi en nous un côté occulte que nous ne voyons jamais.

Avant tout, je veux que vous compreniez que de même qu’il y a une Lune physique qui nous éclaire, il existe également une LUNE PSYCHOLOGIQUE. Cette Lune Psychologique, nous la portons au tréfonds de nous-mêmes : c’est l’Égo, le Moi, le moi-même, le soi-même.

Le côté visible, tout le monde le voit avec un petit peu d’observation, mais il y a un côté invisible de notre Lune Psychologique qui ne se voit pas à première vue. La Conscience, malheureusement, n’éclaire pas cette partie occulte de notre propre Lune Intérieure.

En réalité, nous vivons dans une petite zone de notre Conscience ; nous nous sommes forgés une image de nous-mêmes, mais une image n’est pas la totalité.

Quand nous réussissons à faire pénétrer la Conscience, tel un rayon de lumière, dans ce côté invisible qui ne se voit pas, dans ce côté occulte de nous-mêmes (puisque nous ignorons beaucoup de choses sur nous-mêmes), alors l’image que nous nous étions forgés se désintègre ; elle est réduite en poussière cosmique.

Il est lamentable que nous vivions seulement dans une petite fraction de nous-mêmes ; nous ignorons énormément de choses sur nous-mêmes.

Le côté occulte, qui nous est inconnu, est généralement très profond, mais nous devons nous connaître et nous ne pourrons nous connaître qu’en projetant la lumière de la Conscience sur ce côté occulte.

Et il est important ce côté occulte parce que c’est précisément sur ce côté que se trouvent toutes les causes de nos erreurs, les innombrables réactions mécaniques, les antipathies mécaniques, nos mesquineries, etc.

Il est évident que tant que nous n’aurons pas éclairé cette face cachée avec les rayons de la Conscience, nous aurons de très mauvaises relations, non seulement avec nous-mêmes, mais aussi avec les autres.

Lorsque quelqu’un éclaire ce côté occulte de sa Lune Psychologique avec les rayons de la Conscience, il connaît ses erreurs et il sait alors voir les autres ; mais quand il n’éclaire pas ce côté caché de lui-même avec sa Conscience, il commet l’erreur de le projeter sur les gens qui l’entourent et c’est extrêmement grave.

Nous projetons sur les gens tous nos défauts psychologiques et, si nous sommes mesquins, nous les verrons tous mesquins ; si nous sommes remplis de haine, nous les verrons tous de cette manière ; si nous sommes envieux, nous croirons que les autres sont également envieux ; et si nous sommes violents, nous ne saurons pas comprendre la violence d’autrui, nous croirons que nous sommes les seuls à avoir raison et pas les autres.

Quand nous sentons de l’antipathie envers quelqu’un, il est évident que c’est là, précisément, qu’est le « hic » de la question, c’est précisément le défaut que nous portons intérieurement et que nous projetons sur cette personne.

Pourquoi telle ou telle personne suscite-t-elle en nous de l’antipathie ? Pourquoi voyons-nous en elle tel ou tel défaut qui nous dérange tellement ? Bien que cela paraisse incroyable et bien que nous ne l’admettions pas, bien que nous le rejetions, la vérité, c’est que nous avons ce défaut en nous et que nous sommes en train de le projeter sur notre prochain.

Lorsqu’on le comprend, alors, on se propose de dissoudre l’élément qui a été découvert ; donc si nous voyons que notre prochain a tel ou tel défaut, il est certain que le défaut en question se trouve dans le côté occulte, invisible, le côté occulte de nous-mêmes.

Par conséquent, il est tout à fait regrettable que nous ayons des relations aussi mauvaises avec les gens. Malheureusement, étant donné que nous avons de mauvaises relations avec nous-mêmes, alors il ne peut en être autrement avec les autres. Si nous savons nous mettre en relation avec nous-mêmes, nous saurons aussi nous mettre en relation avec les autres, c’est évident.

À mesure qu’on progresse, on se rend compte à quel point on marche mal sur le chemin de la vie.

Nous protestons parce que les autres ne sont pas soigneux et que nous autres, nous le sommes ; nous croyons que les autres vont mal parce qu’ils ne sont pas soigneux et que nous autres, nous croyons que nous sommes soigneux et nous sommes irrités contre quelqu’un qui ne l’est pas.

Si on s’observe en détails, on verra que cette négligence, ce défaut que l’on voit chez les autres, on l’a encore plus en soi-même, dans le côté inconnu de soi-même.

Si on se croit très soigneux, il peut arriver (et c’est vrai, ça arrive) qu’on ne soit pas aussi soigneux qu’on le croit, car il y a du désordre à l’intérieur de soi-même et on l’ignore, on ne l’accepte pas et on croit ne pas l’avoir, on ne le comprend pas.

Cela vaut la peine de connaître ce côté inconnu de soi-même. Lorsqu’on projette vraiment la Lumière de la Conscience sur ce côté inconnu de soi-même, on change radicalement. Lorsqu’on découvre qu’on est violent, par exemple, on apprend alors à tolérer la violence chez les autres. On se dit : « Moi, je suis violent ; alors pourquoi critiquer celui qui est violent si je le suis ? ». Quand on comprend réellement qu’on est injuste à l’intérieur de soi-même, qu’on porte en soi l’injustice, on apprend à tolérer l’injustice des autres.

La Gnose nous dit que « nous devons apprendre à recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables de nos semblables » ; mais, en vérité, nous ne pourrons pas parvenir à recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables de nos semblables si nous n’acceptons pas nos propres manifestations désagréables, si nous ne les connaissons pas ; et, pour les connaître, nous devons projeter un rayon de Lumière sur ce côté obscur de nous-mêmes.

Évidemment, c’est dans ce côté que l’on ne voit pas que se trouvent vraiment les manifestations désagréables que nous portons en nous et que nous projetons sur les autres. Ainsi, lorsqu’on connaît ses propres manifestations désagréables, on apprend alors à tolérer les manifestations désagréables de son prochain.

