Le Mystère de la Floraison d’Or · Livre
Chapitre 1 – La Magie Sexuelle
La Magie est, selon Novalis, l’art d’influencer consciemment le monde intérieur.
Il est écrit avec des charbons incandescents dans le livre de la vie que l’amour ardent entre l’homme et la femme agit de façon magique.
Hermès Trismégiste, le trois fois grand Dieu Ibis-Thot a dit dans sa Table d’Émeraude : « Je te donne l’amour dans lequel est contenu tout le summum de la sagesse. »
Nous avons tous une certaine quantité de forces électriques et magnétiques en nous, et nous exerçons, tout comme un aimant, une force d’attraction et de répulsion. Entre les amants, cette force magnétique est tout spécialement puissante et son action mène très loin.
La Magie sexuelle (le Sahaja Maïthuna) entre mari et femme se fonde sur les propriétés polaires qui, certainement, ont leur élément potentiel dans le sexe.
Ce ne sont pas d’hormones ou de vitamines brevetées dont nous avons besoin dans la vie, mais des sentiments authentiques du « toi et moi », et par conséquent de l’échange réciproque, entre l’homme et la femme, des plus incomparables facultés affectives et érotiques.
L’ascétisme médiéval de l’âge révolu des Poissons a rejeté le Sexe en le qualifiant de tabou ou de péché.
Le nouvel ascétisme révolutionnaire du Verseau se fonde sur le Sexe ; il est clair que c’est dans les mystères du Lingam-Yoni que se trouve la clé de tout pouvoir.
Du mélange intelligent du puissant désir sexuel avec l’enthousiasme spirituel surgit, comme par enchantement, la conscience magique.
Un savant auteur a dit : « La Magie sexuelle conduit à l’unité de l’âme et de la sensualité, c’est-à-dire à la sexualité vivifiée : le sexuel perd le caractère de ce qui est suspect et méprisable, et auquel on ne se soumet que secrètement et avec une certaine honte déclarée ; au contraire, il est mis au service d’une merveilleuse joie de vivre, pénétré par elle, et conduit à la pleine affirmation de l’existence, qui assure avec bonheur l’équilibre de la personnalité libre. »
Il nous faut d’urgence nous évader du sombre courant quotidien de l’accouplement vulgaire commun et ordinaire, pour entrer dans la sphère lumineuse de l’équilibre magnétique de la « redécouverte de l’autre », de la « découverte en toi du Sentier du fil du Couteau, du chemin secret qui conduit à la libération finale. »
« C’est seulement quand nous connaissons et employons les lois du magnétisme entre les corps et les âmes que ne sont plus des images fugaces et sans signification, brouillards qui s’évanouissent dans la lumière, tous les mots sur l’amour, le sexe et la sexualité. »
La formidable difficulté que représente l’étude de la Magie sexuelle est évidente. Il n’est en rien facile de vouloir montrer combien on peut « apprendre et voir » le Sexe Yoga, le Maïthuna, avec son contrôle des courants nerveux les plus délicats, et ses multiples influences subconscientes, infraconscientes et inconscientes, sur l’esprit.
Parlons clairement et sans ambages : ce thème du Sexe Yoga est une question d’expérience intime directe, quelque chose de très personnel.
Renoncer à la concupiscence animale au profit de la spiritualité est fondamental dans la Magie sexuelle, si nous voulons en vérité, trouver le fil d’Ariane de l’ascension, le petit fil d’or qui doit nous conduire des ténèbres à la lumière, de la mort à l’immortalité.
Un grand philosophe que je ne nommerai pas a dit : « Si les véritables forces procréatrices, les animiques et les spirituelles, se trouvent situées dans la profondeur de notre conscience, nous découvrons précisément dans le sympathique, avec son réseau composé de sensibles mailles de ganglions, le médiateur et le conducteur de la réalité intérieure, qui non seulement influe sur les organes de l’âme, mais encore gouverne, dirige et contrôle les centres les plus importants à l’intérieur du corps ; il guide, de manière également mystérieuse, la merveille de la conception jusqu’à la naissance du nouvel être, ainsi que les phénomènes du cœur, des reins, des capsules surrénales, des glandes génératrices, etc. »
« En revanche, par rapport à toute sensibilité et spiritualité, par rapport à la vie rythmée, il essaie, en tant qu’authentique Esprit créateur du corps, et au moyen de la direction du courant moléculaire et de la cristallisation des rayons cosmiques, d’équilibrer dans le rythme de l’Univers tous les éléments psychiques et physiques qui lui sont subordonnés. »
« Ce nerf sympathique est également, en réalité, un nerf idéoplastique, il doit être compris comme un médiateur entre notre vie instinctive inconsciente et la modération de la vive image imprimée dans notre esprit depuis des éternités ; c’est le grand centre équilibreur qui peut apaiser et réconcilier la perpétuelle polarité, les aubes et crépuscules du soleil de l’âme, les manifestations du noir et du blanc, de l’amour et de la haine, de Dieu et du Diable, de l’exaltation et de la dépression. »
L’Androgyne Divin de la première race humaine, Adam Kadmon, s’est reproduit par le seul pouvoir de la volonté et de l’imagination magique, unies en vibrante harmonie.
Les anciens sages de la Kabbale ont affirmé qu’une telle puissance volitive et imaginative a été perdue par la chute dans le péché, celle par laquelle l’être humain fut expulsé de l’Éden.
Cette magnifique conception synthétique de la Kabbale hébraïque a pour base une terrible vérité ; cela étant, c’est précisément la fonction de la Magie sexuelle de rétablir au-dedans de nous-mêmes cette unité originelle divine de l’Androgyne paradisiaque.
Un sage a dit péremptoirement ce qui suit : « La Magie sexuelle œuvre en transfigurant corporellement et elle procure une accentuation idéale de ce qui est sexuel dans l’âme. Pour cette raison, seuls sont capables de Magie sexuelle les êtres qui essaient de dépasser le dilemme dualiste entre le monde animique et celui des sens ; ceux qui sont en état de « veille » intime se trouvent absolument libres de toute espèce d’hypocrisie, de tartuferie, de négation et de dévaluation de la vie. »
Chapitre 2 – Raspoutine
Je veux faire ressortir l’idée de base que nous devons formuler ainsi : « Les grands fascinateurs de la lubricité et de la luxure appartiennent bien plus au type Casanova qu’à celui du fameux Don Juan Tenorio. »
Si le type fourbe du Don Juan reflète toutes ses aventures amoureuses dans le méchant miroir égocentrique de sa fantaisie raffinée, avec l’abominable intention de rabaisser la femme, de la profaner vilement, de la violer et de la diffamer de façon perverse par le moyen de la copulation passionnelle unique et sans répétition dans la progression vers le péché, cela résulte indiscutablement d’une forme spéciale de haine masculine contre la femelle.
Par la loi des contraires, dans le type Casanova prédomine le désir libidineux de fascination sexuelle, basé exclusivement sur les impulsions instinctives naturelles et sentimentales. Malheureusement, les individus de ce genre sont insatiables, ils souffrent et font souffrir.
Le type Casanova est une espèce de « maitre séducteur » de la femme ; il semble avoir le don de l’ubiquité, car on le voit partout, ici, là, et là-bas encore ; il est comme le marin qui a une fiancée dans chaque port ; il s’engage souvent, et jure un amour éternel…
En opposition au sadisme sexuel raffiné du type Don Juan, nous découvrons dans le type Casanova l’homoncule rationnel qui veut étouffer dans des lits de plaisir l’insupportable ennui de sa propre existence.
Une autre variété, heureusement peu commune, du fascinateur de femmes pourrait être convenablement désignée comme le type Diable.
L’un des plus authentiques représentants de ce type sinistre fut, sans aucun doute, le moine Gregor Raspoutine.
Un étrange ascète passionné par l’au-delà ; une sorte d’hypnotiseur campagnard en habit religieux.
Il ressort au grand jour et en pleine clarté méridienne de cela que la despotique force magique du « Diable sacré » Raspoutine est due exclusivement à sa formidable puissance sexuelle.
Le Tzar et la Tzarine s’agenouillaient devant lui ; ils croyaient voir en ce moine fatal un saint vivant.
Nul doute que Raspoutine trouva l’esprit des Tzars très bien disposé à son égard, grâce au magicien français Papus (Dr. Encausse), médecin officiel des souverains.
Waldemar dit : « Des plus instructifs sont les mémoires diplomatiques de l’ancien ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, Maurice Paléologue, publiés par la Revue des Deux Mondes.
« L’Ambassadeur décrit une invocation d’esprits effectuée par le célèbre occultiste français Papus (Dr Encausse) et certes, selon le vœu exprès des Tzars. Les troubles révolutionnaires de 1905 furent la cause d’une telle session ; Papus devait conjurer la révolte au moyen d’un grand exorcisme en présence du Tzar, de la Tzarine et de l’adjudant capitaine Mandryka.
« Paléologue, comme garant de Papus, avec qui il avait des relations amicales, nous informe :
« À l’aide d’une intense concentration de sa volonté et d’un extraordinaire accroissement de son dynamisme fluidique, le Mage a réussi à évoquer le spectre du très pieux Tzar Alexandre III : des signes indubitables ont prouvé la présence de l’esprit invisible…
« Malgré l’angoisse qui lui opprimait le cœur, Nicolas II demanda, de toute façon, à son père, s’il devait réagir ou non contre le courant libéral qui menaçait de balayer la Russie. Le fantôme répondit : « Tu dois extirper, coute que coute, la révolution naissante. Mais un jour, elle renaitra et sera plus violente, d’autant plus violente que sera dure l’actuelle répression. N’importe ! Courage, mon fils ! Ne cesse pas de lutter !
Waldemar, le sage, dit : « Le Tzar, comme croyant notoire aux esprits, devait donc prêter un grand intérêt à un homme qui, comme Raspoutine, venait précédé d’une grande renommée comme guérisseur miraculeux.
« Le moine paysan provenait aussi de la catégorie, si répandue dans la Russie de l’époque, de ceux qu’on appelait les magiciens de village, possédant un magnétisme vital si extraordinaire, dû à son insolite puissance sexuelle, qu’il a dû produire l’effet d’une force primitive faisant irruption dans les cercles de la noblesse de Pétersbourg, alors en partie dégénérée.
« L’une de ses premières prouesses à la cour fut de traiter magnétiquement l’héritier du trône, atteint d’hémophilie, parvenant à contenir ses hémorragies, chose que les médecins n’avaient pas réussie.
Le savant Waldemar poursuit en disant : « À partir de cet instant, les grands-ducs, les ministres et toute la camarilla de la noblesse tremblèrent devant lui, car le fait qu’il avait entre ses mains la vie du Tzarévitch lui avait gagné la confiance illimitée du Tzar et de la Tzarine. Et cette confiance, il sut l’utiliser à son profit de façon très cavalière ; il dirigea à son gré les Tzars et, par conséquent, la Russie.
« Son pouvoir augmentant constamment, un groupe d’adversaires de haut lignage et de position élevée, à la tête de qui se trouvaient le prince Yussupov et le grand-duc Pavlovitsch, décida de supprimer l’importun Moine miraculeux.
« Et ainsi, lors d’un souper donné au palais du prince, on servit au moine invité des mets et des boissons empoisonnés avec du cyanure de potassium à une dose tellement forte qu’elle aurait suffi pour tuer une vingtaine d’hommes ou plus en quelques secondes. Mais Raspoutine a mangé et bu avec un appétit croissant ; le poison ne semblait produire aucun effet sur lui.
« Les conjurés s’inquiétèrent, mais continuèrent à inciter celui qu’ils haïssaient à manger et à boire encore plus. Cependant le poison n’avait toujours aucun pouvoir sur le Moine miraculeux ; au contraire, le maudit semblait se sentir toujours plus à son aise.
« En conséquence, les conjurés convinrent que Yussupov le tuerait avec un pistolet ; le prince tira donc et Raspoutine s’effondra à plat ventre sur le sol, et les conjurés le crurent mort.
« Yussupov, qui avait atteint le moine à la poitrine, commença à faire le tour du corps, mais, à sa grande frayeur, Raspoutine lui donna une poussée, se leva sur ses pieds et, à pas lourds, essaya de s’échapper de la pièce. Alors, le conjuré Purischkjewitsch tira quatre coups de feu contre le moine qui s’écroula de nouveau, se leva une autre fois, puis fut accablé de coups de bâtons et de coups de pieds par le furieux Purischkjewitsch, jusqu’à ce qu’il parût définitivement mort. Mais la vitalité de Raspoutine était telle qu’il donna encore des signes de vie lorsque les conjurés mirent son corps robuste dans un sac, qu’ils attachèrent, le précipitant ensuite du haut d’un pont dans la Neva glacée. »
Ce fut la fin tragique d’un homme qui aurait pu s’autoréaliser à fond. Malheureusement, le moine Gregor Raspoutine n’a pas su utiliser sagement la formidable puissance sexuelle dont la nature l’avait doté, et il tomba au niveau de la plus basse sensualité.
Un soir, on me proposa d’investiguer de façon directe sur le désincarné Raspoutine.
Étant donné que je connais en profondeur toutes les fonctions psychiques de l’Eidolon (le corps astral de l’homme authentique), il ne me fut pas difficile de réaliser un dédoublement magique.
Revêtu donc de ce corps sidéral dont a tant parlé Philippe Théophraste Bombast Von Hohenheim, dit Paracelse, j’abandonnais mon corps physique pour me déplacer librement dans la cinquième dimension de la nature, dans le monde astral.
Ce que je vis à l’aide du sens spatial (avec l’Œil d’Horus) fut terrible. Il n’est pas superflu de préciser que je dus pénétrer dans une taverne épouvantable où l’on ne voyait que des barils remplis de vin, parmi lesquels se glissait ici, là et partout une multitude de créatures horripilantes qui ressemblaient à des hommes.
Je cherchais Raspoutine, le Diable sacré, je voulais converser avec cet étrange moine devant lequel tremblèrent tant de princes, comtes, ducs et marquises de la noblesse russe : mais voici qu’au lieu d’un seul « moi », je voyais une foule de « moi » et tous constituaient l’égo lui-même du moine Gregor Raspoutine.
J’avais par conséquent devant ma vue spirituelle, dans toute la présence de mon Être cosmique, un monceau de diables ; un moi pluralisé, à l’intérieur duquel n’existait qu’un seul élément digne : je veux parler de l’Essence.
Ne trouvant donc pas de sujet responsable, je m’adressais à l’une de ces abominables et grotesques créatures qui passaient près de moi : « Voici l’endroit où tu as fini par aboutir, Raspoutine. C’est le résultat de ta vie désordonnée et de tant d’orgies et de vices. »
« Tu fais erreur, Samaël, répondit la monstrueuse figure, comme pour se défendre ou pour justifier sa vie sensuelle, ajoutant ensuite : « À toi, il te manque la ligne de l’intuition. »
« Tu ne peux pas me tromper, Raspoutine », furent mes dernières paroles ; puis je m’éloignais de cet antre ténébreux situé dans les Limbes, dans l’Orcus des classiques ; dans le vestibule du Royaume minéral submergé.
Si Raspoutine n’avait pas fait dans sa vie tant d’œuvres de charité, à cette heure il serait en involution dans le temps, à l’intérieur des mondes submergés, sous l’écorce de la terre, dans la demeure de Pluton.
Plusieurs années se sont écoulées et j’ai continué à méditer : les êtres humains n’ont pas encore une individualité véritable ; la seule chose qui continue après la mort, c’est un monceau de diables.
Quelle horreur ! Des mois-diables. Chacun de nos défauts psychologiques est représenté par l’une ou l’autre de ces abominables créatures dantesques…
Chapitre 3 – Le Diable Prestidigitateur
Il est manifeste qu’il existe un médiateur plastique extraordinaire dans cet homoncule intellectuel erronément appelé homme.
Je veux parler du plexus solaire, le centre émotionnel, sagement placé par la nature dans la région du nombril.
Il est incontestable que ce magnifique réceptacle du bipède tricérébré ou tricentré est saturé intégralement par l’essence sexuelle de nos organes créateurs.
On nous a dit que l’Œil magique du ventre est stimulé fréquemment par l’Hydrogène sexuel Si12 qui monte des organes sexuels.
C’est en effet un axiome inébranlable de la Philosophie hermétique que dans la région du ventre existe un puissant accumulateur d’énergie sexuelle.
Au moyen de l’agent sexuel, n’importe quelle représentation peut prendre forme dans le champ magnétique du plexus solaire.
L’idéoplastique représentatif constitue en elle-même le contenu du bas-ventre.
Nous n’exagérons en aucune façon lorsque nous insistons sur l’idée de base que c’est dans le ventre que sont engendrés les moi qui surgissent plus tard à l’existence. De telles entités psychologiques, idéoplastiques, ne pourraient pas venir à l’existence sans l’agent sexuel.
Chaque moi est donc une vivante représentation psychologique qui surgit du ventre ; l’égo personnel est une somme de moi.
L’animal intellectuel est assurément une machine contrôlée par de multiples moi.
Certains moi représentent la colère avec toutes ses facettes, d’autres la convoitise, d’autres encore la luxure, etc.
Ce sont les Diables rouges dont parle le Livre des Morts de l’ancienne Égypte.
Au nom de la vérité, il est indispensable de dire que la seule chose digne que nous portons à l’intérieur, c’est l’Essence ; malheureusement, celle-ci se trouve elle-même dispersée çà et là, engloutie dans chacun des multiples moi.
Le diable prestidigitateur prend forme dans la puissance sexuelle ; certains moi très forts produisent communément divers phénomènes physiques stupéfiants.
Waldemar relate le cas suivant : « Le prestigieux syndic de la ville de San Miniato dans la Toscane, située entre Florence et Pise, avait une fille de quinze ans, sur laquelle vint le Démon d’une manière qui fit sensation dans le pays.
« Ce n’était pas seulement le fait que le lit où se trouvait la jeune fille se déplaçait d’un bord à l’autre de la chambre de sorte qu’il n’était pas contre un mur que déjà il était jeté contre l’autre, mais aussi le fait que le Démon brisait une grande quantité de faïences dans la maison, ouvrait portes et tiroirs et menait un tel boucan que les voisins passaient la nuit en tremblant et remplis d’épouvante.
« En présence des parents, l’enfant fut attaquée de telle façon par le malin que, malgré les suppliques et implorations de la jeune fille, il la saisit par les hanches et l’éleva dans les airs.
« En vain appela-t-elle en invoquant : Sainte Vierge Marie ! Aidez-moi, sauvez-moi donc ! Et ceci en présence de centaines d’habitants de la cité ; elle fut trainée par la fenêtre, se balançant durant plusieurs minutes devant la maison et sur la place du marché.
« Il ne faut donc pas s’étonner si presque toute la ville accourut là-bas, hommes et femmes, en pâmoison devant le spectacle inouï et s’effrayant de la cruauté du Diable, claironnant à la ronde le courage de la jeune fille. »
Un compte rendu de l’époque dit : « tous se trouvaient atterrés et émus profondément par l’aspect de la mère et des femmes de la famille qui, les cheveux épars, se lacéraient les joues avec les ongles, se meurtrissaient la poitrine avec les poings et remplissaient l’air de lamentations et de cris de douleur dont l’écho résonnait dans les rues.
« La mère, surtout, criait, tantôt à sa fille, tantôt au Démon, priant celui-ci de jeter sur elle-même toute disgrâce ; puis elle s’adressa de nouveau aux gens, spécialement aux mères, pour qu’elles s’agenouillent avec elle en implorant l’aide de Dieu, chose que tous firent à l’instant.
« O Dieu saint ! Aussitôt l’enfant fut précipitée d’en haut sur sa mère, et elle consola la demi-morte, l’air tout joyeux : n’aie plus peur, ma mère, cesse de pleurer, ta fille est ici ; ne crains plus le spectre du Diable, je t’en supplie. Tu crois peut-être que j’ai été torturée et maltraitée, mais je me sens plutôt comblée d’une délicieuse et indicible douceur. En effet, toujours à la défense de tous les affligés, il a été à mes côtés, m’aidant et me parlant pour me donner courage et constance ; c’est ainsi, m’a-t-il dit, que se gagne le ciel.
« Ces paroles remplirent ceux qui étaient présents de joie et d’étonnement en même temps, et ils s’en allèrent soulagés ; mais à peine la famille fut-elle de retour chez elle que le Diable fit à nouveau irruption et se jeta avec violence sur la jeune fille, la saisit par les cheveux, éteignit les lampes et les chandelles, renversa les coffres et les caisses et tous les meubles et, lorsque le père put rallumer les lumières, l’enfant se jeta sur le crucifix de la chambre et cria d’une voix déchirante : fais que la Terre m’engouffre, ô Seigneur, au lieu de m’abandonner ; soutiens-moi et libère-moi, je t’en implore instamment.
« Et en parlant ainsi, elle fondit en larmes, ce qui mit davantage en fureur le Malin, qui lui arracha d’abord la chemise qu’elle portait, puis son vêtement de laine et finalement son sous-vêtement de soie, comme ont l’habitude d’en porter les jeunes femmes, le déchirant et le mettant en pièces, et quand la pauvre se trouva pratiquement nue, il commença à la violenter.
« Elle criait : mon père, apporte-moi un vêtement, couvre ma nudité ; Vierge sainte, aide-moi ! » Finalement, et après que le démon lui eut fait subir beaucoup de sévices, on parvint à libérer la jeune fille de ses bras par un pèlerinage et certains exorcismes effectués par un prêtre. »
Ici s’arrête l’intéressant récit de Waldemar. Il est ostensible que le Démon sadique qui a tourmenté cette pauvre fille était, hors de tout doute, le diable prestidigitateur, un très fort moi diable de la demoiselle qui a pris forme dans sa propre puissance sexuelle, c’est tout.
L’abondance des extériorisations idéoplastiques, sexuelles, qui se manifeste tout particulièrement durant les années de la puberté, est réellement effarante ; c’est alors que nous créons des moi terribles capables de produire des phénomènes sensationnels.
La rage de ne pas pouvoir aimer ou le fait même de se sentir repoussé par quelqu’un transforme indubitablement l’existence en un véritable enfer et suscite ces épouvantables émanations sexuelles fluidiques capables de se convertir en le diable prestidigitateur.
Chapitre 4 – La Lance Ésotérique
La Lance ésotérique christique du Saint Graal et la Hasté païenne des Pactes magiques, que brandit Wotan, est une seule et même Pique bénie ! Considérée comme sacrée chez tous les peuples depuis l’antiquité la plus éloignée.
Que ce soit, en vérité, à cause de son caractère phallique et symbolique du pouvoir sexuel viril, ou parce qu’il s’agit de l’arme archaïque de combat que l’homme ait pu imaginer à l’aube de la vie, il est certain que la Hasté romaine était, comme on sait, quelque chose comme la balance de la Justice, présidant à toutes les transactions juridiques du primitif droit quiritaire ou de la lance (Kyries), et tout spécialement aux noces, parmi ceux qui jouissaient du droit de citoyenneté, surement très apprécié.
Les sages-femmes romaines qui se trouvaient sous la tutelle de la Déesse bénie Junon, étaient appelées très sagement « Curètes » (Cauretes ou Kyrias et, de là, Valkyries), à cause de Cures ou Tour, ville des Sabins fondée par Medius Fidius et Himella, leurs Dieux ineffables, et pour cela, les généraux et les autres hommes des Curies romaines qui se distinguaient en tant que héros de guerre recevaient ordinairement en guise de récompense une petite lance de fer appelée Hastapura, nom qui, à coup sûr, nous rappelle la ville d’Hastinapura, symbole divin de la Jérusalem Céleste.
« Matronae in tutela Junonis Curetis essent, quae ita vocabatur ab hasta ferenda quae sabinorum lingua curis dicebatur…
« Nec tibi, quae cupidae natura videbere matri, comat virgineas hasta recurba comas. » (Ovide, 2 Fast)
« Hasta Pura dicitur, quae fine ferro est, et signum est pacis. Haec donabatur militibus, qui in bello fortiter fecissent » (Suétone, Claudius).
« Translatae hastae dicuntur argumenta oratoria » (Cicéron I.I. Or, c.57).
« Deos in hastario vectigales habetis » (Tertulien, Apologétique, c.13).
« Ponitur etiam pro auctione ineunda, quia auctio cum esset hasta erigebatur » (Calepinus, Hasta).
Il est ostensible et manifeste que les Troncs ou Tables de la Loi, où le prophète Moïse a écrit sagement, par ordre de Jéhovah, les dix commandements, ne sont, en réalité, rien d’autre que la double lance des Runes, sur la signification phallique de laquelle il existe une abondante documentation.
Il n’est pas superflu de souligner l’idée transcendante qu’il existe deux autres commandements dans l’ésotérisme mosaïque.
Je veux me référer aux commandements onze et douze, en relation intime avec les Arcanes 11 et 12 de la Kabbale.
Le premier de ces commandements, soit le onzième, a son expression classique dans le sanscrit Dharma Chara : « Fais ton devoir. »
Rappelle-toi, frère lecteur, que tu as le devoir de chercher le chemin étroit, austère et difficile qui conduit à la lumière.
L’Arcane 11 du Tarot éclaire ce devoir : la force merveilleuse qui peut dominer et soumettre les lions de l’adversité est essentiellement spirituelle. Pour cette raison, elle est représentée par une belle femme qui, sans effort apparent, ouvre avec ses mains délicieuses la terrible gueule de « Leo », le puma épouvantable, le lion furieux.
En relation étroite avec le onzième, le douzième commandement de Dieu est illustré par l’Arcane 12 : « Fais que ta lumière brille ! »
Pour que la lumière, qui constitue l’Essence embouteillée à l’intérieur du moi, puisse réellement briller et resplendir, on doit se libérer, et cela n’est possible qu’au moyen de l’annihilation bouddhique, c’est-à-dire, en dissolvant l’égo.
Il nous faut mourir d’instant en instant, seconde après seconde ; c’est seulement avec la mort de l’égo qu’advient le nouveau.
De même que la vie représente un processus de graduelle et toujours plus complète extériorisation ou extraversion, de manière analogue la mort du moi est un processus d’intériorisation graduelle dans lequel la conscience individuelle, l’Essence, se dépouille lentement de ses vêtements inutiles, tout comme Ishtar dans sa descente symbolique, jusqu’à demeurer entièrement nue en elle-même devant la grande Réalité de la vie libre dans son mouvement.
La lance, le sexe, le phallus, joue aussi un grand rôle dans nombre de légendes orientales comme instrument merveilleux de salut et de libération, lequel, brandi sagement par l’âme haletante, lui permet de réduire en poussière cosmique toutes ces entités caverneuses qui, dans leur ensemble infect, constituent le moi-même.
Sur la terre sacrée des Vedas, Shiva, le Troisième Logos (l’énergie sexuelle), a été analysé profondément dans ses aspects créateurs et destructeurs…
Il est manifeste, clair et visible que les aspects subjectifs, sexuels…, se cristallisent fatalement en ces multiples entités, dont la somme totale constitue ce que les Égyptiens appelaient Seth (l’égo).
Le pouvoir générateur normal de nos glandes endocrines sexuelles est manifeste.
Le pouvoir objectif créateur du seigneur Shiva est transcendant lorsqu’il travaille à créer l’Habit de Noces de l’âme, le To Soma Heliakon, le corps d’or de l’Homme solaire.
L’énergie sexuelle est hautement explosive et merveilleuse. En vérité, je vous dis que celui qui sait manier l’arme d’Éros (la lance, le sexe) peut réduire en poussière cosmique le moi pluralisé.
Prier c’est converser avec Dieu, et on doit apprendre à prier durant le coït ; en ces instants de suprême bonheur, demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira…
Celui qui met son cœur dans sa supplique et qui prie sa Mère Divine Kundalini d’empoigner l’Arme d’Éros obtiendra le meilleur des résultats, parce qu’elle l’aidera alors en détruisant l’égo.
Cependant, je vous dis que c’est un processus long, patient et très délicat. Il est indiscutable que le chasseur qui veut chasser dix lièvres à la fois n’en prend aucun. Donc, celui qui veut éliminer tous les défauts psychologiques simultanément n’en élimine aucun.
Au-dedans de chacun de nous existent des milliers de défauts et ils ont tous beaucoup de racines et de facettes, cachées dans les divers replis subconscients du mental.
Chacun de ces défauts psychologiques a une forme animale ; l’Essence, la Conscience, est emboutie à l’intérieur de ces créatures des mondes submergés.
La condition préalable à toute élimination est la compréhension intégrale du défaut que l’on veut éliminer.
Suppliez, si vous êtes surs d’avoir bien compris le défaut, et retirez-vous du coït sans éjaculer le sémen.
Pour faire une synthèse transcendante sur ces très longs et durs travaux, nous dirons : d’abord il faut libérer l’Essence pour que la lumière brille en nous ; ensuite, la fusionner avec Atman (l’Être) pour nous libérer du mental, plus tard, la remettre à l’Ancien des Jours (le « Père qui est en secret », la Monade), pour nous convertir en Maitres ressuscités, parfaits. Et enfin, l’absorber définitivement en Ishvara le Logos, première émanation du suprême Parabrahman (le Grand océan de l’Esprit universel de Vie).
Concluons maintenant ce chapitre avec l’anecdote suivante : il y a longtemps de cela, lorsque je n’avais pas encore réduit l’égo en poussière cosmique, je fis une invocation magique formidable.
J’appelais un Grand Maitre en disant : « Viens ! Viens ! Viens ! Prophète de RAA-HOOR-KHU. Venez à moi ! Veuille l’accomplir ! Veuille l’accomplir ! Veuille l’accomplir ! AUM… AUM… AUM… » (En entonnant ce dernier mot comme il se doit, ouvrant la bouche avec le « A », l’arrondissant avec le « U » (OU) et la refermant pour le « M »).
Il n’est pas superflu de préciser que l’atmosphère était saturée d’une infinie harmonie, chargée d’OD…
Le résultat de l’invocation ne se fit pas attendre et le grand prophète vint vers moi.
Le Kabire revêtait une forme symbolique formidable que je pus voir, entendre, toucher et palper dans toute la présence de mon Être cosmique.
Le Vénérable paraissait divisé en deux moitiés : de la ceinture jusqu’en haut, il resplendissait glorieusement, son front était haut comme les murs invincibles de la Jérusalem Céleste ; ses cheveux étaient comme de la laine blanche tombant sur ses épaules immaculées ; son nez, droit comme celui d’un Dieu ; ses yeux, profonds et pénétrants ; sa barbe, éclatante comme celle de l’Ancien des Jours ; ses mains, comme des anneaux d’or sertis de jacinthes ; ses lèvres, comme des lis qui distillent la myrrhe parfumée…
Cependant, dans la partie inférieure de son corps, de la ceinture jusqu’en bas, je vis quelque chose d’insolite : d’horripilantes formes bestiales, personnifiant les erreurs, les démons rouges, les mois-diables, au-dedans desquels est embouteillée la Conscience.
« Je vous ai appelé pour vous demander l’Illumination » : telle fut ma requête ! Il est évident que la réponse était dans sa manière même de se présenter.
Le vieillard posa sa main droite sur ma tête et me dit : « Appelle-moi chaque fois que tu auras besoin de moi, et je te donnerai l’Illumination ! » Puis il me bénit et s’en alla.
Avec une joie infinie, je compris tout ; c’est seulement en éliminant à coups de lance ces créatures animales que nous portons tous à l’intérieur de nous et au-dedans desquelles dort la conscience que nous advient l’Illumination.
Chapitre 5 – Le Moi Lascif
Brognoli éclaire de manière très instructive jusqu’à quelle extrémité peut parvenir la force de formation (des mois-diables), qu’on peut appeler idéoplastique, ou la représentation sexuelle excitée par l’organe sexuel.
« M’étant arrêté en 1664 à Venise, je reçus la visite du Vicaire général d’un évêque du continent, qui venait me demander conseil sur le cas suivant.
« Dans un couvent de nonnes, il y en avait une très adonnée aux jeûnes et à l’abstinence volontaires. Mais à côté de cela, elle tirait grand agrément et plaisir à la lecture de livres profanes qui traitaient de transformations, comme celles effectuées par Circé et d’autres enchanteresses, ou bien par les antiques Divinités qui convertissaient les êtres en animaux, oiseaux, serpents et esprits.
« Un soir lui apparut la figure d’un garçon extraordinairement beau et, tandis qu’elle le contemplait, stupéfaite, il lui dit : n’aie pas peur, ma chère sœur !
« N’es-tu pas cette nonne qui aime les jeûnes au-delà de toute mesure ? Et ne t’es-tu pas livrée de tout ton cœur à ces jeûnes ?
« Alors, il te faut savoir que je suis l’Ange appelé Jeûne, et je viens à toi pour te remercier et te répondre par un égal amour.
« Naguère, je fus le fils d’un roi ; mais comme, dans mes années juvéniles, en ces années où toi aussi tu te trouves, j’aimais et me livrais également tout entier au jeûne, mon père se fâcha beaucoup et me gronda.
« Mais moi, faisant peu de cas de ses réprimandes, je continuais à faire ma volonté jusqu’à ce que, bouillonnant de colère, il m’expulsa du palais. Mais les Dieux que je vénérais réprouvèrent une telle répudiation et, en m’accueillant, me transformèrent en Ange, et en me donnant le nom de Jeûne, ils m’octroyèrent aussi la faculté d’adopter la forme d’un jeune homme, celle-là même que tu vois, et le don de ne jamais vieillir.
« Je suis, en outre, doté d’une telle mobilité qu’en un temps indiciblement bref, je peux me transporter d’une partie du monde à une autre, allant et venant, invisible, mais me montrant à ceux qui m’aiment.
« Et ainsi, les Dieux m’ayant déclaré que tu m’as destiné tout ton amour, je viens à toi pour t’exprimer ma gratitude et pour demeurer avec toi et te servir en tout selon ton désir.
« C’est pour cette raison que j’ai effectué aujourd’hui le grand voyage ; laisse-moi donc dormir cette nuit dans ton lit, s’il te plait. Ne crains pas ma compagnie, car je suis ami de la chasteté et de la pudeur.
« La nonne, extrêmement ravie et séduite par ce discours, accepta l’Ange dans son lit. La première nuit, tout alla bien ; il ne bougea pas. Mais la nuit suivante il commença à la prendre dans ses bras et à la baiser, en signe de reconnaissance et d’amour, ne se séparant d’elle ni de jour ni de nuit, en l’avertissant de ne jamais raconter son secret à son confesseur ni à personne.
« Il la servait avec le plus grand zèle et la plus grande diligence, et la suivait partout. Enfin, en l’an 1664, quand arriva le jour du Jubilé, la nonne fut assaillie par le repentir et elle dévoila tout à son confesseur qui lui conseilla d’exposer aussi la chose en confession au Vicaire général de l’Évêque pour que celui-ci décide de ce qu’il convient de faire pour la libérer du malin. Donc, en quête d’un conseil, il eut recours à moi. »
Il est évident que l’esprit lascif Jeûne était un moi projeté si vivement par la nonne qu’il paraissait assurément être une personne différente.
Ostensiblement, un tel moi a dû être engendré dans le bas-ventre de la religieuse avant la projection inusitée.
L’Œil magique du ventre chargé de substance sexuelle est un intermédiaire plastique formidable.
C’est là que prennent forme toutes les angoisses sexuelles réprimées, tous les désirs insatisfaits.
Chapitre 6 – Éros
Le Docteur Roubaud dit ceci : « Aussitôt que le membre viril pénètre dans le vestibule, le gland du pénis frôle d’abord la glande clitoris qui se trouve à l’entrée du canal sexuel et qui, grâce à sa position et à l’angle formé, peut céder et se recourber.
« Après cette première excitation des deux centres sensibles, le gland du pénis se glisse entre les deux lèvres de la vulve ; le collum et le corpus du pénis seront enveloppés par les parties saillantes de la vulve, le gland du pénis arrivant par contre en contact avec la fine et délicate surface de la muqueuse vaginale qui est élastique, grâce à un tissu érectile qui se trouve entre les membranes individuelles.
« Cette élasticité, qui permet au vagin de s’adapter au volume du pénis, augmente encore la turgescence et, par conséquent, la sensibilité du clitoris, tandis qu’est conduit à celui-ci et à la vulve, le sang qui aura été expulsé des vaisseaux des parois vaginales.
« D’autre part, la turgescence et la sensibilité du gland du pénis sont augmentées par l’action compressive du tissu vaginal, qui devient chaque fois plus turgescent, et des deux lèvres dans le vestibule.
« En outre, le clitoris est pressé vers le bas par la portion antérieure du muscle compresseur et rencontre la surface dorsale du gland et du corpus du pénis, se frotte contre ces derniers et les frotte de manière que chaque mouvement influence la copulation des deux sexes, et finalement les sensations voluptueuses (du Dieu Éros) s’additionnant conduisent à ce degré élevé de l’orgasme, et provoquent d’une part l’éjaculation et d’autre part la réception de la liqueur séminale dans la fente ouverte du col de l’utérus.
« Lorsqu’on pense à l’influence que le tempérament, la constitution, et toute une série d’autres circonstances aussi bien particulières que courantes, exercent sur la faculté sexuelle, on se convainc qu’on n’a pas du tout résolu la question de la différence dans la sensation du plaisir entre les deux sexes, voire même que cette question, emmaillotée dans toutes les diverses conditions, est insoluble ; cela est tellement certain qu’il se présente même une grande difficulté à vouloir tracer un tableau complet des manifestations générales dans le coït, car tandis que pour une personne la sensation du plaisir se traduit seulement par une vibration à peine perceptible, pour une autre elle atteint le sommet le plus élevé de l’exaltation, tant morale que physique.
« Entre les deux extrêmes, il y a d’innombrables transitions : accélération de la circulation du sang, vives palpitations des artères ; le sang veineux, qui est immobilisé dans les vaisseaux par la contraction musculaire, augmente la température générale du corps, et cette stagnation du sang veineux qui, de manière encore plus prononcée, exerce son action dans le cerveau par la contraction des muscles du cou et l’inclinaison vers l’arrière de la tête, cause une congestion cérébrale momentanée durant laquelle certains perdent la raison et toutes les facultés intellectuelles.
« Les yeux, rougis par l’injection de sang dans la conjonctive, deviennent fixes ou hagards ou, comme dans la majorité des cas, se ferment convulsivement, pour éviter le contact de la lumière (ceci est une chose entièrement démontrée).
« La respiration qui chez certains est haletante et entrecoupée s’interrompt chez d’autres par la contraction spasmodique du larynx, et l’air, retenu pour quelque temps, cherche finalement un chemin vers l’extérieur, mêlé de paroles incohérentes et incompréhensibles.
« Comme je l’ai signalé, les centres nerveux congestionnés produisent seulement des impulsions confuses.
« Le mouvement et la sensation témoignent d’un désordre indescriptible ; les membres sont la proie de convulsions, parfois aussi de crampes, ils s’agitent en tous sens ou bien se contractent et se raidissent comme des barres de fer ; les mâchoires se serrent jusqu’à grincer des dents, et certaines personnes vont tellement loin dans leur délire érotique, qu’oubliant complètement le partenaire, en ces spasmes de plaisir, ils le mordent sur l’épaule jusqu’à le faire saigner. »
Cet état frénétique, cette épilepsie et ce délire d’Éros, ne durent habituellement qu’un bref moment, mais ce temps est assez long pour épuiser complètement l’énergie de l’organisme chez l’animal intellectuel qui ignore la Magie sexuelle et pour qui une telle hyper excitation doit se terminer par une perte plus ou moins abondante de sperme, alors que la femme, aussi énergiquement qu’elle puisse avoir participé à l’acte sexuel, souffre seulement d’une lassitude passagère qui est beaucoup plus réduite que celle de l’homme, ce qui lui permet de récupérer plus rapidement et de répéter le coït.
« Triste est omne animal post coïtum, praeter mulierem gallamque » a dit Galène, axiome qui en son essence est exact, en ce qui concerne le sexe masculin plus spécialement.
Dans l’amour, rien n’importe certainement, ni la douleur, ni la joie, sinon ce que l’on appelle l’amour…
Tandis que l’amour, s’il est libre, attache, la désunion le, tue, parce que c’est Éros qui réellement unit.
L’amour s’allume avec l’amour, comme le feu avec le feu, mais d’où est sortie la première flamme ? Elle jaillit en toi sous l’aiguillon de la douleur… tu le sais.
Ensuite… Oh Dieux ! Lorsque le feu caché sort en flamboyant, ce qui est dedans et ce qui est dehors deviennent une seule chose, et toutes les barrières tombent, réduites en cendres.
L’amour commence par un éclair de sympathie, il se substantialise avec la force de l’affection et se synthétise en adoration.
