L’Éducation Fondamentale · Livre
Chapitre 1 – La Libre Initiative
Des millions d’étudiants de tous les pays du monde entier vont quotidiennement à l’école et à l’université de façon inconsciente, automatique, subjective, sans savoir pour quelle raison ni dans quel but.
Les étudiants sont obligés d’étudier les mathématiques, la physique, la chimie, la géographie, etc. Le mental de ces étudiants reçoit chaque jour de l’information mais jamais, dans le cours de leur vie, ils ne s’arrêtent un moment à penser au pourquoi de cette information, à la raison d’être de cette information.
Pourquoi, dans quel but nous remplissons-nous de cette information ?
Les étudiants vivent réellement une vie mécanique et tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils doivent recevoir de l’information intellectuelle et l’emmagasiner, pour la conserver tant bien que mal dans l’infidèle mémoire, sans plus.
Jamais il n’arrive aux étudiants de penser à ce qu’est réellement cette éducation ; ils vont à l’école, au collège ou à l’université parce que leurs parents les y envoient et c’est tout.
Arrive-t-il aux étudiants et aux professeurs de s’interroger eux-mêmes et de se demander une seule fois : pourquoi suis-je ici ? Qu’est-ce que je fais ici ? Quel est en réalité le véritable motif secret qui m’amène ici ?
Enseignants et enseignantes, étudiants et étudiantes, vivent avec la conscience endormie, agissent comme de véritables automates, vont à l’école, au collège, à l’université, de façon inconsciente, subjective, sans rien savoir, en vérité, du pourquoi de ce qu’ils font.
Il faut cesser d’être des automates, il faut éveiller notre conscience, découvrir par nous-mêmes ce qu’est cette lutte si terrible pour passer des examens, pour apprendre, pour vivre en un lieu déterminé afin d’étudier chaque jour et de passer son année ; pourquoi endurer ces frayeurs, ces angoisses, ces préoccupations, pratiquer des sports, se battre avec les compagnons d’école, etc.
Les professeurs doivent devenir plus conscients afin de coopérer depuis la petite école jusqu’au collège et à l’université, en aidant les étudiants à éveiller leur conscience.
Il est lamentable de voir tous ces automates assis sur les bancs des écoles, des collèges et des universités, recevant de l’information qu’ils doivent garder en mémoire sans savoir pourquoi, dans quel but.
Les enfants n’ont qu’une seule préoccupation : passer leur année. On leur a dit qu’ils devaient se préparer pour gagner leur vie, pour obtenir du travail, et ils étudient en se forgeant dans l’esprit mille fantaisies quant au futur, sans connaître réellement le présent, sans savoir la véritable raison pour laquelle ils doivent étudier la physique, la chimie, la biologie, l’arithmétique, la géographie, etc.
Les petites filles de notre époque étudient pour avoir la préparation qui leur permettra d’obtenir un bon mari, ou pour gagner leur vie et être dûment préparées au cas où leur mari les abandonnerait, ou pour l’éventualité où elles deviendraient veuves ou resteraient vieilles filles.
Pures fantaisies de leur esprit car elles ne savent réellement pas ce que sera leur avenir ni à quel âge elles devront mourir.
La vie à l’école est très imprécise, très incohérente, très subjective ; on fait souvent apprendre à l’enfant des matières qui dans sa vie pratique ne lui seront d’aucune utilité. De nos jours, l’important à l’école c’est de passer l’année et c’est tout.
À d’autres époques, il y avait au moins une certaine éthique qui s’ajoutait au simple fait de passer son année. Aujourd’hui, il n’y a plus cette éthique. Les pères de famille peuvent soudoyer en secret le maître ou la maîtresse d’école, et l’enfant, même s’il est un très mauvais étudiant, passera inévitablement l’année.
Les jeunes filles à l’école ont l’habitude de lécher les pieds du professeur dans le but de passer leur année, et le résultat est d’ordinaire merveilleux ; car même si elles ne comprennent pas un iota de ce qu’enseigne le maître, elles s’en sortent de toute façon très bien dans leurs examens et passent sans difficulté.
Il y a des garçons et des filles très subtils, très habiles à passer leur année, c’est souvent une simple question d’astuce. Qu’un garçon passe avec succès un examen (quelqu’insipide examen) ne signifie pas pour autant qu’il a une conscience objective véritable de la matière sur laquelle il a été interrogé. L’étudiant répète comme un perroquet, de façon mécanique, tout ce qu’il a appris sur cette matière sur laquelle on l’interroge : cela n’est pas être « autoconscient » de cette matière, c’est tout simplement mémoriser et répéter comme des perroquets ce que nous avons appris, sans plus.
Passer des examens, passer son année, ne signifie pas qu’on est très intelligent. Dans la vie pratique, nous avons connu des personnes très intelligentes qui, à l’école, n’ont jamais bien réussi leurs examens. Nous avons connu des écrivains supérieurs et de grands mathématiciens qui ont été à l’école de très mauvais étudiants et qui n’ont jamais bien passé leurs examens en grammaire et en mathématiques. Nous connaissons le cas d’un étudiant très médiocre en anatomie et qui n’a pu s’en tirer comme il faut dans les examens d’anatomie qu’au prix de beaucoup de souffrances ; aujourd’hui, cet étudiant est l’auteur d’un ouvrage important sur l’anatomie.
Passer son année n’implique pas nécessairement qu’on est très intelligent. Il y a des personnes qui n’ont jamais passé une seule année et qui sont néanmoins très intelligentes.
Il y a quelque chose de plus important que passer son année, il y a quelque chose de plus important qu’étudier certaines matières, et c’est précisément d’avoir une pleine conscience objective, claire et lumineuse, de ces matières que l’on étudie.
Les enseignants doivent s’efforcer d’aider les étudiants à éveiller leur conscience ; tout l’effort des professeurs doit s’adresser à la conscience des étudiants. Il est urgent que les étudiants deviennent pleinement « autoconscients » de ces matières qu’ils étudient.
Apprendre par cœur, apprendre comme des perroquets, c’est tout simplement stupide, dans le sens le plus complet du mot.
Les étudiants se voient dans l’obligation d’étudier des matières difficiles et de tout emmagasiner dans leur mémoire afin de passer leur année, mais après, dans la vie pratique, ces matières s’avèrent inutiles, d’autant plus qu’elles ont été oubliées, car la mémoire est infidèle.
Les garçons étudient dans le but d’obtenir un emploi et de gagner leur vie, mais plus tard, s’ils ont la chance d’obtenir l’emploi convoité, ou s’ils deviennent professionnels, médecins, avocats, etc., la seule chose qu’ils obtiennent c’est de répéter la même histoire de toujours, ils se marient, souffrent, ont des enfants et meurent sans avoir éveillé leur conscience, ils meurent sans avoir eu conscience de leur propre vie, et cela finit là.
Les filles se marient, forment un foyer, ont des enfants, se querellent avec les voisins, avec le mari, avec leurs enfants, divorcent, se remarient, deviennent veuves, vieillissent, etc., et meurent finalement, après avoir vécu endormies, inconscientes, en répétant comme toujours le même drame douloureux de l’existence.
Les maîtres et maîtresses d’école ne veulent pas clairement se rendre compte que tous les êtres humains ont la conscience endormie. Il est urgent que tous les maîtres d’école s’éveillent aussi, pour être en mesure d’éveiller les étudiants.
Rien ne sert de nous remplir la tête de théories, et encore des théories, et de citer Dante, Homère, Virgile, Kant, si nous avons la conscience endormie, si nous n’avons pas de conscience objective, claire et parfaite de nous-mêmes, des matières que nous étudions, de la vie pratique.
À quoi sert l’éducation si elle ne nous aide pas à devenir vraiment créateurs, conscients, intelligents ? L’éducation véritable ne consiste pas à savoir lire et écrire. N’importe quel idiot peut apprendre à lire et écrire. Il nous faut être intelligents, et l’Intelligence ne s’éveille en nous que lorsque s’éveille la Conscience.
L’humanité a quatre-vingt-dix-sept pour cent de subconscience et trois pour cent de conscience.
Nous devons éveiller la Conscience, nous devons convertir le subconscient en conscient. Il nous faut avoir cent pour cent de conscience.
L’être humain rêve non seulement lorsque son corps physique dort, mais aussi lorsque son corps physique ne dort pas, il rêve même à l’état de veille. Il est nécessaire de cesser de rêver, il est nécessaire d’éveiller la conscience et ce processus de l’éveil doit commencer dès le foyer familial et la petite école.
L’effort des maîtres doit être dirigé vers la Conscience des étudiants et pas seulement vers la mémoire.
Les étudiants doivent apprendre à penser par eux-mêmes et pas seulement à répéter comme de simples perroquets les théories des autres.
Les maîtres doivent lutter pour en finir avec la peur des étudiants. Les maîtres doivent accorder à leurs étudiants la liberté de différer d’opinion et de critiquer sainement de façon constructive les théories qu’ils étudient. Il est absurde de les obliger à accepter de façon dogmatique toutes les théories qui s’enseignent à l’école, au collège ou à l’université.
Il est nécessaire que les étudiants se délivrent de la peur pour qu’ils apprennent à penser par eux-mêmes. Il est urgent que les étudiants abandonnent toute crainte afin qu’ils puissent analyser les théories qu’ils étudient.
La peur est une barrière pour l’intelligence. L’étudiant qui a peur n’ose pas différer d’opinion et il accepte comme un article de Foi, aveuglément, tout ce que disent les différents auteurs.
Rien ne sert aux maîtres de parler d’intrépidité si eux-mêmes ont peur. Les maîtres doivent être libres de toute peur.
Les maîtres qui craignent la critique, ce que diront les autres, etc., ne peuvent être véritablement intelligents.
Le premier objectif de l’éducation doit être d’en finir avec la peur et d’éveiller la conscience.
À quoi sert de passer des examens si nous continuons à être craintifs et inconscients ?
Les professeurs ont le devoir d’aider les étudiants, depuis les bancs de la petite école, pour qu’ils soient utiles dans la vie ; mais tant que la peur existe, personne ne peut être utile dans la vie.
La personne pleine de crainte n’ose pas contredire l’opinion d’autrui. La personne remplie de crainte ne peut avoir de libre initiative.
La fonction de tout enseignant c’est, évidemment, d’aider tous et chacun de ses étudiants à être totalement libres de la peur, afin qu’ils puissent agir de manière spontanée sans avoir besoin qu’on leur dise, qu’on leur commande quoi faire.
Il est urgent que les étudiants abandonnent toute peur, pour qu’ils puissent posséder une libre initiative, spontanée et créatrice. Lorsque les étudiants, par leur propre initiative, libre et spontanée, pourront analyser et critiquer librement les théories qu’ils étudient, ils cesseront alors d’être de simples pantins mécaniques, subjectifs et stupides. La libre initiative doit exister de toute urgence, afin que l’intelligence surgisse chez les élèves. Il est nécessaire de donner à tous les élèves la liberté d’expression créatrice, spontanée, et sans conditions d’aucune espèce, afin qu’ils puissent devenir conscients de ce qu’ils étudient.
Le libre pouvoir créateur ne peut se manifester que lorsque nous n’avons pas peur de la critique, de ce que diront les autres, de la férule du maître, des règles, etc. Le mental humain a dégénéré à cause de la peur et du dogmatisme et il est devenu indispensable de le régénérer au moyen de la libre initiative spontanée et libre de toute crainte.
Il nous faut devenir conscients de notre propre vie, et ce processus de l’éveil doit commencer sur les bancs mêmes de la petite école.
L’école nous aura bien peu servi si nous en sortons inconscients et endormis. L’abolition de la peur et la libre initiative susciteront l’action spontanée et pure. De leur propre et libre initiative, les étudiants devraient avoir le droit dans toutes les écoles de discuter en assemblée des théories qu’ils sont en train d’étudier.
C’est ainsi seulement, grâce à la libération de toute crainte, à la liberté de discuter, d’analyser, de méditer et de critiquer sainement ce que nous devons apprendre, que nous pouvons devenir conscients de ces matières, et cesser d’être simplement des perroquets qui répètent ce qu’ils accumulent dans leur mémoire.
Chapitre 2 – L’Imitation
Il a déjà été amplement démontré que la crainte empêche la libre initiative. La mauvaise situation économique de millions de personnes est due, hors de tout doute, à ce que l’on nomme la peur.
L’enfant effrayé cherche sa chère maman et s’accroche à elle en quête de sécurité. L’époux effrayé s’accroche à son épouse et il sent qu’il l’aime beaucoup plus. L’épouse effrayée se rapproche de son mari et de ses enfants et elle ressent davantage d’amour pour eux.
Du point de vue psychologique, il s’avère très curieux et intéressant de savoir que la crainte se déguise souvent sous le vêtement de l’amour.
Les gens qui ont intérieurement très peu de valeurs spirituelles, les gens intérieurement pauvres, cherchent toujours au dehors quelque chose susceptible de les rendre complets.
Les gens intérieurement pauvres vivent toujours en intrigues, ils ne peuvent se passer de commérages, de niaiseries, de plaisirs bestiaux.
Les gens intérieurement pauvres vivent de frayeur en frayeur et, c’est tout naturel, s’accrochent au mari, à la femme, aux parents, aux enfants, aux vieilles traditions caduques et dégénérées, etc.
Tout vieillard malade et pauvre psychologiquement est communément rempli de crainte et s’agrippe avec une angoisse infinie à l’argent, aux traditions familiales, à ses petits enfants, à ses souvenirs, en recherchant en fait la sécurité. De ceci nous pouvons tous nous rendre à l’évidence en observant attentivement les vieillards.
Chaque fois que les gens ont peur, ils se cachent derrière le bouclier protecteur de la respectabilité, en se pliant à une tradition, en faisant appel aux idées de famille, de nation, de race, etc.
En réalité, toute tradition n’est qu’une pure répétition, sans aucun sens, vide, sans véritable valeur.
Tous les gens ont une tendance marquée à imiter les autres. Cette propension à imiter est le résultat de la peur. Les gens qui ont peur imitent tous ceux à qui ils s’accrochent, le mari, l’épouse, les enfants, les frères, les amis qui les protègent.
L’imitation est le résultat de la crainte. L’imitation détruit totalement la libre initiative. Dans les écoles, les collèges et les universités, les professeurs commettent la faute d’enseigner aux étudiants des deux sexes ce qu’on appelle l’imitation.
Dans les classes de peinture et de dessin, on enseigne aux élèves à copier, à peindre des images d’arbres, de maisons, de montagnes, d’animaux, etc., mais cela n’est pas créer, c’est imiter, photographier.
Créer ce n’est pas imiter. Créer n’est pas photographier. Créer c’est traduire, c’est transmettre par le moyen du pinceau et au vif, l’arbre qui nous enchante, le beau coucher de soleil, l’aurore avec ses ineffables mélodies.
Il y a création véritable dans l’art chinois et japonais du Tchan ou du Zen, dans l’art abstrait et semi-abstrait. Aucun peintre du Tchan et du Zen n’est intéressé à imiter, à photographier. Les peintres de la Chine et du Japon éprouvent de la joie à créer, à créer toujours et sans arrêt.
Les peintres du Zen et du Tchan n’imitent pas, ils créent, et c’est leur travail de créer. Cela n’intéresse pas les peintres de la Chine et du Japon de peindre ou de photographier une belle femme, ce qu’ils aiment, c’est transmettre sa beauté abstraite. Ces peintres ne copieraient jamais un beau coucher de soleil, ils aiment traduire en beauté abstraite tout l’enchantement du crépuscule.
L’important, ce n’est pas d’imiter, de copier en tous points ; l’important c’est de sentir la profonde signification de la beauté et de savoir la transmettre, mais pour cela il ne faut pas qu’il y ait de crainte, d’attachement aux règles, aux traditions, il ne faut pas avoir peur de ce que diront les autres ou des reproches du maître. Il est urgent que les professeurs comprennent la nécessité pour les étudiants de développer leur pouvoir créateur.
En toute clarté, il s’avère absurde d’enseigner aux étudiants à imiter. Mieux vaut leur enseigner à créer.
L’être humain est malheureusement un automate endormi et inconscient, qui sait seulement imiter.
Nous copions l’habillement d’une autre personne, et de cette imitation surgissent les divers courants de la mode. Nous imitons les habitudes d’autrui, même si elles sont tout à fait erronées. Nous imitons les vices, nous imitons tout ce qui est absurde, tout ce que les autres vivent et répètent sans fin.
Il est nécessaire que les professeurs enseignent aux étudiants à penser par eux-mêmes de façon indépendante. Les maîtres doivent offrir à leurs étudiants toutes les possibilités, tous les moyens qui leur permettront de cesser d’être des automates imitateurs. Les maîtres doivent accorder aux étudiants toutes les opportunités pour qu’ils développent leur pouvoir créateur.
Il est urgent que les étudiants connaissent la véritable liberté afin que, sans aucune crainte, ils puissent apprendre à penser par eux-mêmes, librement. Le mental qui vit esclave du qu’en dira-t-on, le mental qui imite, par peur de violer les traditions, les règles, les coutumes, les habitudes, etc., n’est pas un mental créateur, n’est pas un mental libre.
Le mental des gens ressemble à une maison fermée et scellée de sept sceaux, une maison où rien de nouveau ne peut arriver, une maison où le soleil n’entre pas, une maison où ne règne que la douleur et la mort. Le nouveau ne peut arriver que là où il n’y a pas de crainte, là où l’imitation n’existe pas, où il n’y a pas d’attachement aux choses, à l’argent, aux personnes, aux traditions, aux habitudes, etc.
Les gens vivent esclaves de l’intrigue, de l’envie, des coutumes familiales, des habitudes, du désir insatiable d’obtenir des positions et de monter, de grimper jusqu’au sommet de l’échelle sociale, afin de s’imposer et se mettre en évidence.
Les professeurs doivent de toute urgence enseigner à leurs étudiants des deux sexes la nécessité de ne plus imiter tout ce vieil ordre de choses désuet et dégénéré.
Il est urgent que les élèves apprennent à l’école à créer librement, à penser librement, à sentir librement.
Les étudiants passent les plus belles années de leur vie à l’école, à acquérir de l’information, et il ne leur reste plus de temps pour penser à toutes ces choses. Pendant dix ou quinze ans, ils mènent à l’école une vie d’automates inconscients, et ils sortent de l’école la conscience endormie, mais en se croyant, lorsqu’ils quittent l’école, tout à fait éveillés.
Le mental de l’être humain vit embouteillé dans des idées conservatrices et réactionnaires. L’être humain ne peut penser de façon vraiment libre parce qu’il est rempli de crainte.
L’être humain a peur de la vie, peur de la mort, peur du qu’en dira-t-on, des commérages, des reproches, peur de perdre son emploi, de violer les règlements, peur que quelqu’un lui enlève son époux ou lui vole sa femme, etc.
À l’école, on nous enseigne à imiter, et au sortir de l’école, nous sommes devenus des imitateurs. Nous n’avons pas de libre initiative parce que depuis le moment où nous étions sur les bancs de l’école, on nous a enseigné à imiter.
Les gens imitent par crainte de ce que les autres gens peuvent dire, les étudiants imitent parce que les maîtres les ont réellement terrorisés, en les menaçant à tout instant, les menaçant d’une mauvaise note, les menaçant de certaines punitions, les menaçant d’expulsion.
Si nous voulons réellement devenir créateurs dans le plein sens du mot, nous devons nous rendre conscients de toute la série d’imitations qui nous tiennent malheureusement emprisonnés.
Lorsque nous serons capables de connaître toute cette série d’imitations, lorsque nous aurons analysé minutieusement chacune des imitations, nous en deviendrons conscients et la conséquence logique c’est qu’alors naîtra en nous de façon spontanée le pouvoir de créer.
Il est nécessaire qu’à l’école, au collège et à l’université, les étudiants se libèrent de toute imitation afin de devenir vraiment créateurs. Ils se trompent lourdement, les maîtres qui supposent que les élèves ont besoin d’imiter pour apprendre.
Ils ont tout à fait tort, car celui qui imite n’apprend pas, celui qui imite se transforme en un automate et c’est tout. Il ne s’agit pas de copier ce que disent les auteurs de géographie, d’arithmétique, de physique, d’histoire, etc. Imiter, mémoriser, répéter comme des perroquets est parfaitement stupide, mieux vaut comprendre consciemment ce que nous étudions.
L’Éducation Fondamentale est la Science de la Conscience, la science qui nous permet de découvrir notre relation avec les êtres humains, avec la nature, avec toutes les choses.
Le mental qui sait seulement imiter est mécanique, c’est une machine en marche, il n’est pas créateur, il n’est pas capable de créer, il ne pense pas réellement, il répète, et c’est tout.
Les professeurs doivent être préoccupés par l’éveil de la conscience en chacun de leurs étudiants. Les élèves ne se soucient actuellement que de passer leur année et après, une fois hors de l’école, dans la vie pratique, ils se convertissent en petits employés de bureau ou en machines à faire des enfants.
Dix ou quinze années d’étude pour être convertis en automates parlants ; les matières apprises sont peu à peu oubliées et à la fin il ne reste plus rien dans la mémoire.
Si les étudiants prenaient conscience des matières étudiées, si leur étude n’était pas basée uniquement sur l’information, l’imitation et la mémoire, on entendrait un autre son de cloche. Ils sortiraient de l’école avec des connaissances conscientes, inoubliables, complètes, qui ne seraient pas soumises à l’infidèle mémoire.
L’Éducation Fondamentale aidera les étudiants en leur éveillant la Conscience et l’Intelligence.
L’Éducation Fondamentale conduit les jeunes sur le chemin de la vraie Révolution.
Les élèves doivent insister pour que les professeurs leur donnent la véritable éducation, l’Éducation Fondamentale.
Il ne suffit pas que les étudiants s’assoient sur les bancs de l’école pour recevoir de l’information sur un roi quelconque ou sur une guerre, il faut quelque chose de plus, il faut l’Éducation Fondamentale pour éveiller la Conscience.
Il est indispensable que les élèves sortent de l’école mûrs, vraiment conscients, intelligents, afin qu’ils ne se transforment pas en simples pièces mécaniques de la machine sociale.
Chapitre 3 – Les Autorités
Le gouvernement possède une autorité, l’État possède une autorité, la police, la loi, le soldat, les pères de famille, les professeurs, les guides religieux possèdent une autorité.
Il existe deux types d’autorité. Primo : l’autorité consciente, Secundo : l’autorité subconsciente.
Les autorités subconscientes ou inconscientes ne servent à rien. Nous avons besoin de toute urgence d’autorités autoconscientes.
Les autorités subconscientes ou inconscientes ont rempli le monde de larmes et de douleur. Au foyer et à l’école, les autorités inconscientes abusent de l’autorité par le fait même qu’elles sont inconscientes ou subconscientes. Les parents et les professeurs inconscients, dans le moment présent, sont seulement des aveugles et guides d’aveugles et, comme disent les saintes Écritures, ils se précipiteront tous, la tête la première, dans l’abîme.
Les parents et les maîtres inconscients nous obligent durant l’enfance à faire des choses absurdes mais qu’ils considèrent logiques. Ils disent que c’est pour notre bien. Les parents sont des autorités inconscientes comme le démontre le fait de traiter leurs enfants comme des ordures, alors qu’eux-mêmes se considèrent comme des êtres supérieurs à l’espèce humaine. Les maîtres détestent certains élèves alors qu’ils en chouchoutent et cajolent d’autres ; ils punissent parfois sévèrement quelqu’étudiant qu’ils haïssent, même si ce dernier n’est pas malfaisant, et récompensent par des notes magnifiques beaucoup d’élèves choyés qui ne le méritent pas vraiment.
Parents et professeurs édictent des normes erronées aux enfants, aux jeunes gens et aux jeunes filles.
Les autorités qui n’ont pas d’autoconscience ne peuvent faire que des choses absurdes.
Nous avons besoin d’autorités autoconscientes. Par autoconscience, on doit entendre la connaissance intégrale de soi-même, la connaissance totale de toutes nos valeurs intérieures. Seul celui qui possède vraiment une pleine connaissance de lui-même est éveillé de façon intégrale ; c’est cela être autoconscient.
Tout le monde croit se connaître soi-même, mais il est très difficile de trouver, dans la vie, quelqu’un qui se connaît réellement lui-même. Les gens ont sur eux-mêmes des conceptions complètement erronées.
Se connaître soi-même requiert de grands et terribles efforts intimes. Ce n’est que par le moyen de la connaissance de soi-même que l’on parvient véritablement à l’autoconscience.
L’abus de l’autorité est dû à l’inconscience. Jamais aucune autorité autoconsciente n’irait jusqu’à l’abus de l’autorité.
Certains philosophes se dressent contre toute autorité, ils détestent les autorités. Pareille façon de penser est fausse parce que dans tout le créé, du microbe jusqu’au soleil, existent des échelons et des échelons, des degrés et des degrés, des forces supérieures qui contrôlent et dirigent et des forces inférieures qui sont contrôlées et dirigées.
Dans une ruche, c’est la Reine qui représente l’autorité. Dans n’importe quelle fourmilière il y a aussi une autorité et des lois. La destruction du principe d’autorité conduirait à l’anarchie.
Les autorités de cette époque critique dans laquelle nous vivons sont inconscientes et il est clair que c’est à cause de ce fait psychologique qu’elles asservissent, enchaînent, abusent, font du mal, font souffrir.
Nous avons besoin de professeurs, d’instructeurs ou de guides spirituels, d’autorités gouvernementales, de parents, pleinement autoconscients. C’est ainsi seulement que nous pourrons vraiment faire un monde meilleur.
Il est stupide de dire que nous n’avons pas besoin de maîtres et de guides spirituels. Il est absurde de méconnaître le principe d’autorité dans toute la création.
Ceux qui sont autosuffisants, orgueilleux, opinent que les maîtres et les guides spirituels ne sont pas nécessaires.
Nous devons reconnaître notre propre néant, notre propre misère. Nous devons comprendre que nous avons besoin d’autorités, de maîtres, d’instructeurs spirituels, mais autoconscients afin qu’ils puissent nous diriger, nous aider et nous guider sagement.
L’autorité inconsciente des professeurs détruit le pouvoir créateur des élèves. Si l’élève est sur le point de peindre, le maître inconscient lui dit ce qu’il doit peindre, l’arbre ou le paysage qu’il doit copier, et l’élève terrorisé n’ose pas sortir des normes mécaniques du maître. Cela n’est pas créer. Il est nécessaire que l’étudiant devienne créateur. Qu’il soit capable de sortir des normes inconscientes édictées par le maître inconscient, afin qu’il puisse transmettre tout ce qu’il sent par rapport à l’arbre, tout l’enchantement de la vie qui circule dans les feuilles tremblantes de l’arbre, toute la profonde signification de l’arbre.
Un maître conscient ne s’opposerait pas à la créativité libératrice de l’esprit. Les maîtres avec une autorité consciente jamais ne mutileraient le mental de leurs élèves.
Les maîtres inconscients détruisent avec leur autorité le mental et l’intelligence des étudiants. Les maîtres avec une autorité inconsciente ne savent que punir et édicter des normes stupides pour le « bien » de leurs élèves.
Les maîtres autoconscients enseignent avec une suprême patience, en aidant leurs élèves à comprendre leurs difficultés individuelles, afin que, ayant compris, ils puissent transcender toutes leurs erreurs et avancer victorieusement.
L’autorité consciente ou autoconsciente jamais ne pourrait détruire l’intelligence.
L’autorité inconsciente détruit l’intelligence et cause de graves dommages aux élèves.
L’intelligence ne nous advient que lorsque nous jouissons d’une véritable liberté, et les maîtres avec une autorité autoconsciente savent en vérité respecter la liberté créatrice.
Les maîtres inconscients croient tout savoir et ils écrasent la liberté des étudiants en leur castrant l’intelligence avec leurs normes sans vie.
Les maîtres autoconscients savent qu’ils ne savent pas et ils s’offrent même le luxe d’apprendre en observant les capacités créatrices de leurs disciples.
Il est nécessaire que les étudiants des écoles, des collèges et des universités passent de la simple condition d’automates disciplinés à la brillante position d’êtres intelligents et libres pour qu’ils puissent faire face avec succès à toutes les difficultés de l’existence. Cela requiert des maîtres autoconscients, compétents, qui s’intéressent réellement à leurs disciples, des maîtres qui soient bien payés pour qu’ils n’aient aucune espèce d’angoisse monétaire.
Malheureusement, tout maître, tout père de famille, tout élève, se croit lui-même autoconscient, éveillé, et c’est sa plus grande erreur.
Il est très rare de rencontrer dans la vie une personne autoconsciente et éveillée. Les gens rêvent lorsque le corps dort et ils rêvent quand le corps est éveillé. Les gens conduisent leur automobile en rêvant ; ils travaillent en rêvant ; marchent dans la rue en rêvant ; à toute heure, ils vivent en rêvant.
Il est tout à fait normal qu’un professeur oublie son parapluie quelque part, ou qu’il laisse par mégarde un livre ou sa serviette dans son automobile. Tout ceci n’arrive que parce que ce professeur a la conscience endormie, qu’il rêve.
Il est très difficile pour les gens d’admettre qu’ils sont endormis, tout le monde se croit soi-même éveillé. Si quelqu’un acceptait qu’il ait sa conscience endormie, il est clair qu’il commencerait, à partir de cet instant, à s’éveiller.
L’élève oublie à la maison le livre ou le cahier qu’il devait apporter à l’école, ce genre d’oubli semble très normal, et il l’est effectivement, mais cela indique, signale, l’état de sommeil dans lequel se trouve la conscience humaine.
Il arrive souvent que les passagers d’un service de transport urbain dépassent la rue où ils devaient descendre : ils étaient endormis et lorsqu’ils se réveillent, ils finissent par se rendre compte qu’ils ont dépassé la rue et qu’il leur faudra maintenant rebrousser chemin et marcher quelques rues.
Dans la vie, il est très rare que l’être humain soit éveillé réellement, et lorsqu’il l’est, ne serait-ce qu’un instant, comme cela se produit parfois lors d’une grande terreur, il se voit lui-même, l’espace d’un moment, de façon intégrale. Ces moments sont inoubliables.
L’homme qui retourne chez lui après avoir parcouru toute la ville, se rappelle très difficilement toutes ses pensées, tous les incidents, toutes les personnes, les choses, les idées, etc. S’il essaie de se souvenir de tout, minutieusement, il trouvera dans sa mémoire de grandes lacunes qui correspondent précisément aux états de sommeil plus profond.
Certains étudiants en psychologie se sont proposés de vivre alertes d’instant en instant, mais tout d’un coup ils s’endorment, peut-être en rencontrant un ami dans la rue, ou en entrant dans un magasin pour acheter quelque chose, et quand, des heures plus tard, ils se rappellent leur décision de vivre en restant alertes et éveillés d’instant en instant, ils en viennent alors à se rendre compte qu’ils étaient endormis lorsqu’ils sont entrés dans tel ou tel endroit, ou lorsqu’ils ont rencontré telle ou telle personne, etc.
Être autoconscients c’est quelque chose de très difficile mais on ne peut parvenir à cet état qu’en apprenant à vivre alertes et vigilants seconde après seconde.
Si nous voulons arriver à l’autoconscience, nous devrons nous connaître nous-mêmes de façon intégrale. Nous avons tous le Moi, le Moi-Même, l’Ego, qu’il nous est nécessaire d’explorer pour nous connaître nous-mêmes et nous rendre autoconscients.
Il est urgent de nous auto-observer, d’analyser et de comprendre chacun de nos défauts. Il est indispensable de nous étudier nous-mêmes sur le terrain du mental, des émotions, des habitudes, des instincts et du sexe.
Le mental a beaucoup de niveaux, régions ou départements subconscients que nous devons connaître en profondeur au moyen de l’observation, de l’analyse, de la méditation profonde et de la parfaite compréhension intime.
Un défaut peut disparaître de la région intellectuelle et continuer d’exister dans d’autres niveaux inconscients du mental.
La première chose nécessaire c’est de s’éveiller pour comprendre notre propre misère, nullité et douleur. C’est après cela que le Moi commence à mourir d’instant en instant. La mort du Moi psychologique est indispensable. Il faut que le Moi meure pour que naisse en nous l’Être véritablement conscient. Seul l’Être peut exercer une véritable autorité consciente.
S’éveiller, mourir, naître, voilà les trois phases psychologiques qui nous conduisent à la véritable existence consciente.
Il faut s’éveiller pour mourir et il faut mourir pour naître. Celui qui meurt sans s’être éveillé se convertit en un saint stupide. Celui qui naît sans être mort se transforme en un individu doté d’une double personnalité, l’une très juste et l’autre très perverse.
L’exercice de la véritable autorité ne peut être accompli que par ceux qui possèdent l’Être conscient.
Ceux qui ne possèdent pas encore d’Être conscient, ceux qui ne sont pas encore autoconscients, abusent souvent de leur autorité et causent beaucoup de ravages.
Les maîtres doivent apprendre à commander et les élèves doivent apprendre à obéir. Ces psychologues qui se prononcent contre l’obéissance sont, en fait, totalement dans l’erreur, parce que personne ne peut commander consciemment si auparavant il n’a pas appris à obéir. Il faut savoir commander consciemment et il faut savoir obéir consciemment.
Chapitre 4 – La Discipline
Dans les écoles, les collèges et les universités, les professeurs accordent une très grande importance à la discipline, et nous allons à présent étudier attentivement cette question.
Tous ceux qui sont passés par les écoles, collèges et universités savent très bien ce que sont la discipline, les règlements, la férule, les réprimandes, etc. Imposer la discipline, c’est ce que l’on pourrait appeler : cultiver la résistance. Cela enchante les maîtres d’école de cultiver la résistance.
On nous enseigne à résister, à ériger une chose contre une autre. On nous enseigne à résister aux tentations de la chair et nous nous flagellons et nous faisons pénitence pour résister.
On nous enseigne à résister à la tentation de la paresse, à la tentation de ne pas étudier, de ne pas aller à l’école, de jouer, de rire, de nous moquer des maîtres, de violer les règlements, etc.
Les enseignants nourrissent la conception erronée que par le moyen de la discipline nous pouvons comprendre la nécessité de respecter l’ordre établi de l’école, la nécessité d’étudier, de garder une bonne tenue devant les maîtres, de bien nous comporter avec nos condisciples.
Il existe chez la plupart des gens la fausse conception que plus nous résistons, plus nous refoulons, et plus nous devenons compréhensifs, libres, complets, victorieux. Les gens ne veulent pas se rendre compte que plus nous luttons contre quelque chose, plus nous résistons à cette chose, plus nous la refoulons, moindre alors est la compréhension.
Si nous luttons contre le vice de la boisson, celui-ci disparaîtra pour un temps, mais comme nous ne l’avons pas compris à fond dans tous les niveaux du mental, il reviendra à la charge lorsque nous aurons relâché la garde et nous boirons en une seule fois comme jamais nous n’avons bu.
Si nous refoulons le vice de la fornication, nous serons pour un temps très chastes en apparence (bien que dans les niveaux plus profonds du mental nous soyons encore d’épouvantables satyres comme le peuvent démontrer les songes érotiques et les pollutions nocturnes), mais nous reviendrons plus tard avec plus de force à nos anciennes coutumes de fornicateurs invétérés à cause du fait concret que nous n’avons pas compris à fond ce qu’est la fornication.
Nombreux sont ceux qui refoulent la convoitise, ceux qui luttent contre elle, ceux qui se disciplinent contre elle en suivant des normes de conduite précises, mais comme ils n’ont pas vraiment compris tout le processus de la convoitise, au fond ils convoitent de ne pas être convoiteurs.
Nombreux aussi ceux qui se disciplinent contre la colère, ceux qui apprennent à lui résister, mais elle continue à exister dans les autres niveaux du mental subconscient, bien qu’en apparence elle ait disparu de notre caractère, et au moindre relâchement de notre attention, le subconscient nous trahit et alors nous tonnons et nous lançons des éclairs de colère au moment où nous nous y attendons le moins et souvent pour quelque motif sans la moindre importance.
Nombreux sont ceux qui se disciplinent contre les crises de jalousie, et qui croient fermement les avoir définitivement éliminées, mais comme ils ne les ont pas comprises, il est clair qu’elles réapparaissent sur la scène au moment précis où nous les croyions bel et bien mortes.
C’est seulement quand il y a absence totale de discipline, quand il y a liberté authentique, que surgit dans le mental la flamme ardente de la compréhension.
La liberté créatrice ne pourra jamais exister dans une armature. Nous avons besoin de liberté pour comprendre nos défauts psychologiques de façon intégrale. Il nous faut de toute urgence renverser les murs et briser nos fers afin d’être libres.
Nous devons expérimenter par nous-mêmes tout ce que nos maîtres à l’école, et nos parents, nous ont dit être bon et utile. Il ne suffit pas d’apprendre par cœur et imiter. Il nous faut comprendre.
Les professeurs doivent diriger tous leurs efforts vers la conscience des élèves. Ils doivent s’efforcer d’introduire leurs élèves sur le chemin de la compréhension.
Il n’est pas suffisant de dire aux étudiants qu’ils doivent être ceci ou cela, il est nécessaire que ceux-ci apprennent à être libres pour qu’ils puissent examiner, étudier, analyser par eux-mêmes toutes les valeurs, toutes les choses que les gens ont dit être bénéfiques, utiles, nobles, au lieu de tout simplement les accepter et les copier.
Les gens n’aiment pas découvrir par eux-mêmes, ils ont un mental fermé, stupide, un mental qui ne veut pas faire de recherche, un mental mécanique qui jamais ne va enquêter et qui imite seulement.
Il est nécessaire, il est urgent, il est indispensable que les élèves, dès leur plus tendre enfance et jusqu’au moment où ils abandonneront leurs classes, jouissent d’une véritable liberté pour qu’ils découvrent par eux-mêmes, s’enquièrent et comprennent, et pour qu’ils ne soient pas limités par les murs abjects des interdictions, des reproches et de la discipline.
Si l’on dit sans cesse aux étudiants ce qu’ils doivent et ne doivent pas faire, et si l’on ne leur permet pas de comprendre et d’expérimenter, où donc sera alors leur intelligence ? Quelle opportunité offre-t-on à leur intelligence ? À quoi sert, dans ces conditions, de passer des examens, d’être bien vêtu, d’avoir beaucoup d’amis, si nous ne sommes pas intelligents ?
L’intelligence ne vient à nous que lorsque nous sommes vraiment libres d’investiguer par nous-mêmes, de comprendre, d’analyser de façon autonome, sans la crainte d’une réprimande et sans la férule de la discipline. Les étudiants craintifs, effrayés, soumis à de terribles disciplines, ne pourront jamais savoir ; ils ne pourront jamais être intelligents.
De nos jours, l’unique chose qui intéresse les parents et les professeurs, c’est que les jeunes aient une carrière, qu’ils deviennent médecins, avocats, ingénieurs, employés de bureau, c’est-à-dire des automates vivants qui ensuite se marient et se convertissent en machines à faire des petits, et c’est tout.
Lorsque les garçons et les filles veulent faire quelque chose de nouveau, quelque chose de différent, lorsqu’ils ressentent le besoin de se dégager de cette armature de préjugés, d’habitudes ancestrales, de discipline, de traditions familiales ou nationales, les parents alors resserrent les fers de leur prison et disent à ces jeunes gens : Ne fais pas ça ! Nous ne sommes pas du tout prêts à t’appuyer en ce qui concerne cette chose, c’est de la folie, etc.
En somme, le garçon ou la jeune fille se trouvent détenus en bonne et due forme dans la prison des disciplines, des traditions, des coutumes désuètes et des idées décrépites.
L’Éducation Fondamentale enseigne à concilier l’ordre avec la liberté.
L’ordre sans liberté est tyrannie. La liberté sans ordre est anarchie. La liberté et l’ordre sagement combinés constituent la base de l’Éducation Fondamentale.
Les élèves doivent jouir d’une parfaite liberté pour être en mesure de s’enquérir, de rechercher par eux-mêmes la vérité, de découvrir réellement et en toute certitude ce qu’ils sont eux-mêmes et ce qu’ils peuvent faire dans la vie.