Évidemment, pour pouvoir cristalliser en soi-même le CHRIST COSMIQUE, il faut inévitablement apprendre à recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables des autres ; c’est ainsi que va se cristalliser peu à peu, à l’intérieur de nous-mêmes, le SEIGNEUR DE PERFECTION. Nous devons donc comprendre que le Seigneur de Perfection ne se cristallise en nous qu’à travers la Sainte Négation.

Il y a en nous trois forces très importantes : la première est la SAINTE AFFIRMATION ; la deuxième, la SAINTE NÉGATION ; la troisième, la SAINTE CONCILIATION.

Pour cristalliser, par exemple, la Sainte Conciliation, la TROISIÈME FORCE, l’Esprit Saint, la Force Neutre, il faut « transmuter l’Énergie Créatrice » et, à la fin, cette force merveilleuse va se cristalliser en Corps Existentiels Supérieurs de l’Être.

Pour cristalliser en soi-même la DEUXIÈME FORCE, celle du Seigneur de Perfection, celle du Béni, de notre Seigneur le Christ, il nous faut inévitablement « apprendre à recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables de nos semblables ».

Et pour cristalliser en soi-même la PREMIÈRE FORCE, celle du Père, la Sainte Affirmation, il faut savoir « obéir au Père, sur la Terre comme aux Cieux ».

Le SOLEIL SACRÉ ABSOLU, dont émane toute vie, veut cristalliser en chacun de nous ces TROIS FORCES PRIMAIRES de la Nature et du Cosmos : la Sainte Affirmation, la Sainte Négation et la Sainte Conciliation.

Arrêtons-nous de nouveau sur la question de la Sainte Négation, c’est-à-dire du Christ. Nous devons NOUS NIER NOUS-MÊMES, je le répète : « apprendre à recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables de nos semblables ». Mais, comment pourrions-nous recevoir de bonne grâce les manifestations désagréables de notre prochain si auparavant nous ne connaissons pas nos propres manifestations désagréables.

Si, par exemple, nous avons de la colère et que nous savons que nous l’avons, si nous avons pris conscience que nous sommes coléreux, furieux, querelleurs, irascibles alors, il est certain qu’étant bien conscients de tout cela nous apprendrons à excuser ces mêmes erreurs chez les autres et, par conséquent, nous aurons de meilleures relations avec notre prochain.

Si nous sommes remplis d’envie et que nous reconnaissons que nous l’avons, que nous la portons dans le côté occulte de notre Lune Psychologique, nous apprendrons à pardonner les manifestations désagréables de l’envie, telles qu’elles existent chez d’autres personnes.

Si nous sommes remplis d’orgueil et si nous savons que nous l’avons, si nous savons que nous sommes orgueilleux, que nous sommes prétentieux et reconnaissons que nous le sommes, alors nous apprendrons à regarder les orgueilleux avec plus de compréhension. Nous n’oserons plus les critiquer car nous saurons que nous portons en nous ces mêmes défauts.

Si un homme se sent honnête, s’il se sent incapable de mentir et qu’il arrive soudain qu’on l’offense en le traitant de menteur, il est évident que s’il a accepté que dans le côté occulte de sa Lune Psychologique, dans ce côté qui ne se voit pas, dans le côté occulte de lui-même, existe encore le mensonge de façon inconsciente, il ne se sentira pas offensé lorsqu’on le traitera de menteur ; il saura être tolérant envers son prochain.

Beaucoup de gens pourraient se croire très « libéraux » dans leur façon d’être et très « justes » ; mais si quelqu’un leur dit soudain qu’ils ne le sont pas, qu’ils ne sont pas aussi libéraux, ni aussi justes, ils pourront s’en offenser parce qu’eux se sentent justes et libéraux.

Mais si, auparavant, ils ont appris à projeter leur Conscience sur le côté caché d’eux-mêmes, sur ce côté occulte que l’on ne voit jamais, ils en viendront à reconnaître par eux-mêmes, directement, qu’ils ne sont pas aussi justes, ni aussi libéraux qu’ils le pensaient ; qu’au fond d’eux il y a de l’injustice, de l’intolérance, etc. Lorsque quelqu’un tente de les blesser dans ce sens, ils ne se sentent pas blessés, car ils savent qu’on leur dit la Vérité.

C’est pourquoi il s’avère très important de regarder ce côté caché de soi-même, ce côté que l’on ne voit pas, ce côté où se trouve la critique, la censure. Il y a en nous quelque chose qui censure, quelque chose qui critique. Dans la partie occulte de nous-mêmes se trouve la censure, se trouve la critique.

Pourquoi censurons-nous les autres, pourquoi les critiquons-nous ? Pourquoi sommes-nous en train de critiquer chez les autres tel ou tel défaut ? Soyons sincères, regardons à l’intérieur de nous, auto-explorons nous, éclairons cette partie occulte de notre propre psyché, cette partie que l’on ne voit pas et nous verrons que les défauts que nous critiquons chez les autres, nous les avons très profondément en nous-mêmes. Alors, sachant cela, arrêtons de critiquer.

Le blâme, la critique, c’est dû précisément au manque de compréhension. Que censurons-nous chez les autres, que critiquons-nous chez les autres, chez eux ? Nos propres défauts, voilà ce que nous critiquons chez les autres, étant donné que nous les projetons.

Il est triste de savoir que nous projetons nos défauts psychologiques sur les autres ; il est triste de savoir que nous les voyons tels que nous sommes, que nous voyons le prochain comme nous sommes ; c’est quelque chose qu’il faut comprendre parce que nous avons tous tendance à nous croire parfaits. Il ne nous est jamais arrivé de regarder cette partie de la « Lune », de notre Lune Psychologique, cette partie que l’on ne voit pas, que l’on ne voit jamais !

L’heure est donc venue de nous auto-explorer sérieusement pour nous connaître vraiment. En vérité, lorsqu’on éclaire alors cette partie cachée de soi-même, le côté invisible qu’on a en soi-même on découvre avec horreur des facteurs psychologiques qu’on n’accepte absolument pas d’avoir, des facteurs qu’on rejette immédiatement, des facteurs qu’on ne croit pas avoir.

