Traité de Psychologie Révolutionnaire · Livre
Chapitre 1 – Le Niveau d’Être
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Quelle est la raison de notre existence ? Pourquoi vivons-nous ?…
Incontestablement, le pauvre animal intellectuel appelé à tort homme, non seulement ne sait pas, mais il ne sait même pas qu’il ne sait pas…
Le pire de tout est la situation si difficile et si étrange dans laquelle nous nous trouvons, nous ignorons le secret de toutes nos tragédies et cependant nous sommes convaincus que nous savons tout…
Mettez un mammifère rationnel, une de ces personnes qui dans la vie se croient si influentes, au centre du désert du Sahara, laissez-le là, loin de toute oasis et observez à partir d’un poste aérien tout ce qui se passe…
Les faits parleront d’eux-mêmes ; l’humanoïde intellectuel, bien qu’il se vante d’être fort et se croit un vrai homme, n’est au fond qu’un être épouvantablement faible…
L’animal rationnel est idiot à cent pour cent ; il pense de lui-même le meilleur ; il croit qu’il se développe merveilleusement à l’aide de ses manuels de bienséance, ses écoles maternelles, primaires, secondaires, le baccalauréat, l’université, le bon prestige du papa, etc., etc., etc.
Malheureusement, malgré toute cette instruction, ces bonnes manières, les titres et la fortune, nous savons très bien que la première douleur d’estomac nous atterre et qu’au fond nous continuons à être malheureux et misérables…
Il suffit de lire l’Histoire universelle pour savoir que nous sommes les mêmes barbares que jadis, et qu’au lieu de nous être améliorés, nous sommes devenus pires…
Ce XXe siècle, avec tout son côté spectaculaire, guerres, prostitution, sodomie mondiale, dégénérescence sexuelle, drogues, alcool, cruauté exorbitante, perversité extrême, monstruosité, etc., etc., etc., est le miroir dans lequel nous devons nous regarder ; il n’existe donc pas raison valable pour se vanter d’avoir atteint un niveau supérieur de développement…
Penser que le temps signifie progrès est absurde ; malheureusement les ignorants cultivés sont toujours embouteillés dans le dogme de l’évolution…
Dans toutes les pages noires de la noire Histoire, nous rencontrons toujours les mêmes horribles cruautés, ambitions, guerres, etc.
Cependant, nos contemporains super civilisés sont encore convaincus que la guerre est quelque chose de secondaire, un accident passager qui n’a rien à voir avec leur civilisation moderne tant vantée.
Bien sûr, ce qui importe c’est la manière d’être de chacun ; quelques sujets seront alcooliques, d’autres abstinents, certains honnêtes et d’autres sans scrupules ; il y a de tout dans la vie…
La masse est la somme des individus ; tel est l’individu, telle est la masse, tel est le gouvernement, etc.
La masse est donc l’extension de l’individu. La transformation des masses, des peuples, est impossible si l’individu, si chaque personne ne se transforme pas…
Personne ne peut nier qu’il existe différents niveaux sociaux. Il y a des gens d’église et de bordel ; de commerce et de campagne, etc., etc., etc.
De même, il existe aussi différents niveaux d’Être. Ce que nous sommes intérieurement, splendides ou rusés, généreux ou mesquins, violents ou paisibles, chastes ou luxurieux, attire les diverses circonstances de la vie…
Un luxurieux attirera toujours des scènes, des drames, voire même des tragédies de lascivité dans lesquelles il se verra impliqué…
Un ivrogne attirera les ivrognes, et on le verra toujours trainer dans des bars et des tavernes, cela va de soi…
Que va donc attirer l’usurier ? L’égoïste ? Quels problèmes ? Emprisonnements ? Malheurs ?
Cependant, le monde est amer, fatigué de souffrir, il ressent le besoin de changer, de tourner la page de son histoire…
Pauvres gens ! Ils veulent changer et ils ne savent pas comment ; ils ne connaissent pas la manière ; ils sont pris dans un cul-de-sac…
Ce qui leur est arrivé hier, leur arrive aujourd’hui et leur arrivera demain ; ils répètent toujours les mêmes erreurs et ne comprennent pas les leçons ni les coups de semonce de la vie.
Toutes les choses se répètent sans fin dans leur vie ; ils disent les mêmes choses, font les mêmes choses, se plaignent des mêmes choses…
Cette répétition abrutissante de drames, comédies et tragédies, continuera tant que nous porterons à l’intérieur de nous-mêmes les éléments indésirables de la colère, convoitise, luxure, avarice, orgueil, paresse, gourmandise, etc., etc., etc.
Quel est notre niveau moral ? Ou pour mieux dire : quel est notre niveau d’Être ?
Tant que le niveau d’Être ne change pas radicalement, la répétition de toutes nos misères, nos scènes, nos malheurs et nos tourments va se poursuivre…
Toutes les choses, toutes les circonstances qui se produisent à l’extérieur de nous-mêmes, sur la scène de ce monde, sont exclusivement le reflet de ce que nous portons à l’intérieur de nous.
Alors, avec raison, nous pouvons affirmer solennellement que « l’extérieur est le reflet de l’intérieur. »
Quand quelqu’un change intérieurement, et qu’un tel changement est radical, l’extérieur, les circonstances, toute la vie changent par le fait même.
Dernièrement (1974), j’ai pu observer un groupe de gens qui ont envahi un terrain ne leur appartenant pas. Ici, au Mexique, de telles gens reçoivent le curieux qualificatif de « parachutistes ».
Ils sont voisins de la colonie rurale appelée Churubusco ; habitant tout près de chez moi, c’est ainsi que j’ai pu les étudier de près…
Être pauvre n’a jamais été un crime ; le plus grave n’est pas là, mais dans leur niveau d’Être…
Chaque jour, ils se battent entre eux, s’enivrent, s’insultent mutuellement, ils deviennent meurtriers de leurs propres compagnons d’infortune, ils vivent dans des cabanes tout à fait immondes où, au lieu de l’amour, règne la haine…
Plusieurs fois j’ai pensé que si l’un de ces individus éliminait de son intérieur la haine, la colère, la luxure, l’ivrognerie, la médisance, la cruauté, la calomnie, l’égoïsme, l’envie, l’orgueil, l’amour propre, etc., il plairait à d’autres personnes et, par la simple Loi des affinités psychologiques, il s’associerait avec des gens plus raffinés, plus spirituels ; il est alors évident que ces nouvelles relations apporteraient un changement social et économique définitif…
Ce serait le moyen qui permettrait à un tel individu d’abandonner la « porcherie », le « cloaque » immonde…
Donc, si réellement nous voulons un changement radical, la première chose qu’il nous faut comprendre, c’est que chacun de nous (qu’on soit blanc ou noir, jaune ou cuivré, ignorant ou érudit) se trouve à tel ou tel niveau d’Être.
Quel est notre niveau d’Être ? Y avez-vous déjà réfléchi ? Il sera impossible de passer à un autre niveau si nous ignorons l’état dans lequel nous nous trouvons.
Chapitre 2 – L’Échelle Merveilleuse
Nous devons désirer ardemment un changement véritable, sortir de cette routine abrutissante, de cette vie purement mécanique, fastidieuse…
Ce que nous devons d’abord comprendre bien clairement, c’est que chacun de nous, qu’il soit bourgeois ou prolétaire, très à l’aise ou de la classe moyenne, riche ou misérable, se trouve en réalité à tel ou tel niveau d’Être…
Le niveau d’Être de l’alcoolique est différent de celui de l’abstinent et celui de la prostituée très distinct de celui de la jeune fille vierge. Ce que nous disons ici est irréfutable, indiscutable…
Avant de poursuivre plus avant notre chapitre, nous n’avons rien à perdre à nous imaginer une échelle qui va de bas en haut, verticalement, avec un très grand nombre d’échelons…
Sans aucun doute possibles, nous nous trouvons sur l’un quelconques de ces échelons. Sur les échelons inférieurs se trouveront des individus pires que nous, sur les échelons au-dessus seront les personnes meilleures que nous…
Dans cette verticale extraordinaire, dans cette échelle merveilleuse, il est évident que nous rencontrons tous les niveaux d’Être… Chaque personne est différente et cela personne ne peut le réfuter…
Indubitablement, nous ne parlons pas ici des visages laids ou beaux, il ne s’agit pas non plus d’une affaire d’âge. Il y a des gens jeunes, d’autres vieux ; des vieillards qui sont sur le point de mourir, et des enfants qui viennent à peine de naitre…
La question du temps et des années : naitre, croitre, se développer, se marier, se reproduire, vieillir et mourir, relève exclusivement de la dimension horizontale…
Dans l’échelle merveilleuse, dans la verticale, le concept de temps n’existe pas. Sur les degrés de cette échelle se trouvent seulement des niveaux d’Être…
L’espérance mécanique des gens ne sert à rien ; ils croient qu’avec le temps les choses vont s’améliorer ; ainsi pensaient nos aïeuls et bisaïeuls ; les faits sont venus précisément nous démontrer le contraire…
Ce qui compte c’est le niveau d’Être, et cela est vertical. Nous nous trouvons sur un échelon, mais nous pouvons monter à un autre échelon…
L’échelle merveilleuse dont nous parlons et qui renvoie aux différents niveaux d’Être n’a certainement rien à voir avec le temps linéaire…
D’instant en instant, immédiatement au-dessus de nous, il y a un niveau d’Être plus élevé…
Ce niveau n’existe pas dans un quelconque futur horizontal lointain, mais ici et maintenant, au-dedans de nous-mêmes, dans la verticale…
Il est ostensible, et n’importe qui peut le comprendre, que les deux voies, l’horizontale et la verticale, se rencontrent de moment en moment dans notre intérieur psychologique et forment une croix…
La personnalité se développe et se manifeste dans la perspective horizontale de la vie. Elle nait et meurt dans le cours linéaire du temps, elle est périssable ; il n’existe aucun lendemain pour la personnalité du mort ; elle n’est pas l’Être…
Les niveaux d’Être, l’Être lui-même, ne relève pas du temps, il n’a rien à voir avec la ligne horizontale ; il se trouve à l’intérieur de nous-mêmes. Maintenant, dans la verticale…
Il serait manifestement absurde de chercher notre propre Être en dehors de nous-mêmes…
Il n’est pas superflu de bien établir le corolaire suivant : diplômes, promotions, avancements, etc., ne peuvent d’aucune façon, dans le monde physique extérieur, provenir une exaltation authentique, une réévaluation de l’Être, un passage à un échelon supérieur dans les niveaux d’Être…
Chapitre 3 – Rébellion Psychologique
Il n’est pas inutile de rappeler à nos lecteurs qu’il existe un point mathématique au-dedans de nous-mêmes…
Incontestablement, ce point ne se trouve ni dans le passé ni non plus dans le futur…
Celui qui veut découvrir ce point mystérieux doit le chercher ici et maintenant, au-dedans de lui-même, en cet instant exactement, pas une seconde avant ni une seconde après…
Les deux madriers vertical et horizontal de la sainte Croix se rencontrent, en ce point…
Nous nous trouvons donc, à chaque instant, devant deux chemins : l’horizontal et le vertical…
Il est ostensible que l’horizontal est très fréquenté ; c’est le chemin que « Monsieur et madame tout le monde » emprunte…
Il est évident que le vertical est différent ; c’est le chemin des rebelles intelligents, celui des révolutionnaires…
Quand on est en rappel de soi, quand on travaille sur soi-même sans s’identifier à tous les problèmes et tracas de la vie, on emprunte, en fait, le sentier vertical…
Il est certain que ce ne sera jamais une tâche facile d’éliminer les émotions négatives ; de perdre toute identification avec notre propre train de vie ; les problèmes de toutes sortes, affaires, dettes, paiement de factures, hypothèques, téléphone, eau, électricité, etc., etc., etc.
Les chômeurs, ceux qui pour une raison ou pour une autre ont perdu leur emploi, leur travail, souffrent évidemment d’un manque d’argent ; il est donc très difficile pour eux d’oublier leur situation, de ne pas s’inquiéter ni s’identifier avec leur problème.
Ceux qui souffrent, ceux qui pleurent, ceux-là qui ont été victimes d’une trahison ou d’une injustice dans la vie, de quelque calomnie ou fraude, ou d’ingratitude, vraiment s’oublient eux-mêmes, ils oublient leur Être réel intime quand ils s’identifient complètement avec leur tragédie morale…
Le travail sur soi-même est la caractéristique fondamentale du chemin vertical. Personne ne pourra fouler le sentier de la grande rébellion s’il ne travaille jamais sur lui-même…
Le travail auquel nous faisons allusion est de nature psychologique ; il concerne la décisive transformation qui a lieu dans le moment présent où nous nous trouvons. Nous devons apprendre à vivre d’instant en instant…
Par exemple, une personne qui se trouve désespérée devant quelque problème sentimental, économique ou politique, s’est, de toute évidence, oubliée elle-même…
Si cette personne s’arrête un instant, si elle observe la situation et essaie de se rappeler à elle-même, s’efforçant alors de comprendre le sens de son attitude…
Si elle réfléchit un peu, si elle pense que tout passe, que la vie est fugace, illusoire, et que la mort réduit en cendres toutes les vanités de ce monde…
Si elle comprend que son problème au fond n’est qu’un feu de paille, un feu follet qui s’éteint aussitôt, elle verra très vite et avec surprise que tout a changé…
Il est possible de transformer les réactions mécaniques par la confrontation logique et l’autoréflexion intime de l’Être…
Il est évident que les gens réagissent mécaniquement devant les diverses circonstances de la vie…
Pauvres gens ! Ils finissent toujours par se convertir en victimes. Quand quelqu’un les flatte, ils sourient, quand on les humilie, ils souffrent. Ils insultent si on les insulte ; ils injurient si on les injurie, ils ne sont jamais libres ; leurs semblables ont le pouvoir de les faire passer de la joie à la tristesse, de l’espoir au désespoir.
Chacune de ces personnes qui vont sur le chemin horizontal ressemble à un instrument de musique sur lequel chacun de ses semblables joue ce que bon lui semble…
Celui qui apprend à transformer les réactions mécaniques s’engage par le fait même sur le chemin vertical.
Cela représente un changement fondamental dans le niveau d’Être, résultat extraordinaire de la rébellion psychologique.
Chapitre 4 – L’Essence
Ce qui rend tout nouveau-né adorable et beau c’est son Essence ; l’Essence en elle-même constitue sa vraie réalité…
En toute créature, la croissance normale de l’Essence est certes très résiduaire, potentielle…
Le corps humain croît et se développe en accord avec les lois biologiques de l’espèce ; toutefois, en ce qui concerne l’Essence, de telles possibilités s’avèrent en soi extrêmement limitées…
Incontestablement, sans aide et par elle-même, l’Essence ne peut croitre qu’à un degré minime…
Pour parler franchement et sans ambages, nous dirons que la croissance naturelle et spontanée de l’Essence n’est possible que durant les trois, quatre ou cinq premières années de l’enfance, c’est-à-dire durant la première étape de la vie…
Les gens pensent que la croissance et le développement de l’Essence s’effectuent toujours de manière continue, en accord avec la mécanique de l’évolution, mais le Gnosticisme universel nous enseigne clairement qu’il n’en est pas ainsi…
Pour que l’Essence croisse davantage, quelque chose de très spécial, quelque chose de nouveau doit être réalisé.
