Cours Ésotérique de Magie Runique · Livre
COURS ÉSOTÉRIQUE DE MAGIE RUNIQUE
SAMAËL AUN WEOR
1e Édition, Colombie, 1969
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Introduction
J’écris le Cinquième Évangile, j’enseigne la Religion-Synthèse, la religion primitive de l’humanité, la doctrine de Janus, celle des Jinas.
C’est la Religion-Sagesse des antiques collèges sacerdotaux, gymnosophistes ou Jinas des régions solitaires de l’Asie centrale, celle des johannites, des chamans, des ascètes égyptiens, des pythagoriciens de l’antiquité, des rosicruciens médiévaux, des templiers, des premiers maçons, et celle de bien d’autres fraternités ésotériques plus ou moins connues, dont la liste seule remplirait des douzaines de pages.
C’est la doctrine secrète des Chevaliers du Saint-Graal ; c’est la pierre vive de Jacob, le lapis electrix (le magnes, ou aimant) expliqué d’une manière dialectique.
Sans le Cinquième Évangile, les quatre autres restent voilés. J’écris pour déchirer le voile d’Isis.
Il est urgent de dévoiler pour enseigner. Il est nécessaire de prêcher l’Évangile du Royaume dans toutes les nations du monde.
Prêcher sans dévoiler équivaut à ne pas enseigner du tout. Il nous faut expliquer les quatre Évangiles grâce au cinquième.
Jamais on n’a prêché l’Évangile du Royaume, parce que jamais il n’a été expliqué.
Les quatre Évangiles sont écrits en code, et c’est pourquoi personne n’a encore pu les expliquer dans leur Essence ; grâce au cinquième, la lumière resplendit dans les ténèbres.
Voici donc, avec le livre que vous avez en mains, une autre partie de ce Cinquième Évangile. « La parole donne le pouvoir à celui qui sait ; personne ne l’a prononcée, personne ne la prononcera, sauf celui qui l’a incarnée ».
Paix Invérentielle !
Chapitre 1 : La Mère Divine et les Dieux Saints
« Vierge Mère, fille de ton Fils, humble et élevée plus qu’aucune créature, terme fixe d’un éternel conseil, tu es celle qui tant a ennobli l’humaine nature, que son auteur ne dédaigna point de s’en revêtir. En ton sein se ralluma l’amour, par la chaleur duquel dans l’éternelle paix ainsi a germé cette fleur. Ici, pour nous, tu es en son midi le flambeau de la charité, et en bas, parmi les mortels, tu es la vraie fontaine d’espérance. Dame, tu es si grande, et si grand est ton pouvoir, que celui qui désire la grâce et à toi ne recourt point, son désir veut voler sans ailes. Ta bonté non seulement secourt qui demande, mais d’elle-même, souvent, elle prévient le demander. En toi miséricorde, en toi pitié, en toi magnificence, en toi se rassemble tout ce que dans les créatures il y a de bonté. Ores, celui-ci, qui du plus profond gouffre de l’univers jusqu’ici, a vu les vies spirituelles une à une, te supplie que, par grâce, il obtienne la force d’élever les yeux plus haut vers le dernier salut. Et moi qui jamais ne brûlai de voir plus que je ne brûle qu’il voie, je t’offre toutes mes prières, et te prie qu’elles ne soient pas insuffisantes, afin que, par les tiennes, tu dissipes entièrement les nuages de sa mortalité, en sorte que devant lui le suprême Bien se déploie. Je te prie encore, ô Reine qui peut ce que tu veux, qu’après une telle vue tu conserves ses affections saines. Que, sous ta garde, il vainque les mouvements humains ! Vois Béatrice, vois avec elle que de bienheureux, joignant les mains, s’unissent à mes prières » Dante Alighieri, La Divine Comédie, Le Paradis, Chant trente-troisième.
« Ô Isis, Mère du Cosmos, racine de l’amour, tronc, bourgeon, feuille, fleur, semence de tout ce qui existe ! Toi, force naturante, nous te conjurons ; nous appelons la Reine de l’espace et de la nuit, et baisant ses yeux amoureux, buvant la rosée de ses lèvres, respirant le doux arôme de son corps, nous nous exclamons : Ô Nout ! Toi, éternelle Séité du ciel, qui est l’âme primordiale, qui est ce qui fut et ce qui sera. Toi, de qui aucun mortel n’a levé le voile, lorsque tu es sous les étoiles irradiantes du nocturne et profond ciel du désert, avec pureté de cœur et dans la flamme du serpent, nous t’appelons ! » (Rituel gnostique).
« Gloire, oh gloire à la Mère Kundalini, qui à l’aide de sa grâce et de son pouvoir infinis conduit le Sadhaka de chakra en chakra et illumine son intellect en l’identifiant au Brahman suprême ! Puissent ses bénédictions nous atteindre ! » Sri Swami Sivananda.
Énée n’était-il pas le fils du héros Anchise et de la déesse Vénus ? Combien de fois la Mère divine ne se montra-t-elle pas favorable aux Troyens, inclinant également en leur faveur la volonté de Jupiter (le Logos solaire), Père des dieux et des hommes ?
Ô Éole, seigneur du vent ! Toi qui as le pouvoir d’apaiser ou d’irriter les vagues de l’océan immense, toi qui as submergé une partie de la flotte troyenne sous les vagues déchaînées, dis-moi : Qu’adviendrait-il de toi sans ta Divine Mère Kundalini ? D’où tirerais-tu alors ton pouvoir si grand ?
Ô Neptune, seigneur des sublimes profondeurs marines ! Toi, grand dieu dont le regard divin fait fuir les vents et apaise les éléments furieux : Nierais-tu par hasard que tu as une mère ? Ô seigneur des profondeurs ! Tu sais bien que sans elle, tu ne pourrais pas tenir dans ta main droite ce trident formidable qui te confère ton pouvoir sur les recoins effrayants de l’abîme.
Ô Neptune, vénérable maître de l’humanité ! Toi qui a donné de si sages préceptes aux peuples de l’Atlantide aujourd’hui submergée, rappelle-toi, grand seigneur, de nous tous qui t’aimons.
Lorsque l’Aquilon dresse les vagues vers le ciel et que certains naufragés se voient élevés jusqu’aux astres tandis que d’autres se sentent submergés dans les abîmes, il ne reste d’autre espérance que ta miséricorde.
L’Autan fracasse les navires contre des écueils dissimulés dans le fond et le vent du Levant les précipite contre les côtes pour les enfouir dans les sables ou pour les briser contre les falaises, mais toi, Seigneur Neptune, tu sauves de nombreuses gens qui nagent ; plus tard, tout repose en silence.
Les grottes où habitent les nymphes marines, en de mystérieux parages, gardent la mémoire de tes œuvres, ô grand dieu !
Vous qui avez connu les périls de l’océan tempétueux de la vie, la rage terrible de Scylla et des écueils mugissants, les rochers des Cyclopes qui veillent, le dur chemin qui conduit au nirvana et les combats contre Mara, le tentateur, et ses trois Furies, ne commettez jamais le délit de l’ingratitude, n’oubliez jamais votre Divine Mère !
Bienheureux ceux qui comprennent le mystère de leur propre Mère divine. Elle est la racine de leur Monade particulière ; c’est dans son sein immaculé qu’est conçu l’enfant qu’elle porte dans ses bras : notre Bouddha intime.
Vénus, descendue des hauts sommets, se déguisa en chasseresse pour visiter son fils Énée, le héros troyen, avec le sain objectif de l’orienter vers Carthage, vers le règne florissant de la reine Didon, laquelle, après avoir juré fidélité aux cendres de Sichée, s’immola par passion.
L’Adorable a le pouvoir de se rendre visible et tangible dans le monde physique quand Elle le désire.
Ô mortels ignorants, combien de fois, mon Dieu ! Aurez-vous été visités par votre Divine Mère, et cependant, vous ne l’avez pas reconnue !
Que ton bonheur fut grand, ô illustre citoyen de la superbe Ilion, lorsque ton adorable Mère te couvrit de sa nuée protectrice pour te rendre invisible !
Vous qui convoitez des pouvoirs magiques, ignorez-vous par hasard que votre Sainte Mère est omnipotente ?
Ô ma Dame ! Seul le chanteur Iopas, avec sa longue chevelure et sa cithare d’or, pourrait chanter tes bontés.
Chapitre 2 : Des Univers Parallèles
Une hypothèse audacieuse suggère qu’il existe un univers fantôme semblable au nôtre. Il n’y aurait qu’une interaction très faible entre ces deux univers, de sorte que nous ne voyons pas cet autre monde, qui se mêle au nôtre.
Le Gnosticisme scientifique révolutionnaire va bien plus loin à ce sujet : il affirme clairement la coexistence harmonieuse d’une infinité d’univers parallèles.
L’exclusion radicale de ce concept scientifique transcendantal laisserait sans explication logique une série considérable de faits inclassables : disparitions mystérieuses, etc.
Sur les rives parfumées et délicieuses d’une rivière chantante qui court, joyeuse et gaie, dans les forêts profondes d’une région tropicale d’Amérique du Sud, un groupe d’enfants innocents virent avec horreur leur propre maman disparaître ; elle flotta quelques instants dans l’espace, puis elle sembla se submerger dans une autre dimension.
« Un jour de l’été 1809, Benjamin Bathurst, ambassadeur d’Angleterre à la cour d’Autriche, se trouvait dans une petite ville allemande. Son carrosse était arrêté devant une auberge. L’ambassadeur descendit et marcha quelques pas ; les chevaux cachèrent sa silhouette pour un instant, puis l’aubergiste cessa de le voir ; ses serviteurs, de même que quelques voyageurs qui se trouvaient là, ne le voyaient pas non plus. Jamais il ne réapparut ».
À cette époque malheureuse de notre vie, les disparitions mystérieuses d’hommes, de femmes, d’enfants, de navires, d’avions, etc., se multiplient scandaleusement malgré les services d’intelligence et malgré les merveilleuses équipes radar et radio qui, en théorie, ne devraient pas se payer le luxe de permettre des mystères dans ce domaine.
Le concept des univers parallèles s’avère clairement plus exact et plus scientifique que les fameux plans subjectifs du pseudo-occultisme réactionnaire.
Une analyse de fond nous mènerait à la conclusion logique que ces univers existent non seulement dans les dimensions supérieures de l’espace, mais aussi dans les infradimensions submergées.
Il ne s’avère aucunement absurde d’affirmer en toute clarté qu’à l’intérieur de chaque univers parallèle, il existe des séries d’univers ; appelons-les atomes, molécules, particules, cellules, organismes, etc.
Je te prie, cher lecteur, d’avoir la bonté de réfléchir et de comprendre que nous ne sommes pas en train de parler d’univers d’antimatière, ce qui est une chose tout à fait différente : cette dernière obéit exactement aux mêmes lois que notre matière, mais chacune des particules qui la composent a une charge électrique inverse à celle de la matière que nous connaissons.
Dans le sein profond de l’Espace-Mère, il existe des millions de galaxies constituées d’antimatière, mais qui ont également leurs univers parallèles.
Aucun physicien n’ignore que cet univers dans lequel nous vivons, évoluons et mourons existe grâce à certaines constantes : vitesse de la lumière, constante de Planck, nombre d’Avogadro, charge élémentaire électronvolt, énergie au repos d’un corps d’une masse de 1 kg, etc.
Lorsqu’un univers possède des constantes radicalement différentes, celui-ci nous paraît tout à fait étrange et inimaginable ; si, par contre, les différences ne sont pas si grandes, les interférences avec notre monde deviennent alors possibles.
Les savants modernes ont inventé un miroir magique étonnant : l’accélérateur de protons.
Les scènes de notre univers parallèle voisin, situé dans la quatrième dimension, sont assurément surprenantes. Le comportement extraordinaire d’une particule mystérieuse appelée méson K, par exemple, suscite la perplexité, l’indécision, l’incertitude.
Les scientifiques chinois Lee, Yang et Madame Wu, qui résident et travaillent aux États-Unis, découvrirent avec étonnement et surprise que la loi de la conservation de la parité n’agit pas sur les mésons K. Cette découverte admirable, épatante et prodigieuse est venue démontrer que le méson K se conduit de manière étrange parce qu’il est perturbé par les forces merveilleuses et extraordinaires d’un univers parallèle.
Les scientifiques modernes s’approchent dangereusement de la quatrième dimension, et ils tentent même de la perforer à l’aide du neutrino.
Le neutrino est prodigieux, merveilleux, stupéfiant : il a la capacité de traverser une épaisseur infinie de matière sans aucune réaction appréciable. Les photons, ces grains de lumière, nous proviennent peut-être de l’infini inaltérable, mais il suffit d’une délicate feuille de papier pour les arrêter. Le neutrino, au contraire, peut traverser la planète Terre dans sa totalité comme si c’était le vide ; il est donc l’agent tout à fait indiqué pour pénétrer l’univers parallèle voisin.
Il y a déjà longtemps que le fameux scientifique italien Bremo Pontecorvo a proposé la construction d’un télescope à neutrinos ; son idée est surprenante, prodigieuse. Cet instrument optique révolutionnaire permettrait de pénétrer dans l’univers parallèle voisin.
Il est assurément admirable de savoir que les mésons, dont l’étrange comportement a permis aux scientifiques chinois d’établir l’hypothèse des univers parallèles, s’obtiennent lors de désintégrations où il y a émission de neutrinos.
Les univers parallèles s’interpénètrent mutuellement sans se confondre, et chacun possède son espace qui n’est pas notre environnement.
Le Gnosticisme scientifique révolutionnaire va bien au-delà des simples suppositions et hypothèses, et il affirme solennellement l’existence d’univers parallèles.
Les étudiants en ésotérisme ont besoin d’une révolution de leur culture spirituelle ; cette question des plans et sous-plans est un thème qui, en plus de n’avoir jamais été clair ni objectif, a conduit à la confusion.
Il est urgent de modifier le lexique ésotérique ; il faut un nouveau vocabulaire occultiste, un langage révolutionnaire spécial qui sert exactement l’idéologie du Verseau.
Au lieu de parler des plans métaphysiques déjà mentionnés et de toutes ces théories ampoulées, mieux vaut parler d’univers parallèles.
Chapitre 3 : La Rune Fa
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Bien-aimé lecteur, nous avons dit de façon très solennelle, lors de nos Messages de Noël précédents, que le pauvre animal intellectuel n’est qu’une chrysalide à l’intérieur de laquelle doit se former et se développer ce que l’on appelle l’homme.
Le feu solaire est sans aucun doute ce qu’il nous faut pour produire et développer à l’intérieur de nous-mêmes cette disponibilité à devenir homme.
Le Fohat est la force génératrice, le feu central vivant et philosophal qui peut donner naissance, à l’intérieur de la cosmobiologie de l’animal rationnel, au mutant authentique et légitime, à l’homme réel et véritable.
Il existe de nombreux types de feu. Rappelons-nous les feux Saint-Elme durant les tempêtes. Il est bon de nous rappeler aussi cette mystérieuse colonne de feu qui guidait les Israélites la nuit dans le désert. Il est utile d’avoir à la mémoire ces météores étranges que l’on voit dans les cimetières et que la physique, à sa façon, a catalogués sous le nom de feux follets.
Il existe de nombreuses réminiscences d’éclairs en forme de boule, de chats-météores, etc.
H.P. Blavatsky, dans son œuvre monumentale intitulée « La Doctrine secrète », à la section appelée « Le chaos des anciens », fait allusion à ce feu sacré de Zoroastre, l’Atash Behram des Parsis.
Qu’elles sont ineffables, les paroles de H.P.B., lorsqu’elle parle du feu d’Hermès !
Les explications de ce grand martyr du siècle passé sont remarquables lorsqu’elle nous rappelle le feu d’Hermès des anciens Germains, l’éclair fulgurant de Cybèle, la torche d’Apollon, la flamme de l’autel de Pan, les étincelles brillantes au chapeau des Dioscures, sur la tête des Gorgones, sur le baume de Pallas et dans le caducée de Mercure.
Combien sublime était le feu inextinguible dans le temple d’Apollon et dans celui de Vesta ! Combien grand, le Ptah-Ra égyptien ! Comme il resplendissait haut dans la nuit des siècles, ce Zeus Cataibates grec qui, selon Pausanias, descend du ciel à la terre !
Les langues de feu de la Pentecôte et le buisson flammigère de Moïse sont à coup sûr très similaires au tunnel ardent, lors de la fondation de Mexico.
La lampe inextinguible d’Abraham brille toujours, resplendissante et terriblement divine.
Le feu éternel de l’abîme sans fond, le Plérôme des Gnostiques, est une chose qui ne pourra jamais être oubliée.
Parlant du feu sacré, il convient de mentionner, de nommer, de citer les vapeurs étincelantes de l’oracle de Delphes, la lumière sidérale des Gnostiques rosicruciens, l’Akasha des adeptes Hindoustans, la lumière astrale d’Éliphas Levi, etc.
Les livres initiatiques sont écrits en caractères de feu. Il nous faut féconder notre nature intime si nous voulons réellement que naisse l’homme solaire à l’intérieur de nous. INRI : Ignis Natura Renovatur Integra, le feu renouvelle toute la nature.
Parmi les multiples feux qui crépitent dans l’aigle divin, celui qui resplendit, luit et brille dans la glande pinéale, dans la partie supérieure du cerveau, il y a toujours le chantre de l’Esprit-Saint qui transporte l’arche de ville en ville, c’est-à-dire de chakra en chakra, le long de l’épine dorsale.
Nous avons absolument besoin de toute urgence d’éveiller sans délai notre conscience si nous voulons réellement nous autoconnaitre à fond. Seul l’homme autoconscient peut pénétrer à volonté dans les univers parallèles.
Les Hatha Yogis Hindoustans parlent amplement de Devi Kundalini, le serpent igné de nos pouvoirs magiques, et ils supposent même pouvoir l’éveiller à l’aide d’exercices respiratoires et de nombreuses autres pratiques physiques compliquées et difficiles.
Nous, les Gnostiques, nous savons que le serpent d’airain qui guérissait les Israélites dans le désert, la divine princesse de l’amour, ne s’éveille et ne monte par l’épine dorsale que grâce au Maïthuna ; il ne faut toutefois pas sous-estimer le Pranayama.
Il est utile de savoir que la science magique du souffle, sagement combinée avec la méditation scientifique, nous permet d’utiliser certaines étincelles, certains rayons ou éclairs de la Kundalini en vue d’arriver à l’éveil.
Il n’est possible de travailler consciemment dans les différents univers parallèles, de voyager à volonté de manière lucide, brillante et claire dans toutes ces régions suprasensibles, qu’en transformant le subconscient en conscient.
Il existe le judo de l’esprit : nous faisons ici référence aux exercices runiques. Ceux-ci sont formidables pour éveiller la conscience.
Celui qui veut travailler avec ce judo doit commencer par la Rune de Mercure, dont la couleur violette donne naissance à des forces cosmiques extraordinaires.
Sachons donc que cette Rune nordique en question renferme en elle-même toute la puissance et toute l’impulsion de la fécondité.
Nous avons besoin du souffle du Fohat pour féconder notre propre psyché ; nous avons besoin des étincelles de la Pentecôte pour devenir autoconscients.
Si nous analysons les exercices de la Rune Fa, nous nous rendrons compte qu’elles comprennent du Pranayama, de la prière, de la méditation, ainsi qu’une posture sacrée particulière.
Pratique
Nous devons saluer chaque nouvelle journée avec une grande joie et, lorsque nous sortons du lit, élever les bras vers le Christ-Soleil, Notre-Seigneur, de sorte que le gauche se trouve un peu plus élevé que le droit et que les paumes des mains demeurent face à la lumière, dans l’attitude ineffable et sublime de celui qui aspire réellement à recevoir les rayons solaires. C’est la position sacrée de la Rune Fa.
Une fois dans cette position, nous travaillerons avec le Pranayama en inspirant par le nez et en expirant l’air par la bouche, de façon rythmique et avec beaucoup de foi.
Imaginons-nous pendant ce temps que la lumière du Christ-Soleil entre en nous par les doigts, qu’elle circule dans nos bras, inonde tout notre organisme, parvient à notre conscience et la stimule, l’éveille, l’incite à entrer en activité.
Durant les nuits mystérieuses et divines, pratiquez ce judo runique devant le ciel étoilé d’Uranie et, dans cette même position, priez ainsi : « Force merveilleuse de l’amour, attise mes feux sacrés pour que ma conscience s’éveille ; Fa Fé Fi Fo Fou ».
On peut et on doit dire de tout son cœur cette petite mais grande prière, le nombre de fois que l’on désire.
Chapitre 4 : Les Dieux Pénates
À quatre reprises, le cheval de Troie avait heurté violemment les murs glorieux, laissant s’échapper de son monstrueux ventre métallique les bruits de nombreuses armes ; mais les Troyens n’interrompaient pas leur vie pour autant, aveuglés qu’ils étaient par un dieu qui voulait qu’il en soit ainsi.
C’est alors que Cassandre se mit à prophétiser prédisant une ruine terrible, et à s’agiter en convulsions, la chevelure en désordre, possédée de l’Esprit divin. Mais comme elle était sous le châtiment d’Apollon, il est évident que personne ne voulut l’écouter.
Ô Cassandre aux merveilleux présages, que ton karma fut terrible ! Tu fus traînée par les cheveux d’une façon cruelle, impitoyable, inhumaine et barbare tandis que dans le palais du vieux Priam, les féroces et sanguinaires Achéens abattaient les tours augustes et démantelaient les murs vénérables, profanant tout de leur bronze homicide.
Dans la maison royale du vieux régent, les pièces somptueuses et splendides se remplirent de soldats cruels et sans pitié.
Hécube et ses cent belles-filles, désespérées, couraient comme des folles dans les salles et les couloirs tandis que le sang du vieux Priam tachait d’un pourpre épouvantable l’autel sacré des dieux saints.
Il est écrit que lorsque les dieux veulent perdre les hommes, ils commencent par les confondre.
Les malédictions du vénéré monarque furent inutiles : Pyrrhos leva de toute manière son arme cruelle contre le vénérable ancien et l’égorgea, juste à côté de l’autel de Jupiter, Père des dieux et des hommes.
Quel horrible sort aurait connu la belle Hélène si Vénus, la Divine Mère Kundalini d’Énée, n’avait retenu le bras terrible de son fils ! Voilà qu’elle se rend visible et tangible devant le héros troyen et lui dit, pleine de douleur : « Mon fils, pourquoi ce ressentiment ? Pourquoi cette fureur ? Déjà tu as oublié d’aller secourir les tiens ? Partout il y a des Grecs armés, et si je n’étais pas ici pour veiller sur ta famille, il y a longtemps que tu aurais péri. Ne crois pas, malheureux, que la beauté de cette spartiate ait été l’unique cause de l’écroulement d’une ville ! Regarde, je vais lever le voile qui couvre tes yeux de mortel, et tu verras qui sont ceux qui abattent les empires ! »
Après avoir dit ces paroles, la Divine Mère Kundalini passa son adorable main sur les yeux terribles de son fils, le héros troyen, et tout se transforma alors dans sa vue d’aigle rebelle. Les guerriers, les lances, les machines d’assaut, les généraux et conseillers, tout disparut comme par enchantement, et il vit à la place quelque chose de terriblement divin : les dieux sacrés frappaient de leurs égides, avec une force épouvantable, les murailles jusqu’alors invaincues de la superbe Ilion, et celles-ci tombaient au milieu d’un grand fracas et d’un grondement assourdissant.
Les vieilles traditions relatent que du côté de la mer, le guerrier troyen put voir le dieu Neptune battre de son trident d’acier une brèche énorme et puissante.
Tout ce que le guerrier vit était effrayant : Jupiter tonnait depuis l’Olympe et lançait ses foudres, tandis que Minerve, la déesse de la sagesse, tuait de son sceptre implacable des milliers de guerriers troyens.
Et l’adorable Mère divine Kundalini du troyen Énée lui dit alors : « Maintenant tu vois ! Nous sommes laissés à nous-mêmes, tout est perdu ! Tel est le décret céleste : Troie devait périr. Limite-toi à fuir, mon fils, et que tes efforts cessent ici. Je ne t’abandonnerai pas, je te conduirai en toute sûreté jusque-là où se trouve ton vieux père ».
Et les vieilles traditions racontent que le paladin de Troie, obéissant immédiatement à sa Divine Mère Kundalini, abandonna l’hécatombe royale et s’en alla vers sa demeure.
Ce qu’il trouva chez lui, c’est un véritable drame apocalyptique : des cris, des lamentations, des paroles de protestation de son vieux père, le chef de toute la famille, qui se refusait d’une façon terrible à quitter le foyer. Énée, au désespoir, aurait voulu retourner dans le fracas du combat plutôt que d’entendre les tristes prières de son épouse.
Par bonheur, Jupiter le divin, le Christ cosmique, intervint alors en provoquant un prodige extraordinaire, qui fit naître des espérances chez le héros. Le feu sacré de l’autel jaillit et enflamma la noble chevelure d’Iule, son fils chéri, et lorsqu’il tenta de l’éteindre avec l’eau lustrale, le grand-père de l’enfant, le père d’Énée, le chef suprême de la famille, y reconnut la volonté de Dieu. Il éleva ses mains tremblantes et se mit à prier, on entendit alors une chose terrible, un vacarme épouvantable, et une étoile filante spectaculaire passa au-dessus de la demeure puis alla se perdre en direction du mont Ida.
Tout ceci fut décisif, et le vieux père d’Énée, qui avant était si réticent à abandonner les lares du foyer où il avait vu passer tant d’années, se décida enfin à renoncer à tout et à fuir avec l’illustre guerrier, son petit-fils et toute la famille.
La légende des siècles raconte qu’avant d’abandonner Troie, le père d’Énée dut pénétrer dans le temple de Cérès, la Mère cosmique, pour aller y chercher, rempli de dévotion profonde et de terreur divine, ses dieux pénates.
L’héroïque général Énée ne put toucher personnellement les sculptures sacrées des dieux saints et vénérables, car il avait combattu et tué de nombreux hommes ; ce n’est qu’une fois purifié par l’eau pure de vie qu’il aurait eu le droit de toucher ces effigies terriblement divines.
Un sommeil pèse depuis d’innombrables siècles sur les mystères antiques, mais les dieux pénates continuent d’exister dans les univers parallèles.
Dans les mondes suprasensibles des dimensions supérieures de l’espace, les Hiérophantes peuvent converser avec ces dieux pénates, régents de villes, de villages, de bourgades et de foyers.
Le saint patron d’un village est son dieu Pénates, son saint ange gardien. Le recteur secret de n’importe quelle ville, c’est sa divinité particulière. L’esprit protecteur de n’importe quelle famille est son directeur spirituel.
Tous ces génies ou Jinas mystérieux des familles, races, nations, tribus ou clans, sont bien entendu les dieux pénates des temps anciens, qui continuent d’exister dans les mondes supérieurs.
Nous avons souvent parlé avec ces dieux pénates, régents de cités classiques de l’antiquité. Certains d’entre eux souffrent l’indicible en payant des dettes karmiques terribles.
Ulysse, qui veillait au riche butin qui devait être réparti : coupes d’or, bijoux précieux d’une valeur incalculable, riches étoffes, etc., ne put voir Énée, le Troyen, qui criait dans la nuit tragique pour appeler son épouse Créuse. C’est ainsi que s’accomplit la volonté des êtres saints : Troie se consuma dans l’holocauste, Créuse mourut, mais Énée, avec son vieux père, son fils et plusieurs autres gens, s’enfuit vers les terres du Latium en amenant avec lui ses dieux pénates.
Chapitre 5 : Les Punctas
Des analyses scientifiques approfondies sont venues nous démontrer de manière frappante, convaincante et décisive que l’atome n’est nullement la particule la plus infinitésimale de la matière.
Les physiciens atomiques ont créé le dogme de l’atome, et maintenant, avec une attitude irrévocable, sans appel et inébranlable, ils excommunient, maudissent et jettent leurs imprécations et anathèmes au visage de quiconque essaie d’aller un peu plus loin.
Nous, les Gnostiques, nous affirmons de façon ferme et solennelle que la matière est composée de certains objets bien définis, correctement appelés punctas.
Notre théorie scientifique créera en fait un schisme, un désaccord parmi les universitaires, mais il faut bien dire la vérité. Il nous faut être francs et sincères, et mettre les cartes sur table une fois pour toutes.
À l’intérieur des punctas, la notion d’espace est une chose qui n’a pas la moindre importance. À l’intérieur de ces objets, bien que cela paraisse incroyable, le rayon des sept points les plus éloignés représente hors de tout doute la plus petite distance qui soit.
Un grand savant, dont je ne mentionnerai pas le nom, dit ceci : « Les punctas s’attirent lorsqu’ils se trouvent suffisamment loin l’un de l’autre, et ils se repoussent lorsqu’ils sont tout près ; puis, à une certaine distance, une attraction s’exerce de nouveau ».
Des investigations réalisées en profondeur à l’aide de mon sens spatial pleinement développé de façon intégrale, m’ont permis de vérifier le fait que les punctas sont d’une belle couleur dorée. L’expérience mystique directe m’a permis de constater clairement que les mouvements d’interaction des punctas se déroulent selon la théorie moderne de la mécanique ondulatoire.
Les savants gnostiques, grâce à de rigoureuses observations scientifiques, ont pu comprendre à fond que les punctas ne sont ni des atomes, ni des nucléons, ni des particules d’aucune espèce.
Hors de tout doute et sans craindre de nous tromper, nous pouvons et devons affirmer de façon catégorique que les punctas sont des entités tout à fait inconnues à la physique contemporaine.
Il serait absurde de dire que les punctas occupent un espace. Pour un esprit habitué aux disciplines sévères de la pensée, il s’avérerait illogique et extravagant d’affirmer que ces objets possèdent une masse quelconque.
Il est tout à fait évident que les punctas n’ont aucune propriété électrique ou magnétique, bien qu’ils soient gouvernés et dirigés par ces forces et ces principes.
Divers agrégats de punctas s’unissent sous l’impulsion intelligente du Logos créateur pour arriver à constituer tout ce que nous appelons neutrinos, particules, noyaux, atomes, molécules, étoiles, galaxies, univers, etc.
L’expérience mystique directe dans l’univers parallèle de la septième dimension, région de l’Atman ineffable, m’a permis de comprendre que tout ce qui existe dans l’un ou l’autre des sept cosmos, depuis l’atome le plus insignifiant jusqu’à l’organisme le plus complexe, tout cela se réduit, en dernière analyse, à des nombres.
Quelle quantité de punctas est indispensable à la construction d’un électron ? Quel capital de punctas requiert la structuration d’un atome d’hydrogène ? Quelle somme exacte de punctas est nécessaire à l’existence d’un atome de carbone ? Combien de punctas sont nécessaires pour créer un atome d’oxygène ? Quelle est la base de punctas essentielle à la formation d’un atome d’hydrogène ? Voilà tout ce que malheureusement nous ignorons toujours. Nous devons rechercher le secret de l’univers et celui de tous et chacun des sept cosmos non pas dans les formes illusoires, mais plutôt dans les nombres, dans les mathématiques.
Après de rigoureuses observations et des études analytiques de fond, nous sommes arrivés à la conclusion que le mouvement ondulatoire mécanique des punctas se déroule en séries qui passent d’une dimension à une autre, puis encore à d’autres.
Les sept classes de mondes ont leur causa causorum, leur origine et racine, dans sept séries de punctas. Il est tout à fait clair que la première série a donné naissance à la seconde, cette dernière à la troisième, et ainsi de suite.
C’est en analysant, en examinant cette question des punctas et de leur développement en séries qui se déroule de façon multidimensionnelle que nous découvrons la base même des univers parallèles.
L’analyse, l’expérience et la logique supérieure nous permettent de comprendre qu’il existe des univers qui voyagent dans le temps d’une façon différente du nôtre, et qu’ils sont construits d’une manière étrange et soumis à des lois différentes. Il y a dans l’espace étoilé des mondes qui voyagent et qui sont situés en d’autres temps pour nous étranges, mystérieux.
La nature joue de nombreux jeux dans l’espace infini, mais les punctas sont le fondement vivant de tout type de matière.
Il n’y a aucun recoin de l’infini où on n’ait jamais écrit le dernier traité de physique, et si un Einstein se réincarnait dans une galaxie d’antimatière, il devrait à sa grande surprise s’avouer analphabète.
Les auteurs de traités pseudo-ésotériques et pseudo-occultistes ont écrit tellement de choses sur la cosmogénèse, mais dans l’espace infini, il existe en réalité des millions de microphysiques et de cosmogonies distinctes, différentes.
Il est urgent d’analyser, d’observer judicieusement et d’aller bien au-delà des particules de la physique moderne si nous voulons véritablement connaître les éléments primaires, les punctas fondamentaux.
L’heure est venue de transcender l’atomisme naïf et d’étudier profondément les punctas et les lois secrètes de la vie.
Chapitre 6 : Retour et Transmigration
Les traditions antiques disent qu’Énée, le Troyen, se serait réfugié un certain temps avec ses gens dans les forêts du mont Ida jusqu’à ce que les Grecs aient abandonné la vieille Troie. Et lorsque les Hellènes abandonnèrent les ruines héroïques de la superbe Ilion, Énée construisit sa flotte et laissa en pleurant les rives de sa patrie et la plaine solitaire où était située l’ancienne citadelle, aujourd’hui convertie en un tas de ruines noircies.
Le vent gonfle les voiles dociles sous la lumière de la pleine lune, la rame lutte contre le marbre paisible, et le héros parvient, avec ses navires et ses gens, aux côtes de Thrace, rude pays où il est confiant de trouver une terre accueillante, les Thraces ayant été les alliés du vieux Priam.
L’histoire des siècles dit que sur la rude terre des Thraces, Énée fonda une ville à laquelle il donna son nom, la baptisant Ennéade.
Un jour où les Troyens firent le sacrifice à Jupiter, le Christ cosmique, au moment précis où ils se préparaient à allumer le feu et à immoler le taureau blanc, un prodige extraordinaire se produisit : les branches qu’ils avaient coupées pour le feu laissaient s’écouler, au lieu de la sève, du sang noir et corrompu qui tachait la terre.
Énée en fut pétrifié de frayeur, et il supplia les dieux ineffables qu’ils fassent que ce présage devienne favorable à leurs desseins.
Puis le héros raconte qu’il cassa quelques autres branches du même arbre, mais que toutes, comme il le dit lui-même, suintaient du sang, jusqu’au moment où, selon ses propres paroles, une voix profonde qui semblait provenir des racines de la plante lui dit : « Énée, pourquoi me déchires-tu ? Respecte donc un malheureux et ne commets pas la cruauté de me torturer. C’est moi, Polydore : mes ennemis m’ont criblé de blessures en cet endroit même, et les fers qu’ils ont planté dans mon corps ont fructifié et fait pousser une plante qui, au lieu de porter des épines, donne des javelines acérées ».
Les légendes relatent que sur le monticule de terre où étaient plantées les racines de l’arbre, Énée consacra un autel aux mânes du mort, et on y déversa des libations de vin et de lait. C’est ainsi que l’on célébra les funérailles du défunt guerrier Polydore, mort dans la dure bataille.
Depuis les époques reculées de l’Arcadie, alors qu’on rendait encore un culte aux dieux des quatre éléments de l’univers et aux divinités du maïs frais, jamais les vieux Hiérophantes blanchis de sagesse n’ignoraient la multiplicité du moi.
Serait-ce donc, en effet, une chose si étrange que l’une de ces nombreuses entités qui constituent l’Égo s’accroche avec tant d’ardeur à la vie pour renaître sous la forme d’un arbre ?
Cela me rappelle le cas de cet ami de Pythagore qui s’était réincorporé en un pauvre chien.
Et n’aide-t-on pas aussi les Centaures ? Que nous dit la légende des siècles à ce sujet ?
Ces épiques guerriers, qui tombent ensanglantés parmi les heaumes et les écus de ceux qui sont morts dans la gloire par amour pour leurs gens et pour leur patrie, reçoivent une aide amplement méritée lorsqu’ils retournent dans ce monde.
Il est écrit en paroles terribles que les Centaures éliminent une partie d’eux-mêmes, de leur cher Égo, avant de retourner à cette vallée de larmes. Le fait que la partie la moins perverse se réincorpore en un corps humain et que la partie définitivement criminelle entre dans le crématoire des mondes infernaux, c’est une loi pour les Centaures.
Dante, le vieux Florentin couronné de lauriers, rencontra de nombreux Centaures dans l’abîme : rappelons-nous Chiron, le vieil éducateur d’Achille, et l’irascible Pholos.
Dans le grand livre de la nature, il est écrit ceci en braises ardentes avec une clarté totale et terrifiante : « De nombreuses parties de l’Égo se perdent avant le retour à ce monde ». Plusieurs agrégats psychiques du moi-même se réincorporent dans des organismes de bêtes, d’autres s’accrochent désespérément, comme Polydore, aux branches d’un arbre et, finalement, certains éléments subjectifs propres au moi continuent leur involution dans le règne minéral submergé.
Il n’y a pas de doute que la transmigration est une chose très similaire, bien que tout à fait différente, et dont les racines sont très profondes.
Au milieu des flammes terribles de la vie, il y a des personnes si bestiales que si on extrayait d’elles tout ce qu’elles ont de grossier, il ne resterait rien. Il est donc nécessaire que ces créatures soient réduites en poussière à l’intérieur de la terre pour que l’Essence, l’âme, se libère.
Les légendes rapportent que Capanée, l’un des sept rois qui assiégèrent Thèbes, orgueilleux jusque dans l’abîme, y affirma : « Quel je fus vivant, tel je suis mort. Quand Jupiter fatiguerait encore son forgeron, de qui, dans son courroux, il prit le foudre aigu dont il me frappa le dernier jour ; et quand tour à tour il fatiguerait les autres dans la noire forge du mont Gibel, criant : Vulcain, à l’aide ! À l’aide ! Comme il fit au combat de Phlégra, et que contre moi il rassemblerait et tous ses traits et toute sa force, il n’aurait pas la joie de la vengeance ».
À l’intérieur même de ce monde affligé où nous vivons, il existe des involutions épouvantables. C’est là que la justice divine a projeté Attila, qui fut son fléau sur terre, de même que Pyrrhus et Sexot au sang bouillant, qui ne cesse d’arracher des larmes.
« Toi qui tombes ici, tu devras endurer des souffrances insupportables, et jamais tu ne sauras pour sûr le moment où tu en sortiras ».
Homère a dit : « Mieux vaut être un mendiant sur la terre qu’un roi dans l’empire des ombres ».
La descente aux mondes ténébreux est donc un voyage à reculons sur le sentier involuant, un enfoncement à travers une densité toujours croissante dans l’obscurité et la rigidité, à travers un ennui d’une durée inconcevable, c’est une chute vers l’arrière, un retour, une répétition des états animal, végétal et minéral, un retour au chaos primitif.
Les âmes de l’abîme se libèrent par la mort seconde ; une fois l’Égo et les corps lunaires réduits en poussière, elles reçoivent leur billet pour la liberté.
Ces âmes qui proviennent de l’intérieur de la terre, tachées par l’épouvantable voyage souterrain et couvertes de poussière, se convertissent en gnomes du règne minéral, puis en créatures élémentales du règne végétal, et par la suite en animaux, pour finalement reconquérir l’état humain qu’elles avaient perdu.
Voilà la sage doctrine de la transmigration qu’enseigna autrefois Krishna, le Maître Hindoustan.
Des millions d’âmes qui sont mortes en enfer sont maintenant des gnomes qui folâtrent parmi les rochers ; d’autres sont aujourd’hui des plantes délicieuses, et d’autres encore vivent à l’intérieur de créatures animales et aspirent à retourner à l’état humain.
Chapitre 7 : La Rune Is
Lorsque nous analysons la Rune Is en profondeur, nous y découvrons avec un étonnement mystique notre propre Être, notre Intime.
Le Testament de la sagesse antique dit : « Avant que la fausse aurore ne soit venue sur cette terre, ceux qui avaient survécu à l’ouragan et à la tempête célébrèrent les louanges de l’Intime, et les hérauts de l’aurore leur apparurent ».
Dans la nuit profonde de tous les âges, là-bas, dans le pays ensoleillé de Kem, lorsqu’on étudiait dans le secret des temples égyptiens la Rune Is, on pensait alors toujours à la bipolarité homme-femme, Masculine-Féminine, et il est évident que cela donnait Isis, le nom sacré de l’éternelle Mère-Espace.
On a beaucoup dit en occultisme sur la Prakriti, ou l’espace en tant qu’entité féminine maternelle, mais les pseudo-ésotéristes ne savent rien au sujet de ce point mathématique à l’intérieur duquel est toujours conçu le Roi-Soleil, l’Enfant d’or de l’Alchimie sexuelle.
Il n’y a aucun doute que c’est dans ce point mystérieux que réside la racine même de notre monade sacrée. Le point en soi est notre Mère divine particulière, adorable et éternelle, qui n’a ni commencement ni fin.
Tous les pouvoirs sacrés de la monade (Atman-Bouddhi-Manas) se trouvent contenus dans notre Mère divine Kundalini.
Pour ceux qui sont moins versés en théosophie, je dirais que la Mère divine particulière de chacun renferme tous les pouvoirs de notre propre esprit.
Les pseudo-ésotéristes et les pseudo-occultistes nous ont dit beaucoup de choses sur la triade immortelle ou esprit divin de chaque être vivant, mais ils ne nous disent rien sur les dédoublements de la Prakriti (la Mère divine).
Elle, en tant que non-manifestée, ne correspond à aucun symbolisme chez les Grecs, mais dans son second aspect manifesté dans la nature, elle est la chaste Diane tant adorée et bénie.
Le troisième aspect de la Prakriti est la sainte déesse Mère-Mort, terreur d’amour et de loi ; elle est la terrible Hécate, Proserpine, reine des enfers.
Deux autres dédoublements de la Prakriti nous conduisent à l’aspect négatif de la nature, à l’indésirable, à ce qui ne nous conviendrait aucunement : au royaume de la terreur et de la magie noire.