Si, par exemple, on traite un honnête homme de voleur, c’est une offense. Pourquoi cet honnête homme s’offenserait-il si on le traite de voleur ? L’Égo a immédiatement tendance à dire : « Pourquoi a-t-on dit du mal de moi ? ».

De plus, l’offensé pourrait avoir recours à la violence pour essayer de se justifier. Le fait même qu’un honnête homme se sente offensé lorsqu’on le traite de voleur démontre qu’il n’est pas honnête. Voilà le hic de la question. Parce que s’il était vraiment honnête, il ne se sentirait pas offensé d’être traité de voleur. S’il se sent offensé, c’est qu’il n’est pas honnête.

Si cet homme, par exemple, éclairait avec la propre lumière de sa Conscience cette partie de lui-même qui ne se voit pas, cette partie occulte de sa Lune Psychologique, il découvrirait avec horreur ce qu’il n’avait pas voulu accepter : il découvrirait des Mois du vol, des voleurs (Quelle horreur ! Impossible, mais c’est ainsi !).

Il y a en nous des facteurs que nous ne soupçonnons pas le moins du monde, que nous rejetons, que nous n’acceptons absolument pas, qui nous font horreur et, cependant, au fond, nous les avons ; c’est horrible, mais c’est ainsi !

Moi-même, lorsque je travaillais à la dissolution du Moi dans le Monde des Causes Naturelles, je fus surpris ; je n’aurais jamais pensé avoir dans mon intérieur des Mois du vol et j’ai rencontré toute une Légion de Mois Voleurs. Impossible ! Moi, je n’ai jamais rien volé à personne, pas même un centime. Comment est-ce possible qu’apparaissent là, à l’intérieur de moi, des Mois du vol ? Mais impossible ou non, même si je les rejetais, ils étaient bel et bien là ; que ça me plaise ou non, ils étaient là.

Et je vous certifie que dans le domaine de la vie pratique quelqu’un pourrait laisser ici, dans ce lieu un trésor en pièces d’or pur, je ne prendrais pas une seule pièce de monnaie, malgré le proverbe qui dit que : « devant un coffre ouvert, même le plus juste pèche ». Mais, de ce côté-là, je suis sûr de ne pas faillir, car même si on laissait de l’or en poudre, je n’en prendrais pas un milligramme. Cependant, quelle ne fut pas ma douleur lorsque je découvris que là, tout au fond de moi, il y avait des Mois du vol.

Lorsque je les observais avec le sens de l’AUTO-OBSERVATION PSYCHOLOGIQUE, je les voyais s’enfuir (comme le voleur qui dérobe et s’enfuit, effrayé… horribles visages du vol !). Je fus horrifié par moi-même, mais je n’éprouve aucun inconvénient à le confesser parce que si je ne le confessais pas, ce serait le signe que ces Mois sont encore vivants, là, en moi, car l’hypocrite a tendance à cacher ses propres défauts.

Donc, je ne vois aucun inconvénient à le confesser (que j’avais cette sorte de Mois). Même si je menais une vie honnête, je les avais ; même si je payais mes dettes à autrui, je les avais. Que me restait-il à faire ? Les désintégrer, les réduire en poussière cosmique, car ils me faisaient horreur.

Oui, mes frères, à l’intérieur de nous, dans ce côté occulte de nous-mêmes que l’on ne voit pas, nous avons des monstruosités inénarrables, indescriptibles.

Celui qui se lave les mains en disant : « Je suis un homme bon, je n’ai jamais volé, ne serait-ce que cinq centimes à qui que ce soit ; j’ai fait beaucoup d’œuvres de charité ; je suis un bon père de famille, un bon époux, un bon fils ; je n’ai pas tué ; je n’ai pas volé ; je n’ai pas pris la femme du prochain, alors je suis un Saint ». Ceux qui parlent ainsi sont des candidats assurés pour l’ABÎME et la SECONDE MORT ; ce sont des cas perdus.

Aucun de nous ne doit se croire un Saint, car dans le côté caché de nous-mêmes, dans ce côté que l’on ne voit pas, nous portons des monstruosités inénarrables, horrifiantes, que nous sommes très loin de soupçonner.

Malheureusement, les gens (comme je vous l’ai dit) ne vivent que dans une petite partie d’eux-mêmes. Ils ne voient pas la totalité du tableau, mais un petit coin seulement et chacun s’est forgé de soi-même une image : l’image de l’honnête homme, l’image de la femme vertueuse (elle se croit vertueuse bien qu’elle ne le soit pas), l’image du chevalier servant, etc. et notre existence est conditionnée par cette image et, à partir de là, nous agissons et réagissons incessamment. Toutes nos mesquineries, nos critiques et nos censures sont là, mais nous nous croyons parfaits.

Cela vaut vraiment la peine de réfléchir à toutes ces choses… Voir le côté occulte de soi-même, avoir le courage de le voir. Tout le monde en soupçonne l’existence, mais personne n’ose vraiment regarder en face ce côté occulte de soi-même, où se trouvent, précisément, les facteurs qui produisent de la discorde dans le monde, où sont la censure et la critique, où est la violence, où est l’envie, etc.

L’ENVIE, par exemple, est devenue, pour ainsi dire, le ressort mécanique de cette civilisation, le facteur de base de l’action. Comme c’est lamentable.

Si quelqu’un a une petite voiture et voit soudain passer quelqu’un d’autre avec une voiture plus belle, une automobile flambant neuve, il se dit : « J’ai envie d’améliorer un peu mon sort, je vais voir comment me procurer une meilleure voiture ».

Mais, il ne lui vient pas à l’idée de savoir pourquoi ça lui est arrivé, pourquoi il désire une meilleure voiture ; bien souvent, celle qu’il possède fait l’affaire, alors pourquoi en désire-t-il une meilleure ? Simplement, par envie. Et cette envie est là, dans le côté caché que l’on ne voit pas, dans le côté occulte de notre propre Lune Psychologique ; elle est là.

Il est évident que l’ENVIE est devenue (je le répète) LE RESSORT SECRET DE L’ACTION et c’est réellement lamentable.

À mesure que nous allons progresser dans l’Auto-exploration Psychologique, nous nous rendrons de plus en plus conscients de nous-mêmes, et c’est ce qu’il y a de mieux.