Je veux faire allusion, très précisément, au travail sur soi-même ; le développement de l’Essence n’est possible que sur la base de travaux conscients et de pénitences volontaires…
Il est nécessaire de bien comprendre que ces travaux ne se rapportent pas à des questions d’ordre professionnel : banques, menuiserie, maçonnerie, règlements de douane, tâches de bureau…
Ce travail concerne toute personne qui a développé la personnalité ; il s’agit d’une chose psychologique…
Nous savons tous que nous avons au-dedans de nous-mêmes ce qu’on appelle : l’égo, le je, le moi-même, le soi-même…
Malheureusement, l’Essence se trouve embouteillée, empêtrée dans l’égo, et cela est désastreux.
Dissoudre le moi psychologique, désintégrer ses éléments indésirables est une chose indispensable, extrêmement urgente, impossible à ajourner… Voilà ce que signifie le travail sur soi-même.
Nous ne pourrons jamais libérer l’Essence si nous n’avons pas, auparavant, désintégré le moi psychologique…
Dans l’Essence se trouvent la religion, le Bouddha, la sagesse, les particules de douleur de notre Père qui est aux Cieux, et toutes les données qui nous sont nécessaires pour l’autoréalisation intime de l’Être.
Personne ne pourrait annihiler le moi psychologique sans avoir au préalable éliminé les éléments inhumains que nous portons en dedans de nous-mêmes…
Il nous faut réduire en cendres la cruauté monstrueuse de notre époque, l’envie qui malheureusement a fini par devenir le ressort secret de l’action, la convoitise insupportable qui a rendu la vie si amère, la dégoutante médisance, la calomnie qui est à l’origine de tant de tragédies, l’ivrognerie, l’immonde luxure qui fait tant de mal, etc., etc., etc.
À mesure que toutes ces abominations sont réduites en poussière cosmique, l’Essence, en plus de s’affranchir, croît et se développe harmonieusement…
Incontestablement, lorsque le moi psychologique est mort, l’Essence resplendit en nous…
L’Essence libérée nous confère une beauté intime ; et de cette beauté émanent la félicité parfaite et le véritable Amour…
L’Essence possède plusieurs sens de perfection et d’extraordinaires pouvoirs naturels…
Quand nous « mourons en nous-mêmes », quand nous dissolvons le moi psychologique, nous jouissons alors des précieux sens et pouvoirs de l’Essence…
Chapitre 5 – S’accuser Soi-Même
L’Essence que chacun de nous porte à l’intérieur de lui-même vient d’en haut, du Ciel, des étoiles…
Incontestablement, l’Essence merveilleuse provient de la note « LA » (la Voie lactée, la galaxie où nous vivons).
La précieuse Essence passe par la note « SOL » (le Soleil) ; et ensuite, par la note « FA » (la Zone planétaire), elle entre dans ce monde et pénètre à l’intérieur de nous.
Nos pères ont créé le corps approprié pour recevoir cette Essence qui vient des étoiles…
En travaillant intensivement sur nous-mêmes et en nous sacrifiant pour nos semblables, nous reviendrons victorieux dans le sein profond d’Uranie…
Nous vivons dans ce monde pour une raison précise, pour y accomplir quelque chose, dans un but spécial…
Évidemment, il y a en nous beaucoup de choses que nous devons voir, étudier et comprendre, si réellement nous aspirons à connaitre quelque chose sur nous-mêmes, sur notre propre vie…
Tragique est l’existence de celui qui meurt sans avoir connu la raison d’être de sa vie…
Chacun de nous doit découvrir par lui-même le sens de sa propre vie, et ce qui le retient prisonnier dans le carcan de la douleur…
Il y a ostensiblement en chacun de nous quelque chose qui nous rend la vie amère et contre quoi nous devons lutter avec fermeté…
Il ne nous est pas indispensable de continuer à vivre dans le malheur ; il est donc absolument urgent de réduire en poussière cosmique tout ce qui nous rend si faibles et misérables.
Rien ne sert de nous enorgueillir des titres, honneurs, diplômes, de l’argent, du vain rationalisme subjectif, des vertus réputées, etc., etc., etc.
Nous ne devons jamais oublier que l’hypocrisie et toutes les idiotes vanités de la fausse personnalité font de nous des gens bornés, gâteux, retardataires, réactionnaires, incapables de voir le nouveau…
La mort a plusieurs significations, tant positives que négatives. Considérons donc cette magnifique observation du grand Kabire Jésus le Christ.
« Que les morts enterrent leurs morts ». Beaucoup de gens, bien qu’ils semblent vivre, sont en fait morts pour tout travail possible sur eux-mêmes et, par conséquent, pour toute transformation intime.
Ce sont des personnes embouteillées dans leurs dogmes et leurs croyances ; des gens pétrifiés dans les souvenirs des jours depuis longtemps révolus ; des individus remplis de préjugés ancestraux ; des personnes esclaves des « qu’en-dira-t-on », épouvantablement tièdes, indifférentes ; parfois des « singes savants » convaincus de posséder la vérité parce qu’on leur a dit que c’était la vérité, etc., etc., etc.
Ces gens ne veulent pas comprendre que ce monde est un « gymnase psychologique » grâce auquel il nous est possible d’annihiler cette laideur secrète que tous nous portons au-dedans…
Si ces pauvres gens comprenaient dans quel état pitoyable ils se trouvent, ils frémiraient d’horreur…
Néanmoins, ces personnes ont toujours d’elles-mêmes la meilleure opinion ; elles se vantent prétentieusement de leurs vertus ; elles se sentent parfaites, bienveillantes, serviables, nobles, charitables, intelligentes, respectueuses de leurs devoirs, etc.
Comme école, la vie pratique est formidable, mais il est manifestement absurde de la prendre comme une fin en soi.
Ceux qui se laissent porter au gré de la vie de tous les jours n’ont pas compris la nécessité de travailler sur soi-même pour arriver à une transformation radicale.
Malheureusement, les gens vivent de manière mécanique, ils n’ont jamais entendu parler du travail intérieur…
Il est indispensable de changer, mais les gens ne savent pas comment changer ; ils souffrent beaucoup et ne savent même pas pourquoi ils souffrent…
Avoir de l’argent n’est pas tout. La vie de nombreuses personnes riches est en vérité fréquemment tragique…
Chapitre 6 – La Vie
Dans le domaine de la vie pratique, nous découvrons toujours des contrastes surprenants ; des gens opulents, avec de magnifiques résidences et de nombreux amis, souffrent parfois de manière épouvantable…
D’humbles prolétaires au pic et à la pelle, ou des personnes de la classe moyenne arrivent souvent à vivre dans le bonheur complet.
Beaucoup d’archimillionnaires souffrent d’impuissance sexuelle, et de riches matrones pleurent amèrement sur l’infidélité du mari…
Les riches de la terre ressemblent à des vautours dans des cages dorées, de nos jours ils ne peuvent plus vivre sans gardes du corps…
Les hommes d’État trainent des chaines, jamais ils ne sont libres, ils vont partout entourer de gens armés jusqu’aux dents…
Étudions cette situation de façon plus attentive. Nous devons savoir ce qu’est la vie. Chacun est libre d’avoir l’opinion qu’il lui plait…
Ils diront bien ce qu’ils veulent, assurément personne ne sait rien ; la vie est devenue un problème que plus personne ne comprend…
Lorsque les gens veulent nous raconter gratuitement l’histoire de leur vie, ils relatent des circonstances, citent des noms et des prénoms, des dates, etc., et ils ressentent une satisfaction à faire leur récit…
Ces pauvres gens ignorent que leur récit est incomplet parce qu’évènements, noms et dates ne sont que l’aspect extérieur du film, il manque l’aspect interne…
Il est urgent de connaitre les états de conscience : à chaque évènement correspond tel ou tel état animique.
Les états sont intérieurs et les évènements sont extérieurs ; les circonstances externes ne sont pas tout…
On entend par états intérieurs, les bonnes ou mauvaises dispositions, les préoccupations, la dépression, la superstition, la peur, la suspicion, la miséricorde, l’auto-considération, la surestimation de soi ; les états de bonheur, de réjouissance, etc., etc., etc.
Incontestablement, les états intérieurs peuvent exactement correspondre aux évènements extérieurs, ou être à l’origine d’eux, ou n’avoir aucun rapport avec eux…
En tout cas, états et évènements sont différents. Les évènements ne correspondent pas toujours exactement aux états qui y sont liés.
L’état intérieur d’une situation agréable pourrait ne pas correspondre à cette même situation.
L’état intérieur d’une situation désagréable pourrait ne pas correspondre à cette même situation.
Quand surviennent des évènements attendus depuis longtemps, nous sentons qu’il manque quelque chose…
Certainement, ce qui manque c’est l’état intérieur approprié qui doit se combiner à la circonstance extérieure…
Très souvent l’évènement inattendu est celui qui vient nous procurer les plus grandes joies…
Chapitre 7 – L’État Intérieur
Savoir vivre intelligemment, c’est combiner les états intérieurs avec les circonstances extérieures de manière correcte…
Tout évènement vécu intelligemment exige son état intérieur spécifique correspondant…
Malheureusement, quand les gens se remémorent leur vie, ils croient que la vie en elle-même est composée exclusivement d’évènements extérieurs…
Pauvres gens ! Ils pensent que si telle ou telle circonstance ne s’était pas produite, leur vie aurait été meilleure…
Ils supposent que le sort a joué contre eux et qu’ils ont perdu l’opportunité d’être heureux…
Ils se lamentent sur ce qu’ils ont perdu, pleurent sur ce qu’ils ont méprisé, gémissent en se rappelant les vieilles erreurs et calamités…
Les gens ne veulent pas se rendre compte que végéter n’est pas vivre, et que l’aptitude à vivre consciemment dépend exclusivement de la qualité des états intérieurs de l’Âme…
La beauté des circonstances externes de la vie n’est assurément d’aucune importance ; si au même moment nous ne sommes pas dans l’état intérieur approprié, les meilleurs évènements pourront nous sembler monotones, fatigants ou simplement abrutissants…
Quelqu’un attend avec anxiété la fête nuptiale, c’est un évènement ; mais il peut très bien arriver qu’au moment précis de l’évènement, il soit tellement préoccupé qu’il n’éprouve réellement aucun plaisir et que toute cette fête lui devienne aussi froide et aride qu’un protocole…
L’expérience nous a enseigné que pas toutes les personnes qui participent à un banquet ou à une réception s’amusent vraiment…
Au plus fort des festivités, il y a toujours quelqu’un qui s’emmerde et les pièces de théâtre les plus délicieuses réjouissent les uns et font pleurer les autres…
Très rares sont les personnes qui savent combiner consciemment l’évènement externe avec l’état interne approprié…
Il est déplorable que les gens ne sachent pas vivre consciemment ; ils rient quand ils devraient pleurer et pleurent quand ils devraient rire…
Le contrôle est différent : le sage peut être allègre, mais n’est jamais rempli de folle frénésie ; il peut être triste, mais jamais désespéré ou abattu ; serein au milieu de la violence, abstinent dans les orgies, chaste parmi les luxurieux, etc.
Les personnes mélancoliques et pessimistes pensent le pire de la vie et franchement elles n’ont aucun désir de vivre…
Tous les jours nous voyons des gens qui non seulement sont malheureux, mais qui, en outre, ce qui est pire, rendent la vie des autres aussi amère.
Ces gens ne changeraient pas, même s’ils vivaient quotidiennement de fête en fête ; ils portent en eux-mêmes la maladie psychologique… ces personnes ont des états intimes définitivement pervertis…
Néanmoins, de tels individus se qualifient eux-mêmes comme justes, saints, vertueux, nobles, serviables, martyrs, etc., etc., etc.
Ce sont des gens qui s’autoconsidèrent de façon excessive ; des personnes amoureuses d’elles-mêmes…
Des individus qui s’apitoient toujours sur eux-mêmes et qui sont constamment à la recherche d’échappatoires pour éluder leurs propres responsabilités…
De telles personnes sont habituées aux émotions inférieures et il est ostensible que, pour cette raison, elles ne cessent pas de créer quotidiennement des éléments psychiques infrahumains…
Les évènements malheureux, les revers de fortune, la misère, les dettes, les problèmes, etc. sont l’exclusivité de ces gens-là qui ne savent pas vivre…
N’importe qui peut se fabriquer une riche culture intellectuelle, mais rares sont les personnes qui ont appris à vivre correctement…
Quand quelqu’un veut séparer les évènements extérieurs des états intérieurs de la conscience, il démontre concrètement son incapacité à vivre dignement.
Ceux qui apprennent à combiner consciemment les évènements extérieurs et les états intérieurs marchent sur le chemin du succès…
Chapitre 8 – États Erronés
Incontestablement, dans la rigoureuse observation du moi-même, il est urgent et absolument indispensable de faire sans délai une différenciation logique et complète des circonstances extérieures de la vie pratique et des états intimes de la conscience.
Il nous faut de toute urgence savoir où nous sommes situés à tel ou tel moment, tant en ce qui concerne l’état intime de la conscience que dans la nature spécifique de la circonstance extérieure qui s’est produite.
La vie en elle-même est une série d’évènements qui se succèdent à travers le temps et l’espace…
Quelqu’un a dit : « La vie est une chaine de martyres, enchevêtrée dans l’Âme de l’homme… »
Chacun est tout à fait libre de penser ce qu’il veut ; je crois qu’aux plaisirs éphémères d’un instant fugace succèdent toujours le désenchantement et l’amertume…
Chaque évènement a sa saveur spéciale qui le caractérise, et les états intérieurs sont aussi de différentes sortes : ceci est indiscutable…
Il est certain que le travail intérieur sur soi-même porte, d’abord et avant tout, sur les divers états psychologiques de la conscience…
Personne ne pourrait nier qu’à l’intérieur de nous, nous sommes chargés de beaucoup d’erreurs et que règnent des états psychologiques erronés…
Si nous voulons réellement changer, nous devons de toute urgence modifier radicalement et sans délai ces états erronés de la conscience…
La modification absolue des états erronés est à l’origine de transformations totales dans le domaine de la vie pratique…
Quand quelqu’un travaille sérieusement sur ses états erronés, indubitablement, les situations désagréables de la vie ne peuvent plus le blesser aussi facilement…
La seule manière de comprendre ce que nous sommes en train de dire, c’est de le vivre ; de vraiment le ressentir sur le terrain même des faits…
Celui qui ne travaille pas sur lui-même est toujours victime des circonstances ; il est comme un misérable esquif dans les eaux tourmentées de l’océan…
Dans leurs multiples combinaisons, les circonstances changent sans cesse ; elles viennent l’une après l’autre comme des vagues, elles sont des influences…
Il y a sans nul doute de bonnes et de mauvaises circonstances ; certains évènements sont meilleurs ou pires que d’autres…
Il est possible de modifier les évènements ; d’altérer les résultats, de modifier les situations, etc., certes cela est au nombre des possibilités.
Cependant, il existe des situations qui ne peuvent en vérité être altérées ; dans ce cas, elles doivent être acceptées consciemment, même si certaines d’entre elles s’avèrent très dangereuses, ou douloureuses…
Incontestablement, la douleur disparait quand nous cessons de nous identifier au problème qui s’est présenté…
Nous devons considérer la vie comme une série successive d’états intérieurs ; une histoire authentique de notre vie particulière est composée de tous ces états…
En révisant la totalité de notre propre existence, nous pouvons constater par nous-mêmes de façon directe que plusieurs situations désagréables se sont produites à cause de nos états intérieurs erronés…
Bien qu’Alexandre le Grand fût toujours tempéré par nature, il se livra par orgueil à des excès qui entrainèrent sa mort…
François 1er mourut à cause d’un abominable et infect adultère dont l’histoire se rappelle encore très bien…
Quand Marat fut assassiné par une nonne perverse, il se mourait de vanité et d’envie et se croyait absolument juste…
Il est indéniable que les dames du « Parc des Cerfs » épuisèrent totalement la vitalité de l’affreux fornicateur qu’était Louis XV.