Un mariage parfait, c’est l’union de deux êtres : l’un qui aime plus et l’autre qui aime mieux.
L’amour est la plus belle religion accessible. Aimer ! Comme il est beau d’aimer ! Seules les âmes simples et pures savent aimer. L’amour se nourrit de l’amour. Avivez la flamme de l’Esprit avec la force d’Éros.
« Puisque l’union des sexes peut équivaloir à un acte créateur qui accède à la puissance et à la splendeur du premier jour, Luther a nommé les organes sexuels : « Honestissimae et prastantissimae partes corporis. » C’est à cause du péché que les membres les plus utiles et les plus chastes sont devenus les plus honteux. »
Mahomet a dit : « Le coït est un acte agréable même à la Religion, qu’on effectue toujours avec l’invocation d’Allah et avec sa propre femme, pour la reproduction », (ou mieux, pour la Transmutation sexuelle).
Le Coran dit ceci : « Va, prends pour femme une jeune fille, caresse-la et qu’elle te caresse ; ne passe pas au coït sans avoir été auparavant excité par les caresses. »
Le prophète souligne encore : « Vos épouses sont pour vous une terre de labour. Allez à elle comme il vous plait, mais accomplissez auparavant quelque acte de dévotion. Craignez Dieu et n’oubliez pas qu’un jour il vous faudra vous trouver en sa présence. »
L’auteur du El-Ktab, ouvrage extraordinairement apprécié par les Arabes, ne se lassait pas de glorifier le coït ; c’est, pour lui, « l’hymne de louange le plus magnifique et le plus sacré, l’aspiration la plus noble de l’homme et de sa compagne après l’unité primitive et les délices paradisiaques. »
Le fameux théologien fait souvent ressortir le caractère sublime et divin de l’acte charnel ; mais il prend une position décisive contre les natures profanes et grossières qui satisfont par cet acte uniquement leur volupté animale.
« Ceux-ci, dit-il n’ont pas compris ni vu que l’amour est le Fiat Lux du livre de Moïse, le commandement divin, la loi pour tous les continents, mers, mondes et espaces. »
Et dans ses explications ultérieures, l’auteur de l’El-Ktab révèle la science ésotérique primitive, selon laquelle l’union physique de l’homme et de la femme est, au fond, un acte surnaturel, une réminiscence paradisiaque, le plus beau de tous les hymnes de louange adressés par la créature au Créateur, l’Alpha et l’Oméga de toute la création.
Le Cheikh Nefrani met dans la bouche d’un sage ces paroles : « La femme est semblable à un fruit dont on respire d’abord l’arôme quand on le saisit dans la main. Si l’on ne réchauffe pas avec sa main la petite plante de basilic, par exemple, on ne note pas son arôme. L’ambre ne répand son parfum que lorsqu’on le réchauffe. Et cela, vous le savez bien. Ainsi même doit-on procéder avec sa femme : lorsque tu veux accomplir l’acte amoureux, tu dois d’abord réchauffer son cœur avec tous les préparatifs de l’art d’aimer, par des baisers, des embrassements et de petites morsures. Si tu négliges cela, il ne te sera accordé aucune jouissance complète et tous les enchantements des amoureux demeureront cachés pour toi. »
Dans un très savant traité sur la médecine chinoise, j’ai lu ceci : « Le Taoïsme comporte d’autres influences sur la médecine, comme le prouve la lecture d’une compilation de traités taoïstes, le Sing-Ming-Kuei-Chen, qui date approximativement de l’an 1622.
« On distingue trois régions dans le corps humain. La région supérieure ou céphalique est l’origine des esprits qui habitent dans le corps.
« La Montagne de Jade (Yu Chen) se trouve dans la partie postéro inférieure de la tête. Ce qu’on appelle l’Os de la Montagne, c’est l’occiput (Chen-Ku).
« Le palais du Ni-Huan (terme dérivé du mot sanscrit Nirvana) se trouve dans le cerveau, appelé également Mer de la moelle osseuse (Suei-Hai) ; c’est l’origine des substances séminales.
« La région moyenne est la colonne vertébrale, considérée non comme un axe fonctionnel, mais comme un conduit unissant les cavités cérébrales avec les centres génitaux ; elle se termine en un point appelé la Colonne Céleste (Tiien Chu), situé derrière la nuque à l’endroit où naissent les cheveux ; on ne doit pas confondre ce point avec celui du même nom dans l’acupuncture.
« La région inférieure comprend le Champ de Cinabre (Tun-Ten), duquel nous nous occuperons davantage plus loin ; c’est en elle qu’est établie l’activité génitale représentée par les deux reins : le feu du Tigre (Yang) à gauche et le feu du Dragon (Yin) à droite.
« L’union sexuelle est symbolisée par un couple : un jeune homme conduit le Tigre blanc et une jeune femme chevauche le Dragon vert ; le plomb (élément masculin) et le mercure (élément féminin) vont se mêler ; dès qu’ils sont unis, les jeunes gens jettent leur essence dans un chaudron de bronze, symbole de l’activité sexuelle. Mais les liquides génitaux, en particulier le sperme (Tsing), ne sont pas éliminés ni perdus, mais ils peuvent retourner au cerveau par la colonne vertébrale, grâce à quoi l’on récupère le cours de la vie. »
La base de ces pratiques sexuelles taoïstes est le Coïtus Reservatus dans lequel le sperme qui est descendu de l’encéphale jusqu’à la région prostatique (mais qui n’a pas été éjaculé) revient à son origine ; c’est ce que l’on nomme faire revenir la substance (Huan-Tsing).
Quelles que soient les objections que l’on puisse formuler devant la réalité de ce retour, il n’en est pas moins certain que les taoïstes concevaient une domination cérébrale des instincts élémentaires, qui maintenait le degré d’excitation génésique au-dessous du seuil d’éjaculation ; ils donnèrent à l’acte sexuel un style nouveau et une finalité distincte de la fécondation.
L’ésotérique Viparitakarani enseigne scientifiquement comment le Yogi hindou, au lieu d’éjaculer le Semen, le fait monter lentement, au moyen de la concentration, de manière à ce que l’homme et la femme unis sexuellement puissent éliminer l’égo animal.
Les anciens Grecs connaissaient très exactement la parenté essentielle entre la mort et l’acte sexuel ; ils présentaient Éros en « Génie de la mort », le Dieu tenant à la main une torche inclinée vers le bas, en tant que porteur de la mort.
Étant la force la plus profonde et la plus primitive de toutes chez l’homme, la force sexuelle est considérée par les Tantras comme l’Éros cosmogonique, le Serpent igné de nos pouvoirs magiques.
Très loin de violenter notre Essence intime dans le sens de la concupiscence brutale, ou bien de nous engourdir organiquement par un spasme qui dure seulement quelques secondes, le pratiquant prend au contraire la puissance de sa Divine Mère Kundalini particulière, pour fusionner avec elle, pour former avec elle une unité et éliminer tel ou tel moi, c’est-à-dire tel ou tel défaut psychologique préalablement compris à fond.
C’est seulement avec la mort qu’advient le nouveau. C’est ainsi qu’Éros, avec sa torche inclinée vers le bas, réduit en poussière cosmique tous ces agrégats psychiques qui, dans leur ensemble, constituent le moi.
Le Mantra, ou parole magique, qui symbolise tout le travail de Magie sexuelle, est KRIM.
En récitant ce mantra, on doit employer beaucoup d’imagination, laquelle agit directement sur l’Éros, celui-ci œuvrant à son tour sur l’imagination, en lui insufflant de l’énergie et en la transformant en force magique.
Pour se mettre en contact avec la mouvante puissance universelle, le pratiquant perçoit différentes images, mais avant tout se révèle à lui sa Divine Mère Adorable avec la Lance sacrée dans sa main droite, luttant furieusement contre ce Moi-Diable qui personnifie telle ou telle erreur psychologique que nous aspirons à détruire.
Tout en récitant son mantra KRIM, le pratiquant fixe ensuite son imagination, sa vision translucide, sur l’élément feu, de manière à se sentir comme une flamme ardente, une flamme unique, comme un bucher terrible qui incinère le moi-diable qui caractérise le défaut psychologique que nous voulons annihiler.
L’extrême sensibilité des organes sexuels annonce toujours la proximité du spasme ; nous devons alors nous retirer à temps pour éviter l’éjaculation du sperme.
On continue ensuite le travail, l’homme étendu sur le sol en décubitus dorsal (sur le dos), et la femme dans le lit… On supplie la Divine Mère Kundalini, on la prie, avec des phrases simples issues d’un cœur sincère, d’éliminer avec la Lance d’Éros, avec la force sexuelle, le moi qui personnifie l’erreur que nous avons réellement comprise et que nous aspirons à réduire en poussière cosmique.
On bénit enfin l’eau contenue dans un verre de cristal bien propre, et l’on boit en rendant grâce à notre Mère Divine.
Ce rituel du Pancatattva libère le héros de tout péché ; aucun ténébreux ne peut lui résister ; les pouvoirs terrestres et supraterrestres lui sont subordonnés et il va de par le monde avec la conscience éveillée.
Redouté par tous les Démons, il vit comme un Seigneur du Salut dans une parfaite béatitude, il échappe à la loi de la renaissance, car à travers de longs et terribles travaux de Magie sexuelle, il a utilisé le formidable pouvoir électrique d’Éros, non pour des satisfactions brutales de nature animale, mais pour réduire en poussière le moi pluralisé.
Chapitre 7 – Moi Luxurieux
Du fait qu’à l’âge révolu des Poissons, l’Église catholique a excessivement limité la vie morale des gens au moyen de multiples interdictions, on ne doit donc pas être étonné si Satan précisément, en tant qu’incarnation vivante des appétits les plus bestiaux, occupait de manière spéciale la fantaisie de ces personnes qui, réprimées dans leur libre relation avec l’espèce humaine, se croyaient obligées à une vie vertueuse exemplaire.
Ainsi et selon l’analogie des contraires, Satan envahit le subconscient et obséda à chaque instant le mental, d’autant plus intensément que plus ou moins d’actions exigeaient les énergies ou les pulsions instinctives éventuellement réprimées.
Ce formidable désir de l’action a su accroitre d’une façon telle la libido sexuelle qu’en beaucoup d’endroits, il a conduit à l’abominable commerce charnel avec le « Malin ».
Le savant Waldemar dit textuellement ce qui suit : « À Hessimont, les nonnes furent visitées, comme le raconte Weyer, le médecin de la maison royale de Clèves, par un démon qui, toutes les nuits, se précipitait comme un tourbillon d’air dans le dortoir et soudain calme, jouait de la cithare si merveilleusement que les religieuses étaient poussées à danser.
« Ensuite il sautait, sous la forme d’un chien, dans le lit de l’une d’elles, sur qui retombèrent finalement les soupçons d’avoir appelé le Malin. » (Miraculeusement, l’idée n’est pas venue aux religieuses de remettre le cas entre les mains de l’Inquisition).
Il s’avère indiscutable que ce Démon transformé en un chien ardent comme le feu était un moi luxurieux qui, après avoir joué de la cithare, se perdait dans le corps de sa maitresse qui gisait dans le lit.
Pauvre nonne victime de passions sexuelles ancestrales réprimées de force ; comme elle a dû souffrir !
Étonnant, le pouvoir sexuel de cette malheureuse anachorète ! Au lieu de créer des démons dans le couvent, elle aurait pu éliminer avec la Lance d’Éros les bêtes submergées, si elle avait suivi le chemin du Mariage parfait.
Le médecin de la maison royale Wyer décrit ensuite un cas qui montre « l’érotomanie » des sœurs de Nazareth à Cologne.
« Ces nonnes avaient été harcelées durant plusieurs années par toutes sortes d’attaques du Diable, lorsqu’en l’an 1564 se produisit au milieu d’elles une scène particulièrement épouvantable. Elles furent projetées à terre, dans la posture même de l’acte charnel, gardant les yeux fermés pendant tout le laps de temps qu’elles demeurèrent ainsi. » Les yeux fermés indiquent, comme le contexte en fait foi, l’acte sexuel avec le Démon, l’auto-copulation, car il s’agit du coït avec le moi luxurieux projeté à l’extérieur par le subconscient.
« Une jeune fille de quatorze ans qui était recluse dans le cloitre, dit Wyer, fut celle qui donna le premier indice en rapport avec cette affaire.
« Souvent, elle avait expérimenté dans son lit des phénomènes inusités, ce que ses petits rires étouffés firent découvrir, et bien qu’on se soit efforcé de mettre en fuite le plaisantin avec une étole consacrée, il revenait chaque nuit.
« On avait décidé qu’une sœur coucherait avec elle, afin de l’aider à se défendre, mais la pauvre fut terrorisée dès qu’elle entendit le bruit de la lutte.
« Finalement, la jeune fille devint complètement possédée et pitoyablement secouée de spasmes.
« Quand elle avait une attaque, elle paraissait comme privée de la vue, et bien qu’elle eût l’air d’être dans toute sa raison et de sens rassis, elle prononçait des propos étranges et inquiétants qui étaient à la limite du désespoir.
« Je fis des recherches sur ce phénomène en tant que médecin du cloitre, le 25 mai 1565, en présence du noble et avisé Constantin Von Lyskerkern, honorable conseiller, et du maitre Jean Alternau, ancien doyen de Clèves.
« Se trouvaient aussi présent le maitre Jean Eshst, réputé docteur en médecine et, finalement, mon fils Henri, lui-même docteur en pharmacologie et en philosophie.
« Je lus en cette occasion de terribles lettres que la jeune fille avait écrites à son soupirant, mais aucun de nous ne douta un seul instant qu’elles ne fussent écrites par la possédée durant ses attaques.
« Il fut établi qu’à l’origine certains jeunes gens qui jouaient à la balle à proximité avaient entrepris des relations amoureuses avec quelques nonnes et escaladaient ensuite les murs pour jouir de leurs amantes.
« On découvrit la chose et on bloqua le chemin. Mais alors le Diable, le Prestidigitateur, séduisit la fantaisie des pauvresses en prenant la forme de leur ami (se transformant en un nouveau moi luxurieux), et les fit représenter l’horrible comédie aux yeux de tout le monde.
« J’envoyais des lettres au couvent, dans lesquelles j’approfondissais toute la question et prescrivais des remèdes adéquats et chrétiens, afin qu’avec ces mêmes remèdes on puisse régler la malheureuse affaire… »
Le Diable prestidigitateur n’est ici rien d’autre que la puissance sexuelle concrète exacerbée qui, à partir du moment où elle ne se trouvait plus canalisée dans le commerce avec les jeunes gens, prit dans la fantaisie des nonnes la forme de leur ami, et certes de manière si vive que la réalité appréciable de l’acte revêtait, peut-être précisément à cause de l’isolement, des formes encore plus intenses à l’égard de l’autre sexe ardemment désiré ; des formes qui, plastiquement, séduisaient à un point tel l’œil intérieur de l’instinct déchainé que pour arriver à les comprendre, on devait précisément payer les pots cassés au Diable.
Chapitre 8 – Le Moi de la Sorcellerie
Le savant auteur du livre « Specimen of British Writers », Barnett, présente un cas extraordinaire de sorcellerie :
« Il y a cinquante ans, vivait dans un village du comté de Somerset une vieille femme généralement considérée comme une sorcière.
« Son corps était sec, courbé par l’âge, et elle marchait avec des béquilles. Sa voix était caverneuse, d’une solennité mystérieuse et feinte ; de ses yeux jaillissait un éclair pénétrant qui, quel que soit celui sur lequel il se posait, le laissait frappé d’épouvante.
« Soudain, un jeune et joli garçon de vingt-et-un ans tout à fait sain, de la même localité, fut tourmenté par un cauchemar si persistant que sa santé en fut affectée, et dans un espace de trois ou quatre mois, il devint faible, pâle et maigre, avec tous les symptômes d’une vie qui s’éteignait.
« Ni lui ni aucun des siens ne doutaient de la cause et après avoir demandé conseil, il prit la décision de veiller pour attendre la sorcière.
« Ainsi la nuit suivante, vers les onze heures et demie, il perçut des pas légers et feutrés dans l’escalier.
« Une fois que l’être effrayant fut arrivé à la chambre, il alla au pied du lit, puis monta sur le lit et se traina lentement vers le garçon.
« Il la laissa faire jusqu’à ce que l’intruse fut rendue à ses genoux, et alors il la saisit des deux mains par les cheveux, la tenant solidement avec une force convulsive, appelant en même temps sa mère qui dormait dans une chambre contigüe, pour qu’elle apporte de la lumière.
« Pendant que sa mère allait en chercher, le garçon et l’être inconnu luttaient dans l’obscurité, roulant tous les deux furieusement sur le sol, jusqu’à ce que la femme, au premier reflet de lumière provenant de l’escalier, se défit du jeune homme avec une force surnaturelle et disparut de sa vue comme un éclair.
« La mère trouva son fils debout, encore haletant de l’effort avec des mèches de cheveux dans les deux mains.
« Lorsqu’il me raconta le phénomène, dit Barnett, je lui demandais avec curiosité d’où il avait tiré les cheveux. Sur quoi il me répondit : j’ai été bête de ne pas avoir réussi à la retenir, car cela aurait pu mieux démontrer l’identité de la personne.
« Mais dans le tourbillon de mes sensations, je la fis tomber par terre et la sorcière, à qui appartenaient les cheveux, prit bien soin de ne pas apparaitre davantage à ma vue ni, du reste, de venir m’importuner la nuit ; elle avait reçu une belle raclée.
« Le plus bizarre, ajouta-t-il, c’est que pendant que je la tenais fermement et que je luttais avec elle, bien que je savais qui elle devait être, sa respiration et tout son corps semblaient ceux d’une vigoureuse jeune fille.
« L’homme à qui ceci est arrivé vit toujours ; il m’a narré l’épisode plus d’une fois et, en définitive, je peux certifier l’authenticité du fait, quoi que vous pensiez de l’affaire. »
Commentant le cas, le savant Waldemar dit : « Ce récit contient deux points de grande importance : en premier lieu, le jeune homme était sûr que son cauchemar avait pour cause la sorcière qui vivait dans sa localité et, de plus, il connaissait cette sorcière, par ses fugaces rencontres durant le jour et par ses visites astrales nocturnes.
« En second lieu, la sorcière courbée par l’âge et soutenue par des béquilles s’est transformée au bout de plusieurs mois, durant lesquels lui allait s’affaiblissant et se consumant, en l’image d’une vigoureuse jeune fille. Où se trouve donc la cause de cet évident rajeunissement de la vieille ?
« Pour répondre à cette question, continue Waldemar, nous devons avoir en vue le mécanisme de l’Eidolon, du Double.
« Si l’aura, qui enveloppe et enclot les êtres, représente aussi un reflet fidèle de leur corps, de manière qu’en elle se trouvent contenus, avec une exacte correspondance, leurs défauts et faiblesses, le corps double présente, pour ainsi dire, une évidence accrue qui, par exemple, se manifeste souvent dans des blessures graves, de sorte qu’on peut ressentir des douleurs dans un membre amputé il y a plusieurs années, et des douleurs certes très intenses, comme si ce membre existait encore.
« Cette invulnérable intégrité du double » se fonde sur le principe créateur selon lequel la forme donnée par la nature, venue au monde avec l’être, est contenue dans une espèce de premier germe.
« Dans celui-ci, tout comme dans le gland, se trouve contenue la structure de l’arbre tout entier, se trouve caché l’être en sa vivante image.
« Par le moyen de multiples actions erronées et d’essais apparemment fortuits, le tissu vibratoire astral, qui est relié au corps primitif, se manifeste dans le cours de la vie. »
Au sujet des corps primitifs, nous désirerions signaler encore que le professeur Hans Spemann, de l’Université de Fribourg, a obtenu en 1955 le Prix Nobel de médecine et de psychologie grâce à sa constatation, dans des études transcendantes, à savoir que dès les premiers stades du développement embryonnaire se trouve actif un sculpteur de la vie, une idéoplastique chimique qui forme le protoplasme selon une image prédéterminée.
En partant de ces études de Spemann, le professeur Oscar E. Schotté, de l’Université de Yale, parvint à démontrer, grâce à ses expériences avec des salamandres, que le sculpteur de la vie ne disparait aucunement, comme Spemann l’avait supposé, après le temps du développement embryonnaire, mais qu’au contraire il se maintient durant toute la vie de l’individu.
Un petit morceau de tissu cellulaire provenant de la blessure chronique d’un homme pourrait, selon le professeur Schotté, en le greffant dans un terrain vierge et vivant, reconstruire de manière entièrement identique tout le corps de l’homme blessé en question. Peut-être les expériences en laboratoire des homoncules conduiraient-elles un jour à renforcer pratiquement, de manière insoupçonnée, les théories du professeur Schotté.
Il est évident que l’abominable harpie de ce sanglant récit, par un certain modus operandi inconnu du commun des mortels, a pu sucer ou vampiriser la vitalité du jeune homme pour la transférer à son propre « corps primitif » ; c’est seulement ainsi qu’on peut expliquer scientifiquement l’insolite rajeunissement du corps de la vieille femme.
Il est indiscutable que l’idéoplastique chimique, imprégnée de la vitalité du garçon a pu reconstruire l’organisme valétudinaire de la vieille.
Alors que la vie du jeune homme s’épuisait épouvantablement, la vieille fatale, aux sinistres et ténébreux sabbats, recouvrait son ancienne jeunesse.
Il est manifeste que le garçon aurait pu la capturer s’il n’avait pas commis l’erreur de la saisir par les cheveux ; il aurait mieux fait de l’empoigner par la taille ou par les bras.
Plusieurs de ces harpies des abimes, surprises en flagrant délit, ont été capturées par d’autres procédés.
Certaines vieilles traditions disent : « Si nous mettons sur le sol des ciseaux d’acier ouverts en forme de croix et si nous répandons de la moutarde noire autour de cet instrument métallique, n’importe quelle sorcière peut être attrapée. »
Chose ahurissante, certains occultistes érudits ignorent que ces sorcières peuvent éluder la Loi de la gravité universelle !
Bien que cette observation semble insolite, nous soulignons le fait que ceci est possible en introduisant le corps physique dans la quatrième dimension.
Il n’est pas du tout étrange que ces harpies, s’introduisant avec leur corps physique dans la dimension inconnue, soient capables de léviter et de voyager en quelques secondes vers n’importe quel endroit du monde.
Il est ostensible qu’elles ont des formules secrètes pour s’échapper du monde tridimensionnel d’Euclide.
Pour employer une terminologie strictement occultiste, nous pouvons bien qualifier ces créatures ténébreuses de Jinas noir.
L’organisme humain offre assurément de surprenantes possibilités. Rappelez-vous, aimables lecteurs, l’exécrable Céléno et ses immondes Harpies, monstres ayant tête et gorge de femme, affreux et infects oiseaux des iles Strophades qui se trouvent dans la mer Ionique.
Pourvues de longues griffes, elles ont toujours sur le visage la pâleur de la faim. Des Furies terribles qui, de leur seul contact, corrompent tout ce qu’elles touchent et qui, auparavant, étaient de belles jeunes filles.
La grande capitale de toutes ces abominations se trouve à Salamanque, en Espagne. Là se trouve le fameux Château de Klingsor, haut lieu de la sorcellerie, sanctuaire de ténèbres opportunément évoqué par Richard Wagner dans son Parsifal.
Que Dieu et Sainte-Marie nous assistent ! Si les gens savaient tout ceci, ils chercheraient le Château de Klingsor par toutes ces vieilles rues de Salamanque…
Cependant, les Divins et les humains savent très bien que le Château du Graal noir se trouve dans les terres de « Jinas » (ou de Djinn), dans la dimension inconnue.
Les mardis et samedis à minuit se réunissent là ces sorcières avec leurs compères, pour célébrer leurs orgies.
Lorsqu’une de ces harpies a été attrapée, il lui faut endurer une bonne volée, raclée ou bastonnade, car les pauvres gens ne savent pas encore rendre le bien pour le mal…
Il est nécessaire d’être compréhensif et, au lieu de s’enliser dans la boue de l’infamie, de s’élever au-dessus de telles harpies au moyen de l’amour, d’évoquer le problème avec courage et de réprimander avec sagesse.
« Ne jugez pas, pour que vous ne soyez pas jugés. Car du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. »
« Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère, alors que tu ne parviens pas à voir la poutre qui est dans ton propre œil ? »
« Ou bien comment diras-tu à ton frère : laisse-moi enlever la paille de ton œil, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ? »
« Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton propre œil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’œil de ton frère. »
« Que celui qui est sans péché lance la première pierre… »
Bien que cela semble incroyable, il est bon de savoir que beaucoup de personnes honorables, voire même religieuses portent en dedans d’elles-mêmes le moi de la sorcellerie.
En d’autres mots, nous dirons : des gens honnêtes et sincères qui, dans leur existence présente, ne savent rien de l’occultisme, de l’ésotérisme, etc., portent néanmoins à l’intérieur d’elles le moi de la sorcellerie.
Il va sans dire qu’un tel moi voyage communément à travers le temps et l’espace pour causer du tort à autrui.
N’importe quel intérêt fugace pour la sorcellerie dans une quelconque vie antérieure peut avoir créé un tel moi.
Cela signifie qu’il y a dans le monde beaucoup de gens qui, sans le savoir, pratiquent inconsciemment la sorcellerie.
En vérité, je vous dis qu’ils sont nombreux les dévots du sentier qui portent aussi au-dedans d’eux-mêmes le moi de la sorcellerie.
Nous conclurons le présent chapitre en disant : tout être humain, même s’il est sur le Sentier du fil du Couteau, est plus ou moins noir tant qu’il n’a pas éliminé le moi pluralisé.
Chapitre 9 – Le Paroxysme Sexuel
Avec le Sahaja Maïthuna (Magie sexuelle), tel qu’il est pratiqué dans les écoles de Tantrisme blanc, le pouvoir de la volonté est multiplié infiniment, grâce au déchainement et à l’actualisation toute-puissante des courants nerveux subtils.
Le paroxysme délicieux de l’union sexuelle n’est pas seulement un reflet de Tamas, selon le Tantra ; il nous faut nous enquérir, rechercher, investiguer.
Dans le paroxysme des félicités, nous devons découvrir de façon directe la synthèse cosmique et créatrice de Shiva (l’Esprit-Saint) et de Shakti (sa Divine Épouse Kundalini).
Tandis que l’animal intellectuel commun et courant est fatalement vaincu par l’abominable concupiscence et ravi par les affects passionnels, en un mot, qu’il souffre dans la jouissance, pour la vile consommation du plaisir, le gnostique ésotériste, en pleine extase durant le coït, pénètre victorieux dans les régions des Monades, dans le monde splendide du tattva Anupadaka.
Le degré inférieur à ce monde d’Anupadaka est le principe extraordinaire de la puissance qui se trouve dans le domaine de l’espace, du temps et de la causalité, et est appelé Akasha-Tattva (la demeure d’Atman-Bouddhi-Manas).
Il est écrit en lettres d’or dans le grand livre de toutes les splendeurs que le paroxysme sexuel est proto-tattvique.
Le jeu des vibrations extraordinaires durant le Maïthuna commence avec le tattva d’or, Prithvi, l’éther magnifique de la terre parfumée, en gardant une concordance exacte avec notre corps physique.
La harpe délicieuse des vibrations continue en faisant frémir l’eau (Apas) de la Vie universelle, l’Ens-Seminis.
Le souffle (Vayu) se trouble ostensiblement et, dans l’atmosphère subtile du monde, résonne la lyre d’Orphée.
La Flamme sacrée (Tehas) s’allume dans le chandelier mystérieux de l’épine dorsale.
Maintenant, oh Dieux ! Le cavalier (Manas supérieur) et sa Dame (Bouddhi) s’étreignent ardemment dans la région de l’Akasha pur qui tressaillit dans le paroxysme sexuel.
Cependant, il est clair et manifeste qu’Akasha n’est qu’un pont de merveilles et de prodiges entre les tattvas Prithvi (la terre) et Anupadaka (le monde des splendeurs).
Le paroxysme sexuel franchit le pont du bonheur et pénètre dans le monde d’Aziluth, la région d’Anupadaka, la demeure de Shiva et Shakti ; alors Lui et Elle resplendissent glorieusement, ivres d’amour.
Femmes, écoutez-moi : la Shakti doit être intensément vécue, durant le coït, comme Maya-Shakti (Femme-Ève-Déesse) : c’est seulement ainsi que peut être obtenue avec succès la consubstantiation de l’amour dans la réalité psychophysiologique de votre nature.
L’homme gnostique, durant le Sahaja Maïthuna (Magie sexuelle), doit personnifier Shiva (l’Esprit-Saint) et se sentir inondé de cette force merveilleuse du Troisième Logos.
Kalyanamalla répète maintes fois que « l’accomplissement du code de l’amour est beaucoup plus difficile que le profane ne l’imagine. »
Les joies préparatoires sont déjà compliquées ; car on doit employer l’art exactement selon les préceptes pour aviver l’ardeur de la femme de la même manière que l’on avive le feu d’un foyer et pour que sa Yoni devienne plus tendre, plus plastique et plus idoine à l’acte amoureux.
L’Anangaranga accorde une grande importance à ce que les deux éléments composant le couple ne laissent s’introduire dans leur vie commune aucune tiédeur, aucune fatigue ou satiété dans leurs relations, effectuant la consommation de l’amour avec un recueillement et un abandon totaux. La forme de l’acte sexuel, c’est-à-dire la position dans cet acte, est appelée Asana.
Pour l’information des lecteurs d’un certain âge, nous transcrirons, dans le présent chapitre, ce qui a trait à la position appelée Tiryak :
« La position Tiryak comporte trois subdivisions dans lesquelles la femme est toujours étendue de côté.
- a) L’homme se place le long de la femme, tout contre elle, il prend une de ses jambes et la place sur sa taille. C’est seulement avec la femme mure, totalement épanouie, que l’on peut satisfaire complètement à cette posture, laquelle doit être omise avec une jeune.
- b) Homme et femme gisent étendus sur le côté, la femme ne devant absolument pas bouger.
- c) Étendu sur le côté, l’homme pénètre entre les hanches de la femme, de manière qu’une cuisse de celle-ci se trouve sous lui, tandis que l’autre repose sur sa taille. »
Il convient d’invoquer Kamadeva durant le Sahaja Maïthuna dans la Forge des Cyclopes.
Kamadeva est le Dieu hindou de l’amour. Littéralement son nom veut dire Dieu du désir, et il passe pour être le fils du Ciel et de l’Illusion.
Rati, la tendresse, est sa femme, et Vasanta (la saison de la floraison) qui porte constamment son carquois avec des fleurs au bout des flèches, leur sert d’escorte.
Kamadeva avait une forme visible, mais comme il a dérangé le Seigneur de la création, Shiva, dans ses pratiques, celui-ci le réduisit en cendres par un regard ; les Dieux le ressuscitèrent en répandant sur elles du nectar, et depuis lors il est appelé l’incorporé.
On le représente chevauchant un perroquet, portant un arc de canne à sucre avec la corde formée d’abeilles.
Le couple terrestre Adam-Ève, par le moyen du Sahaja Maïthuna (la Magie sexuelle), trouve sa correspondance à la fois plus humaine et plus pure dans le suprême couple divin Shiva-Shakti.
Homère a fait une description à la fois délicate et magique de l’étreinte amoureuse du couple divin.
« Sous eux, la terre germinatrice produisait une verdure fleurissante, lotus, trèfles juteux, jacinthes et safrans qui, serrés, gonflés et tendres, s’élevaient du sol, et eux gisaient là et ils entrainaient vers le haut les nuées scintillantes et dorées, et l’étincelante rosée tombait sur la terre. »
Enivrés par le vin de l’amour, parés précieusement de la tunique de la spiritualité transcendante et couronnés des fleurs de la félicité, nous devons profiter de la formidable vibration du tattva Anupadaka durant le paroxysme sexuel pour supplier le Serpent igné de nos pouvoirs magiques d’éliminer de notre nature intérieure le défaut psychologique que nous avons déjà compris à fond dans toutes les régions du subconscient.
C’est ainsi que nous mourons d’instant en instant, de moment en moment ; c’est seulement avec la mort qu’advient le nouveau.
Chapitre 10 – Visiteurs Ténébreux
Le savant Waldemar dit textuellement : « Un contemporain de Brognoli, le prêtre Coleti, nous parle d’une femme de sa paroisse qui est accourue à lui avec son mari.
« Elle était dévote et de bonnes mœurs, mais, depuis dix ans, elle était harcelée par un esprit qui, le jour comme la nuit, lui suggérait l’illicite, et tant qu’elle ne dormait pas, il se comportait avec elle comme un incube, car ce qu’elle devait supporter n’était aucunement un rêve.
« Mais il ne réussit pas à obtenir son consentement, elle demeurant inébranlable. Ainsi, l’exorciste n’eut qu’à prononcer le « Praeceptum leviticum » contre le Démon, et dès lors elle se vit libérée de lui.
« Dans ce cas, dit Waldemar, nous voyons que lorsque la conscience obsédée en est au point où elle imagine comme subterfuge le viol par le Démon, ou bien presque une prise de possession contre sa volonté, on peut dépasser l’état grâce au processus d’une expulsion de l’esprit lascif par les forces morales non encore tyrannisées.
« Mais si l’incube (le moi lascif), l’image luxurieuse créée par sa propre fantaisie, s’affirme sans opposition jusqu’à la fin, l’individu lui-même, converti en incube, exécute, scindé en deux êtres, une auto-copulation. Dans ce cas, l’obsession aboutit en général à la démence totale.
« C’est ainsi que Brognoli a vainement essayé, au printemps de 1643, de libérer d’un incube une jeune fille de vingt ans.
« J’allais chez elle, dit-il, avec son confesseur ; à peine étions-nous entrés que le Démon, qui s’était livré à sa tâche, s’enfuit. Je parlais alors avec la jeune fille et elle me raconta dans le menu détail ce que faisait le Démon avec sa personne.
« De son récit, je ne tardais pas à comprendre que, bien qu’elle le niât, elle avait toutefois donné son consentement indirect au Démon. Car lorsqu’elle remarquait son approche par la dilatation et le vif chatouillement des parties concernées, elle ne cherchait pas refuge dans la prière, n’invoquait pas Dieu ni la Sainte Vierge à son aide ni L’Ange-Gardien, mais elle courait plutôt à sa chambre et s’étendait sur son lit afin que le Malin pût exécuter sa tâche plus à son aise et plus agréablement.
« Lorsque pour conclure, j’essayais d’éveiller en elle une ferme confiance en Dieu pour qu’elle se libère, elle demeura indifférente et sans écho ; je remarquais une très nette résistance, comme si elle ne voulait pas être libérée.
« Je la laissais donc, non sans avoir donné auparavant quelques prescriptions à ses parents sur la discipline et la répression du corps de leur fille au moyen de jeûnes et d’ablutions.
« Mais les femmes n’étaient pas les seules à être ainsi visitées, dit le savant Waldemar. Brognoli fut conduit à Bergame chez un jeune commerçant de quelque vingt-deux ans qui avait maigri jusqu’à devenir un vrai squelette, à cause d’un succube qui le tourmentait.
« Depuis plusieurs mois, au moment d’aller au lit, le Démon lui apparaissait sous l’aspect d’une jeune fille extraordinairement belle, ressemblant à celle qu’il aimait.
« En apercevant cette figure, il poussa un cri, et alors elle le pria de se taire, l’assurant qu’elle était vraiment cette jeune fille et que, parce que sa mère la battait, elle avait fui de sa maison, accourant à celle de son aimé.
« Il savait qu’elle n’était pas sa Thérèse, mais quelque lutin ; néanmoins, après un peu de conversation et quelques étreintes, il la prit avec lui dans son lit.
« Plus tard la figure lui dit qu’en effet elle n’était pas la jeune fille, mais un Démon qui l’aimait, l’un de ses mois-diables, et qui, pour cette raison, s’unissait à lui jour et nuit.
« Cela dura plusieurs mois, jusqu’à ce que Dieu finît par le libérer, par l’intermédiaire de Brognoli, et il fit pénitence pour ses péchés. »
À travers ce récit insolite, l’auto-copulation avec un Moi-Diable qui avait pris la forme de la femme aimée s’avère parfaitement claire et manifeste.
Il est indiscutable que ce jeune homme à l’imagination ardente et à l’épouvantable luxure avait utilisé inconsciemment la faculté idéoplastique pour donner une forme subtile à son adorée.
Ainsi vint à l’existence un moi succube, un Démon passionnel aux cheveux longs et aux idées courtes.
Il est évident qu’à l’intérieur de ce Diable féminin se trouvait embouteillée une bonne partie de sa conscience.
Paracelse dit à ce sujet dans son œuvre « De origine morborum invisibilium Lit. III » :
« Les incubes et succubes sont formés du sperme de ceux qui effectuent l’acte antinaturel imaginaire de la masturbation (en pensées ou en désirs).
« Or donc, cela procède seulement de l’imagination, ce n’est pas un sperme authentique (matériel), mais un sel corrompu.
« Seul le semen qui procède d’un organe indiqué par la nature pour son développement peut germer et devenir un corps.
« Lorsque le sperme ne provient pas de la matière appropriée (substrat nourricier), il ne produira rien de bon, mais générera plutôt quelque chose d’inutile.
« Pour cette raison, les incubes et succubes, qui procèdent du semen corrompu, sont nuisibles et inutiles selon l’ordre naturel des choses.
« Ces germes, formés dans l’imagination, sont nés « In Amore Hereos » c’est-à-dire d’une sorte d’amour dans lequel un homme imagine une femme, ou l’inverse, pour réaliser la copulation avec l’image créée dans la sphère de sa pensée.
« De cet acte résulte l’évacuation d’un inutile fluide éthérique, incapable d’engendrer une créature, mais à même de mettre au monde des larves.
« Une telle imagination est la mère d’une exubérante impudicité qui, si elle est prolongée, peut rendre impuissant un homme et stérile une femme, puisque dans la fréquente pratique d’une telle imagination maladive on perd beaucoup de la véritable énergie créatrice. »
Les mois-larves de la lascivité sont de véritables entités pensantes autonomes à l’intérieur desquelles est prise, est enfermée, une bonne partie de la conscience.
Ces larves dont parle Paracelse ne sont pas autre chose que certaines formes cultivées de pensée qui doivent leur force et leur existence uniquement à l’imagination dénaturée.
Chapitre 11 – La Tête de Jean
Les timbales résonnèrent et des cris jaillirent dans la foule. Mais le tétrarque domina tout le fracas de sa voix :
« Allons ! Allons ! Capharnaüm sera à toi ! Et la plaine de Tibériade ! La moitié de mon royaume. »
Alors elle se jeta sur le sol, et subitement ses pieds se balancèrent en l’air et elle avança de plusieurs mètres sur les mains, comme un grand scarabée.
Puis elle sauta sur ses pieds et regarda alors fixement Hérode. Elle avait les lèvres peintes de carmin et les sourcils noirs, ses yeux étincelaient d’un éclat dangereux, et de petites gouttes scintillantes perlaient sur son front.
Hérode et Salomé se contemplèrent l’un l’autre fixement, jusqu’à ce que, depuis la galerie, on entendît Hérodiade claquer des doigts.
Salomé sourit alors, montrant ses dents blanches et fermes, et susurra comme une pudique pucelle.
« Je veux… dans un plat la tête —elle avait oublié le nom ; mais en souriant de nouveau, elle dit avec clarté— la tête de Jean ! »
Il se trouvait qu’elle était quelque peu fâchée contre celui qu’elle aimait, et le fit décapiter ; mais lorsqu’elle aperçut la tête chérie sur le plat, elle pleura, devint folle, et périt de délire érotique.
Horripilante bataille intime dans la psyché de Salomé, le moi du dépit entrainant dans sa déchéance abominable le reste des moi. Un triomphe dégoutant du diable homicide… qui remplit d’épouvante… et d’horreur.
Hérode craignait la foule parce qu’elle considérait Jean comme un prophète. Au chapitre XI de l’Évangile de Matthieu, on parle de Jean le Baptiste comme d’un véritable « Jina », un homme céleste, un demi-dieu, supérieur aux prophètes, puisque Jésus lui-même dit de lui :
« Certainement, je vous dis qu’il est beaucoup plus qu’un prophète, car c’est de lui qu’il est écrit : voici que j’envoie au-devant de toi mon ange, pour qu’il aille devant toi te préparer et t’ouvrir le chemin.
« Parmi les hommes nés d’une femme, il ne s’en est pas levé un autre plus grand que lui, bien qu’il soit plus petit que le plus petit qui est dans le Royaume des Cieux, et si vous voulez donc le recevoir, sachez qu’il est cet Élie dont on nous a dit qu’il devait venir… Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. »
Ces paroles du Grand Kabire Jésus réunissent en un seul les deux grands personnages hébreux.