Les étudiants, les soldats et les policiers, et en général toutes ces personnes qui doivent vivre soumises à une discipline rigoureuse, deviennent d’ordinaire cruelles, insensibles à la douleur humaine, impitoyables.
La discipline détruit la sensibilité humaine et ceci est une chose amplement vérifiée par l’observation et l’expérience. Il y a tant de discipline et de règlements à notre époque, que les gens ont perdu toute sensibilité et sont devenus cruels et sang pitié.
Pour être vraiment libres, il nous faut être très sensibles et humains.
Dans les écoles, les collèges et les universités, on enseigne aux étudiants à prêter attention dans la classe, et les élèves prêtent attention pour éviter qu’on les gronde, leur tire les oreilles, les frappe avec la férule ou la règle, mais on ne leur enseigne malheureusement pas ce qu’est l’attention consciente. À cause de la discipline, l’étudiant s’efforce de prêter attention et gaspille son énergie créatrice de façon souvent inutile.
L’énergie créatrice est le type le plus subtil de force fabriqué par la machine organique.
Nous mangeons et nous buvons, et tous les processus de la digestion sont au fond des processus de subtilisation par lequel les matières grossières sont converties en matières et en forces utiles.
L’énergie créatrice est le type de matière et de force le plus subtil qui soit élaboré par l’organisme.
Si nous savions prêter une attention consciente, nous pourrions épargner notre énergie créatrice. Malheureusement, les maîtres n’enseignent pas à leurs disciples ce qu’est l’attention consciente.
En éparpillant partout notre attention, nous gaspillons notre énergie créatrice. Nous pourrons épargner notre énergie si nous divisons notre attention, si nous ne nous identifions pas avec les choses, avec les personnes, avec les idées. Lorsque nous nous identifions avec les personnes, les choses et les idées, nous nous oublions nous-mêmes et nous perdons alors notre énergie créatrice de la façon la plus pitoyable.
Il est indispensable de savoir qu’il nous faut épargner notre énergie créatrice afin d’éveiller notre conscience, car l’énergie créatrice est le potentiel vivant, le véhicule de la conscience, l’instrument pour éveiller la conscience.
Lorsque nous apprendrons à ne pas nous oublier nous-mêmes, lorsque nous apprendrons à diviser l’attention en sujet, objet et lieu, nous épargnerons notre énergie créatrice afin d’éveiller notre conscience.
Il est nécessaire d’apprendre à manœuvrer l’attention pour éveiller la conscience, mais les étudiants ne connaissent rien de tout ceci car leurs maîtres ne le leur ont pas enseigné.
Lorsque nous apprenons à utiliser consciemment l’attention, la discipline s’avère alors superflue. L’étudiant ou l’étudiante attentif à ses cours, à ses leçons, à l’ordre, n’a besoin d’aucune espèce de discipline.
Il est urgent que les maîtres comprennent la nécessité de concilier intelligemment la liberté et l’ordre et ceci n’est possible qu’au moyen de l’attention consciente. L’attention consciente exclut ce que l’on appelle l’identification. Lorsque nous nous identifions avec les personnes, les choses et les idées, la fascination vient et celle-ci endort la conscience.
Il faut savoir porter attention sans identification. Quand nous prêtons attention à quelque chose ou à quelqu’un et que nous nous oublions nous-mêmes, le résultat c’est la fascination et le sommeil de la conscience.
Observez soigneusement un spectateur au cinéma. Il se trouve endormi, il ignore tout, il s’ignore lui-même, il est vide, il semble un somnambule, il rêve avec le film qu’il est en train de regarder, avec le héros du film.
Les élèves doivent prêter attention dans la classe, mais sans s’oublier eux-mêmes, afin de ne pas tomber dans l’épouvantable sommeil de la conscience. L’élève doit se regarder lui-même en action, lorsqu’il prépare ou passe un examen, ou lorsque le maître l’envoie au tableau, ou lorsqu’il étudie, se repose, ou s’amuse avec ses camarades.
L’attention divisée en trois parties, sujet, objet, lieu, est en fait une attention consciente.
Quand nous ne commettons pas l’erreur de nous identifier avec les personnes, les choses, les idées, etc., nous épargnons notre énergie créatrice et nous précipitons en nous l’éveil de la conscience. Celui qui veut éveiller sa conscience dans les mondes supérieurs, doit commencer par s’éveiller ici et maintenant.
Lorsque l’étudiant commet l’erreur de s’identifier avec les personnes, les choses et les idées, lorsqu’il commet la faute de s’oublier lui-même, il tombe alors dans la fascination et le sommeil.
La discipline n’enseigne pas aux étudiants à prêter une attention consciente. La discipline est une véritable prison pour le mental.
Les élèves doivent apprendre dès les bancs de l’école à manier l’attention consciente afin que plus tard, dans la vie pratique, une fois en dehors de l’école, ils ne commettent pas l’erreur de s’oublier eux-mêmes.
L’homme qui s’oublie lui-même devant quelqu’un qui l’injurie, s’identifie avec celui-ci, se fascine, sombre dans le sommeil de l’inconscience et alors frappe ou tue, et finit en prison, inévitablement.
Celui qui ne se laisse pas fasciner, celui qui ne s’identifie pas avec l’insulteur, celui qui ne s’oublie pas lui-même, celui qui sait prêter une attention consciente, serait incapable d’accorder quelque valeur aux paroles de l’insulteur, ou de le frapper ou le tuer. Toutes les erreurs que l’être humain commet dans sa vie sont dues au fait qu’il s’oublie lui-même, s’identifie, se fascine et tombe dans le sommeil.
Il vaudrait beaucoup mieux pour la jeunesse, pour tous les étudiants, qu’on leur enseigne l’éveil de la conscience au lieu de les asservir avec toute cette absurde discipline.
Chapitre 5 – Que penser, Comment penser
Au foyer et à l’école, parents et maîtres nous disent toujours ce que nous devons penser mais jamais ils ne nous enseignent comment penser.
Savoir quoi penser est relativement facile. Nos parents, maîtres, tuteurs, les auteurs de livres, etc., tous et chacun sont des dictateurs à leur façon, chacun veut que nous pensions selon ses diktats, ses exigences, ses théories, ses préjugés.
Les dictateurs du mental abondent comme la mauvaise herbe. Il existe partout une tendance perverse à asservir le mental d’autrui, à l’embouteiller, à l’obliger à vivre à l’intérieur de normes déterminées, de préjugés, d’écoles.
Les milliers et les millions de dictateurs du mental n’ont jamais voulu respecter la liberté mentale d’aucune personne. Si quelqu’un ne pense pas comme eux, il est qualifié de pervers, de renégat, d’ignorant. Tout le monde veut asservir tout le monde, tout le monde veut écraser la liberté intellectuelle des autres. Personne ne veut respecter la liberté de pensée d’autrui. Chacun se croit avisé, sage, merveilleux, et désire, tout naturellement, que les autres soient comme lui, pensent comme lui, le prennent comme modèle.
On a beaucoup trop abusé du mental. Observez les commerçants et leur propagande à travers les journaux, la radio, la télévision, etc. La propagande commerciale est faite de façon dictatoriale. Achetez ce savon ! Ces souliers ! Tant de dollars ! Achetez aujourd’hui même ! Immédiatement ! N’attendez pas, ne remettez pas à demain ! Faites-le dès maintenant ! Etc. La seule chose qui manque c’est que l’on dise que si vous n’obéissez pas, on vous mettra en prison ou on vous tuera.
Le père veut introduire de force ses idées dans son fils et le maître d’école gronde, punit et met des mauvaises notes si le garçon ou la fille n’acceptent pas ses idées dictatoriales.
La moitié de l’humanité veut asservir le mental adverse de l’autre moitié de l’humanité. Cette tendance à tyranniser le mental des autres ressort de façon évidente lorsque nous étudions la « page noire de la noire histoire ». Il a existé et il existe encore partout de sanglantes dictatures qui s’appliquent à esclavager les peuples. Des sanglantes dictatures qui dictent aux gens ce qu’ils doivent penser. Malheur à celui qui essaie de penser librement ! On l’enverra inévitablement dans un camp de concentration, en Sibérie, en prison, aux travaux forcés, en exil, à la potence, à la guillotine, à la fusillade.
Ni les professeurs, ni les parents, ni les livres ne veulent enseigner comment penser.
Ce que les gens aiment c’est d’obliger les autres à penser comme ils croient qu’on doit penser et il est clair que sous ce rapport chacun est un dictateur à sa manière, chacun est persuadé d’avoir le dernier mot, chacun croit fermement que tous les autres doivent penser comme lui parce qu’il est, lui, le meilleur, le plus du plus.
Les parents, les maîtres et les patrons réprimandent sans cesse leurs subordonnés. Elle est effrayante et horrible cette tendance de l’humanité à manquer de respect aux autres, à violenter le mental d’autrui, à encager, enfermer, asservir, enchaîner la pensée des autres.
Le mari veut introduire dans la tête de sa femme sa doctrine, ses idées, de force s’il le faut, et l’épouse veut faire de même. Il arrive souvent que mari et femme divorcent par incompatibilité d’idées. Les conjoints ne veulent pas comprendre la nécessité de respecter la liberté intellectuelle de l’autre. Aucun des époux n’a le droit d’asservir le mental de l’autre. Chacun des deux est digne de respect. Chacun a le droit de penser comme il le veut, de professer sa religion, d’appartenir au parti politique de son choix.
À l’école, on oblige les enfants à penser telles ou telles choses, à avoir telles idées, et on y emploie la force, mais on ne leur enseigne pas à manier le mental. Le mental des enfants est tendre, souple, ductile, et celui des vieux est fixe, durci, comme l’argile dans un moule, il ne change plus, il ne peut plus changer. Le mental des enfants et des jeunes gens est pour sa part susceptible de beaucoup de changements, il peut changer.
On peut enseigner aux enfants et aux jeunes comment penser. Aux gens âgés il est très difficile d’enseigner comment penser parce qu’ils sont comme ils sont jusqu’à la mort. Il est très rare de rencontrer dans la vie un vieillard intéressé à changer radicalement.
Le mental des gens est moulé dès leur enfance. C’est ce que parents et maîtres d’école préfèrent et veulent. Ils aiment former le mental des enfants et des jeunes. Un mental introduit dans un moule est en fait un mental conditionné, un mental asservi.
Il est nécessaire que les maîtres d’école rompent les fers du mental. Il est urgent pour les maîtres de savoir diriger le mental des enfants vers la liberté véritable afin qu’ils ne se laissent plus asservir. Il est indispensable que les maîtres enseignent à leurs élèves comment on doit penser.
Les professeurs doivent comprendre la nécessité d’enseigner à leurs étudiants le chemin de l’analyse, de la méditation et de la compréhension.
Une personne compréhensive ne doit jamais rien accepter de façon dogmatique. Il est indispensable d’investiguer d’abord, de s’enquérir, de comprendre avant d’accepter. En d’autres mots, nous dirons qu’il n’y a nul besoin d’accepter, mais plutôt d’enquêter, d’analyser, de méditer et de comprendre.
Quand la compréhension est totale, l’acceptation n’est pas nécessaire.
Rien ne sert de nous remplir la tête d’informations intellectuelles si au sortir de l’école nous ne savons pas penser et continuons comme des automates vivants, comme des machines, à répéter la même routine que celle de nos parents, de nos grands-parents et de nos arrière-grands-parents.
Toujours répéter la même chose, vivre une vie de machines, de la maison au bureau, du bureau à la maison, se marier pour se convertir en machines à faire des enfants, ce n’est pas vivre, et si c’est pour ça que nous étudions, pour ça que nous allons à l’école, au collège et à l’université durant dix ou quinze ans, il vaudrait mieux ne pas étudier.
Le Mahatma Gandhi était un homme très singulier. Les pasteurs protestants sont souvent restés assis à sa porte durant des heures entières s’efforçant de le convertir au christianisme dans sa forme protestante. Gandhi n’acceptait pas l’enseignement des pasteurs mais il ne le rejetait pas non plus, il le comprenait, le respectait, voilà tout.
Le Mahatma disait souvent : « Je suis brahmane, juif, chrétien, mahométan », etc. Le Mahatma comprenait que toutes les religions sont nécessaires car toutes véhiculent les mêmes valeurs éternelles.
Le fait d’accepter ou de rejeter une doctrine ou un concept quelconque révèle un manque de maturité mentale. Lorsque nous rejetons ou acceptons quelque chose, c’est que nous ne l’avons pas compris. Là où il y a compréhension, l’acceptation ou le rejet s’avèrent superflus.
Le mental qui croit, le mental qui ne croit pas, le mental qui doute, est un mental ignorant.
Le chemin de la Sagesse ne consiste pas à croire ou ne pas croire ou douter, le chemin de la Sagesse consiste à s’enquérir, analyser, méditer et expérimenter.
La Vérité c’est l’inconnu d’instant en instant. La Vérité n’a rien à voir avec ce que l’on croit ou cesse de croire, ni non plus avec le scepticisme. La Vérité n’est pas une question d’accepter ou de rejeter quelque chose. La Vérité c’est une question d’expérimenter, d’éprouver, de comprendre.
Les maîtres doivent, en dernière analyse, orienter tous leurs efforts vers un seul but : conduire leurs élèves à l’expérience du Réel, du Vrai.
Il est urgent que les maîtres abandonnent cette antique et pernicieuse tendance à toujours s’efforcer de modeler le mental plastique et ductile des enfants.
Il est absurde que des personnes adultes remplies de préjugés, de passions, de préconceptions désuètes, violentent ainsi le mental des enfants et des adolescents en essayant de modeler ce mental selon leurs idées rances, turpides, surannées.
Mieux vaut respecter la liberté intellectuelle des élèves, respecter leur promptitude mentale, leur spontanéité créatrice.
Les maîtres n’ont pas le droit d’encager le mental des étudiants. Ce qui est fondamental, ce n’est pas de dicter au mental ce qu’il doit penser, mais de lui enseigner de façon complète comment penser.
Le mental est l’instrument de la connaissance et il est nécessaire que les maîtres enseignent à leurs élèves le sage maniement de cet instrument.
Chapitre 6 – La Quête de Sécurité
Quand les poussins ont peur, ils se cachent sous les ailes amoureuses de la poule, en quête de sécurité.
L’enfant effrayé court à la recherche de sa mère parce que près d’elle il se sent en sécurité.
Ainsi est-il démontré que la crainte et la recherche de sécurité se trouvent toujours étroitement associés. L’homme qui a peur d’être assailli par des bandits cherche une sécurité dans son revolver. Le pays qui craint d’être attaqué par un autre pays achètera canons, avions et navires de guerre, lèvera des armées et sera bientôt sur un pied de guerre.
Plusieurs personnes incapables de travailler, terrorisées par la perspective de la misère, recherchent une sécurité dans le crime, se font voleurs, assaillent d’autres gens, etc. Un certain nombre de femmes manquant d’intelligence, effrayées devant la possibilité de la misère, deviennent des prostituées.
L’homme jaloux craint de perdre sa femme et cherche une sécurité dans son pistolet, il ira même jusqu’à tuer et finira indubitablement en prison. La femme jalouse pourra tuer sa rivale ou son mari et se convertira ainsi en meurtrière ; elle a peur de perdre son mari et en voulant se l’assurer, elle tue l’autre femme ou assassine son propre époux.
Le propriétaire d’une maison, par crainte que ses locataires ne le paient pas, exige un bail, des garanties, un dépôt, ne voulant pas prendre de risques, et si une pauvre veuve pleine d’enfants ne peut remplir d’aussi formidables exigences, et si tous les propriétaires de la ville en demandent autant, la malheureuse devra finalement aller dormir avec ses enfants dans la rue ou dans le parc de la ville, comme cela se voit fréquemment dans beaucoup de pays.
Toutes les guerres ont leur origine dans la peur. Les tortures, les camps de concentration, la Sibérie, les épouvantables prisons, exils, travaux forcés, exécutions, ont leur origine dans la peur. Les nations en attaquent d’autres par crainte ; elles recherchent une sécurité dans la violence, elles croient qu’en tuant, en envahissant, elles pourront se protéger, devenir fortes, puissantes.
Dans les bureaux de la police secrète, du contre-espionnage, tant à l’est qu’à l’ouest, on torture les espions, car on les redoute, on veut les faire confesser pour préserver la sécurité de l’état.
Tous les délits, tous les crimes, toutes les guerres, ont leur origine dans la quête de sécurité.
À d’autres époques il y avait de la sincérité chez les gens, aujourd’hui la peur et la quête de sécurité ont mis fin au parfum merveilleux de la sincérité. Les amis se méfient l’un de l’autre, chacun craint que l’autre le vole, l’escroque, l’exploite, et il y a même à ce propos des maximes stupides et perverses, comme celle-ci : « Tu ne dois jamais tourner le dos à ton meilleur ami ». Les Hitlériens disaient de cette maxime qu’elle était de l’or en barre.
Ainsi donc, les amis se craignent mutuellement et usent même de maximes pour se protéger. Il n’y a plus de sincérité entre les amis. La peur et la quête de sécurité ont mis un terme au délicieux arôme de la sincérité.
À Cuba, le général Castro a fait fusiller des milliers de citoyens, par crainte qu’on ne le tue ; Castro cherche la sécurité en fusillant, il croit qu’ainsi il peut vivre en sécurité.
Staline, le pervers et sanguinaire Staline, déchira la Russie avec ses purges sanglantes. C’était sa façon de rechercher la sécurité.
Hitler organisa la Gestapo, la terrible Gestapo, pour la sécurité de l’État. Il ne fait aucun doute qu’il avait peur qu’on le renverse, c’est pour cela qu’il a fondé la sanglante Gestapo.
Toutes les amertumes de ce monde proviennent de la peur et de la quête de sécurité. Maîtres et maîtresses d’école doivent enseigner à leurs élèves la vertu du courage. Il est lamentable que dès le foyer familial on remplisse les enfants de crainte ; on menace les enfants, on les intimide, on les effraie, on les bat, etc. Il est commun de voir les parents et les maîtres effrayer l’enfant ou l’adolescent pour qu’il étudie. On dit ordinairement aux jeunes, que s’ils n’étudient pas ils seront réduits à la mendicité, ils devront errer affamés à travers les rues, exercer des travaux très humbles comme nettoyer la vaisselle, cirer des chaussures, porter des fardeaux, vendre des revues, travailler aux labours, etc.
Au fond, derrière toutes ces paroles des maîtres et des parents, il y a de la crainte pour l’enfant, une recherche de sa sécurité. Mais le plus grave de tout ceci c’est que les jeunes deviennent pleins de complexes, pleins de terreur et que plus tard, dans la vie pratique, ils sont des individus paralysés par la crainte. Les parents et les maîtres qui ont le mauvais goût de faire peur aux enfants, aux jeunes gens et jeunes filles, les dirigent inconsciemment sur le chemin du crime, car, comme nous l’avons déjà dit, n’importe quel délit a son origine dans la crainte et la quête de sécurité.
De nos jours, la crainte et la quête de sécurité ont converti la terre en un enfer épouvantable. Tout le monde a peur. Tout le monde veut se sécuriser. Il y eut un temps où l’on pouvait voyager librement ; maintenant, les frontières sont pleines de gardes en armes, on exige des passeports, des certificats de toute sorte pour avoir le droit de passer d’un pays à un autre.
Tout cela est le résultat de la peur et de la recherche de sécurité. On craint le voyageur, on redoute celui qui arrive de l’étranger et l’on cherche une sécurité dans des passeports et des papiers de toute sorte.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent comprendre l’horreur de tout ceci et coopérer pour le bien du monde, en sachant éduquer les nouvelles générations, en leur enseignant le chemin du véritable courage.
Il est urgent d’enseigner aux nouvelles générations à ne plus avoir peur et à ne chercher de sécurité en rien ni en personne. Il est indispensable que tout individu apprenne à avoir davantage confiance en lui-même.
La crainte et la quête de sécurité sont de terribles faiblesses qui ont converti la vie en un épouvantable enfer. Le monde regorge de poltrons, de peureux, de faibles toujours en quête de sécurité.
On a peur de la vie, on a peur de la mort, on a peur du qu’en dira-t-on, des calomnies, de perdre sa position sociale, sa position politique, son prestige, son argent, sa belle maison, sa femme, son mari, son emploi, son commerce, son monopole, ses meubles, son automobile, etc. On a peur de tout, le monde regorge de peureux, de poltrons, de faibles, mais personne ne se croit lui-même poltron, tous se présument forts, courageux.
Il y a une multitude de biens, de possessions que les gens de toutes les classes sociales craignent de perdre, et pour cette raison le monde cherche à se sécuriser de mille façons qui à force de devenir de plus en plus complexes rendent par le fait même la vie toujours plus compliquée, toujours plus ardue, toujours plus amère, cruelle et impitoyable.
Toutes les médisances, toutes les calomnies, les intrigues, ont leur origine dans la crainte et la quête de sécurité. Pour ne pas perdre sa fortune, sa position, son pouvoir, son prestige, on répand des calomnies, des commérages, on assassine, on paie pour assassiner en secret. Les puissants de la terre s’offrent même le luxe d’avoir des tueurs à gages très bien payés, dans le but répugnant d’éliminer quiconque menace de les éclipser. Ils aiment le pouvoir pour le pouvoir et se le garantissent au moyen de l’argent et de beaucoup de sang versé.
Les journaux annoncent constamment beaucoup de cas de suicide. Nombre de gens croient que celui qui se suicide est courageux mais en réalité, celui qui se suicide est un lâche qui a peur de la vie et qui cherche sécurité dans les bras décharnés de la mort.
Certains héros de guerre ont été reconnus comme des personnes faibles et poltronnes, mais lorsqu’ils se sont vus face à face avec la mort, leur terreur fut tellement épouvantable qu’ils devinrent de terribles bêtes féroces : cherchant à assurer leur propre vie, ils ont fait un suprême effort contre la mort, et ils furent alors proclamés héros.
La peur est souvent confondue avec le courage. Celui qui se suicide semble très courageux, celui qui porte un pistolet semble très courageux, mais en réalité, les suicidés et les hommes armés sont très lâches.
Celui qui n’a pas peur de la vie ne se suicide pas. Celui qui n’a peur de personne ne porte pas de revolver à la ceinture.
Il est urgent que les maîtres et maîtresses d’école enseignent au citoyen, de façon claire et précise, ce qu’est le vrai courage et ce qu’est la peur.
La crainte et la recherche de sécurité ont converti le monde en un épouvantable enfer.
Chapitre 7 – L’Ambition
L’ambition a diverses causes et l’une d’elles est ce que l’on nomme la peur. L’humble garçon qui dans les parcs des opulentes villes cire les chaussures de messieurs orgueilleux, pourrait se transformer en voleur s’il arrivait à ressentir la peur de la pauvreté, la peur de lui-même, la peur de l’avenir. La petite couturière qui travaille humblement dans le fastueux magasin du riche commerçant, pourrait devenir voleuse ou prostituée du soir au matin, si elle en venait à ressentir la peur du futur, la peur de la vie, la peur de la vieillesse, la peur d’elle-même.
L’élégant employé du restaurant de luxe ou du grand hôtel pourrait devenir un gangster, un voleur de banque, ou un filou très subtil, si par malheur il en arrivait à ressentir la peur de lui-même, de son humble position d’employé subalterne, la peur de son propre devenir.
Le vermisseau insignifiant ambitionne un mieux être. Le pauvre employé de magasin qui attend la clientèle et qui nous montre avec patience les cravates, les chemises, les souliers, en faisant beaucoup de révérences et en souriant avec une feinte mansuétude, ambitionne quelque chose de plus car il a peur, beaucoup peur, peur de la misère, peur du sombre avenir, peur de la vieillesse.
L’ambition a beaucoup de facettes. L’ambition a une face de saint et une face de diable, un visage d’homme et un visage de femme, un visage intéressé et un visage désintéressé, un visage de vertueux et un visage de pécheur.
Il y a de l’ambition chez celui qui veut se marier et chez ce vieux célibataire endurci qui abhorre le mariage.
Il y a de l’ambition chez celui qui désire éperdument « être quelqu’un », être regardé, grimper au sommet ; il existe de l’ambition chez celui qui se fait anachorète, qui ne désire rien qui appartienne à ce monde, car son unique ambition c’est d’atteindre le Ciel, de se libérer.
Il existe des ambitions terrestres et des ambitions spirituelles. L’ambition revêt parfois le masque du désintéressement et du sacrifice. Celui qui n’ambitionne pas ce monde vil et misérable ambitionne l’autre monde, et celui qui n’ambitionne pas d’argent, ambitionne des pouvoirs psychiques.
Le Moi, le Moi-Même, le Soi-Même, adore cacher l’ambition, la dissimuler dans les replis les plus secrets du mental, et ensuite il dit : « Je n’ambitionne rien », « j’aime mes semblables », « je travaille de façon désintéressée pour le bien de tous les êtres humains ».
Le politicien rusé et bien connu de tous étonne parfois les foules avec ses œuvres apparemment désintéressées, mais lorsqu’il abandonne son emploi, il n’est pas rare de le voir quitter son pays avec quelques millions de dollars.
L’ambition déguisée sous le masque du désintéressement trompe souvent les gens les plus astucieux.
Il y a dans le monde beaucoup de gens qui ambitionnent seulement de ne pas être ambitieux. Nombreux sont les gens qui renoncent à toutes les pompes et vanités du monde parce qu’ils n’ambitionnent que leur propre « autoperfection » intime. Le pénitent qui marche sur les genoux jusqu’au temple et qui se flagelle, plein de foi, n’ambitionne apparemment rien et il s’offre même le luxe de donner, sans rien enlever à personne, mais il est clair qu’il ambitionne le miracle, la guérison, la santé, pour lui même ou pour un proche, ou bien le salut éternel. Nous admirons les hommes et les femmes vraiment religieux, mais plaignons-nous de ce qu’ils n’aiment pas leur religion de façon totalement désintéressée.
Les saintes religions, les sublimes sectes, ordres, sociétés spirituelles, etc., méritent notre amour désintéressé. Il est très rare de rencontrer dans ce monde une personne qui aime sa religion, son école, sa secte, de façon désintéressée, et cela est déplorable.
Tout le monde est rempli d’ambitions. Hitler s’est lancé dans la guerre par ambition. Toutes les guerres ont leur origine dans la peur et dans l’ambition. Les problèmes les plus graves de la vie ont leur origine dans l’ambition. Tout le monde vit en lutte contre tout le monde à cause de l’ambition, les uns contre les autres et tous contre tous.
Dans la vie, chaque personne ambitionne d’être quelque chose, et les gens d’un certain âge, les maîtres, les parents, les tuteurs, stimulent les enfants et les jeunes à suivre l’affreux chemin de l’ambition. Les adultes disent aux petits qu’ils doivent être quelque chose dans la vie, devenir riches, se marier avec une personne millionnaire, être puissants, etc.
Les vieilles générations, horribles, laides, révolues, veulent que les nouvelles générations soient également ambitieuses, laides et horribles comme elles le sont. Le plus grave de tout cela c’est que ces jeunes qui grandissent se laissent gouverner et se laissent conduire sur ce chemin funeste de l’ambition.
Les maîtres doivent enseigner à leurs élèves qu’aucun travail honorable ne mérite le mépris ; il est absurde de regarder avec mépris le chauffeur de taxi, l’employé de magasin, le campagnard, le cireur de chaussures, etc. Tout travail humble est beau. Le travail le plus humble est nécessaire dans la vie sociale. Nous ne naissons pas tous pour être ingénieurs, gouverneurs, présidents, docteurs, avocats. Dans le conglomérat social, on a besoin de toutes les occupations, de tous les métiers, un travail honorable ne peut jamais être méprisable.
Dans la vie pratique, chaque être humain sert pour quelque chose, et l’important c’est de savoir à quoi chacun sert. C’est le devoir des maîtres de découvrir la vocation de chaque étudiant et de l’orienter dans ce sens. Celui qui travaille selon sa vocation travaillera avec un véritable amour et sans ambition.
L’amour doit remplacer l’ambition. La vocation, c’est ce qui nous plaît réellement, cette profession, cette fonction que nous accomplissons avec joie parce qu’elle nous est agréable et que nous l’aimons.
Malheureusement, dans la vie moderne les gens travaillent à contrecœur et par ambition parce qu’ils exercent des métiers qui ne coïncident pas avec leur vocation.
Lorsqu’on travaille dans ce qu’on aime, dans sa vocation véritable, on le fait avec amour parce qu’on aime sa vocation, parce que nos aptitudes correspondent exactement aux exigences de notre vocation.
C’est précisément le travail des maîtres de savoir orienter leurs élèves, de découvrir leurs aptitudes, de les orienter sur le chemin de leur authentique vocation.
Chapitre 8 – L’Amour
Les étudiants doivent, dès les bancs de l’école, comprendre de façon intégrale ce que l’on appelle l’Amour.
La peur et la dépendance sont souvent confondues avec l’amour mais ne sont pas l’amour. Les élèves dépendent de leurs parents et maîtres et il est clair qu’ils les respectent et les craignent à la fois.
Les enfants, les jeunes gens et les jeunes filles dépendent de leurs parents en ce qui concerne le vêtement, la nourriture, l’argent, le gîte, et naturellement ils se sentent protégés, ils savent qu’ils dépendent de leurs parents et c’est pour cela qu’ils les respectent et même les craignent, mais ce n’est pas de l’amour.
Comme preuve de ce que nous venons de dire, nous pouvons tous constater que n’importe quel enfant ou adolescent a plus confiance en ses petits amis de l’école qu’en ses propres parents. Réellement, les jeunes parlent avec leurs compagnons ou compagnes de choses intimes dont ils ne parleraient jamais de la vie avec leurs parents eux-mêmes. Cela nous démontre qu’il n’y a pas de confiance véritable entre enfants et parents, qu’il n’y a pas de véritable amour.
Il devient indispensable de comprendre qu’il existe une différence radicale entre l’amour et ce qu’est le respect, la crainte, la dépendance, la peur. Il est urgent de savoir respecter nos parents et maîtres, mais ne confondons pas le respect avec l’amour. Le respect et l’amour doivent être étroitement unis, mais nous ne devons pas confondre l’un avec l’autre.
Les parents ont peur pour leurs enfants, ils désirent pour eux ce qu’il y a de mieux, une bonne profession, un bon mariage, la protection, etc., et ils confondent cette crainte avec le véritable amour.
Il est rendu nécessaire de comprendre que sans amour véritable, il est impossible aux parents et aux maîtres de guider les nouvelles générations d’une manière sage, bien qu’ils aient les meilleures intentions. Le chemin qui conduit à l’abîme est pavé de bonnes intentions.
Voyons le cas mondialement connu des « Rebelles sans cause ». C’est une épidémie mentale qui s’est propagée à travers le monde entier. Une foule de jeunes « très bien », très aimés, dit-on, de leurs parents, très choyés, très affectionnés, assaillent des passants sans défense, frappent et violent des femmes, volent, lancent des pierres, se promènent en bandes, faisant partout du dommage, manquent de respect aux maîtres et aux parents, etc.
Les « Rebelles sans cause » sont le produit du manque de véritable amour. Là où existe un véritable amour, il n’y a pas de « Rebelles sans cause ». Si les parents aimaient vraiment leurs enfants, ils sauraient les orienter intelligemment et alors il n’y aurait pas de « Rebelles sans cause ».
Les « Rebelles sans cause » sont le produit d’une mauvaise orientation. Les parents n’ont pas assez d’amour pour se consacrer vraiment à orienter sagement leurs enfants. Les parents modernes ne pensent qu’à l’argent et à en donner toujours plus à l’enfant, et à l’automobile dernier modèle, et aux vêtements dernier cri, etc., mais ils n’aiment pas vraiment, ils ne savent pas aimer et c’est pour cela qu’il y a les « Rebelles sans cause ».
La superficialité de cette époque est due au manque d’amour véritable. La vie moderne ressemble à une flaque sans profondeur. Dans le lac profond de la vie beaucoup de créatures peuvent vivre, mais la petite flaque au bord du chemin est dite asséchée par les ardents rayons du soleil et alors la seule chose qui reste c’est la boue, la pourriture, la laideur.
Nous ne pourrons pas comprendre la beauté de la vie dans toute sa splendeur si nous n’apprenons pas à aimer.
Les gens confondent le respect et la crainte avec ce que l’on nomme l’amour. Nous respectons nos supérieurs et les craignons et nous croyons alors que nous les aimons. Les enfants craignent leurs parents et maîtres, et les respectent, et ils croient ainsi qu’ils les aiment.
L’enfant a peur du fouet, de la férule, des mauvaises notes, des gronderies à la maison ou à l’école, et il pense alors qu’il aime ses parents et ses maîtres mais en réalité il les craint seulement.
Nous dépendons de notre emploi, du patron, nous redoutons la misère, nous avons peur de rester sans travail et dès lors nous croyons aimer notre patron, et nous veillons même à ses intérêts, nous prenons soin de ce qui lui appartient, mais ce n’est pas de l’amour, c’est de la crainte.
Beaucoup de gens ont peur de penser par eux-mêmes aux mystères de la vie et de la mort, peur de s’enquérir, d’investiguer, de comprendre, d’étudier, et alors ils s’exclament : « J’aime Dieu, et cela suffit ! ». Ils croient qu’ils aiment Dieu, mais en réalité ils n’aiment pas, ils craignent.
En temps de guerre, l’épouse sent qu’elle adore plus que jamais son mari, et elle espère avec une anxiété infinie son retour à la maison, mais en réalité elle ne l’aime pas, elle craint seulement de rester sans mari, sans protection, etc.
L’esclavage psychologique, la dépendance, le fait de dépendre de quelqu’un, n’est pas de l’amour. C’est uniquement de la crainte, sans plus.
L’enfant, au cours de ses études, dépend du maître et il est clair qu’il craint l’expulsion, les mauvaises notes, les réprimandes, et très souvent il croit aimer son professeur, mais en vérité il le craint.
Lorsque l’épouse est sur le point d’accoucher, ou en danger de mort à cause de quelque maladie, l’époux croit qu’il l’aime beaucoup plus, mais en réalité, ce qui se produit c’est qu’il craint de la perdre, il dépend d’elle pour nombre de choses comme la nourriture, le sexe, le lavage de ses vêtements, les caresses, et il a peur de la perdre. Cela n’est pas de l’amour.
Tout le monde affirme qu’il adore tout le monde, mais il n’y a rien de tel. Il est très rare de rencontrer dans la vie quelqu’un qui sache vraiment aimer. Si les parents aimaient vraiment leurs enfants, si les enfants aimaient vraiment leurs parents, si les maîtres aimaient véritablement leurs élèves, il ne pourrait pas y avoir de guerres. Les guerres seraient totalement impossibles.
Ce qui arrive, c’est que les gens n’ont pas compris ce qu’est l’amour, et ils confondent la crainte, l’esclavage psychologique et la passion avec ce que l’on appelle l’Amour.
Les gens ne savent pas aimer, si les gens savaient aimer, la vie serait par le fait même un paradis.
Les amoureux croient qu’ils aiment, beaucoup le croient dur comme fer, mais ils ne sont que passionnés : une fois la passion satisfaite, le château de cartes s’écroule par terre. La passion souvent trompe le mental et le cœur. N’importe quel passionné se croit amoureux.
Il est très rare de trouver dans la vie un couple vraiment amoureux. Les couples de passionnés abondent mais il est extrêmement difficile de rencontrer un couple d’amoureux.
Tous les artistes chantent l’amour mais ils ne savent pas ce qu’est l’amour, ils confondent la passion avec l’amour. S’il y a une chose difficile dans cette vie, c’est justement de ne pas confondre la passion avec l’amour.
La passion, c’est le poison le plus délicieux et le plus subtil que l’on puisse concevoir, elle finit toujours par triompher au prix du sang. La passion est sexuelle à cent pour cent, la passion est bestiale mais parfois aussi très raffinée et très subtile. Elle est toujours confondue avec l’amour.
Les maîtres doivent enseigner à leurs élèves, aux jeunes gens et aux jeunes filles, à différencier l’amour et la passion.
C’est ainsi seulement qu’ils éviteront plus tard, dans leur vie, nombre de tragédies.
Les professeurs sont dans l’obligation de former la responsabilité de leurs élèves et ainsi doivent-ils les préparer en conséquence afin qu’ils ne se convertissent pas en tragédiens de la vie.
Il est nécessaire de comprendre ce qu’est l’amour, et qu’il n’a rien à voir avec la jalousie, la passion, la violence, la crainte, les attachements, la dépendance psychologique, etc. L’amour ne doit pas être mêlé avec cela.
L’Amour n’existe malheureusement pas chez les êtres humains, mais ce n’est pas non plus quelque chose que l’on peut acquérir, acheter, cultiver comme une fleur de serre. L’amour doit naître en nous et il ne naît que lorsque nous avons compris à fond ce qu’est la haine que nous portons à l’intérieur, ce qu’est la peur, la passion sexuelle, la crainte, l’esclavage psychologique, la dépendance, etc. Nous devons comprendre ce que sont ces défauts psychologiques, nous devons comprendre comment ils fonctionnent, comment ils procèdent en nous non seulement au niveau intellectuel de la vie, mais aussi dans les autres niveaux cachés et inconnus du subconscient.
Il est devenu nécessaire d’extraire des divers replis du mental tous ces défauts. Ainsi seulement naît en nous, de manière spontanée et pure, ce que l’on nomme l’amour.
Il est impossible de transformer le monde sans la flamme de l’amour. Seul l’amour peut vraiment transformer le monde.
Chapitre 9 – Le Mental
Nous avons pu constater, à travers l’expérience, qu’il est impossible de comprendre ce que nous appelons l’amour jusqu’à ce que nous ayons compris de façon intégrale le problème complexe du mental.
Ceux qui supposent que le mental c’est le cerveau, sont totalement dans l’erreur. Le mental est énergétique, subtil, il peut s’affranchir, se rendre indépendant de la matière, il peut, lors de certains états hypnotiques ou durant le sommeil ordinaire, se transporter à des endroits très éloignés pour voir et entendre ce qui se passe dans ces endroits.
On effectue, dans les laboratoires de parapsychologie, des expériences remarquables avec des sujets en état d’hypnose.
Dans cet état hypnotique, beaucoup de sujets ont fourni aux expérimentateurs une foule de détails très précis sur des évènements, des personnes et des situations qui, durant leur transe hypnotique, se déroulaient ou se trouvaient à de grandes distances. Les scientifiques ont pu vérifier, à la suite de ces expériences, la véracité des informations recueillies ; ils ont pu constater la réalité des faits mentionnés, l’exactitude des évènements.
Grâce à ces expérimentations menées dans les laboratoires de parapsychologie, il est totalement démontré par l’observation et l’expérience que le cerveau n’est pas le mental. À la lumière de ces observations, nous pouvons affirmer en toute vérité que l’esprit peut voyager à travers le temps et l’espace indépendamment du cerveau, pour voir et entendre des choses qui se produisent en des lieux parfois très lointains.
La réalité des perceptions extra-sensorielles est aujourd’hui absolument démontrée, et seul un fou à lier ou un idiot pourrait encore nier la réalité de ces perceptions extra-sensorielles.
Le cerveau est fait pour élaborer la pensée mais il n’est pas la pensée. Le cerveau n’est qu’un instrument du mental, il n’est pas le mental. Il nous faut étudier en profondeur le mental si nous voulons en vérité connaître de façon intégrale ce que l’on appelle l’amour.
Les enfants et les jeunes gens en général ont un mental très élastique, ductile, prompt, alerte. La plupart des jeunes aiment questionner leurs parents et leurs maîtres sur telle ou telle chose, ils désirent apprendre quelque chose de plus, ils veulent savoir, et c’est pour cela qu’ils interrogent, observent, voient certains détails que les adultes dédaignent ou ne perçoivent pas.