L’heure est venue de comprendre que les erreurs que nous voyons chez les autres, nous les avons en nous. L’heure est venue de comprendre que tant que nous ne connaîtrons pas ce côté caché de nous-mêmes, nous aurons de mauvaises relations avec notre prochain.

Il est nécessaire d’apprendre à avoir une meilleure relation avec soi-même afin d’avoir une meilleure relation avec les autres. Comment pourrions-nous avoir de bonnes relations avec notre prochain, si nous n’en avons même pas de bonnes avec nous-mêmes ?

Je répète : nous ne devons pas penser seulement à cette Lune physique, mais à la Lune Psychologique que nous portons intérieurement et qui est la plus monstrueuse. Il y a en nous des Mois d’une monstruosité terrible ; ils se trouvent dans ce côté occulte que nous ne voyons pas.

Toutes les visions que Dante a décrites dans sa « Divine Comédie », avec des griffes et des ailes horribles, des dents, des pieds fourchus, des monstruosités de toutes sortes, tout cela existe dans le côté caché de nous-mêmes, dans ce côté que nous ne voyons pas.

Mais dans le travail sur soi-même, il y a des étapes très difficiles : ce qui arrive, c’est que lorsque nous travaillons sur nous-mêmes, il est évident que nous changeons et ce changement est mal interprété par nos semblables, car ceux-ci ne veulent pas changer ; ils vivent embouteillés dans le temps ; ils sont le résultat de nombreux « hier » et si nous changeons, ils crient, protestent et nous jugent de manière erronée. L’étudiant gnostique doit savoir tout cela.

Dans le monde, de nombreux CODES DE MORALE ont été écrits. Mais qu’est-ce que la morale ? Servirait-elle, par hasard, à la dissolution du Moi ? Pourrait-elle éclairer ce côté caché de soi-même, ce côté que l’on ne voit pas ? Pourrait-elle nous conduire à la Sanctification, oui ou non ? Non, absolument pas. La morale est fille des coutumes, de l’endroit et de l’époque. Ce qui est moral à un endroit est immoral dans un autre ; ce qui fut moral à une époque cesse de l’être à une autre époque. Par conséquent, qu’en est-il de tout cela ? Sur quoi repose la morale ?

Dans l’ancienne Chine, tuer son père était juste lorsqu’il était devenu trop vieux et incapable de se suffire à lui-même. Ici, que dirions-nous d’un homme qui tuerait son père ? Ce serait un parricide, n’est-ce-pas ?

Par conséquent, (je le répète) la morale est esclave du lieu, des coutumes et de l’époque ; alors à quoi servent les codes de morale qui ont été écrits dans le monde ? À quoi servent des codes aussi brillants ? Pourraient-ils dissoudre le Moi ? Pourraient-ils éclairer la face cachée de notre Lune Psychologique ? Pas du tout, ils ne servent à rien !

Sur ce chemin de cette dissolution du Moi, à première vue, nous pourrions paraître immoraux. Alors, quelle sorte de morale nous faut-il suivre ? Laquelle, si les codes ne servent à rien ? Alors que faire ?

Il y a un type d’ÉTHIQUE que vous ne connaissez pas (certains le connaissent dans l’Himalaya). Je me réfère à ce type de CONDUITE DROITE de la Nature, de cette éthique que les Tibétains ont condensée un jour dans « LES PARAMITAS » (il est dommage que les Paramitas n’aient pas été traduits dans une langue occidentale ; je les ai cherchés mais je ne les ai pas trouvés). C’est le type d’Éthique Réelle ; mais qui comprend cela ? Quelquefois vous le comprenez et quelquefois non.

Si vous changez, il se peut que les gens se retournent contre vous. Si l’un de vous change, il peut se produire que tous les frères qui sont ici disent alors du mal de lui, le traitent d’immoral, de mauvais : « Voyez ce qu’il a fait ou ce qu’il est en train de faire », etc. C’est-à-dire que survient la censure.

C’est que les gens veulent que l’Initié reste embouteillé dans le passé. Ils ne veulent en aucune manière que l’Initié s’ouvre à ce qui est nouveau, qu’il change. Lorsque l’Initié change, son changement est interprété, jugé de façon erronée.

C’est pourquoi l’EGO EST LE TEMPS et l’Égo d’autrui ne peut tolérer que quelqu’un sorte du Temps ; il ne peut absolument pas le lui pardonner.

Personnellement, on m’a chassé hors de ma propre maison paternelle, lorsque j’ai décidé de changer ; on me tourmentait beaucoup : la règle des professeurs s’abattait sans cesse sur moi, on me tirait les oreilles, on me criblait de coups sur la tête parce que je ne maîtrisais pas ces matières qui, pour eux, étaient vraiment fondamentales, ces choses qui relèvent des égos, mais qui pour eux sont basiques et qu’ils s’enorgueillissent de posséder en eux.

Ils m’ont chassé… Ils m’ont chassé de ma propre maison paternelle ; ils m’ont chassé de l’école, ils m’ont chassé de partout. Conclusion : j’étais une calamité, simplement parce que j’étais en train de changer, parce que je ne voulais pas continuer à être enfermé dans le Temps ; alors on me qualifia de toutes sortes d’atrocités : on me condamna comme « hérétique », « mauvais » et on alla jusqu’à me persécuter pour me condamner à mort ; j’étais « l’ennemi numéro un de la religion orthodoxe ! ». Conclusion : je me retrouvai, comme dit le dicton « à contre-courant » ; on ne pouvait me pardonner de sortir de « l’ornière » et on ne me le pardonna pas.

Ici même, nous sommes tous réunis ; si l’un de vous change, vous pouvez être sûrs que tous les autres le critiqueront (et nous sommes ici dans un Lumitial. Nous voulons que tout marche. Nous voulons que même le Maître marche selon certaines normes préétablies dans le temps).

Et je vous assure que vous ne verriez pas d’un bon œil que je sorte de ces normes. Vous avez vos normes et si je sortais de ces normes, alors que feriez-vous ? Vous ne verriez pas ça d’un bon œil ; vous diriez probablement : « Comme le Maître est bizarre ; regardez donc ce qu’il est en train de faire, et c’est un Maître… Impossible, ce n’est pas un maître ! ».