Jean le Baptiste, décapité par la luxurieuse Salomé fut, en vérité, la vive réincarnation d’Élie, le prophète du Très-Haut.
À cette époque, les Nazaréens étaient connus comme baptistes, Sabéens et chrétiens de Saint-Jean ; l’erreur de ces gens résidait dans l’absurde croyance que le Kabire Jésus n’était pas le Fils de Dieu, mais simplement un prophète qui voulait suivre Jean.
Origène (Vol. II) observe « qu’il y en a qui disent de Jean le Baptiste qu’il était l’Oint (Christus). »
« Lorsque les conceptions des gnostiques, qui voyaient en Jésus le Logos et l’Oint, commencèrent à gagner du terrain, les premiers chrétiens se séparèrent des Nazaréens, lesquels accusaient injustement l’Hiérophante Jésus de pervertir les Doctrines de Jean et de changer pour un autre le Baptême dans le Jourdain. » (Codex Nazarenus, II, p.109)
Salomé dénudée, ivre de vin et de passion, avec la tête innocente de Jean le Baptiste entre ses bras érotiques, dansant devant le roi Hérode, fit trembler les terres de Tibériade, Jérusalem, Galilée et Capharnaüm…
Mais nous ne devons pas nous scandaliser pour autant : Salomé git, très bien cachée, dans les profondeurs intimes de beaucoup de femmes… tu le sais… et aucun homme ne doit se vanter d’être parfait parce qu’en chacun se cache un Hérode.
Tuer est évidemment l’acte le plus destructeur et la pire corruption que l’on connaisse sur la planète Terre.
Il est écrit dans le livre de tous les mystères que l’on ne tue pas seulement avec un poignard, une arme à feu, une potence ou du poison ; nombreux sont ceux qui tuent par un regard de mépris, par un sourire ironique ou par un éclat de rire ; par une lettre ou par l’ingratitude et la calomnie.
En vérité, je vous dis que le monde est rempli d’uxoricides, de matricides, parricides, fratricides, etc., etc., etc.
Il faut aimer beaucoup et copuler sagement avec l’adorée si vraiment nous voulons réduire en poussière cosmique le Diable homicide, à l’aide de la Lance toute-puissante d’Éros.
Chapitre 12 – La Fin d’un Triangle Fatal
Nous présenterons maintenant un cas épouvantable qui, avec une extrême précision, vient nous montrer ce qu’est le sinistre et ténébreux moi de la jalousie dans la relation conjugale, entre mari et femme.
L’horrible évènement est survenu en l’an 1180, en Provence, la nouvelle se répandant partout, jusqu’à ce qu’elle pénètre finalement, en 1250, dans la littérature, sous une forme proche de l’épopée.
« Un jour, Guillaume de Cabstaing, fils d’un pauvre gentilhomme du château de Cabstaing, arriva à la cour du seigneur Raymond de Roussillon et, après s’être présenté, il demanda à être accepté comme écuyer. Le Baron lui trouva de la prestance et lui donna son approbation pour qu’il restât à sa cour.
« Guillaume demeura donc et il sut se comporter de manière si remarquable que grands et petits l’aimaient ; et il sut aussi se distinguer à tel point que le baron Raymond le destina au service de dame Marguerite, sa femme, comme page. Guillaume s’efforça alors d’être encore plus digne en paroles et en actes, mais amour faisant loi, dame Marguerite se trouva éprise de lui, avec les sens enflammés.
« La diligence du page à la servir, son discours et sa fermeté lui plaisaient tellement qu’un jour, elle ne peut se retenir de lui demander : dis-moi, Guillaume, aimerais-tu une femme qui démontrerait de l’amour pour toi ? À quoi Guillaume répondit avec sincérité : bien sûr que oui, Madame, pourvu que ses démonstrations fussent vraies.
« Par Saint-Jean, s’exclama la dame, tu as répondu comme un gentilhomme accompli ! Mais à présent je veux t’éprouver pour voir si tu pourrais savoir et reconnaitre ce qui dans les démonstrations est vérité et ce qui n’est qu’apparence.
« Auxquelles paroles Guillaume répliqua : soit, donc, comme il vous plaira, Madame !
« Il devint pensif, et aussitôt l’Amour commença sa joute avec lui ; et les pensées qu’Amour lui envoyait lui pénétraient dans le cœur et dès lors il se convertit en son chevalier servant, commençant à composer de jolis vers, des chansons et des poèmes exquis, ce qui complaisait au plus haut degré à celle à qui il les récitait et chantait.
« Mais Amour, qui à ses serviteurs octroie leur récompense lorsqu’ils lui plaisent, voulut concéder la sienne à Guillaume. Et bientôt la dame commença à haleter de désir et à s’enfoncer à tel point dans son attachement, que ni la nuit ni le jour elle ne parvenait au repos, voyant en Guillaume la somme de tous les dons du courage et des exploits héroïques.
« Ainsi arriva-t-il qu’un jour, dame Marguerite interpelât Guillaume, lui disant : sais-tu, Guillaume, ce qui en ce moment est vérité et ce qui ne l’est pas de mon apparence ?
« Et Guillaume lui répondit : Madame, aussi sure que Dieu m’aide, depuis l’instant où je suis devenu votre écuyer, aucune autre pensée ne peut se loger en moi que celle que vous êtes, de tous les êtres vivants, la meilleure et la plus véridique en paroles et en apparence. Ainsi je le crois et toute ma vie le croirait ! La dame répliqua : Guillaume, de même que Dieu m’aide aussi, je te dis que tu ne seras pas trompé par moi, et tes pensées ne se perdront pas en vain.
« Et ouvrant les bras, elle le baisa délicatement et, s’asseyant tous les deux dans la chambre, ils commencèrent à prendre soin de leur amour…
« Mais il ne passa pas beaucoup de temps sans que les mauvaises langues, celles que devrait atteindre la colère de Dieu, ne commencent à se délier, parlant de leur amour, et à papoter sur les chansons que Guillaume composait, murmurant qu’il avait posé ses yeux sur dame Marguerite. Et elles parlèrent tant et tant que la chose arriva aux oreilles du seigneur.
« Le baron Raymond fut affligé au plus haut degré de ce qu’il allait perdre son compagnon de chevauchée et, plus encore, à cause de l’affront que sa femme lui avait fait.
« Et un jour que Guillaume était allé seul avec un écuyer à la chasse à l’épervier, Raymond prit des armes, les cacha sur lui et s’en alla à cheval vers le jeune page.
« Soyez le bienvenu, seigneur, le salua Guillaume, allant à sa rencontre dès qu’il l’aperçut, pourquoi êtes-vous si seul ?
« Après quelques détours, Raymond commença : dis-moi, au nom de Dieu et de la Sainte Foi ! As-tu une amante pour qui tu chantes et à qui l’amour t’enchaine ?
« Seigneur, répondit Guillaume, comment pourrais-je en aucune façon chanter, si l’amour ne m’y induisait. C’est la vérité, Seigneur, que l’amour m’a pris tout entier dans ses filets.
« Je désirerais savoir, s’il te plait, qui est la dame en question.
« Ah ! Seigneur, voyez au nom de Dieu ce que vous réclamez de moi ! Vous savez assez que jamais la dame ne doit être nommée.
« Mais Raymond continua d’insister (parce que le moi de la jalousie était en train de le dévorer vif), jusqu’à ce que Guillaume dise : Seigneur, il faut que vous sachiez que j’aime la sœur de dame Marguerite, votre femme, et j’espère être aimé d’elle, en retour (répondit le moi de la tromperie). Et maintenant que vous le savez, je vous supplie de m’accorder votre appui ou, à tout le moins, de ne pas me faire obstacle.
« Tu as ma main et ma parole, dit Raymond, en guise de promesse et de serment que je vais mettre en œuvre tout ce qui est en mon pouvoir pour venir à ton aide.
« Allons donc à son château, qui se trouve près d’ici, proposa Guillaume.
« Ainsi firent-ils, et ils furent bien reçus par le seigneur Robert de Tarascon, le mari même de dame Agnès. Raymond la conduisit à sa chambre et ils s’assirent tous les deux sur le lit.
« Dis-moi, ma belle-sœur, par la loyauté que tu me dois, dit Raymond, aimes-tu quelqu’un ?
« Oui, Seigneur, répondit-elle (avec son moi trompeur).
« Qui ?
« Oh ! Je ne peux pas le dire ! Répondit-elle, que me demandez-vous là ?
« Mais il la pressa avec tant d’insistance qu’elle n’eut plus d’autre recours que de confesser son amour pour Guillaume. Ainsi le reconnut-elle, en le trouvant si triste et soucieux, quoiqu’elle savait bien que Guillaume aimait sa sœur ; et sa réponse fit à Raymond une grande joie.
« Agnès raconta tout à son mari qui jugea qu’elle avait bien agi, et lui donnait toute liberté pour qu’elle agisse et dise à sa guise pour sauver Guillaume (infâme adultère).
« Agnès, devenue complice du délit, ne manqua pas de faire ainsi ; donc, conduisant le damoiseau dans sa chambre, elle resta en sa compagnie, seule à seul, aussi longtemps que nécessaire pour que Raymond pût conjecturer qu’il avait joui du miel de l’amour.
« Cela lui complut à l’extrême, et il commença à penser que tout le bruit qui courait sur le compte de Guillaume n’était pas la vérité, mais pur commérage. Agnès et Guillaume sortirent de la chambre ; on servit le souper, qui se déroula dans une grande animation (ainsi sont les farces du moi pluralisé).
« Après le repas, Agnès fit préparer l’appartement des deux hôtes tout près de la porte du sien, et Guillaume et elle jouèrent si bien leur rôle que Raymond pensa que le damoiseau dormait avec la dame.
« Le jour suivant, après avoir pris congé, Raymond s’éloigna dès qu’il le put de Guillaume, alla à sa femme et lui raconta ce qui s’était passé. Devant ces nouvelles, dame Marguerite passa toute la nuit plongée dans la plus profonde douleur et, le lendemain, appelant Guillaume, elle le reçut avec dureté, le traitant de faux ami et de traitre.
« Guillaume demanda grâce, comme un homme qui n’avait commis aucune des fautes qu’elle lui imputait et il lui raconta en détail et exactement tout ce qui s’était passé. La dame appela sa sœur et elle sut, par elle, que Guillaume disait la vérité. À la suite de quoi elle ordonna au page de composer une chanson dans laquelle il lui montrerait qu’il n’aime pas d’autre femme qu’elle. Et il composa le chant intitulé : les belles occurrences que souvent l’amour inspire.
« Ayant entendu le chant que Guillaume avait composé pour sa femme, le baron de Roussillon le fit venir pour converser avec lui et, à une distance suffisante du château, il l’égorgea, lui trancha la tête qu’il garda dans une gibecière, lui arrachant ensuite le cœur.
« Après cela, il retourna au château, fit rôtir le cœur et le fit servir à sa femme à table. Elle le mangea sans savoir ce qu’elle savourait.
« À la fin du repas, Raymond se leva et communiqua à sa femme que ce qu’elle avait ingéré était le cœur de Guillaume, lui montrant ensuite la tête horripilante.
« Il lui demanda en outre si le cœur avait eu bon gout. Dame Marguerite répondit qu’il était, en effet, si savoureux qu’aucun autre mets ne lui enlèverait maintenant le gout que lui avait laissé le cœur de Guillaume. Furieux, Raymond, désespéré par le moi de la jalousie, s’élança vers elle, la perverse adultère, sa dague à la main. Marguerite s’enfuit, se jeta du haut d’un balcon et se fracassa la tête dans sa chute. »
Cela fut la fin catastrophique d’un triangle fatal où les égos de la jalousie, de l’adultère, du mensonge, de la farce, etc. poussèrent leurs acteurs dans un cul-de-sac.
Que Dieu et Sainte-Marie nous assistent ! Ils savent bien, les Divins et les humains, que le puissant seigneur Raymond de Roussillon est devenu un assassin à cause du démon de la jalousie. Il aurait mieux valu faire remettre à sa femme une lettre de divorce.
Chapitre 13 – Le Rituel Pancatattva
Au milieu du crépitement incessant du Fohat cosmique omniprésent, omnipénétrant et omnimiséricordieux surgissent aussi, comme il est naturel, d’épouvantables tentations charnelles indescriptibles et inénarrables, comme celles du grand Patriarche gnostique Saint-Augustin, qui avait sur la croix des visions d’une délicieuse femme nue.
Il est écrit dans le livre des splendeurs en caractères de feu ardent : « La réelle connaissance et la savante identification avec toutes les infinies possibilités du Sexe ne doivent pas signifier pour les sages une chute dans le monde des instincts et des illusions, mais, précisément, une telle familiarisation et une profonde connaissance doivent-elles nous conduire à l’autoréalisation intime. »
L’Initié qui, dans la Sexualité, cherche intelligemment la puissance extraordinaire du principe éternel et créateur, d’abord dominé par la passivité, devient dominé par l’activité, par une action appropriée qui domine les énergies sexuelles…
Il va sans dire que ce connaisseur se trouve en mesure d’éveiller sa conscience grâce à la mort de l’égo animal.
Dans le domaine de la vie pratique, nous avons pu vérifier à satiété que ceux qui rejettent la question sexuelle pour vivre la « vie supérieure » du cœur, qualifiant de tabou tout ce que peut avoir une saveur érotique, viennent tôt ou tard à éprouver subitement et de manière inattendue le dégout et l’affliction.
Alors, il devient clair et manifeste que, sortant de l’ombre, les plus bas moi submergés qui avant paraissaient endormis et comme morts entrent brusquement en activité, et tout bonheur spirituel si difficilement acquis se transforme en scrupule infernal.
Cette sublime espérance de reposer dans le Divin semble alors subitement évanouie, et ce qui resplendissait comme une harmonie éternelle devient l’abime d’une vaine chimère.
Pour cette raison, l’homme qui veut parvenir à la libération authentique ne doit jamais se bercer dans la fausse sensation de sécurité.
Il est urgent d’apprendre à vivre dangereusement d’instant en instant, de moment en moment.
La véritable connaissance directe, mystique, transcendantale sera assurément impossible aussi longtemps qu’on aura des conflits intimes.
Nous devons prendre le diable par les cornes ; il est indispensable de voler sa torche de feu à Typhon-Baphomet, le Bouc de Mendès.
L’ésotérique Viparitakarani enseigne comment « le Yogi fait monter lentement son semen, grâce à la concentration, de manière à ce que l’homme et la femme puissent atteindre le Vajroli. »
De façon explicite, la femme est désignée comme sainte dans l’acte charnel ; elle doit se trouver en mesure de transformer également le feu de sa puissance sexuelle et de le conduire aux centres supérieurs du corps.
En faisant monter le semen dans le corps, c’est-à-dire en le faisant refluer vers l’intérieur et vers le haut au lieu de le répandre, retenant les gouttes que les profanes et les profanateurs destinent à l’utérus de la femme, alors entre en activité la flamme éthérée du Semen, le Serpent igné de nos pouvoirs magiques, au moyen duquel nous pouvons et devons réduire en poussière l’égo animal.
Dans l’Anangaranga de Kayanamalla, nous avons trouvé l’Asana suivant de type tantrique.
Uttana-danda
L’homme se met à genoux et se penche sur la femme couchée sur le dos. Il y a dix variantes de cette posture qui, généralement, est la préférée.
- a) L’homme place sur ses épaules les jambes de la femme étendue sur le dos, et cohabite tandis qu’il s’incline vers elle.
- b) La femme git sur le dos, l’homme se place entre ses jambes et les hausse de manière à ce qu’elles touchent sa poitrine, et il cohabite avec la femme.
- c) Une jambe de la femme reste étendue sur la natte ou le lit, et l’autre est posée pendant l’acte sur la tête de l’homme ; c’est une position particulièrement stimulante de sensation érotique.
- d) La position Kama-Rad : placé entre les jambes de la femme, l’homme, avec ses mains, étire de chaque côté autant que possible les bras de la femme.
- e) Pendant l’acte charnel, la femme lève les deux jambes jusqu’à la poitrine de l’homme, qui se trouve placé entre ses cuisses. C’est l’une des postures préférées par les connaisseurs de l’art de l’amour.
- f) L’homme s’agenouille devant la femme allongée sur le dos, il introduit alors ses mains sous son dos et l’élève vers lui, de manière que la femme puisse à son tour l’attirer avec ses bras enlacés derrière la nuque de son compagnon.
- g) L’homme installe un gros oreiller sous le dos de la femme, entre ses hanches et sa tête, de manière que son corps soit surélevé en forme d’arc. Agenouillé sur un coussin, il réalise l’acte et, dans cette posture très appréciée, les deux participants éprouvent la plus grande jouissance.
- h) Tandis que la femme git sur le dos, elle croise les jambes et élève un peu les pieds ; cette posture attise vivement le feu de l’amour.
- i) La femme, étendue sur le lit ou la natte, place une jambe sur l’épaule de son compagnon, gardant l’autre étendue.
- j) L’homme élève, après l’introduction du membre, les jambes de la femme couchée sur le dos, et lui comprime étroitement les hanches.
Dans le Viparitakarani on dit : « Cette pratique est la plus excellente, la cause de la libération pour le Yogi ; cette pratique apporte la santé au Yogi et lui octroie la perfection. »
« Le Vira-Sadhaka ou Heruka considère l’univers lui-même comme le lieu de la libération ; il sait vivre sagement ; avec le regard posé sur l’infinie vérité, il est au-dessus de la peur et de la censure, par l’évidence du Saham (je suis elle, c’est-à-dire la puissance, indubitablement pénétré par elle), libre de tout enchainement au Samsara, seigneur de ses sens, et procédant au rituel Pancatattva.
« Ce mot désigne les éléments : éther, air, feu, eau et terre, considérés comme les divers principes de la manifestation de la Shakti (Kundalini). Dans les cinq éléments est contenue la puissance cosmique, et le Vira-Sadhaka doit accomplir la tâche de ressusciter la nature primitive de ces éléments comme acte de puissance, pour ainsi remonter au Premier-Né de la création, Shiva lui-même. »
En pleine lumière et avec une entière clarté méridienne ressort la nécessité intrinsèque d’une ascension échelonnée le long des principes transcendantaux de la vie universelle.
Cette ascension doit avoir pour fondement la nature organique du Pentant.
En ce qui concerne l’aspect organique, l’éther se trouve en relation intime avec la femme ou le commerce sexuel (Maïthuna), l’air avec le vin (Madya), le feu avec la viande (Mamsa), l’eau avec le poisson (Matsya), et la terre avec les céréales (Mudra).
Ainsi, par l’intelligente jouissance des cinq « M » (femme, vin, viande, poisson et céréales), on invoque la puissance (Shakti) des éléments, en l’actualisant en soi-même, ici et maintenant.
Le Pancatattva rend possible le Shakti-Puja (c’est-à-dire le culte gnostique à la Divine Mère Kundalini Shakti).
Les étincelles merveilleuses de Maha Kundalini se trouvent contenues dans toutes les propriétés des cinq éléments de la nature.
Il nous faut d’urgence convertir ces étincelles en flammes au-dedans de nous-mêmes.
Au moyen du rituel Pancatattva, il est incontestable que la Divinité intérieure cachée, bien qu’elle ne soit pas enfermée au-dedans de l’animal intellectuel erronément appelé homme, rend extensive, de façon consciente, son énergie intime, dans le but évident d’aider l’Essence dans le processus de l’éveil…
Nous devons savoir clairement que les cinq éléments sont des formes différentes d’une seule et même puissance et que, par conséquent, ils s’efforcent d’attirer la vie intérieure de l’Être intime pour l’unir à la vie extérieure, unir l’immanent avec le transcendant pour qu’avec lui on retrouve l’Être, ici et maintenant.
Nous devons apprendre à vivre intensément d’instant en instant dans le monde des cinq éléments.
Le Karma Yoga, le sentier en ligne droite, a pour fondement la loi de la balance.
Comment pourrions-nous exercer avec une souveraine maitrise le pouvoir sur le tattva akashique si nous excluons le Sahaja Maïthuna (la Magie sexuelle) ?
Les traditions de l’Inde disent que Ramakrishna fit assoir Sarada Devi sur le trône de la Mère Divine, à l’intérieur du temple, et en même temps qu’il chantait l’hymne à Devi Kundalini dans le cadre de l’ancestrale cérémonie rituelle qui culmine avec la fameuse Shorashi Puja, commença l’adoration de la femme. Elle et lui, durant le Maïthuna, parvinrent au Samadhi. C’est ainsi que l’on parvient à exercer tout le pouvoir sur le tattva akashique…
Il est écrit en mots de feu dans le Livre des Splendeurs que la puissance du Logos solaire ne se trouve pas dans le cerveau, ni dans le cœur, ni dans aucun autre organe du corps que dans les organes sexuels, exclusivement, dans le phallus et dans l’utérus.
Nous ne pourrions en aucune manière développer, dans notre constitution intime, les pouvoirs akashiques si nous commettions l’erreur de forniquer ou de haïr le sexe, ou de faire l’adultère. « Tout péché sera pardonné, sauf le péché contre l’Esprit-Saint… » (Le sexe).
Une fois, me trouvant hors de mon corps physique, je posais à ma Mère Divine Kundalini la question suivante : « Est-il possible que, là-bas, dans le monde physique, quelqu’un puisse s’autoréaliser sans avoir besoin de la Magie sexuelle ? » La réponse fut terrible, épouvantable : « Impossible, mon fils, cela n’est pas possible. » Je restais très impressionné et remué jusqu’au plus intime de mon Âme…
Et que dirons-nous sur le tattva Vayu, l’élément air ? Quelle est sa relation avec le fruit de la vigne ?
Il est certain qu’aucun ivrogne ne pourrait acquérir les pouvoirs merveilleux du tattva Vayu…
Il est clair et manifeste que le vin pur et sans ferment d’aucune espèce peut être utilisé avec succès dans le rituel du Pancatattva…
Par quel moyen ou de quelle manière pourrions-nous acquérir les miraculeux pouvoirs ignés du tattva Tehas si nous commettions l’erreur de renoncer aux aliments carnés ? Malheureusement, les masses humaines deviennent ou végétariennes radicales ou presque cannibales.
Et que dirons-nous du tattva Apas et de ses formidables pouvoirs ? Il n’y a pas de doute que dans les poissons se trouve le secret qui nous permet de dominer les tempêtes et de marcher sur les eaux ; malheureusement, les gens ou bien abhorrent les fruits de mer ou bien en abusent.
De quelle façon pourrons-nous conquérir les pouvoirs du tattva Prithvi, l’élément terre, si nous détestons les céréales, légumes et plantes, ou si nous abusons de ces aliments ?
Il résulte de ce qui a été dit que les éléments, aussi bien de la terre que de la viande, sont, en leur essence, absolument pure. Lorsque le Vira jouit du plaisir sans y mêler une teinte personnelle, alors se révèle à lui, dans le sexe, la cause primitive du cosmos, du monde des phénomènes, du monde de Maya.
Les courants des tattvas qui se trouvent dans le cosmos en consonance avec la structuration des forces et qui produisent l’évolution et l’involution de l’Univers se manifestent comme la limite de la Création et comme le Premier-Né de la nature, de sorte qu’une immense puissance s’élève et transforme la volonté du Vira qui, dorénavant, brule dans le brasier de Maha Kundalini.
Le savant écrivain Waldemar dit textuellement dans l’une de ses œuvres :
« Prana, la sixième force fondamentale, non seulement affecte les hommes, mais il est aussi le principe vital de tout être existant dans l’univers.
« Prana est ce qu’on appelle le Souffle de Dieu et ce qui suscite dans les organismes les manifestations vitales. Par la jouissance des cinq éléments du rituel (Pancatattva), se dynamisent, pour ainsi dire, les puissances, pour étinceler dans le sixième principe, dans la constitution des êtres, soit dans le Lingam Sarira, le corps éthérique.
« Si l’on sait prêter l’attention qui lui est due à la véritable nature de la volonté éveillée par cette étincelle, pour la capter avec une conscience alerte et pas seulement en imagination, mais en la retenant avec tout l’être intime, alors s’effectue un transport d’ordre transcendantal. »
Il est indiscutable que les étincelles du vin, de la femme, de la viande, etc., après avoir fait tourner les chakras du corps vital, viennent actualiser les forces supérieures de l’âme : Atman-Bouddhi-Manas.
« Afin que l’obscure masse de Tamas (puissance latente), dans son état chaotique et inerte, soit surmontée, des moments spéciaux d’émotion extatique doivent être provoqués ; l’individu sort hors de lui-même, d’une certaine façon, et les ressources du vin et de l’acte sexuel jouent ici un rôle décisif. »
Cette sortie hors de soi est, au sens propre dument compris, une entrée dans la force des éléments.
Les courants des tattvas qui se trouvent dans le cosmos sont, sans aucun doute, subordonnés à la Shakti, à la puissance.
Une fois la puissance des cinq éléments actualisée dans la profondeur vivante de l’âme, il est certain que nous nous convertissons en maitres des tattvas. Nous pouvons alors, si nous le voulons, immortaliser notre corps physique, passer à travers le feu sans nous bruler, marcher sur les eaux, apaiser ou déchainer les tempêtes, flotter dans les airs, déclencher des ouragans, traverser n’importe quel rocher ou montagne d’un bord à l’autre sans subir le moindre dommage, prononcer des paroles qui engourdissent ou charment les serpents venimeux, etc., etc.
OM ! Obéissant à la Déesse qui ressemble à un serpent endormi autour du Swayambbulingam et merveilleusement parée, il jouit de ce qu’il aime et des autres ravissements. Il se trouve saisi par le vin et il irradie des millions de rayons. Il sera éveillé par l’air et par le feu, par les mantras YAM et DRAM, et par le mantra HUM (pendant la Magie sexuelle).
Dans la prononciation du mantra KRIM, on doit employer une grande imagination. Il est nécessaire de lui insuffler de l’énergie et de le transformer en force magique.
Ce mantra n’est pas utilisé seulement pour la Magie sexuelle ; il est ostensible qu’il fait partie intégrante de tout le rituel Pancatattva.
Le Vira gnostique, lorsqu’il boit du vin ou mange de la viande, du poisson ou des céréales, prononce le mantra Krim et intensifie son imagination de telle sorte que tout l’Univers lui semble imprégné de la bienheureuse Déesse Mère du Monde.
Chapitre 14 – Pouvoirs Tattviques
Pour le bien de la grande Cause, je vais transcrire maintenant, dans ce chapitre, deux récits extraordinaires de Sri Swami Sivananda :
Yogi bhusunda
« On considère le yogi Bhusunda, parmi les yogis, comme un Chiranjivi.
« Il était passé maitre dans la science du Pranayama. On dit que ce yogi a construit dans la partie occidentale du Kalpa Vriksha, située sur la pente nord du Mahameru, un énorme refuge où il vécut.
« Ce Yogi était un Trikala Jnani et il pouvait rester longtemps en Samadhi. Il avait obtenu la suprême Santi et Jnana et, en un tel état, il jouissait toujours de la félicité de son propre Être comme un Chiranjivi.
« Il possédait la pleine connaissance des cinq Dharanas et avait donné des preuves de sa domination sur les cinq éléments au moyen de la pratique de la concentration.
« On dit que lorsque les douze Adytyas brulèrent le monde avec leurs foudroyants rayons, il put à l’aide de son Apas Dharana, atteindre l’Akasha, et quand le féroce ouragan souffla jusqu’à faire éclater les rochers en morceaux, lui demeura dans l’Akasha au moyen de l’Agni Dharana.
« Plus encore, lorsque le monde, avec le Mahameru, a sombré dans les eaux, lui flottait grâce au Vayu Dharana. »
Ici s’arrête le merveilleux récit de Sri Swami Sivananda ; nul doute que le yogi Bhusunda dut pratiquer intensivement le rituel Pancatattva.
Voyons maintenant attentivement le second récit du Guru-Deva Sivananda :
Milarepa
« Milarepa était une de ces âmes qui sont profondément impressionnées en comprenant la nature transitoire de l’existence mondaine, et les souffrances et misères dans lesquelles les êtres se trouvent plongés.
« Il lui semblait que l’existence, de ce point de vue, était semblable à un énorme bucher où les créatures vivantes se consumaient.
« Devant cette douleur déconcertante, il sentait dans son cœur qu’il était incapable de percevoir quoi que ce soit de la céleste félicité dont jouissent Brahma et Indra dans les cieux, mais il ressentait beaucoup moins encore les joies terrestres et les délices propres au monde profane.
« D’autre part, il se sentait profondément captivé par la vision de l’immaculée pureté et de la chaste béatitude, décrites dans l’état de liberté parfaite et d’omniscience accessibles dans le Nirvana, à tel point qu’il ne pouvait pas gâcher sa vie à la poursuite de choses qu’il avait depuis longtemps rejetées, se consacrant, avec une foi totale, une profondeur mentale et un grand cœur, à l’Amour omnipénétrant et à la sympathie pour toutes les créatures.
« Ayant obtenu la connaissance transcendantale dans le contrôle de la nature éthérée et spirituelle du mental, il se sentait capable d’en faire la démonstration et, à cet égard, il put voler à travers le ciel, voyager et reposer dans l’air.
« Il était capable, également, de produire des flammes et de faire jaillir de l’eau de son corps, se transformant à volonté en n’importe quel objet, démonstrations qui réussirent à convaincre les incrédules et à les ramener vers les sentiers religieux.
« Milarepa était parfait dans la pratique des quatre états de méditation, par lesquels il pouvait projeter son corps subtil au point d’être présent, et de présider des conciles yogiques simultanément en vingt-quatre lieux différents, où célébraient des assemblées de Dieux et d’Anges, pareilles à des nuées de communion spirituelle.
« Il fut capable de dominer Dieux et élémentaux, les plaçant sous son commandement immédiat dans l’accomplissement de leurs devoirs.
« Parfait adepte des pouvoirs surnaturels tattviques, il eut la grâce de pouvoir traverser et visiter d’innombrables paradis sacrés et cieux des Bouddhas où, par la vertu de ses actes omnipénétrants et de sa suprême dévotion, les Bouddhas et Bodhisattvas qui régissent ces lieux sacrés le favorisèrent en lui permettant de s’exprimer sur le sujet du Dharma, le sanctifiant en retour par la vision de ces mondes célestes, et sa permanence en de telles demeures. »
Chapitre 15 – L’Abominable Vice de l’Alcool
Très loin d’ici, de ma chère patrie mexicaine, voyageant par d’autres chemins, je fus conduit par les vents du destin à cette antique ville sud-américaine qui, dans les temps précolombiens, se nommait « Bacata » dans la typique langue Chibcha.
Cité bohémienne et taciturne avec la mentalité créole du XIXe siècle ; agglomération fumeuse dans la vallée profonde…
Ville merveilleuse dont un poète a dit : « Elle tourne sous la pluie, la ville de Bacata, comme un carrousel déglingué ; la cité neurasthénique qui enveloppe ses heures dans des écharpes de nuages. »
C’était au début de la Première Guerre mondiale… Quelle époque, mon Dieu ! Quelle époque ! Mieux vaut maintenant s’exclamer avec Ruben Dario : « Jeunesse, trésor divin qui t’en va pour ne plus revenir, quand je voudrais pleurer, je ne pleure pas, et souvent je pleure sans le vouloir. »
Quelle douleur je ressens encore en me rappelant aujourd’hui tant d’amis à présent morts ! Les années ont passé…
C’était l’époque des beuveries de bohémien, et de Jules Flores : en ces années étaient à la mode Lope de Vega et Gutiérrez de Cetina.
Celui qui voulait alors passer pour intelligent récitait entre deux verres ce sonnet de Lope de Vega :
« Un sonnet me commande-t-on de faire subversif,
en ma vie je ne me suis vu dans un tel embarras,
quatorze vers on dit que c’est un sonnet,
de plaisanterie en moquerie vont les trois ci-devant. »
« J’ai pensé qu’il n’y aurait pas de rime,
et me voici à la moitié de l’autre quatrain,
mais comme j’arrive au premier tercet,
il n’y a rien dans les quatrains qui m’effraie. »
« Dans le premier tercet voici que j’entre,
et encore je présume que je suis entré du bon pied,
car la fin de cette strophe je viens de l’atteindre. »
« Déjà je suis dans le second et encore je soupçonne
que je suis en train d’en finir avec les treize vers,
comptez s’il y en a quatorze, voilà c’est fait. »
Il est ostensible que dans cette ambiance créole de bardes fêtards, ce genre de déclamations s’achevaient par des cris d’admiration et des salves d’applaudissements.
C’était l’époque des beuveries de la Bohème ; en ces années, les gentilshommes jouaient jusqu’à leur vie pour quelque dame qui passait dans la rue…
Quelqu’un me présenta à un ami d’une éclatante intellectualité, très adonné aux études de type métaphysique ; il s’appelait Robert et si je tais son nom de famille, je le fais dans le but évident de ne pas heurter les susceptibilités.
Il était l’illustre rejeton d’un représentant de son département à l’Assemblée nationale de ce pays.
Un verre de fin baccarat dans la main droite, ivre de vin et de passion, par sa déclamation, ce barde à la chevelure ébouriffée se faisait partout remarquer auprès des intellectuels, dans les boutiques, les brasseries et les cafés.
Assurément, c’était une chose digne d’admiration, chez ce jeune homme, que la prodigieuse érudition qu’il possédait ; il ne commentait pas plus tôt Juan Montalvo et ses sept traités, qu’il récitait la marche triomphale de Ruben Dario…
Toutefois, il y avait des pauses plus ou moins longues dans sa vie orageuse ; parfois il paraissait se repentir et s’enfermait pendant de longues heures, jour après jour, à la Bibliothèque nationale.
Je lui ai souvent conseillé d’abandonner pour toujours l’abominable vice de l’alcool, mais mes conseils ne servirent à rien, car tôt ou tard le jouvenceau retournait à ses anciens agissements.
Il arriva qu’une nuit, tandis que mon corps physique gisait endormi dans le lit, j’eus une expérience astrale très intéressante.
Les yeux écarquillés par la peur, je me vis devant un affreux précipice, face à la mer ; et, en scrutant les ténèbres abyssales, je remarquais de petits navires légers, aux voiles gonflées, s’approchant des falaises.
Les cris des marins, le bruit des ancres et des rames me permirent de constater que ces petites embarcations avaient atteint le ténébreux rivage.
Et j’aperçus des âmes perdues, des gens sinistres, horripilants, épouvantables, qui débarquaient, menaçants…
Vaines ombres grimpant jusqu’au sommet, où Robert et moi nous nous trouvions !
Terrorisé, le jeune homme se précipita la tête la première au fond de l’abime, tombant comme le Pentalphe renversé et se perdant définitivement dans les eaux tumultueuses.
Je ne peux le nier, je fis la même chose, je sautais du haut de la falaise, mais au lieu de m’enfoncer dans les eaux de la mer, je flottais délicieusement tandis que, dans l’espace, me souriait une étoile.
Il est ostensible que cette expérience astrale m’impressionna vivement ; j’y ai compris l’avenir qui attendait mon ami.
Les années passèrent et, poursuivant mon voyage sur le sentier de la vie, je m’éloignais de cette fumeuse cité bohémienne…
Beaucoup plus tard, au-delà du temps et de la distance, en voyageant le long des côtes de la mer des Caraïbes, j’arrivais à Puerto de Rio del Hacha, aujourd’hui capitale de la Péninsule de Guajira. Petite ville aux sablonneuses rues tropicales au bord de la mer ; des gens hospitaliers et charitables au visage brulé par le soleil…
Jamais je n’ai pu oublier ces Indiens guajiras vêtus de si belles tuniques et criant de tous côtés : « Carua ! Carua ! Carua ! » (Charbon).
« Piraca ! Piraca ! Piraca ! » (Viens ici) s’exclamaient les dames devant la porte de chaque maison, dans le but d’acheter le combustible nécessaire.
« Haita maya » (Je t’aime beaucoup), dit l’Indien quand il s’éprend de l’Indienne. « Ai macai pupura », répond-elle, comme pour dire : Les jours vont et viennent.
Il y a des évènements insolites dans la vie, des circonstances surprenantes ; l’une d’elles fut pour moi la rencontre de ce barde que j’avais connu auparavant dans la ville de Bacata.
Il vint vers moi, déclamant en pleine rue, ivre de vin… comme toujours… et pour comble, dans la plus épouvantable misère.
Il est indéniable que ce flambeau de l’intellect avait épouvantablement dégénéré à cause du vice de l’alcool.
Tous mes efforts pour le tirer de son vice furent inutiles : il allait chaque jour de mal en pis.
Le Nouvel An approchait ; partout résonnaient les tambours, invitant le peuple aux festivités, aux bals que l’on donnait dans nombre de maisons, à l’orgie.
Un jour, comme j’étais assis à l’ombre d’un arbre, en profonde méditation, je dus sortir de mon état extatique en entendant la voix du poète…
Robert était arrivé pieds nus, le visage émacié et le corps à moitié dénudé ; mon ami était maintenant un mendiant : le moi de l’alcool l’avait transformé en clochard.
En me regardant fixement et en tendant la main droite, il s’exclama : « Donne-moi une aumône. »
Pourquoi veux-tu une aumône ? « Pour ramasser l’argent qui me permettra d’acheter une bouteille de rhum. »
Je le regrette beaucoup, mon ami ; crois-moi, jamais je ne coopèrerai au vice. Abandonne le chemin de perdition !
Une fois ces paroles dites, cette ombre se retira, silencieuse et taciturne.
Arriva la nuit du Nouvel An ; ce barde à la crinière ébouriffée se vautrait comme un porc dans la fange, buvant et mendiant d’orgie en orgie…
Son bon sens complètement perdu sous les effets dégoutants de l’alcool, il se mêla à une rixe ; il dit quelque chose et on lui répliqua, et il reçut évidemment une formidable raclée.
Puis la police intervint, dans le but salutaire de mettre fin à la bagarre et comme cela se produit inévitablement dans de tels cas, le barde finit par aboutir en prison.
L’épilogue de cette tragédie dont l’auteur fut, naturellement, le moi de l’alcool est réellement macabre et effrayant, car le poète mourut pendu ; ceux qui l’ont vu disent que le lendemain ils le trouvèrent suspendu par le cou aux barreaux mêmes de son cachot.
Les funérailles furent magnifiques et beaucoup de gens accoururent au cimetière pour adresser un ultime adieu au barde.
Après tout ceci, très attristé, je dus continuer mon voyage, m’éloignant de ce port de mer.
Plus tard, je me proposais d’investiguer de façon directe sur mon ami désincarné, dans le monde astral.
Ce genre d’expérimentation métaphysique peut être accomplie en projetant l’Eidolon ou double magnétique, dont nous parle tellement Paracelse.
Sortir de la forme dense ne m’a certes couté aucun travail ; l’expérience s’avéra merveilleuse.
Flottant avec l’Eidolon dans l’atmosphère astrale de la planète Terre, je franchis les portes gigantesques d’un grand édifice.
J’arrivais au pied d’un escalier qui conduisait aux étages du haut ; en m’approchant de la base, je pus constater une bifurcation dans la montée.
J’appelais d’une voix forte en prononçant le nom du défunt, et ensuite j’attendis patiemment les résultats…
Ceux-ci ne se firent assurément pas attendre longtemps : je fus surpris de voir une grande foule de gens qui descendaient précipitamment de part et d’autre du double escalier.
Toute cette multitude arriva près de moi et m’entoura ; Robert, mon ami ! Pourquoi t’es-tu suicidé ?
Je savais que tous ces gens étaient Robert, mais je ne trouvais personne à qui m’adresser, je ne rencontrais pas un sujet responsable, pas un individu…
Il y avait devant moi un moi pluralisé, un monceau de Diables, car mon ami désincarné ne jouissait pas d’un centre permanent de conscience.
L’expérience se termina quand cette légion d’égos se retira en remontant par l’escalier double.
Chapitre 16 – Pause Magnétique Créatrice
L’expérience de la vie quotidienne vient nous démontrer de façon concluante que l’excitation excessive de la lumière et du son émoussent lamentablement les organes merveilleux de la vue et de l’ouïe.
La sage loi des concomitances nous permet d’inférer de manière logique que le continuel échange de rayons animiques épuise l’âme aussi bien que le corps.
L’homme en tant que microcosme doit cheminer en accord avec tous ces rythmes vivants de l’espace infini, qui maintiennent fermement l’Univers dans sa marche.