Les psychologues savent très bien que nombreuses sont les personnes qui meurent par ambition, colère, ou jalousie…
Aussitôt que notre volonté s’enferme irrévocablement dans une tendance absurde, nous devenons des candidats pour le cimetière ou le mausolée…
Othello devint un meurtrier à cause de sa jalousie, et les prisons sont remplies de gens sincères qui se sont trompés…
Chapitre 9 – Évènements Personnels
La pleine auto-observation intime du moi-même s’avère indispensable et pressante, quand il s’agit de découvrir les états psychologiques erronés.
Incontestablement, les états intérieurs erronés peuvent être corrigés au moyen des procédés adéquats.
Étant donné que la vie intérieure est l’aimant qui attire les évènements extérieurs, il nous faut dès maintenant et sans délai éliminer de notre psychisme les états psychologiques erronés.
Si nous voulons modifier de façon fondamentale la nature de certains évènements indésirables, il est indispensable de corriger les états psychologiques erronés.
Il est possible de changer notre relation avec des évènements déterminés, si nous éliminons de notre intérieur certains états psychologiques absurdes.
Des situations extérieures destructives pourraient devenir inoffensives, voire même constructives, au moyen d’une correction intelligente des états intérieurs erronés.
Nous pouvons changer la nature des évènements désagréables qui nous arrivent, si nous nous purifions nous-mêmes intimement. Celui qui ne corrige jamais ses états psychologiques absurdes, se croyant très fort, se convertit en victime des circonstances.
Il est vital, pour quiconque désire changer le cours d’une existence malheureuse, de mettre de l’ordre dans sa maison intérieure désordonnée.
Les gens se plaignent de tout, souffrent, pleurent, protestent, voudraient changer de vie et sortir de la détresse où ils se trouvent, mais malheureusement ils ne travaillent pas sur eux-mêmes.
Les gens ne veulent pas se rendre compte que leur vie intérieure attire les circonstances extérieures et que si celles-ci sont douloureuses, c’est à cause des états intérieurs absurdes.
L’extérieur n’est rien d’autre que le reflet de l’intérieur ; celui qui change intérieurement donne naissance à un nouvel ordre de choses.
Les évènements extérieurs ne peuvent jamais être aussi importants que notre façon de réagir face à eux.
Demeurez-vous serein devant celui qui vous insulte ? Recevez-vous de bonne grâce les manifestations désagréables de vos semblables ?
Comment réagissez-vous devant l’infidélité de l’être aimé ? Vous laissez-vous emporter par le venin de la jalousie ? Avez-vous tué ? Vous a-t-on emprisonné ?
Les hôpitaux, les cimetières ou mausolées, les prisons, sont remplis de gens sincères qui se sont fourvoyés, qui ont réagi de façon absurde devant les évènements extérieurs.
La meilleure arme qu’un homme puisse utiliser dans la vie, c’est un état psychologique correct.
On peut désarmer les enragés et démasquer les traitres au moyen des états intérieurs appropriés.
Les états intérieurs incorrects font de nous des victimes sans défense de la perversité humaine.
Apprenez à affronter les situations les plus désagréables de la vie pratique avec une attitude intérieure appropriée…
Ne vous identifiez plus avec aucun évènement ; rappelez-vous que tout passe ; apprenez à voir la vie comme un film et vous en tirerez profit…
N’oubliez pas que des évènements tout à fait insignifiants pourraient vous conduire au malheur si vous n’éliminez pas de votre psychisme les états intérieurs erronés.
À chaque évènement extérieur doit correspondre incontestablement un contenu approprié, c’est-à-dire, un état psychologique précis.
Chapitre 10 – Les Différents Moi
Le mammifère rationnel erronément appelé homme réellement ne possède pas une individualité définie.
Incontestablement, ce manque d’unité psychologique chez l’humanoïde est la cause de toutes ses difficultés et amertumes.
Le corps physique est une unité complète et il fonctionne comme un tout organique, à moins d’être malade.
Cependant, la vie intérieure de l’humanoïde n’est, en aucune façon, une unité psychologique.
Le plus grave de tout cela, en dépit de ce que disent les diverses écoles pseudo-ésotériques et pseudo-occultistes, c’est l’absence d’organisation psychologique dans le fond intime de chaque sujet.
Il est certain que, dans de telles conditions, il ne peut exister de travail harmonieux dans la vie intérieure des gens.
L’humanoïde, par rapport à son état intérieur, est une multiplicité psychologique, une somme d’égos, de moi.
Les ignorants instruits de cette époque ténébreuse rendent un culte au moi, ils le déifient, ils le mettent sur des autels et l’appellent Alter égo, Moi supérieur, Moi divin, etc., etc., etc.
Les pédants de cet âge noir dans lequel nous vivons ne veulent pas se rendre compte que le Moi supérieur et le Moi inférieur sont deux aspects du même égo pluralisé…
L’humanoïde n’a certainement pas de Moi permanent, mais une multitude de différents moi infrahumains et absurdes.
Le pauvre animal intellectuel incorrectement appelé homme, est semblable à une maison en désordre où, au lieu d’un maitre, se trouve une foule de serviteurs qui veulent tous commander et faire ce qu’ils ont envie…
La plus grande erreur du pseudo ésotérisme et du pseudo occultisme bon marché est de supposer que les autres possèdent, ou qu’on a soi-même, un Moi permanent et immuable, sans commencement ni fin…
Si ceux qui pensent ainsi éveillaient leur conscience, serait-ce qu’un instant, ils pourraient par eux-mêmes se rendre clairement à l’évidence que l’humanoïde rationnel n’est jamais le même très longtemps…
Du point de vue psychologique, le mammifère intellectuel change continuellement…
Penser qu’une personne qui s’appelle Louis reste toujours Louis, ressemble à une plaisanterie de mauvais gouts…
Cet individu appelé Louis porte en lui-même d’autres moi, d’autres égos, qui s’expriment à différents moments à travers sa personnalité, et même si Louis n’aime pas la cupidité, il y a un autre moi en lui —appelons-le Pépé— qui lui éprouve la cupidité et ainsi de suite…
Personne n’est le même de façon continue ; réellement, il n’est pas nécessaire d’être très perspicace pour apercevoir exactement les innombrables changements ou contradictions de chaque personne…
Supposer que quelqu’un possède un Moi permanent et immuable équivaut, dès lors, à une mystification envers notre prochain et envers nous-mêmes…
Au-dedans de chaque personne vivent de nombreuses personnes, de nombreux moi, et cela toute personne consciente, éveillée peut le constater par elle-même de façon directe…
Chapitre 11 – Le Cher Égo
Étant donné que supérieur et inférieur sont deux parties d’une même chose, il n’est pas superflu d’établir le corolaire suivant : « Moi supérieur, Moi inférieur » sont deux aspects d’un même égo ténébreux et pluralisé.
Ce qu’on nomme Moi divin ou Moi supérieur, Alter égo ou quoi que ce soit du genre, est certainement une supercherie du moi-même, une forme d’auto-tromperie.
Quand le moi veut continuer, ici et dans l’au-delà, il s’auto-trompe avec le faux concept d’un Moi divin immortel…
Aucun de nous n’a de Moi véritable, permanent, immuable, éternel, ineffable, etc., etc., etc.
Aucun de nous n’a vraiment une véritable et authentique Unité d’Être ; malheureusement, nous ne possédons même pas une individualité légitime.
Bien que l’égo continue à exister au-delà de la tombe, il a cependant un commencement et une fin.
L’égo, le moi, n’est jamais quelque chose d’individuel, d’unitaire, d’unitotal. De toute évidence, le MOI est une multiplicité de moi.
Au Tibet oriental on appelle ces moi des « agrégats psychiques » ou tout simplement « valeurs », que ces dernières soient positives ou négatives.
Si nous considérons chaque moi comme une personne différente, nous pourrons affirmer de façon péremptoire : « Au-dedans de chaque personne qui vit en ce monde existent plusieurs personnes. »
Incontestablement, à l’intérieur de chacun de nous vivent d’innombrables personnes différentes, certaines meilleures, d’autres pires…
Chacun de ces moi, chacune de ces personnes, lutte pour la suprématie, veut être exclusive et contrôle le cerveau intellectuel ou les centres moteur et émotionnel chaque fois qu’elle le peut, jusqu’à ce qu’une autre prenne sa place…
La Doctrine des multiples moi a été enseignée au Tibet oriental par de véritables clairvoyants, par d’authentiques illuminés…
Chacun de nos défauts psychologiques est personnifié par tel ou tel moi. Étant donné que nous avons des milliers, voire même des millions de défauts, ostensiblement, beaucoup de monde vit dans notre propre intérieur.
Dans une perspective psychologique, nous avons pu nous rendre clairement à l’évidence que les sujets égotistes et mythomanes n’abandonneraient pour rien au monde le culte de l’égo chéri.
Indéniablement, de telles gens vouent une haine mortelle à la Doctrine des multiples moi.
Lorsque quelqu’un veut vraiment se connaitre lui-même, il doit s’auto-observer et essayer de connaitre les différents moi qui se sont introduits dans sa personnalité.
Si l’un de nos lecteurs ne comprend pas encore cette Doctrine des multiples moi, c’est dû exclusivement au manque de pratique en matière d’auto-observation.
À mesure qu’on pratique l’auto-observation intérieure, on découvre peu à peu par soi-même une foule de gens, de moi, qui vivent dans notre propre personnalité.
Ceux qui nient la Doctrine des multiples moi, ceux qui adorent un Moi divin, ne se sont, sans nul doute, jamais auto-observés sérieusement. Pour nous exprimer à présent à la manière socratique, nous dirons que ces gens non seulement ignorent, mais en outre ignorent qu’ils ignorent.
Il est absolument certain que sans l’auto-observation profonde et sérieuse, jamais nous ne pourrions nous connaitre nous-mêmes.
Tant qu’un sujet quelconque continuera de se considérer comme UN, il est clair que tout changement intérieur sera tout à fait impossible.
Chapitre 12 – Le Changement Radical
Tant qu’un homme persiste dans l’erreur de se croire lui-même un, unique, individuel, il est évident que le changement radical sera on ne peut plus impossible.
Le fait même que le travail ésotérique commence par la rigoureuse observation de soi-même nous amène à découvrir une multitude de facteurs psychologiques, égos ou éléments indésirables qu’il est urgent d’extirper, de déraciner de notre intérieur.
Incontestablement, il ne serait en aucune façon possible d’éliminer des erreurs non connues. Il est urgent d’observer d’abord ce que nous voulons séparer de notre psychisme.
Ce type de travail n’est pas extérieur, mais intérieur et ceux qui pensent qu’un manuel de bonne éducation ou un système éthique externe et superficiel peut leur apporter le succès se méprennent en fait totalement.
Le fait concret et définitif que le travail intime commence en concentrant notre attention sur l’entière observation de nous-mêmes est une raison plus que suffisante pour démontrer qu’un effort personnel très particulier est exigé de chacun de nous.
Pour parler franchement et sans ambages, nous affirmerons avec véhémence que personne ne pourrait faire ce travail pour nous.
Aucun changement n’est possible dans notre psychisme sans l’observation directe de cet ensemble de facteurs subjectifs que nous portons en nous-mêmes.
Accepter le fait de la multiplicité des erreurs, tout en refusant la nécessité de l’étude et de l’observation directe de ces erreurs, c’est une évasion ou une échappatoire, une fuite face à soi-même, une forme d’autotromperie.
C’est seulement par l’effort rigoureux de l’observation judicieuse de nous-mêmes sans échappatoire d’aucune sorte que nous pourrons nous rendre vraiment à l’évidence que nous ne sommes pas « un », mais « plusieurs ».
Admettre la pluralité du moi et la mettre en évidence par l’observation rigoureuse sont deux aspects différents.
Quelqu’un peut accepter la Doctrine des multiples moi sans l’avoir jamais rendue évidente ; cette mise en évidence n’est possible qu’en s’auto-observant soigneusement.
Rejeter le travail d’observation intime, chercher des échappatoires est un signe flagrant de dégénérescence.
Tant qu’un homme entretient l’illusion qu’il est toujours une seule et même personne, il ne peut changer, et il est évident que la finalité de ce travail est précisément d’obtenir un changement graduel dans notre vie intérieure.
La transformation radicale est une possibilité bien définie qui est normalement perdue quand on ne travaille pas sur soi-même.
Le point initial du changement radical demeure caché tant que l’homme continue à se croire un.
Ceux qui rejettent la doctrine des multiples moi démontrent clairement qu’ils ne se sont jamais observés eux-mêmes sérieusement.
L’observation sévère de nous-mêmes sans échappatoires d’aucune sorte nous permet de vérifier par nous-mêmes la crue réalité que nous ne sommes pas « un », mais « plusieurs ».
Dans le monde des opinions subjectives, il y a diverses théories pseudo-ésotériques et pseudo-occultistes qui toujours servent d’allée pour se fuir soi-même…
Indiscutablement, l’illusion que nous sommes toujours une seule et même personne est un véritable écueil à l’auto-observation…
Quelqu’un pourrait dire : « Je sais que je ne suis pas un, mais plusieurs, la Gnose me l’a enseigné. » Une telle affirmation, bien qu’elle puisse être très sincère, ne serait évidemment, s’il n’y a pas une pleine expérience vécue de cet aspect doctrinaire, qu’une chose purement extérieure et superficielle.
Ce qui est fondamental, c’est de se rendre à l’évidence, d’expérimenter et de comprendre ; c’est la seule manière possible de travailler consciemment pour obtenir un changement radical.
Affirmer est une chose et comprendre en est une autre. Quand quelqu’un dit : « je comprends que je ne suis pas un, mais plusieurs », si sa compréhension est véritable, et pas seulement une parole en l’air, inconsistante, pur verbiage, alors cela indique, révèle, accuse, la pleine vérification de la Doctrine des multiples moi.
Connaissance et Compréhension sont deux choses différentes. La première relève du mental, la deuxième du cœur.
La simple connaissance de la Doctrine des multiples moi ne sert à rien ; malheureusement, de nos jours, la connaissance a dépassé de beaucoup la compréhension, car le pauvre animal intellectuel, erronément appelé homme, a exclusivement développé le côté de la connaissance, en oubliant de manière déplorable le côté correspondant de l’Être.
Connaitre la Doctrine des multiples moi et la comprendre est fondamental pour tout changement radical véritable.
Quand un homme commence à s’observer lui-même minutieusement, à partir du point de vue qu’il n’est pas un, mais plusieurs, assurément il a alors amorcé le travail sérieux sur sa nature intérieure.
Chapitre 13 – Observateur et Observé
Il est tout à fait clair et facile à comprendre que lorsque quelqu’un entreprend de s’observer lui-même sérieusement depuis le point de vue qu’il n’est pas un, mais plusieurs, il commence réellement à travailler sur tout ce qu’il charrie au-dedans de lui.