Il est écrit que tous ces dédoublements de la Prakriti se répètent dans le Microcosme-Homme.
Ce sont les trois aspects supérieurs de la Prakriti qui sont fondamentaux ; c’est avec eux que nous devons apprendre à travailler.
Mise au point : la révolution de la conscience serait radicalement impossible sans l’aide spéciale de notre adorable Mère divine particulière, celle qui nous est propre. Elle est en elle-même notre propre Être, la racine de notre esprit divin, sa cause, son origine. Elle est Isis, dont aucun mortel n’a levé le voile, celle que nous appelons dans la flamme du serpent.
Nombre de pseudo-ésotéristes et de pseudo-occultistes ont lu Sivananda. Il n’y a pas de doute que cet homme fut réellement un Guru-Deva qui travailla intensément pour l’humanité souffrante. Je dois en vérité confesser que son Hatha-Yoga ne m’a jamais plu. Les acrobaties de ce genre m’ont toujours paru être des numéros de cirque. Je n’ai jamais eu l’idée que quelqu’un pourrait s’autoréaliser en devenant équilibriste.
Il est toutefois bon de savoir que ce yogi en question a travaillé profondément, dans le plus grand secret, avec le sexo-yoga. Il semble avoir plutôt utilisé le Hatha-Yoga comme simple appât pour pêcher dans le fleuve de la vie.
Il me fait plaisir de communiquer à nos chers lecteurs que le Guru-Deva Sivananda s’est désincarné joyeux dans un Maha Samadhi (extase).
Je fis sa rencontre dans l’univers parallèle de la cinquième dimension. Ma joie fut intense de constater que cet homme avait fabriqué ses corps solaires dans la forge ardente de Vulcain.
Ma surprise fut extraordinaire de constater qu’avant de mourir, ce Maître était déjà mort à lui-même.
Sivananda a travaillé intensément dans le Grand-Œuvre du Père. Il s’agit donc d’un Guru-Deva dans le sens le plus complet du mot. Notre rencontre fut très singulière ; elle se produisit dans une très jolie salle où j’accomplissais mon devoir d’enseigner. Tout à coup, le grand yogi entra et, comme s’il voulait me réprimander, il dit : « Vous êtes en train de vulgariser la doctrine ! »
Il est évident qu’il voulait faire allusion à la divulgation du Maïthuna (le sexo-yoga) à des profanes.
Je ne restai aucunement muet, et ma réponse fut claire et sincère ; étant donné que j’appartiens à la fraternité virile, il ne pouvait en être autrement. Je me prononçais de façon énergique en disant : « Je suis disposé à répondre à toutes les questions que l’on me posera ici, devant tout le monde et à l’intérieur de cette enceinte ». Le Guru-Deva Sivananda préféra toutefois, vu qu’il est l’ennemi de toute forme de dispute, s’asseoir dans la position bouddhique sacrée, puis s’immerger en méditation profonde.
Je sentais le mental du yogi à l’intérieur de mes propres recoins ; cet homme sondait, scrutait, explorait dans mes profondeurs les plus intimes. Il n’y a pas de doute que Sivananda voulait parler avec mon Être réel, dont le nom secret est Samaël, et qu’il y parvint.
Étonné, je ne pus faire autrement que m’exclamer : « Sivananda, tu es un véritable Sannyasin de la pensée ! » Le Guru-Deva, rempli d’extase, se leva et me serra contre lui. Il avait compris le fondement révolutionnaire de notre doctrine, et il s’exclama : « Maintenant, je suis tout à fait d’accord avec toi, et je dirai à tous de lire tes œuvres ».
Il ajouta par la suite : « Je connais ta Mère (parlant de ma Mère divine particulière), je l’ai vue bien vêtue ; elle porte un manteau blanc qui lui va jusqu’aux pieds ».
Cet entretien fut formidable ; diverses autres choses se produisirent, mais je n’en parlerai pas pour l’instant, car elles ne conviennent pas à ce chapitre.
Pratiquons la Rune Is et méditons sur la Divine Mère Kundalini.
Pratique
Debout en position de garde-à-vous, levons les bras pour former une ligne droite avec tout le corps et, après avoir prié et demandé l’aide de la Mère divine, chantons le mantra Isis de la façon suivante : Iiiii Sssss Iiiii Sssss, en étirant le son des deux lettres et en divisant le mot en deux syllabes : Is, Is.
Ensuite, l’étudiant s’allonge avec le corps relaxé et, rempli d’extase, il se concentre et médite sur la Mère divine.
Chapitre 8 : L’Œuf Cosmique
Einstein, le fameux auteur de la Théorie de la relativité, conçut au début de ce XXe siècle dans son mental génial un univers courbe, fini, fermé comme un œuf.
L’exclamation terrible de cet homme extraordinaire nous revient encore à la mémoire : « L’infini tend vers une limite ! »
Personne n’ignore qu’Edwin Hubble découvrit plus tard dans le fameux observatoire du mont Wilson, à son étonnement infini, que toutes les galaxies qui peuplent l’espace infini s’éloignent les unes des autres à des vitesses fantastiques. Ce fait en lui-même est indiscutable ; malheureusement, Georges Lemaître ne sut pas le comprendre, et il parvint, en en recherchant les causes, à des conclusions erronées : « Si l’univers est en expansion continuelle, expliqua-t-il de manière absurde, c’est qu’un jour il y eut explosion à partir d’un centre, d’un atome primitif ».
Lemaître, avec ses faux calculs, croyait fermement que ce noyau primitif, original, avait un diamètre exigu, tout petit, insignifiant. Tenons compte du fait que la seule distance de la Terre au Soleil est de 150 millions de kilomètres, ce qui est bien entendu minuscule, toutes proportions gardées ; en effet, imaginons, ne serait-ce qu’un instant, l’espace infini.
Ce noyau primitif, selon Lemaître, aurait une densité épouvantable, dont la proximité même des atomes élèverait la température, comme de raison, à des centaines de millions de degrés au-dessus de zéro. À cette température inconcevable, toujours selon cette théorie, l’énergie atomique libérée serait telle, et la radiation cosmique si intense, que tout finirait par se disloquer et que surviendrait alors l’explosion, aussi profonde que l’éruption d’un terrible et épouvantable volcan.
Tout ceci est merveilleux, mais qui a placé là cet œuf cosmique ? Qu’existait-il auparavant ? Pourquoi l’explosion cosmique devait-elle se réaliser à un instant mathématique déterminé, et pas avant ni après ?
Où se trouve le fondement de cette théorie ? Qui a été témoin sur place pour en appuyer l’hypothèse ?
Nous, les Gnostiques, nous comprenons à fond le fait que les galaxies s’éloignent les unes des autres, et c’est une chose démontrée ; mais cela ne signifie pas forcément qu’elles aient toutes fait partie d’un même noyau.
Einstein a dit : « La masse se transforme en énergie », et tous les savants du monde se sont inclinés avec respect devant cette vérité formidable. Le grand mathématicien a dit également : « L’énergie se transforme en masse », et personne n’a pu réfuter ce postulat.
Il n’y a pas de doute que « l’énergie est égale à la masse multipliée par la vitesse de la lumière au carré ».
Ces sages postulats viennent nous démontrer que la masse de tous les univers est éternelle et immuable, qu’elle disparaît ici pour réapparaître là-bas dans une espèce de flux et de reflux, d’activité et de repos, de jour et de nuit.
Les mondes naissent, croissent, vieillissent et meurent ; ils cessent d’exister pour se transformer en énergie, et plus tard ils resurgissent, renaissent, lorsque celle-ci se cristallise de nouveau en masse.
Dans le décompte rétrospectif de tous les sept cosmos qui bouillonnent et palpitent dans l’espace infini, il n’existe pas d’heure zéro qui soit la racine commune pour tous les sept. Je précise : lorsque je dis « racine commune » dans ce cas concret, je fais référence au concept temps en tant « qu’heure zéro ».
Cela ne signifie pas que nous nions absolument l’heure zéro ; celle-ci existe pour chaque univers en particulier, pour chaque système solaire dans l’état précosmique normal. Nous dirons en d’autres termes que chaque système solaire de l’infini inaltérable a ses Mahamanvantaras et ses Pralayas, c’est-à-dire ses jours et ses nuits cosmiques, ses époques d’activité et de repos.
Dans cette galaxie où nous vivons, nous déplaçons et avons notre Être, il existe des millions de systèmes solaires, et tandis que certains se trouvent à leur heure zéro, d’autres sont en pleine activité.
Les temps d’activité et de repos, les jours et les nuits cosmiques, se répètent également dans l’homme et dans l’atome, dans tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera.
Les scientifiques modernes essaient d’expliquer toutes ces choses uniquement à partir de lois naturelles. Il s’avère bien entendu ridicule de vouloir exclure les principes intelligents de ces lois.
Chaque monde de l’espace étoilé possède son fohat qui est omniprésent dans sa propre sphère d’action. Hors de tout doute, nous pouvons et devons affirmer énergiquement qu’il existe autant de Fohats que de mondes différents, et que chacun varie en pouvoir et en degré de manifestation.
Il existe des millions, des billions et des trillions de Fohats ; ce sont en eux-mêmes des forces conscientes et intelligentes.
En réalité, les Fohats sont les constructeurs, les fils de l’aurore du Mahamanvantara (le jour cosmique), les véritables créateurs cosmiques. Notre système solaire, amené à l’existence par ces agents, est assurément constitué de sept univers parallèles.
Le fohat est donc le pouvoir électrique vital personnifié, l’unité transcendantale qui relie toutes les énergies cosmiques, tant dans notre monde tridimensionnel que dans les univers parallèles des dimensions supérieures et inférieures.
Le fohat est le Verbe fait chair, le messager de l’idéation cosmique et humaine, la force active dans la vie universelle, l’énergie solaire, le fluide électrique vital.
Le fohat est appelé « celui qui pénètre » et « celui qui fabrique », parce que grâce aux punctas, il donne forme aux atomes à partir de la matière informe.
Le fohat recèle les mathématiques, l’Armée de la voix, la Grande Parole.
Toute explication sur la mécanique cosmique qui exclurait le noumène qui se trouve derrière le phénomène, le fohat qui se trouve derrière toute cosmogénèse, s’avérerait aussi absurde que de supposer que l’apparition d’une automobile est due à une génération spontanée, produit du hasard et non d’une usine en particulier, d’ingénieurs, de mécaniciens, etc.
La trajectoire des galaxies n’indique en aucun cas que leur origine ou point de départ original se trouverait dans un noyau aussi réduit que l’est l’œuf hypothétique de Lemaître. Nous savons, pour appuyer ceci, que l’angle de dispersion varie toujours de vingt à trente degrés, c’est-à-dire que les galaxies pourraient très bien être passées à des distances énormes du prétendu centre.
Chapitre 9 : L’Oracle d’Apollon
Après les funérailles royales et sacrées de Polydore, l’épique guerrier glorieusement tombé parmi les heaumes et les écus dans la bataille sanglante, Énée, le Troyen, prit la mer tumultueuse et effrayante avec ses navires et ses gens, et il ne tarda pas à atteindre la terre de Délos, site de tant de traditions hyperboréennes, où il consulta, brûlant de la flamme de la foi, l’oracle d’Apollon sagement construit dans la pierre dure.
Hérodote, dans le livre IV, chapitres 32 à 34, raconte que les Hyperboréens, vieux ancêtres des Lémuriens, envoyaient périodiquement à Délos leurs offrandes sacrées enveloppées dans de la paille de froment. Ces offrandes vénérables avaient un itinéraire sacré bien défini : elles passaient d’abord par le pays scythe, puis elles allaient vers l’occident jusqu’à la mer Adriatique ; c’est la même route que suivait l’ambre depuis la Baltique jusqu’à l’abondant fleuve Pô, dans la péninsule italique.
Parmi les Grecs, les citoyens de Dodone étaient les premiers à recevoir les offrandes hyperboréennes. Puis celles-ci descendaient de Dodone jusqu’au golfe Baltique pour continuer ensuite vers l’Eubée et Carystos. Les vieilles légendes qui se perdent dans la nuit des siècles racontent que ces très saintes offrandes nordiques continuaient leur voyage depuis Carystos sans toucher terre jusqu’à Andros, et que les catéchumènes les amenaient de cet endroit à Ténos, puis à Délos.
Les Déliens ajoutent sagement que les Hyperboréens avaient la belle et innocente coutume d’envoyer leurs offrandes sacrées et divines entre les mains de deux vierges délicieuses et ineffables : l’une d’elles s’appelait Hiperocha et l’autre Laodicea. Les écritures sacrées disent que pour veiller sur ces saintes femmes si délicieuses et si sublimes, cinq initiés ou perpheres les accompagnaient dans leur très long et périlleux voyage.
Tout cela fut toutefois inutile, puisque ces saints hommes, ainsi que ces deux sublimes sibylles, furent assassinés sur la terre de Délos en accomplissant leur mission.
Nombre de ravissantes et jolies demoiselles nubiles de la ville, remplies de douleur, se coupèrent les cheveux et déposèrent sur un fuseau leurs boucles emmêlées, sur le monument élevé en l’honneur de ces saintes victimes qui, disait-on, étaient venues accompagnées de la déesse Artémise et du dieu Apollon.
Délos ! Endroit des plus vénérables auquel parvint Énée, lieu d’archaïques légendes hyperboréennes qui se cachent comme des pierres précieuses dans les tréfonds de tous les âges.
Et là, prosterné sur la terre, mordant la poussière des siècles, il invoqua Apollon, le dieu du feu, à l’intérieur de l’enceinte sacrée, le suppliant de son cœur endolori de protéger la ville qu’il allait fonder, la seconde Pergame troyenne. L’histoire dit que cet homme illustre consulta Apollon pour l’interroger sur le lieu qu’il lui désignerait pour s’établir. Alors la terre trembla terriblement. Le héros et ses gens, blottis et agrippés au sol, possédés d’une peur mystérieuse, écoutèrent tous la terrible voix de Phébus-Apollon qui disait : « Robustes descendants de Dardanos ! Pour vous établir de manière durable, vous devez chercher la terre dont vous êtes originaires, la première qui vous a porté dans son sein. De là, la lignée d’Énée dominera tout le pays, et les enfants de ses enfants, et ceux qui naîtront d’eux ».
Le chef épique relate qu’après avoir entendu l’oracle d’Apollon, rempli de préoccupations, il se demandait qu’elle pouvait bien être la terre de leur origine la plus lointaine ; mais son vieux père, pour qui les anciennes traditions de famille étaient encore vivement gravées dans la mémoire, dit alors : « Écoutez, ô chefs, le nom de nos espérances : le berceau de notre lignée est la Crète, cette île qui se trouve au milieu de l’océan immense et qui est peuplée de cités puissantes qui sont en elles-mêmes autant de riches états ».
« C’est de Crète que nous tenons, nous les Troyens, le culte de Cybèle (la Mère divine Kundalini) avec son char tiré par des lions ; c’est de là que nous vient le bronze et d’autres arts qui rendent les humains puissants ».
« Allons donc en Crète, qui n’est pas loin, car si Jupiter (le Christ) nous envoie des vents favorables, nous y serons en trois jours ».
Énée dit : « La rumeur parvint à nos oreilles qu’Idoménée, le roi de Crète qui fut notre ennemi puisqu’il avait combattu au côté des Achéens à Troie, avait quitté l’île ; en son absence, notre arrivée dans ce pays serait donc beaucoup plus favorable ».
« Le cœur rempli d’espérance, poursuit Énée, nous montâmes à bord ; nos marins rivalisèrent en agilité et en vitesse. Navigant parfois à la rame et parfois en manœuvrant le gréement, sous l’impulsion de vents de poupe favorables, nous abordâmes finalement la Crète sans contretemps, et nous y fondâmes une autre ville que je nommais, en l’honneur de notre ancienne citadelle, Pergame ».
Et ce peuple héroïque et terrible commandé par Énée, l’illustre paladin troyen, se serait établi définitivement sur cette île si une peste maligne et désastreuse ne l’eût obligé à penser à reprendre la mer en quête d’autres terres.
Avec la décomposition et la putréfaction de cet air malsain, la contagion sinistre infectait malheureusement tous les corps ; certains tombaient foudroyés sous les rayons de la mort, tandis que d’autres se traînaient comme des spectres funestes que la fièvre avait rendus difformes.
« Un vent torride, dit Énée, brûlait nos récoltes, et la terre semblait refuser de nous nourrir ».
La tempête de la pensée se déchaîna en furie dans l’esprit d’Énée qui, désespéré comme le naufragé qui s’accroche au cruel rocher, pensa à retourner au sanctuaire d’Apollon, le dieu du feu, pour y consulter de nouveau l’oracle. Mais cette même nuit, en ces heures délicieuses où le corps dort et où l’âme voyage dans les mondes supérieurs hors de l’organisme physique, Énée rencontra ses dieux pénates, les génies tutélaires de sa famille, les Jinas ou anges de Troie.
Et les Seigneurs de la flamme lui parlèrent : « Il n’est pas nécessaire, mon fils, que vous retourniez avec vos navires à l’oracle d’Apollon ; vous avez mal interprété la prophétie. Votre patrie d’origine n’est pas la Crète, mais bien l’Hespérie, cette terre antique qu’ils appellent aujourd’hui l’Italie. C’est de là que proviennent les fondateurs antiques de la race de Troie, le héros Dardanos et son ancêtre Jasio. Va, et raconte cette nouvelle à ton père ».
Et son père, surpris, se rappela Cassandre, la prophétesse troyenne, cette pauvre femme qui avait dit cela même avant la destruction d’Ilion, et à qui personne n’avait prêté attention, vu qu’elle était sous le châtiment d’Apollon.
Cette noble femme qui s’appelait Cassandre, tellement adorée et bénie, paya un type de karma bien singulier pour le mauvais usage de ses facultés divines dans des vies antérieures.
La légende des siècles raconte qu’Énée et ses gens, sans perdre plus de temps, reprirent la mer et mirent le cap sur les terres du Latium.
Chapitre 10 : La Rune Ar
Des enchantements ineffables me viennent à la mémoire, des poèmes d’amour et des choses impossibles à décrire en paroles.
Ce que j’ai connu, ce que j’ai vu, ce que j’ai palpé dans la maison de mon Père et dans toutes les demeures resplendissantes de cette grande Ville lumière connue sous le nom de Voie Lactée, tout cela ne peut assurément être prononcé qu’à l’aide du Verbe d’or, à l’aube purissime de la langue divine.
C’était une nuit constellée d’étoiles ; les rayons projetés par la lune pénétraient chez moi, pareils à un châle d’argent ; le bleu profond du ciel ressemblait plutôt à un océan infini où scintillaient les astres.
Et ainsi, méditant, j’entrai en extase et j’abandonnai la forme dense ; il n’existe pas de plaisir plus grand que celui de sentir son âme déliée : le passé et le futur fraternisent alors en un éternel maintenant.
Rempli d’une volupté spirituelle délicieuse, inénarrable et indéfinissable, je me rendis aux portes du temple, mû par la force mystérieuse du désir intense. La porte du sanctuaire était fermée par une grosse pierre qui en empêchait l’accès aux profanes.
Mon cœur, ne t’arrête pas devant les choses du mystère ! « Sésame, ouvre-toi ! » M’exclamais-je, et la pierre s’ouvrit pour me laisser entrer.
Et quand des intrus voulurent faire de même, je dus empoigner l’épée flammigère et crier de toutes les forces de mon âme : « Arrière, profanes et profanateurs ! »
J’avais pénétré dans le grand Temple de la Voie lactée, le sanctuaire central de cette galaxie gigantesque, l’église transcendante.
Dans ce lieu vénérable règne la terreur de l’amour et de la loi. Seuls les dieux sidéraux peuvent se prosterner devant l’autel sacré de ce temple terriblement divin.
Plein de bonheur, je m’avançai près du lieu des prosternations et des adorations. De part et d’autre, à tous les endroits bénis du temple, une multitude d’hommes simples et humbles allaient et venaient ; ils avaient l’air de paysans soumis et obéissants. C’étaient les boddhisattvas des dieux, des hommes dans le sens complet du mot, des créatures qui jouissent de la connaissance objective, autoconscientes à cent pour cent.
Il est indubitable que je pus vérifier à satiété qu’il n’existait chez ces créatures humaines rien de ce qu’on pourrait appeler moi, moi-même ou soi-même ; ces hommes étaient bel et bien morts.
Je ne vis en eux aucun désir de se distinguer, de monter, de grimper au sommet de l’échelle, de se faire voir, etc.
Exister n’intéresse pas ces créatures ; tout ce qu’elles veulent, c’est la mort absolue, se perdre dans l’Être, et c’est tout.
Comme je me sentais heureux ! Je marchais au centre du temple vers l’autel sacré ; il est certain que je marchais d’un pas altier, énergique, triomphant. Tout à coup, l’un de ces humbles ouvriers manuels se mit en travers de mon chemin.
Pour un instant, je voulus poursuivre mon chemin, hautain, arrogant, dédaigneux.
Mais alors, ô mon Dieu ! Un rayon intuitif me foudroya à mort et je me rappelai alors vivement que jadis, dans un passé lointain, j’avais commis cette erreur en présence de ce pauvre paysan. Cette erreur passée devint claire dans mon esprit, et c’est avec frayeur, terreur et épouvante que je me remémorai l’instant terrible où je fus jeté hors du temple, de même que les voix terrifiantes qui provenaient de l’autel sacré au milieu des éclairs, du tonnerre et d’un grand vacarme.
Tout ce passé revécut dans mon mental l’espace de quelques millièmes de seconde. Me repentant alors, j’interrompis ma démarche altière et orgueilleuse ; le cœur contrit, peiné et attristé, je me prosternais devant ce « doyen » modeste et soumis. Je baisais ses pieds en m’exclamant : « Tu es un grand Maître, un grand sage ». Mais cette créature, au lieu de se satisfaire de mes paroles, me répondit : « Je ne connais rien, je ne suis personne ». Je répliquais : « Tu es le boddhisattva de l’un des grands dieux qui gouvernent différentes constellations ».
Mon bonheur fut grand lorsque cet homme authentique me bénit. Je me sentis pardonné, et je continuai heureux mon chemin vers l’autel sacré ; je retournai par la suite au corps physique.
Plusieurs années ont passé, et jamais je n’ai pu oublier ce temple scellé par la pierre sacrée.
« Voici que je pose en Sion la pierre principale de l’angle, choisie et précieuse ; celui qui croit en elle ne sera pas honteux ».
« La pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la tête de l’angle, pierre d’achoppement et roche de scandale ».
Les vieux alchimistes médiévaux recherchaient toujours la pierre philosophale, et certains réalisèrent le Grand-Œuvre.
Pour parler en toute franchise, il est de notre devoir d’affirmer sans équivoque que cette pierre est le sexe.
Pierre, le disciple du Christ Jésus, est l’Aladin, l’interprète merveilleux qui est autorisé à soulever la pierre qui ferme le sanctuaire des grands mystères.
Le nom original de Pierre est Patar, avec ses trois consonnes P, T et R qui en sont les racines. Le P nous rappelle les parents des dieux, notre Père qui est en secret, de même que les Phitaras. Le T est le Tau, la croix, l’hermaphrodite divin, le Lingam noir introduit dans la Yoni. Le R est fondamental dans le feu ; c’est le Ra égyptien. Le R est le radical du puissant mantra INRI (Ignis Natura Renovatur Integra).
Le feu se trouve latent dans la pierre, et les anciens faisaient jaillir l’étincelle du sein vivant du dur silex.
Ceci évoque dans ma mémoire les pierres de la foudre, les galactites orphiques, la petite huître esculapienne, la pierre avec laquelle Machaon guérit Philoctète, le Bétyle magique de tous les pays, les pierres hurleuses, oscillantes, runiques et parlantes des séraphins.
Le calice du mental christifié a pour base la pierre vive, l’autel sacré.
Pratique
Le mantra Ario prépare les Gnostiques à l’avènement du feu sacré. Chantez ce mantra tous les matins en le divisant en trois syllabes : A-RI-O, en étirant le son de chaque lettre. Il est à conseiller de pratiquer ce mantra dix minutes par jour.
Chapitre 11 : Proton et Antiproton
L’existence réelle du proton et de l’antiproton fut absolument démontrée en 1955 par l’équipe de physiciens de Berkeley.
Lorsqu’on bombarda une plaque de cuivre avec une énergie de 6000 millions d’électronvolts, on put extraire du blanc deux merveilleux noyaux d’hydrogène, identiques mais de signe opposé : un proton positif et un autre négatif.
Il s’avère donc tout à fait logique de penser que la moitié de l’univers est constituée d’antimatière.
Si les savants ont pu trouver des antiparticules en laboratoire, c’est qu’il en existe également dans le sein profond de la nature.
Nous ne pouvons nullement nier qu’il est terriblement difficile de détecter l’antimatière dans l’espace.
La lumière des anti-étoiles, bien qu’elle soit en apparence identique à celle des étoiles et que les plaques photographiques l’enregistrent de la même façon, présente assurément une différence inconnue par les savants.
Le concept selon lequel il n’y a pas de place pour l’antimatière dans notre système solaire est une chose encore bien discutable.
La transformation de la masse en énergie est particulièrement intéressante ; le fait que la moitié s’échappe sous forme de neutrinos nous semble presque normal, et le fait qu’un tiers se transforme en rayons gamma et un sixième en ondes lumineuses et sonores ne pourrait aucunement nous surprendre, c’est une chose naturelle.
Lorsqu’on réfléchit sur la cosmogénèse, les mêmes questions surgissent toujours, et entre autres : « Qu’existait-il avant l’aurore de notre système solaire ? » Le Rig-Veda répond ce qui suit : « Il n’existait aucune chose, rien n’existait ; le ciel resplendissant n’existait pas ; l’immense voûte céleste ne s’étendait pas non plus dans les hauteurs. Qu’est-ce qui recouvrait tout ? Qu’est-ce qui le voilait ? Qu’est-ce qui le cachait ? Était-ce l’insondable abîme des eaux ? La mort n’existait pas, mais il n’y avait rien d’immortel ; il n’y avait pas de limites entre le jour et la nuit, l’Un était seul à respirer, inanimé et par lui-même, car nul autre que Lui n’avait jamais été. Les ténèbres régnaient, et le commencement tout entier était voilé dans l’obscurité profonde ; un océan sans lumière. Le germe, jusqu’alors caché dans son enveloppe, fait surgir une nature de la chaleur torride. Qui connaît le secret ? Qui l’a révélé ? D’où, d’où est surgie cette création multiforme ? Même les dieux ne vinrent que plus tard à l’existence. Qui sait d’où vint cette grande création ? Celui qui réside là où toute cette création immense s’est déroulée, malgré que sa volonté ait créé, resta tout à fait muet ; celui-là, le plus élevé des voyants, au plus haut des cieux, celui-là le sait ou peut-être lui non plus, même lui ne le sait peut-être pas. Contemplant l’éternité avant que soient jetés les fondements de la terre, tu étais. Et quand la flamme souterraine rompra sa prison et dévorera la forme, tu seras toujours, comme tu étais avant, sans souffrir aucun changement car le temps n’existe pas ».
Avant le Mahamanvantara (jour cosmique) de cet univers où nous vivons, où nous nous déplaçons et avons notre être, il n’existait que de l’énergie libre dans son mouvement.
Avant l’énergie il y avait de la matière : cette dernière existait sous une forme organisée et elle constituait l’univers précédent, celui du dernier jour cosmique (Mahamanvantara).
Comme seul souvenir de cet univers passé, il ne nous reste que la Lune, notre cher satellite qui nous éclaire la nuit.
Chaque fois que l’énergie se cristallise sous forme de matière, elle apparaît sous la forme extraordinaire d’une paire symétrique de particules.
La matière et l’antimatière se complètent mutuellement. C’est là un sujet pratiquement neuf pour la science contemporaine, mais il connaîtra un progrès dans le futur.
Il est tout à fait absurde d’affirmer que dans notre univers solaire, il n’y a pas de place pour l’antimatière. La matière est toujours accompagnée d’antimatière, sans quoi il est évident que la physique nucléaire perdrait tout fondement, toute validité.
À l’aube du Mahamanvantara, l’univers apparut sous la forme d’un nuage de plasma, c’est-à-dire d’hydrogène ionisé.
Il existe douze hydrogènes fondamentaux dans notre système solaire, et ceci a été analysé par les grands Maîtres de l’humanité. On nous a dit que ces différents hydrogènes représentent douze catégories de matière contenues dans l’univers depuis l’espace abstrait absolu jusqu’au règne minéral submergé.
Le nuage de plasma originel se présente à l’esprit des hommes studieux sous une double forme. Un examen judicieux de la question nous permet de comprendre qu’il existe le plasma et l’antiplasma ; c’est ce qu’un certain savant a nommé l’ambiplasma.
Les scientifiques savent très bien, grâce à l’observation et à l’expérience, que le champ magnétique intensif qui se forme dans les galaxies donne lieu à la séparation radicale des particules selon leur charge électrique.
Non seulement le plasma et l’antiplasma sont-ils opposés, mais en outre on les retrouve séparés.
La matière et l’antimatière coexistent séparément, et elles se condensent, se cristallisent en étoiles.
Quand la matière et l’antimatière entrent en contact direct, cela provoque alors la destruction totale de la matière.
Le fonds vivant de la matière est précisément l’antimatière, mais entre les deux formes de vie, il existe un champ neutre.
Il est certain que les trois forces primitives, positive, négative et neutre, gouvernent tout le mécanisme universel.
Matière et antimatière coexistent dans l’espace infini, de même qu’étoiles et anti-étoiles.
L’hydrogène et l’anti-hydrogène se cristallisent par la force gravitationnelle et provoquent alors la fusion nucléaire.
C’est ainsi, cher lecteur, que les protons d’un même type s’accumulent les uns sur les autres pour former tous les éléments de la nature.
Chapitre 12 : Les Harpies
Énée, l’épique paladin troyen, naviguant avec ses gens vers les terres merveilleuses de l’antique Hespérie, fut soumis à de nouvelles épreuves épouvantables.
Les vieilles traditions qui se perdent dans la nuit des siècles racontent qu’en haute mer, les forces terrifiantes de Neptune soulevèrent une tempête terrible qui, bien qu’elle ne coula pas son navire, grâce à Dieu, elle fit pour le moins perdre la direction à Palinure, le plus habile de ses pilotes, après trois nuits sans étoiles.
Ce furent des moments d’horreur que les Troyens passèrent en approchant des terribles îles Strophades, situées sur la mer Ionique, où habitent les dantesques Harpies, repoussantes sorcières qui ont une tête et un cou de femme, autrefois de jolies demoiselles mais transformées à présent en furies horribles qui corrompent tout ce qu’elles touchent à leur contact abject.
Monstrueuse armée, autrefois dirigée par l’exécrable Céléno, que celle de ces abominables Harpies pourvues de longues serres, qui portent toujours au visage la pâleur de la faim.
Le glorieux héros accosta sur ces terres avec ses gens, sans avoir la pensée d’abjectes sorcières ou de sabbats horripilants.
Affamés comme ils l’étaient, les forts descendants de Dardanos ne tardèrent pas à sacrifier de belles vaches bien portantes qui broutaient en paix sur une terre qui n’appartenait à personne.
Mais au meilleur du festin, les Harpies descendirent des montagnes en croassant comme des corbeaux et, battant de leurs ailes noires et répugnantes, elles s’approchèrent de la nourriture et infectèrent tout de leurs bouches immondes.
La viande contaminée prit un aspect horrible : la puanteur infectait l’air, et le banquet devint dégoûtant, répugnant, nauséabond.
Fuyant ces dames tellement sinistres transformées en vilains oiseaux horripilants, les Troyens se réfugièrent dans des cavernes mystérieuses, à une certaine distance de la plage ensoleillée.
Cependant, au grand malheur de ces guerriers si illustres, chaque fois qu’ils se préparaient à manger après avoir sacrifié d’autre bétail, les sorcières maudites revenaient et gâchaient de nouveau les aliments.
Remplis d’une grande colère, ces hommes se disposèrent à l’attaque et ils armèrent leurs arcs et javelines pour exterminer ces Harpies si abominables ; mais leur peau dégoûtante ne se laissait pas traverser par le bronze et leurs flancs étaient invulnérables comme l’acier.
C’est une malédiction terrible que prononça Céléno en voltigeant au-dessus des têtes glorieuses des valeureux Troyens, lorsqu’elle dit : « Pourquoi nous faites-vous la guerre, insensés ? Les dieux nous ont faites immortelles. Nous ne vous avons pas offensés sans justice, puisque vous avez sacrifié plusieurs vaches de notre troupeau. Pour vous châtier, je vous donnerai une malédiction : Énée et sa lignée erreront sur la mer avant de trouver la terre qu’ils cherchent, et ils connaîtront la faim. Ils ne pourront ériger les murailles de leur nouvelle ville que lorsqu’ils seront affamés au point de se voir obligés de dévorer leurs tables elles-mêmes ».
Surpris et consternés, les Troyens prièrent les dieux saints de les libérer de ces menaces, puis ils abandonnèrent cette triste terre pour s’embarquer de nouveau.
Sacrifier la vache sacrée équivaut, en fait, à invoquer les cruelles Harpies et leurs funestes présages.
Il s’avère opportun de citer ici la symbolique vache à cinq pattes, terrible gardienne des terres Jinas.
H.P.B. vit réellement en Hindoustan une vache à cinq pattes ; la cinquième sortait de sa bosse et lui servait à se gratter, à effrayer les mouches, etc. L’animal était conduit par un jeune de la secte Sadhu.
Si nous lisons à l’envers les trois syllabes du mot kabala (kabbale en espagnol), nous obtenons La-Va-Ca (qui se prononce en espagnol comme « la vaca », la vache), le symbole vivant de l’éternelle Mère-Espace.
Dans toutes les théogonies du nord au sud, de l’est à l’ouest du monde, on fait toujours mention de l’éternel élément féminin de la nature : la Magna Mater, d’où proviennent le M et l’hiéroglyphe de l’ère du Verseau. Elle est la matrice universelle du grand abîme, la Vénus primitive de la grande Vierge-Mère qui surgit des vagues de la mer avec son fils Cupidon-Éros, et enfin, sa dernière variante Gaïa, Gaea ou la terre, qui, dans son aspect supérieur, est la Prakriti Hindoustane.
Rappelons-nous Télémaque, qui descendit au monde des ombres pour vérifier le sort qui attendait Ulysse, son père. Le jeune homme marche sous la lumière de la lune en invoquant la Prakriti, cette puissante Séité qui, tout en étant Séléné dans le ciel, est aussi la chaste Diane sur terre et la formidable Hécate dans le monde souterrain.
Les deux dédoublements ultérieurs d’Hécate Proserpine, les quatrième et cinquième aspects de la Prakriti, sont négatifs ; ils constituent l’ombre de l’éternelle Mère-Espace, des reflets perdus du miroir de la nature.
Il y a des Jinas noirs et des blancs. Les Harpies suivent le chemin ténébreux ; Dante les a rencontrées dans les mondes infernaux alors qu’elles y tourmentaient les âmes involuantes submergées.
Les Harpies sont des Jinas noirs : elles utilisent les deux aspects négatifs et inférieurs de la Prakriti, à l’aide desquels elles introduisent leur corps dans la quatrième dimension pour voler dans les airs.
Dans la dimension inconnue, le corps humain peut prendre n’importe quelle forme ; de belles jeunes filles peuvent se transformer en horribles oiseaux comme ceux qu’Énée trouva dans les ténébreuses îles Strophades.
Charon, le dieu infernal dont la vieillesse éternelle est toujours mélancolique et abominable, conduit les Harpies qui ont traversé les portes de la mort jusqu’à l’autre rive du fleuve mauvais. Courant bourbeux aux eaux noires et aux immondes rives marécageuses où errent les spectres des morts ! Fleuve fatal où navigue la barque de Charon, conduisant les perdus aux régions sombres, lugubres et obscures du règne minéral submergé.
C’est une fin horrible qui attend les Harpies de l’exécrable Céléno : involuer épouvantablement dans le sous-monde jusqu’à se pétrifier, puis être réduites en poussière cosmique.
Il est juste de condamner ceux qui font le mal. Leurs gueules sont comme des sépulcres ouverts : jamais elles n’ont connu le sentier.
Chapitre 13 : La Rune Sig
Il est difficile, effectivement, de s’imaginer l’enchantement, l’ivresse, la communion des saints durant les nuits de méditation.
C’est lors d’une nuit semblable que le patriarche Jacob, vive réincarnation d’Israël, l’ange resplendissant, la tête appuyée sur la pierre philosophale, put lire dans les astres la promesse d’une postérité innombrable et qu’il y vit la mystérieuse échelle septénaire par laquelle les Élohim allaient et venaient des cieux à la terre.
Ce n’est qu’en l’absence du moi que nous pouvons expérimenter ce qu’est la vérité, le réel, cela.
Le jour de la Fête-Dieu, j’allai m’enquérir, rechercher, enquêter sur les mystères qui concernent ma dernière heure, et je vis et entendis des choses qu’il n’est pas donné aux profanes et aux profanateurs de comprendre. J’expérimentai de façon directe la fin dernière, le déclin du moi, la fin catastrophique du moi-même. Et je pus constater la crucifixion du Christ intime et la descente au Saint-Sépulcre. La lutte contre Satan fut terrible. Mon épouse-prêtresse scella mon sarcophage d’une grande pierre et sourit doucement. Des voix terriblement divines émanaient du Golgotha du Père parmi les éclairs et le tonnerre.
Tout ceci me rappelle la Rune Sig, la foudre terrible du soleil central : Sulu-Sigi-Sig (prononcer Soulou-Sigui-Sig), nom secret de la terrifiante vipère sacrée Kundalini.
L’étoile à cinq pointes est bien entendu une répétition constante de la Rune Sig : on remarque qu’elle est toute tracée par le zigzag de l’éclair. Dans les temps antiques, les hommes tremblaient devant le Pentalphe.
Sig, dans les mystères archaïques, était le phallus, et ce chemin nous ramène au Maïthuna, au sexo-yoga.
Sig est le Soleil et sa lettre est le S, que la sage prolongation convertit en la voix subtile, en ce sifflement doux et paisible qu’entendit Élie dans le désert.
L’initiation finale est scellée par l’éclair, par la Rune Sig, et parmi le tonnerre et les éclairs, on entend des paroles terribles : « Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains ».
L’épée flammigère embrasée et menaçante, qui s’agite dans toutes les directions pour garder le chemin de l’Arbre de vie, a la forme terrible de la Rune Sig et nous rappelle le zigzag de l’éclair.
Malheur au Samson de la kabbale qui se laisse endormir par Dalila, à l’Hercule de la science qui échange son sceptre de pouvoir pour le fuseau d’Omphale : il sentira bien vite la vengeance de Déjanire, et il ne lui restera d’autre solution que le bûcher du mont Oeta pour échapper aux tourments dévorants de la tunique de Nessus !
Malheur à celui qui se laisse séduire par la diablesse originelle, par la femme sans nom, rose de perdition de l’abîme infernal !
Malheur à l’initié qui tombe enivré entre les bras de la sanguinaire Hérodias, de la harpie Gundrigia et de cent autres femmes !
Pauvres initiés qui succombent aux baisers de feu ! Non pas à ceux des femmes, mais à ceux de la femme par antonomase, de la Femme-Symbole, qui ne tente pas de les séduire grossièrement par les simples suggestions des sensations animales, mais plutôt à l’aide des arts plus perfides et plus délicieux que sont le sentimentalisme subtil et l’émotionnalisme romantique. Mieux vaudrait pour ces initiés ne pas être nés ou bien se pendre une meule de pierre au cou et se jeter au fond de la mer.
Malheureux ! Au lieu de monter au Golgotha du Père et de descendre au Saint-Sépulcre, ils seront foudroyés par l’éclair terrible de la justice cosmique ; ils perdront leur épée flammigère et descendront au royaume de Pluton par le chemin noir.
Autour du trône d’ébène du roi des mondes infernaux gravitent toujours, ténébreux, les soucis angoissés, les jalousies épouvantables qui empoisonnent l’existence, les méfiances cruelles, les immondes vengeances couvertes de blessures, et les haines abominables qui distillent le sang.
L’avarice qui ronge se dévore toujours elle-même sans aucune miséricorde, et le dépit répugnant s’arrache les chairs de ses propres mains. On y trouve enfin le fol orgueil qui ruine tout misérablement, l’infâme trahison qui se défend toujours elle-même et se nourrit de sang innocent sans jamais pouvoir jouir du fruit corrompu de ses perfidies. On y trouve le venin mortel de l’envie, qui se déchire lui-même quand il ne peut pas faire de tort à d’autres ; la cruauté, qui se précipite sans espoir à l’abîme ; les visions macabres et terrifiantes, les horribles fantômes des condamnés qui effraient les vivants, les monstres des cauchemars et les cruels soucis qui causent tant d’angoisse.
Toutes ces images fatales, et bien d’autres encore, ceignent le front horripilant du cruel Pluton et remplissent son palais fatidique.
Télémaque, le fils d’Ulysse, a rencontré dans le royaume de Pluton des millions de pharisiens hypocrites, de sépulcres blanchis qui feignent comme d’habitude d’aimer la religion mais qui sont pleins de superbe et d’orgueil.
À mesure que le héros descendit dans les régions de plus en plus submergées, il rencontra de nombreux parricides et matricides qui y souffraient d’épouvantables tourments ; il y trouva aussi de nombreuses épouses dont les mains avaient trempé dans le sang de leur mari, ainsi que des traîtres qui avaient trahi leur patrie et violé tous les serments ; mais bien que cela paraisse impossible, ces derniers subissaient toutefois des peines moins lourdes que celles des hypocrites et des simoniaques. C’est ainsi qu’en avaient décidé les trois juges des mondes infernaux, parce que selon eux ceux-ci ne se contentent pas d’être mauvais, comme les autres pervers, mais qu’en plus ils prétendent être des saints et écartent les gens par leur fausse vertu, ils les éloignent du chemin qui conduit à la vérité.