Pour quel motif ? Pourquoi suis-je sorti de l’ornière ? Parce que je n’ai pas voulu continuer à être enfermé dans leurs normes, parce que je n’ai pas voulu continuer à être embouteillé dans le Temps, parce que je n’ai pas voulu continuer à être enfermé dans leurs codes de morale ; car même si cela vous semble incroyable, chacun de vous suit un code de morale déterminé : certains d’entre vous suivent les Dix Commandements qui sont stipulés et ils n’en sortiraient pas, même à coups de canon ; d’autres parmi vous suivent des normes plus ou moins préétablies par leurs familles au fil du temps ; d’autres suivent des règles de conduite déterminées qu’ils ont alors apprises dans différentes Écoles de type Pseudo-Ésotérique ou Pseudo-Occultiste ou qu’ils ont reçues de leurs précepteurs religieux.

Lorsque quelqu’un se démarque, lorsque quelqu’un ne se comporte pas selon les normes que vous avez, qui sont établies dans vos mentals, cette personne est pour vous indigne, infâme, mauvaise. Vous voyez comme il est difficile de parvenir à l’AUTORÉALISATION INTIME DE L’ÊTRE !

À mesure que l’on s’auto-observe psychologiquement, on se met précisément à éliminer cette face cachée, que l’on ne voit pas. On se rend compte peu à peu qu’il y a en soi des facteurs que l’on ignorait, des crimes que l’on ne soupçonnait pas le moins du monde.

Au fur et à mesure que nous dissolvons ces facteurs, cela engendre des changements psychologiques qui se reflètent, évidemment, sur nos semblables. Ces changements sont mal interprétés par notre prochain. Notre prochain ne peut absolument pas accepter que quelqu’un ne se comporte pas selon les normes établies, selon les codes écrits, selon les principes admis.

Ce qui arrive, c’est que, dans le travail, nous devons bien des fois devenir « immoraux ». Quand nous disons « immoraux », il faut savoir comprendre cela (le mettre entre guillemets et le souligner) ; je m’y réfère et je n’utilise pas ce terme dans le sens où vous l’entendez, de façon négative ; je veux seulement expliquer que j’utilise ce terme dans un sens édifiant ou dignifiant, dans un sens positif, constructif, dans le sens où il faut éviter les codes périmés, d’une certaine morale sans fondement solide.

(Je dois rappeler à l’ordre Aladin parce qu’il est arrivé à la fin du cours et que ce n’est pas correct. Tu as fait beaucoup de bruit. Il faut toujours être ponctuel, arriver à l’heure où nous commençons ; nous commençons à vingt et une heures, à cette heure-là).

Bien, mes chers frères, nous en arrivons donc à la conclusion que la VOIE est généralement difficile. Sur ce chemin étroit, resserré, il y a, de part et d’autre, d’épouvantables précipices, de merveilleuses montées, d’horribles descentes.

Du Chemin sortent généralement beaucoup de « petits chemins » : certains nous conduisent à la domination d’une zone précise de l’Univers, c’est-à-dire nous convertissent, en fait, en une Déité ou en un Cosmocrate (pour parler, cette fois, comme les hindous) ; d’autres nous conduisent vers certains Paradis qui nous ramènent aux souffrances de la Terre, mais d’autres nous conduisent à l’Abîme et à la Seconde Mort. Il y a des sentiers qui s’échappent du Chemin Central sous de merveilleuses apparences de Sainteté, mais qui conduisent à l’Abîme et à la Seconde Mort ; il est difficile de ne pas se perdre. Ce qui est normal, c’est de se perdre. Bien souvent, parce que l’on est attaché à un code de morale établi, on s’égare et on tombe dans l’abîme de perdition.

Alors, comment faire ? S’AUTO-OBSERVER PSYCHOLOGIQUEMENT DE MANIÈRE INCESSANTE et au lieu de censurer les autres, se censurer soi-même ; et au lieu d’être violent avec les autres, S’AUTO-EXPLORER pour connaître sa propre violence, la violence intime que l’on a en soi, même si on la rejette, même si on pense ne pas l’avoir.

Si les gens vivaient de façon plus consciente, tout serait différent ; malheureusement (comme je l’ai tant répété ce soir), nous avons forgé beaucoup d’images de nous-mêmes, car nous ne vivons que dans une petite partie de nous-mêmes ; lorsque nous projetons notre Conscience sur cette partie que l’on ne voit pas, ces images cessent d’être alimentées et elles sont réduites en poussière cosmique.

Il nous incombe de changer, nous devons changer ! Que d’images déformées de nous-mêmes nous avons forgées et comme elles sont mesquines ! Comme ces images sont éloignées de ce que nous sommes réellement, malheureusement ! (Je suis en train de penser à haute voix et vous faites partie de mes propres réflexions). Comme nous sommes mesquins ! Et pourtant nous ne soupçonnons pas le moins du monde que nous le sommes et que dans le côté caché de nous-mêmes nous portons la mesquinerie.

Quelquefois nous pensons : « Si ce groupe ou ces groupes ésotériques fonctionnaient mieux, nous serions plus heureux… » (Parce que nous réclamons un monde idéal pour travailler) ; nous croyons que nous irions mieux si nous allions dans la montagne ou si nous allions dans les vallées les plus profondes. Mais à quoi nous servirait-il de nous enfermer dans une grotte si, à l’intérieur de nous, nous avons tous les facteurs qui engendrent l’envie, la haine, la luxure, etc.

Ceux qui sont ici présents ne sont pas de douces brebis (ou « nous n’en sommes pas » disait Tio Lucas) parce qu’il n’y en a qu’un qui soit parfait et c’est le Père. Nous, nous ne sommes pas parfaits, c’est évident.

Je vois beaucoup de frères réunis ici (bon, j’exagère en disant « beaucoup », un petit groupe de frères réunis). Êtes-vous sûrs, vous tous ici présents, de constituer précisément un noyau de fraternité, d’amour et de beauté ? Personne ici n’a-t-il jamais critiqué quelqu’un ? Et lorsque vous êtes en pleine réunion, vous êtes-vous toujours traités avec un amour jamais vu ? Ne vous êtes-vous jamais disputés entre vous ? Comment chacun de vous voit-il les autres ? Je crois que vous ne vous voyez pas très bien.