À mesure que les années passent, à mesure que nous avançons en âge, le mental se cristallise lentement, peu à peu. Le mental des vieillards est rigide, pétrifié, il ne change plus, rien ne pourrait plus le faire bouger d’un poil. Le « gâtisme » des vieillards, leurs préjugés, leurs idées fixes, etc., les font ressembler à du roc, à une pierre qui ne change plus du tout. C’est pour cela que le dicton populaire sud-américain affirme : « On garde son génie et sa figure jusqu’à la tombe ».
Il est devenu urgent que les maîtres chargés de former la personnalité des élèves étudient à fond le mental afin de pouvoir orienter intelligemment les nouvelles générations. Il est douloureux de comprendre de façon précise comment, à travers le temps, le mental se pétrifie peu à peu.
Le mental est le meurtrier du Réel, du Vrai. Le mental détruit l’amour. Celui qui arrive à la vieillesse n’est plus capable d’aimer parce que son mental est rempli d’expériences douloureuses, de préjugés, d’idées fixes et dures comme l’acier.
Il existe ici et là des vieillards encore « verts » qui se croient toujours capables d’aimer, mais ce qui arrive c’est que ceux-ci sont remplis de passions sexuelles séniles et ils confondent la passion avec l’amour. Tout « vieillard encore vert » passe par de formidables états luxurieux passionnels avant de mourir, et il croit que c’est de l’amour.
Les vieux ne peuvent pas aimer parce que le mental a détruit l’amour avec ses « radotages », ses « idées fixes », ses « préjugés », sa « jalousie », ses « expériences », ses « souvenirs », ses passions sexuelles, etc.
Le mental est le pire ennemi de l’amour. Dans les pays supercivilisés, l’amour n’existe plus, parce que le mental des gens est pris dans la manufacture, le compte en banque, la gazoline et les produits de consommation. Il y a une foule de bouteilles qui captent le mental, et le mental de chaque personne est fort bien embouteillé.
Certains ont le mental embouteillé dans « l’abominable communisme », d’autres ont le leur embouteillé dans « l’inhumain capitalisme ». Il y a ceux qui ont le mental embouteillé dans la jalousie, dans la haine, dans le désir d’être riche, dans le statut social, dans le pessimisme, dans l’attachement à des personnes déterminées, dans l’attachement à leurs propres souffrances, dans leurs problèmes familiaux, etc.
Les gens adorent embouteiller le mental. Rares sont ceux en vérité, qui prennent la résolution de faire voler la bouteille en morceaux.
Il nous faut libérer le mental, mais l’esclavage plaît aux gens. Il est très rare de trouver quelqu’un, dans la vie, qui n’ait pas le mental bien embouteillé.
Les maîtres doivent enseigner toutes ces choses à leurs élèves. Ils doivent enseigner aux nouvelles générations à étudier leur propre mental, à l’observer, à le comprendre, car c’est ainsi seulement, par le moyen de la compréhension profonde, que nous pourrons éviter que le mental se cristallise, se fossilise, se congèle, s’embouteille.
La seule chose qui puisse transformer le monde c’est ce que l’on appelle l’amour, mais le mental détruit l’amour.
Il nous faut étudier notre propre mental, l’observer, l’investiguer en profondeur et le comprendre vraiment. C’est seulement ainsi, seulement en nous rendant maîtres de nous-mêmes, de notre propre mental, que nous tuerons le tueur de l’amour et que nous serons véritablement heureux.
Ceux qui vivent en rêvassant, en se faisant de belles illusions sur l’amour, ceux qui vivent en projetant toutes sortes de choses sur l’amour, ceux qui veulent que l’amour opère selon leurs envies et répulsions, projections et fantaisies, normes et préjugés, souvenirs, expériences et désirs, ne pourront jamais savoir ce qu’est réellement l’amour, ils se sont en fait convertis en ennemis de l’amour.
Il est nécessaire de comprendre de façon intégrale ce que sont les processus du mental qui permettent d’accumuler des expériences.
Le maître ou la maîtresse d’école grondent souvent de façon juste mais parfois stupidement et sans motif véritable, sans comprendre que toute réprimande injuste reste déposée dans le mental des étudiants ; le résultat d’une telle conduite erronée est très souvent la perte de l’amour pour le professeur.
Le mental détruit l’amour et c’est quelque chose que les maîtres des écoles, collèges et universités ne doivent jamais oublier. Il est nécessaire de comprendre à fond tous ces processus mentaux qui mettent fin à la beauté de l’amour.
Il ne suffit pas d’être père ou mère de famille, il faut également savoir aimer. Les pères et mères de famille croient qu’ils aiment leurs enfants pour la bonne raison qu’ils les ont, qu’ils les possèdent, que ces enfants sont à eux, comme celui qui a une bicyclette, une automobile ou une maison. Le sens de possession, de dépendance, est très souvent confondu avec l’amour, mais cela ne pourra jamais être de l’amour.
Les maîtres et maîtresses de notre deuxième foyer qu’est l’école, croient qu’ils aiment leurs élèves simplement parce que ces élèves leur appartiennent en tant que tels, qu’ils possèdent ces élèves, mais ce n’est pas de l’amour. Le sens de possession ou de dépendance n’est pas l’amour.
Le mental détruit l’amour et ce n’est qu’en comprenant les fonctionnements erronés du mental, notre façon absurde de penser, nos mauvaises habitudes, notre comportement automatique, mécanique, notre manière faussée de voir les choses, que nous pourrons parvenir à éprouver, à vivre, à expérimenter vraiment ce qui n’appartient pas au temps, ce que l’on nomme l’amour.
Ceux qui veulent que l’amour devienne une pièce, un rouage de leur propre machine routinière, ceux qui veulent que l’amour passe par les rails équivoques de leurs propres préjugés, appétits, craintes, expériences de la vie, manière égoïste de voir les choses, façon erronée de penser, etc., se coupent en fait de l’amour, car jamais l’amour ne se laissera soumettre.
Ceux qui veulent que l’amour fonctionne comme Je le veux, comme Je le désire, comme Je pense qu’il le devrait, perdent l’amour, car Cupidon, le Dieu de l’Amour, ne sera jamais disposé à se laisser asservir par le Je.
Il faut en finir avec le Je, le Moi, le Moi-même, le Soi-même, pour ne pas perdre l’Enfant de l’amour.
Le Moi est un ramassis de souvenirs, d’appétits, de craintes, de haines, de passions, d’expériences, d’envies, d’égoïsme, de convoitises, de luxure, etc. C’est seulement en comprenant chaque défaut séparément, seulement en l’étudiant, en l’observant directement non seulement dans la région intellectuelle mais aussi dans tous les niveaux subconscients du mental, que chaque défaut disparaîtra lentement, que nous mourrons d’instant en instant. C’est ainsi seulement que nous obtiendrons la désintégration du Moi.
Ceux qui veulent embouteiller l’amour dans l’horrible bouteille du Moi perdent l’amour, se séparent de lui, car jamais l’amour ne pourra être embouteillé.
Malheureusement, les gens veulent que l’amour se comporte selon leurs propres habitudes, désirs, manières coutumières d’agir et de penser, les gens veulent que l’amour se soumette au Moi et c’est tout à fait impossible car l’amour n’obéit pas au Moi.
Les couples d’amoureux ou, pour mieux dire, de passionnés, supposent que l’amour doit passer servilement par les rails de leurs propres désirs, concupiscences, erreurs, etc., et ils ont en ceci complètement tort. « Parlons de nous deux ! » disent les amoureux ou passionnés sexuellement (c’est le plus grand nombre dans ce monde), puis viennent les conversations, les projets, les désirs et les soupirs. Chacun dit quelque chose, expose ses projets, ses ardentes aspirations, sa manière de voir les choses de la vie, et chacun veut que l’amour se meuve comme une locomotive sur les rails d’acier tracés par le mental.
Comme ils sont dans l’erreur, ces amoureux ou passionnés. Qu’ils sont loin de la réalité !
L’amour n’obéit pas au Moi et lorsque les conjoints essaient de lui passer une chaîne au cou et de le soumettre, il s’enfuit en laissant le couple dans le malheur.
Le mental a le mauvais goût de comparer. L’homme compare une jeune femme avec une autre. La femme compare un homme avec un autre. Le maître compare un élève à un autre comme si tous ses élèves ne méritaient pas la même estime.
Réellement, toute comparaison est abominable.
Celui qui contemple un beau coucher de soleil et le compare à un autre n’est vraiment pas capable de comprendre la beauté du crépuscule qu’il a devant les yeux. Celui qui contemple une belle montagne et la compare à une autre qu’il a vue hier ne comprend pas réellement la beauté de la montagne qu’il a devant lui.
Là où il y a comparaison, l’amour véritable n’existe pas. Le père et la mère qui aiment vraiment leurs enfants, ne les comparent jamais avec personne, ils les aiment et c’est tout.
L’époux qui aime réellement son épouse ne commettra jamais l’erreur de la comparer avec aucune autre femme, il l’aime et c’est tout.
Le professeur qui aime ses élèves ne fera jamais entre eux de discrimination, il ne les compare pas entre eux, il les aime et c’est tout.
Le mental divisé par les comparaisons, le mental esclave du dualisme détruit l’amour ; le mental divisé par la bataille des opposés n’est pas capable de comprendre le nouveau, il se pétrifie, il se congèle.
Le mental a beaucoup de profondeurs, de régions, de domaines subconscients, de recoins, mais la chose la meilleure est l’Essence, la Conscience, et elle se trouve au Centre. Lorsque le dualisme est anéanti, lorsque le mental devient entier, serein, tranquille, profond, lorsqu’il ne compare plus, alors s’éveille l’Essence, la Conscience, et cela doit être le véritable objectif de l’Éducation Fondamentale.
Nous devons distinguer objectif de subjectif. La conscience éveillée est objective ; la conscience endormie, le subconscient est subjectif. Seule la Conscience objective peut jouir de la connaissance objective. L’information intellectuelle que reçoivent actuellement les étudiants de toutes les écoles, institutions collégiales et universitaires, est subjective à cent pour cent. La connaissance objective ne peut être acquise sans conscience objective.
Les étudiants doivent parvenir d’abord à l’autoconscience et ensuite à la Conscience objective. Seul le chemin de l’amour nous permet d’atteindre la Conscience objective et la Connaissance objective.
Il est nécessaire de comprendre le problème complexe du mental si en vérité nous voulons parcourir le chemin de l’amour.
Chapitre 10 – Savoir écouter
Il y a dans le monde beaucoup d’orateurs à l’éloquence étonnante, mais rares sont les personnes qui savent écouter.
Savoir écouter est très difficile, et rares, en vérité, sont les personnes qui savent vraiment écouter.
Lorsque le maître, le conférencier parle, l’auditoire semble très attentif, comme s’il suivait jusque dans les détails chaque parole de l’orateur, tous ont l’air de bien écouter, de se trouver en état d’alerte, mais dans les profondeurs psychologiques de chaque individu, il y a un secrétaire qui traduit chaque parole de l’orateur. Ce secrétaire c’est le Moi, le Moi-Même, le Soi-Même. Le travail de ce secrétaire consiste à mal interpréter, à mal traduire les paroles de l’orateur. Le Moi traduit selon ses préjugés, ses préconceptions, ses craintes, son orgueil, ses angoisses, ses idées, ses souvenirs.
Les étudiants à l’école, tous les individus qui, en général, constituent l’auditoire qui écoute, ne sont pas réellement en train d’écouter l’orateur, ils s’écoutent eux-mêmes, ils écoutent leur propre Ego, leur cher Moi machiavélique, qui n’est pas du tout disposé à accepter le Réel, le Vrai, l’Essentiel.
C’est seulement en état d’alerte-nouveauté, avec un mental spontané et libre du poids du passé, en état de complète réceptivité, que nous pouvons réellement écouter, sans l’intervention de ce minable secrétaire, de ce secrétaire de mauvais augure appelé Égo, Moi, Moi-Même, Soi-Même.
Lorsque le mental est conditionné par la mémoire, il répète seulement ce qu’il a accumulé. Le mental conditionné par les expériences de tout le passé ne peut voir le présent qu’à travers la lentille trouble du passé.
Si nous voulons savoir écouter, si nous voulons apprendre à écouter pour découvrir ce qui est nouveau, nous devons vivre selon la philosophie de l’instantanéité. Il est urgent de vivre d’instant en instant sans la préoccupation du passé et sans les projets du futur.
La Vérité, c’est l’inconnu d’instant en instant, notre mental doit toujours être alerte, pleinement attentif, libre de préjugés, de conceptions à priori, afin d’être réellement réceptif.
Les maîtres et maîtresses d’école doivent enseigner à leurs élèves des deux sexes la profonde signification que renferme cette question de savoir écouter.
Il est nécessaire d’apprendre à vivre sagement, de raffermir nos sens, de raffiner notre conduite, nos pensées, nos sentiments. Il ne sert à rien d’avoir une vaste culture académique si nous ne savons pas écouter, si nous ne sommes pas capables de découvrir le nouveau d’instant en instant.
Il nous faut affiner notre attention, affiner nos modèles, affiner nos personnes, notre perception des choses, etc. Nous ne pouvons pas être véritablement raffinés tant que nous ne savons pas écouter.
Le mental grossier, rude, détérioré, dégénéré, est incapable d’écouter, il ne saura jamais découvrir le nouveau, ce genre de mental ne comprend, ne saisit, de façon équivoque, que les traductions absurdes de ce secrétaire satanique appelé le Moi, Moi-même, l’Égo.
Être raffiné c’est quelque chose de très difficile et cela requiert une pleine attention. N’importe quelle personne peut être très raffinée en ce qui concerne la mode, l’habillement, dans le jardinage, dans le choix de son automobile, dans ses amitiés, et néanmoins continuer dans le plus intime d’elle-même à être rustre, grossière, lourde.
Celui qui sait vivre d’instant en instant marche réellement sur le chemin du véritable raffinement ; celui qui a un mental réceptif, spontané, intègre, alerte, chemine sur le sentier de l’authentique raffinement. Celui qui s’ouvre à tout ce qui est nouveau en abandonnant le poids du passé, les préconceptions, les préjugés, la méfiance, les frayeurs, le fanatisme, emprunte la voie triomphale du légitime raffinement.
Le mental dégénéré vit embouteillé dans le passé, dans les préjugés, l’orgueil, l’amour propre, les vieilles conceptions.
Le mental dégénéré ne sait pas voir ce qui est nouveau, ne sait pas écouter, il est conditionné par l’amour propre.
Les fanatiques du Marxisme-Léninisme n’acceptent pas le nouveau, ils n’admettent pas la « quatrième caractéristique » de toutes choses, la quatrième Dimension, par amour-propre, ils s’aiment trop eux-mêmes, ils s’accrochent à leurs propres théories matérialistes absurdes, et lorsque nous les replaçons sur le terrain des faits concrets, lorsque nous leur démontrons l’absurdité de leurs sophismes, ils lèvent le bras gauche, regardent les aiguilles de leur montre, donnent une vague excuse et s’en vont. Ce sont des esprits dégénérés, des esprits décrépits qui ne savent pas écouter, qui ne savent pas découvrir le nouveau, qui n’acceptent pas la réalité parce qu’ils sont embouteillés dans leur amour-propre. Des mentals qui s’aiment trop eux-mêmes, des mentals qui n’ont pas le goût des raffinements culturels, des esprits grossiers, des esprits rustres qui n’écoutent que leur cher Égo.
L’Éducation Fondamentale enseigne à écouter, enseigne à vivre sagement. Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent enseigner à leurs élèves le chemin authentique du véritable raffinement vital.
Rien ne sert de rester enfermé pendant dix ou quinze ans dans des écoles, collèges et universités, si au moment où nous en sortons nous sommes intérieurement de véritables porcs dans nos pensées, nos idées, nos sentiments et nos habitudes de comportement.
Nous avons besoin de l’Éducation Fondamentale de toute urgence parce que les nouvelles générations signifient le commencement d’une ère nouvelle. Elle est arrivée, l’heure de la véritable révolution, il est là le moment de la révolution fondamentale.
Le passé c’est le passé et il a déjà donné ses fruits. Il nous est nécessaire de comprendre la profonde signification du moment dans lequel nous vivons.
Chapitre 11 – Sagesse et Amour
La Sagesse et l’Amour sont les deux colonnes principales de toute véritable civilisation.
Sur un des plateaux de la balance de la Justice nous devons mettre la Sagesse, sur l’autre plateau, l’Amour. La Sagesse et l’Amour doivent s’équilibrer mutuellement. La Sagesse sans l’Amour est un élément destructeur ; l’Amour sans la Sagesse peut nous conduire dans l’erreur. « L’Amour est Loi, mais l’Amour conscient ».
C’est nécessaire de beaucoup étudier et d’acquérir des connaissances, mais il est aussi indispensable de développer en nous l’Être Spirituel. La connaissance sans l’Être Spirituel bien développé de façon harmonieuse, à l’intérieur de nous, se trouve être la cause de ce qu’on appelle la friponnerie.
De l’Être bien développé au-dedans de nous mais sans aucune espèce de connaissances intellectuelles résultent des saints stupides. Un saint stupide a un Être Spirituel très développé, mais comme il ne possède pas de connaissances intellectuelles, il ne peut rien faire parce qu’il ne sait pas comment faire. Le saint stupide a le pouvoir de faire, mais ne peut pas faire car il ne sait comment faire.
La connaissance intellectuelle sans l’Être spirituel bien développé engendre la confusion intellectuelle, la perversité, l’orgueil, etc.
Durant la seconde guerre mondiale, des milliers d’hommes de science dénués de tout élément spirituel ont commis, au nom de la science et de l’humanité, des crimes épouvantables, sous prétexte de faire des expériences scientifiques.
Nous devons acquérir une puissante culture intellectuelle mais très bien équilibrée par la véritable Spiritualité consciente. Nous avons besoin d’une éthique révolutionnaire et d’une psychologie révolutionnaire si en vérité nous voulons dissoudre le Moi pour développer l’Être Spirituel légitime en nous.
Il est déplorable de voir que, à cause du manque d’amour, les gens utilisent l’intellect de façon destructive.
Les élèves doivent étudier les sciences, l’histoire, les mathématiques, il faut qu’ils acquièrent les connaissances relatives à leur vocation, dans le but d’être utiles à leur prochain. Étudier est nécessaire. Accumuler des connaissances de base, c’est indispensable, mais la peur n’est pas indispensable.
Beaucoup de gens n’accumulent des connaissances que par crainte ; ils ont peur de la vie, de la mort, de la faim, de la misère, du qu’en-dira-t-on, et c’est pour cette raison qu’ils étudient.
On doit étudier par amour pour nos semblables et avec le désir ardent de mieux les servir, mais on ne doit jamais étudier par crainte. Dans la vie pratique nous avons pu constater que tous ceux qui étudient par peur se convertissent tôt ou tard en fripons.
Nous devons être sincères avec nous-mêmes pour nous auto-observer et pour découvrir en nous-mêmes tout le processus de la crainte. Nous ne devons jamais, au grand jamais, oublier que la peur a beaucoup de visages. On confond parfois la peur avec le courage ; les soldats sur le champ de bataille semblent très courageux mais en réalité, seule la peur les fait agir et se battre. Le suicide aussi, à première vue, semble un acte de courage mais, en réalité, celui qui se suicide est un lâche qui a peur de la vie.
Tout fripon paraît être, dans la vie, très courageux, mais dans le fond c’est un lâche. Les fripons, les crapules utilisent habituellement leur profession ou leur pouvoir de façon destructive lorsqu’ils ont peur : Fidel Castro à Cuba, par exemple.
Jamais nous ne nous prononcerions contre l’expérience de la vie pratique ni contre la culture intellectuelle, mais nous condamnons le manque d’amour. La connaissance et les expériences de la vie s’avèrent destructives lorsque manque l’amour.
C’est l’Égo qui, habituellement, capte et utilise les expériences et les connaissances intellectuelles, quand ce qu’on appelle l’amour est absent. L’Égo abuse des expériences et de l’intellect lorsqu’il s’en sert pour se renforcer. En désintégrant l’Égo, le Moi, le Moi-Même, les expériences et l’intellect sont remis entre les mains de l’Être Intime et tout abus s’avère dès lors impossible.
Tous les étudiants doivent s’orienter vers le chemin de leur vocation et étudier en profondeur toutes les théories en relation avec cette vocation. L’étude, l’intellect, ne font de tort à personne, mais nous ne devons pas abuser de l’intellect. Il nous faut étudier mais ne pas abuser du mental. Celui qui veut étudier les théories de plusieurs vocations différentes, celui qui veut nuire aux autres au moyen de l’intellect, celui qui exerce une pression violente sur le mental d’autrui, etc., abuse du mental.
Il est nécessaire d’étudier les matières professionnelles et les matières spirituelles pour avoir un esprit équilibré. Il est indispensable de parvenir à la synthèse intellectuelle et à la synthèse spirituelle si en vérité nous voulons avoir un mental équilibré.
Les maîtres et maîtresses des écoles, collèges et universités doivent étudier à fond notre psychologie révolutionnaire si vraiment ils veulent conduire leurs étudiants sur le chemin de la Révolution Fondamentale.
Il faut que les étudiants acquièrent l’Être Spirituel, développent en eux-mêmes l’Être Véritable, pour qu’au sortir de l’école ils soient devenus des individus responsables et non de stupides fripouilles.
La Sagesse sans l’Amour ne sert à rien. L’intellect sans l’Amour ne produit que des fripouilles.
La Sagesse est en soi une Substance Atomique, un capital atomique qui ne peut être administré que par des individus pleins de véritable amour.
Chapitre 12 – La Générosité
Il est nécessaire d’aimer et d’être aimé mais, pour le malheur du monde, les gens n’aiment pas et ne sont pas aimés. L’amour est quelque chose que les gens ne connaissent pas et qu’ils confondent facilement avec la passion et avec la crainte.
Si les gens pouvaient aimer et être aimés, les guerres seraient totalement impossibles sur la face de la terre.
Beaucoup de mariages qui pourraient vraiment être heureux, ne le sont malheureusement pas, à cause des vieux ressentiments accumulés dans la mémoire. Si les conjoints avaient de la générosité, ils oublieraient le passé douloureux et vivraient dans un état de plénitude, imprégnés d’un vrai bonheur.
Le mental tue l’amour, le détruit. Les expériences, les vieilles répulsions, les anciennes jalousies, toutes ces choses accumulées dans la mémoire détruisent l’amour.
Beaucoup d’épouses rancunières pourraient être heureuses, si elles avaient assez de générosité pour oublier le passé et vivre dans le présent en adorant leur époux. Beaucoup de maris pourraient être vraiment heureux avec leur épouse s’ils avaient assez de générosité pour pardonner les vieilles erreurs et jeter aux oubliettes les rancœurs et les chagrins accumulés dans la mémoire.
Il est nécessaire, il est urgent que les couples comprennent la profonde signification du moment présent. Époux et épouses doivent se sentir toujours comme des nouveaux mariés, en oubliant le passé et en vivant joyeusement dans le présent.
L’amour et le ressentiment sont des substances atomiques incompatibles. Dans l’amour, aucune espèce de ressentiment ne peut exister. L’amour est éternel pardon.
Il y a de l’amour chez ceux qui ressentent une angoisse véritable devant les souffrances de leurs amis et ennemis. Il y a vraiment de l’amour chez celui qui travaille de tout son cœur au bien-être des humbles, des pauvres, des nécessiteux.
Il y a de l’amour chez celui qui, de façon naturelle et spontanée, ressent de la sympathie pour le cultivateur qui arrose son champ de sa sueur, pour le pauvre travailleur qui souffre pour le mendiant qui demande une pièce de monnaie, et pour l’humble chien, misérable et malade, qui meurt de faim au bord du chemin.
Quand nous aidons quelqu’un de tout notre cœur, quand de façon naturelle et spontanée, nous prenons soin de l’arbre et arrosons les fleurs du jardin sans que personne ne l’ait exigé de nous, il y a alors authentique générosité, sympathie véritable, vrai amour.
Malheureusement pour le monde, les gens n’ont pas de véritable générosité. Ils ne se préoccupent que de leurs propres objectifs égoïstes, de leurs propres aspirations, réussites, connaissances, expériences, souffrances, plaisirs, etc. Il y a dans le monde un grand nombre de personnes qui possèdent seulement une fausse générosité ; il y a fausse générosité chez le politicien rusé, chez le vieux renard électoral qui distribue de l’argent dans le but égoïste d’obtenir pouvoir, prestige, position, richesse. Nous ne devons pas confondre un chat avec un lièvre, prendre des vessies pour des lanternes. La véritable générosité est absolument désintéressée, mais on peut facilement la confondre avec la fausse générosité égoïste des roublards de la politique, des capitalistes cauteleux, des satyres qui convoitent une femme, etc.
C’est avec notre cœur que nous devons être généreux. La vraie générosité ne relève pas du mental, la générosité authentique est le parfum du cœur.
Si les gens avaient de la générosité, ils oublieraient les rancunes accumulées dans leur mémoire, toutes les expériences douloureuses du passé, et ils apprendraient à vivre d’instant en instant, toujours heureux, toujours généreux, imprégnés d’une véritable sincérité.
Malheureusement, le Moi est mémoire et il vit dans le passé, il veut toujours retourner en arrière, dans le passé. Le passé étouffe les gens, détruit le bonheur, tue l’amour. Le mental embouteillé dans le passé ne pourra jamais comprendre de façon intégrale la profonde signification du moment dans lequel nous vivons.
Nombreux sont les gens qui nous écrivent pour nous demander conseil, réclamant un baume précieux pour soigner leur cœur meurtri, mais rares sont ceux qui se préoccupent de consoler l’affligé. Nombreuses sont les personnes qui nous écrivent pour nous relater l’état misérable dans lequel elles vivent, mais rares sont celles qui partagent le seul pain qu’elles ont pour se nourrir afin de soulager ceux qui sont dans le besoin.
Les gens ne veulent pas comprendre que derrière tout effet existe une cause et que c’est seulement en modifiant la cause que nous changerons l’effet. Le Moi, notre cher Moi, est de l’énergie qui a vécu dans nos ancêtres et qui est à l’origine de certaines causes lointaines dont les effets conditionnent à présent notre existence.
Il nous faut de la générosité pour modifier les causes et transformer les effets. Nous avons besoin de générosité pour pouvoir diriger sagement la barque de notre existence. Nous avons besoin de générosité pour transformer radicalement notre propre vie.
La générosité effective et légitime ne relève pas du mental. La sympathie authentique et la véritable affection sincère ne pourront jamais être le résultat de la crainte. Il est nécessaire de comprendre que la crainte détruit la sympathie, met fin à la générosité du cœur et annihile en nous le parfum délicieux de l’amour.
La peur est la racine de toute corruption, l’origine secrète de toute guerre, le poison mortel qui dégénère et tue.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent comprendre la nécessité d’acheminer leurs élèves sur le sentier de la véritable générosité, du courage et de la sincérité du cœur.
Les gens rances et turpides de la génération précédente, au lieu de comprendre ce qu’est ce poison de la peur, l’ont cultivé comme une fatale fleur de serre. Le résultat d’une telle façon de procéder a été la corruption, le chaos et l’anarchie.
Les enseignants doivent comprendre l’heure où nous vivons, l’état critique où nous nous trouvons et la nécessité d’élever les nouvelles générations sur la base d’une éthique révolutionnaire qui soit en accord avec l’ère atomique qui, en ces instants d’angoisse et de douleur, est en train de commencer parmi l’auguste coup de tonnerre de la pensée.
L’Éducation Fondamentale est fondée sur une psychologie révolutionnaire et sur une éthique révolutionnaire en accord avec le nouveau rythme vibratoire de la nouvelle Ère.
Le sens de la coopération devra remplacer complètement l’horrible bataille de la concurrence égoïste. Il est impossible d’apprendre à coopérer si nous excluons le principe de la générosité effective et révolutionnaire.
Il est urgent de comprendre de façon intégrale, non seulement au niveau intellectuel, mais aussi dans les multiples replis subconscients et inconscients du mental, ce qu’est le manque de générosité et l’horreur de l’égoïsme. C’est seulement en prenant conscience de ce qu’est en nous l’égoïsme et le manque de générosité que jaillit dans notre cœur le parfum délicieux du véritable amour, de la générosité effective, qui ne relève pas du mental.
Chapitre 13 – Compréhension et Mémoire
Mémoriser, c’est essayer d’emmagasiner dans le Mental ce que nous avons vu et entendu, ce que d’autres personnes nous ont dit, ce qui nous est arrivé, etc.
Les professeurs veulent que leurs élèves emmagasinent dans leur mémoire leurs paroles, leurs affirmations, ce qui est écrit dans les livres scolaires, des chapitres complets, avec tous les points et virgules ; c’est une tâche des plus abrutissantes. Réussir aux examens signifie se remémorer ce qu’on nous a dit, ce que nous avons lu mécaniquement, verbaliser par cœur, répéter comme des perroquets ou des pies bavardes tout ce que nous avons stocké dans la mémoire.
Il est nécessaire que la nouvelle génération comprenne que répéter comme un disque à la radio tous les enregistrements gravés dans la mémoire ne signifie pas qu’on a compris à fond.
Se rappeler, ce n’est pas comprendre, rien ne sert de se rappeler si l’on ne comprend pas, le souvenir appartient au passé, c’est une chose morte, quelque chose qui n’est plus en vie.
Il est indispensable, il est urgent, d’actualité palpitante que tous les étudiants des écoles, collèges et universités saisissent réellement la véritable signification de la compréhension profonde. Comprendre, c’est quelque chose d’immédiat, de direct, quelque chose que nous éprouvons avec intensité, quelque chose que nous expérimentons très profondément et qui se transforme inévitablement en le véritable ressort intime de l’action consciente.
Se souvenir, se remémorer, c’est quelque chose de mort, cela appartient au passé et se convertit malheureusement en idée, en formule, en idéal, que nous copions mécaniquement et poursuivons inconsciemment.
Dans la compréhension véritable, dans la compréhension profonde, il n’y a qu’une pression intime de la conscience, une pression constante née de l’Essence que nous portons à l’intérieur, et c’est tout. La compréhension authentique se manifeste comme action spontanée, naturelle, simple, libre du processus déprimant du choix, pure, sans indécision d’aucune sorte.
La compréhension transformée en ressort secret de l’action est formidable, merveilleuse, constructive et essentiellement dignifiante.
L’action basée sur la mémorisation de ce que nous avons lu, de l’idéal auquel nous aspirons, de la norme de conduite qu’on nous a enseignée, des expériences accumulées dans la mémoire, est une action calculatrice, elle dépend du mécanisme déprimant de l’option, elle est dualiste, elle se fonde sur l’élection conceptuelle et ne conduit, inévitablement, qu’à l’erreur et à la douleur.
Essayer d’accommoder l’action à la mémoire, de modifier l’action pour qu’elle coïncide avec les souvenirs accumulés dans la mémoire, c’est une chose artificieuse, absurde, sans spontanéité et qui ne peut forcément nous conduire qu’à l’erreur et à la souffrance.
Réussir ses examens, passer son année, n’importe quel bêta ayant une bonne dose d’astuce et de mémoire peut le faire. Comprendre les matières que l’on a étudiées et sur lesquelles nous devrons être interrogés, c’est une chose très différente qui n’a rien à voir avec la mémoire et qui appartient à l’intelligence véritable que l’on ne doit pas confondre avec l’intellectualisme.
Ces personnes qui veulent baser tous les actes de leur vie sur les idéaux, théories et souvenirs de toute sorte accumulés dans les caves de la mémoire, vont toujours de comparaison en comparaison et là où il y a comparaison existe aussi l’envie.
Ces gens comparent leurs proches, leurs familiers, avec d’autres personnes, leurs enfants avec les enfants du voisin. Ils comparent leur maison, leurs vêtements, leurs meubles, toutes leurs choses avec les choses d’autrui, de leurs voisins. Ils comparent leurs idées, l’intelligence de leurs enfants, avec les idées des autres gens, avec l’intelligence d’autres personnes et alors surgit l’envie qui devient le ressort secret de l’action.
Pour le malheur du monde, tout le mécanisme social est basé sur l’envie et l’esprit d’acquisition. Tout le monde envie tout le monde. Nous envions les idées, les choses, les personnes et nous voulons acquérir de l’argent, toujours plus d’argent, de nouvelles théories, de nouvelles idées que nous accumulons dans notre mémoire, de nouvelles choses pour éblouir nos semblables.
Dans la compréhension véritable, légitime, authentique, il y a vraiment de l’amour et non une simple verbalisation de choses apprises par cœur. Les choses que l’on mémorise, ce que l’on confie à la mémoire, tombe bientôt dans l’oubli parce que la mémoire est infidèle. Les étudiants déposent dans les entrepôts de la mémoire des idéaux, des théories, des textes complets qui ne servent à rien dans la vie pratique parce qu’ils disparaissent finalement de la mémoire sans laisser aucune trace.
Les gens qui ne cessent de lire, de lire mécaniquement, les gens qui aiment emmagasiner des théories dans les hangars de la mémoire, endommagent misérablement leur mental, le détruisent.
Nous ne nous élevons pas ici contre la véritable étude profonde et consciente fondée sur la compréhension pénétrante. Nous ne condamnons que les méthodes révolues de la pédagogie anachronique ; nous condamnons tout système mécanique d’étude, toute mémorisation ; là où existe une vraie compréhension, la mémorisation s’avère superflue.
Il nous faut étudier, les livres utiles sont nécessaires, nous avons besoin des professeurs des écoles, collèges et universités.
Nous avons besoin du Gourou, des guides spirituels, des mahatmas, mais il est nécessaire de comprendre de manière intégrale les enseignements dispensés et non de les déposer simplement dans les entrepôts de la mémoire infidèle.
Nous ne pourrons jamais être vraiment libres tant que nous aurons le mauvais goût de nous comparer nous-mêmes avec les souvenirs accumulés dans la mémoire, avec notre idéal, avec ce que nous ambitionnons d’être et ne sommes pas.
Lorsque nous comprenons vraiment les enseignements reçus, nous n’avons pas besoin de les enregistrer dans la mémoire, ni de les convertir en idéaux.
Là où il y a comparaison de ce que nous sommes ici et maintenant avec ce que nous voudrions être plus tard, là où existe la comparaison de notre vie pratique avec l’idéal ou le modèle auquel nous voulons nous conformer, le véritable amour ne peut pas exister. Toute comparaison est abominable, toute comparaison amène la crainte, l’envie, l’orgueil, la peur de ne pas obtenir ce que nous voulons, l’envie suscitée par le progrès d’autrui, l’orgueil car nous nous croyons supérieurs aux autres. L’important dans la vie pratique où nous vivons, étant donné que nous sommes laids, envieux, égoïstes, cupides, c’est de ne pas se présumer des saints, de partir du zéro absolu et de nous comprendre nous-mêmes profondément, tels que nous sommes et non tels que nous voudrions être ou que nous croyons être.
Il est impossible de dissoudre le Moi, le Moi-Même, si nous n’apprenons pas à nous observer, à nous regarder pour comprendre ce que nous sommes réellement, ici et maintenant, de façon effective et absolument pratique.
Si nous voulons réellement comprendre, nous devons écouter nos professeurs, gourous, prêtres, précepteurs, guides spirituels, etc. Les garçons et filles de la nouvelle vague ont perdu le sens du respect, de la vénération due aux parents, maîtres, guides spirituels, gourous, mahatmas. Il est impossible de comprendre les enseignements si nous ne savons pas vénérer et respecter nos parents, maîtres, précepteurs ou guides spirituels.
La simple remémoration mécanique de ce que nous avons appris par cœur uniquement, sans compréhension profonde mutile le mental et le cœur, et engendre de l’envie, de la peur, de l’orgueil.
Lorsque nous savons vraiment écouter de façon consciente et profonde, à l’intérieur de nous surgit un pouvoir merveilleux, une compréhension formidable, naturelle, simple, libre de tout processus mécanique, libre de toute cérébralité, libre de tout souvenir.
« Si le cerveau de l’étudiant se décharge de l’énorme effort de mémoire qu’il doit réaliser, il sera tout à fait possible d’enseigner la structure du noyau et le tableau périodique des éléments aux élèves du secondaire, et de faire comprendre la relativité et la théorie des quanta à un bachelier ».
En conversant avec quelques professeurs du niveau secondaire, nous avons compris qu’ils s’accrochaient avec un véritable fanatisme à la vieille pédagogie révolue et anachronique. Ils veulent que les élèves apprennent tout par cœur, même s’ils ne comprennent pas. Ils acceptent parfois que comprendre est mieux que mémoriser, mais alors ils insistent sur le fait que les formules de physique, de chimie, de mathématiques, doivent être gravées dans la mémoire.
Il est clair que cette conception est fausse car lorsqu’une formule de physique, de chimie ou de mathématiques est dûment comprise non seulement au niveau intellectuel mais aussi dans les autres niveaux du mental, subconscient, infraconscient, inconscient, etc., elle n’a pas besoin d’être gravée dans la mémoire, elle finit par former une partie de notre psychisme et peut alors se manifester comme une connaissance instinctive immédiate lorsque les circonstances de la vie l’exigent.
Cette connaissance intégrale nous confère une sorte d’omniscience, un mode de manifestation conscient et objectif.
La compréhension complète, dans tous les niveaux du mental, n’est possible qu’au moyen de la méditation introspective profonde.
Chapitre 14 – L’Intégration
L’un des plus grands désirs de la psychologie, c’est de parvenir à l’intégration totale. Si le Moi était individuel, le problème de l’intégration psychologique serait résolu avec une suprême facilité mais, pour le malheur du monde, le Moi existe à l’intérieur de chaque personne de façon pluralisée. Le Moi pluralisé est la cause fondamentale de toutes nos contradictions intimes.
Si nous pouvions nous voir tout entier dans un miroir tel que nous sommes psychologiquement, avec toutes nos contradictions intimes, nous arriverions à la pénible conclusion que nous n’avons pas encore de véritable individualité.
L’organisme humain est une merveilleuse machine contrôlée par le Moi pluralisé qui est étudié à fond par la Psychologie Révolutionnaire : je vais lire le journal, dit le Moi intellectuel, je veux assister à la fête, dit le Je émotionnel ; au diable la fête grogne le Moi du Mouvement, je vais plutôt me promener ; je ne veux pas prendre une marche, crie le Je de l’instinct de conservation, j’ai faim et je vais manger, etc.
Chacun de ces petits Moi qui constituent l’Égo veut commander, être le maître, le seigneur.
À la lumière de la Psychologie Révolutionnaire, nous pouvons comprendre que le Moi est une légion et que l’organisme est une machine.
Les petits Moi se chicanent entre eux, se battent pour la suprématie, chacun veut être le chef, le maître, le seigneur. Ceci explique le lamentable état de désintégration psychologique dans lequel vit le pauvre animal intellectuel improprement appelé homme.
Il est nécessaire de comprendre ce que la psychologie entend par le mot désintégration. Se désintégrer c’est se diviser, se disperser, se déchirer, se contredire, etc.
La principale cause de désintégration psychologique est l’envie, qui se manifeste souvent sous des formes extrêmement subtiles et raffinées. L’envie a de multiples facettes et il existe des milliers de raisons susceptibles de la justifier. L’envie est le ressort de toute la machinerie sociale. Les imbéciles adorent justifier l’envie.
Le riche envie le riche et veut être plus riche. Les pauvres envient les riches et veulent être riches aussi. L’écrivain envie l’écrivain et veut écrire mieux que lui. Celui qui a beaucoup d’expérience envie celui qui a plus d’expérience, et il désire en acquérir encore plus que celui-ci.
Les gens ne se contentent pas du pain, des vêtements, du refuge. Le ressort secret de l’envie envers l’automobile d’autrui, la maison ou le vêtement du voisin, la grande fortune de l’ami ou de l’ennemi, engendre le désir de devenir le meilleur, de surenchérir, d’acquérir toujours plus de choses, de costumes, d’habits, de vertus, pour ne pas être moins que les autres.