Les dieux saints, dont on s’est moqué dans le monde de façon si impie et sournoise et envers lesquels on a fait preuve de mépris aux yeux de tous, se vengent maintenant de tout leur pouvoir pour faire payer les insultes qui leur ont ainsi été faites.
Le rayon terrible de la justice cosmique précipite également à l’abîme les boddhisattvas tombés qui n’ont jamais voulu s’élever ; on accuse ces derniers de trois délits : l) d’avoir assassiné le Bouddha ; 2) d’avoir déshonoré les dieux ; 3) de plusieurs autres délits.
Tout grand travail, tout jugement, se scelle toujours en traçant la Rune Sig avec l’épée flammigère.
Pratique
Scellez toujours tous vos travaux magiques, invocations, prières, chaînes de guérison, etc., à l’aide de cette Rune : tracez le zigzag de l’éclair avec la main, l’index pointé, et faites en même temps résonner la lettre S (Sssss.) comme un sifflement doux et paisible.
Chapitre 14 : L’Ain-Soph
Il est nécessaire de comprendre, il est urgent de savoir qu’il existe chez le pauvre animal intellectuel, faussement appelé homme, trois aspects parfaitement définis : le premier de ces trois aspects est ce qu’on appelle l’Essence, dans le bouddhisme zen, on lui donne le nom de Bouddhata. Le second aspect est la personnalité, celle-ci, en elle-même, n’est pas le corps physique, bien qu’elle l’utilise pour s’exprimer dans le monde tridimensionnel. Le troisième aspect est le diable, le moi pluralisé à l’intérieur de chacun de nous, le moi-même.
C’est l’Essence, la Bouddhata à l’intérieur de l’homme qui a une réalité véritable, c’est elle qui lui est propre.
La personnalité, c’est ce qui n’appartient pas en propre à l’homme, ce qui vient du monde extérieur, ce qu’il a appris au foyer, dans la rue, à l’école, etc.
Le moi pluralisé est cet ensemble d’entités diverses, distinctes, qui personnifient tous nos défauts psychologiques.
Au-delà de la machine organique et de ces trois aspects qui se manifestent à travers elle, il existe de nombreuses substances, forces et principes spirituels qui, en dernière analyse, émanent de l’Ain-Soph.
Et qu’est-ce que cet Ain-Soph ? Nous disons de manière abstraite que c’est la non chose sans limite, absolue.
Un peu plus de détails et de concret sont toutefois nécessaires en vue de comprendre. L’Ain-Soph est notre atome super divin singulier, spécial, spécifique, propre et archi individuel. Cela signifie au bout du compte que chacun de nous n’est rien d’autre qu’un atome de l’espace abstrait absolu, et que celui-ci est l’étoile intérieure, atomique, qui nous a toujours souri.
Un auteur a dit : « Je lève mes yeux vers le haut, vers les étoiles dont je dois recevoir l’assistance, mais je suis toujours l’étoile qui guide mon intérieur ».
Il est évident que cet atome super divin n’est pas incarné, mais il se trouve tout de même en étroite relation avec le chakra Sahasrara, le lotus aux mille pétales, centre magnétique de la glande pinéale.
J’ai expérimenté l’Ain-Soph directement, en état de méditation très profonde.
Un jour, peu importent la date et l’heure, je parvins à cet état qui est connu en Hindoustan sous le nom de Nirvikalpa-Samadhi ; mon âme s’absorba alors totalement dans l’Ain-Soph pour voyager dans l’espace abstrait absolu. Mon voyage débuta dans ma glande pinéale et se poursuivit dans le sein profond de l’espace éternel. Je me vis alors moi-même au-delà de toute galaxie de matière ou d’antimatière, transformé en simple atome autoconscient.
Comme je me sentais heureux en l’absence du moi et au-delà du monde du mental, au-delà des étoiles et des anti-étoiles !
Ce que l’on sent durant le Samadhi est inexprimable, ce n’est qu’en l’expérimentant qu’on peut le comprendre.
J’entrai donc par les portes du temple, ivre d’extase, et je vis et entendis des choses qu’il n’est pas donné aux animaux intellectuels de comprendre.
Je voulais parler à quelqu’un, à un prêtre divin ; j’y parvins, bien entendu, et je pus ainsi consoler mon cœur endolori.
L’un des nombreux atomes autoréalisés de l’Ain-Soph, de l’espace abstrait absolu, augmenta alors de taille et prit devant moi un aspect insolite : la forme vénérable d’un Ancien des jours. Des paroles jaillirent spontanément de mon larynx créateur, et elles résonnèrent dans l’espace infini ; je posai une question au sujet d’une personne que je connaissais dans le monde des formes denses. La réponse de ce Maître atomique si illustre fut vraiment extraordinaire : « Pour nous, les habitants de l’Ain-Soph, le mental humain est comme le règne minéral pour vous ». Et il ajouta : « Nous, nous examinons le mental humain de la même façon que vous examinez un minéral quelconque ».
Au nom de la vérité, je dois dire que cette réponse me causa de l’étonnement, de l’admiration, de la stupéfaction, de la surprise.
Puis vint la démonstration : cet Amoureux essentiel étudia le mental de la personne à propos de laquelle je l’avais questionné, et il me donna des informations exactes.
Bien des années ont passé depuis, mais jamais je n’ai pu oublier cette expérience mystique.
J’avais eu la chance de converser avec un Kabire authentique au-delà des univers parallèles, dans l’Ain-Soph ; mais ce ne sont pas toutes les étoiles atomiques du firmament spirituel qui sont ainsi autoréalisées.
L’atome genèse (l’Ain-Soph) d’une personne qui n’a pas fabriqué ses corps solaires dans la forge ardente de Vulcain est sans aucun doute très simple, il contient peu d’atomes.
Les atomes genèse autoréalisés sont tout autres ; ils sont ce qu’on appelle en science occulte l’Ain-Soph-Paranishpana. Ils contiennent à l’intérieur d’eux-mêmes quatre atomes-semences qu’on représente symboliquement en alchimie par les quatre lettres C, O, N et H (carbone, oxygène, azote et hydrogène).
Un soir quelconque, durant l’été, je posai à un groupe d’étudiants gnostiques la question suivante : « Si nous devons, à la fin du Mahamanvantara, désintégrer les corps solaires fabriqués au prix de tant d’efforts dans la neuvième sphère, alors pourquoi les fabriquons-nous ? Il est superflu de dire qu’aucun des frères ne put donner la réponse juste ; il me fut nécessaire d’expliquer : « Il est clair, leur dis-je, que l’Ain-Soph, à la venue du grand Pralaya (nuit cosmique), absorbe les trois forces primaires et désintègre les quatre corps, mais qu’il retient et attire vers sa sphère intérieure les quatre atomes-semences qui correspondent aux quatre corps.
Ainsi donc, il existe à l’intérieur de l’Ain-Soph-Paranishpana, c’est-à-dire autoréalisé, les trois forces primaires et les quatre atomes-semences. La lettre C symbolise le corps de la volonté consciente ; le Ô correspond au véhicule du Mental-Christ ; le N est en relation avec l’astral solaire ; le H représente le corps physique.
À l’aube du Mahamanvantara, l’Ain-Soph-Paranishpana reconstruit ses quatre corps à l’aide de leurs atomes-semences correspondants.
Les quatre corps constituent la Mercavah hébraïque, le char des siècles, le véhicule solaire de l’Ain-Soph-Paranishpana, la non chose absolue et sans limite.
Les quatre corps prennent la forme de l’homme céleste qui se manifeste, ils sont le véhicule pour qu’il descende et se manifeste dans le monde des phénomènes.
Chapitre 15 : Le Roi Hélénos
Alors qu’Énée, l’épique paladin troyen, approchait du riche palais du roi Hélénos, il eut l’étonnement et l’agréable surprise de voir avec admiration cette femme nommée Andromaque, celle qui fut l’épouse d’Hector, le Troyen qui mourut glorieusement dans la bataille au pied des murs glorieux de Troie.
Énée rendit grâces aux dieux saints (aux anges, archanges, principes, puissances, vertus, dominations, trônes, chérubins et séraphins du christianisme), il remercia du fond du cœur ces êtres ineffables d’avoir libéré cette femme en empêchant les Achéens de l’emmener captive à Mycènes.
Noble femme qui est à présent l’épouse d’Hélénos, le roi divin, le splendide monarque qui offrit aux Troyens une hospitalité généreuse dans son palais royal.
Énée la trouva dans une forêt sacrée ; elle avait avec elle, dans une magnifique urne d’or, les cendres chéries d’Hector, son ancien époux.
« Est-ce réellement toi, Énée, que je vois ? Es-tu vivant, ou bien est-ce une apparition ? Grands dieux ! Et si tu vis, dis-moi : Pourquoi mon Hector ne vit-il plus ? » C’est ainsi que s’exclama la noble femme, puis elle s’évanouit.
La malheureuse avait été captive du terrible Pyrrhos, guerrier rusé et méchant, assassin du vieux Priam.
Heureusement, le sort de l’infortunée changea radicalement lorsque Pyrrhos mourut des mains du terrible Oreste ; elle épousa alors le bon roi Hélénos.
Les vieilles traditions racontent que le troisième jour, Hélénos emmena Énée à une caverne solitaire pour consulter la volonté d’Apollon.
La plus importante de ses prédictions consista à lui dire qu’il était encore loin de parvenir au terme de son voyage et de s’installer définitivement sur la terre qui fut autrefois l’antique Hespérie. On lui annonça qu’il devait aller consulter la sibylle de Cumes, cette divine prophétesse qui écrivait ses vers magiques sur les feuilles d’un arbre volumineux qui se trouvait à côté de sa grotte.
La légende des siècles raconte que de temps en temps, un vent violent arrachait les vertes feuilles prophétiques et que les vers se mêlaient et voltigeaient d’une façon extraordinaire pour former des phrases inintelligibles pour les profanes, ce qui fait qu’un bon nombre de ceux qui venaient consulter la sibylle ressortaient en la maudissant.
Il est hors de tout doute que nous pouvons et devons affirmer avec insistance que seuls les hommes à la conscience éveillée pouvaient comprendre les phrases étranges et les énigmes mystérieuses de la sibylle de Cumes.
Hélénos prédit également à Énée qu’il naviguerait près de Scylla et de Charybde, qu’il passerait près de la terre des cyclopes, mais il lui conseilla de s’abstenir d’entrer en Italie par les côtes méridionales, peuplées à cette époque de Grecs terribles. Enfin, le bon roi Hélénos conseilla à Énée, l’illustre paladin troyen, de s’assurer de se gagner l’amour de la déesse Junon en lui offrant de pieux sacrifices ; cette divinité s’était en effet toujours montrée l’ennemie des Troyens.
Le vent gonfle les blanches voiles sous la lumière de la pleine lune, l’aviron lutte contre le doux marbre, Palinure consulte les étoiles et les navires s’éloignent des domaines seigneuriaux du roi latin tandis qu’Andromaque pleure le départ des Troyens.
Hélénos, roi illuminé, prophète d’Apollon, vous avez offert aux Troyens une hospitalité royale, magnifique, et par la suite, rempli d’amour, vous avez interrogé le dieu du feu, préoccupé par votre ami Énée.
Hélénos, ce fut vous, dieux du ciel ! Qui conseillâtes à cet homme troyen si illustre de visiter la sibylle de Cumes.
En commençant cette partie du présent chapitre, je me rappelle toutes ces prêtresses d’Érythrée, d’Endor, etc. Partout où l’on trouvait l’une de ces saintes sibylles, il y avait aussi à coup sûr un mystère, qu’il soit delphique, bachique, kabirique, dactyle ou éleusien.
Les dieux et les hommes sages ne pourront jamais oublier l’immense importance que revêtaient les mystères dans les temps antiques ; c’est à eux que des villes comme Saïs, Memphis et Thèbes, dans l’ancienne Égypte des pharaons, durent toute leur réputation et leur si grande renommée.
Au-delà de la nuit des siècles, les initiés se rappellent toujours de Mithra, que ce soit chez les Parsis, à Eleusis, à Samothrace, à Lemnos, à Éphèse, etc., ou encore chez les Grecs.
Chez les druides gaulois, les collèges initiatiques de Bibractis et d’Alexis étaient formidables.
Les mystères d’Héliopolis, ceux de Tara en Irlande, etc., étaient ineffables et indescriptibles par leur beauté et leur splendeur.
Au dire de Pline, les druides, prêtres des celtes pratiquaient la magie et les mystères dans leurs grottes, ce que constatèrent également César et Pomponius Mela.
Les austères et sublimes Hiérophantes druides, couronnés de chêne, se réunissaient solennellement sous la pâle lumière de la lune pour célébrer leurs mystères majeurs, particulièrement lors de la pâque du printemps, alors que la vie ressuscite, pleine de vigueur et de gloire.
Les collèges initiatiques se fermèrent en Orient à cause de la barbarie militaire d’Alexandre, et en Occident, sous la violence romaine.
La ville de Côte-d’Or, voisine de Sainte-Reine, fut assurément le tombeau de l’initiation druidique : tous les Maîtres et sibylles y furent vilement égorgés par les hordes sanguinaires de Rome, sans aucune considération. Le même sort fatal et douloureux frappa Bibractis, l’émule glorieuse de Memphis, puis vinrent ensuite, dans l’ordre du nombre de victimes, Athènes et Rome, dont le collège druidique comptait quelque 40 000 élèves d’astrologie, de sciences occultes, de philosophie, de médecine, de jurisprudence, d’architecture, de littérature, de grammaire, etc.
Le Mysterium latin correspond au Teletai grec, dont on retrouve la racine originale dans le mot teleuteria : mort.
La mort du corps physique est une chose vaine ; l’important, c’est la destruction totale du moi-même.
L’illumination des sibylles de Cumes, la splendeur des prêtresses d’Érythrée, l’extase d’un Mahatma, tout cela s’adresse à des gens qui ont vraiment passé par la grande mort.
L’éveil de la conscience, le changement radical et absolu, s’avèrent impossibles sans la mort du moi pluralisé. C’est seulement en mourant qu’advient le nouveau. Le sentier de la vie est formé des traces de sabot du cheval de la mort.
Chapitre 16 : La Rune Tyr
Des oiseaux qui chantent, des ruisseaux qui bondissent, des roses qui parfument l’air ambiant des clochettes qui appellent : ombres de mon bien, belle illusion du jour, car la nuit est venue.
Nuit délicieuse constellée d’étoiles, permets-moi de t’offrir le pauvre don du vieux parc de mon cœur endolori ; c’est le mois de décembre, mais grâce à ton chant romantique, il aura les roses d’un mois de mai.
Je voudrais deviner quelle est cette voix qui nie constamment les choses vaines, qui les rejette, les répudie d’un non qui n’est pas de la haine et qui promet de nombreux oui.
Nuit divine, me voilà ici, enfin seul avec moi-même à écouter parmi les voix d’Isaïe ton gémissement insinuant qui me nomme.
Nuit enchanteresse, Uranie, ma vie ; pour toi, être malade, c’est être en santé ; tous ces contes qui, dans la lointaine enfance, divertissent le mortel, ne sont rien pour toi, car tu sens meilleur que la fragrance des jardins enchantés qui sommeillent, et parce que tu es plus diaphane, ô mon bien, que le palais de cristal diaphane. Avec une ardeur féconde, sans aucun incident, empreint d’une piété simple, je traversai les rues de la ville capitale de Mexico.
Traversée de la ville à minuit, parmi des cristaux ineffables, exempts de tout brouillard.
Qui est-ce qui siffle mon nom en parcourant ma demeure ? Qui m’appelle dans la nuit avec un accent si délicieux ? C’est un souffle de vent qui sanglote dans le clocher, c’est une douce pensée.
Je montai dans le vieux clocher de la cathédrale métropolitaine, chantant mon poème avec la voix du silence.
Des nuages de brouillard se perdaient à la cime des montagnes. De ces terres qui ont souffert des convulsions terribles, de ces cratères et de ces vomissements de lave, l’Iztaccihuatl et le Popocatepetl ont surgi comme par enchantement, les deux volcans légendaires qui surveillent la vallée de Mexico comme deux gardiens millénaires.
Et au-delà des montagnes lointaines, je vis des mondes et des régions ineffables, impossibles à décrire par des mots. « Regarde ce qui t’attend ! » Me dit une voix généreuse qui ajoutait une musique au vent.
Chanson que personne n’écoutait, et qui résonne et résonne où que j’aille ; dans ses notes, je crois reconnaître ma voix.
Lorsque je descendis du clocher, quelqu’un me suivait : c’était un Chela, un disciple. Grande était ma joie, je me sentais enivré d’une exquise volupté spirituelle ; mon corps ne pesait rien, je me déplaçais sous forme astrale : j’avais abandonné mon véhicule physique depuis quelque temps déjà.
Arrivé au portique de la vieille cathédrale, au pied des murs vétustes qui avaient été les témoins muets de tant de bagarres, de propos galants et de défis à travers les siècles, je vis une foule bigarrée et pittoresque d’hommes et de femmes, d’enfants et de vieillards qui vendaient çà et là leurs marchandises. Et là, assis comme un yogi oriental, adossé au mur sous le vieux clocher, dans un angle de la vieille cathédrale, un vieillard aztèque d’un âge indicible méditait.
N’importe quel endormi aurait facilement pu le prendre pour un autre marchand ; devant lui, sur la pierre froide du plancher, le vénérable avait un objet mystérieux, une sainte relique aztèque.
Humilié, confondu et méprisable devant ce saint indigène vénérable, je dus me prosterner avec révérence. L’ancien me bénit.
Mon Chela (disciple), qui avait suivi mes pas, avait l’air d’un somnambule ; sa conscience dormait profondément et il rêvait. Mais quelque chose se produisit tout à coup : il se pencha comme pour saisir un objet, et sans le moindre respect, voilà qu’il prend, qu’il ramasse la relique intouchable, qu’il l’observe dans ses mains avec une curiosité infinie ; je restai franchement horrifié par cette façon d’agir. Cela me parut terrible et je m’exclamai : « Mais qu’est-ce que vous faites ? Vous êtes en train de commettre un grand sacrilège ! Pour l’amour de Dieu, allez-vous en d’ici ! Laissez cette relique à sa place ! »
Mais le Maître, rempli d’une infinie compassion, répliqua toutefois : « Il n’est pas coupable de tout cela, il est endormi ».
Alors, comme tout voyageur du chemin qui veut donner un baume précieux au cœur affligé, l’ancien prit la tête du néophyte endormi et souffla du fohat vivant sur son visage dans le but de l’éveiller ; tout cela s’avéra toutefois inutile, le Chela continuait à dormir et à rêver.
Rempli d’une amertume profonde, je dis : « Dire que j’ai tellement lutté là-bas, dans le monde physique, pour que ces gens-là éveillent leur conscience, et ils continuent quand même à être endormis ».
Le Chela avait pris une forme gigantesque : c’est le moi pluralisé (ensemble d’entités distinctes, différentes), situé dans ses corps lunaires, qui lui donnait cet aspect.
Comme il était curieux de voir cet immense géant de couleur grisâtre marcher lentement comme un somnambule dans le portique vétuste de la vieille cathédrale et s’éloigner de nous en direction de la maison où son corps physique dormait ! À cet instant, je ne pus que m’exclamer : « Que ces corps lunaires sont laids ! » Mais alors le vénérable ancien, enivré de compassion, me répondit : « Dans le temple où tu vas maintenant entrer (un temple Jinas, un sanctuaire aztèque), il y en a beaucoup comme lui ; regarde-les avec sympathie ». « Bien sûr que je les regarderai avec sympathie », répondis-je.
Parlons maintenant de réincarnation. Ces créatures lunaires se réincarneront-elles ? Pourrait-il par hasard y avoir réincarnation là où il n’y a pas d’individualité ?
La doctrine de Krishna, dans le pays sacré du Gange, enseigne que seuls les dieux et Demi-Dieux, héros, Deva et titans se réincarnent. Nous dirons en d’autres mots que seuls les autoréalisés, seuls ceux qui ont incarné l’Être peuvent se réincarner.
L’Égo, le moi pluralisé, ne se réincarne pas : il est soumis à la loi de l’éternel retour de toutes choses, il retourne dans une nouvelle matrice, revient à cette vallée du Samsara, se réincorpore.
Pratique
Les exercices correspondant à la Rune Tyr ou Tir consistent à placer les bras vers le haut et à les descendre avec les mains en forme de coquilles, tout en faisant résonner le mantra Tiiiiirrrrr (en prolongeant le son des lettres I et R pour éveiller la conscience). Le T ou Tau frappe la conscience pour l’éveiller. Le I travaille intensément sur le sang, véhicule de l’Essence. Le R, en plus d’intensifier la circulation dans les veines et les vaisseaux sanguins, accomplit des merveilles à l’aide des flammes ignées, intensifiant et stimulant l’éveil.
Chapitre 17 : La Méditation
L’information intellectuelle n’est pas l’expérience vécue. L’érudition n’est pas l’expérimentation. Un essai, une preuve, une démonstration exclusivement tridimensionnelle n’est pas unitotale, intégrale.
Il doit exister une faculté supérieure au mental, indépendante de l’intellect, qui soit capable de nous donner la connaissance et l’expérience directe sur n’importe quel phénomène.
Les opinions, les concepts, les théories, les hypothèses n’équivalent pas à la vérification, à l’expérimentation, à la pleine conscience de tel ou tel phénomène.
Ce n’est qu’en nous libérant du mental que nous pouvons expérimenter vraiment ce qu’il y a de réel, ce qui se trouve à l’état potentiel derrière tout phénomène.
Le mental existe dans tout : les sept cosmos, le monde, les lunes, les soleils, ne sont rien d’autre que de la substance mentale cristallisée, condensée.
Le mental est aussi une forme de matière, bien que plus raréfiée. La substance mentale existe dans les règnes minéral, végétal, animal et humain.
L’unique différence qui existe entre l’animal intellectuel et la bête irrationnelle est ce qu’on appelle l’intellect. Le bipède humain a donné au mental une forme intellectuelle.
Le monde n’est rien de plus qu’une forme mentale illusoire qui se dissoudra inévitablement à la fin du grand jour cosmique.
Ma personne, ton corps, mes amis, les objets, ma famille, etc., représentent dans le fond ce que les Hindoustans appellent maya (l’illusion) : des formes mentales vaines qui doivent tôt ou tard être réduites en poussière cosmique.
Mes sentiments, les êtres les plus chers qui m’entourent, etc., ne sont que de simples formes du mental cosmique, ils n’ont pas d’existence réelle.
Le dualisme intellectuel, comme par exemple le plaisir et la douleur, les louanges et les reproches, le triomphe et la défaite, la richesse et la misère, constitue le douloureux mécanisme du mental.
Il ne peut pas y avoir de bonheur véritable à l’intérieur de nous tant que nous sommes esclaves du mental.
Il est urgent de monter l’âne (le mental) pour entrer dans la Jérusalem céleste le Dimanche des rameaux. Malheureusement, de nos jours, c’est l’âne qui nous monte, nous les misérables mortels dans la terre boueuse.
Personne ne peut connaître la vérité tant qu’il est esclave du mental. Le réel n’est pas une affaire de suppositions, mais bien d’expérience directe.
Le grand Kabire Jésus a dit : « Connaissez la vérité et elle vous rendra libres ». Je vous dis cependant que la vérité n’est pas une question d’affirmer ou de nier, de croire ou de douter : il faut l’expérimenter directement en l’absence du moi, au-delà du mental.
Celui qui se libère de l’intellect peut expérimenter, vivre, sentir un élément qui transforme radicalement.
Lorsque nous nous libérons du mental, celui-ci devient alors un véhicule ductile, élastique, utile, à travers lequel nous nous exprimons.
La logique supérieure nous invite à penser que le fait de se libérer, de s’émanciper du mental, de se dégager de toute notre mécanicité, équivaut en fait à éveiller sa conscience, à en finir avec l’automatisme.
Ce qui est au-delà du mental, c’est Brahma, l’éternel espace incréé, cela qui n’a pas de nom, le réel.
Mais allons droit au but : qui est-ce ou qu’est-ce qui doit se dégager, se libérer du mental mortifiant ? La réponse à cette question est évidente : c’est la conscience, le principe bouddhique intérieur, ce qu’il y a d’âme en nous, voilà ce qui peut et doit se libérer.
Le mental ne sert qu’à nous rendre l’existence amère. Le bonheur authentique, légitime, réel, n’est possible que lorsque nous nous émancipons de l’intellect.
Nous devons toutefois reconnaître qu’il existe un inconvénient, un obstacle majeur, un empêchement à cette libération tant désirée de l’Essence : je veux faire allusion à la terrible bataille des antithèses.
Malheureusement, l’Essence, la conscience, bien qu’elle soit de nature bouddhique, vit emprisonnée dans le spectaculaire dualisme intellectif des opposés : le oui et le non, le bon et le mauvais, le haut et le bas, le mien et le tien, ce que j’aime et ce que je n’aime pas, le plaisir et la douleur, etc.
Il s’avère tout à fait brillant de comprendre à fond que lorsque la tempête cesse sur l’océan du mental et que la lutte des opposés prend fin, alors l’Essence s’échappe et s’immerge dans ce qui est le réel.
Ce qui est difficile, laborieux, ardu et pénible, c’est d’obtenir le silence mental absolu dans tous et chacun des quarante-neuf départements subconscients du mental.
Il n’est pas suffisant d’atteindre, d’obtenir la quiétude et le silence simplement au niveau superficiel de l’intellect ou dans quelques départements subconscients, car l’Essence continue alors d’être plongée dans le dualisme submergé, dans l’infraconscient et l’inconscient.
Mettre le mental en blanc est une chose passablement superficielle, vide et intellectuelle. Nous avons besoin d’une réflexion sereine si nous voulons véritablement obtenir la quiétude et le silence absolu du mental.
Le mot chinois Mo veut dire « silencieux, serein » ; Chao signifie « réfléchir, observer ». Mo-Chao peut donc se traduire par « réflexion sereine » ou « observation sereine ».
Il s’avère toutefois évident que dans le gnosticisme pur, les termes sérénité et réflexion ont des acceptions beaucoup plus profondes et qu’on doit par conséquent les comprendre selon leurs connotations spéciales.
Le sens de serein transcende ce que l’on entend normalement par calme ou tranquillité ; il implique un état superlatif qui fait partie du monde suprasensible, au-delà des raisonnements, des désirs, des contradictions et des mots ; il désigne une situation qui est hors de l’agitation mondaine.
De même, le sens du mot réflexion est au-delà de ce que l’on entend toujours comme étant la contemplation d’un problème ou d’une idée. Il ne s’agit pas ici d’activité mentale ou de pensée contemplative, mais plutôt d’un genre de conscience objective, claire et réfléchissante, toujours illuminée dans sa propre expérience.
C’est pourquoi le mot serein représente ici la sérénité du non pensé, et réflexion signifie la conscience intense et claire.
La réflexion sereine est la conscience claire dans la tranquillité du non pensé.
Lorsque règne la sérénité parfaite, on obtient la véritable illumination profonde.
Chapitre 18 : Polyphème, le Géant Difforme
Rappelez-vous, hommes et dieux, cette terre maudite où habitait autrefois l’immonde Polyphème, le géant difforme, toujours accompagné d’une centaine de ses frères, tous ses égaux par leur cruauté et leur monstrueuse stature.
Ulysse, l’astucieux guerrier qui détruisit des villes, accompagné de ses gens, se réfugia dans la grotte de l’ogre ; celui-ci, ne respectant aucun principe d’hospitalité, se mit à dévorer tous ses hôtes.
Mais le sagace guerrier, habile, malin et subtil dans toute espèce de tromperie, réussit à enivrer d’un vin délicieux cet immense géant gavé de chair humaine.
Le monstre dormait le dos au sol, près du foyer, et il vomissait du vin mêlé à des morceaux de chair de ceux qu’il avait sacrifiés de manière inhumaine. L’occasion n’avait rien de négligeable pour un guerrier qui est pris dans la gueule du loup, et il est évident qu’Ulysse, le roi d’Ithaque, sut en tirer parti.
La légende des siècles raconte que l’astucieux guerrier, rusé et malin comme pas un, prit un pieu à la pointe aiguë qu’il endurcit dans le feu, et qu’il l’enfonça sans aucun égard dans l’œil frontal du géant ; il fuit ensuite à toute vitesse de cette caverne.
Énée, l’illustre Troyen, put constater la véracité de cette histoire tandis qu’il naviguait vers les terres du Latium.
Il débarqua avec ses gens sur cette terre inhospitalière et en écouta le récit de la bouche même d’Achéménide, puis il vit apparaître Polyphème parmi ses troupeaux, qui se dirigeait vers la mer à l’endroit où il y avait une haute falaise.
Pris de panique, les Troyens s’embarquèrent discrètement et coupèrent les amarres, emmenant Achéménide avec eux.
Le géant entendit les battements dans l’eau et, sans toutefois avoir l’intention de poursuivre les navigateurs, il cria d’une voix forte comme le rugissement d’un lion et cent titans apparurent, semblables en stature aux cèdres et aux pins géants qui ornent la forêt sacrée de Diane.
Ce sont les géants de l’antiquité, les Gibborim ante et postdiluviens de la Bible.
Cela me rappelle les cinq statues de Bâmyân, redécouvertes par le fameux voyageur chinois Hiouen Thsang.
La plus grande représente la première race humaine, dont on a ainsi commémoré dans la pierre dure et impérissable le corps protoplasmique, mi-éthérique et mi-physique, en vue d’instruire les générations futures, sans quoi leur mémoire n’aurait jamais survécu au déluge atlantique.
La seconde, d’une hauteur de 35 mètres, représente en toute clarté la naissance des peines : la race Hyperboréenne.
La troisième mesure 20 mètres et immortalise sagement la race Lémurienne, qui habite le continent Mu, ou Lémurie, situé dans l’océan Pacifique et dont les derniers descendants sont représentés par les fameuses statues qu’on trouve sur l’île de Pâques.
La quatrième race, représentée par la statue correspondante, vécut sur le continent atlante, situé dans l’océan Atlantique, et fut d’une taille encore un peu plus petite, bien que gigantesque en comparaison de notre cinquième race actuelle.
La dernière de ces cinq statues s’avère un peu plus grande que la moyenne des grands hommes de notre race actuelle. Il est évident qu’elle personnifie l’humanité aryenne qui habite les continents actuels.
Il existe partout, dans tous les recoins du monde, des ruines cyclopéennes et des pierres colossales qui sont un témoignage vivant des géants.
Il existait dans les temps antiques des pierres gigantesques qui marchaient, parlaient, prononçaient des oracles, et même chantaient.
Il est écrit que la pierre du Christ, le rocher spirituel qui suivait Israël, se convertit en Jupiter Lapis dévoré par son père Saturne sous la forme d’une roche.
S’il n’y avait jamais existé de géants pour déplacer des rochers si colossaux, jamais un Stonehenge ou un Carnac (Bretagne) n’aurait pu se réaliser, ni aucune autre de ces constructions cyclopéennes.
Si, à ces époques passées, la véritable et légitime science magique n’avait pas existé sur la face de la terre, jamais il n’y aurait eu tous ces témoignages de pierres oraculaires et parlantes.
Dans un poème attribué à Orphée, ces pierres sont divisées en Ophites et en sidérites : la Pierre-Serpent et la Pierre-Étoile.
L’ophite est rugueuse, dure, pesante et noire, et elle a le don de parole ; lorsqu’on vient pour la lancer, elle produit un son semblable au cri d’un enfant. C’est grâce à l’une de ces pierres qu’Hélénos prédit la ruine de Troie, sa chère patrie.
Des documents sacrés extrêmement anciens affirment qu’Eusèbe ne se séparait jamais de ses Ophites et qu’il recevait d’elles des oracles proférées avec une petite voix semblable à un léger sifflement, le même qu’Élie ou Elijah entendit dans la bouche de la grotte après le tremblement de terre.
La fameuse pierre de Westminster était appelée Liafail, la pierre parlante, et elle ne faisait entendre sa voix que pour nommer le roi qui devait être élu. Cette pierre portait une inscription, aujourd’hui effacée par la poussière des siècles, qui disait : « Ni fallat fatum, scoti quocumque locatum invenient Lapidem, regnasse tenen-turibidem ».
Suidas parle d’un homme qui pouvait distinguer à vue d’œil les pierres inanimées de celles qui étaient dotées de mouvement. Pline fait mention de pierres qui s’éloignaient lorsqu’une main s’en approchait.
Les pierres monstrueuses de Stonehenge étaient appelées anciennement Chior-Gaur la « danse des géants ».
Divers auteurs très érudits parlent des ruines de Stonehenge, Carnac et West Hoadley, et ils donnent des informations merveilleuses sur ce phénomène si spécial.
On trouve dans ces régions d’immenses monolithes, dont certains pèsent jusqu’à cinq cents tonnes. Ce sont les géants des temps antiques qui ont pu un jour soulever ces masses, les disposer en une forme symétrique parfaite et les asseoir avec un équilibre si merveilleux qu’elles semblent à peine toucher le sol ; et malgré que le contact le plus léger, celui d’un doigt, les mettrait en mouvement, elles résisteraient toutefois à la force de vingt hommes qui tenteraient de les déplacer.
Ce furent les géants qui transportèrent les pierres pour construire les pyramides d’Égypte.
La pierre oscillante fut un moyen de divination utilisé par les géants ; mais pourquoi ces pierres oscillentelles ? Les plus énormes d’entre elles sont évidemment des reliques des Atlantes ; les plus petites, comme les roches de Brimham, avec des pierres giratoires à leur sommet, sont des copies des Lithoi plus antiques.
Chapitre 19 : La Rune Bar
Dans la langue d’or, à l’aurore purissime du langage divin, nous découvrons avec un grand étonnement mystique que Bar, en syrien, veut dire « fils ».
Baron, en lui-même, se décompose en deux syllabes sacrées : bar et on, que l’on peut traduire intelligemment par « fils de la terre ».
Le Christ, le Logos solaire, est une chose beaucoup plus profonde : en langue araméenne, il est Bar Ham, le Fils de l’homme.
Il est certain que le Christus ou Crestos cosmique triomphant n’est pas Jésus, mais qu’il fut incarné en lui ; il n’est pas non plus le Bouddha, mais il fleurit sur ses lèvres fécondes, s’étant fait Verbe ; il ne fut pas Moïse, mais il resplendit sur son visage au sommet du mont Nebo ; il ne fut pas Hermès, mais il vécut incorporé en lui. Le Seigneur est dépourvu d’individualité.
La parole donne pouvoir à celui qui sait ; personne ne l’a prononcée, personne ne la prononcera, si ce n’est celui qui l’a incarnée.
« Il est nécessaire que tout Fils de l’homme (qu’on l’appelle Jésus, Bouddha, Krishna ou comme on veut) soufre de nombreuses choses et qu’il soit rejeté des anciens (ceux qui dans le monde sont tenus pour prudents, sensés et sages), des princes, des prêtres (ou des hommes qui représentent une autorité mondaine) et des scribes (ceux qui sont considérés sages dans le monde), qu’il soit livré à la mort et qu’il ressuscite le troisième jour ; mais je vous dis de plus qu’en vérité, certains ne goûteront pas la mort sans avoir vu par eux-mêmes le Royaume de Dieu ».
« Celui qui désire me trouver, qu’il se renie lui-même (qu’il dissolve le moi), qu’il porte sa croix jour après jour et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver son âme (l’égocentrique) la perdra, et celui qui, par amour pour moi, veut perdre son âme (c’est-à-dire celui qui veut mourir en lui-même), celui-là la sauvera ».
« En effet, à quoi sert à un homme d’accumuler toutes les choses du monde s’il se fait du tort et se perd lui-même ? »
« Car celui qui m’outrage, moi et mes paroles, outragera le Fils de l’homme lorsqu’il viendra dans toute sa majesté, de même que le Père et ses saints anges ».
En étudiant la grammaire cosmique, nous pouvons constater qu’il existe une relation intime entre les runes Tyr et Bar. Tyr correspond ésotériquement au signe zodiacal des Poissons et Bar resplendit et flamboie dans la brillante constellation du Bélier, ce qui nous rappelle la relation occulte qui existe entre l’eau et le feu, entre la mort et la vie.
Si nous plaçons un B devant la syllabe sacrée Ar, nous voulons par-là indiquer, signaler la nécessité d’amener le Soleil à la Terre. Ar-Bar-Man est le nom primitif d’Abraham.
Incarner le Christ en soi et à l’intérieur de soi-même, voilà ce qui est vital, capital, fondamental, pour se transformer en Fils de l’homme ; c’est la seule façon d’entrer de plein droit dans l’Ordre de Melchisédech.
Il s’avère opportun de rappeler au fils de la terre, aux habitants du monde, à la race lunaire, que de la même manière que l’eau mit fin à l’histoire antique, de même le feu détruira très bientôt tout ce qui contient de la vie.
Pauvres habitants de la terre ! Malheur à cette race perverse d’Adam !
« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit ; en ce jour, les cieux se déplaceront dans un grand fracas, les éléments ardents seront déchaînés, et la terre et les œuvres qu’elle abrite seront brûlées ».
Il est bon que les fils de la terre sachent que la race solaire habite les terres de Jinas des mille et une nuits.
Il est urgent, indispensable, nécessaire de nous transformer réellement en rois et prêtres de la nature selon l’Ordre de Melchisédech ; c’est la seule façon dont nous pourrons être sauvés.
Nous pouvons et devons affirmer clairement que, parmi les multiples facettes inquiétantes de la vie, il existe à nos côtés une humanité qui nous est invisible à cause de nos péchés et de nos abus sexuels.
Avec le consentement des très vénérables et respectables Maîtres, il m’est permis d’informer les gens lunaires que l’Ordre de Melchisédech a de nombreuses confréries ; rappelons-nous, ne serait-ce que pour un instant, le Montsalvat transcendant, l’exotique Shambala, l’île sacrée du Nord, située sur la calotte polaire, l’Ordre divin du Tibet, auquel j’ai l’honneur d’être affilié, etc.
Il est évident que ces organisations ineffables s’avèrent inabordables, grâce au voile d’Isis. Il convient d’expliquer aux gens que le voile adamique sexuel ne peut être soulevé que par le Christ intime.
Le Fils de l’homme naît du feu et de l’eau. C’est la Religion-Synthèse, la doctrine de Janus avec ses trois initiales : I, A, O.
Le fils de la terre déteste cette doctrine. Sa devise est plutôt : « Mangeons et buvons, puisque demain nous mourrons ! »
Il est écrit que la race atlante fut dévorée par l’Averne ; seuls les Fils du soleil furent sauvés.
Nous savons d’après la loi de la récurrence que cet événement se répétera. L’entrée de l’humanité actuelle dans l’involution submergée de l’organisme planétaire où nous vivons est une chose évidente, notoire, bien visible.
Il existe trois Églises : 1) l’Église triomphante, brillamment représentée par les quelques chevaliers du Graal qui résistèrent et restèrent purs ; 2) l’Église déchue, celle de ceux qui détestent la pierre initiatique ; 3) l’Église militante, celle des autres qui, comme Marie-Madeleine, Paul de Tarse, Kundry et Amfortas, se rebellent encore contre le feu luciférien, séducteur.
L’Église triomphante est assurément celle des frères qui ont remonté par le dur sentier du salut, « per aspera ad Astra », comme le dit la devise latine ; ce sont de véritables Fils de Dieu, dans le sens mystique le plus beau.
En ésotérisme christique, « Fils de Dieu » et « Fils de l’homme » sont synonymes. Ce sont les chevaliers du Saint-Graal.
Chapitre 20 : Les Dix Règles de la Méditation
La méditation scientifique a dix règles de base, fondamentales, sans lesquelles il s’avérerait impossible de nous émanciper, de nous libérer des fers mortifiants du mental.
1ère règle : Se rendre pleinement conscient de l’état d’âme dans lequel on se trouve avant qu’une pensée quelconque surgisse.
2e règle : Psychanalyse : faire une recherche, une enquête, une investigation sur la racine, l’origine de chaque pensée, souvenir, affect, émotion, sentiment, ressentiment, etc., à mesure qu’ils surgissent dans le mental.
3e règle : Observer sereinement notre propre mental, porter une attention totale à toute forme mentale qui fait son apparition sur l’écran de l’intellect.
4e règle : Tenter de se rappeler, de se remémorer cette sensation de contempler instant après instant, durant le cours ordinaire de la vie quotidienne.
5e règle : L’intellect doit adopter un état psychologique réceptif entier, unitotal, plein, tranquille, profond.
6e règle : Il doit y avoir une continuité de propos dans la technique de méditation : ténacité, fermeté, constance, obstination.
7e règle : Il s’avère agréable et intéressant d’être présent chaque fois qu’il est possible aux salles de méditation (Lumitiaux gnostiques).
8e règle : Il est urgent, pressant, nécessaire de nous transformer en sentinelles de notre propre mental durant toute activité agitée ou mouvementée ; nous arrêter, ne serait-ce qu’un instant, pour l’observer.
9e règle : Il est indispensable, nécessaire de toujours pratiquer avec les yeux physiques fermés afin d’éviter les perceptions sensorielles externes.
10e règle : Relaxation absolue de tout le corps et sage combinaison de la méditation et du sommeil.
Cher lecteur, voici le moment venu d’évaluer et d’analyser judicieusement ces dix règles scientifiques de la méditation.
A- Le principe de base, le fondement vivant du Samadhi (extase) consiste en une connaissance introspective préalable de soi-même. Il est indispensable de nous introvertir durant la méditation de fond. Nous devons commencer par connaître en profondeur l’état d’âme dans lequel nous nous trouvons avant qu’apparaisse dans l’intellect quelque forme mentale. Il est urgent de comprendre que toute pensée qui surgit dans notre entendement est toujours précédée d’une douleur ou d’un plaisir, d’une joie ou d’une tristesse, d’une sensation d’aimer ou de ne pas aimer.
B- Réflexion sereine. Examiner, évaluer, s’enquérir de l’origine, de la cause, de la raison ou du motif fondamental de toute pensée, souvenir, image, sentiment, désir, etc., à mesure qu’ils surgissent dans le mental.