Tout comme les astres vont et viennent dans leur orbite sans se gêner mutuellement et en ayant, par conséquent, une luminosité proportionnelle, de même mari et femme doivent-ils procéder, en s’unissant sexuellement de façon périodique.
Même s’il est impossible pour certains conjoints d’avoir des chambres séparées, il existe un remède infaillible pour éviter la réplétion magnétique et, étant donné qu’il serait très grave de taire cela, nous donnerons la recette : « On cohabite une ou deux fois par semaine et on essaie de ne pas interrompre la fluente électricité vitale en évitant soigneusement l’abominable spasme. »
Les vers suivants sont de Hutten :
« Il est bihebdomadaire le devoir,
que tu as à accomplir avec ta femme,
qui ni à toi ni à moi ne fait de tort,
et cent-quatre fois l’an est adjugé. »
Zoroastre écrit à ses fidèles que l’homme doit cohabiter avec sa femme tous les neuf jours ; pour cela, la femme doit poser à l’homme neuf fois chaque matin la question : « Dis-moi, mon maitre, ce qu’aujourd’hui je dois faire. Ta volonté est Loi. »
Le sage législateur Solon adjugeait à la femme le droit d’être couverte par l’homme trois fois dans le cours de quatre semaines.
Aux hommes qui ont déjà dépassé les cinquante ans, on leur conseille simplement de se soumettre à la pause magnétique créatrice que la nature établit dans leur physiologie d’Éros.
Ces personnes, même si elles veulent pratiquer la Magie sexuelle, doivent savoir attendre le moment opportun ; il serait absurde de violenter les organes sexuels ou de réaliser la copulation avec une érection déficiente.
Les personnes d’âge avancé ne doivent en aucune façon se préoccuper ; il est ostensible que la nature établit aussi en eux ses « plus » et ses « moins » sexuels, ses époques d’activité et de repos.
La pause créatrice magnétique supplée aussi au développement plus ou moins déficient des organes génitaux et des chakras ou plexus sympathiques alimentés par eux.
Le savant Waldemar dit :
« Dans la période préparatoire, on dépense les énergies de notre propre masse de puissance, et la conséquence est que, par la fréquente répétition de ces dépenses, il se produit un vide intérieur et un mécontentement croissants.
« La pause magnétique est nécessaire pour la récupération de ce qui a été consommé.
« Souvent, cependant, l’un des participants va même jusqu’à interpréter cette pause comme une déficience en ce qui concerne l’amour et le désir conjugal, obligeant alors le partenaire, avec une vanité morbide, à montrer sa complaisante déférence au moyen de nouveaux déploiements d’excitation.
« De manière forcée, il doit ranimer répétitivement les flammes claires du feu sensuel ; il ne reste plus à l’autre d’autre recours, donc, que de se réfugier dans la représentation simulée de sensations pas plus excitables qu’expérimentables.
« Comme conséquence de tout cela, l’éloignement animique s’accroit, jusqu’à ce que la répulsion et le désespoir aient pris une telle ampleur que de véhémentes disputes sont désormais inévitables.
« La honte et la haine des personnes concernées augmentent, conduisant à la perturbation animique et, par conséquent, à la conversion du mariage en une malédiction. Le coupable se nomme ici : Méconnaissance et non-emploi de la pause créatrice magnétique. »
L’échange magnétique dans le commerce sexuel se révèle particulièrement positif quand mari et femme s’unissent avec la ferme intention de ne pas dépasser le point culminant de la relation sexuelle, c’est-à-dire de ne pas aller jusqu’à l’orgasme.
Alors, mari et femme disposent tous les deux de forces électriques et sexuelles prodigieuses, grâce auxquelles ils peuvent réduire en cendres tous les agrégats psychiques qui dans leur ensemble constituent ce qu’on appelle l’égo, le je, le moi, le soi-même.
Chapitre 17 – Le Dédoublement
Au sujet des projections de l’Eidolon et des voyages suprasensibles hors du corps physique, nous avons beaucoup à dire.
Au moment où j’écris ces pages, des évènements extraordinaires, merveilleux, me reviennent en mémoire.
En repassant les vieilles chroniques de ma longue existence, avec la minutie laborieuse du clerc dans sa cellule, surgit Eliphas Levi.
Une nuit, hors de ma forme dense, je suis allé partout en invoquant l’âme de ce trépassé qui de son vivant s’appelait l’abbé Alphonse Louis Constant (Eliphas Levi).
Je le trouvais, naturellement, assis à une vieille table de travail, dans l’auguste salon d’un antique palais.
C’est avec une grande courtoisie qu’il se leva de son fauteuil pour recevoir respectueusement mes salutations.
Je viens vous demander un grand service, dis-je ; je voudrais que vous me donniez une clé pour sortir instantanément en corps astral chaque fois qu’on en a besoin.
« Avec grand plaisir, répondit l’abbé, mais auparavant je désire que demain vous m’apportiez la leçon suivante : quelle est la chose la plus monstrueuse qui existe sur la terre ? »
Donnez-moi la clé aujourd’hui même, je vous en prie… « Non ! Apportez-moi votre leçon et alors c’est avec grand plaisir que je vous donnerai la clé. »
Le problème que l’Abbé m’avait proposé s’avéra un véritable casse-tête, car il existe tellement de choses monstrueuses dans le monde que, franchement, je ne trouvais pas la solution.
J’allais par toutes les rues de la ville, observant, essayant de découvrir la chose la plus monstrueuse, et lorsque je croyais l’avoir trouvée, alors surgissait quelque chose de pire encore ; soudain un rayon de lumière éclaira mon entendement.
Ah ! Me dis-je, maintenant je comprends. La chose la plus monstrueuse doit être, en accord avec la loi de l’analogie des contraires, l’antipode de la plus grandiose…
Bon ! Mais quelle est la chose la plus grandiose qui existe sur la face douloureuse de ce monde affligé ?
J’aperçus alors par translucidité le mont des Crânes, le Calvaire, le Golgotha des amertumes, et le grand Kabire Jésus agonisant sur une croix par amour pour toute l’humanité souffrante…
Alors je m’exclamais : l’Amour est la chose la plus grandiose qui existe sur la terre ! Eurêka ! Eurêka ! Eurêka ! Maintenant j’ai découvert le secret : la haine est l’antithèse de la plus grandiose.
La solution du problème complexe devenait évidente ; à présent, il me fallait indubitablement me mettre à nouveau en contact avec Eliphas Levi.
Projeter encore une fois l’Eidolon fut pour moi une affaire de routine, car il ne fait aucun doute que je suis né avec cette précieuse faculté.
Si je cherchais une clé spéciale, je ne le faisais pas tant pour mon insignifiante personne qui ne vaut rien, mais plutôt pour les nombreuses autres personnes qui aspirent ardemment au dédoublement conscient et positif.
Voyageant avec l’Eidolon, ou double magique, très loin du corps physique, je me promenais dans divers pays d’Europe, cherchant l’Abbé ; mais celui-ci n’apparaissait nulle part.
Soudain, de façon inusitée, je sentis un appel télépathique et je pénétrais dans une luxueuse demeure ; l’Abbé était là, mais…
Oh ! Surprise ! Merveille ! Qu’est-ce que c’est ? Eliphas transformé en un petit enfant et couché dans un berceau. Un fait vraiment insolite ! N’est-ce pas ?
Avec une profonde vénération, je me suis approché très doucement du bébé en disant : Maitre, j’apporte la leçon : la plus monstrueuse chose qui existe sur la terre, c’est la haine. Maintenant je veux que vous accomplissiez ce que vous m’avez promis. Donnez-moi la clé…
Cependant, à mon grand étonnement, le bambin se taisait, tandis que je désespérais, sans comprendre que le silence est l’éloquence de la sagesse.
De temps en temps, je le prenais dans mes bras, désespéré, en le suppliant, mais tout à fait en vain, car ce nourrisson me semblait être le sphinx du silence.
Combien de temps ceci dura-t-il ? Je ne le sais pas ! Dans l’éternité, le temps n’existe pas, et le passé et le futur fraternisent dans un éternel maintenant.
Finalement, me sentant trompé, je laissais le marmot dans son berceau et je sortis, très attristé, de ce vétuste et noble manoir.
Les jours, les mois et les années passèrent et je continuais à me sentir fraudé ; j’avais comme l’impression que l’Abbé n’avait pas rempli sa parole, qu’il avait si solennellement engagée ; mais un jour la lumière vint à moi. Je me rappelais alors cette phrase du Kabire Jésus : « Laissez venir à moi les petits enfants, car le Royaume des Cieux est à eux. »
Ah ! Maintenant je comprends, me dis-je à moi-même. Il est urgent, et indispensable, de reconquérir l’enfance dans l’esprit et dans le cœur. « Tant que vous ne serez pas comme des enfants, vous ne pourrez entrer dans le Royaume des Cieux. »
Ce retour, cette régression vers le point de départ originel est impossible si l’on n’est pas auparavant mort à soi-même ; l’Essence, la Conscience, est malheureusement embouteillée dans tous ces agrégats psychiques qui, dans leur ensemble ténébreux, constituent l’égo.
C’est seulement par l’annihilation de ces agrégats sinistres et sombres que l’on peut réveiller l’Essence en son état d’innocence première.
Lorsque tous les éléments subconscients ont été réduits en poussière cosmique, l’Essence est libérée. Alors nous reconquérons l’enfance perdue.
Novalis dit : « La Conscience est l’essence propre de l’homme en complète transformation, l’être céleste primitif. »
Il s’avère clair et manifeste que lorsque la conscience s’éveille, le problème du dédoublement volontaire cesse d’exister.
Après que j’eusse compris à fond tous ces processus de la psyché humaine, l’Abbé, dans les mondes supérieurs, me livra la seconde partie de la clé royale.
Cette clé consiste en une série de sons mantriques avec lesquels on peut, de manière consciente et positive, réaliser la projection de l’Eidolon.
Pour le bien de nos étudiants gnostiques, il convient d’établir de façon didactique la succession intelligente de ces sons magiques.
- a) Un sifflement long et fin semblable à celui d’un oiseau.
- b) Entonner la voyelle « E » (ééééé) en allongeant le son avec la note ré de la gamme.
- c) Chanter le « R » en le faisant résonner selon le si musical, et en imitant la voix aigüe de l’enfant ; quelque chose comme le son aigu d’un petit moulin ou d’un moteur, extrêmement fin et subtil (rrrrr).
- d) Faire résonner le « S » de manière très délicate comme un sifflement doux et paisible (sssss).
Précision : Au point « a » il y a un sifflement réel et effectif. Au point « d », c’est seulement semblable à un sifflement…
Asana
L’étudiant gnostique se couche en position de cadavre : décubitus dorsal (sur le dos).
Les pieds sont ouverts en forme d’éventail et les talons se touchent.
Les bras le long du corps ; tout le véhicule physique est bien relaxé.
S’étant assoupi, le dévot dans une profonde méditation récitera plusieurs fois les sons magiques.
Élémentaux
Ces mantras se trouvent en relation intime avec le département élémental des oiseaux, et il est ostensible que ceux-ci assisteront le dévot en l’aidant effectivement dans le travail de dédoublement.
Chaque oiseau est le corps physique d’un élémental, et ils aident toujours le néophyte, à la condition d’une conduite droite.
Si l’aspirant désire ardemment l’assistance du règne élémental des oiseaux, il doit apprendre à les aimer. Ceux qui commettent le crime d’enfermer les créatures du ciel dans d’abominables cages ne recevront jamais cette aide.
Nourrissez les oiseaux du ciel, devenez un libérateur de ces créatures, ouvrez les portes de leurs prisons, et ils vous assisteront.
Lorsque j’ai expérimenté pour la première fois la Clé royale, après avoir entonné les mantras, je me sentis vaporeux et léger comme si quelque chose avait pénétré à l’intérieur de l’Eidolon.
Nul doute que je n’ai pas attendu qu’on me lève du lit ; je quittais moi-même le lit ; je me levais volontairement et, en marchant très lentement, je sortis de la maison ; les innocents élémentaux de mes amis les oiseaux introduits à l’intérieur de mon corps astral m’aidèrent au dédoublement.
Conclusion
Nous avons donc exposé, dans le présent chapitre, les deux aspects fondamentaux de la clé royale.
Le complet et absolu développement de ces deux parties de la grande Clé nous permettra de nous dédoubler à volonté de façon consciente et positive.
Ceux qui aspirent vraiment à se convertir en expérimentateurs des grandes réalités dans les mondes supérieurs doivent déployer à l’intérieur d’eux-mêmes les deux aspects de la grande clé.
Chapitre 18 – Échange Magnétique
Dans la copulation chimique, dans le coït métaphysique, durant le Sahaja Maïthuna, on expérimente la sensation érotique au maximum au bout de cinq minutes.
Des flammes dynamiques magnétiques, comme une mer ondoyante de gaz rouge pourpre, terriblement divin, entourent le couple pendant la transe sexuelle.
Formidable instant que celui où les courants masculins tentent de s’unir avec les féminins.
Avec la pause magnétique créatrice s’établissent des rythmes sexuels harmoniques et coordonnés entre l’homme et la femme.
Cette pause renferme en elle-même deux facteurs de base :
- a) Une période de temps déterminée, intelligemment et volontairement établie entre chaque copulation.
- b) La joie prolongée du coït métaphysique, sans orgasme, ni spasme, et sans aucune perte de la liqueur séminale.
Pour que l’échange mutuel des forces magnétiques soit profond, édifiant, et essentiellement dignifiant, il est indispensable que les centres les plus importants du corps soient en contact de façon harmonique et tranquille.
Le clitoris, qui se trouve enchâssé entre les deux petites lèvres de la vulve, représente le point le plus sensible de l’organisme féminin.
N’importe quel clairvoyant illuminé pourra percevoir les forces centrifuges magnétiques qui entament leur mouvement à partir du clitoris.
Le clitoris est donc le point centrifuge magnétique qui pourvoit l’aura de la femme en courants d’énergie appropriés.
Cependant, nous devons étudier tout ceci de façon non partielle, mais totale ; il serait absurde de supposer que le clitoris, qui se trouve à l’entrée du vagin et séparé de celui-ci par le canal conducteur de l’urètre, est l’unique porteur et générateur de la sensation supérieure pour le sexe féminin.
Nous devons réfléchir et comprendre que l’utérus et les parties distinctes de l’intérieur du vagin peuvent également être porteurs et générateurs de la sensation sexuelle maximum.
Il est indiscutable que dans le clitoris il y a du tissu caverneux et des corpuscules terminaux.
Sans ces tissus et corpuscules, l’aptitude physiologique féminine et la possibilité d’atteindre la sensation sexuelle maximum seraient exclues.
Après le contact avec le mâle, le clitoris pourvu de corps caverneux entre en érection tout comme le phallus masculin, en s’enflammant tout autant.
Au moment extraordinaire où s’enflent aussi les corps caverneux dans la région des lèvres de la vulve, l’entrée du vagin se revêt d’une espèce de ouate spongieuse qui enveloppe merveilleusement le phallus masculin.
Plus l’entrée du vagin s’humidifie alors, par la sécrétion glandulaire, plus grande est la possibilité de mener les fins condensateurs magnétiques qui se trouvent situés là à une affinité électrique avec le phallus qui, dans l’organisation de la tension du corps humain, représente, pour ainsi dire, l’émissaire primaire d’énergie pour effectuer l’échange mutuel d’un courant alternatif physicopsychique.
Le savant Waldemar dit : « Ne l’oublions pas ; notre corps sera invariablement d’autant plus complet que se trouvera développé et sous un contrôle plus conscient le système nerveux sympathique.
« Lorsque l’homme et la femme, avec le minimum possible de mouvements, c’est-à-dire seulement ceux qui sont nécessaires pour le maintien et la prolongation du contact, font de l’union sexuelle une union également psychique, alors seulement aura-t-on l’opportunité de charger d’électricité les ganglions cérébrospinaux, qui se trouvent reliés à la glande pinéale, la souveraine du corps, et en outre, au plexus solaire (Plexus coeliacus) avec les nombreux plexus radiateurs pour le foie, l’intestin, les reins et la rate. »
L’abominable spasme sexuel est assurément un court-circuit qui vient nous décharger épouvantablement ; c’est pour cela que nous devons toujours l’éviter.
La force merveilleuse de OD se trouve présente en qualité diverse dans les différents organes ; ainsi, le meilleur et le plus fécond échange magnétique créateur se fonde sur le procédé révolutionnaire suivant : le côté du cœur de l’homme repose sur le côté droit de la femme, il unit sa main gauche à la main droite de la femme et met en contact son pied droit avec le pied gauche de la femme.
Les organes sexuels peuvent alors se consacrer à une tâche à laquelle ils sont fréquemment soustraits, c’est-à-dire à servir au principe physique de l’assimilation et de la dépuration de la matière, d’abord au moyen de l’action sur le plexus situé au-dessous du diaphragme (partie ventrale du système nerveux sympathique), ce qui est indispensablement nécessaire comme base pour le développement de la sensation la plus raffinée.
La copulation métaphysique, avec tout son raffinement érotique, nous place dans une position privilégiée, grâce à laquelle nous disposons de forces merveilleuses qui nous permettent de réduire en poussière cosmique chacune de ces entités ténébreuses qui personnifient nos défauts psychologiques.
Chapitre 19 – Le Démon Algol
Il est important de répéter parfois certaines phrases, lorsqu’on essaie de comprendre : il n’est pas superflu d’insister sur ce que nous avons dit dans le chapitre treize. Je veux faire allusion à l’alcool.
Il n’est pas nécessaire de discuter longuement sur les effets de l’alcool. Son nom arabe lui-même (tout comme celui de l’étoile Algol qui représente la Tête de la Méduse, tranchée par Persée) veut dire tout simplement le Démon…
Et qu’il s’agisse effectivement d’un Démon ou d’un esprit maléfique, lorsqu’il prend possession de l’homme, cela est évident et facilement démontrable par ses effets, qui vont de l’ivresse au délirium trémens et à la folie, se transmettant chez les descendants sous forme de paralysie et d’autres tares héréditaires.
Il est incontestable qu’étant un produit de désintégration, qui est aussi fabriqué dans notre organisme, parmi ceux que l’on élimine par la peau, il a une tendance vibratoire désintégrante, dissolvante et destructrice, desséchant nos tissus et détruisant les cellules nerveuses, lesquelles, graduellement, se trouvent remplacées par des cartilages.
Il est clair et manifeste que l’alcool tend à éliminer la capacité de penser indépendamment (puisqu’il stimule fatalement la fantaisie) et de juger sereinement, de même qu’il affaiblit épouvantablement le sens éthique et la liberté individuelle.
Les dictateurs de tous les temps, les tyrans, n’ignorent pas qu’il est plus facile de gouverner et d’asservir un peuple de buveurs qu’un peuple d’abstinents.
Il est également connu qu’en état d’ébriété, quelqu’un peut accepter n’importe quelle suggestion et accomplir des actes qui vont à l’encontre de ses habitudes et de son sens moral. L’influence de l’alcool sur les crimes est trop notoire pour qu’il y ait besoin d’insister.
L’alcool monte, horrifiant, du précipice, et retombe dans l’abime de perdition ; c’est la substance maligne qui caractérise de façon intime les « Mondes infernaux », où l’on entend seulement des jurons, des hurlements, des sifflements, des hennissements, des grincements, des mugissements, des ronflements et des crissements.
L’abominable Algol tourne sans cesse dans le cercle vicieux du temps.
Il s’insinue partout, toujours tentateur, et semble avoir le don d’ubiquité ; en même temps qu’il sourit dans le gobelet en or ou en argent, sous le toit doré d’un fastueux palace, il fait chanter le poète chevelu dans l’horrible taverne.
Le malin Algol est parfois très raffiné et diplomatique : regardez-le là-bas, brillant dangereusement dans la coupe resplendissante de fin baccarat que la femme aimée vous offre !
Et le poète dit que lorsque, dans le lit d’acajou douillet et parfumé, l’amante ivre de vin commençait à se dévêtir, l’ange gardien sortait un moment…
Nous allons tous vers une fin, tous nous avons notre nom dans l’amphore fatale ; ne bois jamais, je te le dis, la liqueur maudite, parce que si tu en bois, tu perdras vite le chemin.
Tu vas boire maintenant un petit vin bien fort de Sabine dans de fines coupes, un vin qui provient d’une amphore grecque que j’ai scellée moi-même, s’exclame Satanas, du fond de l’abime…
Dans ses noires profondeurs, chaque démon accomplit sa besogne, prenant soin des vignes, jusqu’au soleil vespéral ; et, comme on appelle un Dieu, il t’appelle quand, dans le joyeux repas, arrive l’heure de boire le vin fermenté.
Nouvelle divinité parmi leurs lares, les paysans t’offrent leurs vœux et les libations du mout de leurs vignes, et Algol sourit, Méduse perfide, en se réjouissant avec sa victime.
Jeûnes, mortifications, silices, réclame l’anachorète ou le pénitent dans l’aube riante, puis il conclut le tout au milieu du festin et de l’orgie lorsque le soleil, déjà fatigué, s’éteint à l’occident…
Tout ne se gâte-t-il pas avec le temps ? Ils furent certainement inférieurs aux rudes aïeuls, nos chers parents ; et nous sommes pires que ceux-ci ; et dans notre morne décadence entre la boisson et la tragédie, une vicieuse descendance nous suit.
« Combien différente la progéniture,
oui, de quelle autre famille !
Qui teignit de sang punique les mers de Sicile,
celle qui, Pirros et Antiocos, d’un seul coup abattit,
ainsi que le formidable Hannibal,
car jusqu’à la fin elle lui tint tête. »
« Race virile de rustiques soldats, habituée
à retourner la glèbe avec la bêche sabellique,
colosses obéissant à une mère sévère,
qui à son ordre se chargeaient à l’heure dernière. »
« Du jour d’énormes buches pour le foyer coupées,
lorsque, dégagés de leur joug les bœufs fatigués,
s’enfonce le soleil dans les ombres que la nuit agglutine,
et que dans un amical repos la ferme s’endort. »
Maintenant, tout est passé ; cette pauvre humanité pleine de tant d’amertumes a dégénéré à cause du vice abominable de l’alcool.
Et qui sont ces bêtas qui prétendent négocier avec Satan ? Écoutez, mes amis, avec le sinistre Démon Algol il n’est pas possible de faire des accommodements, des arrangements, des manigances, en aucune façon ! L’alcool est extrêmement traitre et tôt ou tard il nous donne le coup de poignard dans le dos.
Beaucoup de gens de Théléma (Volonté) boivent aussi peu qu’une ou deux coupes par jour, manœuvre merveilleuse, n’est-ce pas ?
Arrangement ? Connivence ? Compromis ? Ces gens n’ont pas l’expérience de la vie ; assurément, pour leur parler dans un langage socratique, nous pourrions leur dire que non seulement ils ignorent, mais qu’en outre ils ignorent qu’ils ignorent.
Les atomes de l’ennemi secret, semblables à de microscopiques fragments de vitre, avec le devenir du temps et au milieu des douces mélopées, des festivités et d’une ébriété très subtile et bien dissimulée, s’incrustent peu à peu dans les cellules vivantes de l’organisme humain…
Ainsi, les Divins et les humains savent bien que le Démon Algol s’empare du corps humain très astucieusement et très lentement, jusqu’à ce que finalement, un jour quelconque, il nous précipite dans l’abime de l’ivrognerie et de la folie.
Écoutez-moi bien, étudiants gnostiques ; à la lumière du Soleil ou de la Lune, le jour comme la nuit, avec le Démon Algol il faut être radical ! Tout marchandage, toute transaction, diplomatie ou négociation avec cet esprit malin nous condamne tôt ou tard à l’échec.
Rappelez-vous, dévots du sentier secret, que l’axe fatal de la roue douloureuse du Samsara est huilé avec de l’alcool.
Il est écrit en mots de feu, dans le livre de tous les mystères, qu’avec l’alcool ressuscitent les Démons, les moi déjà morts, ces abominables créatures brutales et animales qui personnifient nos erreurs psychologiques.
Puisque la boisson est en relation avec le tattva Vayu (l’élément air), en l’absorbant nous tomberons comme le Pentalphe renversé, la tête la première, et les jambes en l’air, dans l’abime de la perdition et des lamentations épouvantables (voir le chapitre 13).
Le puits de l’abime, d’où monte une fumée comme d’un grand four, pue l’alcool.
Cette femme de l’Apocalypse de Saint-Jean, revêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles, et qui tient dans la main droite un calice en or rempli d’abominations et de l’immondice de sa fornication, boit de l’alcool ; c’est la grande prostituée dont le nombre est 666.
Malheur au guide religieux, au prêtre, au mystique ou au prophète qui commet la faute de s’enivrer avec l’abominable alcool !
C’est bien de travailler pour le salut des âmes, d’enseigner la doctrine du Seigneur, mais en vérité je vous dis qu’il n’est pas convenable de jeter des œufs pourris à ceux qui vous suivent.
Sacerdotes, anachorètes, mystiques, missionnaires, qui avec amour enseignez au peuple, pourquoi le scandalisez-vous ?
Peut-être ignorez-vous que scandaliser les gens équivaut à leur manquer de respect ? À leur lancer des tomates et des œufs pourris ?
Quand donc allez-vous comprendre tout ceci ?
Chapitre 20 – La Convoitise
En voyageant ici et là, par tous ces pays du monde, je dus demeurer quelque temps dans la ville du conquistador Gonzalo Jiménez de Quesada, au pied des montagnes de Montserrat et de Guadeloupe.
À cette époque, alors très proche de la Seconde Guerre mondiale, on me présenta dans cette ville un ami certes très singulier.
Il s’appelait Sucre et, voyageant également, il était venu, en quête de connaissances universitaires, de quelque port de l’Atlantique jusqu’à la cime andine.
Avec cet ami d’un autre temps, tout fut très curieux, jusqu’à la manière insolite dont il me fut présenté.
Quelqu’un dont je ne mentionnerai pas le nom frappa un soir à ma porte avec le dessein de m’inviter à un entretien profond avec l’ami en question…
Il n’était certes pas très attrayant, l’endroit de la réunion : un bistrot de rien du tout avec une toute petite salle.
Après toutes les formules de présentation, nous sommes entrés dans le vif de la discussion.
La capacité intellectuelle de mon nouvel ami était claire et manifeste : un sujet théoricien, spéculatif, studieux…
Il se disait le fondateur de quelque loge de type théosophique et il citait fréquemment H.P.B., Leadbeater, Annie Besant, etc.
Dans l’échange mutuel d’idées, il est indubitable qu’il brilla en faisant des exposés pseudo-ésotériques et pseudo-occultistes…
S’il n’avait été de son penchant pour l’hypnotisme et de son désir d’exhibitionnisme, cette réunion d’amis se serait terminée pacifiquement, mais voici que le Diable voulut y mettre sa queue.
Il arriva que cet ami eût soudain l’envie de faire une démonstration de son pouvoir hypnotique et, s’approchant d’un homme d’un certain âge qui était alors assis à une autre table, il le pria très poliment de servir de sujet passif pour son expérience.
En ce qui concerne les questions relatives à l’hypnologie, il n’est pas superflu de souligner l’idée que tous les sujets ne sont pas susceptibles de tomber en transe.
Avec son moi exhibitionniste, il est ostensible que Sucre ne voulait pas se rendre ridicule, il lui fallait démontrer son pouvoir et, pour cela, il fit des efforts surhumains pour plonger l’homme dans un sommeil hypnotique.
Mais ce fut inutile : tandis que Sucre luttait et même souffrait, le bon monsieur pensait en lui-même le pire.
Et tout à coup, comme un rayon de foudre qui tombe dans une nuit ténébreuse, il arriva ce qui devait arriver : le sujet passif bondit de sa chaise, invectivant durement Sucre, le traitant de voleur, d’escroc, de bandit, etc. Mais notre ami, qui n’était pas non plus un doux agneau, tonna et lança des éclairs.
Et les tables volaient en l’air, et les chaises, les tasses et les assiettes, et le patron du commerce gueulait au milieu de tout ce branlebas en demandant qu’on lui paie la note.
Heureusement, la police intervint, et tout redevint tranquille ; le pauvre Sucre dut mettre en gage ses bagages pour payer la dette…
Une fois passée cette mésaventure si désagréable, nous fixâmes un nouveau rendez-vous, l’ami en question et moi, et nul doute que cette fois ce fut plus tranquille, car Sucre ne se mit pas dans la tête l’absurde idée de répéter son expérience.
Nous avons alors éclairci plusieurs idées et concepts ayant rapport à l’ésotérisme et à l’occultisme.
Cet ami entra plus tard à l’université dans le but de devenir un bon avocat, et il est indéniable qu’il était un magnifique étudiant.
Un jour, après plusieurs années, l’ami en question m’invita à souper et, à la fin du repas, il y eut une conversation sur les trésors cachés ; c’est alors que j’en vins à lui narrer l’affaire suivante :
« Je dormais dans ma chambre, lui dis-je, lorsque je fus subitement réveillé par un étrange bruit souterrain qui courait ou circulait mystérieusement du nord-est au sud-est.
« Je m’assis, quelque peu inquiet à cause de ce bruit si inusité, et regardais depuis mon lit pour voir ce qui se passait.
« Alors, avec une grande surprise, je vis que dans un coin de ma chambre la terre s’ouvrait.
« Et, comme par enchantement, surgit le fantôme d’une femme inconnue qui, d’une voix très douce, me dit : cela fait de nombreuses années que je suis morte ; ici, à cet endroit, j’ai enterré un grand trésor ; va le chercher, il est pour toi. »
Après avoir écouté mon récit, Sucre me pria avec véhémence de le conduire sur la scène des évènements et, naturellement, je ne voulus pas lui refuser ce service…
Un autre jour, il vint me dire qu’il s’était mis en contact avec le propriétaire de cette maison, un docteur très réputé dans la ville, et il me supplia de faire une enquête pour savoir si ladite personne était réellement ou non le propriétaire de la maison, car il avait des doutes.
J’avoue carrément et avec la plus totale franchise qu’il ne me fut pas difficile de réaliser le dédoublement astral ; j’ai simplement profité de l’état de transition entre la veille et le sommeil.
À l’instant où j’allais commencer à dormir, je me levais doucement de mon lit et je sortis dans la rue. Inutile d’ajouter que mon corps physique resta couché dans le lit.
C’est ainsi que je réalisais le dédoublement de l’Eidolon avec un succès complet ; je me souviens encore fidèlement de cette remarquable expérience psychique.
En volant, en flottant dans l’atmosphère astrale de la planète Terre, je me promenais dans différentes rues, à la recherche du cabinet médical du docteur…
Je priais mon Intercesseur élémental qu’il me conduise à ce bureau, et il va sans dire que je fus assisté…
En arrivant à une maison, je compris. Trois marches conduisaient au somptueux portail de la demeure…
J’entrais par cette porte et me trouvais dans une salle d’attente ; j’avançais encore un peu et pénétrais résolument dans le cabinet…
J’examinais en détail l’intérieur de ce dernier ; j’aperçus une table et, sur elle, une machine à écrire et d’autres choses ; une fenêtre permettait de voir la cour de la résidence ; le docteur était assis là et, dans son aura, je pus distinguer la propriété en question…
Je revins à mon corps physique, tout à fait satisfait de l’expérience ; l’Eidolon est vraiment extraordinaire…
Mon ami vint très tôt le matin pour connaitre le résultat de mon expérience psychique.
Je lui racontais en détail tout ce que j’avais vu et entendu ; alors je vis de l’étonnement sur le visage de Sucre. Il connaissait ce cabinet de consultation et les renseignements que je lui rapportais se révélaient exacts…
Ce qui arriva ensuite est facile à deviner : Sucre non seulement parvint à ce que le médecin lui louât la maison, mais, en outre, et c’est là le plus curieux, il fit de lui son associé…
C’est vers cette époque que je décidais de m’éloigner de cette ville, malgré les supplications de cet ami qui insistait pour que j’annule mon voyage…
Lorsque je retournais, quelques années plus tard, à cet endroit, tout avait changé, la maison avait disparu…
Je me retrouvais alors sur un terrain aride, horrible, pierreux, épouvantablement rebutant…
Et je vis des installations de haute tension électrique et des moteurs à deux pompes, des machines de toute sorte et des travailleurs bien payés, etc., etc., etc.
Sucre, vivant là même, dans un abri qui ressemblait plutôt à une tranchée sur un champ de bataille, entrait, sortait, donnait des ordres impératifs aux travailleurs, etc., etc., etc.
Cet abri était protégé par de gigantesques rochers et ses murs étaient percés de nombreuses petites fenêtres qui pouvaient s’ouvrir ou se fermer à volonté.
Par ces guichets, Sucre surveillait ce qui se passait autour de lui. Ces minuscules ouvertures lui étaient, à son dire, très utiles…
De temps en temps, au moindre bruit extérieur, il saisissait son pistolet ou son fusil et alors, du dehors, on voyait ces ouvertures s’ouvrir ou se fermer, ou apparaitre à travers elles la bouche des fusils ou des pistolets…
C’est là qu’en étaient les choses lorsque je suis revenu ; alors mon ami m’expliqua que ce trésor était très convoité ; qu’il s’agissait du fameux veau d’or qui avait tellement enfiévré beaucoup de gens de la contrée, qu’il se trouvait par conséquent entouré de mortels et cupides ennemis qui avaient essayé de l’assassiner.
Que Dieu et Sainte-Marie me gardent ! Me dis-je en moi même. J’ai été très malvenu de raconter à cet ami la vision du trésor, il aurait mieux valu m’être fermé le bec…
Un autre jour, plein d’optimisme, il m’avoua qu’à douze mètres au moins de profondeur, il avait trouvé une petite poupée de terre cuite, et que la tête creuse de la grossière figurine renfermait un parchemin sur lequel était tracé tout le plan conduisant au trésor.
Dans le laboratoire du docteur, le parchemin fut soigneusement retiré de la tête du fantoche, car, avec le temps et l’humidité, il s’y trouvait bien collé…
Selon le plan, il existait, à douze mètres de profondeur, quatre dépôts situés l’un à l’est, l’autre à l’ouest, le troisième au nord, et le dernier vers le sud…
Ce plan donnait des indications et des renseignements précis et, à la fin, il y avait une sentence signée des initiales d’un prénom et d’un nom.
« Celui qui trouve mon trésor que j’ai enterré dans des puits profonds sera persécuté par l’Église du Seigneur et, avant vingt jours, que personne ne sache qu’il ait retiré les richesses que j’ai enterrée pour moi. »
À ce moment-là, la Seconde Guerre mondiale était déjà très avancée ; Hitler avait envahi plusieurs pays européens et se préparait à attaquer la Russie…
Mon ami était germanophile à cent pour cent et croyait très sérieusement à la victoire d’Hitler…
Il va de soi, donc, qu’influencé par les tactiques politiques d’Hitler, qui un jour signait un traité de paix avec un pays et le lendemain l’attaquait, il ne voulut pas travailler selon les indications du plan…
Sucre se dit à lui-même : « Ces indications sont une fausse piste… Le trésor est plusieurs mètres sous la poupée ; les quatre dépôts indiqués ne m’intéressent pas… »
Ainsi donc, il laissa tomber les indications et creusa plus profondément ; lorsqu’il me montra le trou béant, je ne vis qu’un précipice, noir, profond, effrayant…
Je dis à l’ami Sucre : « Tu as commis une très grave erreur, tu as laissé le trésor en haut, dans les quatre dépôts, et tu es allé au fond ; personne n’enterre un trésor à une telle profondeur… »
Il est évident que ces paroles que j’avais prononcées respiraient la sincérité et le parfum de la courtoisie…
Cependant, nous devons parler sans ambages pour mettre en relief le moi de la convoitise.
Incontestablement, ce moi ressortait de façon exorbitante, chez mon ami, en se combinant avec l’astuce, la méfiance et la violence.
Ce ne fut aucunement pour moi une chose insolite que Sucre alors se mît à tonner et à lancer des éclairs, vociférant et me faisant même dire des choses que jamais je n’avais pensées.
Pauvre Sucre ! Il me menaça de mort ; il crut pour un instant que j’étais, comme il le disait, arrangé avec ses ennemis précités, sans doute dans le dessein de lui voler le trésor…
Mais après, voyant mon épouvantable sérénité, il m’invita à prendre un café à son refuge de tranchée…
Avant de m’éloigner définitivement de cette ville hispanique connue en d’autres temps sous le nom de Nouvelle-Grenade, cet ami me fit une autre demande ; il me supplia de tout cœur d’examiner avec l’Eidolon son travail souterrain.
Moi aussi je voulais faire une exploration astrale de cette profondeur et c’est pour cette raison que j’accédais à sa demande…
Une exquise nuit de pleine lune, je me couchais, très calme, en décubitus dorsal (sur le dos) et le corps bien relaxé…
Sans préoccupation aucune, je me proposais de surveiller, d’épier mon propre sommeil… Je voulais utiliser, pour sortir en astral, cet état de transition qui existe entre veille et léthargie…
Lorsque commença le processus du sommeil, lorsque commencèrent à surgir les images propres au rêve, doucement et me sentant comme un esprit, je fis un effort pour éliminer la paresse, et alors je me levais du lit…
Je sortis de ma chambre comme si j’avais été un fantôme, en marchant tout doucement, puis je quittais la maison…
Je flottais délicieusement dans les rues de la ville, plein d’une exquise volupté spirituelle…
Il ne me fut pas difficile de m’orienter ; je me retrouvais bientôt sur le lieu des évènements, sur le terrain des faits…
Devant ce trou noir et horrible qui avait maintenant plus de soixante-dix mètres de profondeur, un petit vieillard nain, un Pygmée, un Gnome avec une respectable barbe blanche, me contempla innocemment…
Flottant dans l’atmosphère, je descendis doucement jusqu’au fond aqueux de la néfaste fosse des convoitises…
En touchant de mes pieds sidéraux le limon de la terre humide et sombre, je fis de bon gré un effort supplémentaire et je pénétrais à l’intérieur de la terre, sous le fond même du puits…
Ah ! Combien doucement je descendis avec l’Eidolon sous le fond noir de cet antre, d’où sourdait beaucoup d’eau !
Examinant en détail chaque roche de granite submergée sous les eaux chaotiques, je pénétrais encore plus profondément dans l’épaisseur du sous-sol…
Il est évident que mon cher ami avait laissé le fabuleux trésor là-haut, comme nous l’avons déjà dit dans un paragraphe antérieur…
À présent, dans ces régions abyssales, il n’apparaissait, devant mon insignifiante personne, que des pierres, de la boue, de l’eau…
Mais tout à coup, une chose inusitée survint : j’étais devant un canal horizontal qui, sortant de ce terrain, se dirigeait vers la rue…
Quelle surprise ! Sucre ne m’avait jamais parlé de ça, jamais il ne m’avait dit qu’à pareille profondeur il pensait faire une perforation horizontale…
Calmement, je me glissais avec l’Eidolon dans le canal en question, inondé par les eaux, j’avançais un peu plus, puis je surgis à la surface du côté de la rue…
Une fois terminée l’exploration astrale, je retournais à mon corps physique ; l’investigation fut à coup sûr merveilleuse…
Plus tard, lorsque je communiquais tout ceci à mon ami, je le vis très triste ; cet homme souffrait d’une manière indicible, il voulait de l’or, des émeraudes, des richesses, la convoitise était en train de l’avaler vivant…
Cependant, il se justifiait en disant que tout ce trésor, il en avait besoin pour faire une révolution prolétaire, il avait besoin de cet argent, à son dire, pour l’investir en armements, etc.
Qu’elle est horrible, la convoitise ! À cet endroit-là ne régnaient que la peur, la méfiance, le révolver, le fusil, l’espionnage, la ruse, les pensées de meurtre, le violent désir de commander, de dominer, de monter au sommet de l’échelle, de faire sentir sa présence… etc.
Lorsque je quittais cette ville, je pris la résolution de ne jamais plus intervenir dans ces histoires de convoitise…
« Vendez vos biens, a dit le Christ, et donnez-les en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne vieillissent pas, un trésor dans les cieux qui ne s’épuise pas, où ni le voleur n’approche ni ne détruit. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »
Chapitre 21 – La Trahison
L’un après l’autre, parmi plusieurs, de l’intérieur des trois immondes bouches de ce ver abject qui traverse le cœur du monde ressortent Judas, Brutus et Cassius.
Retourner aux méfaits de Rome et buter contre Brutus marqué au couteau par la main de Dieu, être à nouveau confronté à ces originaux, savourer cette friandise vénéneuse, il n’y a certainement là rien d’agréable, mais il est indispensable de tirer du puits des siècles certains souvenirs douloureux.
Transpercé d’angoisse, sans gloriole aucune, en état d’alerte-nouveauté, je conserve avec énergie le vivant souvenir de ma réincarnation romaine connue sous le nom de Jules César.