Actuellement, vous êtes tous réunis ici comme des petits saints. Oui, c’est ainsi. Mais, au fond de vous, vous savez qu’il y a de l’envie, des disputes, de la haine, des critiques malsaines, etc. Vous le savez bien. Cependant, chacun voit les erreurs chez les autres, mais ne les voit pas en lui-même. Personne ne pense que l’erreur qu’il voit chez les autres, il la porte par conséquent en lui-même ; cela, il ne le pense pas. Il y a peu de frères qui savent réfléchir à ces choses ; il y en a peu qui savent.

Pourquoi vouloir quelque chose d’idéal, un groupe idéal où personne ne se haïrait, où tous seraient vraiment des frères, où tous se consacreraient uniquement au Savoir et à l’Amour ? Pourquoi ? Y a-t-il une raison pour désirer cela ? En vérité, il n’y en a aucune.

Ce groupe de Troisième Chambre symbolise ou représente précisément la vie du dehors, la vie qui est à l’extérieur de cette Chambre.

Vous savez bien que la vie, le train de la vie, l’humanité dans son ensemble est remplie de terribles défauts. Vous savez bien que cette multitude amorphe, qui abonde par ici, est pleine de colère, d’envie, de convoitise, de luxure, d’orgueil, de paresse, de gourmandise, etc. Ce n’est pas idéal, n’est-ce pas ? Non, ça ne l’est pas.

Alors pourquoi voulons-nous que ce petit groupe soit idéal ? Ce petit groupe représente cette humanité, cette flopée, ces millions de personnes qu’il y a dans le monde. Ce petit groupe, ici, a les mêmes erreurs qu’ont les multitudes.

Donc, dans ce petit groupe, il y a une « école » merveilleuse, il y a un « gymnase » formidable, comme ça, avec vos défauts, tels que vous êtes. C’est un magnifique GYMNASE PSYCHOLOGIQUE.

Le frère untel a-t-il dit quelque chose sur l’autre frère untel ? Bien, celui qui a parlé, au lieu de le lui dire, doit investiguer sur lui-même, regarder cette partie cachée de lui-même, cette partie que l’on ne voit pas, afin de voir pourquoi il a dit quelque chose ou pourquoi il a critiqué son prochain.

Telle sœur a-t-elle dit quelque chose sur telle autre sœur ? Bon, cette sœur, au lieu de critiquer l’autre sœur, doit s’auto-explorer pour voir cette partie de la « Lune » que l’on ne voit pas et il est certain que le défaut qu’elle voit chez l’autre sœur, elle le porte dans la partie cachée d’elle-même, dans la partie que l’on ne voit pas.

Si nous savons profiter précisément des propres défauts psychologiques de nos frères, si, au lieu de les critiquer, nous en profitons pour nous autodécouvrir nous-mêmes, nous nous rendrons compte alors que ce petit groupe est une « école » merveilleuse, extraordinaire. Toute l’humanité est ici représentée ; dans ce petit groupe, il y a un « gymnase » précieux, nécessaire pour l’autodécouverte ; c’est pourquoi, il faut savoir en profiter.

Si ce petit groupe était « parfait », alors il n’aurait nul besoin d’exister. Pour quoi faire ? Si tout le monde était parvenu à la perfection, pourquoi former ce groupe ? Ce groupe existe parce que nous ne sommes pas parfaits, c’est pour ça qu’il existe ; si nous étions parfaits, ce groupe n’existerait pas.

Nos propres erreurs, ajoutées aux erreurs de tous nos frères, sont les erreurs de l’humanité. Nous avons ici un modèle, un exemplaire, un échantillon de ce qu’est l’humanité. Donc, profitons de cet échantillon, profitons de cette « école » et, au lieu de blâmer nos frères, critiquons-nous nous-mêmes. L’erreur que nous voyons chez un autre frère doit nous servir d’illustration pour notre Conscience ; elle nous permet de savoir que nous avons cette erreur dans la partie cachée, que l’on ne voit pas.

Vous voyez comme une ÉCOLE ÉSOTÉRIQUE, une ÉCOLE DE RÉGÉNÉRATION est utile !

Ici, c’est une École de Régénération ; mais nous sommes idiots quand nous quittons « l’École », quand nous partons avec une moue de dédain, à la recherche d’une humanité idéale. Où allons-nous la trouver ? Dans quelle partie du Cosmos ? C’est impossible.

Il y a bien une HUMANITÉ DIVINE, mais ce n’est pas l’humanité ordinaire, non ; je me réfère, de manière emphatique, au CERCLE CONSCIENT DE L’HUMANITÉ SOLAIRE, à ce cercle qui opère sur les CENTRES SUPÉRIEURS DE L’ÊTRE.

C’est la seule humanité que je qualifierais « d’idéale ». Mais comment pourrions-nous appeler « idéal » le fils du voisin ? Comment appeler encore « idéal » Pierre, Jean, Diego, Jacinthe ou Joseph ? Cependant, tous sont utiles.

Les erreurs du voisin peuvent très bien nous servir ; nous pouvons les utiliser comme une indication : si je découvre que le frère untel est rempli d’envie, alors je dois réfléchir un petit peu. Pourquoi suis-je en train de critiquer l’envie du frère untel ? Le fait que je critique l’envie du frère untel indique que je l’ai dans les profondeurs de ma Conscience, dans cette partie que l’on ne voit pas.

C’est pourquoi, il faut savoir qui est celui qui critique en nous, qui est le censeur, quel est le Moi de la Critique. Cela vaut la peine d’en faire « l’autopsie », de le réduire en poussière cosmique.

J’ai terminé cet exposé, mes chers frères. Maintenant, si vous avez des questions à poser, vous pouvez le faire en toute liberté.

Question. Maître, au sujet des Gorgones dont vous avez parlées hier, pouvez-vous nous donner des explications ?

Maitre. Comment ? Quelles explications ?