Exercice pour cette seconde règle : on place les bras vers le haut et on les descend avec les mains en forme de coquilles, en chantant les mantras Tir, Bar comme suit : T Iiiii Rrrrr, B Aaaaa Rrrrr.
Les objectifs de cet exercice sont : 1) Mélanger sagement dans notre univers intérieur les forces magiques des deux runes ; 2) Éveiller la conscience ; 3) Accumuler intimement des atomes christiques de très haut voltage.
On retrouve, dans la pratique de cette règle, l’autodécouverte et l’autorévélation.
C- Observation sereine. Porter une attention totale sur toute forme mentale qui fait son apparition sur l’écran de l’intellect.
D- Nous devons nous transformer en espions de notre propre mental, le contempler en action, d’instant en instant.
E- La Chitta (le mental) se transforme en Vrittis (ondes vibratoires). Le mental est comme un lac paisible et profond : une pierre y tombe, et des bulles se mettent à monter du fond. Toutes les diverses pensées sont autant de rides qui perturbent la surface de l’eau.
F- Les personnes inconstantes, capricieuses, versatiles, changeantes, celles qui n’ont pas de fermeté ou de volonté, ne pourront jamais atteindre l’extase, le Satori, le Samadhi.
G- Il est évident que la technique de la méditation scientifique peut se pratiquer aussi bien de façon individuelle, isolée, qu’en groupes de personnes qui ont des affinités.
H- L’âme doit se libérer du corps, des affects et du mental ; il s’avère évident, notoire, manifeste, que lorsqu’elle s’émancipe, se libère de l’intellect, elle se libère aussi de tout le reste.
I- Il est urgent, indispensable, nécessaire d’éliminer les perceptions sensorielles externes durant la méditation intérieure profonde.
J- Il est indispensable d’apprendre à relaxer le corps en vue de la méditation ; aucun muscle ne doit rester sous tension. Il est urgent de provoquer graduellement le sommeil à volonté.
Il est évident, notoire, indiscutable que la sage combinaison du sommeil et de la méditation produit ce qu’on appelle l’illumination.
Résultats
Sur le seuil mystérieux du temple de Delphes, il y avait une maxime grecque, gravée dans la pierre vive, qui disait « Nosce te Ipsum » : Homme, connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux.
Il est évident, manifeste, clair que l’étude de soi-même, la réflexion sereine aboutit en dernière instance à la quiétude et au silence du mental.
C’est lorsque le mental est tranquille et en silence, non seulement au niveau superficiel et intellectuel mais aussi dans tous et chacun des quarante-neuf départements subconscients, c’est alors qu’advient le nouveau : l’Essence, la conscience sort de sa bouteille, et l’éveil de l’âme, l’extase, le Samadhi, le Satori des saints se produit.
L’expérience mystique du réel nous transforme radicalement. Les gens qui n’ont jamais expérimenté directement ce qu’est la vérité passent leur vie à papillonner d’école en école, ils ne trouvent pas leur centre de gravité cosmique et meurent comme des ratés, sans avoir atteint l’autoréalisation intime qu’ils ont tant désirée.
L’éveil de la conscience, de l’Essence, de l’âme ou Bouddhata, n’est possible qu’en nous libérant, en nous émancipant du dualisme mental, de la bataille des antithèses, du remous intellectuel.
Toute lutte subconsciente, submergée, infraconsciente, inconsciente, devient une entrave à la libération de l’Essence (l’âme).
Toute bataille antithétique, aussi insignifiante et inconsciente soit-elle, indique, accuse des points obscurs ignorés, inconnus, des enfers atomiques de l’homme.
Il s’avère indispensable de réfléchir sur ces aspects infrahumains du moi-même, d’observer ces points obscurs, de les connaître, pour atteindre la quiétude absolue et le silence du mental.
C’est seulement en l’absence du moi qu’il est possible d’expérimenter ce qui ne relève pas du temps.
Chapitre 21 : La Tragédie de la Reine Didon
Personne ne peut nier le fait que l’éternelle Mère-Espace a deux aspects rivaux : Vénus et Astaroth, Heva et Lilith, Sophia Achamoth et Sophia Prunikos.
Parlons maintenant de Vénus, ou plutôt d’Astaroth, l’aspect négatif de la Prakriti, son antithèse ténébreuse dans la nature et dans l’homme.
La légende des siècles raconte que la cruauté de Kali enflamma le cœur de la reine Didon. La malheureuse souveraine ne voulut pas comprendre que cette passion était contraire à la volonté des dieux saints.
Ô Didon ! Lueur de songe délicieux, fleur du mythe enchanteur, ton admirable beauté chante la grâce d’Hermaphrodite et le charme aérien d’Atalante, et de ton allure ambiguë s’élève l’hymne de feu de l’antique muse que l’on invoque.
Assoiffé, Énée boit le vieux vin qui se trouve dans l’amphore, Phébus fronce les sourcils et Junon doit elle aussi les froncer, mais Kali Astaroth s’en rit comme toujours et Éros délaye son philtre dans les calices d’Hébé.
Avant de connaître Énée, l’illustre Troyen, la malheureuse reine s’était fait courtiser par Iarbas, roi de Libye, un homme vaillant qui ne supportait pas les offenses, un archer terrifiant qui demeurait avec ses gens de guerre près du désert africain.
Pauvre Didon ! Quelle terrible lutte intime dut-elle soutenir, prise entre son devoir sacré, son amour pour son peuple, et la cruelle blessure de Cupidon. Ce dernier entreprit son travail destructeur, effaçant insensiblement de la mémoire de la souveraine l’image de Sychée, son premier époux.
Lilith Astaroth, que de mal as-tu fait ! Déesse des désirs et des passions, mère de Cupidon, pour toi la tempête humaine fait jaillir le sang des cœurs. Tu oublias, ô reine, le terrible serment, et tu trouvas sur le chemin de ta vie un Troyen qui posa sur tes lèvres assoiffées un nouveau souffle, une belle coupe et un vin délicieux.
Et lorsqu’arriva Cupidon, une flamme triple et cruelle s’alluma dans ton sang rouge et tu livras la vendange de ta vie à l’épouvantable passion sexuelle au milieu des langues de feu.
Beauté à qui le sort terrible ordonna de se martyriser elle-même par tant de tendresse, elle reçut de Lucifer une perle rare de couleur noire qu’elle mit à son diadème de folies. La malheureuse reine consulta sa sœur Anna, et toutes deux coururent les autels des différents dieux, en quête de présages qui favoriseraient leurs désirs. Elles immolèrent des victimes à Cérès, à Phébus Apollon, à Dionysos et tout spécialement à Junon, déesse des femmes qui travaillent dans la neuvième sphère, celle qui préside les cérémonies nuptiales justes et parfaites.
Combien de fois, mon Dieu, la tragique reine ne se pencha-t-elle pas sur les flancs ouverts des innocentes victimes sacrifiées, inspectant leurs entrailles encore palpitantes ! Mais une femme en amour dont la conscience dort est, bien entendu, toujours disposée à interpréter tous les signes en faveur de son rêve.
Junon, la déesse des femmes initiées, assistait du haut du ciel, pleine d’indignation, aux progrès ténébreux que réalisait Astaroth Kali chez la pauvre Didon, mais tous ses appels et ses protestations furent inutiles.
Dévorée par la passion, la malheureuse souveraine passait toutes ses nuits éveillée, pensant exclusivement à Énée.
L’illustre Troyen reconstruisait les murs de Carthage et travaillait à fortifier une ville étrangère, follement amoureux.
Ah ! Si Mercure, le messager des dieux, n’était intervenu, le sort de la pauvre Didon aurait été bien différent.
L’épique paladin troyen doit s’en aller vers le Latium et oublier celle qui l’aime : tel est l’ordre de Jupiter, père des dieux et des hommes.
« Non, tu n’es pas un descendant de Dardanos ! Tu es né gelé et dur sur les rudes cimes du Caucase, et c’est une tigresse d’Hyrcanie qui t’a allaité de son sein ! » Voilà comment s’exclama la malheureuse souveraine, désespérée.
Ses plaintes et ses lamentations furent toutes inutiles ; la pauvre amoureuse n’est pas allée à Aulis faire un sacrifice aux dieux afin d’invoquer la destruction de la ville de Priam, elle ne fut jamais l’alliée des Achéens. Mais pourquoi, pourquoi mon Dieu ? Pourquoi cette malheureuse devait-elle souffrir autant ?
L’infortunée souveraine, transformée en esclave par le dard cruel de la passion animale, invoquait la mort.
Ses offrandes devant l’autel de la déesse Junon furent inutiles : la passion animale ne reçoit pas de réponse de la part des dieux.
Ah ! Si les gens savaient que le venin de la passion animale trompe le mental et le cœur.
La malheureuse reine se croyait amoureuse, le dard de Cupidon s’était enfoncé dans son cœur, mais il est certain qu’au fond, elle était plutôt passionnée.
La malheureuse implora, et elle vit aussitôt sur l’autel de Junon l’eau lustrale devenir noire comme le cilice et le vin sacré de la libation, rouge comme le sang.
Terribles instants. Sur la coupole solitaire du palais, le vautour de la mort pousse son chant sinistre tandis qu’elle rêve, se voyant parfois marcher dans un désert sans limite à la recherche de son Énée adoré, ou bien fuir, désespérée, persécutée par les furies impitoyables.
La malheureuse n’ignorait toutefois pas les moyens magiques infaillibles et merveilleux pour oublier une passion bestiale.
« Je vais te les dire pour que tu m’aides, dit-elle à sa sœur Anna. Tu érigeras un grand bûcher dans la grande salle du palais, qui fait face à la mer, et j’y mettrai et brûlerai les souvenirs que j’ai d’Énée, y compris son épée cloutée d’or que l’impie m’offrit comme présent pour nos noces qui ne se sont jamais réalisées ».
Malheureusement, au lieu de brûler sur la pierre funéraire les souvenirs de l’illustre Troyen, la souveraine passionnée résolut de s’immoler elle-même dans le feu ardent.
Elle ceignit ses tempes royales des rubans que portent les victimes destinées au sacrifice et, debout sur le bûcher funèbre, elle prit à témoin les cent dieux, l’Érèbe, le Chaos et Hécate, le troisième aspect de la divine Mère-Espace.
Elle, la malheureuse souveraine qui aurait pu se servir des effets magiques des herbes lunaires en les utilisant comme combustible pour incinérer les souvenirs, les passions et les mauvaises pensées, désira plutôt brûler avec violence sur le bûcher de la mort.
Elle supplia le soleil, elle appela Junon, elle invoqua les furies de la vengeance, elle commit l’erreur de maudire Énée, et finalement elle se transperça le cœur avec l’épée du Troyen. Sa sœur la trouva en train de brûler sur le bûcher. C’est ainsi que mourut la reine Didon.
Chapitre 22 : La Rune Ur
En sondant l’espace infini, en observant et en scrutant les registres akashiques de la nature, je pus vérifier par moi-même que la Lune est la mère de la Terre.
L’œil de Dagma ouvert, je m’immergerai dans le grand Alaya, la fameuse super-âme d’Emerson, l’âme du septième des Ameshaspendas des zoroastriens, celui qui était actif dans le précédent Mahamanvantara du Lotus d’or.
Je rendrai donc témoignage de ce que j’aurai vu et entendu. Écoutez-moi, hommes et dieux : je connais à fond les sept mystères de la Lune, les sept joyaux, les sept vagues de vie qui évoluèrent et involuèrent dans ce que les théosophes appellent la chaîne lunaire.
En réalité, le fait que la Lune soit le satellite de la Terre ne signifie qu’une seule chose, c’est-à-dire qu’elle tourne autour de notre monde.
En regardant les choses sous un autre angle, en les scrutant avec l’œil de Shiva (la vision spirituelle intense de l’adepte, du Jivanmukta), la Terre s’avère en réalité un satellite de la Lune.
Comme preuves à l’appui de cela, il y a les marées, les changements cycliques qui ont lieu dans plusieurs formes de maladie et qui coïncident avec les phases lunaires ; on peut observer l’influence de la Lune sur le développement des plantes, et elle est très marquée dans les phénomènes de conception et de gestation de toutes les créatures.
La Lune a déjà été un monde habité ; aujourd’hui, elle est un froid résidu, une ombre. Traînée par le nouveau corps dans lequel ses pouvoirs et ses principes de vie ont été passés par transfusion, elle se trouve condamnée à persécuter la Terre durant une immense période de temps ; elle est une mère qui tourne autour de son enfant et qui a l’air d’un satellite.
J’ai vécu dans l’humanité lunaire, j’ai connu ses sept races, ses époques de civilisation et de barbarie, ses cycles alternés d’évolution et d’involution.
À l’époque où les Sélénites parvinrent à la sixième sous-race de la quatrième ronde, période à laquelle sont arrivés les terricoles actuels, j’accomplis alors une mission semblable à celle que je suis en train d’accomplir à présent sur cette planète où nous vivons.
J’enseignai aux gens de la Lune la Religion-Synthèse contenue dans la pierre initiatique (le sexe), la doctrine de Janus (IAO), celle des Jinas. J’allumai la flamme de la Gnose chez les Sélénites, je formai un mouvement gnostique, je semai le germe. Je dois toutefois vous dire qu’une partie de la semence tomba à côté du chemin et que les oiseaux mondains vinrent la dévorer.
Une partie tomba dans la rocaille et les discussions, dans les théories et les angoisses, là où il n’y avait pas de gens réflexifs ou profonds ; ceux-ci ne résistèrent pas à l’épreuve du feu et ils séchèrent à la lumière du soleil, ils n’avaient pas de racine.
Une autre partie tomba parmi les épines, parmi les petits frères qui se blessèrent les uns les autres par la calomnie, les commérages, etc. ; les aiguillons poussèrent et les étouffèrent.
Heureusement, mon travail de semeur ne fut pas perdu, car une partie tomba sur une bonne terre et porta fruit, parfois à cent pour un, parfois à soixante pour un, et parfois encore à trente pour un.
Dans la Deva matri, dans l’Aditi ou espace cosmique, à l’intérieur de l’Ur runique, dans le microcosme homme-machine ou, pour mieux dire, chez l’animal intellectuel, il existe de nombreuses facultés latentes qui peuvent être développées grâce à d’énormes sur-efforts intimes.
Sur l’antique Lune, avant qu’elle ne se soit convertie en cadavre, ceux qui acceptèrent la Religion-Synthèse de Janus furent sauvés et se transformèrent en anges ; toutefois, la majorité, les ennemis du Maïthuna, ceux qui rejetèrent la pierre initiatique (le sexe) se convertirent en les Lucifers dont parle la Bible, des démons terriblement pervers.
Inutile de dire qu’il y a toujours une troisième position : lors de l’apocalypse lunaire, un groupe « froid » devint plus « chaud » et accepta le travail dans la neuvième sphère (le sexe) ; on donna à ces gens une nouvelle demeure pour qu’ils puissent y travailler la pierre brute jusqu’à lui donner la forme cubique parfaite.
« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête de l’angle : pierre d’achoppement et rocher de scandale ».
À cette époque, les Sélénites avaient une religion épouvantablement sanguinaire : les pontifes de ce culte me condamnèrent à la peine de mort et je fus crucifié au sommet d’une montagne, près d’une grande ville.
Le transfert de tous les pouvoirs vitaux de la Lune à cette planète Terre laissa la vieille demeure sélénite sans vie. L’âme lunaire est aujourd’hui réincarnée dans ce monde où nous vivons.
Je m’absorbais dans l’Absolu à la fin du Mahamanvantara lunaire, qui avait duré 311 040 milliards d’années, c’est-à-dire une époque de Brahma.
Il est indispensable de dire que nous, les vagues monadiques de la Lune, nous nous immergeâmes après le grand jour dans l’Ur runique, dans le ventre profond de l’éternelle Mère-Espace.
Il est urgent d’affirmer que durant ce Maha Samadhi (extase sans fin), nous pénétrâmes beaucoup plus profondément et parvînmes au Père Brahma, à l’esprit universel de vie.
Il est nécessaire de préciser que Brahma s’immergea dans l’absolu durant toute la période du Mahapralaya, la grande nuit.
Pendant le terrible repos paranirvanique, les ténèbres inconnues se transformèrent pour nous, les frères, en lumière incréée.
Uhr est l’horloge, la mesure du temps, le Mahamanvantara Ruh est le repos, le grand Pralaya.
La nuit cosmique dure en réalité aussi longtemps que le grand jour. Il est de mon devoir d’affirmer que chacun d’entre nous, les frères, s’absorba radicalement dans son atome primordial Ain-Soph.
Lorsque vient l’aurore du nouveau jour cosmique, l’éternelle Mère-Espace se gonfle de l’intérieur vers l’extérieur, comme un bouton de lotus. L’univers est conçu dans le ventre de la Prakriti.
Pratique
Remplis d’amour envers notre Mère divine et nous imaginant ce grand ventre où sont conçus les mondes, nous prions comme suit : « À l’intérieur de mon Être réel interne réside la lumière divine. Ram-Io est la Mère de mon Être, Devi Kundalini. « R Aaaaa Mmmmm I Ooooo aide-moi, R Aaaaa Mmmmm I Ooooo secours-moi, R Aaaaa Mmmmm I Ooooo illumine-moi, R Aaaaa Mmmmm I Ooooo est ma Mère divine ». « Mon Isis, tu portes l’enfant Horus, mon Être véritable, dans tes bras, il faut que je meure en moi-même pour que mon Essence se perde en Lui, Lui, Lui ».
Indication : on fait cette prière face au soleil, les mains levées les jambes doivent être ouvertes et le corps accroupi pour recevoir de plus en plus de lumière.
Chapitre 23 : L’Histoire du Maître Meng Shan
Les vieilles traditions qui se perdent dans la nuit des siècles racontent que le Maître chinois Meng Shan connut la science de la méditation avant l’âge de vingt ans.
Les mystiques d’Asie racontent qu’à partir de cet âge jusqu’à trente-deux ans, le Maître en question étudia auprès des dix-huit anciens.
Il s’avère certainement intéressant, attrayant, suggestif, de savoir que ce grand illuminé étudia avec une infinie humilité aux pieds du vénérable ancien Wan Shan, qui lui enseigna à employer intelligemment le puissant mantra Wu ; ce mantra se prononce comme un double « ou », en imitant sagement le hurlement de l’ouragan dans les gorges des montagnes.
Jamais ce frère ne put oublier l’état d’alerte-perception, d’alerte-nouveauté, qui est si urgent pour éveiller la conscience.
L’ancien vénérable, le gourou Wan Shan, lui dit que durant les douze heures du jour, il faut être alerte comme le chat qui guette un rat ou comme la poule qui couve un œuf, sans abandonner sa tâche une seule seconde.
Dans ces études, ce ne sont pas les efforts qui comptent, mais plutôt les sur-efforts ; tant que nous ne sommes pas illuminés, nous devons travailler sans repos, comme un rat qui ronge un cercueil. Si nous pratiquons de cette manière, nous finirons par nous libérer du mental et nous expérimenterons de façon directe cet élément qui transforme radicalement, cela qui est la vérité.
Un jour, après dix-huit jours et dix-huit nuits de méditation intérieure profonde ininterrompue, il s’assit pour prendre le thé, et alors, oh merveille ! Il comprit la signification intime du geste du Bouddha lorsqu’il montre la fleur et le sens profond du sourire exotique de Mahakasyapa, impossible à oublier.
Il interrogea trois ou quatre anciens sur cette expérience mystique, mais ceux-ci gardèrent le silence ; d’autres lui dirent que cette expérience ésotérique vécue pourrait s’identifier au Samadhi du sceau de l’océan. Comme de raison, ce sage conseil lui inspira une pleine confiance en lui-même.
Meng Shan avançait triomphalement dans ses études ; néanmoins, il n’y a pas que des roses dans la vie, il y a aussi des épines. Durant le mois de juillet de l’année Chin Din (1264), il contracta malheureusement la dysenterie à Chunking, dans la province de Sze-Chaun.
La mort sur les lèvres, il décida de faire son testament et de disposer de ses biens terrestres. Ceci fait, il se redressa lentement, fit brûler de l’encens et s’assit sur un fauteuil de cérémonie élevé, où il pria en silence les trois Bienheureux et les dieux saints, se repentant devant eux de toutes les mauvaises actions qu’il avait commises dans sa vie. Considérant la fin de son existence comme une chose sûre, il fit aux Ineffables sa dernière demande : « Je désire que, grâce au pouvoir de Prajna et à un état contrôlé du mental, je puisse me réincarner en un lieu favorable où je puisse me faire moine (Swami) en jeune âge. Si par hasard je me remets de cette maladie, je renoncerai au monde, je prendrai l’habit et je tenterai d’amener la lumière à d’autres jeunes bouddhistes ».
Après avoir formulé ces vœux, il s’immergea en méditation profonde, chantant le mantra Wu ; la maladie le tourmentait, les intestins le torturaient épouvantablement, mais il résolut de ne pas leur prêter attention. Meng Shan oublia radicalement son propre corps, ses paupières se fermèrent serrées et il resta comme mort.
Les traditions chinoises racontent que lorsque Meng Shan entra en méditation, seul le Verbe, c’est-à-dire le mantra Wu (OU… OU…), résonnait dans son mental ; par la suite, il ne sut plus rien de lui-même.
Et la maladie, qu’en advint-il ? Que se passa-t-il ? On peut clairement et lucidement comprendre que toute affection, tout malaise, toute indisposition a pour base certaines formes mentales bien précises ; si nous parvenons à l’oubli radical et absolu d’une souffrance quelconque, alors le ciment intellectuel se dissout et l’indisposition organique disparaît.
Lorsqu’au début de la nuit, Meng Shan se leva du fauteuil, il sentit avec une joie infinie qu’il était déjà à moitié guéri. Il s’assit ensuite de nouveau et continua à s’immerger en méditation profonde jusqu’à minuit ; sa guérison fut alors complète.
Au mois d’août, Meng Shan alla à Chiang Ning et, plein de foi, il entra dans la prêtrise. Il demeura un an dans ce monastère, puis il débuta un voyage au cours duquel il cuisinait lui-même ses aliments, lavait ses vêtements, etc. Il comprit alors de manière intégrale que la tâche de la méditation doit être une chose tenace, résistante, forte, ferme, constante, où l’on ne doit jamais, au grand jamais, se lasser.
Plus tard, à force de marcher sur ces terres chinoises, il parvint au monastère du Dragon jaune ; il y comprit à fond la nécessité d’éveiller la conscience. Puis il poursuivit son voyage vers Che Chiang.
À son arrivée, il se jeta aux pieds du Maître Ku Chan, de Chin Tien, et il jura de ne pas sortir du monastère avant d’avoir atteint l’illumination.
Après un mois de méditation intensive, il récupéra le travail perdu au cours du voyage, mais pendant ce temps son corps se couvrit d’horribles ampoules ; il les ignora intentionnellement et poursuivit sa discipline ésotérique.
Un jour quelconque, peu importe lequel, certaines personnes l’invitèrent à un repas délicieux. Il emporta son Hua Tou avec lui sur le chemin, il travailla avec et ainsi, plongé en méditation profonde, il passa devant la porte de son amphitryon sans s’en rendre compte. C’est alors qu’il comprit qu’il pouvait soutenir le travail ésotérique tout en étant en pleine activité.
Le 6 mars, alors que Meng Shan méditait à l’aide du mantra Wu, le moine principal du monastère entra dans le Lumitial de méditation dans le but évident de brûler de l’encens, mais en frappant la boîte de l’encensoir, cela produisit un bruit et Meng Shan se reconnut alors, et il put voir et entendre Chao Chou, notable Maître chinois.
« Désespéré, je parvins au point mort du chemin ; je frappais la vague, (mais) ce n’était que de l’eau. Ô Chao Chou, cet ancien notable dont le visage est si laid ! »
Tous les biographes chinois sont d’accord pour affirmer qu’à l’automne, Meng Shan s’entretint avec Hsueh Yen à Ling An, ainsi qu’avec Tui Keng, Shin Keng, Hsu Chou et d’autres anciens notables.
J’ai pu comprendre que le Koan, la phrase énigmatique qui fut décisive pour Meng Shan fut, sans l’ombre d’un doute, celle avec laquelle Wan Shan l’interrogea : la phrase « la lumière brille sereinement sur le sable du rivage » n’est-elle pas une observation prosaïque de cet idiot de Chang ? »
Méditer sur cette phrase suffit à Meng Shan. Lorsque Wan Shan l’interrogea plus tard avec la même phrase, c’est-à-dire lorsqu’il lui répéta la question, le mystique jaune répondit en jetant sur le sol l’oreiller de son lit, comme pour dire « maintenant, je suis éveillé ! »
Chapitre 24 : Le Pays des Morts
Énée, l’insigne Troyen, escalade d’un pas olympique et solennel l’auguste montagne d’Apollon, dont la cime majestueuse abrite l’antre mystérieuse de la pythonisse.
Près du temple, le bois sacré du troisième aspect de la Mère divine Kundalini, la forêt ineffable d’Hécate, de Proserpine, de Coatlicue. Un sanctuaire hermétiquement scellé par cent portes ; un vestibule glorieux où Dédale, l’habile sculpteur, grava avec une maîtrise extraordinaire des reliefs merveilleux.
On dit qu’Icare, dont l’IAO fut ciselé par son père dans la roche sacrée de ce mystérieux vestibule, voulut monter au ciel et se convertir en Fils du soleil ; mais ses ailes de cire fondirent et il tomba dans l’horrible précipice.
C’est un symbole merveilleux : vaine tentative de ceux qui ne savent pas travailler avec le Fiat lumineux et spermatique du premier instant, disgrâce et chute des alchimistes qui répandent la matière première du Grand-Œuvre.
N’est-ce pas le même Dédale, le fameux sculpteur auteur de l’Icare, qui montra à Thésée comment s’échapper du labyrinthe inextricable de Crète ?
Horrible couloir au centre duquel se trouvait toujours le fameux Minotaure, mi-homme, mi-bête ; intellect compliqué emprisonné dans le moi-même.
Ce n’est qu’en éliminant la bête intérieure que nous pouvons nous rendre vraiment libres. Ce n’est qu’en dissolvant l’Égo animal que nous parviendrons à l’autoréalisation intime.
« Ce n’est pas le moment d’admirer des œuvres d’art, s’exclame la prêtresse. Bientôt Apollon viendra, semblable à un vent d’ouragan ».
Et l’illustre Troyen sacrifie alors cent agneaux noirs en l’honneur de Proserpine, le troisième aspect manifesté de l’éternelle Mère-Espace, la reine des enfers et de la mort.
Dès que la Sibylle prononce ses paroles, ô mon Dieu ! Un épouvantable tremblement de terre secoue les entrailles de la terre et la prêtresse s’exclame, transfigurée : « Apollon ! Voici Apollon ! Ah ! Énée écoute-moi, prie ! Les portes de cet antre ne s’ouvriront pas tant que tu ne l’auras fait ! »
La légende des siècles raconte qu’en entendant ces paroles vénérables, cet homme remarquable fit monter vers Apollon ses supplications ardentes.
La voix transfigurée par l’extase, la vestale parla à l’insigne guerrier, l’informant qu’il parviendrait à poser le pied sur les côtes d’Italie et qu’il s’établirait à Lavinio. Elle lui prédit qu’un second Achille, aussi fort que le premier, lui déclarerait la guerre.
Elle lui dit qu’il coulait du sang dans les fleuves latins, tout comme dans le Xanthe et le Simoïs de Troie, mais elle lui dit aussi de ne pas se décourager ni céder devant l’adversité, et qu’à la fin il sera sauvé grâce à l’aide d’une ville grecque.
« Ainsi le sanctuaire de Cumes répand sur la montagne sa sainte horreur ; dans les profondeurs du temple, la terre hurle et la vérité se déguise en ténèbres » (Demonius est Deus Inversus).
Énée implore la sibylle, il la supplie, il pleure, il la prie de le laisser entrer au pays des morts, il veut descendre dans la demeure de Pluton et dit : « Par ici, on peut descendre à la demeure des défunts. Ne pourrais-tu pas m’accompagner pour visiter mon père ? Pense au fait qu’il fut mon compagnon dans la fuite. Je le portai sur mes épaules pour fuir les ruines fumantes de Troie, et c’est lui-même qui me mène ici et qui me prie de te demander cette grâce. Dis-moi, est-ce trop demander ? Si Orphée y descendit armé seulement de sa lyre harmonieuse, si Thésée y descendit ainsi qu’Hercule, alors pourquoi ne pourrais-je y aller, moi qui suis petit-fils de Jupiter ? » (Énée était un initié).
Bien sûr, il est facile de descendre à l’Averne pour travailler dans la neuvième sphère et dissoudre le moi, mais il est épouvantablement difficile d’en revenir. C’est là le dur travail ! C’est là l’épreuve difficile !
Proserpine, la reine des enfers et de la mort, est assurément très capricieuse, et elle exige toujours de ceux qui vont la visiter qu’ils lui donnent en présent la pousse dorée, la branche d’or de l’arbre de la connaissance, avec une semence abondante.
Heureux celui qui trouve l’arbre magique, qui n’est certes pas très loin, vu qu’il s’agit de notre épine dorsale elle-même ; à celui-là, on ouvrira les portes de Pluton.
Quiconque veut monter doit d’abord descendre, c’est la loi. L’initiation est à la fois mort et naissance. Vous qui lisez ces lignes, laissez les morts enterrer leurs morts et suivez-moi.
Celui qui veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
Se renier soi-même signifie dissoudre le moi, mourir moment après moment, réduire le moi-même en poussière d’instant en instant.
Mettre sur nos épaules la croix pesante du Maître est une chose profondément significative. Le bâton vertical de ce symbole sacré est masculin, et la perche horizontale est féminine ; le croisement sexuel de ces deux pôles renferme la clé de la seconde naissance.
Suivre le Seigneur de seconde en seconde implique se sacrifier pour l’humanité, être disposés à donner jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour nos semblables, à nous immoler sur l’autel sacré de l’amour suprême pour tous nos frères du monde.
Et maintenant, dieux et hommes, écoutez-moi ! La sibylle et Énée pénétrèrent dans le sein de la terre par la grotte effrayante.
Je me fais témoin du Génie de la terre pour affirmer solennellement qu’avant de pénétrer dans l’Averne, on passe par l’Orcus (les limbes), qui est en soi un vestibule. C’est là que demeurent la maladie, la faim, conseillère horrible et perverse, la misère, les vaines réjouissances, la guerre, les furies, la discorde avec sa chevelure de vipères, la douleur et le sommeil de la conscience.
Énée y vit les rêves stupides des gens, il y vit des créatures horribles comme Briarée, le géant aux cent bras ; l’hydre de Lerne qu’Hercule tua avec maestria en lui coupant ses multiples têtes ; la Chimère des gens, monstre à tête de chèvre ; les Gorgones, les Harpies (sorcières), etc.
À partir de l’Orcus, une route mystérieuse conduit aux âmes perdues, au Tartare (les mondes infernaux).
Énée et la sibylle, assis dans la barque de Charon, naviguèrent sur les eaux de l’Achéron et parvinrent à l’autre rive.
Dans l’Averne, Énée rencontra Cerbère, le démon de la luxure, Minos, l’inexorable juge, et il vit le ruisseau lugubre serpenter neuf fois dans la neuvième sphère, ainsi que les eaux terribles du Styx.
Dans l’Averne, le pieux Énée rencontra Didon, la reine qui l’avait aimé, et il put également serrer son défunt père dans ses bras.
Chapitre 25 : La Rune Dorn et Thorn
Il y a à peine quelques jours, je visitai de nouveau le temple de Chapultepec, à Mexico.
Une sœur quelconque se prosterna humblement devant les portes du temple, pour en implorer l’entrée ; les supplications sincères sont toujours écoutées.
La Maîtresse Litelantes et moi entrâmes derrière la suppliante. Je ne peux franchement pas nier que, rempli de vénération et de dévotion profonde, j’avançai en marchant à genoux comme le font certains pénitents, et que je montai ainsi, lentement, chacune des marches du sanctuaire.
Litelantes entra très joyeuse, en jouant un peu, et je dus devenir un peu sévère ; elle s’étonna de mon attitude. Une fois entré dans le temple, je suis différent, et je dus le lui dire.
Les portes étant ouvertes, un groupe de gens lunaires, de pauvres gens, en profita pour entrer.
Litelantes et mon insignifiante personne qui ne vaut rien, nous nous sentions tellement différents de tous ces gens vêtus de haillons lunaires. Vraiment, comme les corps solaires sont différents !
Ce qui étonnait, c’est la façon dont le groupe lunaire avançait : sans vénération, sans respect. Je pus toutefois comprendre clairement et en toute lucidité que je devais regarder ce groupe avec sympathie, car il s’agissait de gens choisis qui avaient beaucoup de mérite.
Par malheur, ce n’était pas une heure de réunion ; en outre, la façon dont ces gens entrèrent n’avait rien de très ordonné.
Le Maître supérieur du temple les gronda sévèrement et les sortit même du temple : il chanta dans une langue si délicieuse, et tout le monde dut se retirer.
Je me mis à réfléchir sur tout cela. L’amour du Christ est formidable. Ce groupe lunaire est très sincère ; les pauvres, ils n’ont pas atteint la deuxième naissance, mais ils méritent qu’on les aide et le Seigneur prend soin d’eux et les cultive comme s’ils étaient de délicates petites fleurs de serre. On leur donnera finalement de bonnes occasions de travailler dans la neuvième sphère, malheur à eux s’ils devaient alors échouer dans la difficile épreuve !
La descente à l’Averne, la descente à la neuvième sphère fut, depuis les temps antiques, la plus grande épreuve à la suprême dignité de l’Hiérophante. Bouddha, Jésus, Dante, Hermès, Krishna, Quetzalcoatl, etc., durent tous descendre à la demeure de Pluton.
C’est là que se trouve l’antre où on entend hurler Cerbère, prodige de terreur, qui remplit les défunts d’épouvante par ses aboiements, ses trois énormes têtes plates et son collier entouré de serpents.
Ces pénibles profondeurs sont habitées par ceux qui moururent trompés par le venin de la passion sexuelle : Evadné, Pasiphaé, Laodamie, de même que la pauvre reine Didon, celle qui avait autrefois juré fidélité aux cendres de Sychée.
De nombreux héros de la Troie antique y vivent aussi : Glaucos, Médon, Tersiloque, Polybete et Ideo, qui fut tant aimé et tellement craint.
On y trouve les ombres terribles d’Agamemnon, d’Ajax et de nombreux autres Achéens qui combattirent Troie ; ivres de lumière et de sang, ils fuient et hurlent dans ces ténèbres, repassant leur vie comme s’ils étaient toujours en train de se battre dans la plaine arrosée de soleil.
On y trouve la ville sinistre, ceinte d’une muraille triple, d’où s’échappent d’horribles gémissements plaintifs et des bruits de chaînes.
C’est là que les trois Furies (le désir, le mental et la mauvaise volonté) fouettent les coupables avec ces fouets horribles qui sifflent comme des langues de vipères.
De même, les titans de l’antique Atlantide qui tentèrent d’escalader le firmament, de conquérir d’autres mondes de l’espace infini sans être parvenus à la sainteté véritable, vivent aussi dans ces régions ténébreuses et submergées.
Dans le Tartare vivent les fornicateurs, les adultères, les homosexuels, les assassins, les ivrognes, les avares, les égoïstes, les voleurs, les escrocs, les colériques, les violents, les convoiteurs, les envieux, les orgueilleux, les vaniteux, les paresseux, les gloutons, les fondateurs de mauvaises doctrines, les pharisiens hypocrites, les traîtres et les matérialistes athées, ennemis de l’éternel.
Ô mon Dieu ! La multitude des crimes est immense, et même si on avait cent bouches, mille langues et une voix d’acier, jamais on n’arriverait à les énumérer tous.
Il est extrêmement facile de descendre dans ces régions minérales de la terre, dans ce sous-monde ; mais remonter, retourner à la lumière du soleil, est une chose épouvantablement difficile, quasi impossible.
Lorsque je naquis dans le monde causal, ou pour mieux dire dans l’univers parallèle de la volonté consciente, le linge sacré de la Véronique resplendissait sur l’autel du temple.
Provenant de l’époque correspondant à l’âge de bronze, on trouve ciselées dans la roche de nombreuses têtes couronnées d’épines.
Il existait un culte au dieu des épines ; lorsqu’on considère et qu’on examine judicieusement ces dernières, elles évoquent clairement la forme symbolique de la Rune Thorn.
Dans les mystères sacrés du culte-épine, on donnait des pratiques spéciales pour développer la volonté consciente.
Dorn, épine, veut dire volonté. Rappelez-vous, frères gnostiques, que notre grande devise est Théléma.
La Sainte Face couronnée d’épines représente Théléma, c’est-à-dire la volonté consciente.
Dorn est également le phallus, le principe volitif de la magie sexuelle (le Maïthuna).
À l’aide du phallus, il faut accumuler intelligemment cette énergie séminale qui, lorsqu’on la réfrène et la transmute, se convertit en Théléma, en volonté.
Armez-vous d’une volonté d’acier ; rappelez-vous, cher lecteur, que sans l’épine qui pique, qui blesse, l’étincelle ne sort pas, la lumière ne jaillit pas.
Ce n’est qu’à l’aide de Théléma (la Volonté-Christ) que nous pourrons sortir du Tartare pour retourner à la lumière du soleil.
En vérité, je vous dis que la Volonté-Christ sait obéir au Père, dans les cieux comme sur la terre.
Prenez garde à la mauvaise volonté ; elle est en soi, la force (le désir concentré) de Satan.
Pratique
Dans la position militaire du garde-à-vous, face à l’Orient, placez le bras droit de sorte que la main s’appuie sur la taille pour tracer la forme de cette Rune.
Chantez à présent les syllabes mantriques Ta, Té, Ti, To, Tu dans le but de développer en vous-même la Volonté-Christ.
On doit pratiquer cet exercice tous les jours au lever du soleil.
Chapitre 26 : Le Moi
Vous qui scrutez avec une patience mystique l’arcane de la nuit mystérieuse, vous qui avez compris l’énigme qui se cache dans chaque cœur, la résonance d’un véhicule au loin, d’un vague écho, d’un son léger dans le lointain, écoutez-moi : dans les moments de profond silence, lorsque surgissent du fond de la mémoire les choses oubliées, les temps passés, lorsque viendra l’heure des morts, l’heure du repos, vous saurez étudier ce chapitre du cinquième évangile, non seulement avec le mental, mais aussi avec le cœur.
Comme dans une coupe d’or, je déverse dans ces lignes mes douleurs des lointains souvenirs et des malheurs funestes, les tristes nostalgies de mon âme enivrée de fleurs, chagrin de mon cœur triste de tant de fêtes.
Mais qu’est-ce que je veux dire par là ? Mon âme, voilà que tu te lamentes de tout ce passé par des plaintes vaines ?
« Tu peux même marier la rose odorante et le lis, et il y a des myrtes pour ta douloureuse tête grise ».
« L’âme, rassasiée de vains souvenirs, immole cruellement ce qui réjouit l’Égo, comme Zingua, reine de l’Angola, noire lubrique ».
Tu t’es réjoui d’horribles bacchanales, de plaisirs idiots dans l’agitation mondaine, et à présent, pauvre de toi ! Écoute l’imprécation terrible de l’Ecclésiaste !
Malheur à toi, pauvre Égo ! Le moment de passion t’ensorcelle, mais vois comme le Mercredi des cendres approche. « Memento, homo ».
C’est pour cette raison que les âmes choisies se dirigent vers la montagne de l’initiation, et qu’Anacréon et Omar Khayyam s’y expliquent.
Le temps passé ronge tout, inclément, et il se dépêche à le faire ; sachez le vaincre, ô Cynthia, Chloé et Cydalise !
En l’absence du moi et au-delà du temps, j’expérimentai ce qu’est le réel, cet élément qui transforme radicalement.
Vivre le réel au-delà du mental ! Expérimenter de façon directe ce qui ne relève pas du temps, voilà une chose certainement impossible à décrire en paroles.
J’étais dans cet état connu dans le monde oriental sous le nom de Nirvikalpa-Samadhi. Tout en étant un individu, j’avais dépassé toute individualité ; je sentis pour un instant que la goutte se perdait dans l’océan qui n’a pas de rivage ; mer d’une lumière indescriptible, abîme sans fond, vide bouddhique rempli de gloire et de félicité.
Comment définir le vide Illuminateur ? Comment décrire ce qui est au-delà du temps ?
Le Samadhi devint extrêmement profond ; l’absence absolue du moi, la perte de l’individualité, l’impersonnalisation qui devenait de plus en plus radicale, me causèrent de la peur.
Oui, peur ! J’eus peur de perdre ce que je suis, ma propre particularité, mes affections humaines ! Comme elle est terrible, l’annihilation bouddhique !
Rempli de terreur, voire de frayeur, je perdis l’extase ; de retour dans le temps, je revins dans la bouteille du moi, je tombai dans le mental.
C’est alors, pauvre de moi ! C’est alors que je compris la lourde plaisanterie de l’Égo : c’est lui qui souffrait, lui qui craignait pour sa propre vie, lui qui criait. Satan, le moi-même, mon cher Égo, m’avait fait perdre le Samadhi. Quelle horreur ! Si je l’avais su avant.
Et dire que les gens adorent tant l’Égo, qu’ils le qualifient de divin, de sublime. Qu’est-ce qu’ils peuvent se tromper, c’est sûr ! Pauvre humanité !
Au moment où j’ai vécu cette expérience mystique, j’étais encore très jeune, et elle (la nuit, le firmament) se nommait Uranie.
Ah ! Folle jeunesse qui joue avec les choses de ce monde et qui voit en chaque femme une nymphe grecque même si elle n’est qu’une chaude courtisane !
Que ce temps est loin déjà ! Mais j’en vois encore les fleurs dans les verts orangers imprégnés d’arômes ou dans les vieilles frégates qui arrivent des océans lointains, ou encore dans l’icaquier ou dans les palétuviers touffus. Ô toi, visage adoré à cette époque ! Tu m’apparais comme les premiers chagrins et les premiers amours.