Le plus tragique dans tout cela c’est que le processus d’accumulation de vertus, d’expériences, de choses, d’argent, renforce le Moi pluralisé, intensifiant alors au-dedans de nous-mêmes les contradictions intimes, les épouvantables déchirements, les cruelles batailles dans notre contrée intérieure. Rien de tout cela ne peut donc apporter de joie véritable au cœur affligé ; cela ne produit qu’une plus grande cruauté dans notre psychisme, un accroissement de la douleur, un mécontentement toujours plus profond.
Le Moi pluralisé trouve toujours des justifications, même pour les pires crimes, et ce processus qui consiste à envier, acquérir, accumuler, obtenir, quand bien même ce serait au prix du travail d’autrui, on l’appelle évolution, progrès, avancement.
Les gens ont la conscience endormie et ne se rendent pas compte qu’ils sont envieux, cruels, cupides, jaloux, et s’il arrive, pour quelque motif que ce soit, qu’ils s’en rendent compte, ils se justifient alors, condamnent, cherchent des échappatoires, mais ne comprennent pas.
L’envie est difficile à découvrir à cause du fait concret que le mental humain est envieux. La structure du mental est basée sur l’envie et l’acquisition. L’envie commence dès les bancs de l’école : nous envions la meilleure intelligence de nos condisciples, leurs meilleures qualifications, leurs plus beaux habits, leurs plus beaux souliers, leur meilleure bicyclette, leurs beaux patins, leur jolie balle.
Les professeurs appelés à former la personnalité des étudiants doivent comprendre ce que sont les processus infiniment variés de l’envie et établir dans le psychisme de ces étudiants les fondations adéquates pour la compréhension.
Le mental, envieux par nature, ne pense qu’en fonction de : « Je peux expliquer cela encore mieux, j’ai plus de connaissances, je suis plus intelligent, j’ai plus de qualités, plus de vertus, plus de perfections, plus d’évolution, plus de sanctification, etc. » Tout le fonctionnement du mental est fondé sur le plus ; le plus est l’intime et secret ressort de l’envie.
Le plus, c’est le processus comparatif du mental. Tout processus comparatif est abominable. Exemple : Je suis plus intelligent que toi. Un tel est plus vertueux que toi. Tel autre est meilleur que toi, plus sage, plus bienveillant, plus généreux.
Le plus crée le temps, le Moi pluralisé a besoin de temps pour être meilleur que le voisin, pour démontrer à la famille qu’il est très génial et pour parvenir à être quelqu’un dans la vie, pour démontrer à ses ennemis, ou à ceux qu’il envie, qu’il est plus intelligent, plus capable, plus puissant, plus fort, etc.
Le mode de pensée comparatif est fondé sur l’envie et engendre ce qu’on appelle mécontentement, inquiétude, amertume.
Les gens vont, malheureusement, d’un opposé à l’autre, d’un extrême à l’autre, ils ne savent pas emprunter le chemin du centre. Beaucoup luttent contre le mécontentement, l’envie, la convoitise, la jalousie, mais la lutte contre le mécontentement n’apportera jamais le véritable contentement du cœur. Il est urgent de comprendre que la véritable joie du cœur tranquille ne peut être achetée ni vendue, elle naît en nous de façon tout à fait naturelle et spontanée, uniquement quand nous avons compris à fond les causes mêmes du mécontentement : jalousie, envie, convoitise, etc. Ceux qui veulent obtenir de l’argent, une magnifique position sociale, des vertus, des satisfactions de toute sorte, dans le but d’atteindre le véritable contentement, sont totalement dans l’erreur parce que cela est basé sur l’envie, et que le chemin de l’envie ne pourra jamais nous conduire au port du cœur tranquille et content.
Le mental embouteillé dans le Moi pluralisé fait de l’envie une vertu et s’offre même le luxe de lui apposer des noms délicieux : progrès, évolution spirituelle, aspiration à se surpasser, lutte pour se rendre plus digne. Mais tout ceci n’engendre que désintégration, contradictions intimes, luttes secrètes, problèmes à la solution difficile, etc.
Il est difficile de trouver dans la vie quelqu’un qui soit vraiment intègre dans le sens le plus complet du mot. L’intégration totale s’avère totalement impossible à obtenir tant qu’existe au dedans de nous-mêmes le Moi pluralisé.
Il est urgent de comprendre qu’à l’intérieur de chaque personne il y a trois facteurs de base : la personnalité, le Moi pluralisé, le matériau psychique, c’est-à-dire l’Essence même de la personne.
Le Moi pluralisé gaspille stupidement le matériau psychologique en explosions atomiques d’envie, de jalousie, de convoitise, etc. Il est nécessaire de dissoudre le Moi pluralisé dans le but d’augmenter notre matériau psychique pour établir à l’intérieur de nous un centre permanent de conscience.
Ceux qui ne possèdent pas de centre permanent de conscience ne peuvent être complets. Seul le centre permanent de conscience nous confère une véritable individualité. Seul le centre permanent de conscience nous rend complets.
Chapitre 15 – La Simplicité
Il est urgent, il est indispensable de développer la compréhension créatrice, car elle apporte à l’être humain la véritable liberté de vivre. Sans la compréhension il est impossible d’obtenir l’authentique faculté critique de l’analyse profonde.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent conduire leurs étudiants sur le chemin de la compréhension autocritique.
Dans le chapitre précédent nous avons étudié amplement les processus de l’envie et si nous voulons en finir avec tous les aspects et nuances de la jalousie, qu’elle soit religieuse, passionnelle ou autre, nous devons prendre pleinement conscience de ce qu’est réellement l’envie, car nous ne pourrons en finir avec tous les types de jalousie que lorsque nous aurons compris à fond et de façon intime la diversité infinie des processus de l’envie.
La jalousie détruit les mariages, la jalousie détruit les amitiés, la jalousie provoque des guerres religieuses, des haines fratricides, des assassinats et des souffrances de toute sorte.
L’envie, avec ses nuances infinies, se cache derrière les buts les plus sublimes. Il y a de l’envie chez celui qui, ayant pris connaissance de l’existence de grands saints, mahatmas et gourous, désire aussi devenir un saint. Il y a de l’envie chez le philanthrope qui s’efforce de surpasser en générosité d’autres philanthropes. Il existe de l’envie chez tout individu qui convoite des vertus parce qu’il a reçu des informations, parce qu’il y a dans son esprit des renseignements sur l’existence de saints individus pleins de vertus.
Le désir d’être saint, le désir d’être vertueux, le désir d’être grand a pour fondement l’envie.
Les saints ont causé, avec leurs vertus, beaucoup de dommage. Il nous vient en mémoire le cas d’un homme qui se considérait lui-même très saint. Un jour, un poète affamé et misérable frappa à sa porte pour déposer entre les mains du saint de notre récit une jolie poésie qui lui était spécialement dédiée. Le poète n’espérait qu’une pièce de monnaie afin d’acheter quelque nourriture pour son corps épuisé et usé.
Le poète s’attendait à tout sauf à une insulte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le saint homme, avec un pieux regard et les sourcils froncés, referma la porte en disant à l’infortuné poète : « Hors d’ici, mon ami, hors d’ici, va-t’en, ces choses ne me plaisent pas, je déteste la flatterie, les vanités du monde me répugnent, cette vie est illusion, je suis le sentier de l’humilité et de la modestie ». Le malheureux poète qui ne désirait qu’une petite pièce de monnaie, reçut, au lieu, les insultes du saint, des paroles qui le blessèrent, le giflèrent ; le cœur tout meurtri et son poème en morceaux, il s’en fut par les rues de la ville lentement, très lentement.
La nouvelle génération doit s’élever sur la base de la compréhension authentique car celle-ci est totalement créatrice. La mémoire et la mémorisation ne sont pas créatrices ; la mémoire est le sépulcre du passé. La mémoire et la remémoration sont la mort.
La compréhension véritable est le facteur psychologique de la libération totale. Les souvenirs de la mémoire ne pourront jamais nous apporter la véritable libération parce qu’ils appartiennent au passé et que par conséquent ils sont morts.
La compréhension n’est pas une chose du passé ni non plus du futur. La compréhension appartient au moment que nous sommes en train de vivre, ici et maintenant. La mémoire entraîne toujours l’idée du futur.
C’est important d’étudier la science, la philosophie, l’art et la religion, mais on ne doit pas confier ses études à la fidélité de la mémoire car celle-ci n’est pas fidèle. Il est absurde de déposer nos connaissances dans le sépulcre de la mémoire. Il est stupide d’ensevelir dans la fosse du passé les connaissances que nous devons comprendre.
Jamais nous ne voudrions nous prononcer contre l’étude, contre la sagesse, contre la science, mais il s’avère incongru de déposer les joyaux vivants de la connaissance dans le cercueil corrompu de la mémoire.
Aujourd’hui, c’est nécessaire d’étudier, d’investiguer, d’analyser, mais nous devons aussi méditer profondément pour comprendre dans tous les niveaux du mental.
L’homme vraiment simple est profondément compréhensif et il a un mental simple.
L’important dans la vie ce n’est pas ce que nous avons accumulé dans le sépulcre de la mémoire, mais plutôt ce que nous avons compris, non seulement au niveau intellectuel mais aussi dans les différentes régions subconscientes et inconscientes du mental.
La science, le savoir, doivent se transformer en compréhension immédiate. Lorsque la connaissance, lorsque l’étude sont devenues authentique compréhension créatrice, nous pouvons alors comprendre toutes choses instantanément, car la compréhension devient immédiate, instantanée.
Dans le mental de l’homme simple, les complications n’existent pas, car toute complication mentale est due à la mémoire.
Le Moi machiavélique que nous portons en nous, c’est de la mémoire accumulée.
Les expériences de la vie doivent se transformer en compréhension véritable. Quand les expériences ne sont pas converties en compréhension, quand les expériences continuent dans la mémoire, elles constituent la pourriture du sépulcre sur lequel brûle le feu follet luciférien de l’intellect animal.
Il est nécessaire de savoir que l’intellect animal, entièrement dépourvu de toute spiritualité, n’est que la verbalisation de la mémoire, la chandelle sépulcrale brûlant sur la faïence funéraire.
Le mental de l’homme simple est libre de toute expérience, parce que ses expériences sont devenues conscience, se sont transformées en compréhension créatrice. La mort et la vie se trouvent étroitement associées. C’est seulement quand le grain meurt que la plante naît, c’est seulement quand l’expérience meurt que naît la compréhension. Ceci est un processus de transformation authentique.
L’homme compliqué a la mémoire remplie d’expériences. Cela démontre son manque de compréhension créatrice car lorsqu’elles sont entièrement comprises dans tous les niveaux du mental, les expériences cessent d’exister en tant qu’expériences et naissent en tant que compréhension.
Il faut nécessairement commencer par expérimenter, mais nous ne devons pas rester sur le terrain de l’expérience parce qu’alors le mental devient compliqué et retors. Il est nécessaire de vivre sa vie intensément et de transformer toutes les expériences en authentique compréhension créatrice.
Ceux qui supposent que pour être compréhensifs, simples et purs, nous devons quitter le monde, nous convertir en mendiants, ont un mental extrêmement compliqué et retors.
Se retirer du monde et vivre comme des anachorètes est inutile si la mémoire reste pleine d’expériences qui conditionnent le libre flux de la pensée. Il est inutile de vivre comme des ermites en essayant de mener une vie de saint si la mémoire est bourrée d’informations qui n’ont pas été dûment comprises, qui ne sont pas devenues conscience dans les divers corridors, recoins et régions inconscientes du mental.
Ceux qui transforment les informations intellectuelles en véritable compréhension créatrice, ceux qui transforment les expériences de la vie en véritable compréhension profonde, n’ont rien dans la mémoire, ils vivent d’instant en instant dans un état de plénitude, ils sont devenus simples et purs même s’ils vivent dans de somptueuses résidences et dans le cadre de la vie urbaine.
Les petits enfants avant l’âge de six ans sont imprégnés de simplicité, d’innocence, ils dégagent une véritable beauté intérieure due au fait qu’à travers eux ne s’exprime que l’Essence vivante, en l’absence totale du Moi psychologique.
Nous devons reconquérir l’enfance perdue, dans notre cœur et dans notre tête. Nous devons reconquérir l’innocence si nous voulons vraiment être heureux.
Les expériences et l’étude transformées en compréhension profonde ne laissent pas de résidus dans le sépulcre de la mémoire et nous devenons alors simples, purs, innocents, heureux.
La méditation profonde sur les expériences et les connaissances acquises, l’autocritique intégrale, la psychanalyse intime, convertissent, transforment tout en compréhension créatrice.
Voilà le chemin du bonheur authentique né de la sagesse et de l’amour.
Chapitre 16 – L’Assassinat
Tuer est évidemment et sans aucun doute l’acte le plus destructeur, et dénotant la plus grande corruption, que l’on connaisse dans le monde.
La pire forme d’assassinat consiste à détruire la vie de nos semblables. Le chasseur qui assassine avec son fusil les innocentes créatures de la forêt est horriblement cruel ; mais il est mille fois plus abominable, mille fois plus monstrueux, celui qui assassine ses semblables.
On peut tuer non seulement avec des mitrailleuses, des fusils, des canons, des pistolets ou des bombes atomiques, mais aussi d’un simple regard qui blesse le cœur, un regard humiliant, un regard plein de mépris, un regard plein de haine ; on peut tuer par une action ingrate, une action noire, ou par une insulte, ou par une parole blessante.
Le monde est rempli de parricides, de matricides ingrats qui ont assassiné leurs parents soit par leurs regards, soit par leurs paroles, soit par leurs actions cruelles. Le monde est rempli d’hommes qui ont sans le savoir assassiné leur femme, et de femmes qui, sans le savoir, ont assassiné leur mari.
Pour comble de malheur, dans ce monde où nous vivons, l’être humain tue ce qu’il aime le plus.
L’homme ne vit pas seulement de pain mais aussi de différents facteurs psychologiques. Nombreux sont les époux qui auraient pu vivre davantage si leurs épouses le leur avaient permis. Nombreuses les épouses qui auraient pu vivre davantage si leurs époux le leur avaient permis. Nombreux les pères et mères de famille qui auraient pu vivre davantage si leurs fils ou leurs filles le leur avaient permis.
Des paroles qui tuent, des regards qui blessent, des actions ingrates constituent la causa causorum de la maladie qui emporte notre cher être à la tombe.
Cette société caduque et dégénérée est pleine d’assassins inconscients qui se présument innocents. Les prisons regorgent d’assassins mais les criminels de la pire espèce se présument innocents et circulent librement.
Aucune forme d’assassinat ne peut avoir de justification.
En tuant une autre personne, on ne résout aucun problème dans la vie.
Les guerres n’ont jamais résolu aucun problème. En bombardant des villes sans défense et en assassinant des millions de personnes on ne résout rien du tout. La guerre est une chose extrêmement grossière, rude, fruste, monstrueuse, abominable. Des millions de machines humaines endormies, inconscientes, stupides, se lancent en guerre avec l’intention de détruire d’autres millions de machines humaines inconscientes.
Il suffit souvent d’une catastrophe planétaire dans le cosmos, ou d’une mauvaise position des astres dans le ciel pour que des millions d’hommes partent en guerre. Les machines humaines n’ont conscience de rien, elles se meuvent de façon destructive lorsqu’un certain type d’ondes cosmiques les frappe secrètement.
Si les gens éveillaient leur conscience, si dès les bancs de l’école on éduquait sagement les élèves en les amenant à la compréhension consciente de ce que sont l’inimitié et la guerre, on entendrait un tout autre son de cloche, personne ne se lancerait en guerre et les ondes catastrophiques du cosmos seraient alors utilisées de façon différente.
La guerre ressortit au cannibalisme, à l’âge des cavernes, à la bestialité de la pire espèce, à l’époque des arcs, des flèches et des lances, c’est une orgie de sang de toute évidence incompatible avec la civilisation.
Tous les hommes, dans la guerre, sont lâches et peureux ; les héros chargés de médailles sont précisément les plus poltrons, les plus peureux.
Le suicidé semble toujours très courageux mais c’est un lâche qui a eu peur de la vie et qui au moment suprême de terreur a commis la folie du suicide. On le prend pour un héros car la folie du suicidaire est facilement confondue avec le courage du héros.
Si nous observons attentivement le comportement du soldat durant la guerre, ses manières, son regard, ses paroles, son attitude dans la bataille, nous pouvons nous rendre à l’évidence de sa totale couardise.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent enseigner à leurs élèves la vérité au sujet de la guerre. Ils doivent amener leurs étudiants à expérimenter consciemment cette vérité. Si les gens avaient pleinement conscience de ce qu’est cette terrible vérité de la guerre, si les maîtres savaient éduquer sagement leurs disciples, aucun citoyen ne se laisserait conduire à l’abattoir.
L’Éducation Fondamentale doit être dispensée dès aujourd’hui dans toutes les écoles car c’est précisément à partir des bancs de l’école que l’on doit apprendre à travailler pour la Paix.
Il est urgent que les nouvelles générations deviennent pleinement conscientes de ce qu’est la barbarie et de ce qu’est la guerre. Dans les institutions scolaires, on doit permettre à tous de comprendre à fond l’inimitié et la guerre dans tous leurs aspects. Les nouvelles générations doivent comprendre que les vieux, avec leurs idées rances et turpides, sacrifient toujours les jeunes et les mènent comme des bœufs à l’abattoir.
Les jeunes ne doivent pas se laisser convaincre par la propagande belliciste, ni par les raisons des anciens, parce qu’à une raison quelconque on peut toujours en opposer une autre, à n’importe quelle opinion on peut opposer une autre opinion, cependant, ni les raisonnements, ni les opinions, ne sont la vérité au sujet de la guerre.
Les vieux ont des milliers de raisons pour justifier la guerre et conduire les jeunes à l’abattoir. L’important, ce ne sont pas les raisonnements sur la guerre, c’est plutôt d’expérimenter la vérité de ce qu’est la guerre.
Nous ne nous élevons pas contre la raison ni contre l’analyse, nous voulons seulement dire que nous devons d’abord et avant tout expérimenter la vérité sur la guerre, ensuite nous pourrons nous offrir le luxe de raisonner et d’analyser. Il est impossible d’expérimenter la vérité de ne pas tuer si nous excluons la méditation intime profonde.
Seule la méditation très profonde peut nous conduire à expérimenter la vérité sur la guerre.
Les maîtres doivent non seulement dispenser à leurs élèves de l’information intellectuelle, mais aussi leur enseigner à manier le mental, à expérimenter la Vérité.
Cette race caduque et dégénérée ne pense plus qu’à tuer.
Cette rage de tuer, toujours tuer, est le propre de toute société humaine dégénérée. À travers la télévision et le cinéma, les agents du crime propagent leurs idées criminelles. Les enfants de la nouvelle génération reçoivent quotidiennement à travers l’écran de télévision, les contes pour enfants, les bandes dessinées, le cinéma, etc., une bonne dose vénéneuse d’assassinats, de crimes épouvantables et d’atrocités de toute sorte. On ne peut ouvrir la télévision sans y rencontrer des coups et des blessures, des gens avec des paroles pleines de haine, et les multiples formes de la perversité.
Les gouvernements de la terre ne font rien contre la propagande du crime. Le mental des enfants et des jeunes est conduit par les agents du crime sur le chemin du crime. L’idée de tuer est maintenant tellement répandue, tellement diffusée au moyen des films, des romans, qu’elle est devenue totalement familière pour tout le monde. Les révoltés de la « nouvelle vague » ont été éduqués pour le crime et ils tuent pour le goût de tuer, ils aiment voir mourir les autres. Ainsi l’ont-ils appris à la télévision, chez eux, au cinéma, dans les romans, les journaux, les périodiques.
Le crime règne partout et les gouvernements ne font rien pour corriger l’instinct de tuer à partir de sa racine, à sa source même.
Il revient aux maîtres et maîtresses des écoles, collèges et universités de lancer le cri d’alarme et de retourner ciel et terre pour corriger cette épidémie mentale. Il est urgent que les professeurs donnent l’alerte et demandent à tous les gouvernements de la terre d’imposer une censure au cinéma, à la télévision, etc.
Le crime est en train de se multiplier de façon horrible à cause de tous ces spectacles sanglants, et à l’allure où vont les choses, bientôt arrivera le jour où plus personne ne pourra circuler dans la rue librement sans la crainte d’être assassiné.
La radio, le cinéma, la télévision, les revues, les romans sanglants, ont tellement répandu le meurtre, l’ont rendu si agréable aux esprits faibles et dégénérés que plus personne ne ressent de remords de tirer à bout portant ou poignarder une autre personne. Cette propagande pour le meurtre est telle que les esprits faibles se sont énormément familiarisés avec le crime au point qu’à présent ils se paient le luxe de tuer pour imiter ce qu’ils ont vu au cinéma ou à la télévision.
Les professeurs, qui sont les éducateurs du peuple, sont tenus, dans l’accomplissement de leur devoir, de lutter pour les nouvelles générations en demandant aux gouvernements de la terre de prohiber les spectacles sanglants, d’interdire enfin toute espèce de films comportant des assassinats, des vols, etc. La lutte des enseignants doit s’étendre également aux combats de taureaux et à la boxe.
Le type du toréador est le plus lâche et le plus criminel ; le toréador veut pour lui tous les avantages, et il tue pour divertir le public. Le type du boxeur est celui du monstre, de l’assassin dans sa forme sadique, il frappe et tue pour divertir le public. Les spectacles sanglants de cette catégorie sont barbares à cent pour cent, ils excitent les esprits et les acheminent sur le chemin du crime. Si nous voulons vraiment lutter pour la paix dans le monde, nous devons entreprendre une campagne intense contre les spectacles sanglants.
Tant qu’il y aura des facteurs destructeurs dans le mental humain, il y aura inévitablement des guerres.
Les facteurs qui engendrent la guerre se trouvent dans le mental humain, ces facteurs sont la haine, la violence sous toutes ses formes, l’égoïsme, la colère, la peur, les instincts criminels, les idées bellicistes propagées par la télévision, la radio, le cinéma.
La propagande pour la paix, les prix Nobel de la paix, s’avèrent absurdes tant que les facteurs psychologiques qui engendrent la guerre continuent d’exister à l’intérieur de l’homme.
Actuellement, plusieurs assassins ont reçu le prix Nobel de la paix.
Chapitre 17 – La Paix
La paix ne peut venir à travers le mental car elle n’appartient pas au mental. La paix est le parfum délicieux du cœur tranquille.
La paix ne dépend pas des projets officiels, de la politique internationale, de l’ONU, de l’OEA, des traités internationaux et des armées qui envahissent et combattent au nom de la paix.
Si réellement nous voulons une paix véritable, nous devons apprendre à vivre comme la sentinelle en temps de guerre, toujours alertes et vigilants, le mental prompt et souple, car la paix n’est pas une question de fantaisies romantiques ou de belles rêveries.
Si nous n’apprenons pas à vivre en état d’alerte d’instant en instant, le chemin qui conduit vers la paix devient étroit, ardu, de plus en plus difficile pour aboutir finalement à une impasse.
Il est nécessaire de comprendre, il est indispensable de savoir que la paix authentique du cœur tranquille n’est pas une maison où nous pouvons arriver et où nous attend une belle et joyeuse demoiselle. La Paix n’est pas un but à atteindre, un endroit où parvenir. Poursuivre la paix, la rechercher, faire des projets sur elle, combattre en son nom, faire une propagande à son sujet, fonder des organismes afin de travailler pour elle, est totalement absurde car la paix ne relève pas du mental, la paix est le parfum merveilleux du cœur tranquille.
La paix ne peut être achetée ni vendue et on ne peut l’obtenir par aucun système de pacification, ni par des contrôles spéciaux, ni par des méthodes politiques ou policières.
Dans certains pays, l’armée nationale passe au crible chaque morceau de territoire, détruisant des villages entiers, assassinant des gens et fusillant de prétendus bandits, tout cela déclare-t-on, au nom de la paix. Le résultat d’une telle façon de procéder est l’accroissement démesuré de la barbarie.
La violence engendre plus de violence, la haine produit encore plus de haine. On ne peut conquérir la paix. La paix ne peut être le résultat de la violence. La paix ne nous advient que lorsque nous dissolvons le Moi, lorsque nous détruisons à l’intérieur de nous-mêmes tous les facteurs psychologiques responsables des guerres.
Si nous voulons la paix, nous devons voir, étudier, contempler l’ensemble du tableau et pas seulement un petit coin.
Quand nous avons changé radicalement et de façon profonde, la paix naît en nous.
Les contrôles, les organismes pour la paix, les démarches pour apaiser les conflits, constituent des éléments isolés, des détails, des points dans l’océan de la vie, des morceaux détachés du cadre total de l’existence, et qui ne pourront jamais résoudre le problème de la paix de façon radicale, totale et définitive. Nous devons regarder le cadre en entier, le problème du monde, c’est le problème de l’individu : si l’individu n’a pas la paix à l’intérieur de lui, la société, le monde vivra en guerre inévitablement.
Les professeurs doivent travailler pour la paix à moins qu’ils préfèrent la barbarie et la violence. Il est urgent, indispensable, de signaler aux élèves de la nouvelle génération la route à suivre, de leur indiquer le chemin intime qui peut les conduire exactement à la paix authentique du cœur tranquille.
Les gens ne désirent pas comprendre réellement ce qu’est la véritable paix intérieure et tout ce qu’ils veulent c’est que personne ne traverse leur chemin, qu’on ne les gêne pas, qu’on ne les dérange pas, bien qu’eux-mêmes ne se privent pas de prendre à leurs risques et périls le droit de déranger, d’importuner et de remplir d’amertume la vie de leurs semblables.
Les gens n’ont jamais expérimenté la paix véritable et ils n’ont à son sujet que des opinions absurdes, des idéaux romantiques, des conceptions erronées. Pour le voleur, la paix serait le bonheur de pouvoir voler impunément, sans que la police ne vienne croiser son chemin. Pour le contrebandier, la paix serait de pouvoir passer partout sa contrebande sans que les autorités puissent l’en empêcher. Pour les affameurs du peuple, la paix serait de vendre très cher, d’exploiter à droite et à gauche sans que les inspecteurs officiels du gouvernement ne leur interdisent. Pour les prostituées, la paix serait de jouir dans leurs lits de plaisir et d’exploiter librement tous les hommes sans que les responsables de la santé publique ou les autorités policières n’interviennent en quoique ce soit dans leur vie.
Chacun échafaude dans son esprit trente-six milles fantaisies absurdes au sujet de la paix. Chacun prétend ériger autour de lui un mur égoïste fait d’idées fausses, de croyances, d’opinions et de conceptions extravagantes sur ce qu’est la paix.
Chacun veut la paix à sa façon, selon ses caprices, ses goûts, ses habitudes, ses mœurs erronées. Chacun veut s’enfermer lui-même à l’intérieur d’un mur protecteur, fantastique, avec l’intention de vivre sa propre paix.
Les gens luttent pour la paix, ils la désirent, ils la veulent mais ils ne savent pas ce qu’est la paix, ils en ont une fausse conception. Les gens ne veulent qu’une chose : ne pas être dérangés et pouvoir faire leurs diableries tranquillement et à leur aise. Voilà ce qu’ils appellent la paix. Chacun croit que ce qu’il fait est bien, peu importe ses diableries, ses machinations.
Les gens trouvent des justifications même pour les pires crimes. Si l’ivrogne est triste, il boit parce qu’il est triste ; s’il est joyeux, il boit parce qu’il est joyeux. L’ivrogne justifie toujours le vice de l’alcool. Tous les gens sont comme ça, ils trouvent une justification pour n’importe quel délit, personne ne se considère pervers, tous se présument justes et honnêtes.
Il y a beaucoup de vagabonds qui supposent à tort que la paix est de pouvoir vivre sans travailler, tranquillement et sans aucun effort, dans un monde rempli de fantaisies romantiques merveilleuses.
Sur la paix existent des millions d’opinions et de conceptions équivoques. Dans ce monde douloureux où nous vivons, chacun recherche sa paix fantastique, la paix de ses opinions. Les gens veulent voir dans le monde la paix de leurs songes, leur genre particulier de paix, bien qu’à l’intérieur de lui-même chacun porte les facteurs psychologiques qui engendrent les guerres, les conflits, les problèmes de toute espèce.
En ces temps de crise mondiale, quiconque veut devenir célèbre fonde une organisation pour la paix, fait de la propagande et se convertit en paladin de la paix. Nous ne devons pas oublier que plusieurs politiciens futés ont remporté le prix Nobel de la paix bien qu’on puisse parfois leur imputer des hécatombes et qu’ils aient souvent, d’une façon ou d’une autre, ordonné d’assassiner secrètement nombre de personnes lorsqu’ils se voyaient en danger d’être éclipsés.
Mais il existe de véritables Maîtres de l’humanité, qui se sacrifient pour enseigner partout sur la terre la Doctrine de la Dissolution du Moi. Ces Maîtres savent par leur propre expérience que c’est seulement en dissolvant le Méphistophélès que nous portons à l’intérieur que nous advient la paix du cœur.
Tant qu’à l’intérieur de chaque individu continueront d’exister la haine, la convoitise, l’envie, la jalousie, l’esprit d’acquisition, l’ambition, la colère, l’orgueil, etc., il y aura des guerres, inéluctablement.
Nous connaissons dans le monde beaucoup de gens qui pensent avoir trouvé la paix. Lorsque nous étudions à fond ces personnes, nous pouvons nous rendre à l’évidence qu’elles sont très loin de connaître la paix, elles se sont seulement enfermées dans quelque habitude solitaire et consolatrice, ou dans une certaine croyance, mais en réalité ces personnes n’ont pas expérimenté le moins du monde ce qu’est la véritable paix du cœur tranquille. Réellement, ces pauvres gens se sont tout simplement fabriqués une paix artificielle que, dans leur ignorance, ils confondent avec l’authentique paix du cœur.
Il est absurde de chercher la paix à l’intérieur des murs fallacieux de nos préjugés, croyances, fausses conceptions, désirs, habitudes. Tant que dans le mental continueront d’exister les facteurs psychologiques qui engendrent les dissensions, les conflits, les guerres, les problèmes, il n’y aura pas de véritable paix.
La paix authentique vient de la beauté légitime sagement comprise. La beauté du cœur tranquille exhale le parfum délicieux de la véritable paix intérieure. Il est urgent de comprendre la beauté de l’amitié et le parfum de la courtoisie. Il est indispensable de comprendre la beauté du langage. Nos paroles doivent porter en elles-mêmes la substance de la sincérité.
Nous ne devons jamais user de paroles arythmiques, inharmonieuses, grossières, absurdes.
Chaque parole doit être une véritable symphonie, chaque phrase doit être pleine de beauté spirituelle. Parler quand il faut se taire est aussi mal que se taire quand il faut parler. Il y a des silences criminels et il y a des paroles infâmes. Il y a des fois où parler est un crime, et il y a des fois où se taire est aussi un crime. On doit parler quand il faut parler, et se taire quand il faut se taire.
Ne jouons pas avec la parole car une grave responsabilité est impliquée dans l’usage de la parole. Toute parole doit être soupesée avant d’être prononcée, car chacune peut produire dans le monde beaucoup de bien mais aussi beaucoup de mal, le plus grand bienfait comme le plus grand tort.
Nous devons faire attention à nos gestes, à nos manières, à notre façon de nous vêtir et à tout ce que nous faisons. Que nos gestes, notre habillement, notre façon de nous asseoir à table, notre comportement quand nous mangeons, notre manière de nous occuper des personnes dans notre salon, au bureau, sur la rue, etc., soient toujours remplis de beauté et d’harmonie.
Il est nécessaire de comprendre la beauté de la bonté, de sentir la beauté de l’art créateur, de la bonne musique, de raffiner notre manière de penser, de sentir et d’agir. La suprême beauté ne peut naître en nous que lorsque le Moi est mort de façon radicale, totale et définitive.
Nous serons laids, horribles et repoussants tant que le Moi psychologique sera bien vivant à l’intérieur de nous. La beauté complète sera en nous impossible tant qu’existera le Moi Pluralisé. Si nous voulons la paix authentique, nous devons réduire le Moi en poussière cosmique. C’est ainsi seulement qu’il y aura en nous une beauté intérieure ; de cette beauté naîtra l’enchantement de l’amour et la véritable paix du cœur tranquille.
La paix créatrice amène de l’ordre à l’intérieur de nous, elle élimine la confusion et nous remplit d’un bonheur légitime.
Il nous faut savoir que le mental ne peut comprendre ce qu’est la véritable paix. Il est indispensable de bien saisir que la paix du cœur tranquille ne nous arrive pas par le moyen de l’effort, ou par le seul fait d’appartenir à quelque société ou organisation se consacrant à la propagande pour la paix.
La paix authentique nous advient de façon totalement naturelle et spontanée lorsque nous reconquérons l’innocence dans le mental et dans le cœur, lorsque nous devenons comme des enfants beaux et délicats, sensibles à tout ce qui est beau comme à tout ce qui est laid, à tout ce qui est bon comme à tout ce qui est mauvais, à tout ce qui est doux comme à tout ce qui est amer.
Il est nécessaire de reconquérir l’enfance perdue, tant dans le mental que dans le cœur.
La paix est quelque chose d’immense, d’étendu, d’infini, ce n’est pas une chose forgée par le mental, ce ne peut être le résultat d’un caprice ni le produit d’une idée quelconque. La paix est une substance atomique qui est au-delà du bien et du mal, une substance qui se trouve au-delà de toute morale, une substance qui émane des entrailles mêmes de l’Absolu.
Chapitre 18 – La Vérité
La Via Crucis, le Chemin de la Croix de notre misérable existence commence dès l’enfance et la jeunesse, avec toutes ces torsions mentales que nous endurons, ces intimes tragédies familiales, ces contrariétés au foyer et à l’école. Il va de soi que, sauf de très rares exceptions, ces problèmes ne parviennent pas à nous affecter de façon réellement profonde, mais lorsque nous devenons majeurs, les interrogations commencent : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi dois-je souffrir ? Quel est le but de cette existence ? Etc.
Nous nous sommes tous, sur le chemin de la vie, posés ces questions, il nous est tous arrivé, un jour ou l’autre, de vouloir investiguer, nous enquérir, connaître le pourquoi de tant d’amertumes, chagrins, luttes et souffrances, mais nous avons tous fini par être embouteillés dans quelque théorie, quelqu’opinion, dans quelque croyance, dans ce qu’a dit le voisin, dans ce que nous a répondu un vieillard décrépit.
Nous avons perdu la vraie innocence et la paix du cœur tranquille, et c’est pour cela que nous ne sommes plus capables d’expérimenter directement la Vérité dans toute sa crudité ; nous dépendons de ce qu’en disent les autres et il est clair que nous sommes sur le mauvais chemin.
La société capitaliste condamne radicalement les athées, ceux qui ne croient pas en Dieu. La société Marxiste-Léniniste pour sa part, condamne ceux qui croient en Dieu, mais au fond ces deux attitudes ne sont qu’une seule et même chose, une question d’opinions, de caprices des gens, de projections mentales. Ni la crédulité, ni l’incrédulité, ni le scepticisme, ne signifient que l’on a expérimenté la Vérité.
Le mental peut s’offrir le luxe de croire, douter, opiner, faire des conjectures, mais ce n’est pas expérimenter la Vérité.
Nous pouvons aussi nous payer le luxe de croire en le soleil ou de ne pas croire en lui, voire même de douter de lui, mais l’Astre-roi n’en continuera pas moins de dispenser lumière et vie à tout ce qui existe, et cela sans que nos opinions aient pour lui la moindre importance.
Derrière la croyance aveugle, derrière l’incrédulité et le scepticisme se cachent beaucoup de nuances de fausse morale ainsi que des conceptions erronées sur la respectabilité, à l’ombre desquelles se renforce le Moi.
La société de type capitaliste et la société de type communiste ont, chacune à leur façon et selon leurs caprices, préjugés et théories, leur type particulier de morale. Ce qui est moral pour le bloc capitaliste est immoral pour le bloc communiste et vice versa.
La morale dépend des us et coutumes, de l’endroit, de l’époque. Ce qui est moral dans un pays est immoral dans un autre ; ce qui a été moral à une époque est immoral à une autre époque. La morale n’a aucune valeur essentielle : quand on l’analyse à fond, elle s’avère stupide à cent pour cent.
L’Éducation Fondamentale n’enseigne pas une morale, elle enseigne une Éthique Révolutionnaire, et c’est de cela que les nouvelles générations ont besoin.
Depuis la nuit atterrante des siècles, il y a toujours eu, à toutes les époques, des hommes qui se sont éloignés du monde pour chercher la Vérité. C’est absurde de s’éloigner du monde pour chercher la Vérité, car elle se trouve à l’intérieur du monde, et à l’intérieur de l’homme, ici et maintenant.
La Vérité c’est l’inconnu d’instant en instant, et ce n’est pas en nous séparant du monde ni en abandonnant nos semblables que nous pourrons la découvrir.
Il est absurde de dire que toute vérité est une demi-vérité que toute vérité est une demi-erreur. La Vérité est radicale, elle est ou n’est pas, elle ne peut être entre les deux, elle ne pourra jamais être moitié erreur, moitié vérité.
Il est absurde de dire que la Vérité relève du temps, et que ce qui fut vrai à une époque ne l’est pas dans une autre.
La Vérité n’a rien à voir avec le temps ; la Vérité est atemporelle. Le Moi appartient au temps et il ne peut, par conséquent connaître la Vérité.
Il est absurde de supposer qu’il y a des vérités conventionnelles, temporelles, relatives. Les gens confondent les concepts et les opinions avec ce qu’est la Vérité.
La Vérité n’a rien à voir avec les opinions ni avec les soi disant vérités conventionnelles, car ce ne sont que des projections non-transcendantes du mental. La Vérité c’est l’inconnu d’instant en instant, et elle ne peut être expérimentée qu’en l’absence du Moi psychologique.
La Vérité n’est pas une question de sophismes, de conceptions, d’opinions. La Vérité ne peut être connue qu’à travers l’expérience directe.
Le mental peut uniquement opiner, et les opinions n’ont rien à voir avec la Vérité. Le mental ne pourra jamais concevoir la Vérité.
Les maîtres des écoles, collèges et universités doivent expérimenter la Vérité et en indiquer le chemin à leurs disciples.
La Vérité est une question d’expérience directe, ce n’est pas une question de théories, d’opinions ou de conceptions.
Nous pouvons et devons étudier mais il est urgent d’expérimenter par nous-mêmes et de manière directe ce qu’il y a de vrai dans chaque théorie, concept, opinion, etc.
Nous devons étudier, analyser, nous enquérir, mais il nous faut aussi de toute urgence expérimenter la Vérité contenue dans tout ce que nous étudions.
Il est impossible d’expérimenter la Vérité tant que le mental se trouve agité, convulsé, tourmenté par des opinions opposées. On ne peut expérimenter la Vérité que lorsque le mental est paisible, lorsque le mental est silencieux.
Les professeurs doivent indiquer à leurs élèves des deux sexes le chemin de la Méditation intérieure profonde. Ce chemin de la Méditation intérieure profonde nous conduit a la quiétude et au silence du mental.
Lorsque le mental est calme, vide de pensées, désirs et opinions, lorsque le mental est silencieux, alors nous advient la Vérité.
Chapitre 19 – L’Intelligence
Nous avons pu constater que beaucoup de professeurs d’histoire universelle, en Occident, ont l’habitude de se moquer de Bouddha, de Confucius, Mahomet, Hermès, Quetzalcoatl, Moïse, Krishna, etc. Nous avons également été en mesure de constater jusqu’à satiété les sarcasmes, le persiflage, l’ironie des enseignants envers les religions antiques, envers les dieux, envers la mythologie. Tout cela dénote précisément un manque d’intelligence.
Dans les écoles, collèges et universités, on devrait traiter des thèmes religieux avec plus de respect, avec la plus grande vénération, avec une véritable intelligence créatrice.
Les formes religieuses ont conservé les valeurs éternelles et sont organisées selon les nécessités psychologiques et historiques de chaque peuple, de chaque race. Les religions ont toutes les mêmes principes, les mêmes valeurs éternelles et ne se différencient que dans leur forme. Ce n’est pas intelligent pour un chrétien de se moquer de la religion du Bouddha ou de la religion hébraïque, car toutes les religions reposent sur les mêmes fondations.