Je dus alors me sacrifier pour l’humanité, établissant la scène pour la quatrième sous-race de cette cinquième grande race racine qui est la nôtre.
Que Dieu et Sainte-Marie m’assistent ! Si j’ai commis quelque très grave erreur en cette antique époque, ce fut de m’être affilié à l’Ordre de la Jarretière ; cependant, il n’y a pas de doute que les Dieux ont bien voulu me pardonner…
S’élever jusqu’aux nuées sur ses amitiés n’est, en vérité, rien de facile et, néanmoins, il est évident que j’y suis parvenu, en surprenant l’aristocratie romaine.
À raconter tout ceci, je n’éprouve aucun orgueil, car je sais bien que c’est seulement le moi qui aime grimper au sommet de l’échelle, se mettre en évidence, etc. Je remplis le devoir de raconter, et c’est tout.
Lorsque je partis pour la Gaule, je priais ma belle épouse, Calpurnia, qu’à mon retour elle envoie à ma rencontre nos deux fils.
Brutus se mourait d’envie en se rappelant mon entrée triomphale dans la ville éternelle ; cependant, il semblait oublier à dessein mes épouvantables souffrances sur les champs de bataille.
Le droit de gouverner cet empire ne me fut certainement pas donné en cadeau ; ils savent bien, les Divins et les humains, tout ce que j’ai souffert.
J’aurais bien pu me sauver de la perfide conjuration si j’avais su écouter le vieil astrologue qui était en visite chez moi.
Malheureusement, le démon de la jalousie torturait mon cœur ; ce vieillard était très ami avec Calpurnia et je n’aimais pas beaucoup cela…
Le matin du jour tragique, au moment de me lever du lit conjugal, la tête couronnée de laurier, Calpurnia me raconta son rêve ; elle avait vu, dans une vision nocturne, une étoile tombant du ciel sur la Terre et elle m’avertit en me supplia de ne pas aller au Sénat…
Inutiles furent les suppliques de ma femme : j’irai aujourd’hui au Sénat, répondis-je de façon impérative…
« Rappelez-vous qu’aujourd’hui une famille amie nous a invités à un diner dans la banlieue de Rome ; vous avez accepté l’invitation », répliqua Calpurnia…
Je ne peux pas assister à ce repas, objectais-je. « Allez-vous donc laisser cette famille nous attendre ? »
Je dois aller au Sénat…
Quelques heures plus tard, en compagnie d’un aurige, je roulais dans un char de guerre en direction du Capitole de l’aigle romaine…
J’y arrivais bientôt, au milieu des formidables vivats des foules surexcitées…
Salut César ! Me criaient-elles…
Quelques notables de la cité m’entourèrent dans le vestibule du Capitole ; je répondis à des questions, éclaircis quelques points, etc.
Tout à coup, de manière inusitée, apparait devant moi le vieil astrologue, qui m’avait auparavant prévenu des clignotements de Mars et des terribles dangers que cela présageait ; il me remet en secret un morceau de parchemin sur lequel sont notés les noms des conjurés…
Le pauvre vieillard essaya de me sauver, mais tout fut inutile, je n’en fis pas de cas ; en outre, je me trouvais très occupé à prendre soin de tant d’illustres Romains…
Ensuite, me sentant invincible et invulnérable, avec cette attitude césarienne qui me caractérisait, j’avançais en direction du Sénat entre les colonnes olympiennes du Capitole.
Mais, malheur à moi ! Les conjurés, derrière ces héroïques colonnes, me guettaient ; le fil tranchant du poignard assassin me déchira le dos…
Aguerri à tant de batailles, instinctivement je tentais de saisir mon épée, mais je sentis que je m’évanouissais ; je vis Brutus et m’exclamais : Toi aussi, mon fils ?
Puis… la terrible parque emporta mon Âme…
Pauvre Brutus… le moi de l’envie lui avait dévoré les entrailles et il ne put y avoir d’autre résultat…
J’ai eu deux autres réincarnations dans la Rome auguste des Césars et ensuite des existences très diverses avec un merveilleux Dharma en Europe, durant le Moyen-Âge et la Renaissance.
À l’époque du terrible inquisiteur Thomas de Torquemada, je me réincarnais en Espagne et ceci est une autre histoire très intéressante…
Parler de l’Inquisiteur en question et du Saint-Office ne s’avère certes pas très agréable, cependant il convient à présent de le faire…
J’étais alors un marquis très célèbre et, par malheur, je dus me mettre en contact avec cet exécrable Inquisiteur aussi pervers que cet autre qui s’appelait Jean d’Arbouse.
À cette époque-là, je rencontrais à nouveau le traitre Brutus réincorporé dans un nouvel organisme humain.
Quel comte incisif, mordant et ironique ! Il se moquait beaucoup de ma personne… Que d’insultes, que de sarcasmes !
En aucune façon je ne voulais m’engager dans de nouvelles disputes, je n’avais pas envie de me fâcher…
La grossièreté, la vulgarité, l’inculture de ce noble, m’étaient épouvantablement désagréables, mais je ne voulais pas l’offenser, il me semblait préférable d’éviter de nouveaux duels et c’est pour cela que j’eus recours à l’Inquisiteur…
Un jour, de très bon matin, je me dirigeais vers le palais de l’Inquisition, je devais chercher une solution intelligente à mon problème…
Oh ! Monsieur le Marquis, quel miracle de vous voir par ici ! En quoi puis-je vous servir ?
C’est ainsi que répondit à mon salut le moine qui était toujours à la porte du palais où opérait le Saint-Office…
Je vous remercie, mon Révérend, dis-je, je viens vous demander une audience avec le Sieur Inquisiteur…
« Il y a aujourd’hui beaucoup de visites, Monsieur le Marquis, mais comme il s’agit de vous, je vais immédiatement faire les démarches pour votre audience. »
À ces mots, le moine disparut pour réapparaitre devant moi quelques instants plus tard…
« Entrez, Monsieur le Marquis, j’ai obtenu pour vous l’audience. » Merci beaucoup, mon Révérend…
Je traversais une cour et pénétrais dans une salle qui était dans une complète obscurité ; je passais à une autre salle qui se trouvait également dans les ténèbres ; je pénétrais enfin dans une troisième pièce, et, sur la table, brillait une lampe… C’est là que je rencontrais le terrible inquisiteur Torquemada…
Le cénobite avait assurément l’air d’un saint… Quel regard ! Quelles attitudes béatifiques ! Quelles pieuses poses ! Sur sa poitrine resplendissait un crucifix.
Quelle tartuferie, mon Dieu ! Quelle horripilante hypocrisie… Il est ostensible que le moi pharisien était très fort chez ce moine à l’air angélique…
Après plusieurs saluts et révérences, suivant les coutumes de cette époque, je m’assis à la table, près du Moine…
« En quoi puis-je vous servir, Monsieur le Marquis ? Parlez… »
Merci beaucoup votre Seigneurie…
Il se passe que le Comte, un tel, m’a rendu la vie impossible, m’insultant par envie, me raillant, me calomniant, etc.
« Oh ! Ne vous en faites pas pour cela, Monsieur le Marquis, nous avons déjà contre ce comte beaucoup de plaintes… »
« Je vais immédiatement donner des ordres pour qu’on l’arrête. Nous l’enfermerons dans la tour du martyre ; nous lui arracherons les ongles des mains et des pieds et nous lui verserons sur les doigts du plomb fondu pour le torturer ; ensuite, nous brulerons la plante de ses pieds avec des charbons incandescents et, enfin, nous le brulerons vif sur le bucher… »
Mais, au nom de Dieu ! Ce moine serait-il devenu fou ? Jamais je n’ai songé à aller si loin, je ne suis venu chercher au Palais inquisitorial qu’une admonestation chrétienne pour ce comte chez qui s’étaient réincorporées ces valeurs qui jadis s’étaient introduites dans la personnalité de Brutus…
Ce moine à l’air angélique assis devant la table sacrée, avec ce visage de pénitent et d’anachorète, dans une pieuse attitude, le Christ suspendu à son cou…
Cette singulière et béatifique figure, si dévote et si cruelle, si douce et si barbare, si bigote et si perverse…
Ce méchant revêtu d’une peau de brebis éveilla à l’intérieur de ma conscience un je ne sais quoi, je sentis que ce qui tenait en moi du Bodhisattva se soulevait, protestait, gémissait.
Une tempête intime avait éclaté en moi-même, la foudre, le tonnerre, elle ne tarda pas à monter en surface et alors…
Oh ! Mon Dieu ! Il arriva ce qui devait arriver…
Vous êtes un pervers, lui dis-je, je ne suis pas venu vous demander de bruler vif qui que ce soit, je suis seulement venu vous solliciter une admonestation pour ce noble, vous êtes un assassin, c’est pour cela que je n’appartiens pas à votre secte, etc., etc., etc.
« Ah ! Ainsi donc, nous sommes cela, Monsieur le Marquis ?… »
Furieux, le prélat fit résonner avec véhémence une petite cloche sonore et alors, comme par enchantement, apparurent dans l’enceinte plusieurs gentilshommes armés jusqu’aux dents…
« Arrêtez-le », s’exclama l’Abbé. Un moment ! Respectez les règles de la chevalerie, rappelez-vous que nous sommes entre gentilshommes, je n’ai pas d’épée, donnez-m ‘en une et je me battrai avec chacun de vous…
L’un de ces hommes, fidèle au code de la chevalerie me fit remettre une épée et alors…
Je bondis vers lui comme un lion, je n’avais pas en vain une renommée de grand spadassin… (C’était ma période de Bodhisattva tombé).
Comme volent en l’air les flocons de neige au souffle de l’éthéré Borée, ainsi s’éparpillaient dans cette enceinte inquisitoriale les casques durs et resplendissants, les écus convexes, les fortes cuirasses et les lances de frêne.
Et leur éclat s’élevait, éblouissant, vers Ouranos, et la terre illuminée riait de l’éclat du bronze, et, me démenant comme un forcené au milieu des guerriers, je livrais un dur combat à cet autre chevalier…
De même qu’est mis en pièces le navire léger quand les eaux de la mer, gonflées par les vents qui soufflent avec véhémence depuis les nuées, l’assaillent, et que l’air fait gémir la voile, effrayant les marins par l’approche de la mort, de même la peur déchirait dans leur poitrine le cœur de ces chevaliers qui contemplaient la bataille…
De toute évidence, j’étais victorieux dans le choc fracassant des aciers, et il ne restait plus qu’à utiliser ma meilleure estocade pour mettre ce guerrier hors de combat…
Épouvantés devant la proximité inévitable de la terrible et souveraine Parque, ces gentilshommes oublièrent toutes les règles chevaleresques et m’attaquèrent alors tous ensemble…
Je ne m’attendais pas à cela et ce fut ardu d’avoir à me défendre contre toute cette bande bien armée…
Il me fallut combattre jusqu’à être épuisé, exténué, vaincu, car ils étaient nombreux…
Ce qui arriva ensuite est très facile à deviner ; je fus brulé vif sur le bucher en pleine cour du palais de l’Inquisition…
Attaché à un poteau impitoyable sur du bois vert qui brulait à petit feu, je ressentais des souffrances impossibles à décrire en mots ; je vis alors mes pauvres chairs incinérées se détacher et tomber dans les flammes…
Cependant, la douleur humaine, si grande soit-elle, a aussi une limite bien définie, au-delà de laquelle existe la félicité…
Il n’y a donc pas de quoi s’étonner si finalement, j’ai ressenti un certain bonheur ; j’ai senti sur moi quelque chose de très agréable, comme si une pluie rafraichissante et bienfaisante était en train de tomber du ciel…
Puis, je fis un pas ; combien doux, ce pas ! Je sortis de ce palais en marchant doucement… tout doucement… je ne pesais rien, j’étais déjà désincarné.
C’est ainsi que je mourus à cette époque épouvantable de la Sainte Inquisition.
L’Arcane quatorze du Livre d’Or (le Tarot) nous montre comment l’Eau de Vie passe d’une amphore à l’autre…
Il n’est donc pas étonnant qu’à la suite de cette orageuse réincarnation, avec tous ces titres de noblesse qui ne me furent d’aucune utilité devant le terrible inquisiteur Thomas de Torquemada, je sois retourné prendre un corps physique…
Je m’appelais alors Siméon Bleler et je me rendis en Nouvelle Espagne ; je n’ai pas l’intention de parler dans le présent chapitre de cette nouvelle vie ni de mon existence antérieure dans le vieux Mexique de Porfirio Diaz ; je veux seulement traiter maintenant de mon actuelle réincarnation.
La Némésis de la vie dut me mettre à nouveau en contact avec ces valeurs qui, jadis, s’étaient réincorporées dans la personnalité de Brutus…
Je permis à un certain monsieur, qui avait recouvré ces valeurs, de faire quelque travail dans le temple…
Beaucoup de gens l’écoutèrent, car il paraissait plein de sincérité ; il parlait de la Gnose et les gens l’acclamaient…
Mais tout à coup, quelque chose d’inusité se produit, un jour il entre dans le Sanctuaire avec une attitude agressive…
Il s’emporte ! Tonne ! Lance des éclairs ! Il se met à insulter ; je me borne alors à pardonner et à bénir, puis il se retire en menaçant…
Cet égo était revenu à ses anciennes manières ; encore une fois ses habituelles calomnies et menaces…
De telles sottises et allusions diffamantes avaient pour base certains rêves sans queue ni tête dans lesquels il me voyait allant par des chemins obscurs et commettant des délits sans fondement…
Il s’avère clair et manifeste que cet esprit pervers qu’il voyait dans ses rêves absurdes était un moi créé par lui même depuis la Rome antique…
Ce moi de Brutus revêtait, sous ses impulsions infraconscientes, mon propre aspect, mon visage.
Il n’est pas superflu d’ajouter que l’un de ses autres moi, ayant pris la forme de Jésus-Christ, l’avait chargé de la mission de m’assassiner ; ainsi l’avait-il affirmé, sur la place publique…
Pour me libérer de cet ennemi ancestral, il fut nécessaire de remettre l’affaire entre les mains d’Anubis, le Chef des Seigneurs du Karma…
Depuis lors, Brutus s’est éloigné de moi, cela fait beaucoup de temps que je ne l’ai vu dans ce monde physique.
De ce que j’ai dit de Brutus et de ses visions de rêve, il ressort que personne en vérité ne peut se convertir en investigateur compétent de la vie dans les mondes supérieurs, tant qu’il n’a pas dissout le moi psychologique et tous les éléments subjectifs qui conditionnent les perceptions…
Ingrat envers ses bienfaiteurs, avec beaucoup de travail comme chevalier, néanmoins Brutus accepta la Gnose et le Sahaja Maïthuna…
Sans s’impliquer dans la connaissance d’une cause, mais en tournant le dos au Gourou (Maitre), il travailla dans la Forge ardente de Vulcain, inutilement, parce que Devi Kundalini ne récompense jamais la trahison…
Même si on travaille très sérieusement avec le Sexe Yoga, le Serpent igné de nos pouvoirs magiques ne montera jamais par l’épine dorsale des traitres, des assassins, des violateurs, des pervers et de ceux qui commettent l’adultère…
Devi Kundalini ne pourra jamais être la complice du crime. Le Feu sacré s’élève en accord avec les mérites du cœur…
La Magie sexuelle est fondamentale, mais sans sainteté, les réussites spirituelles ne sont pas possibles…
Brutus crut en une Kundalini mécanique et il se leurra lamentablement ; la Divine Mère est très exigeante…
Pour celui qui est indigne, toutes les portes sont fermées, sauf une, celle du repentir ; malheureusement, Brutus n’a pas voulu frapper à cette porte et le Feu sacré, au lieu de monter par son canal médullaire, se précipita vers le bas, depuis le coccyx, en se convertissant en l’abominable organe Kundartisseur, la queue de Satan…
Une nuit étoilée, conversant dans les mondes supérieurs avec mon grand ami, le resplendissant Ange Adonaï, qui a maintenant un corps physique, je reçus une nouvelle extraordinaire…
« Un tel (Brutus), dit l’Ange, s’est éveillé dans le mal et pour le mal. »
Cela, je le constatais quelques jours après en le rencontrant dans les mondes supérieurs…
Nous conclurons le présent chapitre avec ces paroles qu’entendait en extase Daniel, le prophète de l’Éternel, et qui se réfèrent au temps de la fin…
« Un grand nombre de ceux qui dorment dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la confusion perpétuelle.
« Ceux qui connaissent resplendiront comme la splendeur du firmament ; et ceux qui enseignent la justice à la multitude, comme les étoiles, pour la perpétuelle éternité.
« Mais toi, Daniel, garde ces paroles et scelle le livre jusqu’au temps de la Fin. Beaucoup courront de-ci, de-là, et la science grandira. »
Chapitre 22 – Compréhension
En essayant de comprendre fondamentalement n’importe quel défaut de type psychologique, nous devons être sincères avec nous-mêmes…
Malheureusement, Pilate, le Démon du mental, se lave toujours les mains, n’est jamais coupable, ne reconnait jamais ses erreurs…
Sans faux-fuyants d’aucune espèce, sans justifications et sans excuses, nous devons reconnaitre nos propres erreurs…
Il est indispensable de nous auto-explorer pour nous connaitre nous-mêmes en profondeur et partir de la base du zéro radical.
Le pharisien intérieur est un obstacle pour la compréhension. Se présumer vertueux est absurde…
Une fois, je posais à mon Gourou la question suivante : existe-t-il une différence entre votre Monade Divine et la mienne ? Le Maitre répondit : « Aucune, parce que toi et moi et chacun de nous ne sommes rien d’autre qu’un mauvais escargot dans le sein du Père… »
Juger les autres et les qualifier de magiciens noirs s’avère incongru, car toute créature humaine, tant qu’elle n’a pas dissout le moi pluralisé, est plus ou moins noire…
S’auto-explorer intimement est certainement quelque chose de très sérieux ; l’égo est, réellement, un livre à plusieurs tomes…
Au lieu de rendre un culte à l’exécrable Démon Algol, il convient de boire le vin de la méditation dans la coupe de la parfaite concentration…
La pleine attention, naturelle et spontanée, sans aucun artifice, à quelque chose qui nous intéresse est, en vérité, une concentration parfaite…
N’importe quelle erreur comporte une multitude de facettes et se répercute fatalement dans les quarante-neuf étages du subconscient…
Le gymnase psychologique est indispensable et, heureusement, nous l’avons, c’est la vie même…
Le sentier du foyer domestique avec son infinité de circonstances souvent douloureuses est la meilleure salle du gymnase.
Le travail fécond et créateur au moyen duquel nous gagnons le pain de chaque jour est une autre salle merveilleuse.
Beaucoup d’aspirants à la vie supérieure désirent désespérément s’évader de l’endroit où ils travaillent, ne plus circuler dans les rues de leur agglomération, se réfugier dans la forêt dans le but de chercher la libération finale…
Ces pauvres gens sont semblables aux jeunes sots qui s’enfuient de l’école, qui n’assistent pas aux classes, qui cherchent des échappatoires…
Vivre d’instant en instant, en état de perception alerte, d’alerte-nouveauté, comme la sentinelle en temps de guerre, est urgent, indispensable si, en réalité, nous voulons dissoudre le moi pluralisé.
Dans l’interrelation humaine, dans la vie en commun avec nos semblables, il existe d’infinies possibilités d’autodécouverte.
Il est indiscutable, et tout le monde le sait, que dans l’interrelation, les multiples défauts que nous portons cachés dans les profondeurs inconnues du subconscient affleurent toujours naturellement, spontanément, et si nous sommes vigilants, alors nous les voyons, nous les découvrons.
Cependant, il est évident que l’auto-vigilance doit toujours se poursuivre de moment en moment.
Un défaut psychologique qui a été découvert doit être intégralement compris dans les divers replis du mental.
La compréhension en profondeur ne serait pas possible sans la pratique de la méditation.
N’importe quel défaut intime comporte de multiples facettes et diverses connexions et racines que nous devons étudier attentivement.
Une autorévélation est possible lorsqu’il existe une compréhension intégrale du défaut que nous voulons sincèrement éliminer…
De nouvelles autodéterminations surgissent de la conscience lorsque la compréhension est unitotale…
Une analyse superlative est utile si on la combine avec la méditation profonde : alors jaillit la flamme de la compréhension…
La dissolution de tous ces agrégats psychiques qui constituent l’égo est accélérée si nous savons profiter au maximum des pires adversités.
Les difficiles gymnases psychologiques du foyer, de la rue ou du travail nous offrent toujours les meilleures occasions.
Convoiter des vertus s’avère absurde, mieux vaut effectuer des changements radicaux.
Le contrôle des défauts intimes est superficiel et est condamné à l’échec.
Changer en profondeur est la chose fondamentale, et cela n’est possible qu’en comprenant intégralement chaque erreur…
En éliminant les agrégats psychiques qui constituent le moi-même, le soi-même, nous établissons dans notre conscience les fondations adéquates pour l’action droite…
Les changements superficiels ne servent à rien, il nous faut de toute urgence, sans tarder, des changements en profondeur…
Compréhension est en premier, élimination en deuxième…
Chapitre 23 – Élimination
Le coït chimique subliminal engendre des commotions nerveuses transcendantes et d’extraordinaires vibrations aurifères entre les très différentes composantes du couple humain Adam-Ève.
Les divines radiations de type sexuel ont été qualifiées, par les meilleurs auteurs de traités d’ésotérisme, de Lumière Odique.
La science ayant déjà commencé à étudier la théorie astrale du corps humain, il convient, pour une plus grande simplicité, d’utiliser les termes de la tradition antique.
L’OD est hors de tout doute, le brillant magnétisme positif actif, dirigé par le pouvoir merveilleux de la volonté consciente.
L’OB est le fluide magnétique passif, gouverné très sagement par l’intelligente faculté connue sous le nom d’imagination créatrice.
L’Aur est l’agent lumineux différencié, le Genius Lucis de l’amphithéâtre cosmique.
Une image royale qui observe une sublime concordance avec le magnétisme sexuel d’Éros est celle, très connue, du fameux Caducée de Mercure avec ses serpents enroulés ; la vipère flammigère solaire de droite représente l’OD ; la couleuvre lunaire et humide de gauche allégorise l’OB ; au sommet magnifique du mystérieux Caducée resplendit glorieusement le globe de l’Aur, identifiable à la lumière.
Par le moyen du coït métaphysique, l’Azoth et la Magnésie des anciens alchimistes, la lumière astrale polarisée, subit de notables altérations.
Il est incontestable que ces altérations intimes influent secrètement sur les relations électrochimiques dans les ultimes unités vitales de notre organisme, afin de transformer leur structure.
Waldemar dit : « Lorsque les chimistes nous disent que la totalité des biocatalyseurs d’un organisme apparait comme un système ordonné de facteurs inférieurs téléocausals qui se trouvent sous la légifération de la vie, soit au service des objectifs supérieurs de l’organisme, il s’avère facile d’extrapoler que la formation des émotions internes, réflexes ou impulsions dépend des facteurs radio-causals de l’aura.
« Jetons de façon comparative, dit Waldemar, un coup d’œil sur les relations des électrons et des ions de la substance vivante, et nous approcherons de manière considérable de la compréhension de ce qui a été dit plus haut. »
C’est une chose claire et manifeste qu’en l’instant merveilleux du jardin des délices, au moment exquis où le membre viril pénètre profondément dans le vagin de la femme, il se produit une induction électrique d’une espèce très singulière.
Il est indubitable qu’alors les facteurs Téléocausals de l’aura, sous l’impulsion électrique, offrent des possibilités surprenantes…
Des changements psychologiques fondamentaux peuvent surgir dans les profondeurs de notre conscience si nous savons profiter intelligemment de la chance cosmique qui nous est offerte…
Nous perdons cette prodigieuse occasion quand nous nous proposons seulement de gratifier nos sens…
Malheur au Samson de la Kabbale qui se laisse endormir par Dalila, à l’Hercule de la Science qui change son sceptre de pouvoir pour le fuseau d’Omphale, car il sentira bientôt la vengeance de Déjanire, et il ne lui restera plus d’autre recours que le bucher du mont Oeta pour échapper aux tourments dévorateurs de la tunique de Nessus.
La concupiscence est une abomination ; tomber comme une bête dans le lit de Procuste équivaut à perdre la meilleure des chances.
Au lieu de l’incontinence fatale de la libido sexuelle, mieux vaut prier ; il est écrit en mots de feu dans le livre de toutes les énigmes que le coït est une forme de la prière.
Le patriarche gnostique Saint-Augustin a dit avec insistance : « Pourquoi ne croirions-nous pas que les humains pouvaient, avant la chute dans le péché, dominer les organes sexuels de la même façon que les autres membres du corps, lesquels servent l’âme, à travers le désir, sans embarras ni excitation ? »
Saint-Augustin propose la thèse irréfutable que c’est seulement après le péché ou le tabou que s’est formée la libido (l’agitation despotique ou arbitraire de la chair ou de l’instinct, la puissance sexuelle incontrôlée) : « Après le péché, la nature, qui avant n’avait pas honte, ressentit la libido, s’aperçut et eut honte de cette libido, parce qu’elle avait perdu la force souveraine qui originairement s’offrait à toutes les parties du corps. »
Le secret de la félicité du Dieu intime de chaque créature consiste dans la relation de Lui avec lui-même…
L’état divin lui-même est, hors de tout doute, celui du bonheur suprême, un désir et une jouissance sexuelle qui demeurent invariables dans les Éons, et qui procèdent de la relation de la Divinité avec elle-même…
Au plus haut sommet, les sept cosmos, qui resplendissent glorieusement dans l’espace infini, s’enlacent sexuellement…
Pourquoi le microcosme homme devrait-il être une exception ? Lui et Elle s’adorent toujours… tu le sais…
La jouissance sexuelle est donc un droit légitime de l’homme et provient, comme nous l’avons déjà dit, de la relation de la Divinité avec elle-même.
En d’autres termes, nous soulignerons cette réalité transcendantale en disant : la jouissance sexuelle est terriblement divine.
Saint Albert dit que l’homme spirituel doit diriger le commerce charnel vers un objectif moral, et qu’une fonction de la sexualité basée seulement sur le plaisir des sens relève des vices les plus infamants.
À ce moment-ci, il s’avère opportun de rappeler que ces troncs ou Tables de la Loi où Moïse écrivit par ordre de Iod Hévé les préceptes lumineux du Décalogue ne sont pas autre chose que la double lance des Runes, qui a une signification phallique sur laquelle nous devons méditer profondément…
L’Amour est le Fiat Lux du livre de Moïse, le grand désidérata cosmique, sexuel, la Loi divine pour tous les continents, mers, mondes et espaces.
Le Sahaja Maïthuna, le Sexe Yoga, est le fondement diamantin et éternel du Fiat lumineux et spermatique du premier instant.
Il est incontestable que si nous saisissons courageusement la lance sexuelle d’Éros avec le sain propos de réduire en poussière cosmique et en ordre successif chacun des divers éléments subjectifs que nous portons au-dedans, la lumière jaillit alors.
Dans chacun de ces multiples et querelleurs moi criards qui personnifient nos erreurs de type psychologique, existe une substance, une essence animique.
De même que la fission de l’atome libère de l’énergie, ainsi également la désintégration totale de n’importe lequel de ces divers égos infernaux libère de l’Essence, de la Lumière…
Nous devons donc fabriquer de la lumière, faire de la lumière…
« Lumière, plus de lumière », cria Goethe de toutes les forces de son âme quelques instants avant de mourir.
La compréhension est fondamentale, en psychologie transcendantale, mais il est évident que ce n’est pas tout : il nous faut éliminer.
La clé est en Devi Kundalini, le Serpent igné de nos pouvoirs magiques.
Il n’est pas possible d’éliminer des mois-diables (défauts psychologiques) sans l’aide de Devi Kundalini, tu le sais…
IO, notre Mère cosmique particulière est indéniablement le double merveilleux de notre propre Monade Divine et quoiqu’elle soit dépourvue de forme concrète, elle peut, si ainsi elle le veut, adopter la forme humaine et maternelle…
Au moment suprême de l’union sexuelle, en plein coït, méditez et priez pour que vous ne tombiez pas en tentation…
En ces instants de bonheur, implorez de toutes les forces de votre âme, suppliez votre Divine Mère Kundalini, d’éliminer de votre intérieur le Moi-Diable, c’est-à-dire le défaut psychologique qu’à travers la méditation profonde vous avez compris dans tous les niveaux du mental. C’est ainsi que nous mourons, d’instant en instant. Seulement avec la mort advient le nouveau.
Chapitre 24 – Le Feu Sacré
La descente à la Neuvième Sphère (le sexe) fut, depuis les temps antiques, l’épreuve maximale pour la suprême dignité de l’Hiérophante : Hermès, Bouddha, Jésus, Dante, Zoroastre, Quetzalcoatl, etc., etc., etc., eurent à passer par cette terrible épreuve.
C’est là que descend Mars pour retremper son épée et conquérir le cœur de Vénus, Hercule pour nettoyer les écuries d’Augias, et Persée pour trancher la tête de la Méduse avec son épée flammigère…
Le cercle parfait avec le point magique au centre, symbole sidéral et hermétique de l’Astre-Roi et du principe substantiel de la vie, de la lumière et de la conscience cosmique, est, hors de tout doute, un emblème sexuel merveilleux.
Ce symbole exprime clairement les principes masculins et féminins de la Neuvième Sphère.
Il est incontestable que le principe actif d’irradiation et de pénétration est complémenté, dans le Neuvième Cercle dantesque, par le principe passif de réception et d’absorption.
Le Serpent biblique nous présente l’image du Logos créateur, ou de la force sexuelle, qui commence sa manifestation à partir de l’état de puissance latente.
Le Feu serpentin, le Serpent igné de nos pouvoirs magiques, dort, enroulé trois fois et demie à l’intérieur du chakra Muladhara, situé dans l’os coccygien.
Si nous réfléchissons très sérieusement sur cette intime relation qui existe entre le S et le Tau, la Croix ou le T, nous arriverons à la conclusion logique que c’est seulement au moyen du Sahaja Maïthuna (la Magie sexuelle), que l’on peut éveiller la couleuvre créatrice.
La Clé, le Secret, je l’ai rendu public dans presque tous mes livres antérieurs : il consiste à ne jamais renverser, de toute notre vie, la Coupe d’Hermès (l’Ens-Seminis) durant la transe sexuelle.
On opère la connexion du Lingam-Yoni (phallus-utérus) sans jamais éjaculer ce verre liquide, flexible, malléable (l’Ens-Seminis), parce que dans la substance en question, que les fornicateurs répandent misérablement, se trouve à l’état latent tout l’Ens-Virtutis du Feu.
OM obéissant à la Déesse, qui ressemble à un serpent endormi autour du Swayambbulingam, et merveilleusement paré, il jouit de ce qu’il aime et des autres ravissements. Il est enflammé par le vin et il irradie de millions de rayons. Il sera éveillé durant la Magie sexuelle par l’air et le feu, avec les mantras : YAM et DRAM, et par le mantra HUM » (Le H doit être prononcé).
Chantez ces mantras en ces précieux moments où le phallus est introduit dans l’utérus ; c’est ainsi que s’éveillera le Serpent igné de nos pouvoirs magiques.
I.A.O. est le mantra de base fondamental du Sahaja Maïthuna. Entonnez chaque lettre séparément, en prolongeant le son, lorsque vous travaillez dans le Laboratorium-Oratorium du troisième Logos (en pleine copulation métaphysique).
La transmutation sexuelle de l’Ens-Seminis en énergie créatrice est un axiome légitime de la sagesse hermétique.
La bipolarisation de ce type d’énergie cosmique à l’intérieur de l’organisme humain fut, depuis les temps antiques, analysée très soigneusement dans les Collèges initiatiques d’Égypte, du Mexique, de la Grèce, de l’Inde, de la Perse, etc.
L’ascension miraculeuse de l’énergie séminale jusqu’au cerveau est rendue possible grâce à une certaine paire de cordons nerveux qui s’enroulent splendidement, en formant un huit, autour de l’épine dorsale.
Nous sommes donc revenus au Caducée de Mercure, avec les ailes de l’Esprit merveilleusement déployées…
Cette paire de cordons nerveux que nous avons mentionnée ne pourrait jamais être découverte avec le bistouri ; ces deux fils sont plutôt de nature éthérique, tétradimensionnelle.
Nul doute que ces cordons sont les deux Témoins de l’Apocalypse de Saint-Jean ; et les deux Oliviers, et les deux Chandeliers qui sont devant le Dieu de la Terre.
Dans le pays sacré des Vedas, ces deux nerfs sont classiquement connus sous les noms sanscrits d’Ida et Pingala ; le premier est en relation avec la narine gauche et le second avec la droite.
Il est indéniable que le premier de ces deux Nadis est de nature lunaire, alors que le second est de type solaire.
Cela pourra surprendre un bon nombre d’étudiants gnostiques, le fait qu’Ida, étant de nature froide et lunaire, ait ses racines dans le testicule droit.
À plusieurs disciples de notre Mouvement gnostique international cela pourrait paraitre comme quelque chose d’insolite et d’inusité d’affirmer que Pingala, tout en étant de type exclusivement solaire, part, réellement, du testicule gauche.
Mais nous ne devons pas nous étonner, parce que tout, dans la nature, est basé sur la loi des polarités.
Le testicule droit trouve son pôle opposé précisément dans la fosse nasale gauche.
Le testicule gauche a son antipode parfait dans la narine droite.
La physiologie ésotérique gnostique enseigne que chez le sexe féminin, les deux Témoins partent des ovaires.
Il est indubitable que chez la femme, l’ordre de cette paire d’Oliviers du temple est inversé harmonieusement.
De vieilles traditions qui surgissent comme par enchantement de la nuit profonde de tous les âges disent que lorsque les atomes solaires et lunaires du système séminal entrent en contact dans le Triveni, près de l’os coccygien, alors, par induction électrique, s’éveille une troisième force de type magique ; je veux me référer à Kundalini, le feu mystique de l’Arhat gnostique, grâce auquel nous pouvons réduire en poussière cosmique l’égo animal.
Il est écrit, dans les vieux textes de la sagesse antique, que l’orifice inférieur du canal médullaire, chez les personnes communes et courantes, se trouve hermétiquement clos ; les vapeurs séminales l’ouvrent pour que la couleuvre sacrée puisse pénétrer par là.
Tout au long du canal médullaire se déroule un jeu merveilleux de plusieurs canaux qui se pénètrent et se compénètrent mutuellement sans se confondre, étant situés dans des dimensions différentes.
Il n’est pas superflu de rappeler le glorieux Sushumna et le fameux Chitra, et le Centralis, et le Brahmanadi ; il est indéniable que c’est par ce dernier que monte le feu flammigère.
En ce qui a trait à la vérité, nous devons être très francs ; assurément, c’est un épouvantable mensonge d’oser dire qu’après avoir incarné Jivatma (l’Être) dans le cœur, le Serpent sacré entreprend le voyage de retour pour finalement être de nouveau enfermé dans le chakra Muladhara.
C’est une horrible fausseté d’affirmer devant Dieu et devant les hommes que le Serpent igné de nos pouvoirs magiques, après avoir joui de son union avec Paramashiva, se sépare cruellement pour effectuer le voyage de retour vers le centre coccygien.
Une telle régression fatale, une telle descente vers le Muladhara n’est possible que lorsque l’initié, en plein coït, répand son Semen ; alors, il perd l’Épée flammigère et tombe à l’abime, foudroyé par le rayon terrible de la Justice cosmique.
L’ascension de Kundalini le long du canal médullaire s’accomplit très lentement et selon les mérites du cœur. Les feux du Cardias contrôlent le développement miraculeux du Serpent sacré.
Devi Kundalini n’est pas quelque chose de mécanique, comme plusieurs le supposent ; le Serpent igné ne s’éveille que par l’amour authentique entre le mari et la femme ; jamais il ne monterait par le canal médullaire des adultères.
Dans un chapitre antérieur de ce livre, nous avons parlé quelque peu sur les trois types de séducteurs ; Don Juan Tenorio, Casanova et Diable.
Il n’y a pas de doute que ce dernier se révèle certainement le plus dangereux ; nous ne devons donc pas nous étonner de ce que les sujets de cette catégorie, type Diable, avec le prétexte de pratiquer le Sahaja Maïthuna, séduisent beaucoup de jeunes filles ingénues.
Il est bon de savoir que lorsque Hadith, le Serpent ailé de la lumière, s’éveille pour entreprendre son ascension le long du canal médullaire spinal, il émet un son mystérieux très similaire à celui d’une quelconque vipère qu’on excite avec un bâton.
Le type Diable, celui qui séduit çà et là sous le prétexte de travailler dans la Neuvième Sphère, celui qui abandonne sa femme parce qu’à son dire elle ne lui sert plus pour le travail dans la Forge ardente de Vulcain, au lieu d’éveiller la Kundalini, éveille l’abominable organe Kundartisseur.
Un certain Initié, dont je ne mentionnerai pas le nom dans ce traité, a commis l’erreur d’attribuer à la Kundalini toutes les sinistres qualités de l’abominable organe Kundartisseur.
Il est ostensible qu’une telle erreur est la cause de très graves dommages dans les cercles pseudo-ésotériques et pseudo-occultistes.
Il est urgent, indispensable, de comprendre qu’en aucune façon il n’est possible d’éliminer tous ces moi querelleurs et criards que nous portons à l’intérieur, si nous ne faisons pas appel à l’aide de la Kundalini.
Cet Initié qui a commis le crime malencontreux de se prononcer contre la Kundalini sera, cela va sans dire, dument châtié par les juges de la Loi de la Katancia (je veux faire allusion aux Juges du Karma supérieur devant lesquels comparaissent les Maitres de la Loge blanche).
Au nom de Cela qui n’a pas de nom, je dis : la Kundalini est la « Duade Mystique », « Dieu-Mère », Isis, Marie ou, pour mieux dire, RAM-IO Adonia, Tonantzin, Rhéa, Cybèle, Insoberte, etc., le double transcendantal de toute Monade Divine au tréfonds de notre Être.
Analysant les racines du mot Kundalini, je précise que ce mot vient de deux termes : Kunda et Lini.
KUNDA : nous rappelle l’abominable organe Kundartisseur.
LINI : est un mot atlante qui signifie fin.
KUNDA-LINI : fin de l’abominable organe Kundartisseur.
Il est évident qu’avec l’ascension de la Flamme sacrée par le canal médullaire, l’organe des abominations touche à sa fin, la force fohatique aveugle cesse.
Ce Fohat négatif est l’agent sinistre, dans notre organisme, par lequel l’idéoplastique se convertit en cette série de moi qui personnifie nos défauts psychologiques.
Lorsque le Feu se projette vers le bas depuis le chakra coccygien, alors apparait la queue de Satan, l’abominable organe Kundartisseur.
Le pouvoir hypnotique de l’organe des Sabbats a ainsi endormi et abruti les foules humaines.
Ceux qui commettent le crime de pratiquer le Tantrisme noir (Magie sexuelle avec éjaculation séminale) éveillent et développent l’organe de toutes les fatalités.
Ceux qui trahissent le Gourou ou Maitre, même s’ils pratiquent le Tantrisme blanc (sans éjaculation séminale) mettront bien entendu en activité l’organe de toutes les méchancetés.
Ce pouvoir sinistre ouvre les sept portes du bas ventre (les sept chakras infernaux) et nous convertit en démons terriblement pervers.
Chapitre 25 – La Perle Séminale
Au moment de commencer ce chapitre de notre Message de Noël 1971-1972, il n’est pas superflu de bien mettre en relief une chose très pénible que nous avons pu constater à travers tant et tant d’années de constante observation et d’expérience.
Je veux me référer sans ambages à la mythomanie, tendance très marquée parmi les affiliés aux diverses écoles de type métaphysique.
Des sujets apparemment très simples, du jour au lendemain après quelques hallucinations, se convertissent en mythomanes.
Indiscutablement, ces personnes au psychisme subjectif parviennent presque toujours à surprendre beaucoup de naïfs qui, en fait, deviennent leurs suiveurs.
Le mythomane est comme un gros pan de mur sans fondations, il suffit d’une légère poussée pour le convertir en menu sédiment.
Le mythomane croit que ce qui concerne l’occultisme est comme souffler des bouteilles et du jour au lendemain, il se déclare Mahatma, Maitre ressuscité, Hiérophante, etc.
Le mythomane se berce communément dans d’impossibles illusions, il souffre invariablement de ce qu’on appelle la folie des grandeurs.
Les personnes de cette sorte se présentent d’ordinaire comme des réincarnations de Maitres ou de héros fabuleux, légendaires ou fictifs.