Et je compris que je devais dissoudre l’Égo, le réduire en poussière, pour avoir droit à l’extase.
Mais alors, mon Dieu ! Je me retrouvai devant tant et tant d’hier ! En vérité, le moi est un livre à plusieurs tomes.
Comme la dissolution du moi me fut difficile, mais j’y parvins. Souvent je ne fuyais le mal que pour rentrer dans le mal, et je pleurais.
À quoi bon les viles envies et la luxure avec leurs reptiles qui se tortillent comme de pâles furies ? À quoi bon les haines funestes des ingrats ? À quoi bon les gestes livides des Pilate ?
Dans le tréfonds des hommes les plus chastes vit l’Adam biblique, ivre de passion charnelle, savourant avec délice le fruit interdit ; on retrouve même une Phryné dénudée jusque dans l’œuvre de Phidias.
Et je criai fort vers le ciel : « Donnez la science à ce fauve qui se trouve en moi, donnez-lui cette sagesse qui fait frémir les ailes de l’ange ! Permettez-moi, par la prière et par la pénitence, de mettre en fuite les mauvaises diablesses ; donnez-moi, Seigneur, d’autres yeux que ceux-ci qui ne jouissent qu’à regarder les rondeurs de neige et les lèvres rouges ; donnez-moi une autre bouche, où se trouvent imprimés à jamais les charbons ardents de l’ascète, plutôt que cette bouche d’Adam où les vins et les baisers fous augmentent et multiplient à l’infini mes appétits de bête ; donnez-moi des mains de pénitent discipliné qui me laissent le dos en sang, plutôt que ces mains lubriques d’amant qui caressent les pommes du péché ; donnez-moi du sang christique innocent, plutôt que celui-ci qui me fait brûler les veines, vibrer les nerfs et grincer les os. Je veux me libérer du mal et de la tromperie, mourir en moi-même et sentir une main affectueuse me pousser vers la grotte qui accueille toujours l’ermite ».
Et à force de travailler intensément, mes frères, je parvins au royaume de la mort par le chemin de l’amour.
Ah ! Si tous ceux qui recherchent l’illumination comprenaient vraiment que l’âme est prisonnière du moi.
Ah ! Si ceux-là détruisaient le moi, s’ils réduisaient le cher Égo en poussière cosmique, l’âme deviendrait alors réellement libre, en extase, en Samadhi continu ; ils expérimenteraient ainsi ce qu’est la vérité.
Quiconque veut vivre l’expérience du réel doit éliminer les éléments subjectifs des perceptions.
Il est urgent de savoir que ces éléments constituent les diverses entités qui forment le moi.
À l’intérieur de chacun de ces éléments, l’âme dort profondément. Que ! Malheur !
Chapitre 27 : La Cruelle Magicienne Circé
Les antiques traditions du Latium disent ce qui suit : « Toi aussi, Caiéta, nourrice Énéide, qui donnas à notre littoral sa renommée éternelle, si ton honneur accorde ce siège, il sera la grande Espriella ; car une fois qu’Énée, l’ancien, termine d’arranger le tumulus, le vent gonfle les douces voiles sous la lumière de la pleine lune et l’aviron lutte contre le doux marbre ; ainsi parvenons-nous à l’île d’Aea, où la cruelle déesse Circé donnait aux hommes des corps et des têtes de bêtes fauves ».
La légende des siècles raconte que Neptune, seigneur de la mer, dieu puissant et favorable aux Troyens, les éloigna de cet endroit ténébreux où demeurait l’épouvantable magicienne en leur envoyant des vents prospères.
Rappelons-nous le cas d’Ulysse, cet astucieux guerrier qui détruisit des citadelles, lorsqu’il pénétra dans la demeure de Circé. Les vieilles écritures disent que le guerrier s’arrêta devant la porte mystérieuse de l’endroit où demeurait la déesse aux beaux cheveux, qu’il l’appela et qu’elle l’invita à entrer.
Ulysse lui-même raconte son aventure dans l’Odyssée dans ces mots : « Je la suivis, le cœur plein de tristesse, et elle me fit asseoir dans un fauteuil clouté d’argent magnifiquement travaillé, avec un tabouret sous mes pieds. Aussitôt, elle prépara dans une coupe d’or le breuvage qu’elle allait m’offrir, dans lequel elle mélangea un sortilège. Après me l’avoir donné, et tandis que j’étais en train de boire, elle me toucha de sa baguette et me dit : Va maintenant à la porcherie et jette-toi sur le sol avec tes compagnons ! Elle dit ceci, mais je sortis alors mon épée tranchante de son fourreau et me jetai sur elle comme si j’allais lui donner la mort ; elle jeta cependant un grand cri et se prosterna, enlaça mes genoux et me dit ces paroles ailées : Qui es-tu donc parmi les hommes ? Quelle est ta ville ? Où sont tes parents ? Je m’étonne de ce fait extraordinaire : tu as bu ce sortilège et tu ne t’es pas transformé ! » Etc.
Circé qui transforme les hommes en porcs : serait-ce là une chose possible ? Qu’en dit la lycanthropie ? Qu’en disent les dieux saints ?
Nous avons déjà beaucoup parlé des trois états de l’éternelle Mère-Espace. Existe-t-il des aspects opposés pour la Deva Matri ? Qu’en dit la science occulte ?
Tout corps qui pénètre dans la quatrième dimension peut changer de forme, mais il manque toutefois quelque chose : qu’est-ce donc ?
Allons droit au but, aux faits : il est urgent de comprendre à fond que le troisième aspect de la Mère cosmique, appelons-le Hécate ou Proserpine, a toujours la possibilité de se séparer en deux autres aspects de type opposé et fatal. Définissons, précisons : ces deux aspects négatifs de la Prakriti constituent ce qu’on appelle Kali ou « Sainte-Marie ».
L’Arcane 6 du Tarot illustre les deux polarités de la grande Mère-Espace. Rappelons-nous la vertu et le vice, la vierge et la prostituée ; Heva, la lune blanche, et Lilith, la lune noire. Rappelons-nous les épouses gracieuses de Shiva (le troisième Logos), Parvati et Uma ; leurs antithèses sont ces femmes sanguinaires et féroces que sont Durga et Kali, cette dernière étant la régente ténébreuse de cet âge terrible du Kali-Yuga.
Kali, en tant que serpent tentateur de l’Éden, est l’abominable organe Kundartisseur dont nous avons tant parlé dans nos Messages de Noël précédents ; c’est par le pouvoir sinistre de cet organe fatal que les hommes se transforment en porcs.
Il n’y a certainement rien d’impossible au fait que les abominables harpies se transforment en vilains oiseaux horripilants et effrayants, ou qu’Apulée se transforme en âne ou les compagnons d’Ulysse en porcs ; ce sont des phénomènes tout à fait naturels de la quatrième dimension, quatrième verticale ou quatrième coordonnée, et ils sont toujours réalisés par le pouvoir ténébreux de Kali ou Circé.
Nos affirmations pourront paraître très étranges aux lecteurs qui n’ont jamais étudié nos Messages de Noël précédents, mais nous leur dirons en résumé que cette Circé ou Kali se trouve à être, en réalité, la force fohatique aveugle, l’électricité sexuelle transcendante utilisée de façon maligne.
Si une harpie pénètre avec son organisme physique à l’intérieur de la quatrième verticale et si elle se transforme par la suite en oiseau de mauvais augure ou en une bête quelconque, vous pouvez être absolument sûrs que tout son travail est fondé sur le sinistre pouvoir de l’abominable organe Kundartisseur.
Avez-vous déjà entendu parler de la queue de Satan ? C’est le feu sexuel projeté du coccyx vers le bas, vers les enfers atomiques de l’homme.
Cette queue luciférienne est sous le contrôle d’un atome malin de l’ennemi secret.
L’anatomie occulte enseigne que ce démon atomique est situé dans le centre magnétique du coccyx.
L’abominable organe Kundartisseur (la queue satanique) renferme tout le pouvoir de gauche, tout le pouvoir sinistre de Kali, Circé ou « Sainte-Marie ».
Les adeptes du tantrisme noir, les bonzes Dugpas au bonnet rouge, développent en eux-mêmes la force fohatique aveugle de cet organe fatal.
La lycanthropie, cette science des métamorphoses qu’a commentée Ovide, a toujours existé, et bien que cela paraisse impossible, il existe encore en plein XXe siècle des Circé modernes dans certains recoins du monde.
Que les gueux, que les pseudo-savants, que les modèles de vertu s’en moquent, qu’est-ce que cela peut faire à la science, et qu’est-ce que cela peut nous faire ?
Sur l’isthme de Tehuantepec, au Mexique, il y a de nombreux cas de lycanthropie et de Circé modernes.
Nous connaissons le cas concret d’un spécimen donjuanesque et ivrogne, un individu vieux jeu qui eut le mauvais goût d’avoir des relations sexuelles avec une Circé ultramoderne de la nouvelle vague. Il est évident et tout à fait clair que ce Don Juan Tenorio déposa le ciel étoilé tout entier aux pieds de la harpie, avec des oiseaux peints en or et des promesses formidables.
« Si tu ne tiens pas tes engagements, je te transformerai en âne ! » Lui dit narquoisement la jolie diablesse. L’amant rit alors de ce qui semblait être une simple blague.
Les jours et les semaines passèrent sans que notre Don Juan du quartier n’ait la moindre pensée de donner suite à ses promesses romantiques. Mais une chose insolite se produisit alors : une nuit, il ne rentra pas à son appartement. Son compagnon de domicile pensa que Don Juan s’était peut-être engagé dans une nouvelle aventure.
Ce bon ami sortit dans la rue à la recherche de Don Juan ; il interrogea la belle Circé, pour vérifier, et elle lui répondit : « Ton ami ? Il marche par là-bas, regarde », et elle lui désigna un âne. À entendre les éclats de rire, le sarcasme malicieux, le rire tonitruant de l’amie de celle-ci, une autre diablesse extrêmement belle, tout fut clair. L’ami en question avait tout compris.
Par la suite, de bonnes personnes lui conseillèrent de quitter cet endroit avant qu’il ne soit trop tard. Le mieux que put faire le pauvre homme, c’est de retourner à la capitale, Mexico.
Chapitre 28 : La Rune Os
Il est urgent et indispensable que dans ce Message de Noël 1968-1969, nous étudions à fond et sans délai le problème de la transmutation sexuelle pour les célibataires.
Nous recevons constamment au Siège patriarcal du Mouvement gnostique d’innombrables lettres de la part de nombreux petits frères qui souffrent de pollutions nocturnes.
Bien entendu, ces pollutions sont répugnantes, immondes, exécrables ; nous répondons toujours en prescrivant la magie sexuelle, le Maïthuna, contre ces états subjectifs.
Nous devons toutefois mettre les choses au clair. Il est certain que tant que nous sommes bien vivants, c’est-à-dire tant que l’Égo existe dans les quarante-neuf régions de notre subconscient, les rêves érotiques se poursuivent inévitablement.
Nous devons cependant, pour faire la lumière dans les ténèbres, affirmer avec insistance que le Maïthuna établit de fait les bases adéquates pour éviter les pollutions nocturnes, malgré que ces rêves pornographiques continuent.
Ce qui se produit, c’est que le Sahaja Maïthuna (le sexo-yoga) habitue le Chela (le disciple) à réfréner l’impulsion sexuelle à un point tel que lorsqu’un rêve érotique se produit, en réalité, le mental refrène instinctivement et l’on évite ainsi ce qu’on appelle la pollution, la perte déplorable de la liqueur vitale.
Il est clair, certain et manifeste que cette recette est utile lorsqu’il y a continuité de propos ; il faut avoir de la ténacité et pratiquer chaque jour, année après année, avec intensité.
Cette formule ne sert malheureusement qu’à ceux qui ont une femme ; mais les célibataires, ceux qui n’ont pas de femmes, que font-ils ?
C’est là précisément que se trouve le problème, un problème très grave, assurément : il faut arriver à avoir une femme si on veut vraiment utiliser la recette.
Passons maintenant à un aspect très similaire : je veux faire allusion à la transmutation sexuelle pour célibataires.
Il serait regrettable que les célibataires ne puissent d’aucune façon utiliser l’énergie sexuelle ; ils ont eux aussi besoin de progresser, mais comment ? Eh bien, allons maintenant aux faits, allons droit au but.
Je ne veux pas dire par là que les célibataires peuvent s’autoréaliser à fond, non ; il est clair qu’il est tout à fait impossible de parvenir sans le Maïthuna à l’Adeptat auquel on aspire tant, mais néanmoins, on peut et on doit utiliser l’énergie créatrice pour éveiller la conscience. Tout se réduit à en connaître la technique, et c’est précisément à cela que ce chapitre sera consacré.
Entrons maintenant tout à fait dans le domaine de la Rune Os. Cette Rune vibre intensément avec la constellation du Scorpion, et c’est très important car ce cortège d’étoiles se trouve en intime relation avec les organes sexuels.
Cette Rune est la même que la Rune Olin du Mexique aztèque, et cette dernière est ésotériquement reliée à la rune-épine.
Olin, en aztèque, est le signe mystique du dieu du vent Ehécatl, le seigneur du mouvement, l’ange qui intervint lors de la résurrection de Jésus en transmettant le Prana, la vie, dans le corps du grand Kabire en s’exclamant : « Jésus, lève-toi du tombeau avec ton corps ».
Je connais personnellement Ehécatl, le dieu du vent ; c’est assurément un Deva extraordinaire, qui vit dans le monde de la volonté consciente. Nous voyons donc la relation ésotérique intime qui existe entre la Rune Os et la rune-épine (mouvement et volonté).
Malgré qu’un grand nombre d’idiots super-transcendants du pseudo-ésotérisme et du pseudo-occultisme bon marché se moquent des créatures élémentales et les considèrent comme de pures fantaisies, et bien qu’ils raillent et se rient de Paracelse et de ses élémentaux : gnomes, pygmées, sylphes, salamandres, etc., ceux-ci ont quand même existé, ils existent et continueront d’exister éternellement.
Ehécatl est, bien sûr, un Guru-Deva, et il a le pouvoir sur les sylphes de l’air. Et alors, cela déplaît aux imbéciles, aux sots, aux niais et aux pauvres d’esprit ? Ils rient des élémentaux ? Ils se moquent de nous ? Pour être francs, cela ne nous fait rien et ne nous dérange pas ; celui qui rit de ce qu’il ne connaît pas est sur la voie de devenir idiot.
Le sphinx millénaire de la terre sacrée des pharaons correspond au sphinx élémental de la nature, ce mystérieux instructeur du Saint Collège dévique.
Le sphinx élémental de l’ancienne Égypte, qui est si intimement relié à la mystérieuse effigie de pierre, vint me voir au moment où je naquis dans le monde de la volonté consciente. Il avait les pieds couverts de boue, alors je m’exclamai : « Tes pieds sont pleins de boue ! » Bien entendu, je compris pourquoi : dans cet âge noir gouverné par la déesse Kali, tout a été profané et personne ne veut savoir quoi que ce soit du Saint Collège du sphinx.
Lorsque, rempli d’amour, je voulus l’embrasser, il me dit : « Embrasse-moi avec pureté ». C’est ce que je fis, et je l’embrassais sur la joue. Puis il retourna à son point de départ, la terre sacrée des pharaons.
Tous les frères gnostiques voudraient faire de même, parler en tête-à-tête avec le sphinx élémental de la nature, dialoguer avec les Deva, marcher aux côtés d’Ehécatl, mais il est d’abord nécessaire d’éveiller sa conscience, d’ouvrir la porte, d’appeler avec insistance, de mettre en action la volonté.
Observez attentivement les deux signes graphiques de la Rune Os : tandis que la Rune Fa a les deux bras vers le haut, la Rune Olin les pointe vers le bas, et ceci est profondément significatif.
Pratique
Durant les exercices ésotériques, il faut alterner en plaçant successivement les bras tantôt dans la première position, vers le bas, et tantôt dans la deuxième position, les mains posées sur la taille comme dans la Rune Dorn ou Thorn. Je répète : examinez attentivement les deux signes graphiques de la Rune Os.
Durant ces exercices de type runique, combinez les mouvements et la respiration de façon harmonieuse et rythmique. Inspirez le Prana par le nez et expirez par la bouche en prononçant le son mystique Torn, chaque lettre étant prononcée de manière étirée : Toooorrrrnnnn.
À l’inspiration, imaginez que les forces sexuelles montent, s’élèvent par les deux cordons nerveux sympathiques connus en Inde sous les noms d’Ida et Pingala ; ces nerfs ou tubes parviennent au cerveau et continuent jusqu’au cœur par le biais d’autres canaux, dont l’Amrita-Nadi.
À l’expiration, imaginez que les énergies sexuelles entrent dans le cœur, y pénètrent plus profond et atteignent la conscience pour l’éveiller.
Frappez la conscience avec force à l’aide de Théléma (la volonté), en combinant ainsi la rune-épine et la rune-mouvement.
Par la suite, priez et méditez ; suppliez le Père qui est en secret, demandez-lui d’éveiller votre conscience. Suppliez votre Divine Mère Kundalini, demandez-lui avec un amour infini d’élever, de faire parvenir vos énergies sexuelles jusqu’au cœur et même au-delà, jusqu’au tréfonds de votre conscience.
Aimez et priez ; méditez et suppliez. Ayez de la foi, gros comme un grain de moutarde, et vous déplacerez des montagnes. Rappelez-vous que le doute est le début de l’ignorance.
« Demandez et l’on vous donnera ; frappez et l’on vous ouvrira ».
Chapitre 29 : L’Origine du Moi Pluralisé
« Ma doctrine ne vient pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé ».
Écoutez-moi : étudiez à fond, avec le mental et avec le cœur, ce chapitre révolutionnaire du Message de Noël 1968-1969.
Les Élohim (les dieux saints) produisirent l’homme par modification à partir d’eux-mêmes, à leur image ; ils créèrent l’humanité collective, Adam. « Homme et femme, Il (la divinité collective) les créa ».
La race protoplasmique de l’Ile sacrée située dans le Septentrion fut, en réalité, leur première production : une modification extraordinaire des existences purement spirituelles réalisée par elles-mêmes ; c’est l’Adam-Solus.
De cette race polaire primordiale provint la seconde race : Adam-Ève ou Jod-Heva, les gens Hyperboréens, des androgynes inactifs.
Des Hyperboréens provint encore une fois, par modification, la troisième race, les gens lémuriens, l’hermaphrodite séparateur Caïn-Abel qui vécut sur le gigantesque continent Mu ou Lémurie, comme on l’appela plus tard, situé dans l’océan Pacifique. Cette troisième race, la dernière à être semi-spirituelle, fut également le véhicule final de l’ésotérisme inné, instinctif, pur, virginal et ingénu des Enoch, les illuminés de cette humanité.
L’hermaphrodite séparateur Caïn et Abel produisit la quatrième race : Seth-Enos, qui vécut sur le continent atlantique autrefois situé dans l’océan qui porte son nom.
Des Atlantes, provient notre cinquième race perverse, la race Aryenne, qui habite actuellement les cinq continents du monde.
Chacune des quatre races qui nous ont précédés ont péri dans les cataclysmes gigantesques, et notre cinquième race ne fera pas exception. On nous a dit que dans un avenir lointain, deux autres races existeront sur la face de la terre, et il est évident que chacune d’elles aura son propre scénario.
L’unité bisexuelle primitive de la troisième Race-Racine humaine est un axiome de la sagesse antique. Ses gens vierges s’élevèrent au rang de dieux, car ils représentaient dans les faits leur dynastie divine.
La séparation des sexes opposés se produisit assurément à travers des milliers d’années, et ce fut un fait consommé à la fin de la race Lémurienne.
Parlons maintenant de l’Éden, de ces terres Jinas paradisiaques auxquelles les individus sacrés de la Lémurie avaient accès de façon continue, à cette époque où les fleuves d’eau pure de la vie donnaient du lait et du miel.
C’était l’époque des titans, et il n’y avait alors ni « mien » ni « tien » : chacun pouvait cueillir dans l’arbre du voisin sans avoir rien à craindre. C’était l’époque de l’Arcadie, où l’on rendait culte aux dieux du feu, de l’air, de l’eau et de la terre. C’était l’Age d’or, et la lyre n’était pas encore tombée sur le pavé du temple pour se rompre en pièces.
On ne parlait alors que dans la divine langue cosmique originelle et infiniment pure, qui court comme un fleuve d’or sous la forêt épaisse du soleil.
Dans cet âge antique, les gens étaient très simples et sans artifice, et comme le moi pluralisé n’était pas encore né, ils rendaient culte aux dieux du maïs tendre et aux créatures ineffables des fleuves et des bois.
J’ai connu la race Lémurienne hermaphrodite. Je me rappelle en cet instant les volcans terribles qui étaient alors en éruption constante. Quelle époque ! Nous tous, les initiés, portions d’habitude un vêtement sacerdotal très courant ; ces vêtements sacrés et vénérés se distinguaient par leur splendeur avec leurs couleurs blanc et noir qui symbolisaient la lutte intense entre l’esprit et la matière.
Comme ils avaient un air digne, ces géants lémuriens, avec leurs nobles vêtements et leurs sandales ornées de gros glands.
La glande pituitaire de ces colosses, leur sixième sens, porte-lumière et valet de la glande pinéale, ressortait entre leurs sourcils.
Chaque individu avait alors une moyenne de vie de douze à quinze siècles.
On y érigeait des villes gigantesques protégées d’énormes pierres formées de lave de volcan.
J’ai également connu les derniers temps de cette troisième race, et j’ai vécu à cette époque mentionnée dans la Genèse, à cet âge antique où Adam et Ève furent rejetés de l’Éden.
À cette époque, l’humanité s’était alors divisée en sexes opposés ; l’acte sexuel était un sacrement que l’on ne pouvait réaliser qu’à l’intérieur des temples.
À certaines époques lunaires, les tribus lémuriennes effectuaient de grands voyages, elles faisaient des pèlerinages vers les lieux saints en vue de multiplier l’espèce (rappelons-nous les voyages de lune de miel).
Nous, les Lémuriens, étions tous enfants de la volonté et du yoga ; lors de la copulation, seul le Maïthuna était utilisé, personne ne commettait l’erreur d’éjaculer l’entité du sperme.
La semence entre toujours dans la matrice sans qu’il soit nécessaire de répandre la semence ; les multiples combinaisons de la substance infinie sont merveilleuses.
Les monarques, le roi et la reine, s’unissaient sexuellement devant l’autel même du temple ; les foules réalisaient la copulation à l’intérieur de l’enceinte sacrée, dans les cours de pierre remplies d’hiéroglyphes mystérieux.
Les dieux saints dirigeaient sagement ces cérémonies mystiques, indispensables à la reproduction de l’espèce humaine, et personne ne pensait alors à des grossièretés, puisque le moi pluralisé n’était pas encore né.
Je vivais à la campagne avec ma tribu, loin des villes cyclopéennes fortifiées ; nous habitions une grande hutte, une chaumière, une cabane. Je me rappelle tout à fait clairement que tout près de notre résidence arrondie au toit de palmes, il y avait une caserne où les guerriers de la tribu se réunissaient.
Il se produisit une nuit que nous résolûmes tous, fascinés par un étrange pouvoir luciférien, de réaliser l’acte sexuel à l’extérieur du temple ; chaque couple se livra alors à la luxure.
De bon matin, comme si rien ne s’était produit, nous eûmes l’effronterie, la grossièreté, l’insolence, l’audace de nous présenter comme d’habitude dans le temple. Il se passa alors une chose insolite, terrible : nous vîmes tous un dieu de la justice, un grand Maître habillé de vêtements sacerdotaux blancs et immaculés, nous menacer en agitant de tous côtés une épée enflammée et nous dire : « Dehors, indignes ! » Bien entendu, nous prîmes la fuite, terrorisés.
Il est évident que cet événement se répéta dans tous les recoins de l’énorme continent Mu : c’est ainsi que l’humanité Adam-Ève fut chassée du jardin d’Éden.
À la suite de cet événement, qui a été consigné dans toutes les genèses religieuses, des épilogues horripilants eurent lieu : des millions de créatures humaines, mêlant magie et fornication, développèrent l’abominable organe Kundartisseur.
Il s’avère opportun de mentionner ici Kalayoni, le roi des serpents, le magicien noir gardien du temple de Kali, l’antithèse fatale de l’éternelle Mère-Espace.
Krishna vit sortir, à la conjuration magique de Kalayoni, un grand reptile d’un bleu verdâtre. Le serpent fatal dressa lentement son corps et hérissa son effroyable crinière rousse ; ses yeux pénétrants et horribles flamboyaient dans sa tête de monstre aux écailles reluisantes.
« Adore-le, ou tu périras ! » dit le magicien noir à Krishna. Le serpent mourut entre les mains de Krishna.
Après avoir donné héroïquement la mort au grand serpent gardien du temple de Kali, la déesse du désir, mère de Cupidon, Krishna fit des ablutions et des prières un mois durant sur les rives du Gange.
Cette vipère de Kali est le serpent tentateur de l’Éden, l’horrible couleuvre Python qui se traînait dans la terre boueuse et qu’Apollon, irrité, blessa de ses dards.
Il est indispensable de comprendre que cette couleuvre sinistre est, hors de tout doute, la queue de Satan, l’abominable organe Kundartisseur.
Lorsque les dieux intervinrent pour éliminer de l’espèce humaine cet organe fatal, les conséquences désastreuses de cette queue de Satan demeurèrent logées dans les cinq cylindres de la machine humaine (intellect, émotions, mouvement, instinct et sexe).
Il est évident que ces conséquences mauvaises de l’abominable organe Kundartisseur constituent ce qu’on appelle l’Égo, le moi pluralisé, le moi-même, l’ensemble ténébreux des entités perverses qui personnifient tous nos défauts psychologiques.
Le moi pluralisé est donc un fohat lunaire, négatif et luciférien granulé. La cristallisation satanique du fohat constitue ce que l’on appelle l’Égo.
Chapitre 30 : Les Trois Furies
Parlons maintenant des trois Furies aux nombreux venins de Gorgones, qui sont toujours entourées d’hydres verdâtres et qui ont pour chevelure de petits serpents et cérastes qui ceignent leurs horribles tempes.
Écoutez tous : sachez une fois pour toutes que ces Furies sont les trois traîtres d’Hiram-Abiff.
Celle de gauche est Mégère, toujours épouvantable et horrible. Celle qui pleure, à sa droite, est Alecto ; elle cache dans son cœur la discorde, les fraudes qui produisent le désordre et les méchancetés qui bousculent la paix. Celle de droite est Tisiphone.
Les Furies se déchirent la poitrine de leurs serres répugnantes, elles se frappent toujours avec les mains et s’exclament avec force : « Viens, Méduse, et nous te transformerons en pierre ; nous avons eu tort de ne pas nous venger de l’entrée audacieuse de Thésée ».
Rappelez-vous Mara, mes frères gnostiques, le seigneur des cinq désirs, facteur de mort et ennemi de la vérité. Qui est-ce qui l’accompagnait toujours ? N’était-ce pas ses trois filles, les horribles Furies ? N’était-ce pas ces tentatrices qui assaillirent le Bouddha avec toutes leurs légions ténébreuses ?
En effet, serait-il possible que Judas, Pilate et Caïphe soient absents du drame cosmique ? Dans le neuvième cercle de l’enfer, Dante rencontre Judas, Brutus et Cassius.
Judas a la tête enfoncée dans la bouche de Lucifer et il agite ses jambes hors de celle-ci. Celui qui pend de la deuxième bouche luciférienne, la tête en bas, c’est Brutus, qui se tord sans dire un mot. Le troisième traître est Cassius ; il a l’air très robuste, mais au fond il est très faible.
Les trois aspects de Judas, les trois Furies, sont le démon du désir, le démon du mental et le démon de la mauvaise volonté ; trois upadhis, trois bases, trois fondements lunaires à l’intérieur de chaque être humain.
Pensons aux trois présences du gardien du seuil à l’intérieur de chaque personne.
L’Apocalypse dit : « Et je vis sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la Bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes qui ressemblaient à des grenouilles. Car ce sont des esprits de démons qui font des signes et qui vont de par le monde chez tous les rois de la terre pour les réunir dans la bataille de ce grand jour du Dieu tout-puissant ».
Et qui est ce dragon ? Qui est cette Bête ? Qui est ce faux prophète ? Dites-moi, ô dieux ! Où sont-ils ?
Si nous comprenons que Mara, Lucifer, est la force fohatique aveugle de l’abominable organe Kundartisseur, le feu sexuel négatif, père des trois Furies, alors nous ne pouvons pas nous tromper.
Ce vil ver de terre qui transperce le cœur du monde est la racine du moi pluralisé, le fondement des trois Furies.
Lucifer-Mara, le tentateur, avec toute cette légion de mois-diables que chaque mortel porte à l’intérieur de lui, est l’origine des trois douleurs : la vieillesse, la maladie et la mort.
Ah ! Si l’aspect négatif de la déesse Junon n’était pas intervenu dans le Latium en invoquant Alecto, la plus exécrable des Furies, alors le mariage d’Énée, l’illustre Troyen, et de la fille du bon roi Latinus n’aurait pas été précédé d’une guerre épouvantable.
« Lève-toi, jeune fille de la nuit ! Dit Junon. Assiste-moi et ne permets pas que mon honneur soit lésé par la volonté d’un mortel ! Latinus veut donner sa fille au Troyen. Toi qui peux monter deux frères l’un contre l’autre et le fils contre le père, toi qui peux déchaîner les coups de la colère et allumer les torches funèbres, surgis de l’abîme ! Montre-toi docile à ma volonté ! Enflamme la jeunesse du Latium pour qu’elle réclame les armes à cor et à cri et qu’elle se précipite à la mort ! »
Ah ! Mon Dieu, quel malheur ! L’épouvantable Furie du mental se présente alors dans les habitations royales de la reine Amata pour lui suggérer des idées de protestation et de rébellion contre la volonté du roi Latinus.
Sous l’influence perfide d’Alecto, la reine désespérée sort du palais, court par les montagnes italiques, danse et saute comme une bacchante, semblable à une ménade furieuse animée comme une folle par l’élan de Bacchus.
Indignée, la souveraine proteste devant le monarque, elle refuse de faire la volonté du seigneur et elle prend la défense de Turnus, jeune prétendant grec de sa fille, fils de ce peuple qui assaillit autrefois les murs glorieux de Troie.
La reine craint qu’Énée ne fuie avec sa fille loin du Latium ; elle ressent de la douleur à l’idée de la perdre, elle pleure.
Le travail d’Alecto ne s’arrête pas là : elle se transporte à présent jusqu’à la demeure du vaillant Turnus, elle prend la forme d’une vieille à la langue de vipère et elle parle, elle lui raconte tout ce qui est en train de se passer au palais du roi et elle éveille d’une manière insinuante et maléfique la jalousie du jeune homme.
Puis vient la guerre : le jeune homme se bat pour sa dame, la belle Lavinia, la jolie fille du bon roi Latinus.
Le monarque ne voulait pas la guerre, et ce ne fut pas lui qui ouvrit en personne les portes du temple de Janus (IAO), le dieu à deux visages ; c’est son peuple irrité qui les ouvrit pour lui.
Dans ce temple de Janus, on conservait en secret la doctrine de Saturne, la révélation primitive et originelle des Jinas, et on ne l’ouvrait qu’en temps de guerre.
C’est ainsi que la guerre se déclencha contre les Rutules. Après avoir terminé son travail, la répugnante Furie Alecto pénétra dans les entrailles de l’abîme épouvantable par la bouche d’un volcan éteint qui laissait échapper de temps à autre les vapeurs fétides de la mort, et elle parvint bientôt au rivage sinistre qui borde les eaux du Cocyte.
Turnus, ce nouvel Achille, mourut des mains d’Énée, et ce dernier épousa finalement Lavinia, la fille du roi Latinus.
Quoi qu’il en soit, ô mon Dieu ! Alecto continue comme toujours à allumer n’importe où des foyers de discorde, et des millions d’êtres humains se lancent en guerre.
Ah ! Si seulement les gens comprenaient que chacun porte Alecto à l’intérieur de lui-même.
Malheureusement, les créatures humaines dorment profondément, elles ne comprennent rien. Hélas !
Chapitre 31 : La Rune Rita
Il me vient en cet instant à la mémoire des scènes d’une réincarnation passée que je vécus au Moyen-Âge.
Je vivais en Autriche selon les coutumes de l’époque ; je ne peux nier le fait que j’étais membre d’une illustre famille de l’ancienne aristocratie. À cette époque les gens de ma famille se vantaient à l’excès d’avoir du « sang bleu », des ascendants difficiles et une lignée de notables. Cela me fait même de la peine de le confesser, mais le plus grave, c’est que moi aussi j’étais pris dans cette bouteille de préjugés sociaux. Ce sont les choses du siècle !
Un jour quelconque, peu importe lequel, une de mes sœurs devint amoureuse d’un homme très pauvre, et ce fut, bien évidemment, le scandale du siècle ; les dames de la noblesse et leurs petits messieurs, dandys, gommeux et petits maîtres stupides, qui écorchaient vif leur prochain, tournèrent la malheureuse en dérision. Ils disaient d’elle qu’elle avait taché l’honneur de la famille, qu’elle aurait pu mieux se marier, etc.
Peu de temps après, la pauvre devint veuve et évidemment, comme résultat de son amour, un enfant lui resta.
Aurait-elle voulu alors retourner au sein de la famille ? Cela était impossible, elle connaissait trop bien la langue de vipère des élégantes dames, leurs commérages fastidieux et leur mépris, et elle préféra la vie indépendante.
Ai-je aidé cette veuve ? Il serait absurde de le nier. Ai-je pris mon neveu en pitié ? C’est la vérité. Par malheur, il y a des fois où pour ne pas manquer à la pitié, on peut devenir sans pitié.
Ce fut mon cas. Par compassion envers l’enfant, je le fis interner dans un collège (avec l’excuse de lui offrir une éducation robuste, ferme et vigoureuse), me moquant royalement des sentiments de sa mère et allant même jusqu’à commettre l’erreur d’interdire à la mère résignée de visiter son fils ; je pensais qu’ainsi mon neveu ne souffrirait aucune sorte de préjudice et qu’il pourrait plus tard être quelqu’un, devenir un grand homme, etc.
Le chemin qui conduit à l’abîme est pavé de bonnes intentions, n’est-ce pas ? C’est bien vrai. Combien de fois, en voulant faire le bien, fait-on du mal ? Mes intentions étaient bonnes, mais la méthode erronée ; je croyais toutefois fermement que ce que je faisais était correct.
Ma sœur souffrait le martyre en l’absence de son enfant ; elle ne pouvait pas le voir au collège, cela lui était interdit.
Il en ressort clairement qu’il y eut de ma part de l’amour envers mon neveu et de la cruauté envers ma sœur ; je croyais néanmoins qu’en aidant l’enfant, j’aidais aussi sa mère.
Heureusement qu’à l’intérieur de chacun de nous, dans ces régions intimes où il manque d’amour, il y a le policier du karma, le Kaom, qui surgit comme par enchantement.
Il n’est pas possible de fuir les agents du karma : c’est à l’intérieur de chacun de nous que se trouve le policier qui nous amène inévitablement devant les tribunaux.
Depuis cette époque, bien des siècles ont passé ; nous, les personnages de ce drame, nous avons tous connu la vieillesse et la mort. Quoi qu’il en soit, la loi de la récurrence est terrible, et tout se répète tel que cela s’est déjà passé, les conséquences en plus.
XXe siècle : nous nous sommes retrouvés, tous les acteurs de cette scène. Tout se répéta d’une certaine manière mais, bien entendu, avec ses conséquences. Cette fois-ci, c’est moi qui dus être répudié par la famille : telle est la loi. Ma sœur rencontra de nouveau son mari ; de mon côté, je ne regrette pas de m’être uni encore une fois avec mon épouse-prêtresse de jadis, connue sous le nom de Litelantes.
Le neveu que j’avais tant aimé et dont nous avons tant parlé renaquit cette fois avec un corps féminin : c’est assurément une belle enfant, son visage ressemble à une nuit délicieuse et les étoiles resplendissent dans ses yeux.
À un moment donné, peu importe la date, nous vivions près de la mer. La petite fille (le neveu d’autrefois) ne pouvait pas jouer ; elle était gravement malade, atteinte d’une infection intestinale. Son cas était très délicat : quelques enfants de son âge moururent à cette époque pour la même raison. Pourquoi ma fille aurait-elle dû être une exception ?
Les nombreux remèdes qu’on lui prescrivit furent franchement inutiles ; déjà le profil caractéristique de la mort commençait à se dessiner dans toute son horreur sur son visage infantile.
L’échec était évident, le cas était perdu, et il ne me restait d’autre solution que de visiter le Dragon de la Loi, le génie terrible du karma, qui a pour nom Anubis.
Heureusement, et grâce à Dieu ! Litelantes et moi savons voyager de façon consciente et positive en corps astral. Ainsi donc, le fait de nous présenter ensemble dans le palais du grand archonte, dans l’univers parallèle de la cinquième dimension, n’était pas pour nous un problème.
Ce temple du karma est impressionnant, majestueux, grandiose.
Le hiérarque s’y trouvait assis sur son trône, imposant et terriblement divin ; n’importe qui prendrait peur à le voir officier avec son masque sacré de chacal, tel qu’il apparaît dans de nombreux bas-reliefs de l’ancienne Égypte pharaonique.
On me donna finalement la chance de lui parler, et il est clair que je ne laissai pas passer cette chance si facilement :
Tu as une dette envers moi, lui dis-je.
Laquelle ? Me répondit-il comme si cela l’étonnait.
Pleinement satisfait, je lui présentai un homme qui, à une autre époque, avait été un démon pervers ; je fais allusion à Astaroth, le grand-duc.
Cet homme était un fils perdu pour le Père, poursuivais-je, et malgré tout, je le sauvais et lui montrai le sentier de la lumière, je l’arrachais à la Loge noire et il est aujourd’hui un disciple de la Fraternité blanche ; tu ne m’as pas payé cette dette.
Le fait était que selon la Loi, l’enfant devait mourir et que son âme devait pénétrer dans le ventre de ma sœur pour se fabriquer un nouveau corps physique. C’est ainsi que je l’avais compris, et c’est pourquoi j’ajoutai :
Je demande que ce soit Astaroth qui aille dans le ventre de ma sœur plutôt que l’âme de ma fille.
La réponse solennelle de l’hiérarque fut définitive :
Accordé, qu’Astaroth aille dans le ventre de ta sœur et que ta fille reste en santé.
Inutile d’ajouter que cette enfant (mon neveu de jadis) fut miraculeusement guérie et que ma sœur conçut un enfant mâle.
J’avais de quoi payer cette dette, je possédais du capital cosmique. La loi du karma n’est pas une mécanique aveugle comme le supposent de nombreux pseudo-ésotéristes et pseudo-occultistes.
Vu l’état des choses, il s’avère évident et facile à comprendre qu’avec la mort possible de ma fille, j’aurais eu à ressentir la même douleur du détachement, la même amertume que ma sœur avait ressentie à une époque ancienne à cause de la perte de son fils.
C’est ainsi que la grande Loi aurait compensé pour le dommage : des scènes semblables se seraient répétées, mais cette fois-ci, c’est moi qui aurais été la victime.
Par bonheur, le karma est négociable, ce n’est pas la mécanique aveugle des astrologues et chiromanciens de fête foraine. J’avais du capital cosmique et je payai cette vieille dette ; il me fut ainsi possible, grâce à Dieu, d’éviter l’amertume qui m’attendait.
Quand les gens comprendront-ils tous les mystères de la Rune Rita ? C’est assurément la Rune de la Loi.
Rita nous rappelle les mots raison, roue, religion, et right (juste ou équitable, en anglais).
Le droit romain symbolise la justice par la balance et l’épée. Il n’y a donc rien d’étrange à ce que dans le palais d’Anubis, le grand archonte de la Loi, on voit un peu partout des balances et des épées.
Le grand juge est conseillé dans son travail par les quarante-deux juges de la Loi.
D’illustres avocats de la grande Loi sont toujours présents pour nous défendre devant les tribunaux du karma lorsque nous avons suffisamment de capital cosmique pour annuler les vieilles dettes.
Il est également possible d’obtenir du crédit des seigneurs de la Loi ou archivistes du destin, mais il faut le payer par des bonnes œuvres en travaillant pour l’humanité ou bien à force de douleurs suprêmes.
On ne paie pas seulement du karma pour le mal que l’on fait, mais aussi pour le bien qu’on aurait pu faire mais qu’on n’a pas fait.
Pratique
Les mantras fondamentaux de la Rune Rita sont : Ra, Ré, Ri, Ro, Ru (Rou).
Dans la Rune F, nous levions les bras ; dans la Rune U, nous ouvrions les jambes ; dans la Rune D, nous placions une main sur la taille ; dans la Rune O, nous avions les jambes ouvertes et les mains sur la taille. Dans la présente Rune Rita, nous devons ouvrir une jambe et un bras ; nos étudiants gnostiques verront ainsi, dans cette position, qu’ils sont eux-mêmes et en eux-mêmes les lettres runiques telles qu’elles s’écrivent.
La présente pratique runique a le pouvoir de libérer le jugement interne. Nous devons nous transformer en juges de conscience ; il est urgent que nous éveillions la Bouddhata, l’âme.
Cette Rune a le pouvoir d’éveiller la conscience des juges.
Rappelons-nous ce que l’on appelle le remords ; c’est assurément la voix accusatrice de la conscience.
Ceux qui ne ressentent jamais de remords sont en réalité très loin de leur juge intérieur ; il s’agit habituellement de cas perdus. Des gens de la sorte doivent travailler très intensément avec la Rune Rita pour libérer leur jugement intérieur.
Il nous faut apprendre d’urgence à nous laisser guider par la voix du silence, c’est-à-dire par le juge intime.
Chapitre 32 : La Divine Mère Kundalini
Ô muse ! Inspire-moi, afin que mon style ne trahisse pas la nature du sujet !