Les défauts psychologiques suivants sont un obstacle, un écueil, un empêchement, pour l’auto-observation intime : Mythomanie (délire des grandeurs, se croire un Dieu), Égolatrie (croyance en un Moi permanent : adoration sous toutes ses formes de l’alter égo), paranoïa (prétendre tout savoir, autosuffisance, fatuité, se croire infaillible, vanité mystique, une personne qui ne sait pas voir le point de vue de l’autre).
Tant que l’on persiste dans l’absurde conviction qu’on est un, qu’on possède un Moi permanent, tout travail sérieux sur soi-même s’avère absolument impossible.
Celui qui toujours se croit un, ne sera jamais capable de se séparer de ses propres éléments indésirables. Il considèrera chaque pensée, sentiment, désir, émotion, passion, affect, etc., comme des fonctionnalismes différents et non modifiables de sa propre nature et ira même se justifier devant les autres disant que tels ou tels défauts personnels sont de caractère héréditaire…
Celui qui accepte la Doctrine des multiples moi comprend sur la base de l’observation que chaque désir, pensée, action, passion, etc., correspond à un moi distinct, différent…
L’athlète de l’auto-observation intime travaille très sérieusement au-dedans de lui-même et s’efforce de séparer de son psychisme les différents éléments indésirables qu’il charrie en lui-même…
Si quelqu’un commence vraiment et très sincèrement à s’observer intérieurement, il se divise alors lui-même en deux : observateur et observé.
Si cette division ne se produisait pas, il est évident que jamais nous ne pourrions avancer dans la voie merveilleuse de l’auto-connaissance.
Comment pourrions-nous nous observer nous-mêmes si nous commettions l’erreur de refuser de nous diviser entre observateur et observé ?
Si cette division ne se produisait pas, il est clair que jamais nous ne pourrions avancer sur le chemin de l’auto-connaissance.
Indubitablement, tant que cette division ne se produit pas, nous continuons à être identifiés avec tous les processus du moi pluralisé…
Celui qui s’identifie aux divers processus du moi pluralisé est toujours victime des circonstances.
Comment pourrait-il modifier les circonstances, celui qui ne se connait pas lui-même ? Comment pourrait-il se connaitre lui-même, celui qui jamais ne s’est observé intérieurement ? De quelle façon quelqu’un pourrait-il s’auto-observer s’il ne se divise pas d’abord en observateur et observé ?
Or, personne ne peut entreprendre de changer radicalement tant qu’il n’est pas capable de dire : « Ce désir est un moi animal que je dois éliminer » ; « cette pensée égoïste est un autre moi qui me tourmente et que je dois désintégrer » ; « ce sentiment qui blesse mon cœur est un moi intrus qu’il est nécessaire de réduire en poussière cosmique »; etc., etc., etc.
Naturellement, cela est impossible pour quiconque ne s’est jamais divisé entre observateur et observé.
Celui qui prend tous ses processus psychologiques comme autant de fonctionnalismes d’un moi unique, individuel et permanent, se retrouve tellement identifié à toutes ses erreurs et les a tellement unies à lui-même qu’il a perdu pour cette raison la capacité de les séparer de son psychisme.
Il est indiscutable que les personnes de cette sorte ne pourront jamais changer radicalement ; ces gens sont condamnés à un échec total.
Chapitre 14 – Pensées Négatives
À l’époque involutive et décadente où nous vivons, penser profondément et avec une attention totale s’avère incongru.
Du centre intellectuel surgissent diverses pensées qui proviennent non pas d’un moi permanent comme le prétendent sottement les ignorants érudits, mais bien des différents moi en chacun de nous.
Lorsqu’un homme est en train de penser, il croit fermement que c’est en lui-même et par lui-même qu’il est en train de penser.
Le pauvre mammifère intellectuel ne veut pas se rendre compte que les multiples pensées qui traversent son esprit tirent leur origine des divers moi que nous portons au-dedans de nous.
Cela signifie que nous ne sommes pas de véritables individus pensants ; nous n’avons pas encore réellement de mental individuel.
Toutefois, chacun des différents moi que nous charrions au-dedans utilise notre centre intellectuel ; il l’utilise chaque fois qu’il le peut pour penser.
Il serait donc absurde de nous identifier à telle ou telle pensée négative et nuisible en croyant qu’elle nous appartient en propre.
Il est évident que telle ou telle pensée négative provient d’un certain moi qui, à un moment donné, a utilisé abusivement notre centre intellectuel.
Il y a toutes sortes de pensées négatives : suspicion, méfiance, mauvaise volonté envers une autre personne, jalousie passionnelle, jalousie religieuse, jalousie politique, jalousie des amis ou des parents, envie, luxure, vengeance, colère, orgueil, haine, cupidité, ressentiment, fraude, adultère, paresse gourmandise, etc., etc., etc.
Réellement, nous avons tellement de défauts psychologiques que même si nous avions un palais d’acier et mille langues pour parler nous n’arriverions pas à les énumérer tous complètement.
En guise de conséquence ou de corolaire à ce que nous venons de dire, il s’avère parfaitement ridicule de continuer à nous identifier avec les pensées négatives.
Étant donné qu’il est impossible qu’il existe un effet sans cause, nous affirmons solennellement qu’une pensée ne pourrait jamais exister par elle-même, par génération spontanée…
La relation entre penseur et pensée est ostensible ; chaque pensée négative a son origine dans un penseur différent.
En chacun de nous se trouvent autant de penseurs négatifs que de pensées du même genre.
Quand on envisage cette question depuis l’angle pluralisé de « penseurs et pensées », on voit que chacun des moi que nous charrions dans notre psychisme est à coup sûr un penseur différent.
Il y a incontestablement un très grand nombre de penseurs en nous ; toutefois, chacun d’eux, malgré qu’il ne représente qu’une partie, se prend pour le tout, à un moment donné…
Les mythomanes, les égotistes, les narcissiques, les paranoïaques, n’accepteraient jamais la thèse de la pluralité de penseurs, parce qu’ils s’aiment trop eux-mêmes ; ils se prennent pour le « papa de Tarzan » ou « la mère poule »…
Comment ces gens anormaux pourraient-ils accepter l’idée qu’ils ne possèdent pas un esprit individuel, génial, merveilleux ?…
Néanmoins, ces pédants ont d’eux-mêmes la meilleure opinion, et il leur arrive même de revêtir la tunique d’Aristipe pour faire montre de sagesse et d’humilité…
La légende des siècles nous raconte qu’Aristipe, voulant faire montre de sagesse et d’humilité, se vêtit d’une vieille tunique pleine de trous et de pièces ; prenant dans la main droite le Bâton de la Philosophie, il s’en fut par les rues d’Athènes…
On dit que lorsque Socrate le vit venir, il s’exclama d’une voix forte : « Oh Aristipe ! On voit ta vanité à travers les trous de ton vêtement ! »
Celui qui ne vit pas constamment en état d’alerte nouveauté, de perception alerte, en pensant qu’il est en train de penser, s’identifie très facilement avec n’importe quelle pensée négative.
Il résulte de ceci que le pouvoir sinistre du moi négatif, auteur de la pensée correspondante en question, se fortifie de façon déplorable.
Plus nous nous identifions à une pensée négative, plus nous serons esclaves du moi correspondant qui la caractérise.
Par rapport à la Gnose, au Chemin secret, au travail sur soi-même, nos propres tentations particulières se trouvent précisément dans les moi qui détestent la Gnose et le travail ésotérique, parce qu’ils n’ignorent pas que leur existence dans notre psychisme est mortellement menacée par la Gnose et par le travail.
Ces moi négatifs et querelleurs s’emparent facilement de certains rouages mentaux concentrés dans notre centre intellectuel et, conséquemment, ils proviennent des courants mentaux préjudiciables et nocifs.
Si nous acceptons ces pensées, ces moi négatifs qui, à un moment donné, contrôlent notre centre intellectuel, nous serons alors incapables de nous libérer de leurs résultats.
Jamais nous ne devons oublier que tout moi négatif s’autotrompe et qu’il trompe. Conclusion : il ment.
Chaque fois que nous ressentons une perte subite de force, quand le néophyte se sent déçu par la Gnose, par le travail ésotérique, quand il perd l’enthousiasme et abandonne le meilleur, il est évident qu’il a été abusé par quelque moi négatif.
Le moi négatif de l’adultère ruine les foyers et rend les enfants malheureux.
Le moi négatif de la jalousie trompe les êtres qui s’aiment et détruit leur bonheur.
Le moi négatif de l’orgueil mystique trompe les dévots sur le Chemin, et ceux-ci, se croyant sages, finissent par abhorrer leur Maitre et le trahir…
Le moi négatif fait appel à nos expériences personnelles, nos souvenirs, nos meilleures intentions, notre sincérité, et au moyen d’une rigoureuse sélection de tout cela, il présente n’importe quelle chose sous un faux jour, sous un aspect qui fascine, et alors vient l’échec…
Cependant, quand on découvre le moi en action, quand on a appris à vivre en état d’alerte, une telle supercherie devient impossible…
Chapitre 15 – L’Individualité
Croire qu’on est UN est assurément une plaisanterie de très mauvais gout ; malheureusement, nous avons tous cette vaine illusion au-dedans de chacun de nous.
Nous avons toujours, pitoyablement, la meilleure opinion de nous-mêmes, et il ne nous arrive jamais de comprendre que nous n’avons même pas d’individualité véritable.
Le pire de tout est que nous nous offrons même le luxe fallacieux de supposer que chacun de nous jouit d’une pleine conscience et d’une volonté propre.
Pauvres de nous ! Que nous sommes niais ! Il n’y a pas de doute que l’ignorance est la pire des disgrâces.
Au-dedans de chacun de nous existent plusieurs milliers d’individus différents, de sujets distincts, de moi ou de gens qui se querellent, qui se battent entre eux pour la suprématie, sans ordre ni aucune entente mutuelle.
Comme la vie serait différente si nous étions conscients, si nous nous éveillions de tous ces songes et fantaisies…
Mais, pour comble de malheur, les émotions négatives, l’auto-considération et l’amour-propre nous fascinent, nous hypnotisent, sans jamais nous permettre de nous rappeler à nous-mêmes, de nous voir tels que nous sommes…
Nous croyons avoir une seule et unique volonté, quand en réalité nous possédons de nombreuses volontés différentes (chaque moi a la sienne propre).
La tragicomédie de toute cette multiplicité intérieure s’avère effrayante ; les différentes volontés intérieures vivent en conflit continuel, se heurtent constamment entre elles, tirent dans différentes directions.
Si nous avions une véritable individualité, si nous possédions une unité au lieu d’une multiplicité, nous aurions aussi une continuité de propos, une conscience éveillée et une volonté particulière, individuelle.
Changer, voilà ce qui est indiqué, mais nous devons commencer par être sincères avec nous-mêmes.
Il nous faut faire un inventaire psychologique de nous-mêmes, pour connaitre ce que nous avons en trop et ce qui nous manque.
Il est possible d’obtenir une individualité, mais si nous croyons que nous l’avons telle possibilité disparaitra.
Il est évident que jamais nous ne lutterions pour obtenir quelque chose que nous croyons avoir déjà. La fantaisie nous fait croire que nous sommes possesseurs de l’Individualité et il existe même dans le monde des écoles qui enseignent cela.
Il est urgent de lutter contre la fantaisie, car elle nous fait apparaitre comme si nous étions ceci ou cela, quand, en réalité, nous sommes misérables, dévergondés et pervers.
Nous pensons que nous sommes des hommes quand, en vérité, nous sommes tout juste des mammifères intellectuels dépourvus d’individualité.
Les mythomanes se prennent pour des Dieux, des Mahatmas, etc., sans jamais soupçonner qu’ils n’ont pas même de mental individuel ni de volonté consciente.
Les égotistes adorent tellement leur cher égo, que jamais ils n’accepteraient l’idée de la multiplicité des égos au-dedans d’eux-mêmes.
Les paranoïaques, avec tout l’orgueil classique qui les caractérise, ne liraient même pas ce livre…
Il est indispensable de lutter à mort contre la fantaisie au sujet de nous-mêmes si vraiment nous ne voulons pas être victimes d’émotions artificielles et d’expériences trompeuses qui, en plus de nous mettre dans des situations ridicules, empêchent toute possibilité de développement intérieur.
L’animal intellectuel est tellement hypnotisé par sa fantaisie qu’il s’imagine être un lion ou un aigle quand, en vérité, il n’est rien de plus qu’un misérable ver de terre.
Jamais le mythomane n’accepterait ces affirmations pourtant fondées sur des faits ; évidemment, quoi que l’on dise, lui se voit Archihiérophante ; sans soupçonner que la fantaisie n’est rien, tout simplement, « rien d’autre que fantaisie. »
La fantaisie est une force réelle qui agit universellement sur l’humanité et qui maintient l’humanoïde intellectuel dans un état de sommeil, lui faisant croire qu’il est déjà un homme, qu’il possède une véritable Individualité, une volonté, une conscience éveillée, un mental particulier, etc., etc., etc.
Tant que nous pensons que nous sommes un, nous ne pouvons pas bouger de l’état où nous sommes. Nous demeurons stagnants et, finalement, nous dégénérons, nous involuons.
Chacun de nous se trouve à une étape psychologique déterminée et nous ne pourrons sortir de cette même étape que si nous découvrons directement toutes ces personnes ou Égos qui vivent à l’intérieur de notre personne.
Il est clair que c’est au moyen de l’auto-observation intime que nous pourrons voir les gens qui vivent dans notre psychisme et qu’il faut éliminer pour obtenir la transformation radicale.
Cette perception, cette auto-observation, change fondamentalement toutes les conceptions erronées que nous avions sur nous-mêmes, et nous finissons par nous rendre concrètement à l’évidence que nous ne possédons pas de véritable individualité.
Tant que nous refuserons de nous auto-observer, nous vivrons dans l’illusion que nous sommes un, et par conséquent notre vie sera erronée.
Il est impossible d’établir des relations correctes avec nos semblables tant qu’on ne réalise pas un changement intérieur dans les profondeurs de notre psychisme.
Toute transformation intime exige l’élimination préalable des moi que nous portons au-dedans de nous.
Nous ne pourrions en aucune manière éliminer ces moi si nous ne les avions pas observés dans notre intérieur.
Ceux-là qui se perçoivent comme UN, qui ont d’eux-mêmes la meilleure opinion, qui n’accepterait jamais la Doctrine de la pluralité, ne désirent pas non plus observer les moi et, par conséquent, toute possibilité de changement devient pour eux impossible.
Changer sans éliminer est impossible ; mais celui qui se croit possesseur d’une Individualité, s’il accepte qu’il doit éliminer, ignore, en réalité, ce qu’il doit éliminer.
Cependant, nous ne devons pas oublier que celui qui croit être un s’est auto-trompé, il croit bien sûr qu’il sait ce qu’il doit éliminer, mais, en vérité, il ne sait même pas qu’il ne sait pas, il est un ignorant instruit.
Pour nous « individualiser », nous devons nous « déségoïstifier », mais on ne peut se déségoïstifier si l’on croit que l’on possède l’individualité.
L’individualité est sacrée à cent pour cent ; rares sont ceux qui la possèdent, mais tous pensent qu’ils l’ont.
Comment pourrions-nous éliminer les moi si nous croyons que nous avons un Moi unique ?
Assurément, seul celui qui ne s’est jamais auto-observé sérieusement pense qu’il a un Moi unique.