Il est clair que nous sommes en train de décrire quelque chose qui mérite d’être expliqué.
Des centres égoïques de la subconscience animale d’une personne, qui dans les relations d’échange mutuel, suivent certains groupes mentaux, peuvent provoquer, au moyen d’associations et de réflexes fantastiques, quelque chose qui ressemble à des « esprits » qui ne sont, presque invariablement, que des formes illusoires, des personnifications du moi pluralisé lui-même.
Il n’est donc pas étrange que n’importe quel agrégat psychique puisse adopter la forme de Jésus-Christ pour dicter de faux oracles…
N’importe laquelle de ces entités si nombreuses qui, dans leur ensemble, constituent ce qu’on appelle l’Ego, peut, si elle le désire, prendre la forme d’un Mahatma, d’un Gourou, et alors le rêveur, en revenant à l’état de veille, dira de lui-même : « Je suis autoréalisé, je suis un Maitre. »
On doit observer à ce sujet que, de toute façon, dans le subconscient de toute personne se trouve latente la tendance à prendre parti et à personnifier.
Cela est d’ailleurs la raison classique pour laquelle plusieurs Gouroujis asiatiques, avant d’initier leurs disciples dans le Magisme Transcendantal, les préviennent contre toutes les formes possibles d’autotromperie.
Un moine alla un jour rendre visite à Te Shan qui lui ferma la porte au nez. Le moine frappa à la porte et Te Shan demanda : « Qui es-tu ? » Le moine répondit : « Le petit du lion ». Alors Te Shan ouvrit la porte et sauta sur le moine, le saisissant à la gorge en criant : « Animal ! Où iras-tu maintenant ? » Le moine ne répondit rien.
L’expression Petit du Lion est utilisée par les bouddhistes zen pour désigner un disciple qui est capable de comprendre la Vérité Zen : lorsque les maitres louangent l’entendement d’un disciple, ou veulent l’éprouver, ils emploient d’habitude cette expression.
Dans ce cas-ci, le moine se nomme lui-même, de manière présomptueuse le Petit du Lion, mais lorsque Te Shan l’éprouve, le traitant comme un véritable Petit du Lion, lorsqu’il lui saute à la gorge et lui pose une question ésotérique, alors le moine ne sait que répondre.
Cela est la preuve que le moine manquait de l’authentique entendement sincère qu’il prétendait posséder.
Ce moine était, en fait, un homme à la conscience endormie, une personne sincère, mais dans l’erreur, un mythomane.
Un jour, dans le Monastère de Nan Chuan, les moines de l’aile orientale eurent une querelle avec ceux de l’aile occidentale pour la possession d’un chat. Tous accoururent à Nan Chuan pour qu’il fasse office de juge.
Brandissant un couteau dans une main, et le chat dans l’autre, Nan Chuan dit : « Si l’un de vous peut réussir à dire ce qu’il faut dire, le chat sera sauvé ; dans le cas contraire, je le couperai en deux. » Aucun des moines ne sut quoi dire. Alors Nan Chuan tua le chat.
Le soir même, lorsque Chao Chou revint au Monastère, Nan Chuan lui demanda ce qu’il aurait dit s’il avait été présent. Chao Chou retira ses sandales de paille, les posa sur sa tête et s’éloigna. Alors Nan Chuan commenta : « Oh ! Si tu avais été ici, le chat aurait été sauvé. »
Il est indubitable que Chao Chou était un homme à la Conscience éveillée, un authentique illuminé.
Il n’est pas possible d’éveiller la conscience, de l’objectiver totalement sans avoir, au préalable, éliminé les éléments subjectifs des perceptions.
Ces éléments infrahumains sont formés de toute cette multiplicité de moi querelleurs et criards qui dans leur ensemble constituent l’égo, le moi-même.
L’Essence, embouteillée à l’intérieur de toutes ces entités subjectives et incohérentes, dort profondément.
L’annihilation de chacune de ces entités infrahumaines est indispensable pour libérer l’Essence.
C’est seulement en émancipant l’Essence que l’on obtient l’éveil, et alors survient l’Illumination.
Les Yogis hindous essaient d’éveiller la conscience au moyen de la Kundalini ; malheureusement, ils n’enseignent pas la didactique, la façon de procéder.
Ils disent que lorsque la Kundalini dort enroulée au-dedans du chakra Muladhara, l’homme est éveillé dans cette vallée de larmes, mais ceci est cent pour cent faux, parce que l’humanoïde intellectuel, où qu’on le rencontre, dans le monde physique ou dans les dimensions supérieures de la nature, est toujours endormi.
Ils disent que lorsque la Kundalini s’éveille, l’homme dort sur cette terre d’amertumes, perd la conscience du monde et pénètre dans son Corps causal ; une telle affirmation s’avère totalement utopique pour deux raisons :
1) Le bipède tricérébré ou tricentré, faussement appelé homme, est toujours endormi, ici et maintenant, et non seulement a-t-il déjà perdu la conscience planétaire, mais en outre, et cela est pire, il continue à dégénérer.
2) L’animal rationnel n’a pas de Corps causal, il doit le fabriquer au moyen de l’Alchimie sexuelle dans la Forge ardente de Vulcain.
Le principe le plus important est que lorsque la Kundalini s’est éveillée, elle cesse en tant que pouvoir statique et se transforme en puissance dynamique.
Apprendre à manier le pouvoir actif de la Kundalini est urgent pour éveiller la conscience.
En plein coït chimique, nous devons diriger intelligemment la foudre de la Kundalini contre ces Démons rouges (égos) à l’intérieur desquels, malheureusement, se trouve l’Essence, la Conscience.
Le chasseur qui veut chasser dix lièvres à la fois n’en prend aucun ; ainsi également le gnostique qui aspire à éliminer simultanément plusieurs moi échoue lamentablement.
Le travail ésotérique tendant à dissoudre n’importe quel défaut psychologique s’avère un véritable casse-tête chinois ; non seulement devons-nous comprendre préalablement le défaut en question dans tout un chacun des niveaux subconscients du mental, mais en outre, éliminer chacun des moi qui caractérisent ce défaut.
En toute lumière, il ressort de tout cela avec une entière clarté méridienne que de très longs et patients travaux sont nécessaires pour éliminer n’importe quel défaut psychologique.
Beaucoup d’aspirants qui sont parvenus, en ce monde tridimensionnel d’Euclide, à la chasteté absolue, ont échoué lamentablement dans les mondes suprasensibles lorsqu’on les a mis à l’épreuve ; ils ont démontré, dans des circonstances décisives et concluantes, qu’ils étaient fornicateurs et adultères.
Un défaut psychologique peut disparaitre de la zone intellectuelle et continuer d’exister dans les diverses régions subconscientes.
Quelqu’un pourrait être une personne honnête dans ce monde physique, voire même dans quarante-huit zones du subconscient et néanmoins, faillir dans la quarante-neuvième.
Maintenant, nos bien-aimés lecteurs doivent réfléchir et comprendre à quel point il est difficile d’éveiller la conscience, de se convertir en Petit du Lion, de comprendre la Vérité zen, d’expérimenter le Tao.
Il n’est pas si facile d’éveiller la conscience ; il est nécessaire de libérer l’Essence, de la tirer de ses habitacles subconscients, de détruire ces habitacles, de les réduire en poussière. C’est un processus graduel très lent, pénible, difficile.
Au fur et à mesure que l’Essence se libère, le pourcentage de conscience augmente.
Les humanoïdes intellectuels, erronément appelés des hommes, ne possèdent en vérité que trois pour cent de conscience ; s’ils avaient ne serait-ce que dix pour cent, les guerres seraient impossibles sur la face de la Terre.
L’Essence originaire qui se libère lorsqu’on entreprend le processus du mourir, se convertit indiscutablement en la Perle Séminale, en ce point mathématique de la conscience évoqué par l’évangile du Tao. C’est ainsi que s’amorce le Mystère de la Floraison d’Or.
Le mythomane se présume illuminé sans avoir libéré l’Essence, sans posséder ne serait-ce que la Perle Séminale.
Les gens au psychisme subjectif sont utopiques à cent pour cent ; ils supposent erronément que l’on peut être illuminé sans avoir obtenu la mort de l’égo de façon radicale et définitive.
Ils ne veulent pas comprendre, ces pauvres gens, que puisqu’ils se sont auto-enfermés, l’Illumination objective, authentique, s’avère complètement impossible.
Il va de soi que lorsque l’Essence est embouteillée dans le moi pluralisé, il y a auto-emprisonnement.
L’Essence embouteillée fonctionne seulement selon son propre conditionnement.
L’égo est subjectif et infrahumain ; il est ostensible que les perceptions qu’a l’Essence à travers les sens du moi pluralisé se révèlent déformées et absurdes.
Cela nous invite à comprendre la difficulté de parvenir à l’Illumination véritable, objective.
Le prix de l’Illumination se paie avec notre propre vie. Sur la terre sacrée des Vedas, il y a des chelas-disciples qui après trente ans de travail intensif, ne se trouvent qu’au commencement, au prologue de leur travail.
Le mythomane veut être illuminé du jour au lendemain ; il se présume sage, il se croit un Dieu.
Chapitre 26 – L’Embryon d’Or
Le Mystère de la Floraison d’Or dit : « Purifie le cœur, nettoie les pensées, dompte les appétits et conserve le semen. »
« Si les pensées sont durables, ainsi sera le semen ; si celui-ci est durable, ainsi sera la force ; si celle-ci est durable, ainsi sera durable l’esprit.
« La force des reins se trouve sous le signe de l’eau. Lorsque s’agitent les impulsions, elle s’écoule vers le bas, est dirigée vers l’extérieur et engendre les créatures. Lorsqu’elle se trouve dirigée vers l’arrière par la force de la pensée, s’élevant jusqu’en haut pour envahir le creuset du cerveau créateur, et qu’elle rafraichisse et alimente le cœur et le corps, c’est la méthode du reflux. » (Ce sont les paroles du texte taoïste cité).
Nous allons maintenant transcrire une autre asana tantrique du princier auteur de l’Anangaranga. C’est la posture dite Utthia :
« On effectue l’acte charnel debout. Seuls les hommes physiquement très forts emploient cette posture.
- a) Premièrement, on se place l’un devant l’autre, ensuite l’homme prend la femme entre les genoux, la soulève, la maintient dans le creux des coudes et exécute la copulation tandis qu’elle le saisit par la nuque.
- b) L’homme lève une jambe de la femme tandis qu’elle a l’autre fermement plantée sur le sol. Spécialement aux femmes jeunes, cette position plait beaucoup.
- c) Tandis que l’homme se tient debout les jambes un peu écartées, la femme s’accroche avec les bras et les jambes à ses hanches, il la soutient de ses mains, de manière qu’elle soit complètement suspendue à lui. »
Il est vital, cardinal et impératif de ne jamais éjaculer de toute notre vie la liqueur séminale.
Il est indispensable de faire retourner l’énergie sexuelle vers l’intérieur et vers le haut, sans jamais renverser la Coupe d’Hermès.
« Cette méthode de reflux ou de retour au point de départ réalise ce mouvement rotatoire de la lumière par lequel se cristallisent en une Fleur d’Or, dans le corps, les forces du ciel et de la terre.
« La force séminale dirigée vers l’extérieur (s’écoulant vers le bas) produit une dissipation et un abaissement de la conscience spirituelle. »
C’est au moyen de la sublimation de la vie et des forces procréatrices que peut être obtenu le phénomène d’une renaissance : le point de l’élixir vital, la Perle séminale, nait ; à partir de celle-ci se forme l’Embryon d’Or ou Puer aeternus, lequel vient développer et transformer nos principes pneumatiques immortels.
Le sage auteur de l’Anangaranga enseigne une asana tantrique très intéressante que je transcris ci-après :
Position de l’éléphant
« La femme est couchée de manière à ce que son visage, sa poitrine et son ventre touchent le lit ou la natte. L’homme s’approche alors par-derrière et introduit le membre viril très doucement à l’intérieur de la vulve, en se retirant avant le spasme pour éviter l’éjaculation du semen. »
Le Purushayita-Bandha fait de la femme l’élément actif, tandis que l’homme demeure passif, sur le dos. Dans cette posture, la femme placée sur l’homme prend avec la main droite le phallus et l’introduit dans sa vulve, commençant ensuite un mouvement érotique très lent et délicieux en même temps qu’elle invoque Kamadeva pour qu’il l’aide dans le Maïthuna.
La femme consacrée, la Suvani, sait fermer, au moyen de la volonté, tous les sphincters, comprimant la Yoni au maximum afin d’éviter l’orgasme et la perte de liqueur sexuelle (c’est ainsi que l’enseigne l’Initiation tantrique).
Il n’est pas superflu d’ajouter de manière opportune ce qui suit : au cas où surviendrait un spasme, on doit éviter l’éjaculation séminale en se retirant instantanément et en se couchant sur le sol en décubitus dorsal (sur le dos).
À ce moment-là, on bouche les narines droite et gauche en les obturant avec l’index et le pouce de la main droite. On tâche de retenir ainsi le souffle le plus possible. On envoie le courant nerveux vers les sphincters sexuels ou portes d’échappement, avec le dessein d’éviter de renverser la Coupe d’Hermès. On imagine que l’énergie séminale s’élève par Ida et Pingala jusqu’au cerveau.
Les asanas tantriques enseignées par les grands Initiés, sur la terre sacrée du Gange, s’avèrent merveilleuses pour le Sahaja Maïthuna.
Le coït chimique, la copulation métaphysique de l’Initiation tantrique, est réellement transcendantal.
En ces moments d’indicibles délices paradisiaques, nous devons supplier notre Divine Mère Kundalini particulière, car chaque personne a son propre Serpent igné, d’éliminer de notre intérieur ce défaut que nous avons compris dans tous les replis du mental.
Elle, l’Adorable, empoignera la lance d’Éros et réduira en cendres ce Moi-Diable qui personnifie le défaut compris.
C’est ainsi que l’Essence, de façon progressive, se libèrera, au fur et à mesure que nous allons détruire les moi.
De cette façon, la Perle Séminale se développera, avec l’augmentation du pourcentage d’Essence éveillée, jusqu’à se convertir en l’Embryon d’Or.
Il est incontestable que l’éveil de la conscience se réalise à merveille dans le Mystère de la Fleuraison d’Or.
L’Embryon d’Or nous confère l’autoconscience et la Connaissance objective transcendantale.
L’Embryon d’Or nous convertit en citoyens conscients des mondes supérieurs.
Chapitre 27 – L’École Jinayana
La conquête de l’Ultra-Mare-Vitae ou Monde supraliminal et ultra-terrestre serait une chose plus qu’impossible si nous commettions l’erreur de mésestimer la femme.
Le Verbe délicieux d’Isis surgit du sein profond de tous les âges, attendant l’instant d’être réalisé.
Les paroles ineffables de la Déesse Neith ont été sculptées en lettres d’or sur les murs resplendissants du temple de la sagesse :
« Je suis celle qui a été, qui est et qui sera et aucun mortel n’a levé mon voile. »
La religion primitive de Janus ou Jaino, c’est-à-dire la solaire, quiritaire et surhumaine doctrine d’or des Jinas, est absolument sexuelle, tu le sais.
Il est écrit avec des charbons ardents dans le livre de la vie que durant l’Âge d’Or du Latium et de la Ligurie, le Roi Divin Janus ou Saturne (I.A.O., Bacchus, Jéhovah, Iod-Hévé) régna sagement sur ces gens saints, tribus toutes aryennes, quoique d’époques et d’origines très diverses.
Alors, oh mon Dieu ! Tout comme en des époques semblables pour d’autres peuples de l’antique Arcadie, on pouvait dire que Jinas et hommes vivaient heureux ensemble.
Dans l’ineffable idylle mystique communément appelée Les Enchantements du Vendredi saint, nous sentons dans le fond de notre cœur que dans les organes sexuels existe une force terriblement divine qui peut aussi bien libérer qu’asservir l’homme.
L’énergie sexuelle contient en elle-même l’archétype vivant de l’authentique Homme solaire qui doit prendre forme au-dedans de nous-mêmes.
Beaucoup d’âmes souffrantes voudraient entrer dans le Montsalvat transcendant, mais, malheureusement, c’est une chose plus qu’impossible à cause du Voile d’Isis, ou Voile sexuel adamique.
Dans la béatitude ineffable des paradis Jinas, il existe assurément une humanité divine qui est invisible au sens des mortels à cause de leurs péchés et limitations, issus de l’abus sexuel.
Il est écrit en caractères de feu dans le grand livre de la vie, que dans la croix Jaïna ou Jina est caché miraculeusement le secret indicible du Grand Arcane, la clé merveilleuse de la transmutation sexuelle.
Il n’est pas difficile de comprendre que cette croix magique est la Svastika même des grands mystères.
Au milieu de l’extase délicieuse de l’âme haletante, nous pouvons, voire même nous devons, nous mettre en contact mystique avec Janus, l’austère et sublime Hiérophante Jina qui dans l’ancien continent Mu avait enseigné la science des Jinas.
Dans le Tibet secret existent deux écoles qui s’affrontent mutuellement : je veux me référer clairement aux institutions Mahayana et Jinayana.
Au chapitre suivant, nous parlerons de la première de ces institutions ; maintenant, nous ne nous occuperons que de l’école Jinayana.
Il est indéniable que le chemin Jinayana s’avère, dans le fond, profondément bouddhique et christique.
Sur ce mystérieux chemin, nous retrouvons, avec un étonnement mystique, les fidèles gardiens du Saint Graal ou de la Pierre Initiatique, c’est-à-dire de la suprême Religion-Synthèse qui fut la première de l’humanité : la doctrine de la Magie sexuelle.
Jana, Swana ou Jaïna est donc la doctrine de cet antique Dieu de la lutte et de l’action appelé Janus, le Seigneur Divin aux deux visages, transposition androgyne de l’Hermès égyptien et de nombreux autres Dieux des panthéons Mayas-Quiches et Aztèques, dont les imposantes et majestueuses sculptures, ciselées dans la roche vive, peuvent encore être vues au Mexique.
Le mythe gréco-romain conserve encore le souvenir de l’exil de Janus ou Jaino en Italie, après que Chronos ou Saturne l’ait chassé du ciel, c’est-à-dire le souvenir légendaire de sa descente sur Terre comme instructeur et guide de l’humanité pour lui donner la primitive religion naturelle Jina ou Jaïna.
Janna ou Jaïna est aussi, sans nul doute, la merveilleuse doctrine chino-tibétaine de Dan, Chhan, dzan, Shuan, Ioan ou Dhyani-Choan, caractéristiques de toutes les écoles ésotériques du monde aryen, avec des racines dans l’Atlantide submergée.
La Doctrine secrète, la Doctrine Jaïna primitive, se fonde sur la Pierre Philosophale, sur le sexe, sur le Sahaja Maïthuna.
Doctrine gnostique infiniment supérieure, tellement plus ancienne que le Brahmanisme même, la primitive école Jinayana est celle de l’étroit sentier qui conduit à la Lumière.
Doctrine du Salut réellement admirable dont, en Asie Centrale et en Chine, il reste beaucoup de souvenirs, comme il en reste également dans la Maçonnerie universelle où nous retrouvons encore, par exemple, la survivance de la symbolique croix Jaïna ou Svastika (de Swan, le Hamsa, le Cygne, l’oiseau Phénix, la colombe de l’Esprit-Saint ou Paraclet, âme du temple du Graal, Noûs ou Esprit qui n’est nul autre que l’Être ou Dhyani de l’homme).
Encore de nos jours, nous pouvons trouver en Irlande des traces de ces vingt-trois prophètes Djinas ou conquérants d’âmes qui furent envoyés dans toutes les directions du monde par le fondateur du Jaïnisme, le Rishi Baja-Deva.
Au moment où j’écris ces lignes, il me vient à la mémoire des souvenirs transcendantaux.
Dans l’un des nombreux couloirs d’un antique palais, n’importe la date ni l’heure, buvant de l’eau avec du citron dans des coupes délicieuses de fin baccarat, parmi un groupe très choisi d’Élohim, j’ai dit : j’ai besoin de me reposer pour un temps dans la félicité ; cela fait plusieurs Mahamanvantaras que j’aide l’humanité et maintenant je suis fatigué.
« La plus grande félicité, c’est d’avoir Dieu en dedans », répliqua un Archange très ami…
Ces paroles me laissèrent perplexe, interdit ; je pensais au Nirvana, au Maha-Paranirvana, etc.
En habitant dans des régions de félicité si intense, une créature pourrait-elle ne pas être heureuse ? Comment ? Pourquoi ? Pour ne pas avoir la Monade au-dedans ?
Donc, rempli de tous ces doutes, je résolus de consulter le vieux sage Janus, le Dieu vivant de la science Jinas.
Avant de pénétrer dans sa demeure, je fis un salut secret devant le Gardien ; j’avançais devant les Vigilants et les saluais avec un autre salut et, enfin, j’eus le bonheur de me retrouver en face du Dieu Janus.
« Il manque un autre salut », dit le Vénérable. Il n’y a pas de meilleur salut que celui du cœur tranquille. Ainsi répondis-je en même temps que je posais dévotement mes mains sur le cardia.
« C’est bien », dit le Sage.
Lorsque je voulus lui poser des questions qui dissiperaient mes doutes, l’Ancien, sans parler, sans dire une seule parole, déposa la réponse au fond de ma conscience.
Cette réponse, nous pouvons la formuler ainsi :
« Même si un homme habite dans le Nirvana ou dans n’importe quelle autre région de bonheur infini, s’il n’a pas Dieu en dedans, il ne sera pas heureux. »
« Cependant, s’il vit dans les mondes infernaux ou dans la prison la plus immonde de la terre, en ayant Dieu à l’intérieur, il sera heureux. »
Nous conclurons ce chapitre en disant : l’École Jinayana avec son ésotérisme profond nous conduit, par la voie sexuelle, jusqu’à l’incarnation du Verbe et la libération finale.
Orémus…
Chapitre 28 – Bouddhisme Zen
Pourquoi l’ultime Vérité-Prajna que le Bouddhisme zen veut indiquer est-elle tellement indéfinissable, abstraite et insaisissable ?
Définir signifie réellement mettre des limites intellectives à, ou manifester le sens d’une chose déterminée.
Saisir, dans le sens employé ici, signifie comprendre quelque chose et le retenir en mémoire.
Comme l’acte même de définir consiste, indubitablement, à enfermer une chose au-dedans d’une certaine limite, il ne peut nécessairement ne pas être fini, étroit et restrictif dans sa nature ; ainsi même, tout comme comprendre signifie saisir mentalement quelque chose, mais pas tout, cela doit être également limitatif et exclusif.
L’ultime Vérité-Prajna que l’école Zen veut indiquer ne peut être en aucune façon quelque chose d’étroit, de fini ou d’exclusif ; ce doit être quelque chose de vaste, universel et infini, quelque chose qui inclue et pénètre tout, quelque chose au-delà de la définition et de la désignation.
Le mot même définir suggère ostensiblement un doigt humain qui signale un objet déterminé, et le mot saisir, une main qui retient quelque chose et ne le lâche pas.
Étant donné cette lamentable limitation et cette fixation, profondément ancrée dans le rationalisme de l’animal intellectuel erronément appelé homme, il n’est en aucune manière surprenant que la libre et omni-inclusive Vérité-Prajna devienne quelque chose d’évasif qui, toujours, évite mystérieusement tout penseur.
Illumination. Ce mot grandiose en essence et en puissance est utilisé dans ce chapitre pour indiquer précisément l’expérience mystique transcendantale qui consiste à expérimenter le Tao, la Vérité zen, le Réel.
Il n’est pas suffisant de comprendre quelque chose, il nous faut capter, appréhender, capturer son intime signification.
Le sixième Patriarche demanda à Bodhidharma : « Comment est-il possible d’atteindre le Tao ? »
Bodhidharma répondit :
« Extérieurement, toute activité cesse ; intérieurement, le mental cesse de s’agiter. Lorsque le mental s’est converti en un mur, alors advient le Tao. »
Il est urgent de savoir que le Zen japonais est la même chose que le Dhyana hindou, le Jhana pali, le Chan chinois : une forme extraordinaire du Bouddhisme mahayana.
Il est incontestable que les études et pratiques zen nous permettent de capter l’intime signification des enseignements bouddhiques préconisés par l’école Mahayana, antithèse merveilleuse et complément, à la fois, de l’école de l’autoréalisation intime Jinayana.
Le Vide illuminateur s’avère impossible à décrire avec des mots humains. Il n’est pas définissable ni descriptible. Comme l’a dit le Maitre Zen, Huai Jang : « Quelle que soit la chose que je dise, elle manquera le point principal. »
L’enseignement bouddhiste sur le vide est compréhensif et profond, et il requiert beaucoup d’étude avant d’être compris.
C’est seulement en l’absence de l’égo que nous pouvons expérimenter de façon directe le Vide illuminateur.
Diviniser le mental est une absurdité, car il n’est, en soi, qu’une geôle fatale pour la conscience.
Affirmer que le mental est le Bouddha, dire qu’il est le Tao s’avère insensé, parce que l’intellect est ni plus ni moins qu’une cage pour la conscience.
L’expérience mystique du Vide Illuminateur se réalise toujours en dehors du domaine intellectuel.
L’Illumination bouddhique ne s’obtient jamais en développant la force mentale ni en divinisant la raison, au contraire : on y parvient en défaisant tous les liens qui nous attachent au mental.
C’est seulement en nous libérant du cachot intellectuel que nous pourrons éprouver le bonheur du Vide Illuminateur, libre et entièrement insubstantiel.
Le Vide est simplement un terme bouddhique clair et précis qui dénote la nature non substantielle et non personnelle des êtres, et une indication de l’état d’absolu détachement et de liberté en dehors du temps et au-delà du mental.
Buvez le vin de la méditation dans la coupe délicieuse de la parfaite concentration.
Chapitre 29 – Les Deux Écoles
La réalité (Li en chinois) peut être vue de manière soudaine, mais la matière (Shih en chinois) doit être cultivée de façon progressive et ordonnée.
En d’autres mots, après avoir atteint l’extase, il faut la cultiver jusqu’à son complet développement et sa pleine maturité.
Ainsi, le travail ésotérique consiste en deux aspects principaux : la Vision et l’Action.
Pour avoir une vision, il faut monter jusqu’au plus haut de la montagne et regarder de là ; pour entreprendre le voyage, il faut descendre jusqu’au fond de l’abime et commencer à marcher à partir de là.
Bien que le temple zen, qui est une forme merveilleuse du Bouddhisme mahayana, soit soutenu par les deux piliers de la Vision et de l’Action, il est ostensible qu’il met tout spécialement l’accent sur la première.
Cela est reconnu clairement par le Gourouji I Shan, qui a dit : « Ta vision et non ton action est ce qui m’importe. »
C’est pour cela que les Maitres zen mettent toute l’emphase sur l’extase, sur le Samadhi, sur le Satori, et concentrent tous leurs efforts à conduire directement leurs disciples ou Chelas vers l’extase.
L’école tibétaine Jinayana est différente, et quoique ses deux colonnes fondamentales soient aussi la Vision et l’Action, il est indiscutable qu’elle appuie avec une solennité particulière sur la seconde et qu’elle lutte inlassablement pour mener ses dévots à la Neuvième Sphère (le sexe).
Il n’est pas superflu d’affirmer dans ce chapitre que les aspirants de l’école Mahayana désirent en vérité et avec une ardeur infinie l’expérience directe du Vide illuminateur.
En aucune manière nous n’exagèrerons les concepts si nous affirmons avec une certaine véhémence que les disciples de l’école Jinayana travaillent avec ténacité dans la Forge des Cyclopes (le sexe), dans le but intelligent d’atteindre l’autoréalisation intime du Vide illuminateur.
Lorsque le mental est tranquille, lorsque le mental est en silence, en dedans, au-dehors et au centre, alors survient l’expérience mystique du Vide ; cependant, il n’y a pas de doute qu’autoréaliser le Vide est quelque chose de très différent.
Le Vide n’est pas très facile à expliquer. Et même, je vous dirai qu’il n’est pas définissable ni descriptible.
Le langage de ces humanoïdes qui peuplent la face de la terre a été créé pour désigner des choses et des sentiments existants ; il n’est pas adéquat pour exprimer ce qui est au-delà du corps, des affects et du mental.
Le Vide Illuminateur n’est pas une question de connaitre ou ne pas connaitre ; ce qu’il faut, c’est l’expérimenter directement.
Vision et Action se complètent mutuellement. Les deux écoles citées s’avèrent indispensables.
Voir avec une lucidité infinie n’est possible qu’en l’absence de l’égo, du moi-même, du soi-même : il est donc indispensable de le dissoudre.
L’Action consciente est le résultat du travail progressif dans la Forge des Cyclopes (le sexe).
La Fleur d’Or établit l’équilibre harmonique parfait entre la Vision et l’Action.
L’Embryon d’Or, la Fleur sublime est le fondement extraordinaire du Bouddha intime.
Les traditions archaïques millénaires disent qu’il existe deux sortes de Bouddhas :
- a) Bouddhas transitoires,
- b) Bouddhas permanents.
Il est ostensible que les premiers se trouvent en transit, de sphère en sphère, luttant pour réaliser en eux-mêmes le Vide illuminateur.
Il est incontestable que les seconds sont les Bouddhas de Contemplation : ceux qui ont réalisé en dedans d’eux-mêmes le Vide illuminateur.
Dans l’étude ésotérique du Zen, forme merveilleuse de l’école Mahayana, nous rencontrons deux termes chinois très intéressants : Chien et Hsing.
Utilisé comme verbe, Chien signifie voir, ou regarder ; utilisé comme substantif, il signifie la vue, l’entendement, ou l’observation.
Hsing signifie la pratique, l’action, le travail ésotérique. Il peut également être utilisé comme verbe ou comme substantif.
Chien, dans son sens le plus intime, signifie tout l’entendement mystique de l’enseignement bouddhique ; cependant, dans le Zen, non seulement dénote-t-il l’entendement clair et évident des principes et de la Vérité-Prajna, mais il implique aussi la vision éveillée qui surgit de l’Expérience, Wu (Satori, Extase, Samadhi).
Chien, dans ce sens transcendantal et divin, peut être compris comme réalité vue ou comme une vision de la réalité. Bien que cela signifie voir la réalité, cela n’implique pas la possession ou la maitrise de cette même réalité.
Hsing, le travail fécond et créateur dans la Forge ardente de Vulcain, est fondamental si l’on veut la possession et la domination du Réel.
Chapitre 30 – Hommes Éveillés
Le moine éveillé appelé Tien Han alla rendre visite au Vénérable Maitre Hui Chang.
En arrivant, il demanda très solennellement à un ascète d’ordonnance si le Maitre Réel était à la maison.
Le mystique répondit : « Oui, mais il ne reçoit pas de visites. » Tien Han dit : « Oh ! Ce que tu dis est extrêmement profond et étrange. »
L’anachorète serviteur répliqua : « Les yeux du Bouddha eux-mêmes ne peuvent le voir. »
Alors Tien Han argumenta : « La femelle du Dragon accouche d’un petit Dragon et celle du Phénix enfante un petit Phénix ! » Puis il se retira.
Plus tard, lorsqu’Hui Chang sortit de la méditation où il se trouvait et s’informa de ce qui s’était passé dans la maison, il frappa le religieux assistant.
Lorsque Tien Han prit connaissance de cela, il fit le commentaire suivant : « Ce vieux mérite d’être appelé le Maitre Réel. »
Le jour suivant, Tien Han, l’homme à la conscience éveillée, retourna visiter le Gourou Hui Chang.
Conformément aux exotiques coutumes orientales, dès qu’il aperçut le Gourou, il étendit sa natte sur le sol (comme s’il se disposait à s’assoir pour recevoir ses enseignements). Hui Chang dit : « Ce n’est pas nécessaire, ce n’est pas nécessaire. »
Tien Han recula un peu et le Maitre Réel dit avec emphase : « C’est bien, c’est bien. »
Mais alors, de façon inusitée, Tien Han avança à nouveau de quelques pas. Alors le Maitre Réel dit : « Non, non. »
Cependant, Tien Han comprit tout, il fit symboliquement le tour de l’Hiérophante et s’en alla.
Plus tard, le Vénérable commenta : « Beaucoup de temps a passé depuis les jours des Bienheureux. Le monde est maintenant très fainéant. D’ici trente ans il sera très difficile de rencontrer un homme comme celui-là. »
Étranges attitudes ! Conversations télépathiques instantanées ! Coups d’œil qui expriment tout en un éclair…
Expliquer tout cela serait comme castrer l’enseignement : nos bienaimés lecteurs doivent capter sa profonde signification…
Hui Chang possédait l’Embryon d’Or : il est indéniable qu’il avait réalisé en lui-même le Vide illuminateur.
Tien Han était aussi un homme à la conscience éveillée, quelqu’un qui, même s’il n’avait pas encore autoréalisé le Vide, possédait la « Fleur d’Or ».
Huang Po rencontra une fois un moine éveillé et chemina avec lui. Lorsqu’ils arrivèrent près d’une rivière tumultueuse qui se précipitait furieusement sur son lit de roches, Huan Po retira un moment son chapeau de bambou et, laissant à côté son bâton, s’arrêta pour penser comment ils pourraient passer.
Alors qu’il était plongé dans ces réflexions, tout à coup quelque chose d’insolite se produisit ; l’autre moine marcha au-dessus des eaux tourmentées de la rivière sans que ses pieds touchent l’eau, puis il se posa sur l’autre rive.
Elles racontent, les vieilles traditions qui se perdent dans la nuit des siècles, que lorsque Huang Po vit le miracle, il se mordit les lèvres et dit : « Oh ! Je ne savais pas qu’il pouvait faire cela ; l’avoir su, je l’aurais poussé au fond de la rivière. »
Ces pouvoirs miraculeux sont simplement les produits naturels de la véritable Illumination et les hommes éveillés, les hommes qui ont déjà fabriqué l’Embryon d’Or dans la Forge incandescente de Vulcain (le sexe), les possèdent.
Chang Chen-Chi nous rapporte le récit suivant :
« Le Maitre Zen Pu Hua avait été assistant de Lin Chi. Un jour, il décida que le moment de mourir était arrivé et alors il se rendit au marché et pria les gens qu’ils lui donnent par charité un vêtement. Mais lorsque des personnes lui offrirent le vêtement et d’autres linges, il les refusa et continua de marcher, le bâton à la main.
« Lorsque Lin Chi entendit cela, il persuada certaines personnes de donner à Pu Hua un cercueil. Ainsi offrirent-ils un cercueil à Pu Hua. Il sourit et dit aux donateurs : cet individu, Lin Chi, est en réalité un mauvais et un charlatan.
« Après, il accepta le cercueil et annonça aux gens : demain je sortirai de la ville par la porte de l’est et j’irai mourir dans quelque coin des faubourgs de l’est.
« Le jour suivant, beaucoup de gens de la ville, portant le cercueil, l’escortèrent jusqu’à la porte de l’est. Mais soudain il s’arrêta et s’exclama : oh non, non, selon la Géomancie, ce jour-ci n’est pas de bon augure. Il est mieux que je meure demain dans un faubourg du sud.
« Ainsi, le jour suivant, tous s’acheminèrent vers la porte du sud, mais Pu Hua changea encore une fois d’idée, et dit au monde qu’il préférait mourir le jour suivant, dans le faubourg de l’ouest.
« Beaucoup moins de gens allèrent l’escorter, le jour suivant. Et, de nouveau, Pu Hua changea d’idée, disant qu’il remettait son départ de ce monde au jour d’après et qu’alors il mourrait dans un faubourg du nord. Mais alors les gens en avaient assez de l’affaire et, ainsi, personne ne l’escorta le jour suivant.
« Pu Hua dut porter lui-même le cercueil jusqu’au faubourg du nord. Lorsqu’il arriva, il s’introduisit dans le cercueil, le bâton toujours à la main, et attendit que s’approchent quelques passants. Alors il les pria qu’ils clouent le cercueil une fois qu’il serait mort. Lorsqu’ils eurent consenti, il se coucha et mourut.
« Alors —continua Chang Chen-Chi—, les passants clouèrent la caisse, comme ils l’avaient promis.
« La nouvelle de l’évènement parvint bientôt à la ville et les gens commencèrent à arriver en grand nombre. Quelqu’un suggéra alors d’ouvrir le cercueil pour jeter un coup d’œil au cadavre, mais en le faisant, à leur grande surprise, ils ne trouvèrent rien.
« Avant de s’être remis de leur surprise, ils entendirent, venant du ciel, le son familier des clochettes du bâton que Pu Hua avait porté toute sa vie.
« Au début, le tintement des clochettes était fort, car il était tout proche ; ensuite, il devint de plus en plus faible jusqu’à ce que, finalement, il eût disparu entièrement. Personne ne sut où était passé Pu Hua. »
Chapitre 31 – Goethe
Dans une sublime et ineffable extase, Goethe proclame sa Divine Mère Kundalini comme une authentique libératrice :
« Levez les yeux vers le regard sauveur.
Vous toutes, tendres âmes repenties,
afin de vous transformer, pleines de reconnaissance,
pour une destinée heureuse.
Que chaque sens purifié soit bientôt à son service.
Vierge, Mère, Reine, Déesse, soit propice ! »
Il savait bien, Goethe, que sans l’aide de Devi Kundalini, le Serpent igné de nos pouvoirs magiques, l’élimination de l’égo animal serait quelque chose de tout à fait impossible.
Il est incontestable que les relations amoureuses les plus connues de Goethe, excluant, naturellement, la relation soutenue avec Christine Vulpius, furent, sans exception aucune, de nature plus érotique que sexuelle.
Waldemar dit : « Nous ne croyons pas nous avancer trop en disant que chez Goethe, la jouissance de la fantaisie était la chose élémentaire dans ses relations avec les femmes : il s’efforçait de percevoir la sensation de la consolation enthousiaste, en un mot, l’excitant élément muse de la femme, qui lui enflammait l’esprit et le cœur et qui devait absolument procurer une satisfaction à sa matière.
« L’amour passionné qu’il eut pour Charlotte Buff, Lili ou Frédérique Brion, ne pouvait, de façon correspondante, ramener toute la situation au sexuel.
« Beaucoup d’histoires littéraires ont tenté d’exposer clairement et sans ambages jusqu’à quel point sont parvenues les relations de Goethe avec Madame Von Stein. Les faits examinés accréditent l’idée qu’il s’agissait d’une correspondance idéale.
« Le fait que Goethe n’ait pas vécu, comme il est connu, en complète abstinence sexuelle en Italie, et qu’à son retour dans sa patrie il se soit bientôt lié avec Christine Vulpius, qui ne lui refusait rien, permet la conclusion qu’il devait auparavant manquer de quelque chose.
« Indubitablement —continue Waldemar—, Goethe aimait de la manière la plus passionnée lorsqu’il se trouvait séparé de l’objet de son désir véhément ; c’est seulement dans la réflexion que son amour prenait corps et lui insufflait de l’ardeur.
« Invariablement, lorsqu’il laissait jaillir de sa plume les effusions de son cœur à Madame Von Stein, il est réellement près d’elle, plus proche qu’il n’aurait jamais pu l’être physiquement. »
Hermann Grimm dit avec raison : « Nous avons vu comment sa relation avec Lotte n’est compréhensible que si nous reportons toute sa passion aux heures où il n’était pas avec elle. »
Il n’est pas superflu, dans ce chapitre, de souligner l’idée que Goethe abhorrait le coït des fornicateurs : Omne animal post coïtum triste.
« Ainsi tu apportes à mon amour
une malheureuse jouissance.
Emporte le désir de tant de chansons,
et emporte encore le bref plaisir.
Emporte-le et donne au triste cœur,
à l’éternel triste cœur, quelque chose de mieux. »
Que le poète parle maintenant ! Qu’il dise ce qu’il ressent ! En vérité et poésie, il écrit : « Je sortais rarement, mais nous échangions —faisant allusion à Frédérique— des lettres, d’autant plus vivantes. Elle me mettait au courant de ses faits et gestes, pour les avoir présents, de façon que j’aie devant l’âme, avec affection et passion, ses mérites. »
« L’absence me rendait libre et toute mon inclination fleurissait d’autant plus, seulement par la conversation à distance. En de tels instants, je pouvais justement me laisser éblouir par l’avenir. »
Dans son poème « Bonheur de l’absence », il exprime clairement sa propension à la métaphysique érotique :
« Savoure, oh jeune homme, du bonheur sacré la fleur,
tout au long du jour dans les yeux de l’aimée !
Mais toujours il est plus grand que tout, ce bonheur
quand de l’objet de l’amour tu es éloigné.