Question. Sur les Gorgones.

Maitre. Les Gorgones… Que veux-tu savoir sur les Gorgones ? Virgile, le poète de Mantoue, n’en a-t-il pas parlé, par hasard, dans « l’Énéide » ? Dante Alighieri n’a-t-il pas parlé des Gorgones dans la Divine Comédie ? Que veux-tu savoir sur les Gorgones ?

Question. Qui sont-elles en elles-mêmes ?

Maitre. Comment ?

Question. Qui sont-elles en elles-mêmes ?

Maitre. Les Gorgones, avec leur venin gorgonique, ne sont rien d’autre que les TROIS FURIES dont nous parle Virgile dans son « Énéide ». Elles sont là, oui, je ne le nie pas (les trois Furies, les trois Gorgones), elles sont là, terribles.

Dans l’Ésotérisme Christique, nous pourrions appeler la première « JUDAS », le DÉMON DU DÉSIR ; la seconde, nous pourrions l’appeler « PILATE », le DÉMON DU MENTAL ; et la troisième, nous pourrions l’appeler « CAÏPHE », le DÉMON DE LA MAUVAISE VOLONTÉ.

Qui les a décapitées ? PERSÉE avec son épée flammigère ? Qui l’a fait ? Ce qui importe aujourd’hui, c’est que chacun de nous décapite les trois Gorgones qu’il a en lui ; elles appartiennent précisément à ce côté caché de nous-mêmes, ce côté qu’on ne voit pas.

Avez-vous une autre question, mes frères ?

Question. Quand vous parliez au sujet du « code de morale », il m’est venu à l’esprit qu’il peut y avoir le danger que nous convertissions la Gnose, les Enseignements Gnostiques, en un code de morale. Si nous ne comprenons pas l’enseignement, si nous ne vivons pas en accord avec l’enseignement, il peut y avoir ce danger, n’est-ce pas ?

Maitre. C’est certain ! Et je vois une tendance très marquée, chez tous les frères du Mouvement Gnostique, à édifier des codes de morale. Ils ont tous tendance à faire respecter ces codes ; ils veulent tous, dans le mouvement, établir des codes de morale, afin que les frères se conforment à ces codes.

À la longue, ces codes deviennent absurdes, désuets, déplacés ; ils se convertissent, pour ainsi dire, en bouteilles dans lesquelles le Mental reste embouteillé ; alors vient l’échec dans le travail de l’élimination de l’Égo.

Il arrive, dans ce travail, que l’on doive faire des choses qui paraissent « immorales » ; on doit sortir parfois de certaines normes auxquelles vous êtes tous soumis. Il arrive que lorsqu’on croit que l’on va très bien, en réalité on va très mal ; et parfois, lorsque les autres pensent que l’on va mal au niveau interne, c’est là qu’on va mieux.

Tel est le Chemin : « Il y a beaucoup de vertu chez les méchants et il y a beaucoup de méchanceté chez les vertueux ». Il y a des dangers terribles : quelqu’un peut prendre une ruelle en croyant que c’est la bonne voie et s’écarter du Réel Chemin, ce qui le mène à l’échec.

Donc, à quoi servent les codes de morale ? À quoi sert la morale conventionnelle des gens ? Il vaut mieux que nous suivions les Principes de la Sagesse que nous devons trouver en nous-mêmes, ici et maintenant. Une autre question ?

Question. Maître, on ne suit pas non plus les Commandements ?

Maitre. Eh bien, chacun doit donc suivre ou ne pas suivre tel ou tel commandement. Les gens ont tant de choses, ils ont inventé tant de dogmes au cours des siècles que, réellement, si on se prononçait contre toutes ces normes, la seule chose à laquelle on s’exposerait serait d’être lapidés sur la place publique.

Ce qui sert, dans ce cas, c’est le DISCERNEMENT, l’AUTO-EXPLORATION de soi-même, l’AUTO-OBSERVATION Psychologique ; à mesure qu’on va s’auto-observer, on va voir ce qu’on a et on va procéder selon nos besoins, selon ce qu’on doit être, selon ce qui est urgent.

Il ne sert à rien de suivre des codes de morale conventionnelle ; l’auto-observation de soi-même est plus utile. C’est cela qui doit nous orienter. Et nous regarder, nous regarder, et continuer à nous regarder et projeter notre Conscience, encore et encore, sur ce côté caché de soi-même, sur ce côté que l’on ne voit pas ; voilà ce qui est utile. Le reste, ce que disent les codes […] Voyons.

Question. Vénérable Maître, nous qui sommes instructeurs et qui devons appuyer la Sagesse Gnostique, parfois nous utilisons la Bible, par exemple, où se trouve le Sixième Commandement : « Ne pas forniquer », le Neuvième : « Ne pas commettre l’adultère », etc., qui est connu comme la « Loi de Moïse », alors, si nous ne nous appuyons pas là-dessus, sur quoi appuyer nos œuvres ? Nous sommes d’accord qu’il faut mettre de côté les codes, mais ces Commandements, par exemple, pour appuyer nos objectifs, est-ce plausible ?

Maitre. Tous ces dogmes ne servent à rien ! La seule chose qui nous sert dans la vie, c’est de s’auto-observer psychologiquement. Nous savons bien que nous devons transmuter notre Énergie Créatrice, non pas parce qu’il est dit de « ne pas forniquer », mais simplement par l’Auto-observation Psychologique.

On comprend que si on transmute son Énergie Créatrice, on arrive à développer les Feux de la Moelle Épinière, on arrive à créer les Corps Existentiels Supérieurs de l’Être, on arrive à se transformer et à se convertir en Logos. C’est une question de Connaissance Mature Directe, c’est une question d’Observation propre, etc.

À propos de l’adultère, c’est répugnant ; qui ne l’a pas dit ! Réellement, l’adultère est horrible. Mais qu’entend-on par « adultère » ? Non seulement, il existe l’adultère sexuel, mais il y a une autre sorte d’adultère : il y a des gens qui ne pratiquent pas l’adultère sexuel, mais qui adultèrent des doctrines ; il y a des gens qui adultèrent le lait : ils y mettent de l’eau, endommageant ainsi l’estomac des enfants ; il y a des gens qui adultèrent les fruits de la terre (tous ceux qui font des greffes végétales pratiquent l’adultère ; ils adultèrent les fruits de la terre), etc.