Cependant, nous devons être très clairs dans cet enseignement parce qu’il y a le danger psychologique de confondre l’individualité authentique avec le concept d’une sorte de Moi supérieur ou quoique ce soit du même genre.
L’individualité sacrée est bien au-delà de toute forme de moi, elle est ce qui a toujours été, ce qui est, et ce qui sera toujours.
L’individualité légitime est l’Être et la raison d’être de l’Être, est ce même Être.
On doit distinguer l’Être et le moi. Ceux qui confondent le moi avec l’Être ne se sont certainement jamais auto-observés sérieusement.
Tant que l’Essence, la conscience, demeurera embouteillée dans toute cette masse de moi que nous portons au-dedans de nous, le changement radical sera tout à fait impossible.
Chapitre 16 – Le Livre de la Vie
Une personne est ce que sa vie est. Ce qui continue au-delà de la mort, c’est la vie. Ceci est la signification du livre de la vie, qui s’ouvre avec la mort.
Si nous considérons cette question d’un point de vue strictement psychologique, un jour quelconque de notre vie est réellement, une réplique miniature de la totalité de la vie.
De tout ceci nous pouvons inférer ce qui suit : si un homme ne travaille pas sur lui-même aujourd’hui, il ne changera jamais.
Quand on affirme que l’on veut travailler sur soi-même et qu’on ne le fait pas maintenant, reportant ce travail au lendemain, une telle affirmation est un simple projet et rien de plus, parce qu’aujourd’hui constitue la réplique de toute notre vie.
Il existe un dicton populaire qui dit : « Ne remets jamais à demain ce que tu peux faire aujourd’hui. »
Si un homme dit : « Demain, je vais travailler sur moi-même », jamais il ne travaillera sur lui-même, parce qu’il y aura toujours un lendemain.
Ceci est très similaire à l’avertissement, l’annonce ou l’écriteau que certains commerçants affichent dans leur boutique : « Aujourd’hui pas de crédit, mais demain oui. »
Si quelqu’un dans le besoin vient solliciter du crédit, il bute contre ce terrible avertissement, et s’il revient le lendemain, il retrouve le fâcheux écriteau.
En psychologie, cela s’appelle, « la maladie du lendemain ». Tant qu’un homme dit demain, jamais il ne changera.
Nous devons avec la plus grande urgence, et sans aucun délai, travailler sur nous-mêmes aujourd’hui, et non pas rêver paresseusement à un futur ou à une opportunité extraordinaire.
Ceux qui disent : « Je vais avant faire ceci ou cela, et après je travaillerai », ne travailleront jamais sur eux-mêmes ; ceux-là sont les habitants de la terre mentionnés dans les saintes Écritures.
J’ai connu un puissant propriétaire terrien qui disait : « Il faut d’abord que j’agrandisse ma fortune, et ensuite je vais travailler sur moi-même. »
Je lui rendis visite alors qu’il était malade et sur le point de mourir, et je lui posais la question suivante : « Voulez-vous toujours grossir vos richesses ? »
« Je regrette vraiment d’avoir perdu mon temps », me répondit-il. Quelques jours plus tard, il mourut, après avoir reconnu son erreur.
Cet homme possédait plusieurs terres, mais il voulait encore s’emparer des propriétés voisines, « arrondir » son avoir, afin que sa ferme soit limitée exactement par quatre chemins.
« Chaque jour suffit sa peine ! » disait le Grand Kabire Jésus. Nous devons nous auto-observer aujourd’hui même, chaque jour étant une miniature de notre vie entière.
Quand un homme commence à travailler sur lui-même, aujourd’hui même, quand il observe ses aversions et ses peines, il marche sur le chemin du succès.
Il ne serait pas possible d’éliminer ce que nous ne connaissons pas. Il nous faut d’abord observer nos propres erreurs.
Nous devons non seulement connaitre notre vie quotidienne, mais aussi notre relation avec elle. Il y a certes l’ordinaire de tous les jours, que chaque personne expérimente directement, mais aussi les situations insolites, inusitées.
Il s’avère intéressant d’observer la récurrence journalière, la répétition des paroles et des évènements, avec chaque personne, etc.
Cette répétition ou récurrence d’évènements et de paroles mérite d’être étudiée, car elle nous conduit à la connaissance de nous-mêmes.
Chapitre 17 – Créatures Mécaniques
En aucune manière nous ne pourrions contester la Loi de Récurrence, qui se perpétue à chaque instant de notre vie.
Indéniablement, chaque jour de notre existence il y a répétition des évènements, états de conscience, désirs, paroles, pensées, volitions, etc.
Il est évident que si on ne s’auto-observe pas, on ne peut pas se rendre compte de cette incessante répétition quotidienne.
Il en résulte clairement que celui qui ne sent aucun intérêt pour s’observer lui-même ne désirera pas non plus travailler pour parvenir à une véritable et radicale transformation.
Et pour comble des combles, il y a des gens qui veulent se transformer sans travailler sur eux-mêmes.
Nous ne nions pas le fait que chacun a droit à la félicité réelle de l’esprit, mais il est aussi certain que cette félicité sera plus qu’impossible si nous ne travaillons pas sur nous-mêmes.
N’importe qui peut changer intimement quand, en vérité, il entreprend de modifier ses réactions devant les diverses situations qui surviennent chaque jour.
Cependant, nous ne pourrons pas modifier notre manière de réagir devant les évènements de la vie pratique si nous ne travaillons pas sérieusement sur nous-mêmes.
Il nous faut changer notre manière de penser, être moins négligents, devenir plus sérieux et prendre la vie de façon différente, dans son sens réel et pratique.
Cependant, si nous continuons tels que nous sommes, nous comportant tous les jours de la même façon, répétant les mêmes erreurs, avec la même négligence de toujours, toute possibilité de changement sera, en fait, éliminée.
Si on veut vraiment arriver à se connaitre soi-même, on doit commencer par observer sa propre conduite devant les situations de n’importe quel jour de notre vie.
Nous ne voulons pas dire par là qu’on ne doit pas s’observer soi-même journellement, nous voulons simplement affirmer qu’il doit y avoir un premier jour pour commencer à nous observer.
En toute chose il doit y avoir un commencement, et commencer par observer notre conduite un jour quelconque de notre vie est un bon début.
Observer nos réactions mécaniques devant tous les menus détails, dans notre chambre, dans la salle à manger, au salon, à la maison, au foyer comme au travail ou dans la rue, etc., ce que nous disons, sentons et pensons, voilà certainement la chose la mieux indiquée.
L’important c’est de voir ensuite comment, de quelle manière on peut changer ces réactions ; toutefois, si nous croyons que nous sommes de bonnes personnes, que jamais nous ne nous comportons de façon inconsciente et incorrecte, jamais nous ne changerons.
D’abord et avant tout, nous devons comprendre que nous sommes des robots-humains, de simples marionnettes contrôlées par des agents secrets, par des moi cachés.
À l’intérieur de notre personne vivent beaucoup de personnes, jamais nous ne sommes identiques ; c’est tantôt une personne mesquine qui se manifeste en nous, et tantôt une personne irritable, à d’autres moments une personne charmante, bienveillante, et plus tard une personne scandaleuse ou calomniatrice, ensuite un saint et après un fieffé menteur, etc.
Nous avons des gens de toute catégorie au-dedans de chacun de nous, des moi de toute espèce. Notre personnalité n’est rien de plus qu’une marionnette, une poupée parlante, une chose mécanique.
Commençons par nous comporter consciemment pendant une petite partie de la journée ; il nous faut cesser d’être de simples machines, ne serait-ce que quelques brèves minutes chaque jour, cela influera de manière décisive sur notre existence.
Lorsque nous nous auto-observons et que nous refusons de faire ce que veut tel ou tel Égo, il est clair que nous cessons peu à peu d’être des machines.
Un seul moment pendant lequel on est assez conscient pour cesser d’être une machine, si on y est parvenu volontairement, suffit à modifier radicalement beaucoup de circonstances désagréables.
Malheureusement nous vivons jour après jour une vie mécanique, routinière, absurde. Nous répétons les mêmes actes, nos habitudes restent les mêmes ; jamais nous n’avons cherché à les modifier, elles sont le rail mécanique sur lequel circule le train de notre misérable existence, mais nous n’en avons pas moins la meilleure opinion de nous-mêmes…
De tous côtés abondent les mythomanes, ceux qui se croient des Dieux ; créatures mécaniques, routinières, personnages qui se trainent dans la terre boueuse, misérables marionnettes manœuvrées par divers moi, de telles gens ne travailleront pas sur eux-mêmes…
Chapitre 18 – Le Pain Suprasubstantiel
Si nous observons attentivement n’importe quel jour de notre vie, nous verrons à coup sûr que nous ne savons pas vivre consciemment.
Notre vie ressemble à un train en marche, se déplaçant sur les rails fixes des habitudes mécaniques, rigides, d’une existence vaine et superficielle.
Le plus curieux, c’est que jamais il ne nous arrive de modifier nos habitudes, il semble que nous ne sommes pas fatigués de toujours répéter les mêmes choses.
Les habitudes nous ont pétrifiés, mais nous pensons que nous sommes libres ; nous sommes affreusement laids, mais nous nous croyons des Apollons…
Nous sommes des gens mécaniques ; raison plus que suffisante pour manquer de toute intuition véritable de ce qui se passe dans la vie.
Nous nous mouvons quotidiennement dans la vieille ornière de nos habitudes surannées et absurdes, et ainsi il est clair que nous n’avons pas de véritable vie ; nous végétons misérablement, au lieu de vivre, et nous ne recevons pas de nouvelles impressions.
Si une personne commençait consciemment sa journée, il est ostensible que cette journée serait très différente des autres jours.
Quand on prend la totalité de sa vie comme cette journée que nous sommes en train de vivre, quand on ne remet pas au lendemain ce qu’on doit faire aujourd’hui même, on arrive réellement à connaitre ce que signifie travailler sur soi-même.
Il n’y a jamais de jour sans importance ; si vraiment nous voulons nous transformer radicalement, nous devons nous regarder, nous observer et nous comprendre journellement.
Cependant, les gens ne veulent pas se voir eux-mêmes ; quelques-uns tout en ayant envie de travailler sur eux-mêmes justifient leur négligence par des phrases comme celle-ci : « Le travail au bureau ne me permet pas de travailler sur moi-même ». Paroles dénuées de sens, creuses, absurdes, vaines qui servent seulement à justifier l’indolence, la paresse, le manque d’amour pour la Grande Cause.
Il est évident que les gens de cette sorte, même s’ils éprouvent de grandes inquiétudes spirituelles, ne changeront jamais.
Il est extrêmement urgent, impossible à ajourner, de nous observer nous-mêmes. L’auto-observation intime est fondamentale pour obtenir le changement véritable.
Quel est votre état psychologique au lever ? Quel est votre état d’âme durant le déjeuner ? Êtes-vous impatient avec la bonne ? Avec votre épouse ? Pourquoi êtes-vous impatient ? Qu’est-ce donc qui vous tracasse toujours ? Etc.
Fumer ou manger moins n’est pas tout le changement, même si cela indique un certain progrès. Nous savons bien que le vice et la gloutonnerie sont inhumains et bestiaux.
Il n’est pas bien que celui qui s’est consacré au Chemin Secret ait un corps physique excessivement gros et un ventre volumineux et hors de toute proportion harmonieuse. Cela indiquerait la gloutonnerie, la gourmandise, voire même la paresse.
La vie quotidienne, la profession, l’emploi, bien qu’il soient vitaux pour notre existence, représentent le sommeil de la conscience.
Savoir que la vie est un songe ne signifie pas qu’on l’a compris. La compréhension vient avec l’auto-observation et le travail intense sur soi-même.
Pour travailler sur soi il est indispensable de travailler sur sa vie quotidienne, aujourd’hui même, et alors on comprendra ce que signifie cette phrase de la prière du Seigneur : « Donne-nous notre Pain de chaque jour. »
La phrase « chaque jour » signifie en grec le « Pain suprasubstantiel » ou le « Pain d’En-haut ».
La Gnose donne ce Pain de Vie dans le double sens des idées et des forces qui nous permettent de désintégrer les erreurs psychologiques.
Chaque fois que nous réduisons en poussière cosmique tel ou tel moi, nous obtenons une expérience psychologique, nous mangeons du « Pain de la sagesse », nous recevons une nouvelle connaissance.
La Gnose nous offre le « Pain suprasubstantiel », le « Pain de la sagesse », et nous montre avec précision la nouvelle vie qui nait en nous-mêmes, au-dedans de nous-mêmes, ici et maintenant.
Or donc, personne ne peut modifier sa vie ou changer quoi que ce soit par rapport aux réactions mécaniques de l’existence, à moins de compter avec l’aide de nouvelles idées et de recevoir l’assistance divine.
La Gnose donne ces idées neuves et enseigne le modus operandi par lequel on peut être assisté par des Forces supérieures au mental.
Nous devons préparer les centres inférieurs de notre organisme pour recevoir les idées et la force qui viennent des Centres supérieurs.
Dans le travail sur soi-même, il n’y a rien de négligeable. Toute pensée, si insignifiante qu’elle soit, mérite d’être observée. Toute émotion négative, réaction, etc., dois être observée.
Chapitre 19 – Le Bon Maitre de Maison
Se séparer des effets désastreux de la vie, en cette époque ténébreuse, est certainement très difficile, quoiqu’indispensable, si l’on ne veut pas être dévoré par la vie.
N’importe quel travail que l’on accomplit sur soi-même, dans l’intention d’obtenir un développement animique ou spirituel, dépend toujours de l’isolement, très bien compris, car sous l’influence de la vie telle que nous l’avons toujours vécue, il n’est pas possible de développer autre chose que la personnalité.
Nous ne voudrions en aucune façon nous opposer au développement de la personnalité ; nul doute que la personnalité est nécessaire dans l’existence, mais il n’en est pas moins certain que c’est une chose purement artificielle, ce n’est pas le vrai, le réel, en nous.
Si le pauvre mammifère intellectuel erronément appelé homme ne s’isole pas, mais continue à s’identifier à toutes les situations de la vie pratique, à gaspiller ses forces en émotions négatives, en auto-considération personnelle, en vain bavardage insubstantiel et jacasserie absurde, nullement constructive, alors aucun élément réel ne pourra se développer en lui, en-dehors de ce qui appartient au monde de la mécanicité.
Assurément, celui qui veut vraiment obtenir en lui le développement de l’Essence, doit s’efforcer d’être hermétiquement clos. Cela se réfère à quelque chose d’intime, en relation étroite avec le silence.
L’expression nous vient des temps anciens, quand on enseignait secrètement une Doctrine sur le développement intérieur de l’homme, et en rapport avec le nom d’Hermès.
Si l’on veut que quelque chose de réel croisse dans son intériorité, il est clair qu’on doit éviter la fuite de ses énergies psychiques.
Quand on a des fuites d’énergie et qu’on n’est pas retiré en son intimité, il est indiscutable qu’alors on ne pourra pas obtenir le développement de quelque chose de réel dans son psychisme.
La vie ordinaire, commune et courante, veut nous dévorer implacablement ; nous devons lutter journellement contre la vie, nous devons apprendre à nager contre le courant…
Ce travail va à l’encontre de la vie, il s’agit de quelque chose de très différent de la vie de tous les jours et que nous devons cependant pratiquer d’instant en instant ; je veux me référer à la Révolution de la conscience.