Ô Divine Mère Kundalini ! Tu es Vénus, ô ma dame, tu es Heva, Isis, Sophia, Achamoth, Parvati, Uma, Tonantzin, Rhéa, Cybèle, Marie, ou encore, pour mieux dire, Ram-Io.
Ô Devi Kundalini ! Tu es Adshanti, Rajeswari, Adonia, Insoberte, Tripurusndari, Maha Lakshmi, Maha Sarasvati.
Sans toi, ô Mère adorable, la manifestation du Prana, de l’électricité, de la force magnétique, de la cohésion moléculaire et de la gravitation cosmique serait tout à fait impossible !
Tu es la Matripadma, la Deva Matri, Aditi, l’espace cosmique, la Mère des dieux !
Ô éternelle Mère-Espace ! Tu as trois aspects lumineux durant la manifestation cosmique, ainsi que deux antithèses.
Que les hommes m’écoutent ! Il est dit que chaque vivant a sa propre Devi Kundalini, sa Divine Mère particulière.
Il serait absolument impossible d’éliminer véritablement l’Ahamkrita Bhava, la condition égoïque de notre conscience, si nous commettions le crime d’oublier notre divine Kundalini.
L’animal intellectuel faussement appelé homme n’est rien de plus qu’un composé d’agrégats qui doivent tôt ou tard se réduire en poussière cosmique.
La seule chose éternelle en nous, c’est le Bouddha intime, et celui-ci se trouve en réalité au-delà du corps, du mental et des affects.
Il est capital et décisif d’éliminer les agrégats vains et périssables pour éveiller la conscience. Ces agrégats sont, bien entendu, ces entités ou moi ténébreux qui habitent les cinq centres de la machine. Nous avons déjà expliqué dans nos Messages de Noël précédents, nous avons dit en toute clarté que les cinq cylindres de la machine humaine sont : l’intellect, les émotions, le mouvement, l’instinct et le sexe.
Précisons : les mois-diables constituent l’Égo (le moi pluralisé), et la conscience dort à l’intérieur de chacun d’eux.
Il est vital d’éliminer ces moi, ces entités, ces agrégats qui personnifient nos défauts, pour éveiller la conscience et atteindre l’Atma Vidya, l’illumination complète.
La compréhension à fond, la prise de conscience claire du défaut que nous voulons extirper est fondamentale, mais ce n’est pas tout : il faut aussi éliminer, et cela n’est possible qu’avec l’aide de la Kundalini.
Le mental ne peut rien modifier de manière fondamentale ; tout ce qu’il peut faire, c’est étiqueter, cacher des défauts, les faire passer à d’autres niveaux, etc.
Éliminer les erreurs, c’est tout autre chose ; ce serait absolument impossible sans Devi Kundalini, le serpent igné de nos pouvoirs magiques.
Une nuit, peu importe la date ou l’heure, je voyageai en corps astral dans l’univers parallèle de la cinquième dimension, enivré d’une volupté spirituelle, et j’arrivai, rempli d’extase, devant le seuil mystérieux de ce temple merveilleux des deux fois nés.
Le gardien des grands mystères était à la porte, hiératique et terrible comme toujours, et lorsque je voulus entrer, une chose insolite se produisit. Il me regarda fixement et me dit d’une voix sévère :
Parmi ce groupe de frères qui ont travaillé dans la neuvième sphère et qui se sont présentés dans ce temple après avoir travaillé dans cette région, tu es le plus avancé, mais tu te trouves à présent arrêté dans ton progrès.
Ces paroles du gardien, prononcées avec tant de sévérité sur le seuil du mystère, me laissèrent assurément perplexe, confondu, indécis, et tout ce qui me vint à l’esprit, c’est de demander : pourquoi ?
L’hiérarque dit, en réponse à ma question : Parce que tu manques d’amour.
Comment ? Répliquais-je. J’aime l’humanité, je travaille présentement pour tous les êtres humains ; je ne comprends pas ce que tu me dis. En quoi consiste ce manque d’amour ?
Tu as oublié ta Mère, tu es un fils ingrat, m’expliqua le gardien.
Je dois confesser que la façon dont il prononça ces paroles provoqua en moi non seulement de la douleur, mais aussi de la frayeur.
Ce qu’il y a, c’est que je ne sais pas où elle est, il y a longtemps que je ne l’ai vue.
Je lui parlai ainsi en croyant qu’il faisait allusion à ma génitrice terrestre, dont je dus me séparer alors que j’étais encore très jeune.
Comment peut-il être possible qu’un enfant ne sache pas où est sa mère ? Réfuta le gardien.
Puis il poursuivit : je te le dis pour ton bien, tu es en train de te faire du tort.
Je confesse en vérité que c’est seulement après plusieurs jours et des recherches inutiles pour localiser ma mère terrestre dans le monde que je pus enfin comprendre les paroles énigmatiques du gardien du temple.
Ah ! Mais la littérature de type pseudo-ésotérique et même pseudo-occultiste qui abonde sur le marché ne dit rien là-dessus. Si je l’avais su avant. Bref, je réfléchis tellement, et puis je priais.
Prier, c’est converser avec Dieu, et je priais en secret l’éternel féminin, Dieu-Mère.
J’appris alors que chaque créature a sa propre Mère divine particulière, et j’appris même le nom secret de la mienne.
Il est clair qu’à cette époque, je souffrais l’indicible à dissoudre l’Égo, je luttais pour le réduire en poussière cosmique.
Le plus terrible de tout, c’est que j’avais atteint la seconde naissance et que je comprenais très bien que si je ne parvenais pas à mourir en moi-même, j’échouerais, je me transformerais en un avorton de la Mère cosmique, en un Hanasmussen à double centre de gravité.
Mes efforts semblaient inutiles et j’échouais dans les épreuves ; il est clair que si j’avais continué ainsi, l’échec total aurait été inévitable. Par bonheur, et grâce à Dieu, le gardien du temple sut m’avertir et me conseiller.
Le travail fut terrible, les échecs m’indiquèrent avec exactitude où se trouvaient les failles. Chaque épreuve suffisait à m’indiquer, à me montrer le défaut de base, l’erreur.
La méditation sur chaque erreur fut suffisante pour comprendre, bien que je pus expérimenter clairement qu’il existe des degrés et des degrés de compréhension.
Cette question de la compréhension est en grande partie élastique et ductile ; souvent nous croyons avoir compris de manière intégrale un défaut de type psychologique, et ce n’est que plus tard que nous finissons par découvrir qu’en réalité, nous ne l’avions pas compris.
Éliminer est une autre chose : quelqu’un peut comprendre un défaut quelconque sans pour autant parvenir à l’éliminer.
Si nous excluons la Mère divine, le travail s’avère incomplet et il est alors impossible d’éliminer les défauts.
Pour parler franchement, je me transformais en ennemi de moi-même et je résolus d’équilibrer la compréhension et l’élimination. Chaque défaut compris fut éliminé par le pouvoir de la Divine Mère Kundalini.
Un jour, finalement, je révisais mon travail dans le Tartare, dans l’Averne, dans le règne minéral submergé, dans ces régions infradimensionnelles ou univers parallèles submergés.
Naviguant sur les eaux de l’Achéron à bord de la barque de Charon, je parvins à l’autre rive pour réviser le travail, et je vis alors des milliers de mois-diables, mes agrégats, des parties de moi-même, qui vivaient dans ces régions. Je voulus ressusciter quelque chose, une effigie qui symbolisait mon propre Adam de péché et qui gisait comme un cadavre dans les eaux bourbeuses du fleuve. Alors ma Mère divine, vêtue de deuil comme une pleureuse, me dit d’une Voix remplie d’un amour infini : « Celui-ci est déjà bien mort, je n’ai plus rien à en tirer ».
Assurément, ma Mère avait extrait de moi toute cette légion de mois-diables, tout cet ensemble d’entités ténébreuses qui personnifient nos défauts et qui constituent le moi.
C’est ainsi que je parvins à dissoudre le moi pluralisé, c’est ainsi que je parvins à réduire en poussière tous ces agrégats qui forment le moi-même.
Chapitre 33 : La Forge des Cyclopes
Vénus, la Mère divine Kundalini, implore Vulcain pour son fils Énée et enseigne la clé de l’autoréalisation intime.
La déesse dit : « Écoute-moi, toi qui forges le fer indomptable à l’aide des feux du centre de la terre ! Durant les neuf années où Troie se vit assaillie par les Achéens, jamais je ne t’importunais en te demandant des armes pour mes protégés ; mais aujourd’hui, c’est mon fils qui se trouve en danger de mort. De nombreuses nations belliqueuses le guettent en vue d’exterminer sa race. Lorsque la mère d’Achille et d’autres déités t’implorèrent, tu forgeas des armes pour leurs héros. Maintenant c’est moi, ton épouse, qui te le demande. Donne des armes à mon Énée pour qu’il se protège du choc terrible, de l’inondation de fer et de dards qui lui arrive dessus. Il n’est pas un destructeur, il s’agit seulement qu’il se défende contre ceux qui combattent ses intentions de paix féconde ».
Ô vous qui descendez courageusement à l’Averne pour travailler dans la forge ardente de Vulcain (le sexe), écoutez-moi :
Le fœtus demeure neuf mois dans le cloître maternel ; l’humanité entière demeura durant neuf âges dans le ventre de Rhéa, Cérès, Cybèle, Isis, la Mère cosmique.
Vulcain travaille dans le neuvième cercle de l’enfer à forger le fer indomptable à l’aide des feux vivants de l’organisme planétaire.
Gens de Théléma (volonté), hommes et femmes à la volonté d’acier, travaillez sans relâche dans la neuvième sphère (le sexe) !
Vénus, la Mère divine Kundalini, est, a été et sera toujours l’épouse-prêtresse de Vulcain, le Troisième Logos, l’Esprit-Saint.
Depuis les hauteurs du ciel merveilleux, l’Ignipotent descend jusqu’à la forge terrible des Cyclopes. Il crie d’une voix forte pour appeler ses trois frères : Brontès, Stéropès et Argès, symboles vivants des créatures élémentales des airs, des eaux et de la terre parfumée.
Le travail est terrible dans la forge des Cyclopes (le sexe). Les éclairs de la tempête, les forces secrètes de la tourmente et le souffle des vents impétueux y collaborent à l’effort.
On y transmute le plomb en or et on y trempe l’acier de l’épée flammigère.
On y forge le gigantesque bouclier protecteur de l’âme, qui à lui seul suffirait à arrêter les coups des armées ténébreuses les plus terribles ; armure argentée, écu splendide formé d’atomes transformateurs au voltage extrêmement élevé qui résident dans le système séminal, divin bouclier aurique septénaire dans la constitution intime de l’homme véritable.
L’antre sexuel tremble sous la poussée érotique des feux du souffle durant le Maïthuna et les robustes bras en sueur frappent les enclumes dans un effort rythmique.
Énée ressemble à un dieu : il défie au combat les laurentes arrogants et l’impétueux Turnus.
Énée, heureux du cadeau de sa Divine Mère, revêt les armes fabriquées par Vulcain.
Voyez-y les corps solaires : le cimier terrible et le casque orné de flammes menaçantes, l’épée flammigère et la cuirasse de bronze, les jambières polies et le bouclier couvert de formes innombrables.
Sur ce bouclier aurique lumineux, Vulcain, le Troisième Logos, l’Esprit-Saint, grava des prophéties étonnantes. On y voyait resplendir la race glorieuse des lointains descendants d’Ascagne, la louve qui allaita Romulus et Remus, ainsi que le premier de ces deux frères, ô mon Dieu ! En train d’enlever les Sabines et de déclencher une guerre sanglante.
Ah ! Si les gens comprenaient le mystère de ces deux jumeaux, une seule âme dans deux personnes distinctes, la Bouddhata divisée en deux et, bien entendu, incarnée dans deux personnalités différentes.
Romulus et Remus nourris au sein par la louve de la Loi : une âme dans deux hommes, deux personnes, deux corps.
Les dieux savent bien qu’il est possible de vivre simultanément en des temps et des endroits différents !
Que de sagesse Vulcain grava-t-il dans l’aura brillante d’Énée ! Que de prophéties !
Regardez, hommes et dieux, on y voit le roi Porsenna, extraordinaire et merveilleux, conjurer les Romains d’admettre Tarquin à l’intérieur des murs glorieux de la ville.
Regardez l’oie d’or qui agite ses ailes au sommet du bouclier pointu, appelant à l’aide contre les Gaulois qui tentaient d’envahir le Capitole romain.
Observez, voyez les confrères saliens avec leurs danses martiennes et leurs chœurs guerriers, les chastes matrones dans leurs carrosses, le traître Catilina tourmenté dans l’Averne, les pâles furies, le sage législateur Caton, les navires de guerre, César Auguste, Agrippa assisté par les dieux et les vents, Marc-Antoine et Cléopâtre, Anubis, seigneur de la Loi, Neptune, Vénus et Minerve, déesse de la sagesse.
Et ensuite, ô mon Dieu ! César qui revient victorieux dans les murs de Rome, les nations vaincues, les files d’esclaves, le riche butin, les trônes d’or, les rois vaincus.
Chapitre 34 : La Rune Kaum
Il y a longtemps, dans la nuit profonde des siècles, là-bas, sur le continent Mu ou Lémurie, je connus Yahvé, cet ange tombé dont parle Saturnin d’Antioche.
Certes, Yahvé était un vénérable Maître de la Fraternité blanche, un ange glorieux des Mahamanvantaras précédents.
Je le connus et je le vis, il fut prêtre et guerrier parmi les gens de la Lémurie ; tous l’aimaient, l’adoraient et le vénéraient.
Les Hiérophantes de la race pourpre lui concédèrent le grand honneur d’utiliser la cuirasse, le cimier, le casque, le bouclier et l’épée dorés.
Ce prêtre-guerrier resplendissait comme des flammes d’or sous la forêt épaisse du soleil.
Vulcain avait gravé sur son bouclier symbolique de nombreuses prophéties et des avertissements terribles.
Hélas ! Cet homme commit l’erreur de trahir les mystères de Vulcain.
Les lucifers de l’époque, qui flottaient dans l’atmosphère du vieux continent Mu, lui enseignèrent le tantrisme noir, le Maïthuna avec éjaculation de l’Ens-Seminis.
Le plus grave, c’est que cet homme tant aimé et tant vénéré de tout le monde se laissa convaincre et qu’il pratiqua ce type pernicieux de magie sexuelle avec différentes femmes. Il est clair que le serpent igné de nos pouvoirs magiques descendit alors par le canal médullaire de Yahvé et se projeta vers le bas à partir du coccyx, formant et développant ainsi dans son corps astral l’abominable organe Kundartisseur.
C’est ainsi que cet ange tomba et qu’il se transforma à travers tous les âges en un démon terriblement pervers.
Nous avons rencontré plusieurs fois dans les mondes supérieurs l’épouse-prêtresse de Yahvé ; elle est un ange ineffable.
Les efforts de cet homme pour convaincre son épouse furent inutiles : jamais elle n’accepta le tantrisme noir des ténébreux, et elle préféra divorcer plutôt que de prendre le chemin noir.
Yahvé est ce démon qui tenta Jésus, le Christ, dans le désert et qui lui dit durant le jeûne : « Si tu es fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain ».
« Ce n’est pas de pain seul que vit l’homme, répondit Jésus, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
Les saintes écritures racontent que Yahvé emmena alors Jésus, le grand Kabire, sur une haute montagne et qu’il lui dit pour le tenter : « Itababo ! Tous ces royaumes du monde, je te les donnerai si tu t’agenouilles pour m’adorer ».
Le grand Maître répondit : « Satan, Satan, il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et Lui seul tu serviras ».
Les écritures disent que Yahvé emmena finalement Jésus à Jérusalem, où il le plaça sur le pinacle du temple et lui dit : « Si tu es fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu’ils te gardent. Et encore : Sur leurs mains, ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre ».
Mais Jésus lui répondit : « Il est dit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu ». Ayant ainsi épuisé toute tentation, Yahvé s’éloigna de lui pour un certain temps.
Si nous voulons comprendre à fond tous les mystères de la Rune Kaum, nous devons à présent parler du tantrisme blanc.
Les époques de l’Égypte antique me viennent présentement à la mémoire.
Durant la dynastie du pharaon Képhren, dans le pays ensoleillé de Kem, je fus un initié égyptien.
Par un après-midi ensoleillé, marchant dans les sables du désert, je traversai une allée de sphinx millénaires et je parvins aux portes d’une pyramide.
Le gardien du temple, un homme au visage hiératique et terrible, était sur le seuil ; il tenait dans sa main droite l’épée flammigère, menaçante.
Que désires-tu ? Dit-il. Je suis Sous (celui qui supplie, qui s’agenouille) ; je viens, aveugle, en quête de lumière.
Que veux-tu ? De la lumière, répondis-je de nouveau.
De quoi as-tu besoin ? De lumière, répondis-je encore une fois.
Je n’ai jamais pu oublier cet instant où la lourde porte de pierre pivota sur ses gonds, produisant ce son caractéristique de l’Égypte pharaonique, ce do profond.
Le gardien me prit brusquement par la main et me traîna dans le temple. On me dépouilla de ma tunique et de tout objet métallique, puis on me soumit à des épreuves terribles et épouvantables.
Lors de l’épreuve du feu, je dus garder un contrôle total sur moi-même ; ce fut terrible de marcher entre des poutres d’acier chauffées au rouge vif. Dans l’épreuve de l’eau, je fus sur le point d’être dévoré par les crocodiles dans un puits profond. Dans l’épreuve de l’air, j’étais suspendu à un anneau au-dessus de l’abîme et je résistais avec héroïsme aux vents impétueux. Dans l’épreuve de la terre, je crus mourir entre deux masses qui menaçaient de me broyer.
J’avais déjà traversé toutes ces épreuves initiatiques dans les temps anciens, mais je devais les récapituler pour reprendre le droit chemin dont je m’étais écarté.
On me revêtit de la tunique de lin blanc et on me plaça la croix tau sur la poitrine, accrochée à mon cou.
Je fus admis comme n’importe quel autre néophyte, malgré que je fusse un boddhisattva : je dus traverser de rigoureuses études et disciplines ésotériques, et lorsque je parvins à la neuvième porte, on m’enseigna les grands mystères du sexe.
Je me souviens même de cet instant où mon gourou, à la suite d’explications profondes, me regarda fixement et me dit d’une voix solennelle : « Découvre-toi le truc (le phallus) ! »
Il me communiqua alors de bouche à oreille le secret indicible du Grand Arcane : la connexion sexuelle du Lingam-Yoni sans éjaculation de l’Ens-Seminis.
Il amena ensuite une vestale vêtue d’une tunique jaune et resplendissante d’une beauté extraordinaire.
Suivant les instructions de mon Maître, je réalisai avec elle le travail, je pratiquais le Maïthuna, le tantrisme blanc.
« Cette pratique est merveilleuse » dis-je alors ; puis je descendis à la neuvième sphère. C’est ainsi que je réalisai le Grand-Œuvre.
L’objectif : fabriquer les corps solaires, éveiller et développer le feu serpentin de l’anatomie occulte.
À cette époque, il y avait à l’intérieur des temples des prostituées sacrées, des vestales spéciales ; les initiés célibataires travaillaient avec elles. De nos jours, ce ne serait pas convenable d’avoir de telles femmes dans les Lumitiaux, cela ferait un scandale. C’est pourquoi, à présent, le Maïthuna, le sexo-yoga, ne peut et ne doit se pratiquer qu’entre époux et épouse, dans des foyers légitimement constitués.
Dans l’Égypte ancienne des pharaons, ceux qui violaient leur serment et divulguaient le Grand Arcane étaient condamnés à la peine de mort ; on leur coupait la tête, on leur arrachait le cœur, on incinérait leur corps et, finalement, on jetait leurs cendres aux quatre vents.
La mystérieuse Rune K représente avec une exactitude parfaite la Femme-Prêtresse ainsi que l’épée flammigère.
Hommes et femmes du monde, sachez que la seule manière de mettre ce feu serpentin annulaire en activité dans le corps de l’ascète, c’est le Maïthuna.
De toute urgence, il nous faut apprendre à manier sagement l’éternel principe féminin des forces solaires.
Rappelez-vous l’aigle à tête de femme, la dame soleil, le fondement diamantin du Grand-Œuvre du Père.
Nous devons d’abord transmuter le plomb en or, et il nous faut par la suite fabriquer des diamants de la meilleure qualité.
La Rune Rita influence de façon décisive les glandes endocrines masculines, et la Rune Kaum exerce son influence sur les glandes féminines.
Dans le labyrinthe de toutes les théories, il y a de nombreux acrobates du Hatha-Yoga. Ces gens de cirque supposent qu’ils peuvent exclure le Maïthuna et s’autoréaliser à fond sans avoir besoin de descendre à la neuvième sphère. Ces mystiques de l’acrobatie croient qu’à l’aide de pirouettes et d’une gymnastique absurde, ils peuvent fabriquer leurs corps solaires et atteindre la seconde naissance.
Il y a un certain temps, j’eus le grand honneur d’être invité à un concile secret de la grande Loge blanche. Je dois informer clairement le monde que le Hatha-Yoga y fut alors disqualifié, réprouvé, condamné comme étant de l’authentique et légitime magie noire de la pire espèce.
Les recteurs ésotériques de l’humanité n’acceptent pas et n’accepteront jamais les acrobaties absurdes du Hatha-Yoga.
Celui qui veut vraiment s’autoréaliser à fond doit transmuter l’hydrogène sexuel SI-12 par le biais du sexo-yoga pour fabriquer grâce à celui-ci les corps solaires, l’habit de noces de l’âme.
Il s’avère absolument impossible d’incarner en nous notre Être réel si nous ne fabriquons pas auparavant nos corps d’or dans la forge des Cyclopes.
Il est urgent de marcher d’un pied ferme sur le sentier du tranchant du couteau.
L’heure est venue de suivre le chemin du mariage parfait. Rappelez-vous que notre grande devise est Théléma (volonté).
Les mystères de la Rune Kaum resplendissent glorieusement au fond de l’arche, attendant le moment d’être réalisés.
Chapitre 35 : La Région du Purgatoire
L’aigle au plumage d’or pur, qui enleva Ganymède et l’emmena à l’Olympe pour qu’il serve d’échanson aux dieux, a toujours la coutume de chasser dans la région du purgatoire.
Cet oiseau majestueux de l’esprit fait des cercles majestueux dans l’air, puis il descend, terrible comme l’éclair, et il emporte l’âme jusqu’à la sphère du feu pour y briller avec elle, tous deux transformés en flammes vivantes.
Rappelons-nous le puissant Achille, agité et rempli d’épouvante, ignorant l’endroit où il se trouvait, lorsque sa mère le déroba à Chiron et le transporta pendant son sommeil à l’île de Scyros, où les Grecs vinrent plus tard le chercher.
Ceci me ramène à la mémoire cette époque où j’abandonnai l’Averne pour entrer dans la région du purgatoire.
Déjà, ma Mère m’avait instruit à fond ; transformée en véritable pleureuse, elle avait navigué avec moi dans la barque de Charon, elle m’avait démontré la dissolution du moi pluralisé, et finalement elle m’avait enseigné que le mental, même dépourvu d’Égos, garde ses tendances mauvaises.
Ô mon Dieu ! Le moi pluralisé, lorsqu’il se dissout, laisse dans le mental ses germes de perdition.
Les yogis disent qu’il faut frire ces semences, les incinérer, les réduire en poussière cosmique.
Il est urgent de comprendre que le moi renaît comme la mauvaise herbe à partir de ses propres semences.
Je devais donc incinérer les mauvaises semences de cette herbe vénéneuse ; il me fut nécessaire d’entrer dans la région purgatoriale du monde moléculaire inférieur pour y brûler la pépinière du moi-même.
Je m’approchai jusqu’à arriver à un endroit qui jusqu’à présent m’avait paru n’être qu’une fissure, semblable à une brèche qui fend un mur, et j’y vis une porte à laquelle on accédait en montant trois marches de couleurs différentes ; dans ce portique terrible, le mot purgatoire était gravé en caractères indélébiles.
Je vis un portier, qui n’avait jusque-là prononcé aucune parole ; ce génie était debout sur la marche supérieure. C’était un ange d’une beauté extraordinaire, imposant, sévère, terriblement divin ; il tenait dans sa main droite une épée dénudée qui reflétait ses rayons de lumière.
Quiconque veut pénétrer dans la région du purgatoire doit se prosterner pieusement aux pieds de cet ange et lui supplier la miséricorde d’ouvrir, en se frappant d’abord la poitrine trois fois.
Moments inoubliables et terribles que ceux durant lesquels l’ange écrit à sept reprises avec son épée la lettre « P » sur le front de l’initié. On entend alors la phrase suivante sur ses lèvres : « Tâche de nettoyer ces taches tandis que tu es en dedans ».
Vous souvenez-vous du cas de la femme de Lot ? Elle fut transformée en statue de sel pour avoir regardé en arrière. L’ange du purgatoire avertit également que celui qui regarde en arrière après être entré dans le monde moléculaire inférieur perd alors son travail, qu’il ressort par où il est entré.
Cela implique un repentir absolu : ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs que par le passé, ne pas commettre de délit.
Celui qui regarde en arrière échoue, il répète les mêmes erreurs, il retourne dans son passé pécheur et ne se purifie pas.
Quiconque regarde en arrière se transforme en un échec du purgatoire. Dans le purgatoire, il faut marcher d’un pas ferme vers l’avant.
Dans la région moléculaire inférieure, on comprend à quel point la prétention et l’orgueil sont absurdes ; nous ne sommes que de simples chrysalides, de misérables vers dans la terre boueuse, à l’intérieur desquels le papillon céleste peut prendre forme à force de terribles sur-efforts intimes ; le fait que cela puisse se produire n’est toutefois pas une loi : ces chrysalides peuvent se perdre, et c’est ce qui se passe normalement.
Qu’ils sont bêtes, ces gens qui souffrent l’indicible à voir quelqu’un heureux ! Pourquoi mettent-ils leur cœur dans ce qui demande une possession exclusive ?
« Beati pacifici, heureux ceux qui n’ont pas le péché de la colère ! » La colère peut malheureusement se déguiser avec la toge du juge ou le sourire du pardon : chaque défaut a de nombreuses facettes.
Dans la région du purgatoire, le feu de la luxure nous fait épouvantablement souffrir ; nous revivons dans les sphères subconscientes, submergées, tous les plaisirs de la passion sexuelle, mais cela nous cause une douleur profonde.
« Adhaesit pavimento anima mea ! » Pauvres âmes qui se sont attachées aux choses terrestres, comme elles souffrent dans la région du purgatoire !
Gens de la région du purgatoire ! Écoutez-moi, rappelez-vous Pygmalion : sa passion pour l’or fit de lui un traître, un escroc, et de plus, pour comble de malheur, un parricide.
Et que pouvons-nous dire de la misère de Midas l’avare, avec ses demandes absurdes, devenu un personnage ridicule pour d’innombrables siècles.
Que pouvons-nous dire de la paresse, cette sirène qui distrait les marins sur la mer immense de l’existence ? La pestilence émane de son ventre horrible ; c’est elle qui éloigna Ulysse du chemin.
Gloutons du purgatoire ! Regardez Boniface, qui rassasia tellement de gens ; voyez messer Marchese, qui pour avoir omis de boire à Forli alors qu’il en avait le temps et que sa soif était moins grande, éprouva ensuite une soif telle qu’il ne put jamais l’étancher.
Rappelez-vous les damnés grassouillets qui prirent forme dans les nuages et combattirent Thésée avec leurs doubles poitrines.
Rappelez-vous les Juifs qui démontrèrent leur mollesse en buvant, raison pour laquelle Gédéon refusa de les prendre pour compagnons lorsqu’il descendit des collines, près de Madian.
Je vis et j’entendis dans le purgatoire des choses épouvantables ; y revivant toutes les bestialités des temps antiques, je m’y sentis en vérité comme transformé en porc.
Un jour parmi tant d’autres, alors que je discutais avec une âme qui m’accompagnait dans le purgatoire, je lui dis : « Ma sœur, ici nous sommes devenus des porcs ». « En effet, me répondit-elle, ici nous nous sommes transformés en cochons ».
Le temps passait et je souffrais l’indicible à incinérer les semences malignes, à éliminer les « cochonneries ».
Et de nombreuses âmes, des compagnes du purgatoire avaient l’air de cadavres en décomposition étendus dans des lits de douleur : elles éliminaient des semences, d’horribles larves immondes, de mauvaises tendances.
Ces âmes soupiraient et se lamentaient. Jamais je n’oubliais ma Mère divine, je la suppliais sans cesse de m’aider dans ce travail du purgatoire, d’éliminer pour moi tel ou tel défaut psychologique. La lutte contre moi-même fut terrible.
Finalement, une nuit, la sainte Déesse-Mère Kundalini entra dans la région du purgatoire déguisée en homme. Je la reconnus intuitivement.
Pourquoi vous êtes-vous déguisée en homme ? Lui demandai-je.
Pour entrer dans ces régions-ci, fut sa réponse.
Quand me sortirez-vous d’ici ?
Elle, l’Adorable, fixa alors la date et l’heure.
Ensuite viendra l’instruction télévoyante, ajouta-t-elle.
Il est évident que je compris tout cela.
Différents détails confirmaient les dires de ma Mère : les sept « P » s’étaient peu à peu effacés, l’un après l’autre ; les purifications étaient évidentes et pathétiques, claires et positives.
Chapitre 36 : Le Temple d’Hercule
Compagnon resplendissant de ce temple merveilleux de Jagre-Nat, au sujet duquel A. Snider dit tant de merveilles dans son œuvre formidable intitulée « La Création et ses mystères », le sanctuaire d’Hercule (le Christ) brillait glorieusement dans l’Atlantide submergée.
Temps inoubliables de poésie profonde que ceux-là où le roi Evandre expliquait avec éloquence à Énée, l’illustre Troyen, tout l’enchantement délicieux du banquet sacré célébré en l’honneur d’Hercule.
Si le dieu Vulcain (le Troisième Logos) mérite en réalité autant d’éloges, alors que pourrons-nous dire du Seigneur, du Christ, du Second Logos, Hercule ?
Le chœur des adolescents chanta suavement lors du banquet sacré, entonnant l’éloge du Seigneur et de ses hauts faits, énumérant avec une beauté singulière tous ses travaux :
Hercule qui étrangle les serpents venimeux qui viennent lui ôter la vie alors qu’il est encore tout petit (Rappelons-nous Hérode et le massacre des innocents).
Hercule qui décapite l’hydre de Lerne, le serpent tentateur de l’Éden, l’horrible vipère du temple sinistre de la déesse Kali.
Hercule qui nettoie, grâce au feu sacré, les écuries d’Augias, en d’autres mots les quarante-neuf régions subconscientes du mental humain où demeurent toutes les bêtes affreuses du désir.
Hercule qui tue valeureusement le furieux lion de Némée, c’est-à-dire qu’il élimine ou éteint le feu luciférien, et qu’il sort Cerbère, le chien infernal (l’instinct sexuel) des ténèbres à la lumière, ce qui est assurément admirable, digne de toute louange et de toute gloire.
Et dire, ô mon Dieu ! Qu’Hercule répète toujours ses travaux, chaque fois qu’il vient au monde ! C’est une chose terrible, grandiose.
Il est bien entendu, et cela s’avère tout à fait émouvant, que nous devons d’abord travailler dans la forge ardente de Vulcain (le sexe) avant d’incarner Hercule à l’intérieur de nous-mêmes.
« Malheur au Samson de la Kabbale qui se laisse endormir par Dalila ; celui-là qui échange son sceptre de pouvoir contre le fuseau d’Omphale sentira bientôt les vengeances de Déjanire, et il ne lui restera d’autre solution que le bûcher du mont Etna pour échapper aux tourments dévorants de la tunique de Nessus ».
Du haut de la roche Tarpéienne, tous ceux qui trahissent Hercule sont précipités au fond de l’abîme.
Autrefois, à l’époque de l’Atlantide submergée, on érigeait le temple d’Hercule sur un massif rocheux. L’extraordinaire balcon de marbre qui donnait accès au temple, sa masse cyclopéenne et imposante, en faisait véritablement le splendide frère jumeau de la Philae égyptienne et de nombreux autres sanctuaires vénérables des Mayas, des Nahuas et des Aztèques.
Si nous pensons, ne serait-ce qu’un instant, à la Cité des dieux de Teotihuacan, au Mexique, et aux cryptes et passages secrets de cet endroit sacré, inconnus des touristes, nous ne devons jamais oublier non plus les constructions colossales sous le temple d’Hercule. Il est certain que sous la façade postérieure du temple, un portique royal s’ouvrait, avec douze statues des dieux zodiacaux qui symbolisaient clairement les douze facultés de l’homme et les douze sauveurs dont le grand Kabire Jésus parla si sagement.
Les vieilles traditions disent que ce portique était semblable à la Maison du nain du grand Teocalli, aussi appelée Maison du mage, ou à la Maison de Dieu, à Mexico.
Les initiés entraient sous ce portique terrible, remplis de révérence et de frayeur, ils passaient sous les colonnes d’Hercule. Ces colonnes étaient d’or pur, et les mots Adam Kadmon étaient gravés sur elles en caractères sacrés ; les hommes connaissent très bien le J et le B, le nec plus ultra.
L’initié descendait sept marches d’or qui le conduisaient à une grande enceinte rectangulaire. Cet endroit mystérieux se trouvait entièrement revêtu d’or pur et correspondait exactement à la nef supérieure qui était toujours ouverte aux prières du monde profane : c’était la Chambre du soleil.
Il y avait quatre autres chambres, et les mystères resplendissaient dans chacune d’elles.
La deuxième crypte était ineffable ; on y arrivait en descendant cinq paliers d’étain plaqué argent, le métal sacré de Brihaspati, Jupiter ou Io.
Dans la troisième crypte, les planètes Mars et Vénus brillaient. La couleur rouge de l’une et la blancheur d’écume de l’autre donnaient à l’atmosphère une teinte rosacée et splendide.
Des sept palais solaires, le troisième est celui de Vénus-Lucifer, celui-là même que la Kabbale chrétienne et la Kabbale hébraïque ont désigné comme la demeure de Samaël.
De même, les titans de l’allégorie occidentale sont en relation avec Vénus-Lucifer.
Shucra, c’est-à-dire le régent de la planète Vénus, s’incarna donc sur la terre sous le nom d’Ushanas (en hébreu, Uriel), et il donna aux habitants de ce monde des lois parfaites, qui furent malheureusement violées au cours des siècles suivants.
J’ai connu Ushanas ou Uriel sur le continent polaire durant la première race ; il écrivit alors un beau livre en caractères runiques.
Lucifer est l’aspect négatif et fatal de Vénus. À l’aube, Vénus resplendit toujours et les forces lucifériennes s’activent, terribles.
Vénus est vraiment la grande sœur, la messagère de la lumière sur la Terre, autant dans le sens physique que mystique.
Dans la quatrième chambre initiatique du temple d’Hercule, Saturne et la Lune brillaient toujours, face à face sur l’autel.
Il est urgent de se rappeler que depuis l’époque atlante, les deux sentiers se sont clairement dessinés : celui de droite et celui de gauche, et que la lutte entre les deux, qui date de plus de 800 000 ans, est chantée symboliquement dans le poème oriental de la grande guerre ou Mahabharata.
Poursuivant leur descente, les initiés atlantes pénétraient dans la cinquième crypte, celle d’Hermès, de Mercure, qui brillait sur l’autel dans toute sa splendeur.
Mercure, la planète astrologique, est le messager et le loup du Soleil, Solaris Luminis Particeps. Mercure est le chef et l’évocateur des âmes, l’Archimage et l’Hiérophante.
Mercure tient dans ses mains le caducée ou marteau à deux serpents pour évoquer de nouveau à la vie les âmes malheureuses qui ont été précipitées dans l’Orcus (les limbes), afin de les faire entrer dans la milice céleste. Rappelez-vous qu’on retrouve dans les limbes de nombreux hommes saints et sages et de nombreuses douces demoiselles qui crurent pouvoir s’autoréaliser sans la magie sexuelle. Pauvres âmes ! Elles n’ont pas travaillé dans la forge des Cyclopes, elles n’ont pas fabriqué les corps solaires, l’habit de noces de l’âme.
Bienheureux celui qui comprend entièrement la sagesse des cinq cryptes du temple d’Hercule !
Chapitre 37 : La Rune Hagal
Parlons à présent d’élémentaux, de dieux et de Deva, d’étincelles et de flammes. Que les muses nous inspirent ! Que la lyre d’Orphée résonne !
Rappelons-nous le vieux Tibre, qui surgit en personne comme une brume des eaux du fleuve qui porte son nom pour parler à Énée.
« Ô fils des dieux ! Lui dit-il. Toi qui nous apportes les idoles de Troie et qui as sauvé la renommée de ta patrie, ne te laisse pas effrayer par les menaces de guerre ! La vraie persécution des dieux est terminée. La lutte t’est maintenant offerte, mais tu lutteras victorieusement. Et pour que tu ne te croies pas présentement le jouet d’un vain songe, je te donnerai un signe que tu ne tarderas pas à reconnaître : parmi les buissons qui sont près d’ici, tu trouveras une truie blanche qui allaite trente porcelets nouveau-nés ».
« Cette découverte coïncide avec d’autres prophéties qui t’ont déjà été faites, et elle servira à te confirmer que cette terre est celle que les dieux te destinent. Les trente cochonnets symbolisent le fait que d’ici trente ans, ton fils Ascagne fondera ici la ville d’Alba Longa. Ce que je te prédis s’accomplira ».
« Et à présent, si tu veux savoir de quelle façon tu sortiras vainqueur des ennemis qui te menacent, écoute-moi : ce ne sont pas tous les peuples italiques qui sont prêts à seconder Turnus. Il y a, près de mes sources, une ville gouvernée par le roi Évandre, celui qui d’habitude est toujours en guerre contre la nation latine : ce monarque sera ton allié. Pour parvenir à lui, remonte mon courant vers l’amont avec une embarcation dans laquelle tu apporteras des armes et des compagnons choisis. En signe d’intelligence, j’apaiserai mes vagues quand vous embarquerez, pour ne pas que vous ayez à ramer contre le courant. Et lorsque, grâce à cette aide et à bien d’autres, tu seras devenu le vainqueur de tes ennemis, tu auras alors le temps de me rendre tous les hommages que tu me dois ».
Lorsqu’il eut dit cela, le vieux Tibre retourna en son centre et s’immergea dans les eaux profondes.
Et Virgile, le poète de Mantoue, raconte que bien entendu, lorsque la vision du Tibre s’évanouit, Énée s’éveilla, se leva, et qu’après s’être bien frotté les yeux, il courut dans les environs pour voir s’il découvrirait les signes dont le sublime ancien lui avait parlé. Il ne tarda pas, en effet, à apercevoir la truie blanche avec ses trente porcelets.
Inutile d’ajouter que les prédictions du dieu Tibre, le Deva élémental du saint fleuve italique, s’accomplirent totalement.
C’était l’époque où notre race Aryenne n’était pas encore entrée dans le cycle involutif descendant : le mental humain n’avait pas encore été empoisonné par le scepticisme matérialiste du XVIIIe siècle, et les gens avaient alors foi en leurs visions et rendaient un culte aux dieux élémentaux de la nature.
Existe-t-il des terres Jinas, des paradis où le loup et l’agneau, les hommes et les dieux vivent ensemble ? Évidemment.
Rappelons-nous le moine Barinto, qui retourna dans sa patrie après avoir navigué un certain temps et raconta à Brandan qu’au-delà du mont de Pierre, il y avait l’île des Délices, où son disciple Mernoc s’était retiré avec de nombreux religieux de leur ordre, et qu’encore plus loin vers l’occident, au-delà d’un banc de brouillard, une autre île brillait d’une lumière éternelle, et que c’était la terre promise des saints.
Il est clair que Brandan ne se laissa pas conter l’histoire deux fois et que, plein de foi et imprégné d’un zèle saint, il s’embarqua dans un vaisseau d’osier revêtu de peaux taillées et cirées pour s’y rendre avec dix-sept religieux, parmi lesquels le jeune Saint-Malo, l’un de ses plus illustres disciples, comptait toujours.
« Naviguant patiemment vers le tropique, ils firent escale sur une île très escarpée et hospitalière. Ils parvinrent à une autre île, riche en animaux de la terre et en poissons d’eau douce, resplendissante de lumière et de beauté. Puis ils arrivèrent à une autre île qui n’avait ni plage, ni sable, ni berge ; ils décidèrent d’y célébrer la Noël, mais il s’avéra que cette terre était une grande baleine, ou peut-être un gigantesque cachalot. Poursuivant toujours, ils restèrent jusqu’à la Pentecôte au paradis des oiseaux, où l’abondance des feuilles et des fleurs leur réjouissait la vue et où les petits oiseaux mouchetés leur réjouissaient l’ouïe ».
« Ils errèrent plusieurs mois sur l’océan et furent sur une autre île, habitée par des cénobites qui avaient pour patrons Saint-Patrice et Saint-Ailbeo, où ils restèrent depuis Noël jusqu’après l’octave de l’Épiphanie. Ils employèrent un an à faire ces pérégrinations, et durant les six années qui suivirent, ils se retrouvèrent toujours sur l’île de Saint-Patrice et Saint-Ailbeo pour Noël, sur celle des moutons pour la Semaine sainte, sur le dos de la baleine pour la Résurrection et sur l’île des oiseaux pour la Pentecôte ».
« Ils n’étaient même pas encore parvenus à l’île des Délices, d’où Mernoc avait emmené Barinto jusqu’à la terre promise. Leurs étranges et mystérieuses aventures se poursuivirent à travers les plus curieux événements. Durant la septième année, nos héros luttèrent successivement contre une baleine, un griffon et les cyclopes ».
« Ils virent d’autres îles : l’une d’elles, très plate, qui produisait de gros fruits rouges, était habitée par une population qui se disait être le peuple des hommes forts ; une autre embaumait l’odeur de certaines grappes qui faisaient ployer les arbres qui les portaient.