Quelque part, je peux l’oublier,
et à ma table, oui, m’assoir tranquille,
l’esprit joyeux et en toute liberté.
Quand l’imperceptible duperie
qui fait vénérer l’amour
convertit en illusion le désir. »
Waldemar, en commentant, dit : « Le poète, en ce qui concerne Madame Von Stein, ne s’intéressait pas du tout, et ceci doit être consigné, à savoir comment elle était réellement, mais plutôt à la manière dont il la voyait à travers le prisme de son cœur créateur. »
« Son aspiration métaphysique envers l’éternel féminin se projetait de telle façon sur Charlotte qu’il voyait en elle la Mère, l’aimée, en un mot, le principe universel ou, pour mieux l’exprimer, l’idée même d’Ève. Déjà en 1775, il écrivait : « Ce serait un grand spectacle de voir comment l’univers se reflète en cette âme. Elle voit l’univers tel qu’il est, et certes par le moyen de l’amour. »
« Tant que Goethe pouvait poétiser la jeune fille qu’il aimait, ou bien créer un être idéal qui correspondait à l’envolée de sa fantaisie, il était fidèle et dévoué ; mais dès que se relâchait le processus de cette poétisation, que ce soit sa propre faute ou celle de l’autre personne, il se retirait. Invariablement, il s’adonne à ses sensations érotico-poétiques jusqu’au moment où la chose menace de devenir sérieuse, se mettant alors à l’abri dans le Pathos de la distance. »
Qu’on nous accorde la liberté de ne pas être d’accord avec Goethe sur ce point épineux de sa doctrine.
Aimer quelqu’un à distance, promettre beaucoup et oublier après nous semble extrêmement cruel ; au fond de ceci existe une fraude morale…
Au lieu de poignarder des cœurs adorables, mieux vaut pratiquer le Sahaja Maïthuna avec sa femme prêtresse, l’aimer et lui rester fidèle durant toute sa vie.
Cet homme a compris l’aspect transcendantal du sexe, mais il a manqué le point le plus délicat, et c’est pour cette raison qu’il n’est jamais arrivé à l’autoréalisation intime…
Goethe, adorant sa Divine Mère Kundalini, s’exclame, rempli d’extase :
« Vierge pure dans le sens le plus beau,
mère digne de vénération,
reine élue par nous
et de condition égale à celle des Dieux ! »
Désirant ardemment mourir à lui-même ici et maintenant durant le coït chimique, désirant détruire Méphistophélès, il s’exclame :
« Flèches, transpercez-moi ;
lances, soumettez-moi ;
massues, frappez-moi.
Que tout disparaisse,
tout s’évanouit.
Que brille l’étoile perpétuelle,
foyer de l’éternel amour. »
Indiscutablement, ce Barde génial possédait une intuition merveilleuse ; s’il s’était redécouvert exclusivement en une seule femme, s’il avait trouvé en elle le chemin secret, s’il avait travaillé durant toute sa vie, avec elle, dans la Neuvième Sphère, il n’y a pas de doute qu’il aurait obtenu la libération finale.
Dans son Faust, il expose avec une grande justesse sa Foi en la possibilité de l’élévation de l’Embryon d’Or libéré, jusqu’à une Sur-Âme (le Manas supérieur de la Théosophie).
Lorsque cela se produit, ce principe théosophique pénètre en nous et, fusionné avec l’Embryon d’Or passe par des transformations intimes extraordinaires ; alors, nous pouvons dire de nous que nous sommes des hommes avec une Âme.
En parvenant à ces hauteurs, nous atteignons la Maitrise, l’Adeptat, nous nous convertissons en membres actifs de la Fraternité occulte.
Cela ne signifie pas la perfection dans le sens le plus complet du mot. Ils connaissent bien, les Divins et les humains, à quel point il est difficile d’atteindre la perfection dans la Maitrise.
Soit dit en passant, il est urgent de savoir que cette Perfection ne peut être obtenue qu’après avoir réalisé des travaux ésotériques en profondeur dans les mondes Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.
De toute manière, l’incarnation en nous de l’Âme humaine, ou troisième aspect de la Trimurti hindoue connue comme Atman-Bouddhi-Manas, et sa fusion avec l’Embryon d’Or est un évènement cosmique extraordinaire qui nous transforme radicalement.
L’incarnation du Manas supérieur en nous n’implique pas l’entrée des principes atmique et bouddhique à l’intérieur de notre organisme. Cette opération appartient aux travaux ultérieurs sur lesquels nous parlons plus profondément dans notre future livre intitulé : Les Trois Montagnes.
Après cette petite digression indispensable pour la compréhension du thème en question, nous poursuivons avec le récit suivant :
Il y a longtemps, il m’arriva, sur le chemin de la vie, quelque chose d’insolite et d’inusité. Une nuit, tandis que j’étais occupé à mes très intéressants travaux ésotériques en dehors du corps physique, je dus m’approcher, avec l’Eidolon, de la gigantesque cité de Londres.
Je me souviens très clairement qu’en passant par un certain endroit de cette ville, j’aperçus avec un étonnement mystique l’aura jaune resplendissante d’un jeune homme intelligent qui se trouvait dans un coin.
Je pénétrais dans un café très élégant de cette métropole et, m’asseyant à une table, je discutais de la chose avec une personne d’un certain âge qui, lentement, savourait dans une tasse une délicieuse boisson arabe.
Tout à coup, quelque chose d’inusité se produit : un personnage s’approche de nous et vient s’assoir à côté de nous. En l’observant attentivement, je pus constater avec un grand étonnement qu’il s’agissait du même jeune homme à la resplendissante aura jaune, qui m’avait tant intrigué quelques instants plus tôt.
Après les habituelles présentations, j’appris que ce sujet n’était nul autre que celui qui, pendant sa vie, avait écrit le Faust ; c’est-à-dire Goethe.
Dans le monde astral, il se passe des choses merveilleuses, des faits extraordinaires, prodigieux ; il n’est pas rare de se trouver là avec des hommes déjà désincarnés ; avec des personnages comme Victor Hugo, Platon, Socrate, Danton, Molière, etc.
Ainsi donc, revêtu de l’Eidolon, je voulus converser avec Goethe hors de Londres et sur le rivage de l’immense océan ; je l’invitais, et sans hésiter il accepta mon invitation.
En conversant ensemble sur les côtes de cette grande ile britannique où se trouve située la capitale anglaise, nous pûmes voir des ondes mentales de couleur rouge sanguinolent qui, en flottant sur l’océan orageux, venaient vers nous.
Je dus expliquer à ce jeune homme à la rayonnante aura que ces formes mentales provenaient d’une certaine dame qui, en Amérique Latine, me désirait sexuellement. Cela ne manqua pas de nous causer une certaine tristesse.
Les étoiles brillaient dans l’espace infini et les vagues furieuses, en rugissant épouvantablement, frappaient sans cesse la plage sablonneuse.
En causant sur les falaises qui dominaient la mer, lui et moi échangeant mutuellement des idées, je résolus de lui poser à brule-pourpoint, comme nous disons ici dans le monde physique, les questions suivantes : As-tu à présent un nouveau corps physique ? La réponse fut affirmative. Ton véhicule actuel est-il masculin ou féminin ? Il répondit alors : « Mon corps actuel est féminin. » Dans quel pays t’es-tu réincarné ? « En Hollande. » Aimes-tu quelqu’un ? « Oui, dit-il, j’aime un prince hollandais et je pense me marier avec lui à telle date. » (Que le lecteur nous dispense de mentionner cette dernière).
Je pensais que ton amour serait strictement universel ; aime les roches, lui dis-je, les montagnes, les rivières, les mers, l’oiseau qui vole et le poisson qui glisse dans les eaux profondes. « L’amour humain ne serait-il donc pas une étincelle de l’amour divin ? » Ce type de réponse sous forme de question, prononcée par celui qui, dans sa réincarnation passée, s’appelait Goethe, me laissa, assurément, anéanti, perplexe, interdit. Indubitablement, l’insigne poète m’avait dit quelque chose d’irréfutable, d’indiscutable, d’exact.
Chapitre 32 – La Réincarnation
La Bhagavad-Gita, le livre sacré du Seigneur Krishna dit textuellement ce qui suit :
« L’Être ne nait pas, ne meurt pas ni ne se réincarne : il n’a pas d’origine, il est éternel, immuable, le premier de tous, et il ne meurt pas lorsqu’on tue le corps. »
Que nos lecteurs gnostiques réfléchissent maintenant sur le verset suivant, antithétique et contradictoire.
« Comme on laisse ses vêtements usés pour en revêtir de nouveaux, ainsi l’Être corporel laisse son corps usé pour entrer en d’autres nouveaux. »
Deux versets opposés du grand Avatar Krishna : si nous ne connaissions pas la clé, il va de soi que nous serions troublés :
« En laissant le corps, prenant le sentier du feu, de la lumière, du jour, de la quinzaine lumineuse de la Lune et du solstice septentrional, les connaisseurs de Brahma vont à Brahma.
« Le Yogi qui, en mourant, s’en va par le sentier de la brume, de la quinzaine obscure de la Lune et du solstice méridional, aboutit à la sphère lunaire (le monde astral) e après renait (retourne, se réincorpore).
« Ces deux sentiers, le lumineux et l’obscur sont considérés comme permanents. Par le premier, on s’émancipe, et par le deuxième, on renait (on retourne). »
Nous déclarons que l’Être, le Seigneur incarné dans quelque créature parfaite, peut revenir, se réincarner…
« Lorsque le Seigneur (l’Être) prend un corps ou le laisse, il s’associe avec les six sens ou les abandonne, et s’en va comme la brise qui emporte avec elle le parfum des fleurs.
« En dirigeant l’ouïe, les yeux, les organes du toucher, le gout et l’odorat, de même que le mental, il expérimente les objets des sens.
« Les ignorants, hallucinés, ne le voient pas quand il prend un corps, le laisse ou fait les expériences en s’associant avec les Gunas ; par contre, ceux qui ont les yeux de la sagesse le voient. »
Comme document extraordinaire pour la doctrine de la Réincarnation, il vaut la peine de méditer sur le verset suivant du Seigneur Krishna :
« Oh Bharata ! Toutes les fois que décline la religion et que prévaut l’irréligion, je m’incarne de nouveau (c’est-à-dire je me réincarne), pour protéger les bons, détruire les mauvais et établir la religion ; je m’incarne (ou me réincarne) à différentes époques. »
De tous ces versets du Seigneur Krishna, on en déduit logiquement deux conclusions.
- a) Les connaisseurs de Brahma vont à Brahma et peuvent, s’ils le veulent, revenir, s’incorporer, se réincarner, pour travailler dans le Grand-Œuvre du Père.
- b) Ceux qui n’ont pas dissout l’égo, le je, le moi, s’en vont, après la mort, par le sentier de la brume, de la quinzaine obscure de la Lune et du solstice méridional, ils atteignent la sphère lunaire, puis renaissent, retournent, se réincorporent dans cette douloureuse vallée du Samsara.
La doctrine du Grand Avatar Krishna enseigne que seuls les Dieux, Demi-Dieux, Rois Divins, Titans et Deva se réincarnent.
Le retour est quelque chose de très différent : il est incontestable, le retour des Kalpas, Yugas, Mahamanvantaras, Mahapralayas, etc., etc., etc.
La Loi de l’éternel retour de toutes choses est toujours combinée avec la Loi de la récurrence.
Les égos retournent sans cesse pour répéter drames, scènes et évènements, ici et maintenant. Le passé se projette vers le futur à travers la ruelle du présent.
Le mot Réincarnation est très exigeant ; on ne doit pas l’utiliser de n’importe quelle façon : personne ne pourrait se réincarner sans avoir d’abord éliminé l’égo, sans avoir en vérité une Individualité sacrée.
Incarnation est un mot très vénérable ; il signifie, en fait, la réincorporation du Divin dans un homme.
La Réincarnation est la répétition d’un tel évènement cosmique ; une nouvelle manifestation du Divin…
En aucune manière nous n’exagérons les concepts en soulignant l’idée transcendantale que la Réincarnation n’est possible que pour les Embryons d’Or, pour ceux qui ont déjà obtenu, dans un cycle de manifestation quelconque, l’union glorieuse avec la Sur-Âme.
Il serait absurde de confondre la Réincarnation avec le retour. Ce serait tomber dans un délire de la pire espèce que d’affirmer que l’égo —légion de moi ténébreux, sinistres et gauches— puisse se réincarner.
Chapitre 33 – Retour
Pour parler clairement et sans ambages, nous pouvons et devons affirmer qu’il y a trois formes humaines qui vont à la tombe :
- a) Le cadavre physique.
- b) Le corps vital ou Lingam Sarira.
- c) La personnalité.
Il est indéniable —et tout le monde le sait— que la forme dense se désintègre de façon graduelle à l’intérieur de la fosse sépulcrale.
Il est ostensible que le second aspect, le vital ou Lingam Sarira, flottant devant la tombe tel un fantôme phosphorescent parfois visible pour les gens très psychiques, se désintègre lentement, en même temps que le corps physique.
La troisième forme s’avère intéressante pour les clairvoyants : je veux me référer à la personnalité énergétique…
Ce serait certainement une sottise que de soulever l’idée d’une possible réincarnation pour la personnalité : cette dernière est fille du temps ; elle nait en son temps, elle meurt en son temps. Il n’existe aucun lendemain pour la personnalité du mort…
Au nom de la vérité, nous devons dire que la personnalité se forme pendant les sept premières années de l’enfance et qu’elle se renforce avec le temps et les expériences…
Après la mort du corps charnel, la personnalité va au tombeau ; cependant, il lui arrive souvent de s’échapper de la tombe pour déambuler dans le cimetière.
Notre compassion doit s’étendre très largement, même à ces personnalités errantes qui ont fait du sépulcre leur demeure…
Les peuples antiques n’ignoraient pas cela, et c’est pour cette raison qu’ils mettaient dans la tombe de leurs êtres affectionné des objets et des aliments en relation avec ces derniers. De nombreux archéologues ont pu le constater en découvrant des urnes funéraires, d’anciens tombeaux, des cénotaphes, des niches, des cryptes, des sarcophages…
Les fleurs et les visites de leurs proches réjouissent beaucoup les personnalités abandonnées.
Le processus de désintégration de ces personnalités est souvent, en vérité, épouvantablement lent.
Au moment où j’écris ces lignes, me reviennent à la mémoire mes compagnons tombés sur les champs de bataille durant la Révolution mexicaine : il est indubitable que leur personnalité sépulcrale est sortie de leur tombe pour me recevoir lorsque je les ai visités dans un vieux cimetière ; nul doute qu’ils m’ont reconnu et m’ont interrogé, s’enquérant et enquêtant sur mon existence et sur ma façon de vivre dans le présent.
Devi Kundalini, la Reine consacrée de Shiva, notre Divine Mère cosmique particulière, individuelle, assume en chaque créature cinq aspects mystiques transcendantaux qu’il est important d’énumérer :
- a) La Prakriti non manifestée.
- b) La chaste Diane, Isis, Tonantzin, Marie ou, pour mieux dire, RAM-IO.
- c) La terrible Hécate, Proserpine, Coatlicue, reine des enfers et de la mort ; terreur d’amour et de loi.
- d) La Mère Nature particulière, individuelle, créatrice et auteur de notre organisme physique.
- e) La Magicienne Élémentale à qui nous devons toute impulsion vitale, tout instinct.
La bienheureuse et divine Mère-Mort a le pouvoir de nous châtier lorsque nous violons la loi et la puissance pour nous enlever la vie.
Il est indéniable qu’elle n’est ni plus ni moins qu’une facette magnifique de notre Duade mystique, une forme splendide de notre propre Être. Sans son consentement, aucun Ange de la Mort n’oserait rompre le fil de la vie, le cordon d’argent, l’Antakarana.
Ce qui continue au-delà du sépulcre, c’est l’égo, le moi, le Je, une certaine somme de mois-diables qui personnifient nos défauts psychologiques.
Habituellement, ces « agrégats psychiques » se prolongent dans les Mondes Astral et Mental. Rares sont les Essences qui réussissent à s’émanciper pour quelque temps de ces éléments subjectifs pour jouir de certaines vacances dans le Monde Causal avant le retour à cette vallée de larmes.
En ces temps ténébreux du Kali-Yuga, la vie céleste entre la mort et la nouvelle naissance devient chaque fois plus impossible. La cause d’une nouvelle anomalie réside dans le renforcement de l’égo animal ; l’Essence de chaque personne est trop étranglée par le moi pluralisé.
Les égos, normalement, se submergent à l’intérieur du règne minéral, dans les Mondes infernaux, ou bien retournent de façon immédiate ou médiate dans un nouvel organisme.
L’égo continue dans la semence de nos descendants ; nous retournons sans cesse pour répéter toujours les mêmes drames, les mêmes tragédies.
Nous devons certifier avec fermeté que ce ne sont pas tous les agrégats psychiques qui parviennent à un tel retour humain ; réellement, beaucoup de mois-diables se perdent en chemin, à cause du fait que ou bien ils s’immergent à l’intérieur du règne minéral, ou bien ils continuent en se réincorporant dans des organismes animaux, ou encore s’accrochent résolument, adhèrent en quelque endroit déterminé.
Chapitre 34 – Fécondation
Il est incontestable que les ovaires émettent un œuf tous les vingt-huit jours, lequel est recueilli dans l’une des trompes de Fallope et conduit sagement à l’utérus des prodiges, où doit avoir lieu la rencontre avec le germe masculin (spermatozoïde) si une nouvelle vie doit commencer.
Le Sahaja Maïthuna, le Sexe Yoga, avec tout ses asanas tantriques et son fameux Coïtus Reservatus, même s’il limite la quantité des fécondations, ne constitue en aucune façon un obstacle pour quelques conceptions.
Un spermatozoïde mûr peut s’échapper durant le Sahaja Maïthuna pour réaliser la fécondation.
Il s’avère intéressant que des six ou sept millions de spermatozoïdes que n’importe quel profane commun et courant perd dans un coït, un seul heureux spermatozoïde parvienne à pénétrer dans l’ovule.
Il est ostensible que le spermatozoïde fécondant capable d’entrer dans l’œuf possède une grande force.
Il n’est pas superflu de souligner l’idée que la dynamique du spermatozoïde fécondant est due à l’Essence qui retourne se réincorporer.
Il s’avère donc manifestement absurde de renverser la Coupe d’Hermès, de perdre plusieurs millions de spermatozoïdes quand, en réalité, il n’est nécessaire que d’un seul spermatozoïde fécondant…
Nous les gnostiques, nous créons avec le pouvoir de Kriya-Shakti, le pouvoir de la Volonté et du Yoga ; jamais de notre vie nous ne renversons la Coupe du Mercure des Sages.
Il n’y a pas, dans la vie, de force plus puissante dans son expression que l’effort que font les germes masculin et féminin pour se rencontrer.
L’utérus est l’organe sexuel féminin où se développe le fœtus ; le vestibule de ce monde où la créature se prépare pour son avènement.
On nous a dit avec une grande justesse qu’il est possible de choisir et déterminer volontairement le sexe de l’enfant ; cela est possible lorsque la loi du Karma le permet.
Dans l’imagination de tout homme existe toujours le prototype vivant d’une beauté féminine idéale…
Dans l’imagination de toute femme, il ne manque jamais d’exister quelque prince charmant ; ceci a déjà été démontré…
Si, au moment du coït, prédomine le désir masculin, le fruit de l’amour sera une femelle…
Si, au moment précis de la copulation, ressort le désir féminin, le nourrisson sera un mâle…
En nous basant sur ce principe, nous pouvons formuler que si les deux, Adam-Ève, se mettent d’accord pour créer, nul doute qu’ils peuvent déterminer volontairement le sexe de la créature.
Si, au moment transcendant de la copulation chimique, mari et femme, d’un mutuel accord psychologique, désirent vraiment un fils, le résultat manifeste sera un garçon.
Si, au moment merveilleux du coït métaphysique, elle et lui désirent ardemment une fille, le résultat sera une fille.
Il est écrit avec des charbons incandescents dans les pages du livre de la vie, que toute conception se réalise sous les influences cosmiques de la Lune en Cancer.
La mort et la conception se trouvent en relation intime. Les extrêmes se touchent. Le sentier de la vie est formé par les traces de pas du cheval de la mort.
Les derniers instants de l’agonisant se trouvent associés aux délices érotiques des couples qui s’aiment…
À l’ultime seconde de la vie, au moment précis où nous exhalons le dernier souffle, nous transmettons au futur organisme qui nous attend au-delà du temps et de la distance une certaine configuration cosmique particulière qui vient se cristalliser dans l’œuf fécondé…
C’est par l’intermédiaire du cordon d’argent, le fameux Antakarana, que nous sommes connectés au spermatozoïde fécondant…
Mais l’Essence, précisons-le, ne pénètre dans le corps physique qu’au moment où nous faisons notre première inspiration…
Chapitre 35 – Beauté
Waldemar dit : « Elle est trop bien connue, ladite peur durant la grossesse de la femme, pour que nous nous étendions sur ce sujet particulier. Cela concerne les agitations spéciales de l’âme, qui œuvrent sur le tendre fruit qui se trouve dans le ventre maternel. Mais, de manière singulière, jamais on n’a suffisamment tenu compte de l’immense importance qu’exerce l’influence psychique sur le fœtus.
« Puisqu’une simple suggestion d’objets peut entrainer une transformation physique de ce fœtus ; ainsi, une femme donna le jour, il y a quelque temps de cela, dans un hôpital berlinois, à un monstre qui avait des oreilles et un museau de chien et le pelage d’une bête. Parmi mes connaissances, il s’est produit ce cas : la femme d’un industriel de Chemnitz, visitant fréquemment le zoo pendant sa grossesse, car elle aimait beaucoup voir les lionceaux, donna le jour à des jumeaux ayant une tête léonine et des griffes ; les deux créatures étaient dépourvues d’intelligence humaine et moururent à l’âge de onze et douze ans respectivement.
« On a souvent entendu dire, à propos de femmes qui, durant leur grossesse, ont eu peur d’un rat, que le nouveau-né avait sur la peau une plaque ou une tache semblable au poil du rat, à l’endroit exact où sa mère avait porté la main au moment où elle fut saisie de frayeur.
« Dans l’antiquité, poursuit Waldemar, on tirait la conséquence correspondante de la frayeur soudaine des femmes ; elle pouvait produire des résultats négatifs, mais aussi positifs. Ainsi, Oppian nous montre que les femmes de Sparte donnaient le jour à des créatures extraordinairement bel et bien constituées grâce au fait qu’elles avaient sous les yeux, dans leur chambre à coucher, des statues d’Apollon, d’Hyacinthe, de Narcisse et des Dioscures et, en outre, qu’elles se délectaient durant leur grossesse de la musique des harpes et des flutes.
« Aussi, on exigeait des maris spartiates que durant la grossesse de leur femme, ils ne montrent jamais un air sombre ou de mauvaise humeur, mais toujours un air satisfait. Héliodore raconte que d’un couple d’époux affreusement laids naquit un rejeton extraordinairement beau parce que la mère avait toujours devant elle, dans sa chambre, une merveilleuse statue grandeur nature d’Adonis. Également, le tyran de Chypre, déformé et laid, fut néanmoins le père de petits garçons étonnamment beaux, et ceci était dû à ce qu’il avait fait orner la chambre à coucher de rayonnantes figures de divinités.
« Au cours de l’histoire, il est arrivé à plusieurs reprises que les femmes aient été soupçonnées d’infidélité à cause de leur émoi de grossesse.
« Persine, la femme à la peau sombre de Hydaspe, également à la peau sombre, donna le jour, au bout de dix ans de mariage stérile, à une fille complètement blanche. Dans son désespoir, parce que son mari ne croirait pas à son innocence et l’accuserait d’avoir eu une liaison avec un étranger, elle abandonna l’enfant, à qui elle avait donné le nom de Chariclée. Il arriva qu’elle la revît au bout de plusieurs années. Heureuse, elle déclara alors à sa fille : comme à ta naissance tu étais blanche, couleur qui contredit la nature des Éthiopiens, maintenant j’en reconnais moi-même la cause : dans les bras de mon mari, j’avais vu l’image d’Andromède nue lorsque Persée la tira des rochers et c’est pour cette raison que tu as obtenu cette couleur. À la suite de quoi Persine confessa à son mari qu’il avait une fille ; elle fit mettre l’image d’Andromède près de Chariclée et, en effet, la ressemblance était déconcertante. Hydaspe se laissa convaincre, stupéfait, et le peuple, rempli d’allégresse, combla les trois de félicitations.
« D’ailleurs, un critique à l’esprit aussi pénétrant que Lessing montre de façon très expressive que les arts plastiques en particulier, à part l’infaillible influence qu’ils ont sur le caractère de la nation, sont capables d’une action qui oblige à un contrôle plus serré de la part de l’État. Si de beaux êtres créent de belles statues, celles-ci agissent en retour sur ceux-là et l’État doit être reconnaissant envers les belles statues pour les beaux citoyens. De nos jours, l’imagination délicate de la mère ne semble s’extérioriser qu’en suscitant des monstres. »
Il est nécessaire de revenir au point de départ originel et de cultiver avec une intensité particulière l’aspiration à la beauté de l’esprit…
La chambre conjugale doit devenir le temple de l’art ; elle est en elle-même le centre magnétique de l’amour…
Les femmes enceintes ne doivent jamais perdre la capacité de s’étonner…
Contemplez, ô Filles de Vénus ! Les divines sculptures de votre chambre afin que le fruit de votre amour soit réellement beau…
Créez des beautés, je vous le demande, au nom de l’amour de la vérité… Soyez heureuses, mes bienaimées, soyez heureuses avec vos créations…
L’alcôve nuptiale est le sanctuaire de Vénus, ne le profanez jamais avec des pensées indignes.
Chapitre 36 – Intelligence
La procréation magique, ésotérique, sans éjaculation séminale, l’imprégnation idéoplastique du fœtus, devrait être animée par l’intelligent désir de procurer à l’enfant les meilleures propriétés caractéristiques et la possibilité d’une longue vie, pleine de lumière et de vitalité…
Le moment opportun pour engendrer des enfants sains et intelligents se situe dans la courbe ascendante de la vie, alors que l’Essence merveilleuse de l’enfant porté vers la lumière du jour par le grand souffle, dans la joyeuse résurrection subtile de la grande nature, sera réincorporée dans l’efflorescence générale de la Vie universelle.
Il est écrit en lettres de feu que toute la puissance de l’action et de l’énergie psychique et physique est atteinte dans la procréation magique de manière très spéciale dans le quatrième croissant de mai et à l’heure du lever du Soleil.
Les fils de la nuit nuptiale, ou ces infortunés qui furent engendrés après de copieux banquets et des beuveries sont porteurs de valeurs animiques très inférieures…
Les neurasthéniques, ceux qui souffrent de complexes de toute sorte, les lâches, les misanthropes, les schizophrènes, les masochistes, les assassins de tout genre, les ivrognes endurcis, les homosexuels, les lesbiennes, les empotés, les endormis, les imbéciles et les idiots, qui en outre ajoutent à leur tare répugnante un corps chétif et déformé, proviennent d’abominables et hasardeuses cohabitations ou bien de l’influence de maladies vénériennes…
La procréation incontrôlée de créatures, à l’improviste, à des moments d’inconscience et d’ébriété, souvent sous l’influence dépravée de l’alcool, agit comme une malédiction pour les générations postérieures…
C’est seulement lorsqu’Adam-Ève vivent dans un état auto-exaltant, constructeur et essentiellement dignifiant, que se produit cet échange mutuel de forces animiques à travers chaque cellule, et qu’ils réussissent réellement à engendrer un fils du soleil, une belle créature physiquement et animiquement heureuse…
Il est proprement inconcevable que l’homme qui, en tant qu’éleveur de bétail ou jardinier, se soucie avec le plus grand soin de produire les meilleurs exemplaires de bêtes et les fruits et plantes les plus belles, les plus parfumées et bariolées, au moyen de la sélection et du croisement des produits et semences les plus sélectionnés, que l’homme, donc, exclue en général, dans la génération de sa propre espèce, ces précautions, ce soin minutieux, cette attention.
La qualité du semen se trouve intimement associée à la puissance imaginative ; si l’on commet le crime de répandre cet élixir merveilleux, on appauvrit la faculté créatrice, la translucidité, l’imagination ; alors donc, il n’est plus possible de maintenir avec une égale fraicheur dans le mental quelque belle image que nous pourrions utiliser pour donner vie et forme à une créature resplendissante.
Platon, qui dans son « Banquet » nomme la doctrine de la beauté les Mystères d’Éros, définit l’amour comme une appétence divine insufflée à l’homme et d’un grand pouvoir universel, qui arrive à enthousiasmer le cœur pour créer des enfants sains et beaux…
On sait que chaque mois, durant la phase de la pleine lune, un ovule se détache de l’ovaire de la femme, ce qui cause une hémorragie ; cela s’appelle la menstruation.
L’ovule qui n’est fécondé par aucun spermatozoïde abandonne l’utérus au bout de quelques jours, et un nouveau rythme vital commence.
On nous a dit qu’à l’endroit où l’ovule s’est détaché, il se forme ce qu’on nomme le corps jaune, lequel est infinitésimal.
Celui-ci est le fruit merveilleux qui renferme la précieuse substance de la puissance nerveuse, de laquelle provient une puissance énergétique et structurante pour tout le corps.
Le courant sanguin, ainsi que toutes les cellules vitales, sont alors, pour ainsi dire, rechargés électriquement.
Plus chaste sera la femme, plus elle transmute et sublime l’énergie sexuelle, et plus se produit en elle une réanimation physique et animique…
Il est indubitable que tant qu’elle aura des spasmes et des orgasmes, il se produira une diminution de la sécrétion interne structurante. Les précieux noyaux organiques des glandes génitales ne pourront donc pas se transformer en cette substance éthérée de tissu subtil qui accorde aux cellules du corps physique tension et rénovation, et alors viendront la vieillesse prématurée et les maladies.
Également, le rythme respiratoire plus long ou plus court de la mère détermine, au moment de l’accouchement, la qualité de la première inspiration du nouveau-né ; c’est à travers ce rythme de respiration que le monde s’offrira à lui et qu’il en ressentira le gout ou le dégout, la valeur ou la futilité.
La passion aveugle dans l’acte charnel engendre des remous électromagnétiques désordonnés, et ces oscillations vitales héritées provoquent une dissonance d’autant plus grande, dans les cellules de l’enfant, que l’aspect positif de l’influence paternelle ne peut ouvrir une brèche…
Il est ostensible que grâce à la Chasteté scientifique, la beauté et l’amour, l’œuf fécondé sera imprégné par une Essence très développée, et le résultat sera alors une fille ou un fils pourvu de riches valeurs animiques.
Chapitre 37 – La Loi du Karma
En ce qui concerne les expériences métaphysiques transcendantes, il n’est pas superflu d’assurer solennellement que j’ai été pleinement satisfait de l’usage intelligent de l’Eidolon…
Sans me glorifier d’aucune façon de certaines découvertes d’ordre ésotérique, je vais, simplement, humblement, relater un évènement intime remarquable :
Il arriva qu’une nuit, nous trouvant absents de la forme dense, la Maîtresse Litelantes et moi, nous résolussions de nous mettre en contact avec le temple du Zodiaque.
Il est notoire et évident, et n’importe qui peut le comprendre, que trouver un tel Sanctuaire ici, dans le monde tridimensionnel d’Euclide, s’avèrerait une chose plus qu’impossible…
Ce n’est donc pas une chose étrange, insolite et inusitée que pour ce genre d’investigation expérimentale, nous ayons utilisé l’Eidolon.
Je ne veux en aucune façon me prétendre savant, je me propose seulement, ici même, de montrer que ce contact s’est révélé merveilleux…
Le Sancta Santorum zodiacal, virginal, resplendit glorieusement au milieu des rythmes ardents du Mahavan et du Chotavan, qui soutiennent fermement l’univers dans sa marche.
Temple cosmique, basilique de lumière zodiacale avec douze chapelles, Maison sidérale du divin…
Sublime Église circulaire aux enchantements irrésistibles : des Sanctuaires opposés qui se complètent mutuellement, situés face à face…
Après nous être projetés dans le futur, au-delà de notre présente réincarnation, Litelantes pénétra résolument dans le Sanctuaire de la brillante constellation de la Balance…
Sur le seuil de cette chapelle, il y avait une effigie ressemblant à un ange ; il soutenait d’une main la Balance de la Justice cosmique, et de l’autre il empoignait l’Épée.
Litelantes, avançant de quelques pas à l’intérieur de l’enceinte sacrée, s’arrêta enfin, en se trouvant sur une pierre vénérable… Vas-tu poursuivre avec la Balance ? Oui ! Mais prends garde : la Pierre de cette constellation est très froide… Sans importance ! Ainsi répondit l’Initiée…
Étant donné que cette Dame-Adepte se prépare actuellement à accomplir une mission très spéciale avec un corps masculin, nul doute que la constellation de la Balance lui sera très favorable, surtout lorsque son travail devra s’accomplir dans le domaine des lois…
Moi, pour ma part, plein de profond recueillement et d’immense vénération, je m’introduisis résolument à l’intérieur du « Saint » sublime de la constellation du Lion.
Le seuil de cet oratoire était orné d’un couple de brillants lions d’or pur…
Il me fallut m’allonger, silencieux, en décubitus dorsal (sur le dos), sur un délicieux divan dont les bras léonins resplendissaient…
Mon intention était d’attendre à l’intérieur de ce Sanctuaire les sublimes Archontes du destin…
Il est ostensible que ceux-ci manipulent l’Antakarana (le Fil de la vie), en le connectant au spermatozoïde fécondant…
Tout être vivant, en mourant, emporte au-delà de la mort l’atome-semence de son corps physique…
Les Seigneurs du Karma déposent cet atome dans le spermatozoïde fécondant afin que nous puissions nous réincorporer…
L’extrémité du Fil magnétique est reliée à cet atome. N’importe quelle créature, durant le sommeil normal, sort du corps pour voyager, souvent à de grandes distances ; le Fil de la vie s’allonge jusqu’à l’infini et toujours nous permet de revenir au corps physique…
À la mort, les Anges de la Mort coupent ce fil d’argent, et il va de soi qu’alors nous ne pouvons plus retourner au corps physique…
Quant à moi, avancé dans le temps, je n’ignorais rien de cela et j’attendais patiemment les Seigneurs de la Loi ; je désirais me réincarner sous la constellation du Lion…
Mais en réfléchissant un peu, je me dis à moi-même : que fais-je ici ? Je dois attendre les ordres de mon Père ; en outre, on m’a dit que, pendant ce Mahamanvantara, je n’aurai plus d’autre corps physique… Après avoir réfléchi à tout ceci, je me levais et je sortis de ce lieu sacré.
Il est ostensible que les Maitres peuvent choisir à volonté le signe zodiacal sous lequel ils vont se réincarner…
Dans le temple zodiacal, à l’intérieur du « Saint » choisi, les Initiés attendent les Seigneurs du Karma dans le but de se mettre en relation psychique avec le spermatozoïde fécondant qui, naviguant dans les eaux de la vie, doit les conduire au monde physique, sous la régence de la constellation choisie.
Pour les Bouddhatas (Essences) inconscientes de la vallée douloureuse du Samsara, tout est différent ; elles se désincarnent sans le savoir et se réincorporent automatiquement sous n’importe quel signe…
En ce qui concerne ce retour, il n’existe pas d’injustice ; les Maitres du Karma choisissent le signe zodiacal de ceux qui dorment…
Lorsque nous prenons notre première inspiration, nous devenons imprégnés intimement par l’étoile qui doit gouverner notre nouvelle existence…
Dans le livre merveilleux du Zodiaque est écrite la destinée de toute créature qui revient au monde…
On paie du Karma non seulement pour le mal qu’on fait, mais encore pour le bien qu’on a négligé de faire et qu’on aurait pu faire…
Chaque mauvaise action est un emprunt que nous signons, pour le rembourser dans la vie suivante…
La loi d’action et conséquence gouverne le cours de nos diverses existences, et chaque vie est le résultat de la vie antérieure…
Comprendre intégralement les bases et le modus operandi de la Loi du Karma est indispensable pour orienter le navire de notre vie de façon positive et constructive…
Un Grand Maitre de la Bonne Loi, vêtu d’un immaculé vêtement de lin blanc, s’approchant tout doucement, me donna l’enseignement suivant :
« Lorsqu’une loi inférieure est transcendée par une loi supérieure, la loi supérieure efface la loi inférieure. »
Durant les processus ésotériques initiatiques du feu, il me fallut comprendre pleinement les postulats suivants :
« On combat le Lion de la Loi avec la Balance. »
« Celui qui a du capital pour payer paie, et ses affaires vont bien. »
« Celui qui n’a pas de quoi payer doit payer avec de la douleur… »
« Fais de bonnes œuvres pour payer tes dettes… »
Il est possible d’obtenir des crédits des Maitres du Karma, et ceci est une chose que beaucoup ignorent…
Cependant, il est urgent de savoir que tout crédit doit être remboursé par des bonnes œuvres ou par une suprême souffrance…
Je devais du Karma de vies antérieures et je fus pardonné. On m’avait déjà annoncé une rencontre spéciale avec ma Divine Mère Kundalini ; je savais fort bien qu’en parvenant à un certain degré ésotérique, je serais conduit en sa présence.
Et certes, le jour tant attendu arriva et je fus conduit devant elle : un Adepte de la Fraternité occulte me tira du corps physique dans l’Eidolon et m’emmena au Sanctuaire…
Je vis sur le mur du Sancta un mystérieux obélisque sur lequel resplendissait une Madone terriblement divine ; c’était ma Mère…
Soumis, agenouillé, prosterné, dans une totale adoration, j’ai pleuré, imploré, supplié…
Cette madone s’est détachée de l’obélisque et, synthèse merveilleuse de la Sagesse, de l’Amour et du Pouvoir, elle s’est approchée de moi…
Impossible d’expliquer avec des mots humains ce que, en ces instants d’extase, j’ai ressenti : en elle se trouvait représenté le meilleur de toutes ces adorables petites mères que j’ai eues dans mes diverses réincarnations.
Mais… nul doute qu’elle était beaucoup plus que cela, grâce à ses infinies perfections.
Nous nous sommes assis dans de confortables fauteuils, face à face, très proches l’un de l’autre, fils et Mère… J’avais quelque chose à demander et j’ai parlé avec une voix qui m’a étonné moi-même.
Je te prie de me pardonner toutes les fautes que j’ai commises dans mes vies antérieures, parce que tu sais qu’à présent je serais incapable de tomber dans ces mêmes erreurs.
« Je le sais, mon fils », répondit ma Mère Divine avec une voix de paradis, pleine d’une infinie tendresse.
Pas même pour un million de dollars je ne répèterais ces erreurs, continuais-je…
« Qu’est-ce que cette histoire de dollars, mon fils ? Pourquoi dis-tu cela ? Pourquoi parles-tu ainsi ?… »
Excuse-moi, ma Mère, ce qui arrive c’est que là-bas, dans ce monde physique vain et illusoire où je vis, on parle ainsi…
« Je comprends, mon fils », répondit ma Mère, et par ces paroles de l’Adorable, je me sentis réconforté…
Maintenant, ma Mère, je te demande de me bénir et de me pardonner, m’exclamais-je, rempli d’une béatitude suprême…
Terrible fut ce moment où ma Mère, à genoux, prosternée avec une infinie humilité, me bénit en disant : « Mon fils, tu es pardonné »…
Permets-moi d’embrasser tes pieds, ma Mère, m’écriais-je. Alors, oh Dieu ! En déposant le baiser mystique sur ses pieds divins, je découvris dans ce geste un symbole équivalent à celui du lavement sacré de la Dernière Cène.