Il est évident que si notre attitude envers la vie quotidienne est fondamentalement erronée, si nous croyons que tout doit bien marcher pour nous, alors viendront inévitablement les déceptions…
Les gens veulent que les choses les favorisent, « c’est ainsi parce que c’est ainsi », parce que tout doit marcher selon leurs plans, mais la crue réalité est différente : tant qu’on ne change pas intérieurement, que cela nous plaise se ou non, on sera toujours victime des circonstances.
Il s’est dit et s’est écrit sur la vie beaucoup de stupidités sentimentales, mais ce traité de psychologie révolutionnaire est différent.
Cette doctrine va à la source, aux faits concrets, clairs et définitifs ; elle affirme de façon péremptoire que l’animal intellectuel improprement appelé homme est un bipède mécanique, inconscient, endormi.
Le bon maitre de maison n’accepterait jamais la psychologie révolutionnaire ; il accomplit tous ses devoirs de père, d’époux, etc., et pour cette raison il a de lui-même la meilleure opinion. Cependant, il ne sert qu’aux fins de la nature et c’est tout.
Par opposition, nous dirons qu’il existe aussi le bon maitre de maison qui nage contre le courant, qui ne veut pas se laisser dévorer par la vie. Cependant, ces individus sont toujours très rares, le monde n’en regorge pas.
Si quelqu’un pense en accord avec les idées de ce traité de psychologie révolutionnaire, il obtient une juste vision de la vie.
Chapitre 20 – Les Deux Mondes
Observer et s’observer soi-même sont deux choses complètement différentes, néanmoins les deux exigent de l’attention.
Dans l’observation, l’attention est orientée vers le dehors, vers le monde extérieur, à travers les fenêtres des sens.
Dans l’auto-observation de soi-même, l’attention est orientée vers le dedans et pour cela, les sens de perception externe ne servent pas, raison plus que suffisante pour rendre difficile au néophyte l’observation de ses processus psychologiques intimes.
Le point de départ de la science officielle, dans son aspect pratique, est ce qui est observable. Le point de départ du travail sur soi-même est l’auto-observation, l’auto-observable.
Incontestablement, ces deux points de départ nous mènent dans des directions complètement différentes.
Quelqu’un pourrait vieillir, empêtré dans les dogmes intransigeants de la science officielle, étudiant des phénomènes extérieurs, observant des cellules, des atomes, des molécules, des soleils, des étoiles, des comètes, etc., sans expérimenter au-dedans de lui-même aucun changement radical.
Le genre de connaissance qui transforme intérieurement une personne ne pourrait jamais être obtenu au moyen de l’observation extérieure.
La véritable connaissance qui réellement peut provenir en nous un changement intérieur fondamental a pour base l’auto-observation directe de soi-même.
Il est urgent de dire à nos étudiants gnostiques qu’ils doivent s’observer eux-mêmes et dans quel sens ils doivent s’auto-observer et les raisons pour le faire.
L’observation est un moyen pour modifier les conditions mécaniques du monde. L’auto-observation intérieure est un moyen pour changer intimement.
En guise de conséquence ou de corolaire de tout ceci, nous pouvons et nous devons affirmer avec force qu’il existe deux catégories de connaissance, l’externe et l’interne, et que, à moins d’avoir en nous-mêmes le centre magnétique capable de différencier les qualités de la connaissance, le mélange des deux plans ou ordre d’idées pourrait nous conduire à la confusion.
Les sublimes doctrines pseudo-ésotériques, enlignées sur une perspective scientifique, appartiennent au domaine de l’observable, cependant elles sont acceptées par beaucoup d’aspirants comme connaissance interne.
Nous nous trouvons donc devant deux mondes, l’extérieur et l’intérieur. Le premier est perçu par les sens de perception externe ; le second peut être perçu seulement par le sens de l’auto-observation interne.
Les pensées, idées, émotions, désirs, espérances, déceptions, etc., sont intérieures, invisibles pour les sens ordinaires communs et courants, et cependant ils sont pour nous plus réels que la table à manger ou les fauteuils du salon.
Il est certain que nous vivons davantage dans notre monde intérieur que dans le monde extérieur ; cela est irréfutable.
Dans nos Mondes internes, dans notre monde secret, nous aimons, désirons, soupçonnons, approuvons, maudissons, luttons, souffrons, jouissons, nous sommes trompés, récompensés, etc., etc., etc.
Incontestablement, les deux mondes, interne et externe sont vérifiables expérimentalement. Le monde extérieur est l’observable. Le monde intérieur est l’auto-observable, en lui-même et à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant.
Celui qui, en vérité, veut connaitre les « mondes internes » de la planète Terre ou du système solaire ou de la galaxie dans laquelle nous vivons doit connaitre auparavant son monde intime, sa vie intérieure, particulière, ses propres mondes internes. « Homme, connais-toi toi-même et tu connaitras l’Univers et les Dieux. »
Plus on explore ce monde intérieur appelé le « soi-même » et plus on comprendra que l’on vit simultanément dans deux mondes, deux réalités, deux espaces, l’extérieur et l’intérieur.
De même qu’il est indispensable à chacun d’apprendre à marcher dans le « monde extérieur », à prendre garde aux précipices, à ne pas se perdre dans les rues de la ville, à sélectionner ses amis, à ne pas s’associer avec des gens pervers, à ne pas manger de poison, etc., de la même manière, grâce au travail psychologique sur soi-même, nous apprenons à marcher dans le « Monde intérieur », lequel est explorable au moyen de l’auto-observation de soi.
Réellement, le sens de l’auto-observation de soi-même se trouve atrophié dans la race humaine décadente de cette époque ténébreuse dans laquelle nous vivons.
À mesure que nous persévèrerons dans l’auto-observation de nous-mêmes, le sens de l’auto-observation intime se développera progressivement.
Chapitre 21 – Observation de Soi-Même
L’auto-observation intime de soi-même est un moyen pratique pour parvenir à une transformation radicale.
Connaitre et observer sont deux choses différentes. Beaucoup confondent l’observation de soi et la connaissance. On peut connaitre qu’on est assis sur une chaise dans un salon, mais cela ne signifie pas que nous sommes en train d’observer la chaise.
Nous connaissons qu’à un moment donné nous nous trouvons dans un état négatif, peut-être à cause de quelque problème, ou préoccupés par telle ou telle affaire, ou dans un état d’inquiétude ou d’incertitude, etc., mais cela ne signifie pas que nous sommes en train d’observer cet état.
Ressentez-vous de l’antipathie pour quelqu’un ? Vous ne supportez pas telle personne ? Pourquoi ? Vous direz que vous connaissez cette personne. Je vous en prie ! Observez-la, connaitre n’est jamais observer ; ne confondez pas connaitre et observer…
L’observation de soi est cent pour cent active, c’est un moyen pour se changer soi-même, alors que le connaitre, qui est passif, n’en est pas un.
Connaitre n’est certainement pas un acte d’attention. L’attention dirigée vers le dedans de soi-même, vers ce qui arrive dans notre intérieur, est à coup sûr quelque chose de positif, d’actif…
Dans le cas où l’on ressent de l’antipathie envers une personne, tout simplement comme ça, parce que l’envie nous en vient et souvent sans aucun motif, on peut remarquer la multitude de pensées qui s’accumulent dans le mental, le groupe de voix qui parlent et crient de façon désordonnée à l’intérieur de soi-même, les choses qu’elles disent, les émotions désagréables qui surgissent à l’intérieur de nous, la saveur désagréable que laisse tout ceci dans notre psychisme, etc., etc., etc.
Évidemment, nous nous rendrons aussi compte que dans un tel état nous traitons intérieurement très mal la personne pour qui nous avons de l’antipathie.
Mais pour voir tout cela, il est indiscutablement nécessaire d’avoir l’attention dirigée intentionnellement vers l’intérieur de nous-mêmes ; une attention active, non passive.
L’attention dynamique provient, réellement, du côté qui observe, tandis que les pensées et les émotions appartiennent au côté observé.
Tout ceci nous fait comprendre que le connaitre est quelque chose de complètement passif et mécanique, en contraste évident avec l’observation de soi, qui est un acte conscient.
Nous ne voulons pas dire par ceci que l’observation mécanique de soi n’existe pas, mais plutôt que ce type d’observation n’a rien à voir avec l’auto-observation psychologique à laquelle nous nous référons.
Penser et observer s’avèrent également très différents. N’importe quel sujet peut s’offrir le luxe de penser tout ce qu’il veut sur lui-même, mais cela ne veut pas dire qu’il est réellement en train de s’observer.
Il nous est nécessaire de voir les différents moi en action, de les découvrir dans notre psychisme, de comprendre qu’au-dedans de chacun d’eux existe une fraction de notre propre conscience, de nous repentir de les avoir créés, etc.
Alors nous pourrons nous exclamer : « Mais que fait donc ce moi ? Qu’est-il en train de dire ? Qu’est-ce qu’il veut ? Pourquoi vient-il me tourmenter avec sa luxure ? Avec sa colère ? » Etc., etc., etc.
Alors nous verrons à l’intérieur de nous-mêmes tout ce train de pensées, émotions, désirs, passions, comédies privées, drames personnels, mensonges élaborés, raisonnements, excuses, morbidités, scènes de plaisirs, tableaux de lascivité, etc., etc., etc.
Souvent, avant de nous endormir, à l’instant précis de transition entre la veille et le sommeil, nous percevons dans notre mental différentes voix qui parlent entre elles : ce sont les divers moi qui doivent rompre à ce moment-là toute connexion avec les différents centres de notre machine organique avant de s’immerger dans le monde moléculaire, dans la « cinquième dimension ».
Chapitre 22 – Le Bavardage
Il s’avère très urgent, des plus impérieux, d’observer sans délai le bavardage intérieur et le lieu précis d’où il provient.
Indéniablement, le bavardage intérieur inapproprié est la Causa Causorum de nombreux états psychiques inharmoniques et désagréables dans le présent et aussi dans le futur.
Évidemment, cette vaine jacasserie insubstantielle, ce bavardage insensé et, de manière générale, toute conversation préjudiciable, nuisible, absurde, manifestée dans le monde extérieur, a son origine dans la conversation intérieure déréglée.
On sait que dans la Gnose existe la pratique ésotérique du silence intérieur ; nos disciples de « troisième chambre » la connaissent bien.
Il n’est pas superflu de dire en toute clarté que le silence intérieur se réfère spécifiquement à quelque chose de très précis et bien défini.
Quand le processus de la pensée est intentionnellement éteint durant la méditation intérieure profonde, on obtient le silence intérieur ; mais ce n’est pas cela que nous voulons expliquer dans le présent chapitre.
« Vider le mental » ou le « mettre en blanc » pour atteindre réellement le silence intérieur n’est pas non plus ce que nous essayons maintenant d’expliquer dans ces paragraphes.
Pratiquer le silence intérieur auquel nous nous référons ne signifie pas non plus empêcher que quelque chose pénètre dans le mental.
Réellement, nous sommes en train de parler ici même d’un type très différent de silence intérieur. Il ne s’agit pas d’une chose vague et générale…
Nous voulons pratiquer le silence intérieur en relation avec ce qui est déjà dans le mental : une personne, une situation, une affaire personnelle ou étrangère, les choses qu’on nous a racontées, ce qu’untel a fait, etc., mais sans le toucher avec le langage intérieur, sans discours intime…
Apprendre à taire non seulement le langage extérieur, mais aussi le langage secret, interne, donne un résultat extraordinaire, merveilleux.
Plusieurs se taisent extérieurement, mais avec leur langage intérieur ils écorchent vifs leur prochain. Le bavardage intérieur venimeux et malveillant entraine la confusion intérieure.
Si on observe le bavardage intérieur erroné, on verra qu’il est fait de demi-vérité, ou de vérités reliées entre elles de façon plus ou moins incorrecte ou avec quelque chose d’ajouté ou d’omis.
Malheureusement, notre vie émotionnelle est fondée exclusivement sur « l’autosympathie ».
Pour comble d’infamie, nous ne sympathisons qu’avec nous-mêmes, avec notre si « cher égo », et nous ressentons de l’antipathie et jusqu’à de la haine pour tous ceux qui ne sympathisent pas avec nous.
Nous nous chérissons nous-mêmes beaucoup trop, nous sommes narcissistes à cent pour cent, cela est irréfutable !
Tant que nous continuons à être embouteillés dans « l’autosympathie », tout développement de l’Être est rendu tout à fait impossible.
Il nous est nécessaire d’apprendre à voir le point de vue d’autrui. Il est urgent de savoir nous mettre dans la situation des autres.
« Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux. » (Matthieu : VII, 12)
Ce qui compte vraiment dans ces études, c’est la manière dont les hommes se comportent intérieurement et invisiblement les uns avec les autres.
Malheureusement, et quoique nous soyons très courtois, voire même très sincères parfois, il n’y a pas de doute qu’invisiblement et intérieurement nous nous traitons très mal les uns les autres.
Des gens apparemment très bienveillants trainent couramment leurs semblables dans leur cave intérieure secrète, pour se permettre avec eux tout ce dont ils ont envie. (Vexations, moqueries, injures, etc.)
Chapitre 23 – Le Monde des Relations
Le monde des relations a trois aspects très différents que nous devons éclairer de façon précise.
Premièrement : nous sommes reliés au corps planétaire c’est-à-dire au corps physique.
Deuxièmement : nous vivons sur la planète Terre et, comme conséquence logique, nous sommes en relation avec le monde extérieur et avec les questions qui nous concernent : famille, affaires, argent, bureau, profession, politique, etc., etc., etc.
Troisièmement : la relation de l’homme avec lui-même. Pour la majorité des gens, ce type de relation n’a pas la moindre importance.
Malheureusement, les gens ne s’intéressent qu’aux deux premiers types de relations, considérant le troisième type avec la plus parfaite indifférence.
Nourriture, santé, argent, affaires constituent en réalité les principales préoccupations de l’animal intellectuel erronément appelé homme.
Or, il parait évident qu’aussi bien le corps physique que toutes les choses du monde sont extérieurs à nous-mêmes.
Le corps planétaire (corps physique) est parfois malade, et parfois sain, et ainsi de suite.
Nous croyons toujours avoir une certaine connaissance de notre corps physique, mais en réalité même les meilleurs scientifiques du monde ne savent pas grand-chose sur le corps de chair et d’os.
Nul doute que le corps physique, à cause de sa formidable et complexe organisation, ne soit certainement très au-delà de notre compréhension.
En ce qui concerne le second type de relations, nous sommes toujours victimes des circonstances ; il est déplorable que nous n’ayons pas encore appris à engendrer consciemment les circonstances.
Nombre de gens sont incapables de s’adapter à quoi ou à qui que ce soit, ou de réussir vraiment dans la vie.
En pensant à nous-mêmes depuis l’angle du travail ésotérique gnostique, il devient urgent de rechercher avec lequel de ces trois types de relations nous sommes en défaut.
Il peut se produire le cas concret que nous soyons erronément « relationnés » avec le corps physique et que, par conséquent, nous soyons malades.
Il peut arriver que nous soyons mal relationnés avec le monde extérieur et, comme résultat, que nous ayons des conflits, des problèmes économiques et sociaux, etc., etc., etc.
Il se peut que nous soyons mal relationnés avec nous-mêmes et que, par suite, nous souffrions beaucoup, par manque d’illumination intérieure.
Évidemment, si la lampe de notre chambre à coucher ne se trouve pas connectée sur l’installation électrique, la pièce sera dans les ténèbres.