Les attaques satiriques de beaucoup d’intellectuels contre les religions et leurs fondateurs sont dues au poison du Marxisme, qui de nos jours intoxique tous les esprits faibles.
Les maîtres et maîtresses des écoles, collèges et universités, doivent orienter leurs élèves vers le chemin du véritable respect envers nos semblables.
Le rustaud qui, au nom d’une théorie, quelle qu’elle soit, se moque des temples, sectes, religions, écoles ou sociétés spirituelles est, à toutes fins pratiques, pervers et indigne.
En quittant l’école, après dix ou quinze années d’études, les jeunes gens et les jeunes filles se retrouvent aussi lourds et endormis que les autres êtres humains, aussi « remplis de vacuité » et dépourvus d’intelligence que le premier jour où ils sont entrés à l’école.
Les étudiants doivent de toute urgence développer, entre autres choses, le centre émotionnel, car l’intellect n’est pas tout. Il faut apprendre à ressentir les harmonies intimes de la vie, la beauté de l’arbre solitaire, le chant de l’oisillon dans la forêt, la symphonie de musique et de couleurs d’un beau crépuscule. Mais il est tout aussi nécessaire de ressentir et de comprendre profondément les horribles contrastes de la vie, l’autre côté de la médaille, ainsi l’ordre social cruel et impitoyable de cette époque où nous vivons, les rues pleines de mères infortunées avec leurs enfants mal nourris, affamés, qui mendient un morceau de pain, les édifices hideux où vivent des milliers de familles pauvres, les routes répugnantes où circulent des milliers de voitures propulsées à l’aide de ce combustible qui endommage l’organisme, etc.
L’étudiant qui quitte l’école doit faire face non seulement à son propre égoïsme, à ses propres problèmes, mais aussi à l’égoïsme de tous les gens et aux multiples problèmes de la société humaine. Le plus grave, c’est que l’étudiant qui laisse l’école, même s’il a une certaine préparation intellectuelle, n’a pas d’intelligence, sa conscience est endormie, il est insuffisamment préparé pour la lutte avec la vie.
Voici arrivé le moment d’investiguer et de découvrir la nature de ce qu’on appelle l’Intelligence. Les dictionnaires, les encyclopédies s’avèrent impuissants à définir sérieusement ce qu’est l’intelligence.
Sans intelligence, on ne pourra jamais obtenir une transformation radicale ni jouir d’un véritable bonheur et il est très rare de rencontrer dans la vie des personnes vraiment intelligentes. L’important dans la vie, ce n’est pas seulement de connaître le mot intelligence, mais aussi d’expérimenter en nous-mêmes la profonde signification de ce mot.
Nombreux sont ceux qui se présument intelligents, il n’y a pas un seul ivrogne qui ne se pense intelligent ; et Karl Marx se croyant lui-même suprêmement intelligent, élabora sa farce matérialiste qui a coûté au monde la perte des valeurs éternelles, le fusillement de milliers de prêtres de différentes religions, le viol de nonnes Bouddhistes et Chrétiennes, la destruction de beaucoup de temples, la torture de milliers et de milliers de personnes, etc.
N’importe qui peut se penser intelligent, ce qui est difficile c’est de l’être vraiment. Ce n’est pas en acquérant plus d’information livresque, plus de connaissances, plus d’expériences, plus de choses destinées à éblouir les gens, plus d’argent pour être en mesure d’acheter la police, les juges, etc., que l’on va obtenir ce que l’on nomme l’intelligence. Ce n’est pas avec ce plus que l’on peut parvenir à avoir de l’intelligence. Ceux qui supposent que l’intelligence peut être conquise par le processus du plus sont carrément dans l’erreur.
Il est urgent de comprendre à fond et dans toutes les régions du mental subconscient et inconscient ce qu’est ce pernicieux processus du plus, car tout au fond se cache très secrètement l’Égo, le Je, le Moi-Même, qui désire et veut toujours plus pour s’engraisser et se renforcer.
Ce Méphistophélès que nous portons au-dedans, ce Satan, ce Moi, dit : Moi, j’ai plus d’argent, plus de beauté ; moi j’ai plus d’intelligence que celui-ci ou celui-là, plus de prestige, plus d’astuce.
Celui qui veut vraiment comprendre ce qu’est l’intelligence doit apprendre à la ressentir, à l’éprouver intensément, à l’expérimenter à travers la méditation profonde.
Tout ce que les gens accumulent dans le sépulcre pourri de la mémoire infidèle, l’information intellectuelle, les expériences de la vie, est toujours traduit, fatalement, en termes de plus, de sorte qu’ils n’arrivent jamais à connaître la profonde signification de ce qu’ils accumulent.
Beaucoup lisent un livre et le déposent, l’enferment dans la mémoire, satisfaits d’avoir accumulé plus d’informations, mais quand on les somme de nous expliquer la doctrine exposée dans le livre qu’ils ont lu, il devient évident qu’ils ignorent la profonde signification de l’enseignement divulgué ; en fait, le Moi veut plus et toujours plus d’informations, toujours plus de livres, même s’il n’a éprouvé dans le vécu la doctrine d’aucun de ces livres.
On croit souvent que plus nous avons d’information livresque, d’expérience, d’argent, de prestige, plus nous sommes intelligents, mais l’intelligence n’a rien à voir avec tout cela.
L’intelligence peut fleurir en nous lorsque nous avons compris tout le processus du Moi, lorsque nous saisissons en profondeur tout cet automatisme psychologique du plus. Il est indispensable de comprendre que le mental est le centre fondamental du plus. Réellement, ce plus est ce Moi psychologique qui exige, et le mental est son noyau fondamental.
Celui qui veut être vraiment intelligent doit se résoudre à mourir, non seulement au niveau intellectuel superficiel mais aussi dans toutes les régions subconscientes et inconscientes du mental.
Quand le Moi meurt, quand le Moi est totalement dissout, l’unique chose qui reste à l’intérieur de nous c’est l’Être authentique, l’Être véritable, la légitime intelligence tellement convoitée et si difficile à obtenir.
Les gens croient que le mental est créateur, ils se trompent.
Le Moi n’est pas créateur et le mental est le noyau fondamental du Moi.
L’intelligence est créatrice car elle relève de l’Être, elle est un attribut de l’Être. Nous ne devons pas confondre le mental avec l’intelligence.
Ils sont carrément et radicalement dans l’erreur ceux qui supposent que l’intelligence est quelque chose qui peut être cultivé comme une fleur en pot, ou quelque chose que l’on peut acheter comme on achète les titres de noblesse, ou que l’on peut acquérir en possédant une vaste bibliothèque. Il est nécessaire de comprendre profondément tous les processus du mental, toutes les réactions, ce plus psychologique qui accumule, etc. C’est ainsi seulement que jaillira en nous de façon naturelle et spontanée la grande flamme ardente de l’intelligence.
Au fur et à mesure que le Méphistophélès que nous portons en dedans ira en se dissolvant, le feu de l’intelligence créatrice se manifestera peu à peu à l’intérieur de nous, jusqu’à resplendir d’un ardent éclat.
Notre Être véritable est Amour, et de cet Amour naît l’authentique et légitime intelligence qui n’appartient pas au temps.
Chapitre 20 – La Vocation
À l’exception des personnes totalement invalides, tout être humain doit servir à quelque chose dans la vie, le plus difficile c’est précisément de découvrir à quoi chaque individu doit servir.
S’il y a une chose vraiment importante dans ce monde, c’est de nous connaître nous-mêmes. Rare est celui qui se connaît lui-même et, bien que cela semble incroyable, il est difficile de rencontrer dans la vie une personne qui ait développé le sens vocationnel.
Lorsque quelqu’un est pleinement convaincu du rôle qu’il doit tenir dans l’existence, il fait alors de sa vocation un apostolat, une religion, et se convertit par le fait même et de plein droit en un apôtre de l’humanité.
Celui qui connaît sa vocation ou parvient à la découvrir par ses propres efforts, passe alors par un formidable changement, il ne cherche plus le succès ; l’argent, la renommée, la gratitude ne l’intéressent plus ; son plaisir se trouve à ce moment là dans le bonheur que lui procure le fait d’avoir répondu à un appel intime, profond, inconnu, émanant de sa propre Essence intérieure.
Le plus intéressant de tout cela c’est que le sens vocationnel n’a rien à voir avec le Moi car, bien que cela paraisse étrange, le Moi abhorre notre propre vocation, le Moi ne désirant, ne convoitant que les substantielles entrées d’argent, la position sociale, la renommée, etc.
Le sens de la vocation est quelque chose qui appartient à notre propre Essence intérieure ; c’est quelque chose de très interne, très profond, très intime. Le sens vocationnel amène l’homme à se lancer, avec une grande résolution et un véritable désintéressement, dans les entreprises les plus ardues, au prix de toutes sortes de souffrances, sans se soucier du calvaire qu’il doit endurer. Il est par conséquent tout à fait normal que le Moi abhorre la véritable vocation.
Le sens de la vocation nous conduit, en fait, sur le sentier de l’héroïsme le plus légitime, et nous permet de supporter stoïquement toutes sortes d’infamies, de trahisons et de calomnies.
Le jour où un homme peut affirmer, en toute vérité : « Je sais qui je suis et quelle est ma véritable vocation », il commence dès cet instant à vivre avec amour et droiture. Un tel homme vit dans son œuvre, et son œuvre vit en lui. Ils sont réellement le petit nombre les hommes qui peuvent parler ainsi, avec une véritable sincérité de cœur. Ceux qui parlent ainsi sont la fine fleur-de l’humanité, des élus qui ont à un degré superlatif le sens de leur vocation.
Découvrir notre véritable vocation est sans aucun doute le problème social le plus grave, le problème qui se trouve à la base même de tous les problèmes de la société. Découvrir notre vraie vocation individuelle équivaut en fait à découvrir un trésor extrêmement précieux. Lorsqu’un homme, un citoyen, trouve, en toute certitude et hors de tout doute, sa véritable et légitime fonction, il devient par le fait même irremplaçable.
Lorsque notre vocation correspond totalement et de façon absolue à la fonction, au poste que nous sommes en train d’occuper dans la vie, nous exerçons alors notre travail comme un véritable apostolat, sans aucune convoitise et sans désir de pouvoir. Au lieu d’engendrer convoitise, lassitude ou désir de changer d’occupation, notre travail est la source pour nous d’un bonheur véritable, profond, intime, même si nous devons endurer patiemment les souffrances d’une douloureuse Via Crucis.
Dans la vie pratique, nous avons pu constater que lorsqu’un individu occupe un poste qui ne correspond pas à sa vocation, il ne pense alors qu’en fonction du plus. Le mécanisme du Moi, c’est le plus : plus d’argent, plus de renommée, plus de projets, et, comme c’est tout naturel, le sujet habituellement devient hypocrite, exploiteur, cruel, impitoyable, intransigeant.
Si nous étudions attentivement la bureaucratie, nous pourrons vérifier qu’il est très rare que le poste occupé corresponde à la vocation individuelle. Si nous étudions de façon minutieuse les corporations du prolétariat, nous pourrons nous rendre à l’évidence que la fonction ne correspond que très rarement à la vocation individuelle.
Lorsque nous observons soigneusement les classes privilégiées, qu’elles soient de l’Est ou de l’Ouest du monde, nous pouvons nous rendre à l’évidence que le sens vocationnel y est totalement absent. Ceux qui étaient appelés les « enfants bien », font à présent des attaques à main armée, violent des femmes sans défense, etc., pour tuer l’ennui. N’ayant pu trouver leur place dans la vie, ils errent désorientés et se transforment en « Rebelles sans cause », pour changer un peu de la routine.
À notre époque de crise mondiale, l’humanité se trouve dans un état chaotique épouvantable. Personne n’est content de son travail car le poste occupé ne correspond pas à la vocation, les gens remplissent une foule de demandes d’emploi car personne n’a envie de mourir de faim, mais les demandes ne correspondent pas à la vocation de ceux qui les font.
Beaucoup de chauffeurs devraient être médecins ou ingénieurs. Beaucoup d’avocats devraient être ministres, et beaucoup de ministres, tailleurs. Plusieurs cireurs de chaussures devraient être ministres, et plusieurs ministres cireurs de chaussures, etc.
Les gens ont des postes qui ne leur correspondent pas, qui n’ont rien à voir avec leur véritable vocation individuelle, et à cause de cela, la machine sociale fonctionne très mal. C’est comme un moteur qui serait construit avec des pièces qui ne lui correspondent pas : le résultat inévitable de cette situation absurde, c’est le désastre, l’échec, le dérèglement.
Dans la pratique, nous avons pu constater jusqu’à satiété que lorsqu’une personne n’a pas de disposition vocationnelle pour être guide, instructeur religieux, leader politique ou directeur de quelqu’association spirituelle, scientifique, littéraire, philanthropique, etc., elle ne pense alors qu’en fonction du plus et commence alors à faire des projets, toujours plus de projets, avec des intentions secrètes inavouables. Cela va de soi lorsque le poste ne correspond pas à la vocation individuelle, le résultat c’est l’exploitation.
Dans cette époque terriblement matérialiste où nous vivons, la fonction de maître est très souvent arbitrairement remplie par des marchands qui n’ont pas le moindrement la vocation pour le Magistère. Le résultat d’une telle infamie, c’est l’exploitation, la cruauté et le manque de véritable amour. Beaucoup de gens exercent la profession de maître dans le but exclusif d’obtenir de l’argent pour payer leurs études dans les facultés de médecine, droit ou génie, ou pour la simple raison qu’ils ne trouvent rien d’autre à faire. Les victimes d’une telle fraude intellectuelle, ce sont les élèves.
Le véritable maître par vocation est de nos jours très difficile à trouver et il constitue la meilleure chose qui puisse arriver aux étudiants des écoles, collèges et universités. La vocation du maître est admirablement traduite dans cet émouvant morceau en prose de Gabrielle Mistral, intitulé la Prière de la maîtresse d’école. La maîtresse de province dit, s’adressant à l’Être divin, au Maître secret : « Accordez-moi d’aimer seulement mon école : que la brûlure de la beauté ne soit pas capable de me ravir ma tendresse de tous les instants. Mon Maître, que ma ferveur soit perdurable et ma déception passagère. Arrachez de moi cet impur désir de justice mal comprise qui me trouble encore, ainsi que la mesquine protestation qui s’insinue et monte en moi lorsqu’on me blesse ; que l’incompréhension ne me fasse pas souffrir ni ne m’attriste l’oubli de ceux à qui j’ai enseigné ».
« Accordez-moi d’être plus mère que les mères, pour pouvoir aimer et défendre comme elles ceux qui ne sont pas chair de ma chair. Donnez-moi la capacité de faire de l’une de mes élèves ma strophe la plus parfaite et d’enclaver en elle ma mélodie la plus pénétrante, pour quand mes lèvres ne chanteront plus ».
« Montrez-moi comment réaliser votre Évangile en cette époque où je vis, afin que je ne renonce pas à la bataille qu’à chaque jour et à chaque heure je dois livrer pour lui ».
Qui peut mesurer l’influence psychique merveilleuse d’un professeur inspiré avec tant de tendresse par le sens de sa vocation ?
L’individu en vient à sa vocation par l’une de ces trois voies : l’autodécouverte d’une capacité spéciale, la vision d’une nécessité urgente, la sage direction, très rare en vérité, des parents et des maîtres qui ont découvert la vocation de l’enfant ou de l’élève grâce à l’observation de ses aptitudes.
Beaucoup d’individus ont découvert leur vocation à un certain moment critique de leur vie, face à une situation sérieuse qui réclamait un remède immédiat. Gandhi était un avocat quelconque lorsque, à l’occasion d’un attentat contre les droits de la communauté hindoue en Afrique du Sud où il était installé, il fit annuler son billet de retour en Inde et resta pour défendre les droits de ses compatriotes. Une nécessité momentanée l’achemina vers la vocation de toute sa vie.
Les grands bienfaiteurs de l’humanité ont découvert leur vocation au moment d’une situation de crise qui réclamait une solution immédiate. Rappelons-nous Oliver Cromwell, le père du libéralisme anglais ; Benito Juarez, l’artisan de la république du Mexique ; José de San Martin et Simon Bolivar, pères de l’indépendance sud-américaine.
Jésus, Bouddha, Mahomet, Hermès, Zoroastre, Confucius, Fo-Hi, etc., furent des hommes qui, à un certain moment de l’histoire, ont su comprendre leur véritable vocation et se sont sentis appelés par la voix intérieure qui émane de l’Intime.
L’Éducation Fondamentale est appelée à découvrir par différentes méthodes la capacité latente des étudiants. Les méthodes anachroniques que la pédagogie utilise de nos jours pour découvrir la vocation des élèves sont, hors de tout doute, cruelles, absurdes et impitoyables. Les questionnaires pour déterminer la vocation ont été élaborés par des marchands qui occupent arbitrairement le poste de maîtres.
Dans certains pays, avant qu’ils puissent entreprendre des cours préparatoires pour leur vocation, les étudiants sont soumis aux pires cruautés psychologiques, on leur pose des questions sur les mathématiques, la biologie, l’histoire, etc. La méthode la plus cruelle est constituée par les fameux tests psychologiques qui déterminent le quotient intellectuel (Q.I.) des étudiants en fonction de leur rapidité mentale. Selon le type de réponse qu’il a faite, selon la façon dont il s’est qualifié, l’étudiant est alors embouteillé dans l’un des trois baccalauréats dispensés : physique-mathématiques, sciences biologiques, sciences sociales.
De la branche de physique-mathématiques sortent des ingénieurs, des architectes, des astronomes, des aviateurs, etc. Des sciences-biologiques sortent des médecins, des pharmaciens, des infirmières, des biologistes, etc. Des sciences sociales sortent des avocats, des écrivains, des docteurs en philosophie et en lettres, des directeurs d’imprimerie, etc.
Le plan d’étude est différent dans chaque pays et il va de soi que ce n’est pas dans tous les pays que l’on offre trois baccalauréats distincts. Dans plusieurs pays il n’existe qu’un seul baccalauréat et une fois celui-ci terminé, l’étudiant passe à l’université. Dans certains pays, on ne prend même pas la peine d’examiner la capacité vocationnelle de l’étudiant et celui-ci entre à l’université, désirant uniquement avoir une profession pour gagner sa vie, même si cette profession ne coïncide pas avec ses tendances innées, avec son sens vocationnel.
Il y a des pays où l’on examine la capacité vocationnelle des étudiants et il y a des nations où l’on ne l’examine pas. Il est absurde de ne pas savoir orienter les étudiants selon leur vocation, de ne pas examiner leurs capacités et tendances innées.
Mais les questionnaires vocationnels eux-mêmes, et toute cette pléthore de tests psychologiques, d’examens destinés à déterminer le Q.I., sont tout à fait stupides.
Ces méthodes d’étude de la vocation ne sont d’aucune utilité parce que le mental a ses moments de crise, et si l’examen se déroule à l’un de ces moments, le résultat c’est l’échec et la mauvaise orientation de l’étudiant. Les maîtres ont pu constater que l’esprit des élèves a, comme la mer, ses hautes et basses marées, ses plus et ses moins. On sait que les glandes masculines et féminines sont soumises à un biorythme ; il y a aussi un biorythme pour le mental. À certains moments précis, les glandes masculines se trouvent dans leur plus, et les glandes féminines dans leur moins, ou vice-versa. Le mental a aussi son plus et son moins, ses hauts et ses bas.
Celui qui veut connaître la science des biorythmes pourra étudier le fameux ouvrage intitulé Biorythme écrit par l’éminent savant gnostique rose-croix, le Docteur Arnold Krumm Heller, médecin-colonel de l’armée mexicaine et professeur à la faculté de médecine de Berlin.
Nous affirmons avec insistance qu’une crise émotionnelle ou un état de grande nervosité psychique devant la perspective d’un examen difficile, peut conduire l’étudiant à l’échec : il sera incapable de répondre de façon adéquate au questionnaire qui décidera de son orientation future. Nous affirmons qu’un abus quelconque du centre du mouvement, produit peut-être par une activité sportive, par une marche trop longue ou par un travail physique ardu, peut engendrer une crise intellectuelle même lorsque le mental se trouve dans son plus et ainsi conduire l’étudiant à l’échec, lors d’un examen pré-vocationnel. Nous affirmons qu’une crise sexuelle quelconque, une syncope de sexualité réprimée, un abus sexuel, etc., peut exercer une influence désastreuse sur le mental et le mener à l’échec lors d’un examen destiné à préciser la vocation. Nous affirmons qu’une crise quelconque en relation avec le centre instinctif et avec peut-être le plaisir sexuel ou le centre émotionnel, peut mener l’étudiant à l’échec lors d’un examen crucial pour préciser sa vocation.
L’Éducation Fondamentale enseigne que les germes vocationnels se trouvent déposés non seulement dans le centre intellectuel mais aussi dans chacun des quatre autres centres de la psychophysiologie de la machine organique. Il est indispensable de tenir compte des cinq centres psychiques appelés centres intellectuel, émotionnel, du mouvement, instinctif et sexuel. Il est absurde de penser que l’intellect est le seul centre de cognition. Si l’on examine le centre intellectuel exclusivement, dans le but de découvrir les aptitudes vocationnelles d’un individu déterminé, en plus de commettre une grave injustice qui s’avère en fait très préjudiciable pour le sujet considéré et pour la société, on commet une faute parce que les germes de la vocation ne sont pas contenus uniquement dans le centre intellectuel mais aussi dans chacun des quatre autres centres psychophysiologiques de l’individu.
Le seul et unique chemin sûr pour découvrir la véritable vocation des élèves, c’est celui de l’Amour véritable. Si les parents et les maîtres d’un commun accord s’associaient pour investiguer au foyer et à l’école, pour observer minutieusement tous les faits et gestes des enfants et des jeunes, ils pourraient découvrir les tendances innées de chacun. Voilà le seul chemin sûr qui permettra aux parents et professeurs de découvrir le sens vocationnel des étudiants.
Ceci exige un Amour véritable de la part des parents et des maîtres et il est évident que s’il n’y a pas de véritable amour de la part des parents et des authentiques maîtres par vocation, capables de se sacrifier vraiment pour leurs élèves, une telle entreprise s’avère alors impraticable.
Si les gouvernements veulent vraiment sauver la société, il leur faut expulser les marchands du temple avec le fouet de la volonté.
Une nouvelle époque culturelle doit commencer et il nous faut pour cela répandre partout la doctrine de l’Éducation Fondamentale. Les étudiants doivent défendre valeureusement leurs droits et exiger des gouvernements d’avoir de véritables maîtres par vocation. Il y a heureusement l’arme formidable des grèves, et les étudiants peuvent utiliser cette arme, pour appuyer leurs revendications.
Dans certains pays il existe à l’intérieur des écoles, collèges et universités, des orienteurs qui, réellement, ne sont pas là par vocation ; le poste qu’ils occupent ne coïncide pas avec leurs tendances innées. Ces personnes ne peuvent en orienter d’autres parce qu’elles-mêmes n’ont pas su s’orienter adéquatement. On a besoin de toute urgence de véritables maîtres et orienteurs par vocation, capables d’orienter intelligemment les élèves.
Il est nécessaire de savoir qu’à cause de la pluralité du Moi l’être humain joue automatiquement divers rôles dans le théâtre de la vie. Les garçons et les filles jouent un rôle à l’école, un autre sur la rue, un autre au foyer. Si l’on veut découvrir la vocation d’un jeune homme ou d’une jeune fille, il faut les observer à l’école, au foyer et même dans la rue. Ce travail d’observation ne peut être réalisé que par les parents et les maîtres véritables agissant de concert.
Dans la vieille pédagogie, il y a aussi le système d’observer les notes pour en déduire la vocation. L’élève qui s’est distingué en civisme par la note la plus haute est alors classé comme avocat possible, et celui qui s’est distingué en biologie est défini comme un médecin en puissance, et celui qui a obtenu de bonnes notes en mathématiques est aussitôt vu comme un possible ingénieur, etc. Ce système absurde pour déduire les vocations est trop empirique, car le mental a ses hauts et ses bas, non seulement de la façon globale que l’on connaît déjà mais aussi, plus spécialement, dans certains états particuliers.
Beaucoup d’écrivains qui furent à l’école de mauvais étudiants en grammaire, se sont révélés dans la vie comme de véritables maîtres du langage. Beaucoup d’ingénieurs remarquables ont toujours eu à l’école de mauvaises notes en mathématiques, et une foule de médecins ont été recalés à l’école, en biologie et en sciences naturelles.
Il est lamentable que beaucoup de parents, au lieu d’étudier les aptitudes de leurs enfants, ne voient en eux que la continuation de leur cher Égo, leur Je psychologique, leur Moi même. Beaucoup de pères avocats veulent que leurs fils poursuivent dans le barreau, et beaucoup de propriétaires de commerces veulent que leurs enfants continuent à diriger leurs intérêts égoïstes sans s’intéresser le moindrement au sens vocationnel de ces enfants.
Le Moi veut toujours monter, grimper au sommet de l’échelle, faire sentir sa présence, et lorsque ses ambitions échouent, il veut alors obtenir, par l’intermédiaire de ses enfants ce qu’il n’a pas réussi à atteindre par lui-même. Ces parents ambitieux mettent leurs garçons et filles dans des carrières et des postes qui n’ont rien à voir avec le sens vocationnel de ces jeunes.
Chapitre 21 – Les Trois Cerveaux
La Psychologie Révolutionnaire de l’ère nouvelle affirme que la machine organique de l’animal intellectuel faussement appelé homme est tricentrée ou tricérébrée.
Le premier cerveau est enfermé dans la boîte crânienne. Le second cerveau correspond concrètement à l’épine dorsale avec sa moelle centrale et toutes ses ramifications nerveuses. Le troisième cerveau n’est pas situé en un lieu défini et ne coïncide pas non plus avec un organe déterminé. Réellement, le troisième cerveau est constitué par les plexus nerveux sympathiques et, de façon générale, par tous les centres nerveux spécifiques de l’organisme humain.
Le premier cerveau est le centre pensant. Le second cerveau est le centre du mouvement, communément appelé centre moteur. Le troisième cerveau est le centre émotionnel.
Il est complètement démontré dans la pratique que tout abus du cerveau pensant produit une dépense excessive d’énergie intellectuelle. Il est donc logique d’affirmer sans crainte que les asiles d’aliénés sont de véritables cimetières de morts intellectuels.
Les sports harmonieux et équilibrés sont bénéfiques pour le cerveau moteur, mais l’abus du sport entraîne un gaspillage d’énergies motrices dont le résultat est habituellement désastreux. Il n’est pas absurde d’affirmer qu’il existe des morts du cerveau moteur. Ces morts sont dits atteints d’hémiplégie, de paraplégie, de paralysie progressive, etc.
Le sens esthétique, la mystique, l’extase, la musique supérieure, sont nécessaires pour cultiver le centre émotionnel, mais l’abus de ce cerveau produit une usure inutile et un gaspillage d’énergies émotionnelles. Les existentialistes de la « nouvelle vague », les fanatiques du rock, les pseudo-artistes sensuels de l’art moderne, les passionnaires morbides à la sensualité exacerbée, abusent du cerveau émotionnel.
Bien que cela semble incroyable, la mort provient du mauvais usage que fait la personne de ces trois centres fonctionnels.
Il est déjà démontré à satiété que toute maladie a son origine dans l’un quelconque des trois cerveaux. La grande Loi a sagement déposé, dans chacun des trois cerveaux de l’animal intellectuel, un capital déterminé de valeurs vitales. Économiser ce capital signifie en fait allonger la vie, dissiper ce capital amène la mort.
Des traditions très antiques, parvenues jusqu’à nous depuis la nuit atterrante des siècles, affirment que la durée moyenne de la vie humaine dans l’ancien continent de Mu, situé dans l’océan Pacifique, oscillait entre douze et quinze siècles. L’usage erroné des trois cerveaux écourta peu à peu la vie, au fil des siècles et des âges.
Dans le pays baigné de soleil de Kem, là-bas dans la vieille Égypte des pharaons, la durée moyenne de la vie humaine n’atteignait déjà plus que cent quarante ans.
Actuellement, en ces temps modernes de gazoline et de celluloïd, en cette époque d’existentialisme et des rebelles du rock, la durée moyenne de la vie humaine, selon les statistiques de quelques compagnies d’assurance, est de cinquante ans à peine.
Ces messieurs marxistes-léninistes de l’Union Soviétique, fanfarons et menteurs comme toujours, disent à qui veut l’entendre qu’ils ont inventé un sérum très spécial ayant la propriété d’allonger la vie, mais le vieux Khrouchtchev, qui n’a pas encore quatre-vingts ans doit demander à un pied la permission de lever l’autre.
Dans le centre de l’Asie existe une communauté religieuse constituée de vieillards qui ne se rappellent même plus leur jeunesse. La durée moyenne de vie de ces vieillards oscille entre quatre et cinq cents ans. Le secret de la longue vie de ces moines asiatiques réside tout entier dans l’usage avisé des trois cerveaux.
Le fonctionnement équilibré et harmonieux des trois cerveaux signifie économie des valeurs vitales et, par conséquent prolongation de la vie. Il existe une Loi cosmique connue sous le nom de « Loi d’égalisation des vibrations provenant de plusieurs sources ». Les moines du monastère asiatique savent comment utiliser cette loi dans l’usage des trois cerveaux.
La pédagogie anachronique conduit les élèves à l’abus du cerveau pensant, avec les résultats que la Psychiatrie connaît déjà.
L’utilisation intelligente des trois cerveaux, c’est de l’Éducation Fondamentale. Dans les antiques écoles de Mystères de la Babylonie, de la Grèce, de l’Inde, de la Perse, de l’Égypte, etc., les élèves recevaient une information complète et directe s’adressant à leurs trois cerveaux au moyen de la combinaison intelligente des préceptes, de la danse, de la musique.
Dans les temps anciens, le théâtre faisait partie intégrante de l’école. Le drame, la comédie, la tragédie, combinés avec la musique, l’étude de la mimique, l’enseignement oral, servaient à former les trois cerveaux de chaque individu. Les étudiants alors n’abusaient pas du cerveau pensant et savaient se servir de façon intelligente et équilibrée de leurs trois cerveaux.
Les danses des Mystères d’Eleusis en Grèce, les théâtres de la Babylonie, la sculpture grecque, furent toujours utilisés pour transmettre des connaissances aux disciples hommes et femmes.
Aujourd’hui, à notre époque dégénérée du rock, les élèves confus et désorientés, marchent sur le sentier ténébreux de l’abus mental. Il n’existe pas, actuellement, de véritables systèmes créateurs pour la culture harmonieuse des trois cerveaux. Les maîtres des écoles, collèges et universités ne s’adressent qu’à la mémoire infidèle des étudiants qui s’ennuient et attendent avec anxiété l’heure de sortir de la classe.
Il est urgent, indispensable, d’apprendre à combiner l’intellect, le mouvement et l’émotion dans le but d’apporter une information complète aux trois cerveaux des étudiants. Il s’avère absurde de n’instruire qu’un seul cerveau. Le premier cerveau n’est pas notre seul centre de cognition. Abuser du cerveau pensant des élèves est criminel.
L’Éducation Fondamentale devra conduire les étudiants sur le sentier du développement harmonieux. La psychologie révolutionnaire enseigne clairement que les trois cerveaux fonctionnent selon trois types d’associations, indépendants et totalement distincts l’un de l’autre. Ces trois ordres d’associations évoquent différents types d’impulsions de l’être. Cela nous confère, en fait, trois personnalités différentes qui n’ont rien en commun, ni dans leur nature, ni dans leurs manifestations.
La psychologie révolutionnaire de l’ère nouvelle enseigne qu’en chaque personne existent trois aspects psychologiques distincts. Avec une partie de notre Essence psychique nous désirons une chose, avec une autre partie, nous désirons quelque chose de complètement différent et à l’aide de la troisième partie, nous faisons une chose diamétralement opposée.
Dans un moment de suprême douleur, à cause de la perte d’un être cher, par exemple, ou de quelque autre catastrophe intime, la personnalité émotionnelle peut sombrer dans le désespoir tandis que la personnalité intellectuelle se demande le pourquoi de toute cette tragédie et que la personnalité du mouvement ne cherche qu’à fuir la scène.
Ces trois personnalités distinctes, différentes, et souvent même contradictoires doivent être intelligemment cultivées et instruites grâce à des méthodes et des systèmes spéciaux dans toutes les écoles, tous les collèges et toutes les universités. Du point de vue psychologique, il s’avère absurde d’éduquer exclusivement la personnalité intellectuelle. L’homme a trois personnalités qui ont besoin de toute urgence de l’Éducation Fondamentale.
Chapitre 22 – Le Bien et le Mal
Le Bien et le Mal n’existent pas. Une chose est bonne quand elle nous convient, et mauvaise quand elle ne nous convient pas. Le Bien et le Mal, c’est une question de convenances égoïstes et de caprices du mental.
L’homme qui a inventé les termes fatidiques Bien et Mal était un atlante du nom de Makari Kronvernkzyon, membre distingué de la Société Scientifique Akaldan qui était implantée dans le continent atlante submergé.
Jamais le vieux sage n’avait soupçonné l’ampleur du dommage qu’il allait causer à l’humanité par l’invention de ces deux misérables petits mots. Les savants atlantes ont étudié profondément toutes les forces évolutives, involutives et neutres de la nature, mais ce vieux savant eut l’idée de définir les deux premières avec les termes Bien et Mal. Les forces de type évolutif, il les appela bonnes, et les forces de type involutif, il les baptisa du terme de mauvaises. Les forces neutres, il ne leur donna aucun nom. Ces forces agissent en l’homme et dans la nature, la force neutre étant le point d’appui et d’équilibre.
De nombreux siècles après la submersion de l’Atlantide, avec sa fameuse capitale Poséidonis dont nous a parlé Platon dans sa République, il y eut, dans la civilisation orientale Tiklyamishayana, un prêtre très vieux qui a commis la faute extrêmement grave d’abuser des termes Bien et Mal en les utilisant stupidement pour fonder sur eux une morale. Ce prêtre s’appelait Armanatoora.
À travers les innombrables siècles qui se sont succédés tout au long de l’histoire, ces deux petits mots vicièrent l’humanité qui en fit le fondement de tous ses codes moraux. Ces deux mots imprègnent aujourd’hui toute notre vie quotidienne, et nos plus menus agissements en dépendent. Il y a actuellement beaucoup de réformateurs qui veulent opérer une restauration morale mais, pour leur malheur et pour celui de ce monde affligé, ils ont le mental embouteillé dans le Bien et le Mal.
Toute morale est fondée sur les misérables mots Bien et Mal, et c’est pour cela que tout réformateur moral est, en fait, un réactionnaire.
Les termes Bien et Mal sont toujours utilisés soit pour justifier, soit pour condamner nos propres erreurs. Celui qui justifie ou condamne ne comprend pas. Comprendre le développement des forces évolutives, c’est faire preuve d’intelligence, mais ce n’est pas intelligent de les justifier en les qualifiant de bonnes. Comprendre le processus des forces involutives est une manifestation d’intelligence, mais c’est vraiment stupide de les condamner en les qualifiant de mauvaises.
Toute force centrifuge peut être convertie en force centripète. Toute force involutive peut se transformer en évolutive.
À l’intérieur des infinis processus de l’Énergie en état évolutif existent d’infinis processus d’énergie en état involutif. À l’intérieur de chaque être humain se trouvent divers types d’énergie qui évoluent et involuent et se transforment sans cesse. Justifier un certain type d’énergie et en condamner un autre, ce n’est pas comprendre ; or, la chose vitale, c’est de comprendre.
Le fait concret de l’embouteillement mental a rendu très rare l’expérience de la Vérité, parmi l’humanité. Les gens sont embouteillés dans le jeu des opposés Bien et Mal.
La psychologie révolutionnaire du mouvement gnostique est basée sur l’étude des différents types d’énergie qui opèrent à l’intérieur de l’organisme humain et dans la nature. Le mouvement gnostique a une éthique révolutionnaire qui n’a rien à voir avec la morale des réactionnaires ni non plus avec les termes conservateurs et désuets de Bien et Mal.
Dans le laboratoire psychophysiologique de l’organisme humain existent des forces évolutives, involutives et neutres qui doivent être étudiées et comprises en profondeur.
Le terme Bien empêche la compréhension des énergies évolutives, à cause de la justification que ce terme comporte. Le terme Mal entrave la compréhension des forces involutives, à cause de la condamnation implicite.
Justifier ou condamner ne signifie pas comprendre. Celui qui veut en finir avec ses défauts, ne doit pas les justifier ni les condamner. Il est urgent de comprendre nos erreurs.
1 Comprendre la colère dans tous les niveaux du mental est fondamental pour que naisse en nous la sérénité et la douceur.
2 Comprendre les nuances infinies de la convoitise est indispensable afin que naisse en nous la philanthropie et l’altruisme.
3 Comprendre la luxure dans tous les niveaux du mental est une condition indispensable pour que naisse en nous la véritable chasteté.
4 Comprendre l’envie dans toutes les régions du mental est essentiel pour que naisse en nous le sens de la coopération et le bonheur devant le bien-être et le progrès d’autrui.
5 Comprendre l’orgueil dans tous ses degrés et toutes ses nuances est primordial afin que naisse en nous de façon naturelle et spontanée la fleur précieuse de l’humilité.
6 Comprendre ce qu’est cet élément d’inertie appelé la paresse, non seulement dans ses formes grossières mais aussi dans ses aspects les plus subtils, est indispensable pour que naisse en nous le sens de l’activité.
7 Comprendre les diverses formes de la gourmandise et de la gloutonnerie équivaut à détruire les vices du centre instinctif tels que le goût des banquets, de l’ivrognerie, des parties de chasse, du carnivorisme, la peur de la mort, le désir de perpétuer le Moi, la crainte de l’annihilation etc.
Les maîtres des écoles, collèges et universités recommandent à leurs élèves de devenir meilleurs comme si le Moi pouvait devenir meilleur, ils leur conseillent d’acquérir certaines vertus précises comme si le Moi pouvait obtenir des vertus.
Il est indispensable de comprendre que le Moi ne s’améliore jamais, qu’il ne sera jamais plus parfait et que celui qui convoite des vertus renforce le Moi. La perfection totale ne naît en nous qu’avec la dissolution du Moi. Les vertus naissent en nous de façon naturelle et spontanée lorsque nous comprenons nos défauts psychologiques non seulement au niveau intellectuel mais aussi sur tous les plans subconscients et inconscients du mental.
Vouloir devenir meilleur, c’est stupide ; désirer la sainteté, c’est de l’envie ; convoiter des vertus signifie fortifier le Moi avec le poison de la convoitise. Il nous faut réaliser la mort totale du Moi, non seulement au niveau intellectuel mais aussi dans tous les recoins, toutes les régions, les étendues, les corridors du mental. Lorsque nous sommes morts de façon absolue, il ne reste en nous que Cela qui est parfait, Cela qui est saturé de vertus, Cela qui est l’Essence de notre Être Intime, Cela qui ne relève pas du temps.
C’est seulement par la compréhension profonde de tous les infinis processus des forces évolutives qui se développent au dedans de nous-mêmes ici et maintenant, seulement par la compréhension intégrale des différents aspects des forces involutives qui agissent à l’intérieur de nous-mêmes instant après instant, que nous pouvons dissoudre le Moi.
Les termes Bien et Mal sont employés pour justifier et condamner mais jamais pour comprendre.
Chaque défaut a beaucoup de nuances, de soubassements, de profondeurs, de tréfonds. Comprendre un défaut au niveau intellectuel ne signifie pas qu’on l’a compris dans les divers terrains subconscients, infraconscients et inconscients du mental. N’importe quel défaut peut disparaître du niveau intellectuel et continuer dans les autres régions du mental.
La colère se déguise avec la toge du juge. Beaucoup de gens convoitent de ne pas être convoiteurs ; il y a ceux qui ne convoitent pas de l’argent mais des pouvoirs psychiques, des vertus, de l’amour, du bonheur, ici ou après la mort.