Il est ostensible que j’ai capté intuitivement la profonde signification de ce symbole…
J’avais déjà dissout le moi pluralisé dans les régions minérales de notre planète Terre, mais je devais encore mourir dans les enfers de Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune…
Plus tard, après avoir analysé une erreur très lamentable de ma réincarnation passée, je fus sur le point d’être renversé par une voiture, à Mexico ; il est incontestable que si auparavant le Karma ne m’avait pas été pardonné, j’aurais abouti au cimetière ou à l’hôpital…
Lorsque j’ai eu en main le livre de ma propre destinée, car chaque personne a le sien, ses pages étaient blanches ; les comptes en souffrance avaient été effacés par ma Divine Mère Kundalini. La seule chose que je trouvais, dans une page, c’est le nom d’une montagne où, plus tard, je devrai vivre…
Est-ce un Karma quelconque ? Demandais-je aux Seigneurs de la Loi. « Ce n’est pas du Karma », me répondit-on. « Vous irez vivre là pour le bien de la Grande Cause. » Mais cela n’est pas obligatoire ; on m’accorde la liberté de choisir…
À présent, je ne dois plus de Karma humain commun et courant, mais il est clair que je dois payer de l’impôt aux Seigneurs de la Loi. Tout a un prix, et le droit d’avoir un corps physique et de vivre dans ce monde, il faut le payer ; nous, les Adeptes de la Fraternité occulte, nous payons par de bonnes œuvres…
Négocier avec les Seigneurs de la Loi est possible à travers la méditation : priez, méditez et concentrez-vous sur Anubis le régent le plus exalté de la Bonne Loi…
Pour l’indigne, toutes les portes sont fermées, sauf une : celle du repentir… Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira.
Chapitre 38 – La Loi de Récurrence
C’est par une série de récits insolites que je veux expliquer maintenant ce qu’est la Loi de Récurrence.
Assurément, cette loi n’a jamais été pour moi quelque chose de nouveau, d’étrange ou d’extravagant : au nom de Cela qui est le Divin, je dois affirmer avec énergie que cette règle pragmatique, je ne l’ai connue qu’à travers les évènements inusités de mon vécu.
Rendre compte de tout ce que, réellement, nous avons expérimenté directement est un devoir envers nos semblables.
Jamais je n’ai voulu m’échapper, m’esquiver intellectuellement de cette multiple variété de souvenirs en relation avec mes trois dernières existences antérieures et avec ce qui correspond à ma vie actuelle.
Pour le bien de la Grande Cause pour laquelle nous luttons intensément, je préfère payer mon dû, assumer mes responsabilités, confesser franchement mes erreurs en m’en remettant au verdict solennel de la conscience publique.
En toute franchise et sans ambages, il est opportun de déclarer ici même que j’ai été, en Espagne, le marquis Juan Conrado, troisième grand Seigneur de la province de Grenade.
C’était, incontestablement, l’époque dorée du fameux Empire d’Espagne : le cruel conquistador Hernan Cortes, une personne perfide, avait transpercé de son épée le cœur du Mexique tandis que l’impitoyable Pizarro, au Pérou, faisait fuir les cent-mille vierges.
Tout comme beaucoup de nobles et de plébéiens, d’aventuriers et de pervers qui, en quête de fortune, s’embarquaient constamment pour la Nouvelle Espagne, je ne pouvais d’aucune manière être une exception.
Dans une simple caravelle, fragile et légère, je naviguais durant plusieurs mois sur l’océan orageux dans le but de parvenir à ces terres d’Amérique.
Il n’est pas superflu de certifier que jamais je n’ai eu l’intention de saccager les temples sacrés des augustes Mystères, ni de conquérir des peuples ou de détruire des citadelles.
Si j’ai parcouru ces terres d’Amérique, c’est, je l’affirme, en quête de fortune ; malheureusement, j’ai commis quelques erreurs.
Il est nécessaire de les étudier pour connaitre les parallèles et constater concrètement comment fonctionne la sage Loi de Récurrence.
C’était mon temps de Bodhisattva tombé et je n’étais certes pas une douce brebis.
Les siècles ont passé, et comme j’ai la conscience éveillée, il est évident que jamais je n’ai pu oublier toutes ces sottises.
Le premier parallèle que nous devons étudier correspond exactement à mon corps physique actuel.
Après être arrivé de la mère patrie dans une frêle embarcation, je m’établis tout près des falaises, sur les côtes de l’Atlantique.
En ces jours de la conquête espagnole, il y avait, malheureusement, ce trafic international relatif à l’infâme vente des noirs africains.
Alors, pour le bien ou pour le mal, j’ai connu une noble famille de couleur, originaire d’Algérie.
Je me souviens encore d’une petite demoiselle très noire, et aussi belle qu’un rêve miraculeux des Mille-et-une Nuits.
Si j’ai partagé avec elle le lit des plaisirs dans le jardin des délices, c’est que j’étais, réellement, mu par l’aiguillon de la curiosité ; je voulais connaitre le résultat de ce croisement racial.
Que de ce croisement soit né un rejeton mulâtre, il n’y a là rien d’extraordinaire ; puis vinrent le petit-fils, l’arrière-petit-fils et l’arrière arrière-petit-fils.
En ces temps de Bodhisattva tombé, j’avais oublié les fameuses marques astrales qui ont leur origine dans le coït et que toute désincarnée porte dans son Karmasaya.
Il s’avère clair et manifeste que ces marques nous mettent en relation avec les gens et le sang associés par le coït chimique ; soulignons, en passant, que les Yogis de l’Inde ont déjà consacré à ce sujet des études minutieuses.
Il n’est pas inutile de déclarer que mon corps physique actuel provient de ladite copulation métaphysique ; en d’autres mots, je dirai que c’est ainsi que j’en suis venu à être revêtu de la chair que je porte dans mon existence présente. Mes ancêtres paternels furent précisément les descendants de cet acte sexuel du Marquis.
C’est une chose étonnante que nos descendants, à travers le temps et la distance, deviennent nos ascendants. Il est merveilleux qu’après quelques siècles, nous venions nous revêtir à nouveau de notre propre chair, nous convertir en fils de nos propres fils.
Des voyages incessants à travers ces terres de la Nouvelle Espagne caractérisèrent la vie du Marquis, voyages qui furent répétés dans mes existences subséquentes, l’actuelle incluse.
Litelantes, comme toujours, était à mes côtés, supportant patiemment toutes ces bêtises de mon temps de Bodhisattva tombé. En arrivant à l’automne de la vie, dans chacune de mes réincarnations, je confesse sans ambages que toujours j’ai fini par aboutir avec la « Fossoyeuse », je veux parler d’une antique initiée pour laquelle j’abandonnais toujours ma femme et qui, d’une existence à l’autre, accomplissait son devoir de me donner une sépulture chrétienne.
Au déclin de ma vie présente, elle revint vers moi, cette antique Initiée ; je la reconnus immédiatement, mais étant donné qu’à présent je ne suis plus tombé, je l’ai répudiée avec douceur ; elle s’est éloignée, affligée.
Revêtu de cette personnalité hautaine, voire même insolente, du Marquis, j’ai entrepris le retour à la mère patrie, après une certaine querelle dégoutante motivée par un chargement de diamants bruts extraits d’une mine fort riche.
Pour le bien de nombreux lecteurs, il n’est pas superflu de mettre une certaine insistance pour affirmer crument qu’après un court intervalle dans la région des morts, j’ai dû entrer à nouveau en scène en me réincarnant en Angleterre.
Je suis entré dans l’illustre famille Bleler et on me baptisa du pieux prénom de Siméon.
Dans la fleur de ma jeunesse, je suis passé en Espagne, mu par l’intense désir intime de retourner en Amérique. C’est ainsi que travaille la Loi de Récurrence.
Indubitablement, les mêmes scènes se sont répétées, dans l’espace et dans le temps, des drames identiques, des adieux similaires, etc., y compris, comme il se doit, le voyage à travers l’océan tumultueux.
Intrépide, je sautais à terre sur les côtes tropicales de l’Amérique du Sud, habitées alors par différentes tribus.
En explorant de vastes régions couvertes de forêts qui regorgeaient de bêtes féroces, j’atteignis la vallée profonde la Nouvelle Grenade, au pied des montagnes de Montserrat et Guadeloupe : beau pays gouverné par le vice-roi Solis.
Il est indéniable qu’en ce temps-là en fait, je commençais à payer le Karma que je devais depuis les années du Marquis.
Parmi ces créoles de la Nouvelle Espagne, mes efforts pour obtenir un travail bien rémunéré se révélaient inutiles ; désespéré par ma mauvaise situation économique, je m’enrôlais comme simple soldat dans l’armée du Souverain : là, au moins, je trouvais pain, vêtement et refuge.
Un jour de fête, il arriva que de très bon matin, les troupes de sa Majesté s’apprêtaient à rendre des honneurs très spéciaux à leur chef, et pour cela se distribuaient ici et là, effectuant des manœuvres dans le but d’organiser des files.
Je me souviens encore d’un certain sergent antipathique et querelleur qui, passant en revue son bataillon, lançait des cris, maudissait, frappait, etc.
Tout à coup, s’arrêtant devant moi, il m’insulta gravement parce que mes pieds n’étaient pas dans la position militaire correcte, puis, examinant minutieusement mon veston, il me souffleta perfidement.
Ce qui arriva par la suite n’est pas bien difficile à deviner : on ne peut jamais rien attendre de bon d’un Bodhisattva tombé. Sans aucune réflexion, stupidement, j’enfonçais ma baïonnette acérée et sanguinaire dans sa poitrine aguerrie.
L’homme tomba à terre, blessé mortellement ; on entendait partout des cris de frayeur, mais je fus astucieux et, profitant précisément de la confusion, du désordre et de l’épouvante, je m’échappais de cet endroit, poursuivi de très près par la soldatesque bien armée.
J’empruntais plusieurs chemins en direction des côtes escarpées de l’océan Atlantique ; je me cachais n’importe où, et j’évitais toujours de passer par les barrages douaniers en faisant de grands détours à travers la forêt.
Dans les chemins carrossables, qui étaient très rares en ce temps-là, passaient à côté de moi des voitures tirées par une paire de vigoureux coursiers : dans ces véhicules voyageaient des gens qui n’avaient pas mon Karma, des personnes riches.
Un jour, au bord du chemin, près d’un village, je trouvais une humble auberge et y pénétrais, dans l’esprit de boire un verre, histoire de me redonner un peu de courage.
Stupéfait ! Interdit ! Ébahi ! Je découvris que la patronne de ce commerce était Litelantes ! Oh ! Je l’avais tellement aimée et maintenant je la retrouvais mariée et mère de plusieurs enfants. Quelle réclamation pouvais-je faire ? Je payais la note et je sortis, le cœur déchiré…
Je continuais à marcher sur le sentier lorsqu’avec une certaine crainte, je pus constater que quelqu’un venait derrière moi : le fils de la dame, une espèce d’alcade, de maire rural. Le jeune homme prit la parole pour me dire : « Selon l’article 16 du Code du vice-roi, vous êtes en état d’arrestation. » J’essayais, inutilement, de le suborner : le jeune homme, bien armé, me conduisit devant les tribunaux et il est évident qu’après avoir été condamné, je dus payer, par un très long emprisonnement, la mort du Sergent.
Lorsqu’on me remit en liberté, je longeais les rives sauvages et terribles du puissant fleuve Magdalena, exerçant de très durs travaux matériels partout où j’en avais l’occasion.
En guise de parenthèse intéressante dans ce chapitre, je dois dire que l’Essence de cet alcade à cause duquel j’ai dû supporter tant d’amertumes, enfermé dans une immonde bassefosse, est retournée avec un corps féminin ; elle est maintenant ma fille ; en passant, elle est même, aujourd’hui, mère de famille et m’a donné quelques petits-enfants.
Avant sa réincorporation, j’ai interrogé cette âme dans les mondes suprasensibles ; je lui ai demandé la raison qui la poussait à me vouloir pour père ; elle me répondit en disant qu’elle avait du remords pour le mal qu’elle m’avait causé et qu’elle voulait se distinguer par une bonne conduite avec moi, afin d’amender ses erreurs. J’avoue qu’elle est en train de remplir son engagement.
À cette époque, je me suis établi sur les côtes de l’océan Atlantique, après d’infinies amertumes karmiques, revenant ainsi sur tous les pas de l’insolent marquis Juan Conrado. Le mieux que j’ai fait fut d’avoir étudié l’ésotérisme, la médecine naturelle, la botanique…
Les nobles aborigènes de ces terres tropicales m’offrirent leur amour reconnaissant pour mon labeur de Galien : je les guérissais toujours de façon désintéressée…
Une chose insolite se produisit un jour : il s’agit de la spectaculaire apparition d’un grand seigneur venu d’Espagne. Ce gentilhomme me raconta ses infortunes. Il apportait dans son navire toute sa fortune et les pirates le poursuivaient. Il voulait un endroit sûr pour ses abondantes richesses.
Fraternellement, je lui apportais la consolation et lui proposais même de creuser une grotte pour y garder ses richesses : le sieur accepta mes conseils, non sans exiger de moi auparavant un solennel serment d’honnêteté et de loyauté.
Avec la fraicheur de la sincérité et le parfum de la courtoisie, nous nous sommes tous les deux mis d’accord. Ensuite j’ai donné des ordres à mes gens, un groupe très choisi d’aborigènes : ces derniers entrouvrirent l’écorce de la terre.
Une fois le trou fait, nous y déposâmes, avec une grande diligence, une grande malle et un coffre plus petit contenant des pépites d’or massif et de précieux joyaux d’une valeur incalculable.
Au moyen de certains exorcismes magiques, j’obtins l’enchantement de la « joyosa guardada », comme dirait Don Mario Roso de Luna, dans le but de le rendre invisible aux désagréables yeux de la convoitise.
Le gentilhomme m’a très bien rémunéré en me remettant généreusement une bourse de pièces d’or, puis il s’éloigna de ces lieux avec l’intention de revenir à sa mère patrie pour en ramener sa famille, car il désirait s’établir de manière seigneuriale sur ces belles terres de la Nouvelle Espagne.
Le sablier du destin n’est jamais en repos ; passèrent les jours, les mois et les années, et l’honnête homme ne revint jamais ; peut-être est-il mort sur sa terre ou tombé victime de la piraterie qui alors infestait les sept mers, je ne sais.
Il y a des concours de circonstances sensationnels dans la vie ; un jour, dans ma présente incarnation, me trouvant loin de ma terre mexicaine, je conversais sur ce sujet avec un groupe de frères gnostiques parmi lesquels se distinguait par sa sagesse le Maitre Gargha Kuichines. C’est alors que j’eus une formidable surprise : je vis avec un étonnement mystique le Souverain Commandeur G.K. se lever pour confirmer de façon péremptoire mes paroles.
Ce Maitre nous informa qu’il avait vu personnellement ce récit, écrit en vers sublimes. Il nous parla d’un vieux livre poussiéreux et regrettait de l’avoir prêté. Que Dieu et Sainte-Marie me gardent ! Mais jamais je n’ai eu connaissance de ce traité.
Certaines traditions très anciennes nous disent que beaucoup de gens de ces côtes des Caraïbes ont cherché le trésor de Bleler.
Le plus curieux, c’est que ces nobles aborigènes qui jadis avaient enterré une aussi grande fortune s’étaient de nouveau réincorporés en formant le groupe du S.S.S. C’est ainsi que travaille la Loi de Récurrence.
Je me souviens clairement qu’après cette existence tumultueuse sous la personnalité anglaise en question, je fus constamment invoqué par ces personnes qui se consacraient au spiritisme ou au spiritualisme. Ils voulaient que je leur dise l’endroit où se trouvait conservé l’or délicieux ; ils convoitaient le trésor de Bleler ; cependant, il est évident que, fidèle à mon serment dans la région des morts, je n’ai jamais voulu leur livrer le secret.
Revenant sur les traces de l’insolent marquis Juan Conrado, dans mon existence subséquente, je vins me réincarner au Mexique ; on me baptisa du nom de Daniel Coronado ; je naquis au nord, dans les environs d’Hermosillo, tous ces endroits ayant été connus à une autre époque par le Marquis. Mes parents voulaient pour moi tout le bien possible et tout jeune encore, ils m’inscrivirent à l’Académie militaire, mais ce fut en vain.
Un jour parmi tant d’autres, j’ai mal employé une fin de semaine à festoyer et à m’enivrer avec des amis écervelés. J’avoue encore avec une certaine honte que j’ai dû revenir à la maison avec l’uniforme de cadet sale, déchiré et avili… Il va sans dire que mes parents furent très déçus.
Il est ostensible que je ne suis jamais retourné à l’Académie militaire ; c’est, indubitablement, à partir de ce moment qu’a commencé mon chemin d’amertumes…
Heureusement, j’ai alors rencontré de nouveau Litelantes ; elle se trouvait réincarnée sous le nom de Ligia Paca (ou Francisca) : cette fois, enfin, elle m’eut pour mari…
Faire la biographie de quelque vie que ce soit s’avère, en fait, un travail très difficile, car la matière est très riche, et c’est pourquoi je me contente de faire ressortir certains détails, à des fins ésotériques.
Le moins que je puisse dire, c’est que je ne jouissais pas d’une situation aisée, je gagnais difficilement le pain de chaque jour ; souvent, je mangeais grâce au misérable salaire de Ligia ; elle était une pauvre maitresse d’école rurale et, pour comble, je la tourmentais avec mon exécrable jalousie. Je ne voulais pas voir d’un bon œil tous ses collègues de l’enseignement qui lui offraient leur amitié…
Néanmoins, j’ai fait une chose utile à cette époque : j’ai formé un beau groupe ésotérique gnostique en plein District fédéral : les étudiants de cette congrégation, dans mon existence actuelle, en accord avec la Loi de la Récurrence, sont retournés vers moi…
Durant le sanglant régime de Porfirio Diaz, j’ai eu un emploi certes pas très agréable dans la police rurale. J’ai commis l’erreur impardonnable de traduire en justice le fameux « Golondrino », dangereux bandit qui dévastait la contrée ; ce malfaiteur mourut fusillé…
Dans mon existence actuelle, je l’ai rencontré à nouveau, réincorporé dans un corps humain féminin ; elle souffrait de délire de persécution, elle craignait qu’on l’incarcère pour vol ; elle luttait pour se défaire de liens imaginaires ; elle croyait alors qu’on allait la fusiller. Il est clair qu’en guérissant cette malade, j’ai annulé ma dette ; les psychiatres avaient lamentablement échoué : ils n’avaient pas été capables de la soigner…
Au moment où éclata la rébellion contre Don Porfirio Diaz, j’abandonnais le funeste poste dans la police rurale ; alors, avec d’humbles prolétaires au pic et à la pelle, de pauvres ouvriers tirés des fermes des patrons, j’organisais un bataillon. Elle était certainement admirable, cette valeureuse poignée d’humbles gens à peine armés de machettes, car personne n’avait assez d’argent pour acheter des armes à feu. Heureusement, le général Francisco Villa nous reçut dans la Division du Nord ; là, on nous donna des chevaux et des fusils.
Nul doute qu’en ces années de tyrannie, nous luttions pour une grande cause ; le peuple mexicain gémissait sous les bottes de la dictature…
Au nom de la vérité, je dois dire que ma personnalité en tant que Daniel Coronado fut, à coup sûr, un échec ; l’unique chose pour laquelle il valut la peine de vivre fut pour le groupe ésotérique dans le District fédéral, et pour mon sacrifice dans la révolution…
Je dis à mes compagnons de la rébellion : j’ai abandonné les rangs lorsque je suis tombé gravement malade. Dans les derniers jours de cette vie tumultueuse, j’ai parcouru les rues du District fédéral, nu-pieds, les vêtements en lambeaux, affamé, vieux, malade et mendiant…
Avec un profond chagrin, je confesse franchement que j’ai fini par mourir dans une immonde baraque.
Je me souviens encore de cet instant où le médecin, assis sur une chaise, après m’avoir examiné, s’exclama en bougeant la tête : « C’est un cas perdu. » Après quoi il se retira.
Ce qui suivit immédiatement est terrible : je sens un froid épouvantable comme un glaçon de mort. À mes oreilles parviennent des cris de désespoir : Saint-Pierre, Saint-Paul, aidez-le ! Ainsi s’écrie cette femme que je nomme la fossoyeuse.
D’étranges mains squelettiques me saisissent par la taille et me tirent du corps physique ; nul doute que c’est l’Ange de la Mort qui est intervenu : résolument, il coupe avec sa faux le cordon d’argent, puis il me bénit et s’éloigne.
Mort béni, combien de temps cela faisait-il que je t’attendais, enfin tu arrivais à mon aide ; avait-elle été assez amère, mon existence !
Je reposais heureux dans les mondes supérieurs, après d’innombrables amertumes : il est certain que la souffrance humaine des mortels a aussi sa limite, au-delà de laquelle règne la paix.
Malheureusement, il ne dura pas longtemps, ce repos dans le sein profond de l’éternité : un jour, tout doucement, l’un des brillants Seigneurs de la Loi vint vers moi. Il prit la parole et dit : « Maitre Samaël Aun Weor, tout est prêt, suivez-moi. »
J’ai répondu aussitôt : Oui, vénérable Maitre, c’est bien, je vous suis. Nous avons alors passé ensemble par divers endroits et avons finalement pénétré dans une maison seigneuriale ; nous avons traversé une cour, puis une salle, et ensuite nous sommes entrés dans la chambre de la parturiente : nous l’avons entendu se plaindre et souffrir des douleurs de l’enfantement…
C’est à cet instant mystique que j’ai vu avec étonnement le cordon d’argent de mon existence actuelle connecté psychiquement à l’enfant qui était sur le point de naitre.
Quelques instants plus tard, cette créature inspirait avec avidité le Prana de la vie : je me suis senti attiré vers l’intérieur de ce petit organisme, puis j’ai pleuré de toutes les forces de mon âme…
J’aperçus autour de moi quelques personnes qui souriaient, et j’avoue que mon attention fut tout particulièrement sollicitée par un géant qui me regardait avec affection ; c’était mon progéniteur terrestre.
Il n’est pas superflu de dire, avec une certaine insistance, que ce bon auteur de mes jours fut, à l’époque médiévale, au temps de la chevalerie, un noble seigneur que j’eus à vaincre dans de sanglantes batailles. Il jura alors de se venger et il est clair qu’il a rempli sa promesse par mon existence présente.
J’ai abandonné la maison paternelle très jeune, mu par de douloureuses circonstances, et j’ai voyagé par tous ces endroits où j’étais allé auparavant, au cours de mes existences passées.
Les mêmes drames se sont répétés, les mêmes scènes : Litelantes est apparue à nouveau sur mon chemin ; j’ai retrouvé mes vieux amis, j’ai voulu leur parler, mais ils ne m’ont pas reconnu, mes efforts furent inutiles pour leur faire se rappeler nos jours révolus.
Néanmoins, quelque chose de nouveau s’est produit dans ma présente réincarnation : mon Être Réel intérieur fit des efforts désespérés, terribles, pour me ramener sur le droit chemin duquel je m’étais détourné depuis longtemps.
Je confesse franchement que j’ai dissout l’égo et que je me suis levé de la boue de la terre.
Il est évident que le moi est soumis à la Loi de Récurrence, lorsque le moi-même est dissouts, nous acquérons la liberté, nous nous affranchissons de ladite loi.
La pratique m’a enseigné que les différentes scènes des diverses existences se déroulent à l’intérieur de la spirale cosmique, en se répétant toujours sur des spires soit plus hautes, soit plus basses.
Tous les faits et gestes du Marquis, y compris ses innombrables voyages, se répétèrent toujours, sur des spires chaque fois plus basses, dans les trois réincarnations subséquentes.
Il existe, dans le monde, des personnes effectuant une répétition automatique exacte ; des gens qui renaissent toujours dans le même peuple et dans la même famille.
Il est évident que les Égos de ces gens connaissent alors leur rôle par cœur et vont même jusqu’à s’offrir le luxe de prophétiser sur eux-mêmes ; donc, la constante répétition leur permet de se souvenir des évènements, c’est pour cette raison qu’ils semblent être des devins.
Ces personnes étonnent souvent leurs proches par l’exactitude de leurs pronostics.
Chapitre 39 – La Transmigration des Âmes
Avec pour scène l’amphithéâtre cosmique, je veux verser dans ces pages quelques souvenirs…
Bien avant que surgisse du Chaos cette chaine lunaire dont tant d’insignes écrivains théosophes ont parlé, il a existé un certain univers dont il ne reste maintenant des traces que dans les registres intimes de la Nature…
C’est sur une planète de cet univers qu’est survenu ce que je raconte ci-après, dans le but évident d’expliquer la Doctrine de la Transmigration des Âmes…
En accord avec les désidératas cosmiques, sur cette planète sept races humaines fort semblables à celles de notre monde ont évolué et involué…
À l’époque de sa cinquième Race-Racine, extrêmement similaire à la nôtre, a existé l’abominable civilisation du Kali-Yuga ou Âge de Fer, le même que nous avons en ce moment, ici, sur la Terre…
Alors moi qui n’étais qu’un pauvre animal intellectuel condamné à la peine de vivre, j’étais tombé de mal en pis en me réincorporant sans cesse dans des organismes masculins ou féminins, selon le devoir et l’avoir du Karma…
Je confesse sans ambages que c’est bien inutilement que travaillait ma Mère Nature en me créant des corps ; je les détruisais toujours, par mes vices et mes passions.
Comme si c’était une malédiction insupportable, chacune de mes existences se répétait à l’intérieur de la ligne en spirale, sur des courbes de plus en plus basses. Indubitablement, je m’étais précipité sur le chemin involutif, descendant.
Je me vautrais comme un porc dans la fange abjecte de tous les vices et je ne m’intéressais pas le moins du monde aux questions spirituelles…
Il est incontestable que j’étais devenu un cynique irréductible : il s’avère très clair que n’importe quel type de châtiment, si grave qu’il fût, était en fait condamné à l’échec…
On dit que le collier du Bouddha a cent-huit grains : ceci nous indique le nombre de vies qui est assigné à toute âme…
Je dois souligner le fait que la dernière de ces cent-huit existences fut pour moi quelque chose de définitif… En effet, j’y suis entré dans l’involution du Royaume minéral submergé.
La dernière de ces personnalités fut de sexe féminin et il est évident que de m’être vautré dans le lit de Procuste m’a alors servi de passeport pour l’Enfer…
Dans le ventre minéral de ce monde, je blasphémais, maudissais, injuriais, insultais, forniquais épouvantablement et dégénérais de plus en plus sans jamais faire preuve de repentir…
Je me sentais tomber dans l’abime lointain du passé ; la forme humaine me dégoutait ; je préférais assumer dans ces abimes des figures de bêtes ; ensuite, je ressemblais à une plante, à une ombre qui se glissait ici et là ; enfin je sentis que je me fossilisais…
Me transformer en pierre ? Quelle horreur ! Cependant, puisque j’étais tellement dégénéré, cela non plus ne m’importait pas…
Voir, tel un lépreux de la cité des morts vivants, tomber mes doigts, mes oreilles, mon nez, mes bras et mes jambes n’est certainement rien d’agréable ; néanmoins, cela non plus ne m’émouvait pas…
Je forniquais sans cesse dans le lit de Procuste avec toute larve qui s’approchait et je sentais que je m’éteignais comme une bougie, une chandelle ou un cierge…
La vie dans les entrailles minérales de cette planète-là m’était devenue extrêmement fastidieuse et c’est pour cela, comme pour tuer le temps si long et si ennuyant, que je me suis roulé comme un porc parmi l’immondice.
Je m’affaiblissais épouvantablement, tout éclaté en morceaux, et je mourais de façon pénible ; je me désintégrais avec une lenteur horrible…
Je n’avais même plus assez de force pour penser, cela valait mieux. Enfin la Deuxième Mort dont parle l’Apocalypse de Saint-Jean est arrivée ; j’ai exhalé mon dernier souffle et ensuite…
L’Essence fut libre ; je me vis transformé en un bel enfant ; certains Deva, après m’avoir examiné minutieusement, me permirent d’entrer par les portes atomiques qui nous ramènent à la surface planétaire, à la lumière du Soleil.
Ostensiblement, l’égo, le moi-même, le moi, était mort. Mon âme, libre, assumait maintenant la belle forme d’un tendre enfant ! Quel bonheur, mon Dieu ! Qu’elle est grande la miséricorde de Dieu !
L’Essence libérée de l’égo est profondément innocente et pure : le moi s’est converti, à l’intérieur des entrailles de ce monde, en poussière cosmique…
Combien de temps ai-je vécu dans les mondes infernaux ? Je ne sais pas : possiblement huit-mille ou dix-mille ans…
Maintenant, dépourvu d’égo, je suis retourné au sentier de type évolutif ; je suis entré au royaume des Gnomes ou Pygmées, des êtres qui travaillent avec le limon de la terre, des élémentaux innocents du minéral…
Plus tard, je suis entré aux paradis élémentaux du règne végétal, en me réincorporant constamment en plantes, arbres et fleurs. Combien heureux je me sentais dans les temples de l’Éden, recevant des enseignements au pied des Deva !
La félicité des paradis Jinas est inconcevable pour le raisonnement humain.
Chaque famille, dans ces Édens, a ses temples et ses instructeurs ; on est rempli d’extase en pénétrant dans le sanctuaire des orangers ou dans la chapelle de la famille élémentale de la menthe poivrée ou dans l’église des eucalyptus…
En ce qui concerne les processus évolutifs, nous devons souligner l’énoncé suivant : « Natura Non Facit Saltus », la nature ne fait pas de bonds. Il est donc évident que ce sont les états les plus avancés du règne végétal qui m’ont permis le passage à l’état animal.
J’ai commencé par me réincorporer dans des organismes très simples et, après avoir eu des millions de corps, je finis par retourner dans des organismes chaque fois plus complexes…
En guise de complément à ces paragraphes, je dois affirmer que je conserve encore des souvenirs fort intéressants d’une de ces innombrables existences, sur la rive d’une belle rivière aux eaux chantantes qui, joyeuse, se précipitait toujours sur un lit de roches millénaires…
J’étais alors une humble créature, un spécimen bien particulier de la famille des Batraciens ; je me déplaçais en faisant de petits sauts ici et là, au milieu des bosquets.
Il est évident que j’avais une pleine conscience de moi-même ; je savais qu’autrefois j’avais appartenu au règne dangereux des animaux intellectuels. Mes meilleurs amis étaient les élémentaux de ces végétaux qui avaient leurs racines sur les bords de la rivière, je conversais avec eux dans le langage universel…
Je demeurais délicieusement dans l’ombre, très loin des humanoïdes rationnels ; lorsque se présentait quelque danger, aussitôt je me réfugiais dans les eaux cristallines…
J’ai continué en retournant plusieurs fois dans divers organismes avant d’avoir le bonheur de me réincorporer dans un spécimen d’une certaine classe d’amphibies très intelligents qui sortait, tout joyeux, des eaux tumultueuses de la mer pour recevoir les rayons du soleil sur la plage sablonneuse…
Lorsqu’arriva la terrible Parque souveraine qui fait trembler de peur tous les mortels, je fis mes derniers adieux aux trois règnes inférieurs et je revins dans un organisme humanoïde ; c’est ainsi que je reconquis laborieusement l’état d’animal rationnel que j’avais autrefois perdu…
Dans mon nouvel état de « bipède tricérébré » ou « tricentré », je me souvenais, j’évoquais les insolites évènements des abimes ; je ne désirais pas le moins du monde revenir au monde enseveli ; je voulais tirer sagement profit du nouveau cycle de cent-huit vies qu’on m’assignait maintenant pour mon autoréalisation intime…
L’expérience passée avait laissé de douloureuses cicatrices dans le fond de mon âme ; en aucune manière je n’étais disposé à répéter les processus involutifs des mondes infernaux.
Je savais bien que la roue de Samsara tourne sans cesse de façon évolutive et involutive et que les Essences, après leur passage par le règne animal intellectuel, descendent des milliers de fois à l’horrifiant précipice pour éliminer les éléments subjectifs des perceptions ; cependant, je ne désirais absolument pas gouter une autre fois aux souffrances abyssales et, pour cette raison, j’étais bien disposé à profiter de mon nouveau cycle d’existences rationnelles.
À cette époque, la civilisation de ladite planète était parvenue à son sommet ; les habitants de ce monde avaient des navires maritimes et aériens, de gigantesques cités ultramodernes, un puissant commerce et de grandes industries, des universités de tout genre, etc., etc., etc., malheureusement, cet ordre de choses n’était en aucune façon coordonné avec les inquiétudes de l’esprit.
Dans l’une quelconque de mes existences humanoïdes, la conscience inquiète, comme ressentant une étrange terreur, je résolus de rechercher, d’enquêter, de découvrir le chemin secret…
Un proverbe de la sagesse antique dit : « Lorsque le disciple est prêt, le Maitre apparait. »
Le Gourou, le Guide, est apparu pour me conduire des ténèbres à la lumière ; il m’a enseigné les Mystères de la Vie et de la Mort ; il m’a indiqué le Sentier du fil du Couteau.
C’est ainsi que j’ai connu le Mystère de la Fleuraison d’Or ; je comprenais à fond ma propre situation ; je savais que je n’étais rien d’autre qu’un pauvre homoncule rationnel, mais j’aspirais à me convertir en un Homme véritable, et il est évident que j’y suis parvenu en ce grand Jour cosmique, en cet avant-hier sidéral, longtemps, longtemps avant le Mahamanvantara du Padma ou du Lotus d’Or.
Malheureusement, en ces temps si lointains, alors que je commençais à peine mes études ésotériques au pied du Maitre, je ne jouissais d’aucune fortune ; ma famille, des « habitants de ce monde », vivait dans la pauvreté : une sœur qui veillait sur la maison gagnait de misérables centimes au marché public en vendant des fruits et des légumes ; j’avais l’habitude de l’accompagner…
Un jour, on m’a enfermé dans une horrible prison sans motif d’aucune espèce…
Je suis resté longtemps derrière les barreaux cruels de cette geôle ; cependant, et ceci est curieux, personne ne m’accusait ; il n’existait pas de délit pour lequel me poursuivre ; il s’agissait d’un cas bien spécial et, pour comble, mon nom ne figurait même pas sur la liste des détenus. Évidemment, il y avait une sorte de persécution secrète contre les Initiés ; c’est ce que je finis par comprendre.
Patiemment, dans l’espoir de quelque occasion, je guettais l’instant propice pour m’évader…
J’ai essayé plusieurs fois, en vain, mais à la fin, un jour parmi tant d’autres, les gardes, sans que je sache comment ni pourquoi, oublièrent une porte, la laissant ouverte ; il est indéniable que je n’étais en aucune façon disposé à perdre cette chance tant désirée : en quelques secondes je sortis de cette prison, faisant ensuite certains détours sur une place de marché dans l’intention de semer des policiers qui m’avaient retrouvé et qui me poursuivaient ; de toute façon, je réussis à m’échapper et je m’éloignais de cette ville pour toujours.
Je conclurai le présent chapitre en disant que c’est seulement en travaillant dans la Forge ardente de Vulcain que je suis alors parvenu à me convertir en un Homme authentique.
Chapitre 40 – L’Arcane 10
Du point de vue rigoureusement académique, le mot évolution signifie : développement, construction, progression, avancement, édification, dignification, etc., etc., etc.
Pour faire une mise au point grammaticale, orthodoxe et claire, je précise : le terme involution veut dire : progression à l’inverse, régression, destruction, dégénérescence, décadence, etc.
Conséquemment, il importe de souligner l’idée transcendante que la Loi des antithèses est coexistentielle avec n’importe quel processus purement naturel. Ce concept est absolument irrécusable, irréfutable, indiscutable.
Des exemples concrets : jour et nuit, lumière et ténèbres, construction et destruction, croissance et décroissance, naissance et mort, etc., etc., etc.…
L’exclusion de l’une quelconque de ces deux lois précitées, Évolution et Involution, engendrerait le statisme, l’immobilité, la paralysie radicale des mécanismes naturels.
Nier, donc, l’une ou l’autre de ces deux règles équivaut, en fait, à tomber dans une barbarie…
Il y a évolution dans la plante qui germe, se développe et croît ; il y a involution dans le végétal qui vieillit et décroit lentement jusqu’à devenir un tas de bois.
Il y a évolution dans tout organisme qui est en gestation, qui nait et se développe ; il y a involution dans toute créature qui décrépit et meurt.
Il y a évolution dans toute unité cosmique qui surgit du chaos ; il y a une Involution dans toute planète en état de consomption, appelée à se convertir en lune, en cadavre…
Il y a évolution dans toute civilisation ascendante ; il y a involution dans toute culture de type descendant…
Il est ostensible que les deux lois mentionnées constituent l’axe mécanique, fondamental de la Nature.
Incontestablement, sans cet axe de base, la roue des mécanismes naturels ne pourrait pas tourner. La vie se poursuit en grandes vagues qui tournoient suivant l’Arcane 10 du Tarot…
Des vagues essentielles amorcent leur évolution dans le règne minéral ; elles poursuivent avec l’état végétal ; elles continuent dans l’échelle animale, et finalement atteignent le niveau de type humanoïde intellectif…
Des vagues de vie descendent ensuite en involuant à l’intérieur de l’organisme planétaire pour descendre par les échelles animale et végétale jusqu’à revenir au règne minéral.
La roue du Samsara tourne. Par le côté droit monte Anubis évoluant ; par le gauche descend Typhon involuant.
Le séjour dans l’état humanoïde intellectuel est une chose extrêmement relative et circonstancielle.
Avec beaucoup de justesse, on nous a dit que toute période humanoïde se compose toujours de cent-huit existences de type évolutif et involutif, plus ou moins alternées.
Je précise : à chaque cycle, on assigne à l’humanoïde intellectuel cent-huit vies qui s’accordent selon une stricte concordance mathématique avec le nombre de grains que comporte le collier de Bouddha.
Après chaque époque humanoïde, suivant les lois de temps, d’espace et de mouvement, la Roue de l’Arcane Dix du Tarot tourne inévitablement ; il s’avère alors clair et manifeste que les vagues de vie, en involuant, descendent à l’intérieur de l’organisme planétaire pour remonter plus tard de manière évolutive…
La roue du Samsara tourne trois-mille fois. Comprendre ceci, capter sans délai sa profonde signification est indispensable si réellement nous aspirons à la libération finale.
Il est nécessaire de bien comprendre, aussi, qu’une fois terminées les trois-mille périodes de la grande Roue, toute espèce d’autoréalisation intime s’avère impossible.
En d’autres mots, il est nécessaire d’affirmer le fait inéluctable qu’à toute Monade, on assigne mathématiquement trois-mille cycles pour son autoréalisation intérieure profonde. Il est indubitable qu’après le dernier tour de la Roue, les portes se ferment.
Lorsque ce dernier tour arrive, alors la Monade, l’étincelle immortelle, notre Être Réel, recouvre son Essence et ses principes pour s’absorber définitivement dans le sein de Cela qui n’a pas de nom (le suprême Parabrahman).
Il va de soi que les Monades qui ont échoué n’ont pas obtenu la Maitrise ; elles possèdent la félicité divine, mais n’en ont pas de légitime autoconscience ; elles sont tout juste des étincelles du Grand Feu, car elles ne se sont pas converties en flammes…
Ces étincelles ne pourraient donner aucune espèce d’excuse, car les trois-mille tours de la Roue s’effectuent toujours dans plusieurs Jours cosmiques et sur diverses scènes universelles, offrant d’infinies possibilités.
Au-dessus de la Roue de l’Arcane 10, nous voyons un sphinx paré d’une couronne à neuf pointes métalliques. Cette figure égyptienne, ostensiblement, ne se trouve située ni à droite ni à gauche de la grande roue.
La couronne nous renvoie à la Neuvième Sphère, au sexe, au travail ésotérique dans la Forge ardente de Vulcain.
Indubitablement, cette image hiératique totalement séparée des lois évolutives et involutives symbolisées sur les côtés droit et gauche de la roue nous indique le sentier de la Révolution de la Conscience, la Sagesse initiatique réelle…
C’est seulement en entrant sur le chemin de la rébellion intime, seulement en nous mettant en dehors des sentiers évolutifs et involutifs de la roue du Samsara que nous pourrons nous convertir en Hommes authentiques, légitimes et véritables.
L’exclusion intransigeante de la Doctrine de la Transmigration des Âmes enseignée par Krishna, le grand Avatar hindou, a fini par nous embouteiller, en fait, dans le Dogme de l’Évolution.
Dans les questions d’ésotérisme, d’orientalisme, d’occultisme, etc., les érudits ont pleine liberté pour écrire ce qui leur plait ; cependant ils ne doivent pas oublier le Livre d’Or. Je veux me référer à l’Étalon de Mesures : le Tarot…
Personne ne pourrait violer impunément les lois du Tarot sans recevoir ce qu’il mérite ; rappelez-vous qu’il existe la loi de la Katancia, le Karma supérieur. Il y a de la responsabilité dans les paroles…
Le Dogme de l’Évolution enfreint les lois cosmiques de l’Arcane 10 du Tarot ; il viole les désidératas du Livre d’Or… Il conduit nombre de gens dans l’erreur.
Nul doute que tout érudit occultiste, ésotériste, doit toujours faire appel à l’Étalon de Mesures, au Tarot, si vraiment il ne veut pas tomber dans l’absurde.
Paix Invérentielle.
Samaël Aun Weor.