Ils retournèrent célébrer la Noël à l’endroit habituel et ils naviguèrent ensuite vers le nord, évitant la terrible île Rocheuse, lieu désertique où les cyclopes avaient leurs forges. Le lendemain, ils virent une montagne élevée qui jetait des flammes : c’était l’île de l’enfer ».
« Il n’y a pas de doute que ce n’était pas un lieu semblable que recherchaient Saint-Brandan et ses compagnons, et c’est pourquoi ils retournèrent vers le sud et débarquèrent sur une petite île ronde et dépourvue de végétation au sommet de laquelle habitait un ermite, qui les combla de bénédictions ».
« Ils célébrèrent la Semaine sainte, Pâques et la Pentecôte là où ils avaient l’habitude invétérée de le faire, et puis, sortant alors de ce cercle vicieux, ils traversèrent la zone d’obscurité qui entourait l’île des Saints, et celle-ci leur apparut couverte de pierres précieuses et de fruits comme en automne, et illuminée par un jour perpétuel ».
« Finalement, ils parcoururent l’île quarante jours sans en atteindre les limites ; arrivés à un fleuve qui la traversait, un ange leur dit qu’ils ne pourraient pas poursuivre, leur demandant de s’en retourner par où ils étaient venus. Ils traversèrent donc de nouveau les ténèbres, se reposèrent trois jours sur l’île des Délices et, après avoir reçu la bénédiction de l’abbé de ce monastère, ils retournèrent directement en Irlande sans pouvoir se rendre compte exactement de ce qui leur était arrivé ».
Ces récits cités entre guillemets proviennent de Sigebert de Gembloux et de Surius le Chartreux.
Vous, les dignes ! Vous qui avez atteint la deuxième naissance, vous qui avez dissous l’Égo et vous êtes sacrifiés pour l’humanité, écoutez-moi, je vous en prie !
Sur la roche vive, là-bas sur la plage, tracez la Rune Hagal à l’aide d’un bâton. Appelez à présent la barque du cygne sacré, et vous pourrez ainsi vous embarquer vers les îles mystérieuses de la quatrième dimension.
Après avoir tracé le saint signe, la Rune merveilleuse, chantez les mantras suivants : ACHAXUCANAC ACHXURAXAN ACHGNOYA XIRAXI IGUAYA HIRAJI.
Fixez du regard la sainte Rune Hagal et, le cœur rempli de foi, suppliez, demandez à l’Apia romaine, l’Urwala nordique, l’Erda scandinave, la Sibylle primitive de la terre, à votre Divine Mère Kundalini, de vous envoyer cette barque singulière avec les sylphes qui la poussent.
Ah ! Que vous serez heureux lorsque vous embarquerez dans le vaisseau mystérieux du cygne sacré en direction des îles mystérieuses de l’Éden !
Et à vous, les apprentis, je vous conseille de rendre un culte aux dieux saints, de travailler avec les créatures du feu, de l’air, de l’eau et de la terre.
N’oubliez pas votre Divine Mère Kundalini : sans Elle, vous ne pourrez réaliser aucun progrès dans cette science sacrée.
Rappelez-vous que Dieu n’a pas de nom, qu’il n’est qu’une aspiration, qu’un soupir ; il est le souffle éternel incessant, en lui-même profondément inconnu.
Le H est donc, de toute évidence, le principe du Logos de toutes les runes et de toutes les paroles.
Pratique
Bien-aimés disciples, méditez profondément sur l’unité de la vie, sur le grand Alaya de l’univers, sur le monde invisible, sur les univers parallèles des dimensions supérieures de l’espace.
Concentrez votre pensée sur les Walkyries et sur les dieux du feu, de l’air, des eaux et de la terre.
Agni est le dieu du feu, Paralda le dieu de l’air, Varuna le dieu de l’eau et Gob le dieu de l’élément terre.
Par le biais de la méditation, vous pouvez entrer en contact avec les dieux des éléments.
Chapitre 38 : Le Fleuve Léthé
La Divine Mère Kundalini tient toujours sa parole. J’attendis avec une patience extrême le jour, la date et l’heure.
La région du purgatoire est très douloureuse et je voulais en sortir, je désirais ardemment l’émancipation.
Caton, l’ange du purgatoire, lutte dans ces régions moléculaires pour la liberté des âmes. Cet ange souffrit passablement lorsqu’il vécut dans le monde. Tout initié sait que cet Être fut un homme et qu’il préféra mourir à Utique, en Afrique, plutôt que de vivre sous les chaînes de l’esclavage.
Moi aussi, je voulais la liberté ; je la demandai et on me l’accorda. Chaque fois qu’une âme abandonne la région du purgatoire, une grande joie naît dans le cœur de Caton.
Et le moment tant désiré arriva. J’avais connu le feu temporel et le feu éternel, j’étais sorti des chemins escarpés et étroits, et je devais rencontrer le soleil à l’intérieur de ma propre âme.
Je sentis quelque chose de mystérieux qui, depuis les recoins les plus ignorés, forçait et poussait avec violence les portes intimes et atomiques de mon univers intérieur. Inutiles furent mes peurs et ma résistance, vaine ; cette force m’obligeait, me contraignait, me pressait, et finalement, ô mon Dieu, je me sentis transformé : le Christ cosmique était entré en moi.
Et mon individualité ? Où était-elle restée ? Qu’était-il advenu de ma personnalité humaine ? Où était-elle ?
Je n’avais à la mémoire que les souvenirs de la terre sainte, l’humble naissance dans l’étable du monde, le baptême dans le Jourdain, le jeune dans le désert, la transfiguration, Jérusalem, la ville chérie des prophètes ; les multitudes humaines de cette époque, les docteurs de la loi, les Pharisiens, les Sadducéens, etc.
Flottant dans l’air ambiant du temple, j’avançai courageusement vers cette table derrière laquelle étaient assis les Caïphes modernes, les plus hauts dignitaires de l’Église déchue ; vêtus de leurs habits sacerdotaux et la croix pendue au cou, ceux-ci faisaient des projets, lançaient des idées, élaboraient en secret des plans insidieux et perfides contre moi.
« Vous pensiez que je ne reviendrais pas, et me voilà ici de nouveau ! » C’est tout ce qui me vint à l’esprit de dire.
Quelques moments plus tard, le Seigneur était sorti de moi et je me sentis de nouveau un individu ; je me reposais alors avec Litelantes au pied de ma croix pour un bref instant.
Je ne peux pas nier le fait que les échardes du lourd madrier me blessaient déplorablement, et j’en fis brièvement la remarque à Litelantes.
Nous avançâmes ensuite, elle et moi, vers la plate-forme du temple. Un Maître prit la parole pour dire que le Christ n’a pas d’individualité et qu’il s’incarne et se manifeste dans tout homme qui est dûment préparé.
Il est clair que le mot homme est extrêmement exigeant. Diogène ne trouva pas un seul homme dans Athènes.
L’animal intellectuel n’est pas un homme ; pour l’être, il faut se vêtir de l’habit de noces de l’âme, du fameux To Soma Heliakon, du corps, ou plutôt des corps, de l’homme solaire.
Par bonheur, je fabriquai ces corps d’or dans la forge des Cyclopes, dans la forge ardente de Vulcain.
Hercule a refait en moi toutes ses tâches, tous ses travaux : il dut étrangler les serpents venimeux qui voulaient lui enlever la vie alors qu’il était encore tout petit, il dut décapiter l’hydre de Lerne, nettoyer les écuries d’Augias, tuer le lion de Némée, sortir Cerbère, le chien infernal, du fond de l’épouvantable Tartare, etc.
Le Christ, Hercule, met ce qu’il prêche en pratique, et chaque fois qu’il s’incarne dans un homme, il répète tout son drame cosmique ; c’est pourquoi le Seigneur est le Maître des Maîtres.
Il est écrit que le Fils de l’homme doit descendre aux enfers atomiques de la nature.
Il est écrit que le Fils de l’homme doit monter aux cieux en passant par la région du purgatoire.
Le Fils de l’homme doit s’immerger soigneusement dans les eaux du Léthé pour reconquérir l’innocence.
Il nous faut de toute urgence oublier notre passé coupable et absurde, source de tant d’ennuis.
Le Léthé et l’Eunoé sont, de façon certaine et sans le moindre doute, un seul et même fleuve aux eaux claires et profondes. D’un côté, il descend en chantant délicieusement dans son lit de roches avec cette vertu merveilleuse d’effacer la mémoire du péché, les souvenirs du moi-même, et il s’appelle le Léthé. Sur l’autre rive, si sainte et sublime, il a l’enchantement délicieux de fortifier les vertus et il s’appelle l’Eunoé.
Il est évident que les souvenirs ténébreux de tous ces jours passés doivent être effacés, car elles ont, pour notre malheur, tendance à s’actualiser, à se projeter dans le futur par la ruelle du présent.
Au nom de la vérité, je dois dire que le travail profond dans les eaux du Léthé s’avère d’habitude épouvantablement difficile, plus amer que le fiel.
Cet acte par lequel on va au-delà du corps, des affects et du mental n’a rien de facile : il y a dans le temps tellement d’ombres qui nous sont chères. Les mémoires du désir persistent, elles se refusent à mourir, elles ne veulent pas disparaître.
Et le sexe ? Le Maïthuna ? Le sexo-yoga ? Qu’en est-il de tout cela ? Ô mon Dieu ! Les deux fois nés savent bien qu’ils ne doivent plus retourner à la forge ardente de Vulcain.
Il est évident que le Maïthuna est vital, capital, décisif pour fabriquer l’habit de noces de l’âme, le To Soma Heliakon ; cependant, tout initié sait que celui-ci n’est que le travail inférieur de l’initiation.
Pour le Fils de l’homme, le sexe est interdit ; les dieux le savent, et c’est écrit ainsi.
Nous devons d’abord travailler avec le Troisième Logos dans la neuvième sphère jusqu’à atteindre cette deuxième naissance dont le Kabire Jésus parla au rabbin Nicodème. Par la suite, nous devons travailler avec le Deuxième Logos, et le sexe se trouve alors interdit.
L’erreur de nombreux pseudo-ésotéristes et pseudo-occultistes, moines et anachorètes, consiste à renoncer au sexe sans avoir fabriqué auparavant les corps solaires dans la forge des Cyclopes. Ces sincères trompés veulent travailler avec le Deuxième Logos sans avoir travaillé avec le Troisième Logos au préalable : voilà leur erreur.
L’abstinence sexuelle définitive et radicale n’est obligatoire que pour les deux fois nés, que pour le Fils de l’homme.
Celui qui entre dans le temple des deux fois nés doit dissoudre l’Égo, incinérer les semences du moi et se baigner dans les eaux du Léthé ; cela est connu des dieux, des étincelles, des flammes, des resplendissants dragons de sagesse.
Personne ne pourrait, en vérité, aller très loin au-delà du sexe, des affects et du mental sans s’être d’abord baigné dans les eaux du Léthé.
Après la deuxième naissance, il nous faut déchirer en morceaux le voile sexuel adamique, le voile d’Isis, afin de pénétrer les grands mystères.
Fils de la terre, écoutez vos instructeurs, les Fils du feu ! Adeptes de la lumière ! Invoquez votre Mère divine Kundalini et immergez-vous dans les eaux profondes du Léthé !
Chapitre 39 : Les Nymphes
Iris, ineffable demoiselle divine, déesse messagère aux pieds ailés, tu protèges les femmes initiées qui travaillent dans la forge ardente de Vulcain. N’est-ce pas toi, sublime beauté, toi-même qui remis à Turnus, le chef Rutule belliqueux, ce message céleste de Junon, la déesse des matrones initiées ?
Après les libations solennelles, Turnus, le guerrier expérimenté et menaçant, avance comme un nouvel Achille sur le campement troyen ; ceci est écrit, et les divins et les humains le savent.
Toutefois les Troyens, qui ne sont ni faibles ni lents d’esprit, se réunirent sur la place d’armes et se placèrent aussitôt en ligne de bataille.
Terrifiant, dantesque, effroyable, Turnus ne cesse de faire des cercles autour des murailles troyennes. Quel étrange destin : les épiques combats de la Troie détruite se répètent dans le Latium !
Les Troyens, malgré qu’ils soient vétérans de nombreuses guerres, n’osent toutefois pas affronter l’ennemi en terrain ouvert, parce qu’Énée se trouve présentement absent.
Ce qui vint ensuite ? La légende des siècles le sait. Le crépitement menaçant du feu, des flammes, des torches ardentes.
Les Rutules voulurent brûler les navires d’Énée. Cybèle, la Divine Mère Kundalini, supplie le Christ cosmique Jupiter, le fils de Chronos, et celui-ci vient en aide aux Troyens.
Par bonheur, ces navires étaient faits de bois sacré, de pin coupé sur le mont sacré Ida, où le Christ (Jupiter) avait sa forêt favorite.
Ô étonnement ! Ô merveille ! Au lieu de flamber dans un holocauste fatal, les mystérieux navires se transforment en nymphes de la mer immense.
Comment comprendre cette sagesse ? Qui comprendra ces prodiges ? Ah ! Si le mental humain n’avait pas tant dégénéré. Eh bien moi, j’ai vu de jeunes demoiselles vêtues en fiancées, comme prêtes à célébrer les noces.
Je les ai bien vues, ô mon Dieu, au pied de chaque pin. Des âmes innocentes, n’est-ce pas ? Des élémentaux végétaux.
En vérité, ce sont bel et bien les élémentaux des pins : chacun de ces arbres de Noël a son âme propre.
Quand donc recommenceront-ils, ceux qui rendent un culte au Christ, à établir leurs sanctuaires dans des forêts remplies de pins ?
Ces arbres ont-ils des pouvoirs ? Qui oserait en douter ? Les guerriers de Turnus, ce nouvel Achille, furent-ils par hasard capables de transformer les navires troyens en holocauste ?
Si les gens éveillaient leur conscience, ils pourraient converser face à face avec les nymphes de l’océan tumultueux.
Si les gens éveillaient leur conscience, ils pourraient parler avec les élémentaux des pins.
Mais quel malheur, mon Dieu : les pauvres gens dorment profondément !
Ah ! Si ceux-là qui recherchent dans le domaine de l’occultisme comprenaient vraiment l’auteur des Métamorphoses des plantes, s’ils comprenaient Humboldt et ses cosmos, s’ils pressentaient véritablement le Timée et le Critias de Platon, le divin, ils s’approcheraient alors de l’amphithéâtre de la science cosmique et entreraient dans le mystère de la magie élémentale.
Si ceux-là qui étudient l’anatomie occulte comprenaient les mystères de Devi Kundalini, s’ils aimaient réellement Cybèle et le divin Jupiter, s’ils travaillaient dans la neuvième sphère, alors ils seraient admis dans les paradis élémentaux de la nature.
Rappelons-nous à présent le chœur de nymphes de Calypso, dans l’œuvre si occultiste écrite par Fénelon au sujet de Télémaque.
Un groupe ésotérique qui visita un jour l’antique Olises, dans la quatrième dimension, eut le bonheur immense d’être assisté par un groupe de nymphes marines.
Ces fées étendirent sur la mousse d’un rocher une nappe de fine dentelle dont l’aspect ravissant pourrait se comparer à celui de ces tissus subtils que forment parfois les cirrus dans le ciel et, à cet endroit même, dans une vaisselle de facture atlante qui de loin, par ses couleurs, rappelait la faïence de Talavera qui était tellement à la mode il y a quelques années, elles leur servirent un repas à l’apparence frugale, mais si nutritif qu’il sembla tous les remplir de joie et de jeunesse.
Les plats étaient constitués de blé, de seigle, de sirops, de maïs, de coca, de noix de cola, de pain sopari, que les adeptes Hindoustans donnent à leurs disciples en signe d’alliance, de miel, de moût non fermenté et de mille jus et mélasses indescriptibles.
Des mets délicieux que même un Brillat-Savarin ne goûta jamais, et que même un Montino et un Altimira n’arriverait jamais à comprendre.
Une liqueur parfumée, servie dans une coupe d’agate qui rappelait le calice du Saint-Graal, acheva de plonger le groupe de frères dans un état étrange, mystérieux.
Ils se sentaient contents, heureux et pleins de vigueur, prêts et capables de s’embarquer sans aucune peur dans l’aventure la plus terrible. Inutile de dire que ce groupe explora l’Atlantide et apprit tous les mystères du continent submergé.
Je fis également la connaissance de deux nymphes merveilleuses alors que je naviguais sur un voilier sur la mer des Caraïbes.
Elles vinrent à notre rencontre parmi les vagues déchaînées ; elles étaient d’une beauté incomparable. L’une d’elles avait la couleur des violettes : une demoiselle délicate qui flottait parmi les eaux et marchait parfois d’un pas rythmique et innocent ; une douce progression, agile et simple qui n’avait rien d’animal et beaucoup de divin ; elle avait plutôt l’air d’une indienne aux pieds nus. L’autre avait la couleur merveilleuse des coraux ; dans la forme cordiale de sa bouche, la fraise avait laissé son pourpre, et ses yeux resplendissaient dans le dessin subtil et délicat de son visage.
L’aube se levait sur l’océan. Je les vis et elles me parlèrent avec le verbe de lumière ; plus tard, elles se rapprochèrent très lentement de la plage et grimpèrent aux rochers des falaises.
Je devins l’ami de ces deux nymphes merveilleuses, et lorsque je pense à leurs pouvoirs et aux navires d’Énée qui se sont transformées, je m’immerge alors dans la méditation et la prière.
Chapitre 40 : La Rune Not
Il est urgent, indispensable et nécessaire que dans ce Message de Noël 1968-1969, nous étudiions véritablement et en profondeur la fameuse Rune Not.
Poursuivons en étudiant la question du karma. Écoutez-moi, cher lecteur : un jour quelconque, peu importe lequel, nous revenions, Raphaël Ruiz Ochoa et mon insignifiante personne, de la ville pittoresque de Taxco, dans la province de Guerrero, République du Mexique.
Nous nous dirigions vers le District Fédéral dans un véhicule en ruine que le poids des années faisait rugir épouvantablement d’une manière retentissante, avec beaucoup de tapage et de fracas.
Il était curieux de voir rouler ce véhicule ancien, ce vieux tacot : il surchauffait, horripilant et terrifiant comme un objet dantesque, et mon ami Raphaël qui avait la patience de se battre avec lui.
De temps en temps, nous nous arrêtions à l’ombre d’un arbre du chemin pour lui jeter de l’eau et le refroidir un peu.
C’était là la tâche de mon ami Raphaël ; moi, je préférais profiter de ces instants pour m’immerger en méditation profonde.
Je me rappelle maintenant d’une chose très intéressante. J’étais assis au bord du chemin, loin de cette curieuse guimbarde, et je vis quelques fourmis insignifiantes qui circulaient un peu partout, laborieuses et diligentes.
Je résolus aussitôt de mettre de l’ordre dans mon mental et de concentrer exclusivement mon attention sur l’une d’elles. Puis je passai à la méditation, et finalement survint l’extase, le Samadhi, ce que l’on nomme le Satori dans le bouddhisme zen.
Ce que j’expérimentai fut extraordinaire, merveilleux, formidable : je pus vérifier la relation intime qui existe entre la fourmi et ce que Leibniz appellerait la monade.
Nous devons évidemment comprendre de façon intégrale que cette monade directrice n’est assurément pas incarnée ou renfermée dans le corps de la fourmi : il est clair qu’elle vit hors de son corps physique, mais elle est toutefois connectée à ce dernier par le biais du cordon d’argent. Ce cordon est le fil de la vie, l’Antakarana septuple des Hindoustans, un cordon magnétique et subtil qui a le pouvoir de s’étendre ou de s’étirer indéfiniment.
La monade de cette insignifiante fourmi que j’observais si attentivement ressemblait en réalité à une jolie enfant de douze ans ; elle était vêtue d’une belle tunique blanche et portait sur ses épaules une petite cape de couleur bleu sombre.
On a beaucoup parlé de Marguerite Gautier, mais cette enfant s’avérait encore plus belle et ineffable, avec ses yeux d’évocatrice et ses gestes de prophétesse ; on sentait en elle une assiduité sacrée à l’autel ; son sourire innocent était comme celui de la Mona Lisa, avec des lèvres que personne dans les cieux ni sur la terre n’oserait embrasser.
Et que dit cette enfant ? Des choses terribles. Elle me parla de son karma, qui est assurément horrible. Nous parlâmes ensuite longuement à l’intérieur de la voiture ; elle y entra d’elle-même et s’assit en m’invitant à la conversation. Je m’assis humblement à côté d’elle.
« Nous, les fourmis, dit-elle, nous avons été punies par les seigneurs du karma, et nous souffrons beaucoup ».
Il serait opportun de rappeler maintenant les légendes sur les fourmis gigantesques du Tibet que rapportent Hérodote et Pline (Hérodote, Histoire, livre XI ; Pline, Histoire naturelle, livre III).
Bien entendu, mon Dieu ! Il serait difficile à prime abord d’imaginer Lucifer en abeille ou les Titans en fourmis, mais il est évident que ces créatures ont elles aussi connu leur chute, et que celle-ci fut, en elle-même, de la même nature que l’erreur commise par Adam.
Bien des siècles avant que la première race humaine n’apparaisse sur la face de la Terre, ces créatures non humaines que l’on appelle aujourd’hui fourmis et abeilles vivaient dans ce monde. Ces créatures savaient à fond distinguer le bien du mal et le mal du bien. Assurément et au nom de la vérité, je dois vous dire que c’étaient de vieilles âmes qui avaient énormément évolué mais qui n’avaient jamais pris le chemin de la révolution de la conscience.
Il est évident que l’évolution ne peut jamais conduire qui que ce soit à l’autoréalisation intime.
Il est tout juste normal que toute évolution soit inévitablement suivie d’une involution. Après toute montée vient une baisse, après toute ascension une descente.
Ces créatures renoncèrent à l’idée de la connaissance supérieure et du cercle ésotérique de la vie, et elles mirent leur foi dans un charabia de type marxiste-léniniste semblable à celui de l’Union Soviétique. Il n’y a pas de doute que leur façon de comprendre fut plus erronée et plus grave que celle d’Adam, et le résultat est aujourd’hui visible aux yeux de tout le monde.
Voilà ce que sont les fourmis et les abeilles, des créatures involuantes, retardataires, régressives.
Ces êtres ont altéré leur propre organisme, ils l’ont modifié horriblement, ils l’ont fait régresser dans le temps jusqu’à en arriver à l’état dans lequel ils se trouvent actuellement.
Maeterlinck dit textuellement, au sujet de la civilisation des termites : « Leur civilisation, qui est la plus ancienne de toutes, est la plus curieuse, la plus intelligente, la plus complexe et, en un sens, la plus logique et la mieux adaptée aux difficultés de l’existence de toutes celles qui sont apparues avant la nôtre sur notre globe. Cette civilisation, même si elle est cruelle, sinistre et souvent répulsive, est à plusieurs égards supérieure à celles de l’abeille et de la fourmi commune et ordinaire, et à celle de l’homme lui-même.
« Dans la termitière (le nid des fourmis blanches), les dieux du communisme se transforment en d’insatiables Molochs. Plus on leur donne, plus ils en demandent ; et ils persistent dans leurs demandes jusqu’à ce que l’individu soit annihilé et que sa misère soit complète. Cette épouvantable tyrannie n’a pas son pareil dans l’humanité, étant donné que parmi nous, il y en a au moins quelques-uns qui se font du bien entre eux, alors que dans la termitière, personne ne fait de bien à personne ».
« La discipline y est plus féroce que chez les Carmélites ou chez les Trappistes, et la soumission volontaire à des lois ou règlements qui viennent d’on ne sait où est telle qu’elle n’a son égal dans aucune société humaine. Une nouvelle forme de fatalité, peut-être la plus cruelle de toutes, cette fatalité sociale vers laquelle nous nous dirigeons nous-mêmes, s’est ajoutée à celles que nous connaissions déjà et qui nous préoccupaient déjà bien assez. Il n’y a pas de repos, sauf dans le dernier sommeil ; la maladie n’est pas tolérée, et la faiblesse porte avec elle sa propre sentence de mort. Le communisme est parvenu aux limites du cannibalisme et de la coprophagie. Il exige le sacrifice et la misère des masses pour le bénéfice et le bonheur de personne, tout cela, dans le but qu’une espèce de désespoir universel puisse se perpétuer, se renouveler et se multiplier tant que le monde vivra. Ces villes d’insectes, qui apparurent avant nous, pourraient presque servir de caricature de nous-mêmes, de parodie de ce paradis terrestre vers lequel tend la majeure partie des peuples civilisés ».
Maeterlinck démontre de façon évidente quel est le prix de ce régime de type marxiste-léniniste : « Elles avaient autrefois des ailes, et elles n’en ont plus ; elles avaient des yeux et elles y ont renoncé ; elles avaient un sexe, et elles l’ont sacrifié ».
Il ne nous reste maintenant qu’une seule chose à ajouter à ceci : c’est qu’avant de sacrifier leurs ailes, leur vue et leur sexe, les fourmis blanches (et toutes les fourmis en général) durent sacrifier leur intelligence.
Si une dictature de fer fut nécessaire au début pour établir leur communisme abominable, tout devint automatique par la suite ; l’intelligence s’atrophia peu à peu, remplacée par la mécanicité.
Aujourd’hui, nous sommes remplis d’étonnement en contemplant une ruche d’abeilles ou une fourmilière, mais nous regrettons seulement que l’intelligence n’y soit plus et que tout soit devenu mécanicité.
Parlons à présent du pardon des péchés. Le karma peut-il être pardonné ?
Nous, nous disons que le karma est pardonnable. Lorsqu’une loi inférieure est transcendée par une loi supérieure, cette dernière a en elle-même, et sans l’ombre d’un doute, le pouvoir extraordinaire d’effacer la première. Il y a toutefois des cas perdus, comme celui des fourmis et des abeilles ; après avoir été des personnalités normales, ces créatures ont involué, se sont déformées et ont rapetissé jusqu’à en arriver à leur état actuel.
Pour ma part, je devais du karma depuis des vies antérieures, et je fus pardonné. On m’avait annoncé une rencontre spéciale avec ma Divine Mère Kundalini ; je savais très bien que lorsque je parviendrais à un certain degré ésotérique, je serais amené en sa présence.
Bien sûr, le jour tant attendu arriva et je fus amené devant Elle. Un adepte très exalté me conduisit devant le sanctuaire.
Rendu là, ô mon Dieu, j’implorais, je pleurais, j’invoquai mon Adorable. L’événement cosmique fut extraordinaire : Elle vint à moi, ma Mère adorable. Ce que je ressentis est impossible à expliquer ; toutes les mamans que j’avais eues dans différentes réincarnations se trouvaient représentées en Elle.
Elle allait cependant beaucoup plus loin : c’était ma Mère, oui, mais parfaite, ineffable, terriblement divine. Le Père avait déposé en Elle toute la grâce de sa sagesse, le Christ l’avait saturée d’amour et l’Esprit-Saint lui avait conféré de terribles pouvoirs ignés. Je pus comprendre que dans ma Mère, la sagesse, l’amour et le pouvoir s’exprimaient vivement.
Nous nous assîmes face à face, Elle sur une chaise et moi sur une autre, et nous parlâmes délicieusement comme une mère et son fils.
Que je me sentais joyeux ! Que je me sentais heureux de parler avec ma Mère divine ! J’avais quelque chose à lui dire, et je parlai d’une voix qui m’étonna moi-même :
Je te demande de me pardonner tous les crimes que j’ai commis dans des vies antérieures, puisque tu sais que je serais à présent incapable de tomber dans ces mêmes erreurs.
Je le sais, mon fils, répondit ma Mère avec une voix de paradis, remplie d’un amour infini.
Même pour un million de dollars, je ne commettrais pas ces erreurs de nouveau, continuai-je à dire à ma Divine Mère Kundalini.
Qu’est-ce que c’est que cette affaire de dollars, mon fils ? Pourquoi dis-tu cela ? Pourquoi parles-tu ainsi ?
Ô mon Dieu ! Je me sentis alors peiné de moi-même, confus, honteux, et je répondis, plein de douleur :
Excuse-moi, ma Mère. Ce qui arrive, c’est que là où je vis, dans le monde physique vain et illusoire, on parle de cette façon.
Je comprends, mon fils, répondit ma Mère.
Ces paroles de l’Adorable me redonnèrent la tranquillité et la paix.
À présent, ma Mère, je te demande de me bénir et de me pardonner ; ainsi parlai-je plein d’extase.
Cet instant fut terrible : ma Mère, à genoux, agenouillée avec une humilité infinie et remplie de sagesse, d’amour et de pouvoir, me bénit en disant :
Mon fils, tu es pardonné.
Permets-moi de baiser tes pieds ! M’exclamais-je.
À cet instant, ô mon Dieu ! À l’instant où je déposai mon baiser mystique sur ses pieds sacrés, Elle m’instruisit à l’aide d’un symbole particulier en me rappelant le lavement des pieds lors de la Cène du Seigneur.
Je saisis et je compris tout cela à fond. J’avais déjà dissous le moi pluralisé dans les régions minérales, dans les mondes infernaux de la nature, mais il me fallait encore brûler les semences sataniques dans le monde moléculaire inférieur (la région du purgatoire), puis me baigner dans le Léthé et dans l’Eunoé pour effacer les mémoires du mal et fortifier les vertus, avant de pouvoir être confirmé dans la lumière.
Plus tard, je me vis mêlé à une scène très douloureuse de ma vie passée, où j’avais commis une erreur regrettable, et au moment où je fus sur le point d’être renversé par une automobile dans le District Fédéral, dans la ville capitale de Mexico, je me rendis alors tout à fait à l’évidence, je vérifiais jusqu’à satiété que j’étais devenu libre de karma.
J’étudiai mon propre livre du karma dans les mondes supérieurs, et je trouvai ses pages en blanc ; je n’y retrouvai écrit, sur l’une de ses feuilles, que le nom d’une montagne, et je compris que j’aurais plus tard à y vivre.
S’agit-il d’un karma ? Demandai-je aux seigneurs de la Loi.
Ce n’est pas du karma, me répondit-on, tu iras y vivre pour le bien de la grande Cause.
Il est toutefois clair que cela ne sera pas pour moi une obligation : on m’accorde la liberté de choisir.
Je ne dois plus de karma, mais je dois payer des impôts aux seigneurs de la Loi. Tout a un prix, et il faut payer le droit de vivre en ce monde ; moi, je paie par de bonnes œuvres.
J’ai donc présenté deux cas à l’attention de mes bien-aimés lecteurs : le karma irrémédiable, comme celui des fourmis et des abeilles, et le karma pardonnable.
Parlons maintenant affaires.
Nous allons rendre les choses concrètes avec la Rune Not. En Maçonnerie, on n’enseigne ce symbole qu’aux Maîtres, jamais aux apprentis.
Rappelons-nous le signal de secours du troisième degré, c’est-à-dire du degré de Maître. On place les mains entrelacées sur la tête à la hauteur du front, les paumes vers l’extérieur, et on prononce en même temps : « À moi, fils de la veuve ! » En hébreu, « ELAI B’NE AL’MANAH ».
Tous les Maçons doivent accourir à ce cri pour secourir le frère dans le malheur et lui donner leur protection dans toute éventualité et dans toute circonstance de la vie.
En maçonnerie, on pratique la Rune Not avec la tête ; celle-ci a toujours été et sera toujours un S.O.S., un signal de secours.
En fait, Not signifie en soi danger, mais il est évident que la Rune elle-même renferme le pouvoir de lui échapper intelligemment.
Ceux qui parcourent le sentier en tranchant de couteau sont attaqués sans cesse par les ténébreux, ils souffrent l’indicible, mais ils peuvent et doivent se défendre à l’aide de la Rune Not.
Par la Rune Not, nous pouvons implorer de l’aide, demandez à Anubis et à ses quarante-deux juges du karma d’accepter de négocier.
Nous ne devons pas nous plaindre du karma, celui-ci est négociable. Celui qui a un capital de bonnes œuvres peut payer sans devoir passer par la douleur.
Pratiques
Les pratiques avec la Rune Not nous mènent au Pranayama, à la sage et intelligente combinaison des atomes solaires et lunaires.
Inspirez profondément l’air vital, le Prana, la vie, par la narine droite, puis expirez par la gauche, en comptant mentalement jusqu’à douze ; ensuite, inspirez par la gauche et expirez par la droite, et vice-versa. Continuez cet exercice pendant dix minutes. Pour cette pratique, on contrôle les narines à l’aide de l’index et du pouce.
Puis l’étudiant gnostique s’assied ou s’étend en décubitus dorsal (la face vers le haut, le dos au sol), son corps étant relaxé ; il se concentre pour tenter de se rappeler ses vies passées.
Pratique spéciale
Dans les cas où l’on a besoin de l’assistance d’Anubis, ou bien s’il devient urgent de négocier avec lui, on ouvre les bras, et dans cette position, on forme une Rune en ouvrant un bras dans un angle de 135°, et l’autre dans un angle de 45° seulement. Ensuite, le bras qui forme l’angle de 45° formera celui de 135°, et le bras à 135° passera à 45°.
On chantera durant l’exercice les mantras Na, Né, Ni, No, Nu (Nou).
Le mental concentré sur Anubis, le chef du karma, suppliez-le d’accepter l’affaire que vous désirez conclure, en lui demandant son aide urgente.
Observez bien la forme de la Rune Not et imitez ce signe avec les bras dans un mouvement d’alternance.
Chapitre 41 : Parsifal
Parlons maintenant des chevaliers Templiers, discutons un peu de ces fidèles gardiens du Saint-Graal. Que les dieux nous écoutent, que les muses nous inspirent !
Que pourrions-nous dire du château de Montsalvat ? Chantons tous l’hymne du Graal :
« Jour après jour, disposé pour la dernière Cène de l’amour divin, le festin sera renouvelé comme si pour la dernière fois il fallait aujourd’hui le consoler, celui-là qui a pris plaisir à faire de bonnes œuvres. Approchons-nous de l’agape pour recevoir les dons augustes ».
« Tout comme un jour, à travers des douleurs infinies, le sang qui sauva le monde se répandit, que l’on verse mon sang, le cœur joyeux, pour la cause du héros sauveur. Par sa mort, le corps qu’il offrit pour notre Rédemption vit en nous ».
« Notre foi vivra toujours, puisque la colombe plane sur nous, propice messagère du Rédempteur. Mangez du pain de la vie et buvez du vin qui jaillit pour nous ! »
Voyez là-bas, hommes et dieux, les Chevaliers du Graal et leurs écuyers : ils portent tous des tuniques et des capes blanches semblables à celles des Templiers, mais au lieu de la croix Tau de ces derniers, ils arborent de plein droit, sur leurs armes et brodée sur leur cape, une colombe qui vole en planant. Symbole extraordinaire du Troisième Logos, signe vivant de l’Esprit-Saint, de Vulcain, cette force sexuelle merveilleuse grâce à laquelle nous pouvons faire tant de prodiges et de merveilles.
Bon, il convient de pénétrer tout à fait dans le sens profond du drame de Wagner. Qu’ils parlent : Amfortas, le type spécifique du remords ; Titurel, la voix du passé ; Klingsor, le magicien noir ; Parsifal, la Rédemption ; Kundry, la séduction ; Gurnemanz, la tradition.
Les trompettes merveilleuses résonnent dans leur diane solennelle ; Gurnemanz et ses deux écuyers s’agenouillent et récitent en silence la prière matinale. Deux forts cavaliers arrivent du Graal dans le but évident d’explorer le chemin que suivra Amfortas, le roi au saint calice.
Le vieux successeur du roi Titurel vient plus tôt que de coutume se baigner dans les eaux sacrées du lac, avec le désir de calmer les fortes douleurs qui l’affligent depuis qu’il a reçu, pour son malheur, un coup de l’épouvantable lance avec laquelle Klingsor, le magicien noir pervers, le blessa.
Triste histoire que celle de Klingsor ! Quelle horreur ! Un sincère dans l’erreur, comme il y en a tant. Il vivait dans un épouvantable désert de pénitent ; il voulait être saint. Il se déclara l’ennemi de tout ce qui avait une saveur sexuelle ; il lutta épouvantablement contre les passions animales ; il porta sur son corps flagellé des silices sanglants, et il pleura beaucoup. Tout cela fut cependant inutile : la luxure, la lascivité, l’impudicité secrète le dévorait vif, malgré tous ses efforts et ses sacrifices. Impuissant à éliminer les passions sexuelles, le malheureux résolut alors, ô mon Dieu ! De se mutiler de ses propres mains, de se castrer.
Puis il tendit les mains en suppliant vers le Graal, mais le gardien le repoussa avec indignation.
Le malheureux croyait qu’en haïssant l’Esprit-Saint, qu’en rejetant le Troisième Logos, en détruisant les organes sexuels, il pourrait être admis dans le château de Montsalvat.
L’infortuné pensait pouvoir être admis dans l’Ordre du Saint-Graal sans le Maïthuna, sans avoir auparavant atteint la seconde naissance, en étant encore vêtu de haillons lunaires.
Ce pauvre homme affligé et misérable supposait qu’on pouvait pénétrer dans le travail avec le Deuxième Logos (le Christ) sans avoir travaillé auparavant avec le Troisième Logos (l’Esprit-Saint, le sexe).
Rempli de dépit, le ténébreux Klingsor résolut finalement de se venger injustement des nobles chevaliers du Saint-Graal ; il transforma son désert de pénitent en un jardin envoûtant et fatal aux voluptueux délices, et il le remplit de femmes exquises et diaboliques, dangereusement belles.
Là, dans cette demeure délicieuse, en compagnie de ses beautés, il attendait en secret les chevaliers du Graal pour les entraîner dans la concupiscence qui conduit inévitablement les gens aux mondes infernaux.
Celui qui se laisse séduire par ces diablesses provocantes devient sa victime. Il parvint à mener plusieurs chevaliers à la perdition.
Amfortas, le roi du Graal, combattit le malheureux Klingsor ; il voulut mettre un terme à ce fléau de l’envoûtement fatal, mais il tomba, vaincu par la passion, entre les bras impudiques de la luxurieuse Kundry.
Un moment formidable pour Klingsor : il aurait été stupide de laisser passer l’occasion. Il arracha avec audace la lance sacrée des mains d’Amfortas, et puis, évidemment, il s’éloigna en riant, triomphant.
C’est ainsi qu’Amfortas, le roi du Graal, perdit cette lance bénie avec laquelle Longinus avait blessé le Seigneur au côté, sur le Golgotha.
Amfortas, blessé lui aussi au côté par la plaie épouvantable du remords, souffre l’indicible.
Kundry, femme délicieuse d’une beauté extraordinaire, souffre également du remords, et elle sert humblement les frères du Saint-Graal.
Toi, dans le fond, femme fatale, tu n’es qu’un instrument de perfidie au service du mage des ténèbres ; tu veux marcher sur le sentier de la lumière, mais tu tombes, hypnotisée par le ténébreux.
Amfortas, plongé en méditation profonde et intime, écoute dans un état d’extase les paroles mystérieuses qui proviennent du Graal : « Le sage, l’illuminé par la compassion, le chaste innocent, attends-le : c’est lui mon élu ».
Mais une chose extraordinaire se produit alors, une chose insolite : il y a tout à coup une grande agitation parmi les gens du Graal, précisément parce qu’ils ont surpris, du côté du lac, un jeune homme ignorant qui errait sur ses rives et qui venait de blesser à mort un cygne, oiseau sacré d’une blancheur immaculée.
Pourquoi donc tout ce scandale ? Pour Parsifal, cela correspond à un passé qu’il a lavé dans les eaux magnifiques du Léthé.
Qui n’a pas blessé à mort le cygne sacré ? Le Troisième Logos ? Qui n’a pas assassiné le Hamsa miraculeux, l’Esprit-Saint ? Qui n’a pas assassiné en forniquant l’oiseau Phénix du paradis ? Qui n’a pas péché contre l’Ibis immortel ? Qui n’a pas fait saigner la sainte colombe, symbole vivant de la force sexuelle ?
Il est évident que Parsifal avait atteint l’innocence totale après avoir beaucoup souffert ; ce fils d’Herzéléïde, une pauvre femme de la forêt, ignorait réellement les choses mondaines, il était protégé par son innocence.
Les femmes fleurs de Klingsor s’avérèrent inutiles ; les malheureuses ne purent pas séduire l’innocent, et elles s’enfuirent vaincues.
Inutiles, les efforts séducteurs d’Hérodias, de Gundrigia, de Kundry ; tous ses artifices échouent et, se voyant vaincue, elle appelle, elle demande l’aide de Klingsor qui, désespéré, tire la lance sacrée avec fureur sur le jeune homme.
Cependant, Parsifal est protégé par son innocence et, au lieu de traverser son corps, la lance flotte un instant au-dessus de sa tête ; le jeune homme l’attrape de sa main droite, puis il bénit à l’aide de cette arme acérée, il fait le signe de la croix, et le château de Klingsor s’enfonce alors dans l’abîme, transformé en poussière cosmique.
Le meilleur est encore à venir : Parsifal, accompagné de son gourou Gurnemanz, entre dans le temple de Montserrat, qui se trouve en Catalogne, en Espagne.
Les portes du temple s’ouvrent maintenant, et tous les chevaliers du Saint-Graal entrent en procession dans le lieu saint. Ils prennent place, dans l’ordre et avec une vénération infinie, à deux grandes tables recouvertes, parallèles, au milieu desquelles il reste un espace libre.
Quels moments délicieux que ceux-là où l’on célèbre la Cène mystique, le banquet cosmique de l’agneau pascal.
Quels instants extraordinaires que ceux-là où l’on mange le pain et boit le vin de la transsubstantiation.
Durant le rituel, le calice béni resplendit glorieusement, celui dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang qui jaillissait des plaies du Seigneur sur le Golgotha de toutes les misères.
Quels moments ineffables du Plérôme que ceux-là où Parsifal guérit miraculeusement la blessure d’Amfortas en appliquant sur son côté la lance bénie elle-même, celle qui l’avait blessé.