Beaucoup d’hommes et de femmes sont émus et fascinés devant les personnes du sexe opposé parce que, selon leur dire ils aiment la beauté : leur propre subconscient les trahit, la luxure prend le déguisement du sens esthétique. Beaucoup d’envieux envient les saints et font des pénitences et se flagellent car ils désirent parvenir aussi à la sainteté ; beaucoup d’envieux envient ceux qui se sacrifient pour l’humanité et voulant alors être grands eux aussi, ils tournent en dérision ceux qu’ils envient et crachent contre eux leur bave diffamatoire.
Il y a ceux qui se sentent orgueilleux de leur position, de leur fortune, de leur renommée et leur prestige, et il y a ceux qui sont orgueilleux de leur humble condition. Diogène tirai de l’orgueil du tonneau dans lequel il dormait et lorsqu’il arriva à la maison de Socrate, il le salua en disant : « Je foule aux pieds ton orgueil Socrate, je marche sur ton orgueil ». Socrate répondit : « Oui, Diogène, avec ton orgueil tu foules aux pieds mon orgueil ».
Les femmes vaniteuses se frisent les cheveux, se vêtent et se parent du mieux qu’elles le peuvent pour exciter l’envie des autres femmes, mais la vanité se déguise aussi avec la tunique de l’humilité. La tradition raconte que le philosophe grec Aristipe, voulant montrer à tout le monde sa sagesse et son humilité, avait revêtu une vieille tunique pleine de trous ; ainsi accoutré, et serrant dans la main droite le bâton de la Philosophie, il s’en fut par les rues d’Athènes. Quand il le vit s’approcher, Socrate s’exclama : « Aristipe, on voit ta vanité à travers les trous de ton vêtement ».
Nombreux sont ceux qui se trouvent dans la misère à cause de la paresse, mais il existe des gens qui travaillent énormément pour gagner leur vie et cependant se sentent paresseux lorsqu’il s’agit de s’étudier et se connaître eux-mêmes pour dissoudre le Moi. Nombreux ceux qui ont abandonné la gourmandise et la gloutonnerie mais qui, malheureusement, se saoulent et vont à la chasse.
Chaque défaut a une multitude de facettes et se développe de façon graduée depuis l’échelon le plus bas de l’échelle psychologique jusqu’à l’échelon le plus élevé. Au milieu du rythme délicieux d’un vers poétique, se cache aussi le crime.
Le crime prend aussi le visage du saint, du martyr, du chaste, de l’apôtre, etc.
Le Bien et le Mal n’existent pas, ces termes ne servent qu’à chercher des échappatoires, des excuses, pour éluder l’étude profonde et détaillée de nos propres défauts.
Chapitre 23 – La Maternité
La vie de l’être humain a commencé comme une simple cellule, sujette, cela va de soi, au temps extraordinairement rapide des cellules vivantes.
Conception, gestation et naissance, voilà le merveilleux trio par lequel débute toujours la vie de n’importe quelle créature.
Il est réellement surprenant de savoir que nous devons vivre nos premiers instants d’existence dans l’infiniment petit, chacun de nous converti en une petite cellule microscopique.
Nous commençons notre existence sous la forme d’une insignifiante cellule et terminons notre vie chargés d’ans et de souvenirs.
Le Moi est mémoire. Beaucoup de vieillards ne vivent pas le moins du monde dans le présent, beaucoup ne vivent qu’en ce remémorant le passé. Tout vieillard n’est rien de plus qu’une voix et qu’une ombre ; un fantôme du passé ; de la mémoire accumulée qui est ce qui continue dans les gènes de nos descendants.
Les premiers temps de la conception humaine sont extraordinairement rapides, mais à travers les divers processus de la vie, le temps se ralentit progressivement. Il convient de rappeler à nos lecteurs la relativité du temps : l’insecte insignifiant qui ne vit que quelques heures dans un après-midi d’été, semble pour nous comme s’il ne vivait pratiquement pas, mais en réalité il vit tout ce qu’un homme vit en quatre-vingts ans, ce qui se passe, c’est qu’il vit rapidement ; un homme vit en quatre-vingts ans ce qu’une planète vit en des millions d’années.
Lorsque le spermatozoïde s’unit avec l’ovule, la gestation commence. La cellule par laquelle débute la vie humaine contient quarante-huit chromosomes. Les chromosomes se subdivisent en gènes, un chromosome comporte un peu plus d’une centaine de gènes.
Les gènes sont très difficiles à étudier parce que chacun d’eux est constitué de quelques molécules à peine qui vibrent avec une incroyable rapidité. Le monde merveilleux des gènes constitue une zone intermédiaire entre le monde tridimensionnel et le monde de la quatrième dimension. Dans les gènes on retrouve les atomes de l’hérédité. Le Moi psychologique de nos ancêtres vient imprégner l’œuf fécondé.
En cette ère d’électrotechnique et de science atomique, il s’avère absolument pas exagéré d’affirmer que la trace électromagnétique laissée par un ancêtre qui a exhalé son dernier souffle vient s’imprimer dans les gènes et chromosomes de l’œuf fécondé par un descendant.
Le sentier de la vie est formé par les traces des sabots du cheval de la mort.
Au cours de l’existence, différents types d’énergie circulent à travers l’organisme humain ; chaque type d’énergie a son propre mode d’action, chaque type d’énergie se manifeste en son temps et à son heure. Deux mois après la conception, la fonction digestive se manifeste, et un peu plus de quatre mois après la conception entre en action la force motrice qui est en relation intime avec les systèmes respiratoire et musculaire.
Le spectacle scientifique de la naissance et de la mort de toutes choses est merveilleux. Plusieurs savants affirment qu’il existe une étroite analogie entre la naissance de la créature humaine et la naissance des mondes dans l’espace sidéral.
Après neuf mois, l’enfant naît, et le mois suivant commence la croissance avec tous ses merveilleux métabolismes et le développement symétrique et parfait des tissus conjonctifs. Lorsque la fontanelle frontale des nouveau-nés se referme vers l’âge de deux ou trois ans, c’est le signe que le système cérébro-spinal est maintenant parfaitement formé.
Beaucoup de scientifiques ont dit que la nature a de l’imagination et que cette imagination donne une forme vivante à tout ce qui est, tout ce qui a été et tout ce qui sera. Une foule de gens rient de l’imagination, certains allant même jusqu’à l’appeler « la folle du logis ».
Une grande confusion règne autour du mot imagination, nombreux sont ceux qui confondent l’imagination avec la fantaisie. Certains savants disent qu’il existe deux imaginations : ils appellent la première l’imagination mécanique, et la seconde l’imagination intentionnelle. La première est constituée des rognures du mental et la seconde correspond à ce que nous avons en dedans de plus digne et de plus décent.
À travers l’observation et l’expérience, nous avons pu constater qu’il y a aussi un type de sous-imagination mécanique, morbide, infraconsciente et subjective. Ce type de sous-imagination automatique fonctionne au-dessous de la zone intellectuelle. Les images érotiques, les films morbides, les histoires épicées, avec un double sens, les calembours grivois, etc., font habituellement travailler de façon inconsciente la sous-imagination mécanique. Une analyse profonde nous a conduit à la conclusion logique que les rêves érotiques et les pollutions nocturnes sont dus à la sous-imagination mécanique. La chasteté absolue se révèle impossible tant qu’existe la sous-imagination mécanique.
Il est, tout compte fait, parfaitement clair que l’imagination consciente est radicalement différente de ce qu’on appelle l’imagination mécanique subjective, infraconsciente, subconsciente.
N’importe quelle représentation peut être perçue de façon auto-exaltante et dignifiante, mais la sous-imagination de type mécanique, infraconsciente, subconsciente, inconsciente, peut nous trahir en fonctionnant automatiquement et en superposant des images sensuelles, passionnelles, submergées.
Si nous voulons la chasteté complète, unitotale, profonde, il nous faut surveiller non seulement l’imagination consciente mais aussi l’imagination mécanique et la sous-imagination inconsciente, automatique, subconsciente, submergée. Nous ne devons jamais oublier la relation étroite qui existe entre le sexe et l’imagination.
Nous devons à l’aide de la méditation profonde, transformer tout type d’imagination mécanique et toute forme de sous-imagination et d’infra-imagination automatique en imagination consciente, objective. L’imagination objective est en soi essentiellement créatrice, sans elle l’inventeur n’aurait pas pu concevoir le téléphone, la radio, l’avion, etc.
L’imagination de la femme enceinte est fondamentale pour le développement du fœtus. Il est démontré que toute mère peut, à l’aide de son imagination, altérer le psychisme du fœtus. Il est indispensable que la femme en état de grossesse contemple de beaux tableaux, de sublimes paysages, écoute de la musique classique et soit entourée de paroles harmonieuses ; ainsi pourra-t-elle agir harmonieusement sur le psychisme de la créature qu’elle porte dans ses entrailles. La femme enceinte ne doit pas boire d’alcool, ni fumer, ni contempler ce qui est laid, ce qui est désagréable, car tout cela est préjudiciable pour le développement harmonieux de la créature.
Il faut savoir excuser les caprices et les erreurs de la femme enceinte. Beaucoup d’hommes intolérants et manquant de compréhension véritable se fichent et injurient leur femme en état de grossesse. Les amertumes de cette femme, l’affliction causée par le manque de charité du mari, se répercutent sur le fœtus en état de gestation, non seulement de façon physique mais aussi psychique.
Si l’on tient compte du pouvoir de l’imagination créatrice, il est logique d’affirmer que la femme enceinte ne doit pas contempler ce qui est laid, désagréable, inharmonieux, répugnant, etc.
L’heure est venue où les gouvernements doivent s’occuper de résoudre les grands problèmes en rapport avec la maternité.
Il s’avère incongru que dans une société qui se vante d’être chrétienne et démocratique, on ne sache pas respecter et vénérer le sens religieux de la maternité. Il est monstrueux de voir des milliers de femmes enceintes complètement démunies, sans protection, abandonnées par leur mari et par la société, mendiant un morceau de pain ou un emploi et exerçant souvent des travaux physiques durs pour pouvoir survivre avec la créature qu’elles portent dans leur ventre. Ces conditions infrahumaines de la société actuelle, cette cruauté et cette absence de responsabilité des gouvernants et des populations nous indiquent très clairement que la démocratie n’existe pas encore.
Les hôpitaux avec leurs salles de maternité n’ont pas encore résolu le problème, car les femmes ne peuvent entrer à l’hôpital que lorsqu’elles sont sur le point d’accoucher. On a besoin de toute urgence de foyers collectifs, de véritables cités-jardins dotées de salons et de résidences pour les femmes en gestation notoirement pauvres, dotées aussi de cliniques et de garderies pour leurs enfants.
Ces foyers collectifs où logeraient les femmes enceintes reconnues comme pauvres, seraient pourvus de toute espèce de commodités, et remplis de fleurs, de musique, d’harmonie et de beauté : ainsi, le grand problème de la maternité se trouverait solutionné.
Nous devons comprendre que la société humaine est une grande famille et qu’aucun problème qui la touche ne nous est étranger car tout problème, d’une façon ou d’une autre, affecte dans son rayon d’action respectif tous les membres de la société. Discriminer les femmes enceintes du fait qu’elles sont pauvres est absurde. Les sous-estimer, les mépriser ou les confiner dans des asiles pour personnes indigentes est criminel.
Dans cette société où nous vivons, nul ne doit avoir de préférence car nous sommes tous humains et avons les mêmes droits, nos enfants ce sont tous les enfants du monde. Il nous faut créer enfin la véritable démocratie s1 en vérité nous ne voulons pas être dévorés par le communisme.
Chapitre 24 – La Personnalité Humaine
Un homme est né, a vécu soixante-quinze ans et est mort.
Mais où donc se trouvait-il avant sa naissance et où sera-t-il après sa mort ?
La science officielle ne sait rien sur tout cela.
Cette formulation générale résume toutes les questions sur la vie et la mort.
De façon axiomatique nous pouvons affirmer : « L’homme meurt parce que son temps est terminé, il n’existe aucun lendemain pour la personnalité du mort ».
Chaque jour est une onde du temps, chaque mois est aussi une onde du temps, chaque année est encore une autre onde du temps, et toutes ces ondes enchaînées ensemble constituent la grande onde de la vie. Le temps est circulaire et la vie de la personnalité humaine est une courbe fermée La vie de la personnalité humaine se développe en son temps, naît en son temps et meurt en son temps, elle appartient au temps et ne peut exister en dehors de lui.
Cette question du temps est un problème qui a été étudié par plusieurs savants. Il n’y a plus de doute que le temps soit la quatrième dimension. La géométrie d’Euclide n’est applicable qu’au monde tridimensionnel, mais le monde a sept dimensions et la quatrième c’est le temps.
Le mental humain conçoit l’Éternité comme la prolongation du temps en ligne droite, mais rien ne peut être plus erroné que ce concept, car l’Éternité c’est la cinquième dimension. Chaque moment, chaque instant de l’existence se produit dans le temps et se répète éternellement.
La mort et la vie sont deux extrêmes qui se touchent. Une vie s’achève pour l’homme qui meurt mais une autre commence. Un temps se termine et un autre commence, la mort se trouve étroitement reliée à l’éternel retour. Ceci veut dire que nous devons retourner, revenir dans ce monde après que nous sommes morts pour répéter le même drame de l’existence, mais si la personnalité humaine périt au moment de la mort, qui ou qu’est-ce qui retourne ?
Il est nécessaire de préciser une fois pour toutes que le Moi est ce qui continue après la mort, le Moi est ce qui retourne, le Moi est ce qui revient dans cette vallée de larmes.
Il est nécessaire que nos lecteurs ne confondent pas la Loi du Retour avec la théorie de la Réincarnation enseignée par la Théosophie moderne. Cette théorie de la Réincarnation a son origine dans le culte de Krishna qui est une religion hindoue de type védique, malheureusement retouchée et adultérée par les réformateurs.
Dans le culte authentique original de Krishna, seuls les Héros, les Guides, ceux qui possèdent déjà une individualité sacrée, ont la possibilité de se réincarner.
Le Moi pluralisé retourne, revient, mais ce n’est pas une réincarnation. Les masses, les foules retournent, mais il ne s’agit pas d’une réincarnation. L’idée du retour des choses et des phénomènes, l’idée de la répétition éternelle est très ancienne, et nous pouvons la retrouver dans la Sagesse Pythagoricienne et dans l’antique cosmogonie hindoue.
L’éternel retour des jours et des nuits de Brahma, la répétition incessante des Kalpas, etc., sont invariablement et intimement associés à la Sagesse pythagoricienne et à la Loi de la Récurrence éternelle ou Loi de l’Éternel Retour.
Gautama, le Bouddha, a enseigné très sagement la Doctrine de l’Éternel Retour et de la Roue des existences successives, mais sa doctrine a été très adultérée par ses suiveurs.
Tout retour implique, dès lors, la fabrication d’une nouvelle personnalité humaine ; celle-ci se forme durant les sept premières années de l’enfance. L’ambiance familiale, la vie dans la rue et à l’école, confèrent à la personnalité humaine sa teinte particulière caractéristique. L’exemple des adultes est déterminant pour la personnalité infantile : l’enfant apprend plus par l’exemple que par les préceptes. La façon de vivre erronée, l’exemple absurde, le comportement dégénéré des adultes, confèrent à la personnalité de l’enfant cette teinte particulière sceptique et perverse de l’époque où nous vivons.
En ces temps modernes, l’adultère est devenu plus commun que les pommes de terre ou les oignons et il va de soi que cette situation engendre des scènes dantesques dans les foyers.
Nombreux sont les enfants qui, de nos jours, doivent souffrir, pleins de ressentiments, les coups de bâton ou de cravache du mauvais père ou de la marâtre. Il est clair que de cette façon la personnalité de l’enfant se développe dans un cadre de douleur, de rancœur et de haine.
Il y a un dicton populaire qui dit : « Le fils de l’autre sent toujours mauvais ». Naturellement, là aussi il y a des exceptions, mais on peut les compter sur les doigts de la main, et il reste même des doigts.
Les altercations entre le père et la mère pour une question de jalousie, les pleurs et les lamentations de la mère affligée ou du mari accablé, ruiné et désespéré, laissent dans la personnalité de l’enfant une marque indélébile de douleur profonde et de mélancolie qui n’est jamais oubliée durant toute la vie.
Dans les maisons élégantes, les dames orgueilleuses maltraitent leur bonne quand celle-ci va au salon de beauté ou se maquille le visage. L’orgueil de ces dames se sent mortellement blessé. L’enfant qui voit toutes ces scènes infâmes se sent meurtri au plus profond de lui-même, qu’il se mette du côté de sa mère arrogante et orgueilleuse ou qu’il prenne parti pour la malheureuse bonne vaniteuse et humiliée : le résultat est habituellement catastrophique pour la personnalité infantile.
Depuis l’invention de la télévision, on a perdu l’unité de la famille. Avant, l’homme arrivait du travail et était reçu avec beaucoup de joie par sa femme. Aujourd’hui la femme ne va pas recevoir son mari à la porte parce qu’elle est occupée à regarder la télévision. Dans les foyers modernes, le père, la mère, les garçons et les filles semblent des automates inconscients hypnotisés devant l’écran de télévision. Maintenant, le mari ne peut plus commenter avec sa femme les problèmes du jour, parler de son travail, etc., car celle-ci a l’air d’une somnambule en train de regarder le vieux film, les scènes dantesques d’une émission de gangsters à la Al Capone, la dernière danse de la nouvelle vague, le téléroman, etc.
Les enfants élevés dans ce nouveau genre de foyer ultramoderne ne pensent qu’aux pistolets, canons, mitrailleuses, jouets pour imiter et revivre à leur façon toutes les violentes scènes de crime qu’ils voient sur l’écran de télévision.
Dommage que cette merveilleuse invention qu’est la télévision soit utilisée de façon destructive. Si l’humanité utilisait cette invention de façon dignifiante, soit pour étudier les sciences naturelles, soit pour enseigner le véritable Art Royal de la Mère Nature, soit pour donner aux gens de sublimes enseignements, cette invention serait alors une bénédiction pour l’humanité, elle pourrait être employée de manière intelligente pour cultiver la personnalité humaine.
Il est en toute clarté absurde de nourrir la personnalité infantile avec de la musique arythmique, inharmonique, vulgaire. Il est stupide de nourrir la personnalité des enfants avec des histoires de voleurs et de policiers, des scènes de vice et de prostitution, des films basés sur l’adultère, avec de la pornographie, etc.
Le résultat d’une telle façon de procéder, nous pouvons le constater dans les Rebelles sans cause, les assassins précoces.
C’est lamentable de voir les mères fouetter leurs enfants, leur donner des coups de bâton, les insulter avec des mots grossiers et cruels. Le résultat d’une telle conduite c’est le ressentiment, la haine, la perte de l’amour, etc. Dans la pratique nous avons pu nous rendre compte que les enfants élevés au milieu des cris, des coups de bâton et de fouet, se convertissent en personnes vulgaires, rustaudes et dépourvues de tout sens de respect et vénération.
Il est urgent de comprendre la nécessité d’établir un véritable équilibre à l’intérieur des foyers. Il est indispensable de savoir que la douceur et la sévérité doivent s’équilibrer mutuellement sur les deux plateaux de la balance de la justice. Le Père représente la sévérité, la Mère représente la douceur ; le Père symbolise la Sagesse, la Mère personnifie l’Amour. Sagesse et Amour, sévérité et douceur s’équilibrent mutuellement sur les deux plateaux de la balance cosmique.
Le père et la mère doivent s’équilibrer mutuellement pour le bien du foyer. Il est urgent, il est indispensable que tous les pères et mères comprennent la nécessité de semer dans le mental de leurs enfants les valeurs éternelles de l’Esprit. C’est dommage que les enfants modernes ne possèdent plus le sens de la vénération ; c’est à cause des histoires de cow-boys, de bandits et de policiers, à cause de la télévision, du cinéma, etc., qui ont perverti le mental des enfants.
La Psychologie Révolutionnaire du Mouvement gnostique fait une distinction claire, précise et radicale, entre l’Égo et l’Essence.
Durant les trois ou quatre premières années de la vie, seule se manifeste chez l’enfant la beauté de l’Essence, l’enfant est alors tendre, doux, beau dans tous ses aspects psychologiques. Lorsque l’Égo commence à contrôler la tendre personnalité de l’enfant, toute cette beauté de l’Essence disparaît peu à peu et dès lors affleurent à sa place les défauts psychologiques propres à tout être humain.
De même que nous devons faire une distinction entre l’Égo et l’Essence, de même est-il nécessaire de distinguer la personnalité de l’Essence. L’être humain naît avec l’Essence mais ne naît pas avec la personnalité, il faut créer cette dernière. La personnalité et l’Essence doivent se développer de façon harmonieuse et équilibrée.
Dans la pratique nous avons pu constater que lorsque la personnalité se développe exagérément aux dépens de l’Essence, le résultat c’est la fripouille. L’observation et l’expérience échelonnées sur de nombreuses années nous ont permis de comprendre que lorsque l’Essence se développe sans prêter la moindre attention à la culture harmonieuse de la personnalité, le résultat c’est le mystique sans intellect, sans personnalité, noble de cœur mais inadapté, incapable. Le développement harmonieux de la personnalité et de l’Essence donne comme résultat des hommes et des femmes géniaux.
Dans l’Essence nous avons tout ce qui nous est propre, dans la personnalité, tout ce qui nous a été prêté. Dans l’Essence nous avons nos qualités innées, dans la personnalité nous avons l’exemple de nos ancêtres et ce que nous avons appris à la maison, à l’école ou dans la rue.
Il est indispensable que les enfants reçoivent une nourriture pour leur Essence et une nourriture pour leur personnalité. La tendresse, l’affection illimitée, l’amour, la musique, les fleurs, la beauté, l’harmonie, servent à nourrir l’Essence. La personnalité doit être nourrie à l’aide du bon exemple de nos ancêtres, avec les sages enseignements dispensés à l’école, à la maison, etc.
Il est nécessaire que les enfants entrent au primaire à l’âge de sept ans, après être passés par la maternelle. Les enfants doivent apprendre leurs premières lettres par le jeu, ainsi l’étude devient-elle pour eux attrayante, agréable, joyeuse.
L’Éducation Fondamentale enseigne que l’on doit, dès la maternelle ou le jardin d’enfants, porter une attention toute spéciale à chacun des trois aspects de la personnalité humaine, c’est-à-dire la pensée, le mouvement et l’émotion ; c’est ainsi que la personnalité de l’enfant va se développer de façon harmonieuse et équilibrée.
Les parents et les maîtres ont une très grave responsabilité, celle de la création et du développement de la personnalité de l’enfant. La qualité de la personnalité humaine dépend exclusivement du type de matériau psychologique avec lequel elle a été créée et nourrie.
Autour des termes personnalité, essence, ego, moi, il existe, chez ceux qui étudient la Psychologie, beaucoup de confusion. Certains confondent l’Égo ou le Moi avec l’Essence. Nombreuses sont les écoles pseudo-ésotériques ou pseudo-occultistes qui ont comme but de leurs études la vie impersonnelle. Il est nécessaire de préciser que ce n’est pas la personnalité que nous devons dissoudre. C’est le Moi-même, le Je, l’Égo qu’il nous faut désintégrer et réduire en poussière cosmique.
La personnalité n’est qu’un véhicule qui sert à l’action, un véhicule qu’il a été nécessaire de créer, de fabriquer.
Dans le monde, il y a des Caligula, des Attila, des Hitler, etc. N’importe quelle sorte de personnalité, si perverse qu’elle ait pu être, peut se transformer radicalement quand l’Égo ou le Moi est totalement dissout. Cette dissolution de l’Égo, du Je, confond et dérange beaucoup de pseudo-ésotéristes. Ceux-ci sont convaincus que l’Égo est divin, ils croient que l’Égo, le Moi, c’est l’Être lui-même, la Monade Divine.
L’Égo, ou le Moi, c’est le Satan de la Bible, un ramassis de souvenirs, désirs, passions, haines, ressentiments, concupiscences, adultères, hérédité familiale, nationale, raciale, etc.
Plusieurs affirment stupidement qu’il y a en nous un Moi supérieur ou divin et un Moi inférieur. Supérieur et inférieur, ce sont toujours deux parties d’une même chose ; le Moi supérieur et le Moi inférieur ne sont que deux parties de ce même Égo.
L’Être divin, la Monade, l’Intime, n’a rien à voir avec quelque forme de Moi que ce soit. L’Être est l’Être, et c’est tout. La raison d’être de l’Être est ce même Être.
La personnalité en soi n’est qu’un véhicule et rien de plus. À travers la personnalité, l’Égo ou l’Être peut se manifester, tout dépend de nous. Il est urgent de dissoudre le Moi, l’Égo, afin que seule se manifeste à travers notre personnalité l’Essence psychologique de notre Être véritable.
Il est indispensable que les éducateurs comprennent pleinement la nécessité de cultiver harmonieusement les trois aspects de la personnalité humaine. Un parfait équilibre entre la personnalité et l’Essence, un développement harmonieux de la pensée, de l’émotion et du mouvement, une éthique révolutionnaire, constituent les bases de l’Éducation Fondamentale.
Chapitre 25 – L’Adolescence
Le moment est venu d’abandonner définitivement la fausse pudeur et les préjugés en relation avec le problème sexuel. Il est nécessaire de comprendre de façon claire et précise le problème sexuel des adolescents des deux sexes.
Vers l’âge de quatorze ans apparaît dans l’organisme de l’adolescent l’Énergie sexuelle qui coule alors de manière asservissante à travers le système neuro-sympathique. Ce type spécial d’énergie transforme l’organisme humain, modifiant la voix chez l’homme et engendrant la fonction ovarienne chez la femme.
L’organisme humain est une véritable usine qui transforme des éléments grossiers en fines substances vitales. Les aliments que nous ingérons vont à l’estomac et passent par de multiples transformations et raffinements pour aboutir, au point culminant de ce processus, à cette substance mi-solide mi-liquide que mentionne Paracelse et qu’il désigne par le terme d’Ens-Seminis (l’Entité du Semen). Ce verre liquide, flexible, malléable, ce sperme, renferme en lui-même, de façon potentielle, tous les germes de la vie.
Les vieux Alchimistes médiévaux tels que Paracelse, Sendivogius, Nicolas Flamel, Raymond Lulle, ont étudié avec une très profonde vénération l’Ens-Seminis ou Mercure de la Philosophie secrète. Ce Vitriol est un véritable Élixir subtilement élaboré par la Nature à l’intérieur des vésicules séminales. Dans ce Mercure de la Sagesse antique, dans ce Semen, se trouvent réellement toutes les possibilités de l’existence.
C’est une chose déplorable que beaucoup de jeunes, faute d’une véritable orientation psychologique, se livrent au vice de la masturbation ou dévient lamentablement vers le sentier infrasexuel de l’homosexualité.
On donne aux enfants et aux jeunes de l’information intellectuelle sur une foule de sujets et on les achemine vers la pratique du sport dont l’abus écourte misérablement la vie, mais malheureusement, au moment où apparaît l’énergie sexuelle, moment qui marque le début de l’adolescence, autant les parents que les maîtres, en se basant sur un faux puritanisme et sur une morale stupide, décident de se taire de façon criminelle.
Il y a des paroles infâmes et il y a des silences criminels. Se taire au sujet du problème sexuel est un crime. Parler de façon équivoque ou fausse sur le problème de la sexualité constitue aussi un crime.
Si les parents et les maîtres se taisent, les pervers sexuels parlent et les victimes ce sont les adolescents inexpérimentés. Si l’adolescent ne peut consulter ni ses parents, ni ses maîtres, il consultera alors ses compagnons d’école, possiblement déjà déviés et engagés sur le mauvais chemin ; le résultat ne se fait pas attendre longtemps et le jeune adolescent, suivant les faux conseils, se livrera au vice de la masturbation ou déviera vers le chemin de l’homosexualité.
Le vice de la masturbation ruine totalement la puissance cérébrale. Il est nécessaire de savoir qu’il existe une étroite relation entre le semen et le cerveau. Il faut cérébraliser le semen et il faut séminiser le cerveau. On séminise le cerveau en transmutant l’énergie sexuelle, en la sublimant, en la convertissant en puissance cérébrale. C’est ainsi que le semen est cérébralisé et que le cerveau est séminisé.
La Science gnostique étudie à fond l’endocrinologie et enseigne des méthodes et des systèmes pour transmuter les énergies sexuelles, mais c’est un sujet qui n’entre pas dans le cadre de ce livre. Si le lecteur veut de l’information sur le Gnosticisme, il doit étudier nos ouvrages gnostiques et approfondir nos enseignements.
Les adolescents doivent sublimer leurs énergies sexuelles en cultivant le sens esthétique, en apprenant la musique, la sculpture, la peinture, en effectuant des excursions en montagne, en forêt, etc.
Combien de visages qui auraient pu être beaux se fanent ! Combien de cerveaux dégénèrent ! Tout cela parce qu’il n’y a pas eu de cri d’alerte au moment opportun.
Le vice de la masturbation, tant chez les garçons que chez les filles, est devenu plus commun, plus courant que de se laver les mains. Les asiles d’aliénés sont remplis d’hommes et de femmes qui ont ruiné leur cerveau par la pratique de ce vice répugnant de la masturbation. Le destin des masturbateurs c’est la maison de fous.
Le vice de l’homosexualité a pourri les racines de cette race caduque et perverse. Il semble incroyable que dans des pays comme l’Angleterre où l’on se croit cultivé et super-civilisé, il y ait des cinémas où l’on projette librement des films de type homosexuel. Il semble incroyable qu’en Angleterre, encore une fois, l’on ait fait des efforts pour légaliser officiellement les mariages entre homosexuels. Cette situation est partout généralisée ; dans les grandes villes du monde existent actuellement des bordels et des clubs pour homosexuels des deux sexes.
La confrérie ténébreuse des ennemis de la femme a de nos jours des organisations de dégénérés qui étonnent par leur fraternité perverse. Plusieurs lecteurs seront peut-être surpris d’apprendre l’existence de cette « fraternité dégénérée » mais nous ne devons pas oublier qu’à toutes les époques de l’histoire il y a toujours eu diverses fraternités du crime.
La confrérie morbide des ennemis de la femme est, hors de tout doute, une fraternité du crime. Les ennemis de la femme occupent toujours ou presque toujours les postes clés à l’intérieur de la ruche bureaucratique. Lorsqu’un homosexuel va en prison, il est vite libéré, grâce à l’influence opportune des hommes clés de la confrérie du crime. Si l’un de ces efféminés tombe en disgrâce, il reçoit presqu’aussitôt une aide financière de la part de tous les sinistres personnages de la confrérie criminelle. Les membres ténébreux de cette association de pédérastes se reconnaissent entre eux par « l’uniforme » qu’ils portent. Cela peut nous étonner d’apprendre que les homosexuels utilisent un uniforme, mais c’est ainsi. L’uniforme des homosexuels correspond à toute mode qui commence ; ce sont eux qui commencent toutes les nouvelles modes. Quand une mode s’est répandue largement, ils en commencent une autre. De cette façon, l’uniforme de la confrérie délictueuse est toujours nouveau.
Toutes les grandes villes du monde comptent aujourd’hui des milliers d’homosexuels. Le vice de l’homosexualité a très souvent son point de départ lors de l’adolescence. Nombre d’écoles d’adolescents et d’adolescentes sont de véritables bordels de type homosexuel.
Des millions de jeunes filles adolescentes marchent résolument sur le chemin ténébreux des ennemis de l’homme. Des millions d’adolescentes sont homosexuelles. La confrérie criminelle de l’homosexualité féminine est aussi forte que la confrérie criminelle masculine.
Il est urgent d’abandonner radicalement et de façon définitive toute fausse pudeur et d’enseigner avec franchise aux adolescents des deux sexes tous les mystères de la sexualité. C’est ainsi seulement que les nouvelles générations pourront s’acheminer vers le sentier de la régénération.
Chapitre 26 – La Jeunesse
La jeunesse se divise en deux périodes de sept années chacune. La première période commence à l’âge de vingt-et-un ans et se termine à vingt-huit ans. La seconde commence à vingt-huit ans et finit à trente-cinq ans.
Le foyer, l’école et la rue constituent le soubassement de la jeunesse. La jeunesse élevée sur la base de l’Éducation Fondamentale se révèle constructive et essentiellement dignifiante.
La jeunesse élevée sur de fausses fondations se trouve donc, par voie de conséquence, sur un chemin erroné.
La majorité des hommes emploient la première partie de leur vie à en rendre le reste misérable. Les jeunes, à cause d’une conception équivoque et fausse de ce qu’est un homme, tombent très souvent dans les bras des prostituées. Les excès de la jeunesse sont des emprunts, des dettes contractées au détriment de la vieillesse et payables trente ans plus tard, avec de gros intérêts.
Sans Éducation Fondamentale, la jeunesse s’avère être une ivresse perpétuelle : c’est la fièvre de l’erreur, la boisson et la passion animale.
Tout ce que l’homme sera dans sa vie se trouve en puissance durant les trente premières années de son existence. La plupart de toutes les grandes actions humaines dont nous ayons eu connaissance, tant dans le passé qu’à notre époque, ont été amorcées avant l’âge de trente ans.
L’homme qui est arrivé à trente ans se sent parfois comme s’il sortait d’une grande bataille au cours de laquelle il a vu tomber une foule de compagnons l’un après l’autre. À trente ans, les hommes et les femmes ont déjà perdu toute leur vivacité et leur enthousiasme, et s’ils échouent dans leurs premières entreprises, ils deviennent pessimistes et abandonnent la partie. Aux illusions de la jeunesse succèdent les illusions de la maturité. Sans l’Éducation Fondamentale, l’héritage que récolte la vieillesse est d’ordinaire le désespoir.
La jeunesse est fugace. La beauté est la splendeur de la jeunesse, mais elle est illusoire, elle ne dure pas. La jeunesse a l’esprit vif et le jugement faible. Dans la vie, rares sont les jeunes au jugement fort et à l’esprit vif. Sans Éducation Fondamentale, les jeunes se révèlent passionnels, ivrognes, fripouilles, cyniques, concupiscents, luxurieux, gloutons, cupides, envieux, jaloux, fanfarons, voleurs, orgueilleux, paresseux, etc.
La jeunesse est un soleil d’été vite caché. Les jeunes aiment dilapider follement les valeurs vitales de leur jeunesse. Les vieux commettent l’erreur d’exploiter les jeunes et de les conduire à la guerre.
Les jeunes gens peuvent se transformer et transformer le monde s’ils s’orientent vers le sentier de l’Éducation Fondamentale.
Durant la jeunesse, nous sommes remplis d’illusions qui ne nous apportent que le désenchantement. Le Moi profite du feu de la jeunesse pour se renforcer et se rendre puissant. Le Moi veut des satisfactions passionnelles à n’importe quel prix, même si la vieillesse doit en souffrir les désastreuses conséquences. Tout ce qui intéresse les jeunes gens c’est de s’abandonner dans les bras de la fornication, de se livrer aux beuveries et aux plaisirs de toute sorte. Les jeunes ne veulent pas se rendre compte qu’être des esclaves du plaisir est le propre des femmes publiques, non des hommes véritables.
Aucun plaisir ne dure suffisamment. La soif de plaisirs est la maladie, la faiblesse la plus méprisable des animaux intellectuels.
Le grand poète de langue espagnole Jorge Manrique a dit :
« Comme il est prompt à s’en aller le plaisir,
Et après avoir été accordé
Que de douleur l’on ressent,
Et comme à notre sentiment
Le temps passé est toujours meilleur ».
Aristote a dit, en parlant du plaisir : « Lorsqu’il s’agit de juger le plaisir des hommes, nous ne sommes pas des juges impartiaux ».
L’animal intellectuel adore justifier le plaisir ; Frédéric le Grand n’a pas trouvé inconvenant de déclarer avec emphase : « Le plaisir est le bien le plus réel de cette vie ».
La souffrance la plus intolérable est celle produite par la prolongation du plaisir le plus intense. Les jeunes écervelés pullulent comme la mauvaise herbe. Le Moi écervelé justifie toujours le plaisir. L’écervelé chronique abhorre le mariage ou préfère le remettre à plus tard. C’est une chose grave d’ajourner le mariage sous prétexte de jouir de tous les plaisirs de la terre. C’est absurde de mettre fin à la vitalité de la jeunesse et ensuite se marier ; les victimes d’une telle stupidité, ce sont les enfants.
Beaucoup d’hommes se marient parce qu’ils sont fatigués, et beaucoup de femmes se marient par curiosité, et le résultat d’agissements aussi insensés c’est toujours la déception.
Tout homme sage aime vraiment et de tout son cœur la femme qu’il a choisie. Nous devons toujours nous marier pendant notre jeunesse si en vérité nous ne voulons pas avoir une vieillesse misérable. Il y a un temps pour tout, dans la vie. Qu’un jeune se marie, c’est normal, mais qu’un vieillard se marie, c’est de la sottise.
Les jeunes doivent se marier et apprendre à former leur foyer. Nous ne devons pas oublier que le monstre de la jalousie détruit les foyers. Salomon a dit : « La jalousie est cruelle comme la tombe ; ses braises sont des braises de feu ».
La race des animaux intellectuels est jalouse comme les chiens. La jalousie est totalement animale. L’homme qui est jaloux de sa femme ne sait pas sur qui compter. Mieux vaut ne pas être jaloux si nous voulons savoir quelle sorte de femme nous avons. La criaillerie venimeuse d’une femme jalouse s’avère plus meurtrière que les morsures d’un chien enragé.
Il est faux de dire que là où il y a jalousie, il y a amour. La jalousie ne pourra jamais provenir de l’amour ; l’amour et la jalousie sont incompatibles. L’origine de la jalousie se trouve dans la crainte. Le Moi justifie la jalousie avec toutes sortes de raisons. Le Moi craint de perdre l’être aimé. Celui qui veut vraiment dissoudre le Moi doit être toujours disposé à perdre ce qu’il aime le plus.
Dans la pratique, nous avons pu nous rendre à l’évidence après plusieurs années d’observation, que le vieux garçon libertin se convertit en mari jaloux. L’homme et la femme doivent être unis de façon volontaire et par amour, non par la crainte et la jalousie.
L’homme et la femme doivent, devant la grande Loi, répondre de leur conduite respective. Le mari ne peut répondre de la conduite de sa femme ni la femme répondre de la conduite de son mari. Il faut que chacun réponde de sa propre conduite et dissolve la jalousie.
Le problème fondamental de la jeunesse c’est le mariage. La jeune femme coquette qui a plusieurs fiancés reste vieille fille parce qu’elle finit par décevoir les uns et les autres. Il est nécessaire que les jeunes femmes sachent garder leur fiancé si en vérité elles veulent se marier.
Il est nécessaire de ne pas confondre l’amour et la passion. Les jeunes amoureux ne savent pas distinguer l’amour de la passion. Il nous faut savoir de toute urgence que la passion est un poison qui trompe le mental et le cœur. L’homme et la femme passionnés pourraient même jurer avec des larmes de sang qu’ils sont vraiment amoureux. Mais une fois la passion animale satisfaite, le château de cartes s’écroule. L’échec de tant de mariages provient de ce que c’est la passion animale et non l’amour qui a poussé au mariage.
Le pas le plus important que nous ayons à faire durant la jeunesse, c’est le mariage, et dans les écoles, les collèges et les universités, on devrait préparer les garçons et les filles à accomplir ce pas.
Il est lamentable de voir beaucoup de jeunes se marier par intérêt économique ou par simple convenance sociale. Lorsque le mariage est réalisé sur la base de la passion animale, des convenances sociales ou de l’intérêt économique, le résultat, c’est l’échec.