Ceux qui souffrent par défaut d’illumination intérieure doivent correctement connecter leur mental avec les Centres supérieurs de leur Être.
Incontestablement, il nous faut établir des relations correctes non seulement avec notre corps planétaire (corps physique) et avec le monde extérieur, mais aussi avec chacune des parties de notre propre Être.
Les malades pessimistes, fatigués de tous les médecins et médicaments, ne désirent même plus guérir ; les patients optimistes luttent pour vivre.
Au Casino de Monte-Carlo, plusieurs millionnaires qui ont perdu leur fortune au jeu se sont suicidés. Des millions de pauvres mères de famille travaillent pour subvenir aux besoins de leurs enfants.
Ils sont innombrables les aspirants déprimés qui, par manque de pouvoirs psychiques et d’illumination intime, ont renoncé au travail ésotérique sur eux-mêmes. Rares sont ceux qui savent profiter des adversités.
Dans les périodes d’implacable tentation, d’abattement et de désolation, on doit avoir recours au rappel intime de soi-même.
Au fond de chacun de nous se trouve la Tonantzin Aztèque, Stella Maris, l’Isis Égyptienne, Dieu-Mère, prête à guérir notre cœur meurtri.
Quand on se donne à soi-même le choc du « rappel de soi », il se produit un changement réellement miraculeux dans tout le travail du corps, de telle sorte que les cellules reçoivent un aliment différent.
Chapitre 24 – La Chanson Psychologique
Le moment est venu de réfléchir sérieusement sur ce qu’on appelle la « considération intérieure ».
Il n’est plus possible d’avoir le moindre doute sur l’aspect désastreux de « l’auto-considération intime » ; celle-ci, en plus d’hypnotiser la conscience, nous fait perdre une quantité énorme d’énergie.
Si on ne commettait pas l’erreur de tant s’identifier à soi-même, l’auto-considération intérieure serait tout à fait impossible.
Quand quelqu’un s’identifie à lui-même, il se chérit beaucoup trop, il se prend lui-même en pitié, il s’auto–considère, il pense qu’il s’est toujours très bien comporté avec celui-ci ou celui-là, avec sa femme, avec ses enfants, etc., et que personne n’a su l’apprécier, etc. Pour conclure, c’est un saint et tous les autres sont des corrompus, des vauriens.
Une des formes les plus courantes d’auto-considération intime est la préoccupation de ce que les autres peuvent penser de soi-même ; peut-être s’imaginent-ils que nous ne sommes pas honnêtes, sincères, véridiques, courageux, etc.
Le plus curieux dans tout ceci c’est que nous ignorons lamentablement l’énorme perte d’énergie que cette sorte de préoccupations entraine.
Plusieurs attitudes hostiles envers certaines personnes qui ne nous ont fait aucun mal sont précisément redevables de telles préoccupations nées de l’auto-considération intime.
Dans ces circonstances, épris comme nous le sommes de nous-mêmes, nous autoconsidérant comme nous le faisons, il est clair que le moi ou, pour mieux dire, les moi, au lieu de s’éteindre, se renforcent alors épouvantablement.
Celui qui est identifié à lui-même s’apitoie beaucoup sur sa propre situation et il va même jusqu’à exiger des comptes.
C’est ainsi qu’il vient à penser qu’un tel ou un tel, que le « bonhomme » ou la « bonne femme », que le voisin, le patron, l’ami, etc., etc., etc., ne l’ont pas payé de reconnaissance comme ils auraient dû, étant donné toutes ses bontés bien connues ; embouteillé dans cette idée, il devient insupportable et assommant pour tout le monde.
Avec un tel individu, il est pratiquement impossible de parler parce que n’importe quelle conversation va à coup sûr aboutir à son livret de comptes, à ses mérites et à ses souffrances.
Il est écrit que dans le travail ésotérique gnostique la croissance animique n’est possible qu’en pardonnant aux autres.
Si quelqu’un vit d’instant en instant, de moment en moment, en souffrant de ce que les autres lui doivent, de ce qu’ils lui ont fait, des amertumes qu’ils lui ont causées, toujours avec la même chanson, jamais il ne pourra croitre dans son intérieur.
La prière du Seigneur a dit : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Le sentiment que les autres nous sont redevables, la douleur pour les dommages qu’ils nous ont causés, empêche tout progrès intérieur de l’âme.
Jésus, le Grand Kabire, a dit : « Hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l’adversaire te livre au juge, et le juge au garde, et que tu sois jeté en prison. En vérité, je te le dis, tu ne sortiras pas de là, que tu n’aies payé jusqu’au dernier sou. » (Matthieu, V, 25-26)
Si les autres nous doivent, nous leur devons aussi. Si nous exigeons qu’ils nous paient jusqu’au dernier sou, il nous faudra d’abord payer jusqu’au dernier quart de sou.
Ceci est la Loi du Talion, Œil pour œil et dent pour dent. Cercle vicieux absurde.
Les excuses, la complète satisfaction et les humiliations que nous exigeons des autres pour le mal qu’ils nous ont causé seront aussi exigées de nous, bien que nous nous considérions de doux agneaux.
Se soumettre à des lois inutiles est absurde, mieux vaut se mettre sous de nouvelles influences.
La Loi de la miséricorde est supérieure à la loi de l’homme violent : Œil pour œil, dent pour dent.
Il est urgent, indispensable et tout à fait impératif, de nous placer intelligemment sous les influences merveilleuses du travail ésotérique gnostique, d’oublier que les autres nous doivent, et d’éliminer de notre psychisme toute forme d’auto-considération.
Jamais nous ne devons admettre à l’intérieur de nous des sentiments de vengeance, de ressentiment, des émotions négatives, des angoisses pour les misères que les autres nous ont causées, de la violence, de l’envie, ou l’incessante remémoration des dettes, etc., etc., etc.
La Gnose est destinée à tout aspirant sincère qui vraiment veut travailler et changer.
Si nous observons les gens, nous pouvons nous rendre à l’évidence, de façon directe, que chaque personne a sa propre chanson.
Chacun chante sa propre chanson psychologique ; je veux me référer particulièrement à la question précise des comptes psychologiques : croire que d’autres nous doivent, se plaindre, s’auto-considérer, etc.
Parfois les gens chantent leur chanson « comme ça », sans qu’on les ait encouragés, sans qu’on leur ait donné notre accord, et à d’autres moments après quelques verres de vin…
Nous affirmons que notre assommante chanson doit être éliminée ; elle nous débilite intérieurement, nous vole beaucoup d’énergie.
Par rapport à la psychologie révolutionnaire, celui qui chante trop bien —nous ne parlons pas de la belle voix ni du chant physique— ne peut certainement pas aller au-delà de lui-même ; il demeure dans le passé…
Une personne entravée par de tristes chansons ne peut changer son niveau d’Être ; elle ne peut aller au-delà de ce qu’elle est.
Pour passer à un niveau supérieur d’Être, il est indispensable de cesser d’être ce qu’on est ; nous ne devons plus être ce que nous sommes.
Si nous continuons à être ce que nous sommes, jamais nous ne pourrons passer à un niveau supérieur d’Être.
Dans le domaine de la vie pratique se produisent bien des choses insolites. Très souvent une personne ne se lie d’amitié avec une autre que parce qu’elle trouve facile de lui chanter sa chanson.
Malheureusement, ce genre de relations prend fin lorsque le chanteur est prié de se taire, de changer de disque, de parler d’autre chose, etc.
Alors, plein de rancune, le chanteur part à la recherche d’un nouvel ami, de quelqu’un qui soit disposé à l’écouter pour un temps indéfini.
Le chanteur exige la compréhension, quelqu’un qui le comprenne, comme s’il était tellement facile de comprendre une autre personne.
Pour comprendre une autre personne, il est indispensable de se comprendre soi-même. Malheureusement, le bon chanteur croit qu’il se comprend lui-même.
Nombreux sont les chanteurs déçus qui chantent la chanson de ne pas être compris et qui rêvent d’un monde merveilleux où ils sont les figures centrales.
Cependant, les chanteurs ne sont pas tous publics, il y a aussi les réservés ; ils ne chantent pas leur chanson directement, ils la chantent secrètement.
Ce sont des gens qui ont beaucoup travaillé, qui ont trop souffert, qui se sentent frustrés, qui pensent que la vie leur doit tout ce qu’ils n’ont jamais été capables d’obtenir.
Ils ressentent en général une tristesse intérieure, une sensation de monotonie et d’épouvantable ennui, de fatigue intime ou de frustration, autour de quoi s’agglutinent les pensées.
Incontestablement, les chansons secrètes nous bloquent le passage sur le chemin de l’autoréalisation intime de l’Être.
Malheureusement, de telles chansons intérieures secrètes passent inaperçues à nos propres yeux, à moins que nous ne les observions intentionnellement.
Nul doute que toute observation de soi laisse pénétrer la lumière en soi-même, dans ses profondeurs intimes.
Aucun changement intérieur ne pourrait se produire dans notre psychisme, à moins qu’il ne soit suscité par la lumière de l’observation de soi.
Il est indispensable de s’observer soi-même quand on est seul, aussi bien que dans nos relations avec les gens.
Quand on est seul, des moi très différents, des pensées très distinctes, des émotions négatives, etc., se présentent à nous.
On n’est pas toujours en bonne compagnie quand on est seul. Il est parfaitement normal, il est tout naturel d’être en très mauvaise compagnie dans la solitude la plus complète. Les moi les plus négatifs et les plus dangereux se présentent quand on est seul.
Si nous voulons nous transformer radicalement, nous devrons sacrifier nos propres souffrances.
Nous exprimons souvent nos souffrances en des chansons, articulées ou inarticulées.
Chapitre 25 – Retour et Récurrence
Un homme est ce qu’est sa vie ; si un homme ne modifie rien à l’intérieur de lui-même, s’il ne transforme pas radicalement sa vie, s’il ne travaille pas sur lui-même, il perd misérablement son temps.
La mort est le retour au commencement même de sa vie avec la possibilité de la répéter.
On a beaucoup discouru, dans la littérature pseudo-ésotérique et pseudo-occultiste, sur le thème des vies successives. Il vaut mieux que nous nous occupions de cette question controversée des existences successives.
La vie de chacun de nous, avec toutes ses époques, est toujours la même vie qui se répète d’existence en existence, à travers les innombrables siècles.
Nous continuons indéniablement dans la semence de nos descendants ; c’est une chose qui a déjà été démontrée.
La vie de chacun de nous en particulier est un film vivant qu’au moment de mourir nous emportons dans l’éternité.
Chacun de nous apporte son film puis le rapporte pour le projeter une autre fois sur l’écran d’une nouvelle existence.
La répétition des drames, comédies et tragédies, est un axiome fondamental de la Loi de récurrence.
Dans chaque nouvelle existence, les mêmes circonstances se répètent toujours. Les acteurs de ces scènes toujours répétées sont ces gens qui vivent à l’intérieur de nous, les moi.
Si nous désintégrons ces acteurs, ces moi qui proviennent les scènes sans cesse répétées de notre vie, alors la répétition de telles circonstances sera tout à fait impossible.
Évidemment, sans acteurs il ne peut y avoir de scènes, c’est une chose indiscutable.
Voilà donc comment nous pouvons nous libérer des Lois de retour et de récurrence, c’est ainsi que nous pouvons nous rendre vraiment libres.
Il n’y a pas de doute que chacun des personnages (moi) que nous portons à l’intérieur de nous répète son même rôle d’existence en existence ; si nous le désintégrons, si l’acteur meurt, le rôle prend fin.
En réfléchissant sérieusement sur la Loi de récurrence ou répétition des scènes dans chaque retour, nous découvrons, par l’auto-observation intime, les ressorts secrets de cette question.
Si, dans l’existence passée, à l’âge de vingt-cinq (25) ans, nous avons eu une aventure amoureuse, il est indubitable que le moi de cette aventure recherchera la dame de ses rêves à l’âge de vingt-cinq (25) ans de la nouvelle existence.
Si la dame en question n’avait que quinze (15) ans, le moi de cette aventure recherchera au même âge exactement l’être aimé dans la nouvelle existence.
Il s’avère très compréhensible que les deux moi, autant celui de l’homme que celui de la femme, se recherchent télépathiquement et se rencontrent à nouveau pour répéter la même aventure amoureuse que dans l’existence passée…
Deux ennemis qui se sont battus à mort dans leur existence passée se rechercheront une autre fois dans la nouvelle existence pour répéter leur tragédie à l’âge correspondant.
Si deux personnes ont eu ensemble un procès pour une affaire de biens fonciers, à l’âge de quarante (40) ans dans l’existence passée, rendues au même âge, elles vont se rechercher télépathiquement dans la nouvelle existence pour répéter le même procès.
Au-dedans de chacun de nous vivent beaucoup de gens pleins d’engagements ; cela est irréfutable.
Un voleur charrie à l’intérieur de lui une caverne de voleurs avec divers engagements délictueux. L’assassin porte au-dedans de lui-même un « club » d’assassins et le luxurieux porte dans son psychisme une « maison de rendez-vous ».
Le plus grave, dans tout ceci, c’est que l’intellect ignore l’existence de telles gens ou moi au-dedans de lui-même, et de telles compromissions qui fatalement devront être remplis.
Les moi qui demeurent au-dedans de nous accomplissent leurs engagements, et tout cela se passe au-dessous du seuil de notre raison.
Ce sont des faits que nous ignorons, des choses qui nous arrivent, des évènements qui surviennent dans le subconscient et l’inconscient.
On nous a dit avec raison que tout nous arrive, nous tombe dessus, comme la pluie ou comme la foudre.
En réalité, nous avons l’illusion de faire, d’agir par nous-mêmes, cependant nous ne faisons rien, cela nous arrive, c’est fatal, mécanique…
Notre personnalité n’est que l’instrument de différentes personnes (moi), et à travers elle chacune de ces personnes (moi) accomplit ses engagements.
En dessous de notre capacité cognitive se produisent beaucoup de choses, malheureusement nous ignorons ce qui se passe en dessous de notre pauvre raison.
Nous nous croyons savants quand en vérité nous ne savons même pas que nous ne savons pas. Nous sommes de misérables esquifs entrainés par les flots tumultueux de l’océan de l’existence.
Sortir de cette misère, de cette inconscience, de l’état si lamentable où nous nous trouvons n’est possible qu’en mourant en nous-mêmes…
Comment pourrions-nous nous éveiller sans auparavant mourir ? Ce n’est qu’avec la mort que survient le nouveau ? Si le grain ne meurt, la plante ne nait pas.
Celui qui est vraiment éveillé acquiert, pour cette raison, la pleine objectivité de sa conscience, l’illumination authentique, la félicité…
Chapitre 26 – Autoconscience Infantile
On nous a dit très pertinemment que nous avons quatre-vingt-dix-sept pour cent de subconscience et trois pour cent de conscience.
Pour parler franchement et sans ambages, nous dirons que quatre-vingt-dix-sept pour cent de l’Essence que nous portons à l’intérieur de nous se trouve embouteillé, embouti, étouffé au-dedans de chacun des « Je » qui, ensemble, constituent le moi-même.
Il va de soi que l’Essence, ou conscience, emprisonnée dans chacun des moi, fonctionne suivant son propre conditionnement.
Tout moi désintégré libère un pourcentage déterminé de conscience ; l’émancipation ou libération de l’Essence, ou conscience serait impossible sans la désintégration de chaque moi.