Quel symbole formidable que celui de cette lance, phallique à cent pour cent, intégralement sexuel.
Amfortas chuta par le sexe, il souffrit épouvantablement de la douleur du remords, mais grâce aux mystères sexuels, il se régénéra, il guérit tout à fait.
Le grand Kabire Jésus a dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive ».
Les chevaliers du Saint-Graal se sont reniés eux-mêmes en dissolvant le moi pluralisé, en incinérant les germes sataniques, en se baignant dans les eaux du Léthé et de l’Eunoé.
Les chevaliers du Saint-Graal ont travaillé dans la forge ardente de Vulcain ; jamais ils n’ont ignoré le fait que la croix résulte de l’insertion du phallus vertical dans le Ctéis formel.
Les chevaliers du Saint-Graal se sont sacrifiés pour l’humanité, ils ont travaillé avec amour dans le Grand-Œuvre du Père.
Chapitre 42 : Le Feu Sacré
L’énergie sexuelle se polarise de deux manières, à savoir : une forme statique ou potentielle (Kundalini) et une forme dynamique, celles-ci étant assurément, comme toute personne cultivée et spirituelle le sait, des forces qui agissent à l’intérieur de l’organisme.
Il est évident qu’il existe dans l’épine dorsale sept centres magnétiques très spéciaux, à l’intérieur desquels d’infinis pouvoirs ignés se trouvent latents.
Par la montée du feu sacré le long du canal médullaire, toute cette multitude de pouvoirs divins entre en activité.
La clé fondamentale pour l’éveil du feu sacré, de la Kundalini, est assurément cachée dans le sexo-yoga, et il s’agit du Maïthuna : c’est la connexion sexuelle du Lingam-Yoni, du Phallus-Utérus, mais sans éjaculer l’entité de la semence (l’Ens-Seminis), car cette substance mi-solide mi-liquide renferme tout l’Ens-Virtutis du feu. Le désir refréné fera monter l’énergie sexuelle vers l’intérieur et vers le haut, jusqu’au cerveau.
Lorsque les atomes solaires et lunaires du système séminal entrent en contact dans le coccyx, près du Triveni, à la base de l’épine dorsale, alors le feu sacré s’éveille pour monter au cerveau le long du canal médullaire.
Il est urgent de comprendre, il est nécessaire de savoir que si l’entité du sperme est répandue, alors le feu ascendant descend d’une ou de plusieurs vertèbres, selon l’ampleur de la faute.
La Kundalini, le feu divin, monte lentement et selon les mérites du cœur.
Ceux qui parcourent le sentier du tranchant de couteau savent très bien à partir de l’expérience directe que la Divine Mère Kundalini, le feu sacré, conduit Shiva, l’Esprit-Saint, vers le centre cérébral, et finalement au Temple-Cœur.
Jamais un ésotériste authentique, quel qu’il soit, n’oserait nier le fait que derrière toute activité, il existe toujours un état statique.
Dans l’organisme humain, nous retrouvons le centre statique fondamental, sans l’ombre d’un doute, dans l’os coccygien, à la base de l’épine dorsale.
Le chakra coccygien est, en lui-même, l’Église d’Éphèse de l’ésotérisme chrétien ; c’est la racine qui supporte le corps et tous les mouvements de forces vitales à l’intérieur de notre organisme. Nous savons par expérience directe qu’on retrouve dans ce centre spécifique du corps, enroulé trois fois et demie, le serpent igné de nos pouvoirs magiques, le feu serpentin annulaire qui se développe merveilleusement dans le corps de l’ascète.
Une analyse attentive du centre magnétique coccygien nous permet de comprendre que celui-ci est en lui-même de la conscience ; il n’y a pas de doute qu’il possède des qualités très spéciales.
La Kundalini, le pouvoir contenu dans le centre coccygien en question, s’avère efficace et décisive pour arriver à l’éveil de la conscience. Il est évident que le feu sacré peut ouvrir les ailes ignées du caducée de Mercure dans l’épine dorsale de l’initié ; nous pouvons alors pénétrer consciemment dans n’importe quel département du royaume.
Les adeptes Hindoustans font la distinction entre la suprême conscience cosmique et son pouvoir énergétique actif capable de pénétrer dans les zones les plus profondes de notre subconscient pour nous réveiller réellement.
Les sages orientaux disent que lorsque la conscience cosmique se manifeste en tant qu’énergie elle a alors deux faces jumelles : l’énergie potentielle et l’énergie cinétique.
La Kundalini, le feu sexuel, est sans l’ombre d’un doute une vérité védantique et Jéhovistique qui représente avec une exactitude absolue le processus universel tout entier comme étant une sage polarisation à l’intérieur de la conscience elle-même.
L’utilisation du feu sacré, du serpent igné de nos pouvoirs magiques, est une nécessité intime, vitale et indispensable pour éveiller la conscience.
L’être humain, mieux vaut dire plutôt le pauvre animal intellectuel erronément appelé homme, a la conscience tout à fait endormie, ce qui fait qu’il est incapable, bien entendu, d’expérimenter ce qui n’appartient pas au temps, cela qui est le réel.
Le feu sacré possède des vertus très spéciales et très efficaces pour sortir le pauvre bipède humain de l’état inconscient dans lequel il se trouve.
Il est évident que celui qui développe le feu sacré, avec ses sept degrés de pouvoir, acquiert certaines facultés grâce auxquelles il peut commander aux créatures du feu, de l’air, des eaux et de la terre.
Il est toutefois urgent de comprendre que l’épée forgée par Vulcain doit être chauffée au rouge et trempée dans les eaux spermatiques du Styx.
Malheur à celui qui renverse le vase d’Hermès : il aurait mieux fait de ne pas naître, ou de se pendre une meule de moulin au cou et de se jeter au fond de la mer !
Énée, l’illustre Troyen, brandit son épée flammigère et, en fixant le soleil du regard, il prie et dit des paroles qui ne peuvent être comprises que par ceux qui travaillent dans le magistère du feu : il prend à témoin le Christ cosmique et la terre bénie qu’il invoque, le Père qui est en secret et Junon Saturnia Kundalini, l’éternelle épouse du Troisième Logos. Il appelle Mars, seigneur de la guerre, et toutes les créatures élémentales des sources et des rivières, il appelle les fils du feu et les divinités de la mer ; il promet même fidèlement que si le sort est contre lui dans la bataille personnelle contre Turnus, son ennemi, il se retirera vers la ville d’Evandre ; mais que si, par contre, sa victoire confirme qu’il a la faveur de Mars, il ne réduira pas les Italiens à l’esclavage et ne pensera qu’à coexister avec eux en amis, sans plus.
Il s’avère très significatif pour tous ceux qui travaillent dans le magistère du feu, ce serment du bon roi Latinus qu’il fit en fixant le soleil du regard et en prenant à témoin les feux sacrés qui brûlent entre nous et les divinités : « Quelles que soient les circonstances, dit-il, jamais ne se lèvera le jour où les Italiens rompraient cette paix et cette alliance ».
Pour tous ses serments, le roi Latinus prend les mêmes divinités à témoin : la terre, la mer, les astres, la double descendance de Latone, la Prakriti non-manifestée, Diane, Apollon et Janus avec son IAO, les trois voyelles que l’on chante dans la transe sexuelle du Maïthuna.
Le roi Latinus n’oublie pas dans sa prière la terrible demeure de Pluton et les dieux infernaux, ces êtres divins, ces individus sacrés qui ont renoncé à la félicité du nirvana pour vivre dans les mondes infernaux et lutter pour ceux qui sont définitivement perdus.
Toutes ces oraisons, toutes ces prières et ces serments du monde antique classique, s’avéreraient certes incompréhensibles sans la science sacrée du feu.
L’avènement du feu à l’intérieur de nous-mêmes est l’événement cosmique le plus formidable. Le feu nous transforme radicalement.
Les quatre lettres placées sur la croix du Rédempteur du monde me viennent présentement à la mémoire : INRI, Ignis Natura Renovatur Integra, Le feu renouvelle sans cesse la nature toute entière.
Là-bas, dans la profonde nuit des siècles, dans la vieille Égypte des pharaons, le grand Kabire Jésus, pratiquant le Maïthuna avec la vestale d’une pyramide, chantait les mantras INRI, ENRE, ONRO, UNRU (OUNROU), ANRA, en faisant résonner chaque syllabe de façon allongée, profonde.
Il est évident que chacun de ces mantras se divise, pour sa prononciation, en deux syllabes ésotériques.
Il faut nous faire avaler par le serpent, il est urgent de nous transformer en flammes vivantes, il est indispensable d’atteindre la seconde naissance pour entrer dans le Royaume.
Chapitre 43 : La Rune Laf
J’étais encore très jeune, et elle s’appelait Uranie. Une nuit parmi tant d’autres, peu importe laquelle, j’abandonnai pour un instant ce corps physique.
Comme je me sentis heureux en dehors du corps dense ! Il n’y a pas de plaisir plus grand que celui de sentir son âme dégagée : le passé et le futur se transforment alors en un éternel maintenant.
Pénétrer dans les univers parallèles est une chose qui s’avère relativement facile lorsqu’on a la conscience éveillée.
Dans l’univers parallèle de la cinquième dimension, je sentis la nécessité intime d’invoquer un Maître, et je criai d’une voix forte pour appeler, pour supplier, pour demander. Pour un instant, c’était comme si tout l’univers se transformait : telle est la force du Verbe.
Le cordon d’argent a le pouvoir de s’étirer à l’infini, ce qui permet aux âmes de voyager librement dans l’espace étoilé.
Pour ma part, je voyageai longtemps, puis je parvins jusqu’au temple. Tandis que j’avançais, rempli d’extase, sur le sentier mystérieux qui conduit les initiés aux portes du lieu très saint, je me vis attaqué par surprise par une grande bête, par un taureau mithriaque effrayant à l’extrême. Sans me prétendre vaillant, je vous relate, cher lecteur, que je ne pris pas peur : je fis face à l’animal d’une manière résolue et je le pris audacieusement par les cornes, réussissant alors à le jeter par terre.
Une chose insolite se produisit toutefois à cet instant précis : une chaîne de fer tomba devant ma conscience étonnée, et le terrible animal disparut comme par enchantement.
Tout cela, je le compris intuitivement à l’instant même, bien entendu : il me fallait me rendre libre, briser les chaînes asservissantes, éliminer l’Égo animal.
Puis je poursuivis mon chemin et entrai par les portes du temple. Je me sentais enivré par une exquise volupté spirituelle. Assurément, je n’échangerais pas ces instants contre tout l’or du monde.
Ce qui se produit ensuite, les dieux le savent bien, et je le raconte maintenant aux hommes : je vis le char des siècles, conduit par trois Maîtres de la Loge blanche ; un vénérable ancien circulait dans cette voiture du mystère.
Comment pourrait-on oublier ce visage, ce maintien, cette allure, cette perfection si sublime ?
Le front de cet ancien était assurément haut et majestueux ; son nez, droit et parfait ; ses lèvres, fines et délicates ; sa barbe, blanche et auréolée de lumière ; et ses cheveux d’une blancheur immaculée tombaient gracieusement sur ses épaules.
Il est évident que je ne pouvais m’empêcher de poser des questions : la circonstance était terriblement divine, formidable.
« Il s’appelle Pierre », me répondit l’un des Hiérophantes qui conduisaient le char des siècles.
Ô mon Dieu ! Je me prosternais alors par terre devant cet ancien des siècles et lui, rempli d’amour et de compassion infinis, il me bénit en parlant en langue sacrée.
Depuis lors, j’ai beaucoup réfléchi, et jamais je ne regretterai d’avoir enseigné à l’humanité l’Évangile de Pierre, le Maïthuna, le sexo-yoga.
Et Patar, Pierre, dit alors : « Voici que je pose en Sion la pierre principale de l’angle, la pierre choisie, précieuse. Pour vous qui croyez, donc, elle est précieuse ; mais pour ceux qui ne croient pas, la pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la tête de l’angle, pierre d’achoppement et roche de scandale ».
Qu’en est-il alors du Saint-Graal ? Ne serait-il pas, par hasard, cette pierre initiatique elle-même ?
Le Graal est une pierre précieuse amenée sur terre par les anges et confiée à la garde d’une fraternité initiatique qui s’appelait les « gardiens du Graal ».
Nous avons donc ici, en plus de la pierre de Jacob, la pierre sacrée du Liafail écossais, la pierre cubique de Jesod que les kabbalistes hébreux situaient dans le sexe.
Le sage contenu du texte légitime qu’a écrit Wolfram Von Eschenbach à propos de la sainte pierre et de la fraternité blanche qui la garde, se trouve en fait à être comme suit : « Ces héros sont animés par une pierre, ne connaissez-vous pas sa pure et auguste Essence ? Elle se nomme lapis electrix (magnes). Grâce à elle on peut réaliser toute merveille (magie). Elle, comme le phénix qui se précipite dans les flammes, renaît de ses propres cendres, puisque dans ces flammes mêmes, elle rafraîchit son plumage et brille, plus jeune qu’avant. Son pouvoir est tel que tout homme, si malheureux soit-il de son état, au lieu de mourir comme les autres, ne connaît plus l’âge, ni par sa couleur, ni par son visage ; et qu’il soit homme ou femme, il jouira du bonheur ineffable de contempler la pierre plus de deux cents ans durant ».
La pierre initiatique se transforme ésotériquement en le vase d’Hermès, en le calice sacré.
Peter, Patar, Pierre, la révélation initiatique, se trouve dans le sexe, et tout ce qui ne s’y trouve pas équivaut à une perte de temps.
Il s’avère extrêmement significatif que nous retrouvions la Rune Laf, le Laftar, qui signifie Sauveur, gravée sur des pierres aussi bien dans le Nord qu’en Amérique même.
Il est évident que nous devons ériger l’église pour le Christ intime sur la pierre vive. Malheur à ceux qui bâtissent leur temple intérieur sur les sables mouvants des nombreuses théories : les pluies tomberont, les rivières déborderont et leur maison roulera à l’abîme, là où l’on entend des pleurs et des grincements de dents.
Si nous unissons deux Laf par les bras, nous obtenons la lettre M du mariage. Il est tout à fait évident et certain que ce n’est qu’en foulant le sentier du mariage parfait que l’on peut obtenir l’habit de noces de l’âme, synthèse parfaite des corps solaires.
Malheur à ces misérables qui se présentent au banquet du Seigneur sans leur habit de noces ! L’ordre du roi est écrit : « Jetez-les, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ».
Pratique
La pratique qui correspond à cette Rune consiste à se diriger vers le soleil le matin, au moment où il monte à l’Orient, mais dans une attitude mystique avec les mains levées comme l’indique la Rune, en l’implorant de nous accorder une aide ésotérique. On doit faire cette pratique le 27 de chaque mois, à l’aurore.
Chapitre 44 : La Libération Finale
Au nom de la vérité, nous devons affirmer la nécessité de renoncer. Il nous faut passer par la grande mort, et cela n’est possible qu’en nous libérant tout à fait du mental.
Une fois que la nature a été dominée, l’omnipotence et l’omniscience adviennent, comme de raison.
Lorsque le Gnostique autoréalisé renonce également aux idées d’omnipotence et d’omniscience, survient alors la destruction de la vraie semence du mal, celle-là même qui, après chaque Pralaya (nuit cosmique), nous entraîne de nouveau dans le Mahamanvantara (jour cosmique).
Il est bien entendu que quiconque est parvenu à l’Autoréalisation intime a le droit de vivre dans le nirvana, mais s’il renonce à cette félicité, il continuera sur le chemin direct qui nous conduit à l’absolu.
Néanmoins, il est bien entendu qu’il existe de nombreuses tangentes, et des dieux tentateurs bien plus dangereux que les êtres humains. Ces dieux ne nous tentent pas par méchanceté, ni par jalousie, ni par peur de perdre leur place, comme le supposent erronément certains auteurs orientaux, mais plutôt par compassion.
À l’instant même où j’écris ce chapitre, quelque chose de très intéressant me vient à la mémoire.
Un jour, après avoir accompli une nouvelle renonciation nirvanique, je me retrouvais, heureux, dans mon septième principe (l’Atman), sur la jolie terrasse d’une demeure ineffable.
J’étais, bien sûr, dans le Nirvana, dans la région des Dharmasatyas, dans le monde des dieux.
Tout à coup plusieurs Nirvanis s’approchèrent de moi, bienheureux, flottant dans l’espace sacré. À les voir, je pus constater par l’expérience directe que ces êtres étaient des flammes vivantes à trois mèches, et que celles-ci, en elles-mêmes, sont immortelles.
L’un de ces ineffables prit finalement la parole et me dit :
Pourquoi, mon frère, as-tu pris ce chemin si étroit, si amer et si dur ? Reste donc ici, dans le nirvana, avec nous : nous sommes tous très heureux.
Ce que les hommes n’ont pas pu faire avec leurs tentations, vous le pouvez encore bien moins, vous les dieux ! Moi, je me dirige vers l’absolu.
Telle fut ma réponse. Je sortis ensuite de ce bel endroit, d’un pas ferme et décidé.
Les Gnostiques qui n’atteignent pas l’absolue perfection meurent et se convertissent en dieux ; ils commettent l’erreur d’abandonner le grand chemin direct, ils empruntent les chemins de côté et acquièrent de nombreux pouvoirs, mais il est clair qu’ils doivent ensuite revenir se réincarner pour reprendre encore une fois le chemin direct qui doit les conduire à l’absolu.
Il est indispensable d’empêcher que le contenu mental n’acquière différentes formes si l’on veut atteindre le calme absolu du mental.
La connaissance directe nous donne des qualités superbes, mais celui qui suit le chemin direct ne doit pas s’attacher à ces vertus.
L’obtention de pouvoirs psychiques ne conduit jamais à une libération, quelle qu’elle soit ; ce n’est rien de plus que la recherche de vaines jouissances.
La possession de pouvoirs occultes ne fait rien d’autre qu’intensifier la mondanité en nous, et, au bout du compte, elle ne fait que rendre l’existence plus amère.
Bien des âmes échouent, malgré qu’elles aient presque atteint la libération finale, parce qu’elles ne peuvent renoncer de façon absolue à tous les pouvoirs occultes. Ces êtres s’immergent pour un temps dans la nature, pour resurgir ensuite en seigneurs et maîtres. Il existe des milliers de dieux de ce genre : ils sont divins, ineffables, mais ils n’ont pas le droit d’entrer dans l’absolu.
Il y a de nombreux autoréalisés qui sont submergés dans la nature : ce sont assurément des frères qui se sont arrêtés de ce côté-ci de la perfection ; ils sont empêchés pour un temps de parvenir à la fin, et ils gouvernent en attendant telle ou telle partie de l’univers.
Les dieux saints correspondent, bien entendu, à certaines fonctions supérieures de la nature assumées par différentes âmes, mais en réalité, ils ne sont pas encore parvenus à la libération finale.
C’est seulement en renonçant à l’idée de nous convertir en dieux et de régir des Kalpas (des cycles) que nous pouvons obtenir la libération radicale, absolue.
Le succès vient vite pour celui qui est extrêmement énergique. Nous devons être impitoyables envers nous-mêmes.
Il est urgent de renoncer et de mourir d’instant en instant ; ce n’est qu’à force de renonciations et de morts innombrables que nous pouvons entrer dans l’absolu.
Je parle aux êtres humains à partir de l’expérience directe. Je suis un avatar d’Ishvara.
En vérité, Ishvara (le Maître suprême) est un Purusha très spécial qui est libre de souffrances, libre d’actions et de leurs résultats, libre de désirs.
Imaginez l’esprit universel de vie comme un océan sans plage, sans rivage ; pensez pour un instant à une vague qui surgirait pour se perdre de nouveau dans l’élément liquide ; cette onde marine serait alors Ishvara.
Brahma, l’océan de l’esprit, se manifeste sous la forme d’Ishvara, le Maître des Maîtres, le gouverneur de l’univers.
Cette omniscience qui n’existe qu’en germe chez les autres se fait infinie en Lui. Il est le Maître, même pour les Maîtres antiques, car il n’est jamais limité par le temps. La parole qui le manifeste est Aum.
Et Ishvara vint à moi :
Écris des livres, me dit-il ; messages, brochures et Tijitlis.
Seigneur, m’exclamais-je, mais que veut dire ce mot, « Tijitlis » ?
Constituer l’Armée du salut mondial, le Mouvement gnostique, le Parti socialiste chrétien latino-américain, etc., dit le Seigneur, et je le compris.
Ishvara est le prototype véritable de la perfection, qui est assurément tout à fait au-delà du corps, du mental et des affects.
Je vous dis toutefois, bien-aimés Gnostiques, qu’en vérité, vous devez d’abord parvenir à la seconde naissance, mourir en vous-mêmes et donner jusqu’à la dernière goutte de votre sang pour l’humanité souffrante. C’est de cette façon seulement que vous pouvez fouler ce sentier de Jean, ce chemin direct qui vous mènera jusqu’à l’absolu, au-delà des hommes et des dieux.
Ne commettez pas l’erreur d’attendre que la loi de l’évolution vous amène à la libération finale. Ce chemin direct n’est possible qu’à travers d’incessantes révolutions intimes.
Vous n’êtes à présent que des Imitatus, vous devez vous transformer en Adeptus avant de commencer à monter les trois triangles.
Les anges, archanges et principes constituent le premier triangle ; puissances, vertus et dominations personnifient le second triangle ; trônes, chérubins et séraphins représentent le troisième triangle.
Très loin au-delà des trois triangles ineffables, il y a ce qui n’a pas de nom, ce qui n’appartient pas au temps : l’absolu.
Chapitre 45 : Le Sommeil de la Conscience
Bien-aimés disciples gnostiques, nous voilà parvenus, grâce à beaucoup d’efforts et à un grand amour, à cet avant-dernier chapitre du Message de Noël 1968-1969, et il convient, pour la grande Cause, d’éliminer certaines mauvaises herbes qui obstruent le chemin.
Il y a, dans toute cette question, une chose excessivement grave, et je veux faire allusion avec insistance au sommeil de la conscience.
Les quatre Évangiles insistent sur la nécessité de s’éveiller, mais malheureusement, les gens supposent qu’ils le sont.
Pour comble de malheur, il existe une certaine classe de gens très psychiques, certes, qui, en plus de dormir, rêvent qu’ils sont éveillés. Ces gens se nomment eux-mêmes « voyants », et ils s’avèrent extrêmement dangereux, vu qu’ils projettent sur les autres leurs rêves, leurs hallucinations et leurs folies ; ce sont eux, précisément, qui refilent aux autres des délits qu’ils n’ont pas commis et qui détruisent le foyer d’autrui.
Bien entendu, nous ne sommes pas en train de parler contre les clairvoyants légitimes, mais nous ne faisons allusion ici qu’aux hallucinés, qu’à ces sincères confondus qui rêvent qu’ils sont éveillés.
Nous avons pu nous rendre compte avec une peine profonde que l’échec ésotérique est en réalité causé par la conscience endormie. De nombreux dévots gnostiques, sincères amants de la vérité, échouent à cause, réellement, de ce regrettable état de conscience endormie.
Dans les temps antiques, on n’enseignait le Grand Arcane, le Maïthuna, le sexo-yoga, qu’aux néophytes qui éveillaient leur conscience ; les Hiérophantes savaient fort bien que les disciples endormis abandonnent tôt ou tard le travail dans la neuvième sphère.
Le pire de tout, c’est que ces ratés se trompent eux-mêmes en ayant la meilleure opinion d’eux-mêmes. Ils tombent presque toujours comme des prostituées dans les bras de quelque nouvelle « petite école » qui leur offre une sorte de réconfort, puis ils prononcent des phrases comme les suivantes : « Je ne continue pas à suivre les enseignements gnostiques, parce qu’ils exigent d’être en couple, et ça, c’est libre à chacun. La libération, le travail, est une chose qu’il faut chercher seul ».
Naturellement, toutes ces paroles d’auto-consolation et d’auto-considération n’ont pour objet que leur propre autojustification.
Si ces pauvres gens avaient la conscience éveillée, ils vérifieraient par eux-mêmes que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas et vice-versa, ils expérimenteraient de façon directe leur crue réalité, ils se rendraient exactement compte de l’état regrettable dans lequel ils se trouvent, ils comprendraient la nécessité du Maïthuna pour fabriquer leurs corps solaires, l’habit de noces de l’âme, et atteindre ainsi cette deuxième naissance dont parle le grand Kabire Jésus au rabbin Nicodème.
Mais ces « modèles de sagesse » dorment et ne sont pas capables, en réalité, de constater par eux-mêmes qu’ils sont vêtus de corps protoplasmiques, de haillons lunaires, qu’ils sont de pauvres misérables.
Les rêveurs, les endormis qui se supposent éveillés, ne se font pas du tort seulement à eux-mêmes, mais ils causent aussi de graves dommages à leurs semblables.
Moi, je crois que le sincère qui est dans l’erreur, l’endormi qui rêve qu’il est éveillé, le mythomane qui se croit supertranscendant, l’halluciné qui se qualifie d’illuminé, fait en vérité, en règle générale, beaucoup plus de tort à l’humanité que ne peut en faire celui qui, jamais de sa vie, n’est entré dans nos études.
Nous parlons ici très durement, mais vous pouvez être certain, cher lecteur, que lorsqu’ils liront ces lignes, bien des endormis hallucinés, au lieu de s’arrêter un moment pour réfléchir, corriger et rectifier, chercheront seulement la façon de s’approprier mes paroles dans le but évident de documenter leurs folies.
Pour le malheur de cette pauvre fourmilière humaine, les pauvres gens portent à l’intérieur d’eux-mêmes un très mauvais secrétaire, qui interprète toujours mal les enseignements gnostiques : il s’agit là du moi pluralisé, du moi-même.
Le plus comique, dans le personnage de Méphistophélès, c’est la manière dont il se déguise en saint ; il est évident que cela plaît à l’Égo lorsqu’on le place sur les autels et qu’on l’adore.
C’est une chose pathétique et évidente que de comprendre à fond que tant que la conscience reste emprisonnée dans le moi pluralisé, non seulement celle-ci dormira-t-elle, mais de plus, et c’est là le pire, elle aura parfois le mauvais goût de rêver qu’elle est éveillée.
La pire espèce de folie est celle qui résulte de la combinaison de la mythomanie et des hallucinations.
Le type mythomane est celui qui se prend pour un dieu, qui se sent supertranscendant, qui désire que tout le monde l’adore. Les sujets de cette espèce, lorsqu’ils étudient ce chapitre, appliquent mes paroles aux autres et pensent qu’eux-mêmes, ils ont déjà dissous le moi, bien qu’il soit chez eux plus robuste qu’un gorille.
Lorsqu’un mythomane endormi travaille dans la forge des Cyclopes, vous pouvez être bien certains qu’il abandonnera le travail très bientôt en disant : « Moi, j’ai atteint la deuxième naissance ; moi, je suis libéré ; j’ai renoncé au nirvana par amour pour l’humanité, je suis un dieu ».
Dans notre cher Mouvement gnostique, nous avons vu des choses très vilaines. Il est épouvantable de voir les mythomanes, les endormis hallucinés, prophétiser des folies, calomnier le prochain, qualifier les autres de magiciens noirs, etc. C’est une chose épouvantable.
Des diables qui jugent des diables ! Tous ces modèles de perfection ne veulent pas se rendre compte que dans ce monde douloureux où nous vivons, il s’avère impossible de rencontrer, éventuellement, un saint.
Tout magicien est plus ou moins noir ; il ne pourrait aucunement être blanc alors que le démon, le moi pluralisé, se trouve dans son corps.
Cette question d’aller raconter partout qu’Untel est tombé est assurément une plaisanterie de mauvais goût, puisque dans ce monde, les gens sont tous tombés.
Cette manière de calomnier le prochain et de détruire des foyers par de fausses prophéties est le propre des hallucinés, des gens qui rêvent qu’ils sont éveillés.
Si quelqu’un veut vraiment s’auto-éveiller, qu’il se résolve à mourir d’instant en instant, qu’il pratique la méditation approfondie, qu’il se libère du mental, qu’il travaille avec les runes de la façon dont nous l’avons enseigné dans ce livre.
Des lettres me parviennent constamment à ce Siège patriarcal du Mouvement gnostique, de la part de nombreux endormis qui disent « Ma femme, ou un tel, ou un tel autre, est une personne très évoluée, c’est une âme extrêmement vieille », etc.
Ces pauvres endormis qui parlent ainsi pensent que le temps et l’évolution peuvent les éveiller, les autoréaliser, les mener à la libération finale. Ces personnes ne veulent pas comprendre que l’évolution et sa sœur jumelle, l’involution, sont exclusivement deux lois mécaniques de la nature qui travaillent de manière harmonieuse et coordonnée dans tout le créé.
Lorsqu’on éveille sa conscience, on comprend la nécessité de s’émanciper de ces deux lois et de se placer sur le sentier de la révolution.
Nous voulons des gens éveillés, fermes, révolutionnaires. Nous n’acceptons aucunement des phrases incohérentes, vagues, imprécises, insipides, inodores, etc.
Nous devons vivre en étant alertes et vigilants comme la sentinelle en temps de guerre. Nous voulons des gens qui travaillent avec les trois facteurs de la révolution de la conscience. Nous déplorons tous ces cas de sincères dans l’erreur, d’endormis, qui ne travaillent qu’avec un seul facteur et bien souvent, malheureusement, en l’utilisant mal.
Il nous faut comprendre ce que nous sommes : de pauvres bêtes endormies, des machines contrôlées par l’Égo.
Chapitre 46 : La Rune Gibur
Ces disques ou pièces de monnaie qui abondent dans les ruines merveilleuses de la vieille Troie sont couverts de croix jainas ou svastikas.
Tout ceci nous invite à penser que les gens de Shekelmesha, bien qu’ils soient apparentés aux Atlantes, portent également dans leurs veines un germe aryen, à l’instar des célèbres peuples du Yucatan.
Nous devons nous rappeler que les Aryens apparurent il y a plus d’un million d’années. La première des trois catastrophes atlantes date d’il y a 800 000 ans, et la dernière, comme nous le disions dans notre dernier Message de Noël, eut lieu il y a quelque 11 000 ans.
La svastika des Fusaiolas est un symbole ésotérique profondément significatif. Ce signe ineffable brille, en effet, sur la tête du grand serpent de Vishnou, le Shesha-Ananta aux mille têtes qui habite dans le Patala ou région inférieure.
Si nous étudions cette question à fond, nous nous rendons alors à l’évidence que tous les peuples antiques mirent la svastika à la tête de leurs emblèmes religieux, puisque c’est le marteau de Thor, l’arme magique forgée par les pygmées contre les géants, contre les forces titanesques précosmiques qui s’opposaient à la loi de l’harmonie universelle.
La svastika sacrée est donc le marteau qui produit les tempêtes, celui que les Ases ou seigneurs célestes utilisent.
Dans le Macrocosmos, ses bras coudés à angle droit expriment clairement et sans l’ombre d’un doute les évolutions et involutions incessantes des sept cosmos.
La svastika représente, du côté microcosmique, l’homme dont le bras droit pointe vers le ciel et le bras gauche, vers la terre.
La svastika est un signe alchimique, cosmogonique et anthropogénique que l’on peut interpréter selon sept clés distinctes. Elle est finalement, en tant que symbole de l’électricité transcendante, l’alpha et l’oméga de la force sexuelle universelle, de l’esprit jusqu’à la matière, et c’est pourquoi celui qui parvient à capter tout son sens mystique se libère de maya (l’illusion).
La svastika est sans aucun doute le moulinet électrique des physiciens ; elle renferme tout entiers les mystères du Lingam-Yoni.
La svastika en elle-même est la croix en mouvement : le sexo-yoga, le Maïthuna, la magie sexuelle.
Les Gnostiques savent fort bien que l’Ens-Seminis contenu dans les glandes endocrines sexuelles est « l’eau de la vie », « la source de l’immortalité », « l’élixir de longue vie », « le nectar de la spiritualité ».
L’autoréalisation intime réside exclusivement dans la moelle épinière et dans la semence : tout le reste n’est qu’une perte de temps déplorable.
Tous voudraient s’immerger dans le courant du son pour atteindre la libération finale, mais en vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne naissez pas de nouveau, vous ne pourrez pas entrer dans le Royaume des cieux.
Cette question de naître dans le Sanctum Regnum appartient en réalité aux mystères de la croix, à la svastika.
Dans le Mexique aztèque, le dieu de la vie portait la croix svastika sur son front et les prêtres la portaient pour orner leurs vêtements sacrés.
Il est évident que sans l’alchimie sexuelle, sans le moulinet électrique, sans les mystères sacrés de la svastika, l’autoréalisation intime, la seconde naissance dont parla le Kabire Jésus au rabbin Nicodème, est une chose qui s’avère plus qu’impossible.
Dans le bouddhisme zen du Japon, l’oignon, avec ses différentes couches superposées, symbolise l’être humain avec ses corps subtils. Dans le monde occidental, diverses écoles de type pseudo-ésotérique ou pseudo-occultiste étudient ces véhicules suprasensibles.
Les moines zen mettent l’accent sur la nécessité de désintégrer ces corps subtils, de les réduire en poussière, pour atteindre la libération finale. La philosophie zen considère que ces organismes subtils sont de simples formes mentales qu’il faut dissoudre.
Il est évident que ces corps internes qu’ont étudiés M Leadbeater, Annie Besant et nombre d’autres d’auteurs, sont des véhicules lunaires, des corps protoplasmiques qui évoluent jusqu’à un certain point qui est parfaitement défini par la nature, puis qu’ils se précipitent sur le chemin involutif jusqu’à retourner au point de départ originel.
Il est évident que les corps lunaires ont un début et une fin. Les moines zen ne se trompent donc pas lorsqu’ils parlent de les dissoudre.
Mais allons un peu plus loin : parlons un peu du To Soma Heliakon, l’habit de noces de l’âme, le corps de l’homme solaire.
Rappelez-vous la parabole évangélique du festin de noces : lorsque le roi entra pour examiner les convives et qu’il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces, il lui dit : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? » Il est clair que l’autre resta muet, il n’était nullement préparé pour donner une réponse.
Comme il fut terrible, ce moment où le roi ordonna de lui lier les pieds et les poings et de le jeter dans les ténèbres du dehors, là où l’on n’entend que des pleurs et des grincements de dents.
Le fait que les différents corps solaires qui s’interpénètrent entre eux constituent l’habit de noces de l’âme est une chose qui ne doit pas nous surprendre.
Ce qui est fondamental, capital, c’est de fabriquer nos corps solaires, et cela n’est possible qu’en transmutant l’hydrogène sexuel SI-12.
Il va de soi qu’à force d’incessantes transmutations sexuelles, nous pouvons faire se condenser l’hydrogène du sexe sous la forme splendide et merveilleuse du corps astral solaire.
Il est évident qu’en travaillant avec le moulinet des physiciens dans la forge des Cyclopes (le sexe), nous pouvons provoquer la cristallisation de l’hydrogène sexuel en le corps paradisiaque du mental solaire.
Il est certain qu’en travaillant au maximum dans la neuvième sphère, nous pouvons et devons donner forme au corps solaire de la volonté consciente.
C’est de cette façon seulement, par le biais de ces cristallisations alchimiques, que nous pouvons incarner l’esprit divin en nous.
C’est de cette façon seulement, en travaillant avec les mystères de la svastika sacrée, que nous parvenons à la seconde naissance.
L’ignorance absolue des principes énoncés ci-dessus conduit des milliers d’étudiants mystiques à faire les erreurs les plus graves.
Il est extrêmement grave d’ignorer ces postulats fondamentaux du gnosticisme, car c’est à cause de cette ignorance que l’intelligence est mise dans les bouteilles des différents dogmes et théories, qui sont parfois enchanteurs et fascinants, mais en réalité absurdes et stupides lorsque nous les examinons à la lumière du Tertium Organum (le troisième canon de la pensée).
Max Heindel pense que l’habit de noces de l’âme, le Soma Puchicon, est exclusivement constitué des éthers supérieurs du corps vital ou Lingam Sarira des Hindoustans.
Cet auteur croit qu’en augmentant le volume de ces deux éthers supérieurs, on obtient le Soma Puchicon. C’est un très beau concept, mais il est faux : ces éthers ne sont pas tout, il est urgent de fabriquer les corps existentiels supérieurs de l’Être, c’est-à-dire les véhicules solaires, si nous voulons réellement atteindre la deuxième naissance.
Nous ne pourrions en aucune manière fabriquer nos corps solaires, l’habit de noces de notre âme, sans les mystères sexuels de la Rune Gibur.
Cette Rune est la lettre G de la Maçonnerie ; quel dommage que les hommes n’aient pas compris la signification profonde de cette lettre mystérieuse.
Le G est la croix svastika, l’Amen, la fin merveilleuse de toutes les prières.
G est aussi Gott ou God, qui signifient Dieu. Il est bon de savoir que Gibraltar se nommait autrefois Giburaltar, c’est-à-dire l’Altar, l’Autel de la vie divine, de Gibur.
Les gens ont oublié les pratiques runiques, mais la Rune croix n’a toujours pas été oubliée, heureusement.
En traçant le signe sacré de la svastika avec le pouce, l’index et le majeur, nous pouvons nous défendre des puissances ténébreuses. Devant la svastika, les colonnes de démons s’enfuient.
Il est écrit dans les chapitres précédents, et nous ne nous lasserons pas de le répéter : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive ».
Pierre, crucifié avec la tête vers le bas, vers la pierre dure, et avec les pieds élevés verticalement, nous invite à descendre à la forge des Cyclopes, à la neuvième sphère, pour y travailler avec le feu et l’eau, qui sont l’origine des mondes, des bêtes, des hommes et des dieux. Toute authentique initiation blanche commence par là.
Ceux qui protestent contre l’alchimie sexuelle de la svastika, ce sont les infrasexuels, les dégénérés, les ennemis avoués du Troisième Logos.
Si quelqu’un vous dit qu’il est possible d’atteindre l’autoréalisation sans la sainte croix, sans le croisement sexuel de l’homme et de la femme, dites-lui qu’il ment.
Si quelqu’un maudit le sexe et vous assure que celui-ci, en lui-même, est bestial et satanique, dites-lui qu’il ment.
Si quelqu’un vous dit qu’il est nécessaire de renverser le vase d’Hermès et que cela n’a pas la moindre importance, dites-lui qu’il ment.
Si quelqu’un vous enseigne quelque jolie doctrine qui exclut le sexe, dites-lui qu’il ment.
Malheur à vous, sodomites, homosexuels, ennemis du sexe opposé ! Il n’y aura pour eux que les pleurs et les grincements de dents.
Malheur à ceux qui se disent chrétiens et portent la croix sur leur poitrine, pendue à leur cou, mais qui détestent le Maïthuna, le sexo-yoga. Pour ces pharisiens hypocrites, il n’y aura que les pleurs et le désespoir.
Malheur ! Malheur ! Malheur !
Salutations finales
Bien-aimés frères gnostiques,
Je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne et heureuse année nouvelle. Que l’étoile de Bethléem resplendisse sur votre chemin.
Pratiquez ces runes dans l’ordre. Commencez vos exercices runiques le 21 mars et consacrez à chaque Rune le temps que vous désirez.
Écrivez-moi, s’il vous plaît, mais je vous prie de ne pas m’envoyer de flatteries, de louanges ou d’adulations par la poste.
Rappelez-vous que tous ceux qui nous ont trahis par le passé ont été, en réalité, de grands adulateurs.
Je veux que vous vous résolviez à mourir radicalement à tous les niveaux du mental.
Tel que vous êtes, avec ce terrible moi à l’intérieur de vous, vous êtes des échecs.
Plusieurs se plaignent de ne pas pouvoir sortir à volonté en corps astral : que ceux-là éveillent leur conscience.
Lorsqu’on s’éveille, la sortie astrale cesse d’être un problème. Les endormis ne servent à rien.
Dans ce Message de Noël 1968-1969, je vous ai livré la science dont vous avez besoin pour obtenir l’éveil de la conscience.
Ne commettez pas l’erreur de lire ce livre comme on lit un journal. Étudiez-le profondément durant de nombreuses années, vivez-le, portez-le à la pratique.
Ceux qui se plaignent de ne pas atteindre l’illumination, je leur conseille la patience et la sérénité.
L’illumination nous arrive lorsque nous dissolvons le moi pluralisé, lorsque nous sommes réellement morts dans les quarante-neuf régions du subconscient.
Ceux qui convoitent continuellement des pouvoirs occultes, ceux qui utilisent le Maïthuna comme prétexte pour séduire des femmes, ceux-là entreront dans l’involution submergée des mondes infernaux.
Travaillez dans les trois facteurs de la révolution de la conscience de façon ordonnée et parfaite.
Ne commettez pas l’erreur de faire l’adultère et de forniquer. Abandonnez le papillonnage ; ceux qui passent leur temps à papillonner d’une fleur à l’autre, d’une école à l’autre, sont en réalité des candidats assurés pour l’abîme et la mort seconde.
Abandonnez toute autojustification et toute auto-considération ; transformez-vous en ennemis de vous-mêmes si vous voulez vraiment mourir de manière radicale. C’est de cette façon seulement que vous obtiendrez l’illumination.
Mes bien-aimés, partez à zéro, abandonnez l’orgueil mystique, la mythomanie, la tendance à vous considérer super-transcendants. Vous n’êtes tous que de pauvres animaux intellectuels condamnés à la peine de vivre.
C’est seulement ainsi, en faisant un inventaire de vous-mêmes, que vous pouvez savoir ce que vous êtes réellement.
En vérité, vous ne possédez que les corps lunaires et l’Égo animal, c’est tout. Alors pourquoi tombez-vous donc dans la mythomanie ? Votre âme, l’Essence, est emprisonnée, endormie dans le moi ; alors sur quoi basez-vous votre orgueil mystique ?
Soyez humbles en vue d’atteindre la sagesse, et une fois que vous l’aurez atteinte, soyez encore plus humbles.
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive ».
Paix Invérentielle
Samaël Aun Weor