Nombreux sont les couples qui échouent dans leur mariage par suite d’incompatibilité de caractère. La femme qui épouse un jeune homme jaloux, colérique, furieux, deviendra la victime d’un bourreau. Le jeune homme qui épouse une femme jalouse, furieuse, coléreuse, devra passer sa vie dans un enfer. Pour qu’il y ait amour véritable entre deux êtres, il est indispensable qu’il n’existe pas de passion animale, il faut dissoudre le Moi de la jalousie, il est nécessaire de désintégrer la colère, il est essentiel de faire preuve d’un total désintéressement.
Le Je fait du tort aux foyers, le Moi détruit l’harmonie. Si les jeunes étudiaient notre Éducation Fondamentale et se proposaient de dissoudre le Moi, il est tout à fait clair qu’ils pourraient découvrir le sentier du Mariage Parfait.
Ce n’est qu’en dissolvant l’Égo que l’on pourra avoir un véritable bonheur dans les foyers. Si les jeunes gens et les jeunes femmes veulent être heureux dans leur mariage, qu’ils étudient en profondeur notre Éducation Fondamentale et qu’ils dissolvent le Moi.
Beaucoup de pères sont affreusement jaloux de leur fille et ne veulent pas qu’elle ait un fiancé. Une telle conduite est absurde à cent pour cent car les jeunes filles ont besoin d’avoir un fiancé et de se marier. Le résultat d’un pareil manque de compréhension, ce sont les sorties en cachette, dans la rue, avec toujours le même danger de tomber entre les mains du galant séducteur. Les jeunes filles doivent jouir de la pleine liberté d’avoir un petit ami, mais dû au fait qu’elles n’ont pas encore dissous le Moi, il n’est pas convenable de laisser les filles seules avec leur ami. Les jeunes doivent aussi avoir la liberté de faire leurs fêtes chez eux. Les saines distractions ne font de mal à personne et la jeunesse a besoin de distractions.
Ce qui fait du tort aux jeunes c’est la boisson, la cigarette, la fornication, les orgies, le libertinage, les tavernes, les cabarets, etc. Les fêtes de famille, les danses décentes, la bonne musique, les promenades à la campagne ne peuvent nuire à personne.
Le mental détruit l’amour. Combien de jeunes gens ont perdu l’opportunité de contracter mariage avec une femme merveilleuse à cause de leurs craintes financières, des souvenirs d’un passé révolu ou des préoccupations pour le lendemain. La peur de la vie, de la faim, de la misère et les vains projets du mental constituent la cause fondamentale de tout ajournement nuptial.
Nombreux sont les jeunes qui se proposent de ne pas contracter de noces avant de posséder une certaine quantité d’argent, leur propre maison, une voiture dernier modèle et mille autres sottises, comme si tout cela assurait le bonheur. Ce qui est déplorable c’est que les hommes de cette sorte perdent de belles opportunités matrimoniales à cause de leur peur de la vie, de la mort, des qu’en dira-t-on, etc. Ces hommes restent vieux garçons toute leur vie ou se marient quand il est rendu trop tard, quand il ne leur reste plus de temps pour élever une famille et éduquer leurs enfants. Réellement, tout ce dont un homme a besoin pour subvenir à son existence, celle de sa femme et de ses enfants, c’est d’avoir un métier ou une humble profession, sans plus.
Beaucoup de jeunes femmes restent vieilles filles à cause de leur intransigeance dans le choix d’un mari. Les femmes calculatrices, intéressées, égoïstes, demeurent célibataires ou échouent carrément dans leur mariage. Il est nécessaire que les filles comprennent que tout homme est vite déçu par la femme intéressée, calculatrice et égoïste.
Certaines jeunes femmes désireuses de pêcher un mari, se fardent la figure de façon exagérée, s’épilent les sourcils, se frisent les cheveux, mettent une perruque et des faux-cils, mais ces femmes ne comprennent pas la psychologie masculine. L’homme déteste par nature les poupées fardées et admire la beauté totalement naturelle et le sourire ingénu. L’homme veut voir chez la femme la sincérité, la simplicité, l’amour véritable et désintéressé, l’ingénuité naturelle. Les jeunes femmes qui cherchent à se marier doivent comprendre à fond la psychologie du sexe masculin.
L’Amour est le summum de la Sagesse. L’amour se nourrit de l’amour. Le feu de l’éternelle jeunesse est amour.
Chapitre 27 – L’Âge Mûr
L’âge mûr commence à trente-cinq ans et se termine à cinquante-six ans. L’homme d’âge mûr doit savoir gouverner sa maison et orienter ses enfants. Dans la vie normale, tout homme d’âge mûr est chef de famille. L’homme qui n’a pas formé son foyer et sa fortune durant la jeunesse et l’âge mûr est, en fait, un « raté ». Ceux qui tentent de constituer foyer et fortune durant la vieillesse sont vraiment dignes de pitié.
Le Moi de la convoitise va aux extrêmes et désire accumuler une grosse fortune. L’être humain n’a besoin que de pain, de vêtements et d’un refuge. Il est nécessaire d’avoir à manger, d’avoir sa propre maison, des vêtements et un abri pour le corps, mais on n’a pas besoin d’accumuler d’énormes sommes d’argent pour pouvoir vivre.
Nous ne défendons pas la richesse ni la misère, les deux extrêmes sont condamnables. Nombreux sont ceux qui se vautrent dans la boue de la misère et il y en a beaucoup aussi qui se roulent dans la boue de la richesse.
Il est nécessaire de posséder une fortune modeste, c’est-à-dire, une jolie maison avec un beau jardin, une source sûre de revenus, d’être toujours bien vêtu et de ne pas être réduit à la famine. C’est une chose normale pour tout être humain. La misère, la faim, les maladies et l’ignorance ne doivent jamais exister dans un pays où l’on se targue d’être cultivé et civilisé.
La démocratie n’existe pas encore mais il nous faut la créer. Tant qu’existera un seul citoyen sans pain ni vêtement ni refuge, la démocratie, de façon pratique, ne sera toujours qu’un bel idéal.
Les chefs de famille doivent être compréhensifs, intelligents, jamais buveurs de vin, gloutons, ivrognes, tyrans, etc. Tout homme mûr sait par expérience que ses enfants imitent son exemple, et que si l’exemple qu’il donne est erroné, ses descendants prendront à sa suite de fausses routes.
Il est vraiment stupide pour un homme mûr d’avoir plusieurs femmes et de vivre en orgies, en banquets, en saouleries. Sur l’homme mûr pèse la responsabilité de toute la famille, et il est clair que s’il va par de mauvais chemins, il apportera plus de désordre, plus de confusion, plus d’amertumes dans le monde.
Le père et la mère doivent comprendre la différence entre les sexes. Il est absurde que les filles étudient la physique, la chimie, l’algèbre, etc. Le cerveau de la femme est différent de celui de l’homme, ces matières sont appropriées au sexe masculin mais sont inutiles voire même dommageables pour le mental féminin. Il faut que les parents luttent de tout cœur pour promouvoir un changement radical dans tout le programme d’études scolaires.
La femme doit apprendre à lire, écrire, jouer du piano, tisser, broder, accomplir, de façon générale, toute espèce de travaux féminins. La femme doit être préparée, à partir des bancs de l’école, pour la sublime mission qui lui est dévolue comme Mère et comme épouse.
C’est absurde d’endommager le cerveau des femmes avec des études compliquées et difficiles plus propres au sexe masculin. Il est nécessaire que tant les parents que les maîtres des écoles, collèges et universités se préoccupent davantage de guider la femme vers la féminité qui lui correspond. Il est stupide de militariser les femmes, de les obliger à marcher avec drapeaux et tambours à travers les rues des villes comme si elles étaient des hommes.
La femme doit être tout à fait féminine, et l’homme tout à fait masculin. Le sexe intermédiaire, l’homosexuel est le produit de la dégénérescence et de la barbarie.
Les jeunes filles qui se consacrent à des études longues et ardues deviennent vieillies, et personne ne les marie. Dans le cadre de la vie moderne, il est convenable que les femmes aient de courtes études qui leur permettent d’être mécanographes, sténographes, esthéticiennes, couturières, pédagogues, etc.
La femme devrait normalement se consacrer uniquement à la vie au foyer, mais à cause de la cruauté de l’époque où nous vivons, la femme a besoin de travailler pour manger et pour vivre. Dans une société vraiment cultivée et civilisée, la femme n’a pas besoin de travailler en dehors de la maison pour pouvoir vivre. La contraindre à travailler hors de la maison c’est une cruauté de la pire espèce. L’homme actuel dégénéré a créé un faux ordre des choses et a fait perdre à la femme sa féminité, il l’a tirée de chez elle et l’a convertie en esclave.
La femme convertie en virago avec un intellect d’homme, fumant des cigarettes et lisant le journal, à moitié nue avec la jupe au-dessus des genoux, est le produit des hommes dégénérés de cette époque, le résidu social d’une civilisation qui agonise.
La femme transformée en espionne moderne, la doctoresse droguée, la femme championne de sport, alcoolique, dénaturée, qui refuse de donner le sein à ses enfants pour ne pas abîmer sa beauté est le symptôme exécrable d’une fausse civilisation.
L’heure est venue d’organiser « l’armée du salut mondial » avec des hommes et des femmes de bonne volonté, vraiment disposés à lutter contre ce faux ordre des choses.
L’heure est venue d’établir dans le monde une nouvelle civilisation, une nouvelle culture.
La femme est la pierre fondamentale du foyer, et si cette pierre est mal façonnée, pleine d’arêtes et de déformations de toute sorte, le résultat de la vie sociale sera la catastrophe.
L’homme est différent, et c’est pour cela qu’il peut s’offrir le luxe d’étudier la médecine, la physique, la chimie, les mathématiques, le droit, le génie civil, l’astronomie, etc. Un collège militaire d’hommes n’est pas absurde, mais un collège militaire de femmes, en plus d’être absurde, est épouvantablement ridicule ; il est répugnant de voir de futures épouses, de futures mères, qui auront à porter un enfant dans leur sein, marcher en armes comme des hommes dans les rues.
Cet état de chose indique non seulement une perte de la féminité chez la femme, mais en outre cela met le doigt dans la plaie en signalant la perte de la masculinité chez l’homme.
L’homme, le vrai homme, l’homme vraiment mâle ne pourra jamais accepter un défilé militaire de femmes. Le scrupule masculin, l’idiosyncrasie psychologique de l’homme, la pensée de l’homme, ressent un véritable dégoût devant des spectacles de cette sorte qui démontrent à satiété la dégénérescence humaine.
Nous avons besoin que la femme retourne à son foyer, à sa féminité, à sa beauté naturelle, à son ingénuité primitive et à sa véritable simplicité. Il nous faut mettre un terme à tout cet ordre de choses et établir sur la face de la terre une nouvelle civilisation et une nouvelle culture.
Les parents et les éducateurs doivent apprendre à élever les nouvelles générations avec sagesse et amour véritables. Les fils doivent non seulement recevoir de l’information intellectuelle et apprendre un métier ou une profession, mais il faut aussi qu’ils connaissent le sens de la responsabilité et s’acheminent sur le sentier de la droiture et de l’amour conscient. Sur les épaules de l’homme mûr pèse la responsabilité d’une épouse, de petits garçons et de petites filles.
L’homme mûr ayant un sens élevé de ses responsabilités, chaste, sobre, tempérant, vertueux, est respecté de sa famille et de tous les citoyens. L’homme mûr qui scandalise les gens par ses adultères, sa fornication, ses disputes, ses injustices de toute espèce, devient répugnant pour tout le monde, et non seulement se fait souffrir mais aussi cause de l’amertume à ses proches, amène douleur et confusion à tout le monde.
Il est important que l’homme mûr sache vivre en accord avec la phase de la vie où il est rendu. Il est indispensable pour l’homme mûr de comprendre que la jeunesse est maintenant passée.
Il est ridicule de vouloir répéter à l’âge de la maturité les drames et folies de la jeunesse. Chaque époque de la vie a sa beauté propre, et il faut apprendre à vivre toujours en accord avec chacune de ces étapes.
L’homme mûr doit travailler de la façon la plus intense avant que la vieillesse arrive ; tout comme la fourmi agit avec prévoyance, transportant des feuilles dans la fourmilière avant que vienne le dur hiver, de même l’homme mûr doit agir avec rapidité et prévoyance.
Beaucoup de jeunes hommes gaspillent misérablement toutes leurs valeurs vitales et lorsqu’ils arrivent à l’âge mûr, ils sont alors laids, horribles, misérables, acculés à l’échec.
Il est vraiment ridicule de voir beaucoup d’hommes mûrs répéter les frasques de la jeunesse sans se rendre compte qu’ils sont à présent horribles et que la jeunesse s’en est allée.
L’une des pires calamités de cette civilisation qui agonise, c’est le vice de l’alcool. Plusieurs, dans leur jeunesse, s’adonnent à la boisson, et quand vient l’âge mûr, ils n’ont pas formé de foyer, ils n’ont pas fait fortune, ils n’ont pas de profession lucrative, ils vivent de taverne en taverne en mendiant de l’alcool, ils sont rendus épouvantablement laids, répugnants et misérables.
Les chefs de famille et les éducateurs doivent prêter une attention spéciale aux jeunes en les orientant dans le droit chemin, dans le but très sain de créer un monde meilleur.
Chapitre 28 – La Vieillesse
Les quarante premières années de la vie nous donnent le livre, les trente années suivantes, le commentaire sur le livre.
À vingt ans un homme est un véritable paon ; à trente ans un lion ; à quarante ans, un chameau ; à cinquante ans, un serpent ; à soixante ans, un chien ; à soixante-dix ans, un singe, et à quatre-vingts ans, seulement une voix et une ombre.
Le temps révèle toutes les choses : il est un charlatan très intéressant qui parle sans qu’on lui ait rien demandé.
Il n’y a rien que fasse la main du pauvre animal intellectuel faussement appelé homme, que tôt ou tard le temps ne détruise. Fugit irreparabile tempus : le temps fuit de manière irréparable.
Le temps dévoile en pleine lumière publique tout ce qui aujourd’hui est caché, et il cache tout ce qui en ce moment brille avec splendeur.
La vieillesse est comme l’amour, elle ne peut être cachée quand bien même elle revêtirait, pour se déguiser, les habits de la jeunesse.
La vieillesse abat l’orgueil des hommes et les humilie, mais une chose est d’être humble, et une autre d’être humilié.
Lorsque la mort s’approche, les vieillards déçus par la vie trouvent que la vieillesse n’est plus une charge. Tous les hommes abritent l’espérance de vivre une longue vie et d’atteindre le vieil âge et néanmoins la vieillesse les effraie.
La vieillesse commence à cinquante-six ans et se poursuit en périodes septénaires qui nous conduisent à la décrépitude et à la mort.
La plus grande tragédie des vieillards consiste, non pas dans le fait même d’être vieux, mais dans la sottise de ne pas vouloir reconnaître qu’ils le sont et dans la stupidité de se croire jeunes, comme si la vieillesse était un crime.
Ce que la vieillesse a de mieux, c’est que l’on se trouve alors très près du but.
Le Moi psychologique, le Je, le Moi-même, l’Égo, ne s’améliore pas avec les années et l’expérience ; il se complique, il devient très tarabiscoté, très pénible, c’est pour cela que le dicton populaire déclare : « On a son caractère et sa figure jusqu’à la tombe ». Le Moi psychologique des vieillards grincheux se console lui-même en donnant de beaux conseils faute de pouvoir donner de beaux exemples.
Les vieillards savent très bien que la vieillesse est un tyran impitoyable qui leur interdit sous peine de mort de jouir de plaisirs de la folle jeunesse, et ils préfèrent se consoler eux-mêmes en donnant de beaux conseils.
Le Moi dissimule le Moi, le Moi cache une partie de lui-même et distribue à tous des phrases sublimes et de beaux conseils. Une partie du Moi-même cache une autre partie du moi-même : le Moi camoufle ce qui ne lui convient pas.
Il est entièrement démontré par l’observation et l’expérience que lorsque les vices nous abandonnent, il nous plaît de penser que c’est nous qui les avons abandonnés.
Le cœur de l’animal intellectuel ne devient pas meilleur avec les années mais pire, il devient toujours de pierre, et si dans notre jeunesse nous avons été cupides, menteurs, irascibles, dans notre vieillesse nous le serons plus encore.
Les vieillards vivent dans le passé, les vieillards sont le résultat d’une foule d’expériences, ils ignorent totalement le moment où nous vivons, ils sont des souvenirs accumulés.
La seule et unique façon de parvenir à la vieillesse parfaite, c’est de dissoudre le Moi psychologique. Lorsque nous apprenons à mourir seconde après seconde, nous arrivons à une sublime vieillesse.
La vieillesse de ceux qui ont dissous le Moi est pleine de sérénité et de liberté.
Lorsque les passions sont mortes de façon radicale, totale et définitive, on est libéré, non pas d’un maître, mais d’une foule de maîtres. Il est très difficile de rencontrer dans la vie des vieillards innocents qui ne possèdent plus ne seraient-ce que les résidus du Moi ; les vieillards de cette sorte sont infiniment heureux et ils vivent d’instant en instant.
L’homme qui a vieilli dans la Sagesse, qui possède le savoir et, qui est le seigneur de l’amour, se convertit par le fait même en le phare lumineux qui guide sagement le cours des innombrables siècles.
Il a existé et il existe actuellement dans le monde quelques vieux Maîtres qui n’ont pas même les derniers résidus du Moi. Ces Arhats gnostiques sont aussi étranges et divins que la fleur de lotus.
Le vieux Maître vénérable qui a dissout le Moi pluralisé de façon radicale et définitive est la parfaite expression de la parfaite Sagesse, de l’Amour divin et du sublime Pouvoir. Le Maître âgé qui n’a plus le Moi est, en fait, la complète manifestation de l’Être divin. Ces vieillards sublimes, ces Arhats gnostiques ont illuminé le monde depuis les temps anciens : rappelons-nous le Bouddha, Moïse, Hermès, Ramakrishna, Daniel, le Dalaï-Lama.
Les maîtres et maîtresses des écoles, collèges et universités, ainsi que les parents, doivent enseigner aux nouvelles générations à respecter et vénérer les vieillards.
LUI qui n’a pas de nom, CELA qui est divin, CELA qui est la réalité, a trois aspects : Sagesse, Amour, Verbe.
Le Divin comme Père est la Sagesse cosmique, comme Mère il est l’Amour infini, et comme Fils, le Verbe.
Le père de famille se trouve être le symbole de la Sagesse. La mère du foyer représente l’Amour, et les enfants symbolisent la Parole.
Le vieux père mérite tout l’appui de ses enfants. Le père, devenu vieux, ne peut plus travailler, et il est juste que ses enfants lui viennent en aide, si nécessaire, et le respectent. La mère adorable rendue vieille ne peut plus travailler et, par conséquent, il est nécessaire que ses filles et ses fils veillent sur elle, l’aiment et fassent de cet amour une religion.
Celui qui ne sait pas aimer son père, qui ne sait pas adorer sa mère, marche sur le « sentier de la main gauche », sur le chemin de l’erreur.
Les enfants n’ont pas le droit de juger leurs parents, personne n’est parfait dans ce monde et si nous n’avons pas certains défauts, nous en avons d’autres, nous sommes tous taillés par les mêmes ciseaux.
Certains sous-estiment l’amour paternel, d’autres vont même jusqu’à rire de l’amour paternel. Ceux qui se comportent ainsi dans la vie, ne sont même pas entrés sur le chemin qui conduit à CELÀ qui n’a pas de nom.
Le fils ingrat qui déteste son père et oublie sa mère est, en réalité, un véritable pervers qui abhorre tout ce qui est divin.
La Révolution de la Conscience ne signifie pas avoir de l’ingratitude, oublier son père, sous-estimer sa mère adorable. La Révolution de la Conscience est Sagesse, Amour et Pouvoir parfait.
Le père est le symbole de la sagesse, la mère représente la source vive de l’Amour, sans l’essence très pure duquel il est réellement impossible d’obtenir les plus hautes Réalisations intimes.
Chapitre 29 – La Mort
Il est primordial de comprendre en profondeur et dans toutes les régions du mental ce qu’est, réellement, la mort en elle-même ; ainsi seulement est-il possible de vraiment comprendre de façon intégrale ce qu’est l’Immortalité.
Voir le corps humain d’un être cher étendu dans un cercueil ne signifie pas que l’on a compris le mystère de la mort.
La Vérité c’est l’inconnu, d’instant en instant. La Vérité sur la mort ne peut être une exception.
Le Moi veut toujours, naturellement, une assurance contre la mort, une garantie supplémentaire, quelque autorité qui se charge de nous assurer une bonne position et une certaine forme d’immortalité au-delà du sépulcre terrifiant. Le Moi-même, le Je, n’a pas envie de mourir. Le Moi veut continuer. L’Égo a très peur de la mort.
La Vérité n’est pas une question de croire ou de douter. La Vérité n’a rien à voir avec la crédulité ni avec le scepticisme. La Vérité n’est pas une question d’idées, de théories, d’opinions, de concepts, de préjugés, de suppositions, d’affirmations, de négociations, etc. La Vérité sur le mystère de la mort n’est pas une exception.
La Vérité sur le mystère de la mort ne peut être connue qu’à travers l’expérience directe. Il s’avère impossible de communiquer l’expérience réelle de la mort à celui qui ne la connaît pas.
Un poète peut écrire de beaux livres d’Amour, mais il s’avère impossible de communiquer la Vérité sur l’Amour à des personnes qui n’en ont jamais fait l’expérience ; de la même façon, nous disons qu’il est impossible de communiquer la Vérité sur la mort à des personnes qui ne l’ont pas éprouvée dans leur vécu.
Celui qui veut savoir la Vérité sur la mort doit faire des recherches, expérimenter par lui-même, scruter comme il faut, c’est ainsi seulement que nous pourrons découvrir la signification profonde de la mort.
L’observation et l’expérience de plusieurs années nous ont permis de saisir que cela n’intéresse pas les gens de comprendre réellement la signification profonde de la mort ; la seule chose qui intéresse les gens, c’est de continuer dans l’au-delà et c’est tout.
Beaucoup de personnes désirent continuer par le moyen des biens matériels, du prestige, de la famille, des croyances, des idées, des enfants, etc., et quand elles comprennent que n’importe quel type de continuité psychologique est vain, passager, éphémère, illusoire, alors, se sentant sans garanties, en insécurité, elles frémissent d’épouvante et d’horreur, elles s’emplissent d’une infinie terreur.
Les gens ne veulent pas comprendre, ne veulent pas saisir que tout ce qui continue se développe dans le temps. Ces pauvres gens ne veulent pas comprendre que tout ce qui continue devient mécanique, routinier, ennuyant.
Il est important, il est indispensable de nous rendre pleinement conscients de la profonde signification de la mort, c’est seulement ainsi que disparaît la crainte de cesser d’exister.
En observant attentivement l’humanité, nous pouvons constater que le mental se trouve toujours embouteillé dans le connu et veut que ce qui est connu continue au-delà de la tombe. Le mental embouteillé dans le connu ne pourra jamais expérimenter l’inconnu, le Réel, le Vrai. Ce n’est qu’en rompant la bouteille du temps au moyen de la méditation correcte que nous pouvons expérimenter l’Éternel, l’Intemporel, le Réel.
Ceux qui désirent continuer ont peur de la mort, et leurs croyances et théories leur servent seulement de narcotique.
La mort en elle-même n’a rien de terrifiant, c’est quelque chose de très beau, sublime, ineffable, mais le mental embouteillé dans le connu ne peut se mouvoir que dans le cercle vicieux qui va de la crédulité au scepticisme.
Lorsque réellement nous devenons pleinement conscients de la signification profonde de la mort, nous découvrons alors par nous-mêmes, au moyen de l’expérience directe, que la vie et la mort constituent un tout, une unité indivisible.
La mort est le réservoir de la Vie. Le sentier de la Vie est formé par les traces des sabots du cheval de la mort.
La Vie est Énergie déterminée et déterminante. De la naissance jusqu’à la mort, différents types d’énergie coulent dans l’organisme humain. Le seul type d’énergie auquel l’organisme humain ne peut résister, c’est le Rayon de la Mort. Ce rayon a un voltage électrique très élevé. L’organisme humain ne peut résister à un tel voltage.
Tout comme un rayon de foudre peut déchiqueter un arbre, de même, lorsque le Rayon de la Mort circule à travers l’organisme humain, il le détruit inévitablement.
Le Rayon de la Mort connecte le phénomène de la mort avec le phénomène de la naissance. Le Rayon de la Mort engendre des tensions électriques très intimes et une certaine note-clef qui a le pouvoir déterminant de combiner les gènes à l’intérieur de l’œuf fécondé.
Le Rayon de la Mort réduit l’organisme humain à ses éléments fondamentaux.
L’Égo, le Moi énergétique, continue malheureusement dans nos descendants.
Cela qu’est la Vérité sur la mort, cela qu’est l’intervalle entre la mort et la conception, est quelque chose qui n’appartient pas au temps et que nous ne pouvons expérimenter qu’au moyen de la science de la méditation.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent enseigner à leurs élèves le chemin qui conduit à l’expérience du Réel, du Vrai.
Chapitre 30 – L’Expérience du Réel
Sur le fronton solennel du temple de Delphes se trouvait une inscription hiératique ciselée dans la pierre vive, qui disait : « Nosce te ipsum… » : « Connais-toi toi même et tu connaîtras l’univers et les Dieux ».
La Science transcendantale de la méditation a pour pierre angulaire fondamentale cette devise sacrée des antiques hiérophantes grecs.
Si vraiment, et de façon très sincère, nous voulons établir la base nécessaire à la méditation correcte, il est indispensable de nous comprendre nous-mêmes dans tous les niveaux du mental.
Établir la base correcte de la méditation c’est, en fait, se libérer de l’ambition, de l’égoïsme, de la peur, de la haine, de la convoitise des pouvoirs psychiques, de l’attente anxieuse de résultats, etc.
Il ressort en toute clarté et sans aucun doute possible qu’après que l’on a établi la pierre angulaire fondamentale de la méditation, le mental reste tranquille et dans un profond et puissant silence.
Du point de vue rigoureusement logique ; il s’avère absurde de vouloir expérimenter le Réel sans se connaître soi-même.
Il est urgent de comprendre de façon intégrale et dans toutes les régions du mental chaque problème au moment où il surgit dans le mental, chaque désir, chaque souvenir, chaque défaut psychologique, etc. Il est certain que durant notre pratique de méditation vont passer sur l’écran du mental, formant une sinistre procession, tous les défauts psychologiques qui nous caractérisent, toutes nos joies et tristesses, nos souvenirs innombrables, les multiples impulsions qui proviennent, soit du monde extérieur, soit du monde intérieur, de même que des désirs de tout genre, des passions de toute espèce, de vieux ressentiments, des haines, etc. Celui qui veut vraiment établir dans son mental la pierre fondamentale de la méditation, doit porter une pleine attention à ces valeurs positives et négatives de notre entendement et les comprendre de façon intégrale non seulement dans le niveau purement intellectuel mais aussi dans tous les autres plans subconscients, infraconscients et inconscients du mental. Nous ne devons jamais oublier que le mental a beaucoup de niveaux.
L’étude profonde de toutes ces valeurs signifie, en définitive, connaissance de soi-même.
Chaque film qui se déroule sur le plan du mental a un commencement et une fin. Lorsque se termine le défilé des formes, désirs, passions, ambitions, souvenirs…, alors le mental reste tranquille et dans un profond silence, vide de toute espèce de pensées.
Nos étudiants modernes de psychologie se doivent d’expérimenter le Vide Illuminateur. L’irruption du Vide à l’intérieur de notre propre mental permet d’expérimenter, de ressentir, de vivre un élément qui transforme ; cet élément, c’est le Réel.
On doit faire une nette distinction entre un mental qui est tranquille et un mental qui est tranquillisé par la violence. On doit bien distinguer le mental qui est en silence, d’avec le mental auquel on a imposé de force le silence.
À la lumière de la déduction logique, il nous faut comprendre que lorsque le mental est tranquillisé violemment, tout au fond et dans les autres niveaux il n’est pas tranquille et il lutte pour se libérer. Du point de vue analytique, nous devons comprendre que lorsque le mental est rendu silencieux par la force, dans le fond il n’est pas en silence, il crie et se désespère affreusement.
La véritable quiétude, le vrai silence naturel et spontané du mental, advient à nous comme une grâce, comme un bonheur, lorsque finit le film très intime de notre propre existence sur l’écran merveilleux de l’intellect.
L’irruption du Vide Illuminateur ne survient que lorsque le mental est naturellement et spontanément tranquille, lorsque le mental se trouve dans un délicieux silence.
Le Vide n’est pas une chose facile à expliquer. Il n’est pas définissable, ni descriptible ; n’importe quel concept que nous pouvons émettre à son sujet manque le point principal.
Le Vide ne peut être décrit ou exprimé avec des mots. Ceci est dû à ce que le langage humain a été créé principalement pour désigner des choses, des pensées et des sentiments existants ; il n’est pas adéquat pour exprimer de façon claire et spécifique des phénomènes, des choses, des sentiments non existants.
Tenter d’expliquer le Vide, de l’enfermer dans les limites d’une langue limitée par les formes de l’existence s’avère, réellement et hors de tout doute, absurde et absolument insensé.
« Le Vide est la Non-Existence, et l’existence n’est pas le Vide.
« La forme ne diffère pas du Vide, et le Vide ne diffère pas de la forme. La forme est vide et le Vide est forme ; c’est grâce au Vide que les choses existent.
« Le Vide et l’existence se complètent mutuellement et ne s’opposent pas. Le Vide et l’existence s’incluent et s’étreignent.
« Lorsque les êtres à la sensibilité normale voient un objet, ils voient seulement son aspect existant, ils ne voient pas son aspect vide.
« Tout être illuminé peut voir simultanément l’aspect existant et vide de n’importe quelle chose.
« Le Vide est simplement un terme qui dénote la nature non-substantielle et non-personnelle des êtres, et qui indique l’état d’absolu détachement et d’absolue liberté ».
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent étudier à fond notre Psychologie Révolutionnaire, et ensuite enseigner à leurs étudiants le chemin qui conduit à l’expérimentation du Réel.
Il n’est possible de parvenir à l’expérience du Réel que lorsque la pensée s’est interrompue, a disparu.
L’irruption du Vide nous permet d’expérimenter la claire Lumière de la pure Réalité.
Cette connaissance présente, réellement Vide, sans caractéristique ni couleur, vide de toute nature, est la véritable Réalité, la Bonté universelle.
Ton intelligence, dont la nature véritable est le Vide qui ne doit pas être considéré comme le vide du néant, du rien, mais comme l’Intelligence même sans entraves, brillante, universelle et heureuse, est la Conscience du Bouddha universellement Sage.
Ta propre Conscience vide et l’Intelligence brillante et joyeuse sont inséparables. Leur union donne le Dharmakaya : l’état d’Illumination parfaite.
Ta propre Conscience brillante, vide et inséparable du grand Corps de Splendeur, n’a ni naissance ni mort et est l’immuable lumière du Bouddha Amitabha.
Cette Connaissance suffit. Reconnaître le Vide de ta propre Intelligence comme l’état de Bouddha et considérable comme ta propre Conscience, c’est continuer dans l’Esprit divin du Bouddha.
Garde ton intellect de toute distraction durant la méditation, oublie que tu es en méditation, ne penses pas que tu es en train de méditer, car lorsqu’on pense que l’on médite, cette pensée est suffisante pour troubler la méditation. Ton mental doit rester vide si tu veux faire l’expérience du Réel.
Chapitre 31 – La Psychologie Révolutionnaire
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent étudier profondément la Psychologie Révolutionnaire qu’enseigne le Mouvement Gnostique International.
La Psychologie de la Révolution en marche est radicalement différente de tout ce que l’on connaît sous le nom de psychologie.
Nous pouvons dire, hors de tout doute et sans crainte de nous tromper, qu’au cours des siècles qui nous ont précédés depuis la nuit profonde de tous les âges, jamais la psychologie n’était tombée aussi bas qu’actuellement, qu’à notre époque des « Rebelles sans Cause » et des petits messieurs du Rock.
La psychologie retardataire et réactionnaire de ces temps modernes a, pour comble de malheur, perdu lamentablement sa raison d’être, sa signification et tout contact direct avec sa véritable origine.
En ces temps de dégénérescence sexuelle et de totale détérioration du mental, il est non seulement devenu impossible de définir avec une entière exactitude le terme « psychologie », mais en outre on ignore véritablement les matières fondamentales de la psychologie.
Ceux qui supposent à tort et à travers que la psychologie est une science contemporaine de la dernière heure, sont réellement dans l’erreur car la psychologie est une science très ancienne, qui a son origine dans les vieilles écoles des Mystères archaïques.
Il s’avère impossible, pour le puriste retardataire ou la fripouille intellectuelle ultra-moderne, de définir ce qu’on entend par la Psychologie, car, cela va de soi, à l’exception de cette époque contemporaine, la Psychologie n’a jamais existé sous son propre nom à cause que, pour tels ou tels motifs, elle fut toujours soupçonnée de tendances subversives de caractère politique ou religieux et se vit par conséquent dans la nécessité de revêtir de multiples déguisements.
Depuis les temps antiques, sur les différentes scènes du théâtre de la vie, la Psychologie a toujours joué son rôle, déguisée intelligemment sous le vêtement de la philosophie.
Sur les bords du Gange, dans l’Inde sacrée des Védas, existent, depuis la nuit atterrante des siècles, des formes de Yoga qui, au fond, sont une pure Psychologie expérimentale de haut vol. Les sept Yogas ont toujours été décrits, cependant, comme des méthodes, des procédés ou des systèmes philosophiques.
Dans le monde arabe, les enseignements sacrés des Soufis, en partie métaphysiques, en partie religieux, sont en réalité d’ordre totalement psychologique.
Dans la vieille Europe pourrie jusqu’à la moelle des os, avec toutes ses guerres, ses préjugés raciaux, religieux et politiques, jusqu’à la fin du siècle passé la Psychologie se déguisait encore sous le masque de la philosophie pour pouvoir passer inaperçue.
La Philosophie, malgré toutes ses divisions et subdivisions, comme la logique, la théorie de la connaissance (l’épistémologie), l’éthique, l’esthétique, etc., est en elle-même, hors de tout doute, une Autoréflexion évidente, une Cognition mystique de l’Être, un fonctionnalisme cognitif de la Conscience éveillée.
L’erreur d’un bon nombre d’écoles philosophiques, c’est d’avoir considéré la Psychologie comme quelque chose d’inférieur à la philosophie, comme une chose en relation uniquement avec les aspects les plus bas, voire même triviaux, de la nature humaine.
Une étude comparative des Religions nous permet d’arriver à la conclusion logique que la science de la Psychologie a toujours été associée de façon très intime à tous les principes religieux. N’importe quelle étude comparative des Religions vient nous démontrer que dans la littérature sacrée la plus orthodoxe de divers pays et d’époques différentes, il existe de merveilleux trésors de la science psychologique.
Des investigations profondes dans le domaine du Gnosticisme nous permettent de découvrir cette admirable compilation de divers auteurs gnostiques des premiers temps du Christianisme, compilation connue sous le titre de Philocalie, encore utilisée de nos jours dans l’Église chrétienne orientale, spécialement pour l’instruction des moines. Nous pouvons affirmer, sans le moindre risque de tomber dans l’erreur, que la Philocalie est, essentiellement, une pure Psychologie expérimentale.
Dans les antiques Écoles de Mystères de la Grèce, de l’Égypte, de Rome, de l’Inde, de la Perse, du Mexique, du Pérou, de l’Assyrie, de la Chaldée, etc., la Psychologie a toujours été liée à la Philosophie, à l’Art objectif réel, à la Science et à la Religion.
Dans les temps anciens, la Psychologie se cachait intelligemment dans les formes gracieuses des danseuses sacrées, ou dans l’énigme des étranges hiéroglyphes, dans les belles sculptures, dans la poésie ou dans la tragédie et jusque dans la délicieuse musique des temples.
Avant que la Science, la Philosophie, l’Art et la Religion se soient séparés pour vivre indépendamment, la Psychologie régnait de façon souveraine dans toutes les très antiques Écoles de Mystères.
Lorsque les Collèges Initiatiques ont fermé leurs portes à cause du Kali Yuga ou « Âge Noir » dans lequel nous nous trouvons, la Psychologie a survécu à travers le symbolisme des différentes écoles ésotériques et pseudo-ésotériques du monde moderne, et tout particulièrement dans l’ésotérisme gnostique.
De profondes analyses et investigations nous permettent de comprendre avec une entière clarté méridienne que les différents systèmes et doctrines psychologiques qui ont existé dans le passé et qui existent dans le présent, peuvent être divisés en deux catégories. La première concerne les doctrines psychologiques telles que la plupart des intellectuels les voient, la psychologie moderne relève de cette catégorie. La seconde est constituée des doctrines qui étudient l’homme du point de vue de la Révolution de la Conscience ; ces dernières sont, en vérité, les doctrines originelles, elles remontent à la plus haute antiquité, et elles seules nous permettent de comprendre les origines vivantes de la Psychologie et sa signification profonde.
Quand tous nous aurons compris de façon intégrale et dans tous les niveaux du mental combien est importante l’étude de l’homme à partir du nouveau point de vue de la Révolution de la Conscience, nous comprendrons alors que la Psychologie est l’étude des principes, lois et faits en relation avec la transformation radicale et définitive de l’individu.
Il est urgent que les maîtres et maîtresses des écoles, collèges et universités comprennent de façon intégrale l’heure critique où nous vivons et le catastrophique état de désorientation psychologique dans lequel se trouve la nouvelle génération.
Il est nécessaire de faire passer la « nouvelle vague » par le chemin de la Révolution de la Conscience, et cela n’est possible qu’au moyen de la Psychologie Révolutionnaire de l’Éducation Fondamentale.
Chapitre 32 – La Rébellion Psychologique
Ceux qui ont entrepris de faire le tour de tous les pays du monde dans le but d’étudier en détail toutes les races humaines, ont pu constater par eux-mêmes que la nature de ce pauvre animal intellectuel erronément appelé homme, est toujours la même, qu’il habite dans la vieille Europe ou dans l’Afrique fatiguée de l’esclavage, dans la terre sacrée des Védas ou dans les « Indes occidentales », en Australie ou en Chine.
Ce fait concret, cette terrible réalité qui étonne tout homme sérieux, peut être constatée particulièrement bien si le voyageur visite les écoles, les collèges et les universités.
Nous sommes rendus à l’époque de la production en série. Aujourd’hui tout est produit en chaîne et sur une grande échelle : on a des séries d’avions, d’automobiles, de marchandises de luxe, etc.
Bien que cela semble un peu grotesque, il est tout à fait certain que les écoles, les centres de formation industrielle, les universités, se sont également converties en usines intellectuelles de production en série.
À notre époque de production en série, l’unique objectif dans la vie c’est de trouver une sécurité économique. Les gens ont peur de tout et recherchent la sécurité. La pensée indépendante, dans notre monde de production en série, est devenue quasi impossible, parce que le type moderne d’éducation est basé sur de pures convenances. La « nouvelle vague » vit de façon tout à fait conforme à la médiocrité intellectuelle générale. Si quelqu’un veut être différent, distinct des autres, tout le monde le disqualifie, tout le monde le critique, on fait le vide autour de lui, on lui refuse des emplois, etc.
Le désir d’obtenir de l’argent pour vivre et se divertir, l’urgence de réussir dans la vie, la recherche d’une sécurité économique, le désir d’acheter beaucoup de choses pour s’afficher devant les autres, etc., ont complètement envahi le mental et étouffé la pensée pure, naturelle et spontanée.
Il a été parfaitement possible de prouver que la peur emprisonne le mental et endurcit le cœur.
De nos jours, il y a une telle peur et une telle recherche de sécurité que les gens se cachent dans leur caverne, dans leur terrier, dans leur petit coin, là où ils croient qu’ils peuvent avoir plus de sécurité, moins de problèmes, et ils ne veulent plus en sortir, ils ont peur de la vie, peur des nouvelles aventures, des nouvelles expériences, etc.