Il y a des choses sur ce chemin de l’Éthique qui surprennent : les cas où l’on voit des hommes qui vont avec d’autres femmes ou des femmes qui vont avec d’autres hommes ne sont pas tous des cas d’adultère. Il y a des cas en rapport avec la Loi, des cas en rapport avec le Karma, que les gens ne connaissent pas. Parce que les gens ne savent ni ce qui est bon, ni ce qui est mauvais ; ils ne comprennent pas ces choses. Que peut savoir un endormi ? Que peut savoir l’endormi sur ce qui est bon et ce qui est mauvais ?

Je ne veux pas dire qu’il soit recommandable que l’époux trahisse son épouse, parce que c’est absurde, c’est de l’adultère ; je ne veux pas dire qu’il soit recommandable qu’une épouse trahisse son époux, parce que c’est un crime, c’est un adultère. Mais tous les cas ne sont pas des adultères, il y a des cas karmiques, autant pour l’un que pour l’autre.

Mais avec ce que je dis, il pourrait arriver que des gens immatures disent : « Bien, je m’en vais avec celle-là et je laisse mon épouse parce que c’est correct, c’est une question de Karma », car on a toujours tendance à prendre la Sagesse pour l’accommoder à sa façon ; chacun veut accommoder la Doctrine à sa manière pour justifier ses délits.

Rares sont ceux qui savent être impartiaux ; on est toujours partial par nature, par instinct. La seule chose qui résulte de la partialité, c’est l’erreur ; de la partialité résulte le manque de considération envers le prochain. Quand on est partial, on ne sait pas entrer en relation avec les autres ; on critique les erreurs de l’autre, mais il ne nous viendrait pas à l’idée que nous ayons cette erreur à l’intérieur de nous, dans cette partie de nous-mêmes, cette partie que l’on ne voit pas.

Il faut être un peu plus mature : nous sortir de tant de codes et de tant de morales, devenir révolutionnaires, prendre le chemin de la Rébellion Psychologique.

La meilleure Éthique, c’est d’apprendre à se voir soi-même. Quand on se voit soi-même, on sait ce qui nous manque et ce que l’on a en trop, on fait un inventaire correct.

Mais quand on ne s’auto-observe pas et qu’on se laisse guider par les codes obsolètes d’une morale maladroite, on ne sait ni ce qui nous manque, ni ce que l’on a en trop ; on croit avoir ce que l’on n’a pas et ce qu’on ne croit pas avoir, on l’a.

Mais l’Auto-observation Psychologique est merveilleuse parce qu’elle nous permet de savoir ce qui nous manque et ce que nous avons en trop.

Il nous faut éclairer davantage les profondeurs inconnues de nous-mêmes, car, comme je l’ai dit, nous vivions jusqu’à présent dans une petite fraction de nous-mêmes, dans une petite partie de nous-mêmes, dans une image de nous-mêmes. Nous devons donc apprendre à nous voir véritablement tels que nous sommes. Nous devons apprendre à mieux nous voir. A nous auto-observer.

Question. Maître, mais je ne me référais pas à ces Commandements, mais aux Commandements qu’a la Gnose, parce que je ne les connais pas, c’est-à-dire que les Commandements qui se trouvent dans le Catéchisme Catholique, la Sainte Mère l’Église, sont : le premier, assister à la messe le dimanche et les jours de fête ; le second, communier (comme le demande la S.M.E.) ; le troisième, jeûner (quand le demande aussi la S.M.E.) ; le quatrième, communier pour Pâques ; le cinquième, payer la dîme et les prémices à la S.M.E. et tout ça… je pensais qu’ici aussi il y avait quelques Commandements de ce style que j’ignorais ou ne connaissais pas. Je me réfère à cela.

Maitre. Eh bien, certains Commandements peuvent exister dans la Gnose, mais il pourrait aussi se produire ceci : si ces commandements ne sont pas dûment compris, ils se convertiront en normes froides et figées dans lesquelles le Mental demeurera embouteillé ; alors viendra la stagnation. Il faut sortir de toutes ces sortes de Commandements et apprendre à nous voir nous-mêmes, tels que nous sommes.

C’est seulement par ce chemin que nous pouvons vraiment marcher vers la Libération Finale. Il faut que nous ayons un bon Jugement, un bon sens du Discernement, et ne jamais oublier l’Auto-observation Psychologique. Le mieux, c’est de toujours apprendre à nous auto-observer.

Une autre question, mes frères ? Parle, mon frère.

Question. Maître, c’est parce que, lorsqu’on ne comprend pas une chose, on la convertit alors en un code de notre propre insuffisance pour comprendre. C’est ici que peut nous instruire le cas des Évangiles, n’est-ce-pas ? Quand les juifs, dans les Évangiles, critiquaient Jésus parce qu’il guérissait le jour du Sabbat. Eh oui, il guérissait les jours de Sabbat et la Loi disait qu’il fallait se reposer pendant le Sabbat, alors ils le critiquaient et disaient que c’était mal. Ils vivaient conformément à la Loi, mais ne la comprenaient pas.

Maitre. C’est ainsi : ils vivaient en accord avec la Loi mais ne la comprenaient pas ! Jésus faisait des choses qui paraissaient « immorales » : guérir un jour de Sabbat, alors que le jour du Sabbat c’était interdit ! Mais lui, les codes ne l’intéressaient pas ; c’est l’AMOUR qui intéressait le Grand Maître : guérir un malade pendant le Sabbat ou le lundi ou n’importe quel jour, mais guérir !

Parce qu’il serait absurde ou injuste de pouvoir guérir un malade et de ne pas le guérir. Cela aurait été très punissable.

Malheureusement, les gens ne savent pas voir le chemin comme on doit le voir. Les gens veulent que l’Initié marche selon les normes établies. Si une personne viole les normes, cette personne sera mal perçue ; ainsi sont les gens. C’est pourquoi les gens demeurent pétrifiés dans le temps.