Toute cette éducation moderne tellement vantée est basée sur la peur et la recherche de sécurité, les gens sont terrorisés, ils ont peur même de leur propre ombre. Les gens ont peur de tout, ils redoutent de sortir des vieilles normes établies, d’être différents des autres gens, de penser de façon révolutionnaire, de rompre avec tous les préjugés de la société décadente.
Heureusement, il y a dans le monde un petit nombre de gens sincères et compréhensifs qui désirent vraiment examiner profondément tous les problèmes du mental, mais chez la grande majorité, l’esprit de non-conformisme et de rébellion n’existe même pas.
Il y a deux types de rébellion bien distincts : Le premier, c’est la rébellion psychologique violente. Le second, c’est la rébellion psychologique profonde de l’Intelligence. Le premier type de rébellion est réactionnaire, conservateur et retardataire ; le second type de rébellion est révolutionnaire.
Dans le premier type de rébellion psychologique, nous rencontrons le réformateur qui raccommode de vieux vêtements et répare des vieux édifices pour qu’ils ne s’écroulent pas. Ce genre d’homme est du type régressif, c’est le révolutionnaire gonflé d’eau-de-vie qui veut tout mettre à feu et à sang, c’est le leader des soulèvements armés et des coups d’état, l’homme du fusil à l’épaule, le dictateur qui jouit de conduire au mur tous ceux qui n’acceptent pas ses caprices, ses théories.
Dans le deuxième type de rébellion psychologique, nous rencontrons Bouddha, Jésus, Hermès, le transformateur, le rebelle intelligent, l’intuitif, les grands paladins de la Révolution de la Conscience, etc.
Ceux qui ne s’instruisent que dans le but absurde de remporter une magnifique position dans la ruche bureaucratique, de s’élever, de grimper au sommet de l’échelle, de faire sentir leur importance, ceux-là manquent de véritable profondeur, ils sont imbéciles par nature, superficiels, creux, vauriens à cent pour cent.
Il a été démontré jusqu’à satiété que lorsqu’il n’existe pas, chez l’être humain, de véritable intégration de la pensée et du sentiment, alors, quand bien même nous aurions reçu une « belle éducation », la vie s’avère incomplète, contradictoire, abrutissante et tourmentée par d’innombrables craintes de toute espèce.
Hors de tout doute et sans risque de nous tromper, nous pouvons affirmer catégoriquement que sans une éducation intégrale, notre vie devient absurde, inutile et destructive.
L’animal intellectuel a un Égo intérieur composé, malheureusement, de multiples entités qui se renforcent par la fausse éducation qui est aujourd’hui dispensée partout.
Le Moi Pluralisé que chacun de nous porte à l’intérieur de lui est la cause fondamentale de tous nos complexes et toutes nos contradictions.
L’Éducation Fondamentale doit enseigner aux nouvelles générations notre didactique psychologique pour la dissolution du Moi.
C’est seulement par la dissolution des diverses entités qui, dans leur ensemble, constituent l’Égo (le Moi), que nous pourrons établir en nous un centre permanent, individuel, de conscience : nous serons alors complets.
Tant qu’existera à l’intérieur de chacun de nous le Moi Pluralisé, nous rendrons la vie amère non seulement à nous-mêmes mais aussi aux autres.
À quoi nous servira-t-il d’étudier le Droit et de devenir avocat si nous perpétuons les querelles ? À quoi sert-il d’accumuler dans notre esprit beaucoup de connaissances si nous continuons à être dans la confusion ? À quoi servent les habiletés techniques et industrielles si nous les utilisons pour la destruction de nos semblables ?
Rien ne sert de s’instruire, de suivre des cours, d’étudier, si dans le cadre de la vie quotidienne nous nous détruisons misérablement les uns les autres.
L’objectif de l’éducation ne doit pas être uniquement de produire chaque année de nouveaux chercheurs d’emplois, un nouveau type de vauriens, de nouveaux rustauds qui ne savent pas même respecter la religion d’autrui.
Le véritable objectif de l’Éducation Fondamentale doit être de créer de véritables hommes et femmes intégrés et par conséquent conscients et intelligents.
Malheureusement, les professeurs des écoles, collèges et universités pensent à tout sauf à éveiller l’Intelligence intégrale des étudiants.
N’importe quelle personne peut convoiter et acquérir des titres, des mentions honorifiques, des diplômes et devenir même très efficace dans l’aspect mécanique de la vie, mais cela ne signifie pas qu’on est intelligent.
L’Intelligence ne pourra jamais être un simple fonctionnalisme mécanique, l’Intelligence ne peut être le résultat d’une simple information livresque, l’Intelligence n’est pas la capacité de réagir automatiquement par des paroles éclatantes devant n’importe quelle provocation. L’Intelligence n’est pas une simple verbalisation de choses apprises par cœur.
L’Intelligence est la capacité de percevoir directement l’Essence, le Réel, ce qui est véritablement.
L’Éducation Fondamentale est la science qui nous permet d’éveiller cette capacité en nous-mêmes et chez les autres.
L’Éducation Fondamentale aide chaque individu à découvrir les véritables valeurs qui surgissent comme résultat de l’investigation profonde et de la compréhension intégrale de soi-même.
Lorsqu’il n’y a pas en nous d’autoconnaissance, alors l’expression de soi-même se convertit en auto-affirmation égoïste et destructive.
L’Éducation Fondamentale se préoccupe uniquement d’éveiller en chaque individu la capacité de se comprendre lui-même dans tous les niveaux du mental, et pas simplement la capacité de se livrer à la complaisance de l’auto-expression erronée du Moi Pluralisé.
Chapitre 33 – Évolution, Involution, Révolution
Dans la pratique, nous avons pu constater que tant les écoles matérialistes que les écoles spiritualistes sont complètement embouteillées dans le dogme de l’Évolution.
Les opinions modernes sur l’origine de l’homme et son évolution passée sont, au fond, pur sophisme bon marché, elles ne résistent pas à une étude critique profonde.
Malgré toutes les théories de Darwin acceptées comme un article de foi aveugle par Karl Marx et son cher Matérialisme Dialectique, les scientifiques modernes ne savent rien sur l’origine de l’homme, ils n’ont rien de certain, ils n’ont rien expérimenté de façon directe et ils manquent de preuves spécifiques concrètes, exactes, sur l’Évolution humaine.
Au contraire, si nous prenons l’humanité historique, c’est-à-dire, celle des derniers vingt ou trente mille ans, nous trouvons des preuves exactes, des signes qui ne peuvent tromper, d’un type supérieur d’homme, incompréhensible pour le monde moderne et dont la présence peut être démontrée par de multiples témoignages, les vieux hiéroglyphes, les très antiques pyramides, les étranges monolithes, les mystérieux papyrus et divers monuments antiques.
Quant à « l’homme préhistorique », à ces insolites créatures si semblables par leur aspect à l’animal intellectuel et cependant tellement différentes, tellement distinctes, tellement mystérieuses, et dont les illustres ossements se trouvent enfouis profondément, parfois dans des gisements archaïques de la période glaciaire ou préglaciaire, les scientifiques modernes ne savent rien de façon précise et par expérience directe.
La Science gnostique enseigne que l’animal rationnel tel que nous le connaissons n’est pas un être parfait, il n’est pas encore un Homme dans le plein sens du mot ; la nature le développe jusqu’à un certain point, puis elle l’abandonne en lui laissant l’entière liberté de poursuivre son développement ou de perdre toutes ses possibilités et de dégénérer.
Les lois de l’Évolution et de l’Involution sont l’axe mécanique de toute la nature et elles n’ont rien à voir avec l’Autoréalisation intime de l’Être.
Il existe, à l’intérieur de l’animal intellectuel, de formidables possibilités qui peuvent se développer ou se perdre ; ce n’est pas une loi que ces possibilités se développent. La mécanique évolutive ne peut les développer.
Le développement de ces possibilités latentes n’est possible que dans des conditions bien déterminées, et cela exige de terribles super-efforts individuels et une aide efficace de la part des Maîtres qui ont déjà fait ce travail dans le passé.
Celui qui veut développer toutes ses possibilités latentes pour se transformer en un Homme doit entrer sur le chemin de la Révolution de la Conscience.
L’animal intellectuel est le grain, la semence ; de cette semence peut naître l’Arbre de la Vie, l’Homme Véritable, cet Homme que cherchait Diogène avec une lanterne allumée, à travers les rues d’Athènes et en plein midi, et qu’il ne put malheureusement pas trouver.
Ce n’est pas une loi que ce grain, que cette semence très spéciale puisse se développer ; le normal, le naturel, c’est qu’elle se perde.
L’Homme Véritable est aussi différent de l’animal intellectuel que l’éclair l’est du nuage noir.
Si le grain ne meurt, la semence ne germe pas : il est nécessaire, il est urgent que meure l’Égo, le Je, le Moi, pour que naisse l’Homme.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent enseigner à leurs élèves le chemin de l’Éthique Révolutionnaire, car c’est seulement ainsi qu’il est possible d’obtenir la mort de l’Égo.
Nous pouvons et devons affirmer de façon catégorique que la Révolution de la Conscience non seulement est rare dans ce monde mais aussi qu’elle devient de plus en plus rare.
La Révolution de la Conscience a trois facteurs parfaitement définis : le premier c’est mourir, le second, naître, et le troisième c’est le sacrifice pour l’humanité. L’ordre des facteurs n’altère pas le résultat.
Mourir est une question d’éthique révolutionnaire et de dissolution du Moi psychologique. Naître est une question de transmutation sexuelle : ceci concerne la Sexologie transcendantale ; celui qui veut approfondir ce thème devra étudier nos ouvrages gnostiques. Le Sacrifice pour l’humanité, c’est la Charité universelle consciente.
Si nous ne désirons pas la Révolution de la Conscience, si nous ne faisons pas de super-efforts pour développer ces possibilités latentes qui nous mènent à l’Autoréalisation intime, il est clair que ces possibilités ne se développeront jamais.
Très rares sont ceux qui s’autoréalisent, ceux qui parviennent au salut, et en cela il n’y a aucune injustice, car pourquoi le pauvre animal intellectuel devrait-il avoir ce qu’il ne désire nullement ?
Il faut un changement radical, total et définitif mais ce ne sont pas tous les êtres qui veulent ce changement, en fait les gens ne le désirent pas, ou ils ne savent pas et si on le leur explique, ils ne saisissent pas, ils ne comprennent pas, cela ne les intéresse pas. Pourquoi devrait-on leur donner de force ce dont ils ne veulent pas ?
La vérité c’est qu’avant d’acquérir de nouvelles facultés et de nouveaux pouvoirs qu’il ne connaît pas le moins du monde et qu’il ne possède pas encore, l’individu doit acquérir des facultés et des pouvoirs qu’il croit avoir mais qu’en réalité il n’a pas.
Chapitre 34 – L’Individu Complet
L’Éducation Fondamentale, dans son sens véritable, c’est la compréhension profonde de soi-même ; à l’intérieur de chaque individu se trouvent toutes les lois de la nature. Celui qui veut étudier toutes les merveilles de la nature doit les étudier à l’intérieur de lui-même.
La fausse éducation se préoccupe seulement d’enrichir l’intellect et cela, n’importe qui peut le faire. Avec de l’argent, n’importe qui peut, évidemment, s’offrir le luxe d’acheter des livres.
Nous ne nous prononçons pas contre la culture intellectuelle, nous nous élevons uniquement contre le souci exorbitant d’accumulation mentale.
La fausse éducation intellectuelle offre seulement de subtiles échappatoires pour se fuir soi-même. Tout homme érudit, tout vicieux intellectuel dispose toujours de merveilleuses justifications pour échapper à lui-même.
De l’intellectualisme sans spiritualité résultent les fripouilles, les vauriens et ce sont eux qui ont conduit l’humanité au chaos et à la destruction.
La technique ne pourra jamais nous rendre capables de nous connaître nous-mêmes de façon complète et unitotale.
Les parents envoient leurs enfants à l’école, au collège, à la Polytechnique, à l’Université, afin qu’ils apprennent une technique, qu’ils aient une profession, qu’ils puissent, en somme, gagner leur vie. Il est indéniable que tous et chacun nous avons besoin de connaître une technique, d’avoir une profession, mais c’est secondaire, ce qui est fondamental, ce qui est primordial, c’est de nous connaître nous-mêmes, de savoir qui nous sommes, d’où nous venons, où nous allons, quelle est la raison de notre existence.
Il y a de tout dans la vie, des joies, des tristesses, de l’amour, de la passion, de la volupté, de la douleur, de la beauté, de la laideur, etc., et lorsque nous savons vivre intensément la vie, lorsque nous la comprenons dans tous les niveaux du mental, nous découvrons alors notre place dans la société, nous créons notre propre technique, notre façon particulière de vivre, sentir et penser ; mais l’inverse est totalement faux : par elle-même, la technique ne pourra jamais engendrer la compréhension profonde, la compréhension véritable.
L’éducation actuelle, s’est avérée un échec retentissant parce qu’elle a donné une importance exagérée à la technique, à la profession ; en mettant la technique au premier plan, elle a converti l’homme en un automate mécanique et détruit ses meilleures possibilités.
Cultiver les capacités et l’efficacité sans la compréhension de la vie, sans la connaissance de soi-même, sans une perception directe du fonctionnement du Moi, sans une étude minutieuse de notre manière propre de penser, sentir, désirer et agir, ne servira qu’à augmenter notre propre cruauté, notre propre égoïsme, ces facteurs psychologiques qui engendrent guerre, faim, misère, douleur.
Le développement exclusif de la technique a produit des mécaniciens, des scientifiques, des techniciens, des physiciens atomiques, des vivisecteurs de pauvres animaux, des inventeurs d’armes destructives, etc.
Tous ces professionnels, tous ces inventeurs de bombes atomiques, à hydrogène, à neutrons, tous ces vivisecteurs qui tourmentent les créatures de la nature, tous ces vauriens ne sont utiles, réellement, qu’à une chose : à semer la guerre et la destruction.
Ils ne savent rien, ces vauriens, ils ne comprennent rien au fonctionnement total de la vie dans toutes ses infinies manifestations.
Le progrès technologique général, les systèmes de transports, les calculatrices, l’éclairage électrique, les ascenseurs dans les édifices, les cerveaux électroniques de toute espèce, résolvent les milliers de problèmes qui se posent au niveau superficiel de l’existence, mais tout cela introduit chez l’individu et dans la société une multitude de problèmes plus vastes et plus profonds.
Vivre exclusivement au niveau superficiel sans tenir compte des divers plans et régions plus profonds du mental signifie, en fait, attirer sur nous et sur nos enfants la misère, les pleurs et le désespoir.
Le besoin majeur, le problème le plus urgent de chaque individu, de chaque personne, c’est de comprendre la vie dans son aspect intégral, unitotal, car c’est ainsi seulement que nous serons en mesure de résoudre de façon satisfaisante tous nos problèmes intimes particuliers.
La connaissance technique par elle-même ne pourra jamais résoudre tous nos problèmes psychologiques, tous nos profonds complexes.
Si nous voulons être de Vrais Hommes, des individus complets, nous devrons nous auto-explorer psychologiquement, nous connaître en profondeur dans tous les territoires de la pensée, car la Technologie devient inévitablement un instrument destructeur quand nous ne comprenons pas vraiment tout le processus total de l’existence, quand nous ne nous connaissons pas nous-mêmes de façon complète, intégrale.
Si l’animal intellectuel était vraiment capable d’amour, s’il se connaissait lui-même, s’il avait compris le fonctionnement total de la vie, jamais il n’aurait commis le crime de fractionner l’atome.
Notre progrès technique est fantastique mais n’a réussi qu’à accroître notre pouvoir agressif pour nous détruire les uns les autres, tandis que partout règnent toujours la terreur, la faim, l’ignorance et la maladie.
Aucune profession, aucune technique ne pourra jamais nous donner ce que l’on appelle la Plénitude, la véritable Félicité.
Tous et chacun dans la vie souffrent intensément dans leur métier, dans leur profession, dans leur train de vie routinier, et les choses et les occupations se convertissent en instruments d’envie, de médisance, de haine, d’amertume. Le monde des médecins, le monde des artistes, des ingénieurs, des avocats, etc., chacun de ces mondes est rempli de souffrance, dévoré par la compétition, la calomnie, l’envie.
Sans la compréhension de nous-mêmes, notre occupation, métier ou profession, nous conduit à la douleur et à la recherche d’échappatoires. Certains cherchent à s’évader à travers l’alcool, la taverne, le cabaret, d’autres veulent fuir à travers les drogues, la morphine, la cocaïne, la marihuana, et d’autres encore au moyen de la luxure et de la dégénérescence sexuelle, etc.
Lorsque l’on veut réduire toute la vie à une technique, à une profession, à un système pour gagner de l’argent et toujours plus d’argent, le résultat c’est la lassitude, l’écœurement et la recherche d’échappatoires.
Nous devons nous transformer en individus complets, entiers, et cela n’est possible que par la connaissance de nous-mêmes et la dissolution du Moi psychologique.
L’Éducation Fondamentale, en même temps qu’elle stimule l’apprentissage d’une technique pour pouvoir gagner sa vie, doit réaliser quelque chose de beaucoup plus important : elle doit aider l’homme à expérimenter, à sentir dans tous ses aspects et dans toutes les régions du mental, le processus de l’existence.
Si quelqu’un a quelque chose à dire, qu’il le dise, c’est très important qu’il le dise, car de cette façon chacun se crée lui-même son propre mode d’être, mais apprendre les méthodes et les manières d’autrui sans avoir expérimenté directement, par soi-même, la Vie dans sa forme intégrale, ne conduit qu’à la superficialité.
Chapitre 35 – L’Homme Machine
L’homme machine est la bête la plus malheureuse qui existe dans cette vallée de larmes, mais il a la prétention, voire même l’insolence de s’octroyer à lui-même le titre de « Roi de la nature ».
« Nosce te Ipsum » : Homme, connais-toi toi-même. C’est une ancienne règle d’or inscrite sur les murs invaincus du temple de Delphes, dans la Grèce antique.
L’homme, ce pauvre animal intellectuel qui se qualifie à tort d’homme, a inventé des milliers de machines extrêmement compliquées et il sait très bien que pour pouvoir se servir d’une machine il a besoin souvent de longues années d’étude et d’apprentissage, mais en ce qui le concerne lui-même, il oublie totalement ce fait à savoir qu’il est lui-même une machine beaucoup plus compliquée que toutes celles qu’il a inventées.
Il n’y a pas d’homme qui ne soit pas rempli d’idées totalement fausses sur lui-même, et le plus grave c’est qu’il ne veut pas se rendre compte qu’il est réellement une machine. La machine humaine n’a aucune liberté de mouvement, elle fonctionne uniquement à partir des multiples et diverses influences intérieures et chocs extérieurs.
Tous les mouvements, actions, paroles, idées, émotions, sentiments et désirs de la machine humaine sont provoqués par des influences extérieures et par de multiples causes intérieures étranges et insaisissables.
L’animal intellectuel est une pauvre marionnette parlante, dotée de mémoire et de vitalité, un pantin vivant qui a la sotte illusion qu’il peut faire, alors qu’en réalité et en vérité il ne peut rien faire.
Imaginez un moment, cher lecteur, un pantin mécanique contrôlé par un mécanisme complexe. Imaginez que cette marionnette peut changer de maître à chaque instant ; vous devez vous imaginer que chaque maître est une personne différente et a son propre jugement, sa propre façon de se divertir, de sentir, de vivre, etc.
L’un de ces maîtres, voulant obtenir de l’argent, pressera sur certains boutons et alors la marionnette se consacrera au négoce ; un autre maître, une demi heure ou quelques heures plus tard, aura une façon de penser différente et fera danser et rire sa marionnette ; un troisième l’amènera à se battre ; un quatrième la fera tomber amoureuse d’une personne ; un cinquième la fera s’amouracher d’une autre personne ; un sixième le fera se battre avec un voisin et avoir des démêlés avec la police ; un septième la fera changer de domicile.
Réellement, la marionnette de notre exemple n’a rien fait mais elle croit fermement que c’est elle qui a tout fait, elle a l’illusion qu’elle agit par elle-même quand en réalité elle ne peut vraiment rien faire parce qu’elle n’a pas d’Être individuel.
Il n’y a aucun doute que tout lui est arrivé, comme ça, tout simplement, comme quand il pleut, qu’il tonne ou que le soleil chauffe, mais le pauvre pantin croit qu’il est l’auteur de ses actes, il nourrit la sotte illusion que c’est lui qui a tout fait quand en réalité il n’a rien fait, quand ce sont ses maîtres respectifs qui se sont divertis avec la pauvre poupée mécanique.
Voilà ce qu’est l’animal intellectuel, cher lecteur, un pantin mécanique comme celui de notre exemple, il croit qu’il agit alors qu’en réalité il ne fait rien, il est une marionnette de chair et d’os contrôlé par une légion d’entités énergétiques subtiles qui, dans leur ensemble, constituent ce que l’on appelle l’Égo, le Moi pluralisé.
Les Évangiles chrétiens qualifient toutes ces entités de démons, et le véritable nom de l’Égo est Légion. Lorsque nous disons que le Moi est une légion de démons qui contrôlent la machine humaine, nous n’exagérons rien, car il en est bien ainsi.
L’homme-machine n’a aucune Individualité, il ne possède pas l’Être, seul l’Être véritable a le pouvoir de faire. L’Être seul peut nous conférer une véritable Individualité et nous convertir en Hommes Véritables.
Celui qui veut vraiment cesser d’être un simple pantin mécanique doit éliminer chacune de ces entités qui, dans leur ensemble, constituent le Moi, chacune de ces entités qui jouent avec la machine humaine. Celui qui veut vraiment cesser d’être une simple marionnette doit commencer par admettre et comprendre sa propre mécanicité.
Celui qui ne veut pas comprendre ni accepter sa propre mécanicité, celui qui ne veut rien entendre et nie ce fait concret, celui-là ne peut plus changer, c’est un pauvre homme, un malheureux, il vaudrait mieux pour lui « s’accrocher une pierre au cou et se jeter au fond de la mer ».
L’animal intellectuel est une machine, mais une machine très spéciale, si cette machine arrive à comprendre qu’elle est une machine, si cette prise de conscience est bien conduite et si les circonstances le permettent, elle peut cesser d’être une machine et se convertir en Homme.
Avant tout, il est nécessaire de commencer par comprendre en profondeur et dans tous les niveaux du mental que nous n’avons pas d’Individualité véritable, que nous n’avons pas de centre permanent de conscience, qu’à un moment donné nous sommes une personne, puis une autre, et ensuite une autre encore : tout dépend de l’entité qui contrôle la situation à tel ou tel moment.
Ce qui engendre l’illusion de l’Unité et de l’Intégrité de l’animal intellectuel c’est, d’une part, la sensation qu’il a de son corps physique, d’autre part ses nom et prénom et enfin sa mémoire et un certain nombre d’habitudes, de comportements mécaniques implantés en lui par l’éducation ou acquis par simple et sotte imitation.
Le pauvre animal intellectuel ne pourra cesser d’être une machine, ne pourra changer, ne pourra acquérir son Être Individuel véritable et se convertir en un Homme authentique que lorsqu’il aura le courage d’éliminer au moyen de la compréhension profonde et de façon successive chacune de ces entités métaphysiques qui, dans leur ensemble, constituent ce qu’on appelle l’Égo, le Je, le Moi.
Chaque idée, chaque passion, chaque vice, chaque sentiment, chaque haine, chaque désir, etc., a son entité correspondante et l’ensemble de toutes ces entités est le Moi pluralisé de la Psychologie Révolutionnaire. Toutes ces entités métaphysiques, tous ces Moi qui, dans leur ensemble, constituent l’Égo, n’ont pas de véritable liaison entre eux, ils n’ont aucune espèce de coordination. Chacune de ces entités dépend totalement des circonstances, change au fil des évènements.
L’écran du mental change de couleur et de scène à chaque instant, tout dépend de l’entité qui, à tel ou tel moment, contrôle le mental. Sur l’écran du mental passent, en une procession ininterrompue, les différentes entités qui, ensemble, constituent l’Égo, le Moi psychologique.
Les diverses entités qui constituent le Moi pluralisé s’associent, se dissocient, forment certains groupes spéciaux selon leurs affinités, se battent entre elles, discutent, s’ignorent, etc.
Chaque entité de la légion appelée le Moi, chaque petit Moi croit être la totalité, l’Égo total, il ne soupçonne pas le moins du monde qu’il n’est rien d’autre qu’une infime partie de l’ensemble.
L’entité qui aujourd’hui jure un amour éternel à une femme est plus tard déplacée par une autre entité qui n’a rien à voir avec ce serment et alors le château de cartes s’effondre par terre et la pauvre femme pleure de déception.
L’entité qui jure aujourd’hui fidélité à une cause est bientôt détrônée par une autre entité qui n’a rien à voir avec cette cause et alors la personne se retire.
L’entité qui aujourd’hui jure fidélité à la Gnose est remplacée le lendemain par une autre entité qui déteste la Gnose.
Les professeurs des écoles, collèges et universités doivent étudier ce livre d’Éducation Fondamentale, pour le bienfait de l’humanité, et avoir le courage d’orienter leurs élèves sur le merveilleux chemin de la Révolution de la Conscience.
Il est indispensable que les étudiants comprennent la nécessité de se connaître eux-mêmes dans toutes les régions du mental.
Il faut une orientation intellectuelle plus efficace, il faut comprendre ce que nous sommes, et ceci doit commencer sur les bancs mêmes de la petite école.
Nous ne nions pas que nous avons besoin d’argent pour manger, payer le loyer et nous vêtir ; nous ne nions pas qu’il faut une préparation intellectuelle ou technique, une profession ou un métier, pour gagner de l’argent, mais cela n’est pas tout, c’est secondaire. Ce qui est primordial, fondamental, c’est de savoir qui nous sommes, ce que nous sommes, d’où nous venons, où nous allons, quel est le but de notre existence.
Il est lamentable de voir les gens continuer à être des pantins automatiques, de misérables mortels, des hommes-machines. Nous devons de toute urgence cesser d’être de simples machines et nous convertir en Hommes Véritables.
Il nous faut un changement radical et celui-ci doit commencer précisément par l’élimination de chacune de ces entités qui, ensemble, constituent le Moi pluralisé.
Le pauvre animal intellectuel n’est pas un Homme mais il a en lui, à l’état latent, toutes les possibilités pour se convertir en un Homme.
Ce n’est pas une loi que ces possibilités se développent, le plus naturel c’est qu’elles se perdent. C’est seulement par de terribles super-efforts que ces possibilités humaines peuvent être développées.
Nous avons beaucoup de choses à éliminer et beaucoup de choses à acquérir. Il est à présent nécessaire de faire un inventaire pour savoir ce que nous avons de trop et ce qui nous manque.
Il est évident que le Moi pluralisé est de trop, c’est quelque chose d’inutile et de nuisible. Nous devons, en outre, développer certains pouvoirs, certaines facultés, certaines capacités que l’homme-machine s’attribue, croyant les avoir alors qu’en réalité et en vérité il ne les a pas.
L’homme-machine croit qu’il a une véritable Individualité, une Conscience éveillée, une Volonté consciente, le pouvoir de « faire », etc., mais il n’a rien de tout cela.
Si nous voulons cesser d’être des machines, si nous voulons éveiller notre Conscience, posséder une véritable Volonté consciente, une Individualité, une capacité de faire, nous devons commencer par nous connaître nous-mêmes et ensuite dissoudre le Moi psychologique.
Lorsque le Moi pluralisé est dissout, il ne reste à l’intérieur de nous que l’Être véritable.
Chapitre 36 – Parents et Maîtres
Le problème le plus grave dans l’éducation publique ce ne sont pas les élèves du primaire, du secondaire ou du collège, mais les parents et les maîtres.
Si les parents et les professeurs ne se connaissent pas eux-mêmes, s’ils ne sont pas capables de comprendre l’enfant ou l’adolescent, s’ils ne savent pas saisir en profondeur leurs relations avec ces créatures qui commencent à vivre, s’ils ne se préoccupent que de cultiver l’intellect de leurs étudiants, comment pourrons-nous créer un nouveau genre d’éducation ?
L’enfant, garçon ou fille, va à l’école pour recevoir une orientation consciente mais si les professeurs ont un jugement étroit, sont conservateurs, réactionnaires, retardataires, ainsi sera l’étudiant ou l’étudiante.
Les éducateurs doivent se rééduquer, se connaître eux-mêmes, réviser toutes leurs connaissances, comprendre que nous entrons dans une Ère nouvelle. Si les éducateurs se transforment, l’éducation publique se transformera.
Éduquer l’éducateur, c’est là le plus difficile, car la personne qui a lu beaucoup, a acquis un diplôme, s’est mise à enseigner, travaille comme maître d’école, une telle personne est déjà comme elle est : son mental est embouteillé dans les cinquante mille théories qu’elle a apprises et maintenant rien au monde ne pourrait plus la faire changer.
Les professeurs devraient enseigner aux étudiants comment penser, mais malheureusement ils ne se préoccupent que de leur enseigner ce qu’ils doivent penser.
Parents et maîtres sont la plupart du temps accaparés par leurs propres conflits et peines, ils ne sont pas vraiment et sérieusement intéressés à étudier et résoudre les problèmes que posent les garçons et les filles de la « nouvelle vague ».
Il y a, de nos jours, une terrible dégénérescence mentale, morale et sociale, mais les parents et les enseignants sont pleins d’anxiété et de soucis personnels, de préoccupations économiques, sociales, sentimentales, ils ont seulement le temps de penser à l’utilité économique des connaissances transmises, ils donnent aux enfants une profession pour qu’ils ne meurent pas de faim, et c’est tout.
Contrairement à la croyance générale, la majorité des parents n’aiment pas vraiment leurs enfants, s’ils les aimaient, ils lutteraient pour leur bien-être commun, ils se préoccuperaient des problèmes de l’éducation publique, afin de réaliser un véritable changement.
Si les parents aimaient vraiment leurs enfants, il n’y aurait pas de guerres, la famille et la nation ne s’opposeraient pas à la totalité du monde, ne se détacheraient pas du reste, car cela crée des problèmes, des guerres, des divisions destructives, une ambiance infernale pour nos fils et nos filles.
Les gens se préparent pour être médecins, ingénieurs, avocats, mais par contre ils ne se préparent pas pour la tâche la plus grave et la plus difficile, qui est celle d’être des parents.
L’égoïsme de la famille, le manque d’amour envers nos semblables, la politique de l’isolement familial, tout cela est totalement absurde, car la famille devient alors un facteur de désintégration et de constante dégénérescence sociale.
Le progrès, la véritable Révolution, ne sont possibles qu’en renversant ces fameuses murailles de Chine qui nous séparent, qui nous isolent du reste du monde.
Nous formons tous une seule famille et il est absurde de nous torturer les uns les autres, de considérer comme constituant notre famille uniquement les quelques personnes qui vivent avec nous.
L’exclusivisme égoïste qui caractérise la « famille » arrête le progrès social, divise les êtres humains, engendre guerres, castes privilégiées, problèmes économiques, etc.
Quand les parents aimeront vraiment leurs enfants, les murs tomberont en poussière, les abominables barrières de l’isolement éclateront, et la famille cessera alors d’être un cercle égoïste et absurde. Lorsque les murs égoïstes de la famille s’écrouleront, il y aura une communion fraternelle avec tous les autres pères et mères, avec les professeurs, avec toute la société.
Le résultat de la vraie Fraternité, c’est la véritable transformation sociale, l’authentique Révolution du domaine éducationnel en vue d’un monde meilleur.
L’éducateur doit être plus conscient, il doit réunir les pères et les mères à une assemblée générale des parents et leur parler clairement : il est nécessaire que les parents comprennent que la tâche de l’éducation publique repose sur la base ferme d’une coopération mutuelle entre parents et maîtres.
Il faut dire aux parents que l’Éducation Fondamentale est nécessaire pour élever les nouvelles générations.
Il est indispensable de dire aux parents que la formation intellectuelle est nécessaire mais que ce n’est pas tout, qu’on a besoin de quelque chose de plus, qu’il faut enseigner aux garçons et aux filles à se connaître eux-mêmes, à connaître leurs propres erreurs et leurs propres défauts psychologiques.
On doit dire aux parents que les enfants doivent être engendrés par amour et non par passion animale.
Il est franchement cruel et criminel de projeter nos désirs animaux, nos violentes passions sexuelles, notre sentimentalisme morbide et nos émotions bestiales sur nos descendants.
Nos enfants sont nos propres projections et il est criminel d’infecter le monde avec des projections bestiales.
Les professeurs des écoles, collèges et universités, doivent réunir les parents dans la salle du conseil, dans le but sain et louable de leur enseigner le chemin de la responsabilité morale, pour le bien de leurs enfants et pour le bien de la société et du monde.
Les éducateurs ont le devoir de se rééduquer eux-mêmes et d’orienter les pères et les mères de famille.
Nous devons apprendre à aimer vraiment, pour transformer le monde. Nous devons nous unir pour ériger, au-milieu de nous tous, le temple merveilleux de l’Ère nouvelle qui vient à peine de commencer dans l’auguste éclat de la pensée.
Chapitre 37 – La Conscience
Les gens confondent la Conscience avec l’intelligence ou avec l’intellect, et on dit d’une personne très intelligente ou très intellectuelle, qu’elle est très consciente.
Nous affirmons, pour notre part, que la Conscience chez l’homme est, hors de tout doute et sans crainte de nous tromper, une espèce très particulière d’appréhension d’une Connaissance intérieure, totalement indépendante de toute activité mentale.
La faculté de la Conscience nous permet d’obtenir la connaissance de nous-mêmes. La Conscience nous confère une connaissance intégrale de ce que l’on est, d’où nous venons, de ce que l’on sait réellement et de ce qu’on ignore vraiment.
La Psychologie Révolutionnaire enseigne que seul l’homme lui-même peut parvenir à la connaissance de lui-même. Nous seuls pouvons savoir si, à un moment donné, nous sommes conscients ou non. Nous sommes les seuls à pouvoir juger de notre propre Conscience et si celle-ci existe vraiment à tel ou tel moment.
Seul l’homme lui-même, et personne d’autre que lui, peut se rendre compte qu’il a été conscient, l’espace d’un moment, et qu’avant cet instant il n’était pas réellement conscient, qu’il avait sa Conscience très endormie. Ensuite il oubliera cette expérience ou la gardera en mémoire, comme le souvenir d’une puissante expérience.
Il est essentiel de savoir que la Conscience, chez l’animal rationnel, n’est pas quelque chose de continu, de permanent. Normalement, chez l’animal intellectuel appelé homme, la Conscience dort profondément. Rares, très rares sont les moments où la Conscience est éveillée ; l’animal intellectuel travaille, conduit sa voiture, se marie, meurt, avec la Conscience totalement endormie et celle-ci ne s’éveille qu’à des moments tout à fait exceptionnels.
La vie de l’être humain est une vie de rêve, mais il croit qu’il est éveillé et jamais il n’admettrait qu’il est en train de rêver, qu’il a la Conscience endormie. Si quelqu’un arrivait à s’éveiller, il se sentirait affreusement honteux, il comprendrait sur le champ sa dérision, son ridicule. Cette vie est horriblement ridicule, tragique, et rarement sublime.
Si un boxeur venait à s’éveiller tout d’un coup en plein combat, il regarderait avec honte tout l’honorable public et fuirait l’horrible spectacle, au plus grand étonnement de la foule endormie et inconsciente.
Lorsque l’être humain admet qu’il a la Conscience endormie, c’est un signe certain qu’il commence déjà à s’éveiller.
Les écoles réactionnaires de la Psychologie désuète, qui nient l’existence de la Conscience, voire même l’utilité d’un tel terme, accusent l’état de sommeil le plus profond. Les tenants de ces écoles dorment très profondément, dans un état pratiquement infraconscient et inconscient.
Ceux qui confondent la Conscience avec les fonctions psychologiques : pensées, sentiments, impulsions motrices et sensations, sont réellement très inconscients, ils dorment profondément.
Ceux qui admettent l’existence de la Conscience mais nient carrément les différents degrés de conscience, accusent un manque d’expérience consciente, un sommeil de la Conscience.
Toute personne qui s’est, à quelques reprises, éveillée momentanément, sait très bien, par expérience propre, qu’il existe divers degrés de conscience, observables en nous-mêmes.
Premièrement, le temps. Combien de temps sommes-nous demeurés conscients ?
Deuxièmement, la fréquence. Combien de fois avons-nous éveillé notre Conscience ?
Troisièmement, l’amplitude et la pénétration. De quoi était-on conscient ?
La Psychologie Révolutionnaire et l’antique Philocalie affirment qu’au moyen de formidables super-efforts d’un type très spécial, on peut éveiller sa Conscience, la rendre continue et la contrôler.
L’Éducation Fondamentale a pour objet d’éveiller la Conscience. Les dix ou quinze années d’études à l’école, au collège et à l’université ne servent à rien si, au sortir des classes, nous sommes des automates endormis.
Il n’est pas exagéré d’affirmer que, moyennant un grand effort, l’animal intellectuel ne peut être conscient de lui-même que pour une durée de quelques minutes.
À ceci, il y a évidemment quelques rares exceptions que nous devons chercher avec la lanterne de Diogène, ces cas rares sont représentés par les Hommes Véritables, tels que Bouddha, Jésus, Hermès, Quetzalcoatl.
Ces fondateurs de religions possédaient une Conscience continue, ce sont de grands Illuminés.
Normalement, les gens ne sont pas conscients d’eux-mêmes. L’illusion d’être conscient de façon continue provient de la mémoire et de tous les processus de la pensée.
L’homme qui pratique un exercice rétrospectif pour se rappeler toute sa vie peut, à vrai dire, se remémorer combien de fois il s’est marié, combien d’enfants il a engendré, qui furent ses parents, ses maîtres, etc., mais ceci ne signifie pas qu’il a éveillé sa Conscience, c’est tout simplement le souvenir d’actes inconscients et c’est tout.
Il est nécessaire de répéter ce que nous avons dit dans un autre chapitre : il existe quatre états de Conscience. Ces états sont : le sommeil, l’état de veille, l’Autoconscience et la Conscience objective.
Le pauvre animal intellectuel erronément appelé homme, vit seulement dans deux de ces états. Une partie de sa vie se déroule dans le sommeil et l’autre dans ce qu’on appelle, à tort, l’état de veille, lequel est aussi un état de sommeil.
L’homme qui dort et rêve croit qu’il s’éveille lorsqu’il revient à l’état de veille mais en réalité, durant cet état de veille, il continue à dormir et rêver. De même, au lever du jour, les étoiles deviennent invisibles, à cause de la lumière solaire, mais elles continuent d’exister même si les yeux physiques ne les perçoivent pas.
Dans la vie normale et ordinaire l’être humain ne sait rien de l’Autoconscience et encore moins de la conscience objective. Cependant, les gens sont orgueilleux et tout le monde se croit autoconscient, l’animal intellectuel croit fermement qu’il a conscience de lui-même et n’accepterait absolument pas qu’on lui dise qu’il est un endormi et qu’il vit inconscient de lui-même.
Il y a des moments exceptionnels où l’animal intellectuel réussit à s’éveiller, mais ces moments sont très rares et de courte durée, ils peuvent se présenter dans un moment de grand danger, durant une émotion intense, lors d’une circonstance insolite ou d’une situation imprévue, etc.
Quel malheur que le pauvre animal intellectuel n’ait aucun contrôle sur ces états fugaces de conscience, qu’il ne puisse les susciter à volonté et les rendre continus !
Cependant, l’Éducation Fondamentale affirme que l’homme peut obtenir la maîtrise de la Conscience et acquérir une Autoconscience.
La Psychologie Révolutionnaire a des méthodes, des procédés scientifiques pour éveiller la Conscience.
Si nous voulons éveiller notre Conscience, nous devons commencer par examiner, étudier, puis éliminer tous les obstacles qui se présentent devant nous sur le chemin.
Dans ce livre, nous avons enseigné le chemin qui permet d’éveiller la Conscience, chemin qui commence sur les bancs mêmes de la petite école.