À plus grande quantité de moi désintégrés, plus grande autoconscience. Moindre la quantité des moi désintégrés moindre le pourcentage de conscience éveillée.
L’éveil de la conscience n’est possible qu’en dissolvant le moi, en mourant en soi-même, ici et maintenant.
Incontestablement, tant que l’Essence ou conscience se trouvera emboutie dans chacun des moi dont notre intérieur est rempli, on sera endormi, en état subconscient.
Il est urgent de transformer le subconscient en conscient et cela n’est possible qu’en annihilant les moi ; en mourant en nous-mêmes.
Il est impossible de s’éveiller sans être auparavant mort en soi-même. Ceux qui prétendent s’éveiller d’abord pour ensuite mourir ne possèdent pas d’expérience réelle de ce dont ils parlent, ils marchent définitivement sur le chemin de l’erreur.
Les enfants nouveau-nés sont merveilleux, ils jouissent d’une pleine autoconscience ; ils sont totalement éveillés.
À l’intérieur du corps de l’enfant nouveau-né se trouve réincorporée l’Essence et c’est cela qui donne au nourrisson sa beauté.
Nous ne voulons pas dire que cent pour cent de l’Essence ou conscience est réincorporé dans le nouveau-né, mais bien ce trois pour cent libre qui, normalement, n’est pas emprisonné dans les moi.
Toutefois, ce pourcentage d’Essence libre réincorporé dans l’organisme des enfants nouveau-nés suffit à leur donner pleine autoconscience, lucidité, etc.
Les adultes regardent le nouveau-né avec pitié, pensent que la petite créature se trouve inconsciente, mais ils se trompent lamentablement.
Le nouveau-né voit l’adulte tel qu’il est en réalité : inconscient, cruel, pervers, etc.
Les moi du nouveau-né vont et viennent, tournent autour du berceau, cherchant à s’introduire dans le nouveau corps, mais dû au fait que le nouveau-né n’a pas encore fabriqué de personnalité, toute tentative des moi pour entrer dans le nouveau corps s’avère tout à fait impossible.
La vue de ces fantômes ou moi qui s’approchent de leur berceau épouvante parfois les nourrissons et alors ils crient, pleurent, mais les adultes ne comprennent pas et supposent que l’enfant est malade, ou qu’il a faim ou soif ; telle est l’inconscience des adultes.
À mesure que la nouvelle personnalité se forme, les moi qui viennent des existences antérieures pénètrent peu à peu dans le nouveau corps.
Quand donc la totalité des moi s’est réincorporée, nous apparaissons dans le monde avec cette horrible laideur intérieure qui nous caractérise ; alors nous allons partout comme des somnambules ; toujours inconscients, toujours pervers.
Quand nous mourons, trois choses vont au tombeau : 1) le corps physique. 2) le fondement vital organique. 3) la personnalité.
Le fondement vital, ce fantôme se désintègre peu à peu, devant la fosse sépulcrale, à mesure que le corps physique se désintègre aussi lui-même.
La personnalité est subconsciente ou infraconsciente ; elle entre et sort du sépulcre chaque fois qu’elle veut, elle se réjouit quand les affligés lui apportent des fleurs, elle aime ses connaissances et elle se dissout très lentement jusqu’à ce qu’elle soit réduite en poussière cosmique.
Ce qui continue au-delà de la tombe c’est l’égo, le moi pluralisé, le moi-même, un amas de diables au-dedans desquels se trouve engouffrée l’Essence, la Conscience, qui en temps et lieu revient, se réincorpore.
Il s’avère lamentable qu’au moment où se fabrique la nouvelle personnalité de l’enfant, se réincorporent aussi les moi.
Chapitre 27 – Le Publicain et Le Pharisien
En réfléchissant un peu sur les diverses circonstances de la vie, il est important de comprendre sérieusement sur quelles bases nous reposons.
Certaines personnes va s’appuyer sur sa position sociale, une autre sur l’argent, celle-là sur le prestige, cette autre sur son passé, cette autre encore sur tel ou tel titre, etc., etc., etc.
Le plus curieux c’est que tous, que nous soyons riches ou mendiants, nous avons besoin de tous, et vivons de tous, même si nous sommes gonflés d’orgueil et de vanité.
Songeons un instant à ce qu’on peut nous enlever. Quel serait notre sort dans l’ivresse sanglante d’une révolution ? Que resterait-il des bases sur lesquelles nous reposons ? Pauvres de nous ! Nous nous croyons très forts et nous sommes épouvantablement faibles !
Le moi qui ne croit qu’en lui-même est la base sur laquelle nous reposons, doit être dissout si, en réalité, nous aspirons à l’authentique béatitude.
Un tel moi sous-estime les gens, il se pense meilleur que tout le monde, plus parfait en tout, plus riche, plus intelligent, plus habile dans la vie, etc.
Il semble tout à fait opportun de citer à présent cette parabole de Jésus le Grand Kabire, au sujet des deux hommes qui étaient en prière. Elle était adressée à ceux qui s’estimaient eux-mêmes comme justes, et dépréciaient les autres.
Jésus le Christ dit : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l’un était Pharisien, l’autre Publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce Publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dime de tout ce que je gagne. Mais le Publicain, se tenant éloigné, n’osait même pas lever les yeux au ciel, et il se frappait la poitrine en disant : Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis. Je vous le dis, celui-ci descendit chez lui justifié, l’autre non ; car quiconque s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé. » (Luc, XVIII, 10-14)
Il est absolument impossible de commencer à nous rendre bien compte du néant et de la misère dans lesquels nous nous trouvons tant qu’existe en nous ce concept-là du « Plus ». Par exemple : Je suis plus juste que celui-ci, plus savant que celui-là, plus vertueux qu’un tel, plus riche, plus expérimenté dans les choses de la vie, plus chaste, plus respectueux de mes devoirs, etc., etc., etc.
Il n’est pas possible de passer par le chas d’une aiguille tant que nous sommes « riches », aussi longtemps qu’il existe en nous ce complexe du « Plus ».
« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
Dire que mon école est la meilleure et que celle d’un autre ne vaut rien ; que ma religion est la seule vraie, et que toutes les autres sont fausses et perverses ; que la femme d’un tel est une mauvaise épouse et que la mienne est une sainte ; que mon ami Robert est un ivrogne et que je suis un homme très avisé et tempéré, etc., etc., etc., voilà ce qui nous fait nous sentir riches ; c’est la raison pour laquelle nous sommes tous les « chameaux » de la parabole évangélique, par rapport au travail ésotérique.
Il est urgent de nous auto-observer à chaque instant dans le but de connaitre clairement les fondements sur lesquels nous reposons.
Quand quelqu’un découvre la chose qui l’a le plus blessé à un moment donné, tout le tracas que telle ou telle chose lui a causé, alors il découvre les bases sur lesquelles il repose psychologiquement.
Ces bases constituent selon l’évangile chrétien « le sable sur lequel on construit sa maison. »
Il est nécessaire de noter soigneusement comment et à quel moment je déprécie les autres en me croyant supérieur quant à la position sociale ou aux titres, à l’expérience acquise ou à la fortune, etc., etc., etc.
C’est une chose très grave de se sentir riche, supérieur à celui-ci ou à celui-là pour telle ou telle raison. Des gens de cette sorte ne peuvent entrer au Royaume des Cieux.
Il est bon de découvrir ce par quoi on se sent flatté, ce qui satisfait notre vanité, cela nous indiquera les fondations sur lesquelles nous nous appuyons.
Cependant, cette sorte d’observation ne doit pas rester une question simplement théorique, nous devons être pratiques et nous observer attentivement, de manière directe et à chaque instant.
Quand on commence à comprendre sa propre misère et nullité, quand on abandonne son délire des grandeurs, quand on découvre la niaiserie de tous ces titres, honneurs et vaines supériorités sur nos semblables, c’est le signe sans équivoque que nous commençons déjà à changer.
On ne peut pas changer si l’on s’obstine à dire : « ma maison », « mon argent », « mes biens », « mon emploi », « mes qualités », « mes capacités intellectuelles », « mes capacités artistiques », « mes connaissances », « mon prestige », etc., etc., etc.
Le fait de s’obstiner dans le « à moi », dans le « mien », est plus que suffisant pour empêcher de reconnaitre notre propre nullité et misère intérieure.
On s’étonne devant le spectacle d’un incendie ou d’un naufrage ; les gens désespérés se cramponnent alors, souvent à des choses ridicules ; des choses sans importance.
Pauvres gens ! Ils se sentent dans ces choses, ils reposent sur des futilités, ils s’accrochent à ce qui n’a pas la moindre importance !
Se sentir soi-même dans les choses extérieures, se fonder sur elles équivaut à être dans un état d’absolue inconscience.
Le sentiment de la « Séité » (l’Être réel) n’est possible qu’en dissolvant tous ces moi que nous portons à l’intérieur de nous ; avant cela, un tel sentiment demeure tout à fait impossible.
Malheureusement, les adorateurs du moi n’acceptent pas cela ; ils se croient des Dieux ; ils pensent qu’ils possèdent déjà ces « Corps glorieux » dont parle Paul de Tarse ; ils supposent que le moi est divin, et personne ne peut leur ôter ces absurdités de la tête.
On ne sait que faire avec de telles gens, on leur explique et ils n’entendent pas ; toujours enlisés dans les sables sur lesquels ils ont édifié leur maison ; toujours étouffés dans leurs dogmes, dans leurs caprices, dans leurs sottises.
Si ces gens s’auto-observaient sérieusement, ils constateraient par eux-mêmes la Doctrine de la pluralité ; ils découvriraient au-dedans d’eux-mêmes toute cette multiplicité de personnes ou moi qui vivent dans notre monde intérieur.
Comment le réel sentiment de notre Être véritable pourrait-il exister en nous, quand ces moi ressentent pour nous, pensent pour nous ?
Le plus grave dans toute cette tragédie c’est que l’on pense qu’on est en train de penser, que l’on sente qu’on est en train de sentir, quand en réalité c’est un autre qui, à un moment donné, pense par notre cerveau martyrisé et sent à travers notre cœur meurtri.
Malheureux sommes-nous ! Combien de fois croyons-nous être amoureux alors que ce qui se passe en fait, c’est qu’un autre au-dedans de nous-mêmes, plein de luxure, utilise notre centre du cœur.
Nous confondons la passion animale avec l’amour ! Cependant c’est un autre à l’intérieur de nous, à l’intérieur de notre personnalité, qui commet cette confusion.
Nous sommes tous persuadés que jamais nous ne prononcerions ces paroles du pharisien dans la parabole biblique : « Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes », etc., etc., etc.
Néanmoins, et bien que cela semble incroyable, c’est ce que nous faisons tous les jours. Le marchand de viande au marché dit : « Je ne suis pas comme les autres bouchers qui vendent de la viande de mauvaise qualité et exploitent le monde. »
Le vendeur de tissus dans sa boutique s’exclame : « Je ne suis pas comme les autres commerçants qui se sont enrichis en volant sur les mesures. »
Le vendeur de lait affirme : « Je ne suis pas comme les autres marchands de lait qui ajoutent de l’eau. Je préfère être honnête. »
La maitresse de maison, en visite chez son amie, s’exprime ainsi : « Je ne suis pas comme une telle qui sort avec d’autres hommes, je suis Dieu merci une personne décente et fidèle à mon mari. »
Conclusion : tous les autres sont malveillants, injustes, adultères, voleurs et pervers, et chacun de nous est un doux agneau, un petit « Saint en Chocolat », prêt à être niché comme un enfant en or dans quelque église.
Que nous sommes sots ! Nous pensons souvent que jamais nous ne faisons toutes ces bêtises et perversités que nous voyons les autres faire et nous arrivons pour cette raison à la conclusion que nous sommes des personnes admirables ; malheureusement nous ne voyons pas les bêtises et mesquineries que nous faisons.
Il y a des moments étranges dans la vie, pendant lesquels le mental, sans préoccupation d’aucune sorte, est au repos. Quand le mental est tranquille, quand le mental est silencieux alors survient le nouveau.
Dans de tels moments, il est possible de voir les bases, les fondements, sur lesquels nous reposons.
Le mental étant dans un état de profond repos intérieur, nous pouvons vérifier par nous-mêmes la réalité crue de ce sable de la vie, sur lequel nous construisons notre maison (voir Matthieu 7, versets 24-29 ; parabole qui parle des deux fondations).
Chapitre 28 – La Volonté
Le Grand-Œuvre est avant tout la création de l’homme par lui-même, sur la base de travaux conscients et de pénitences volontaires.
Le Grand-Œuvre est la conquête intérieure de nous-mêmes, de notre véritable liberté en Dieu.
Nous devons de toute urgence et sans le moindre délai désintégrer tous ces moi qui vivent dans notre intérieur si, en réalité, nous voulons l’émancipation parfaite de la volonté.
Nicolas Flamel et Raymond Lulle, pauvres tous les deux, ont libéré leur volonté et réalisé d’innombrables et stupéfiants prodiges psychologiques.
Agrippa ne dépassa jamais la première partie du Grand-Œuvre et mourut dans des conditions pénibles, luttant pour la désintégration de ses moi dans le but de se posséder lui-même et d’affermir son indépendance.
La parfaite émancipation de la volonté assure au sage l’empire absolu sur le feu, l’air, l’eau et la terre.
À beaucoup d’étudiants de psychologie contemporaine, ce que nous affirmons ici en ce qui concerne le pouvoir souverain de la volonté émancipée, semblera exagéré ; cependant la Bible nous parle des merveilles que réalisa Moïse.
D’après Philon, Moïse était un Initié dans la terre des Pharaons sur les bords du Nil, Grand Prêtre d’Osiris, cousin germain du Pharaon, élevé entre les colonnes d’Isis, la Mère divine, et d’Osiris, notre Père qui est en secret.
Moïse était descendant du Patriarche Abraham, le grand Mage chaldéen, et du très respectable Isaac.
Moïse, l’homme qui libéra le pouvoir électrique de la Volonté, possédait le don d’accomplir des prodiges ; les Dieux et les hommes le savent. Ainsi est-il écrit.
Tout ce que disent les Saintes Écritures sur ce grand Maitre hébreu est certainement extraordinaire, fantastique.
Moïse changea son bâton en serpent, transforma une de ses mains en main de lépreux et ensuite lui redonna la vie.
Cette fameuse épreuve du buisson ardent a mis en lumière son pouvoir, le monde comprend, s’incline, se prosterne.
Moïse utilise une verge magique, emblème du pouvoir royal et du pouvoir sacerdotal de l’Initié dans les grands mystères de la vie et de la mort.
Devant le Pharaon, Moïse change les eaux du Nil en sang, les poissons meurent, le fleuve sacré devient infecté, les Égyptiens ne peuvent plus y boire, et les irrigations du Nil répandent le sang dans tous les champs en culture.
Moïse fait plus encore : il réussit à faire apparaitre des millions de grenouilles disproportionnées, gigantesques, monstrueuses, qui sortent du fleuve et envahissent les maisons. Ensuite, montrant d’un geste sa volonté libre et souveraine il fait disparaitre ces grenouilles horribles.
Mais comme le Pharaon refuse de laisser partir les israélites, Moïse accomplit de nouveaux prodiges : il couvre la terre de saleté, il soulève des nuages de mouches répugnantes et immondes, qu’après il s’offre le luxe d’éloigner.
Il déchaine une épouvantable peste, et tous les troupeaux, sauf ceux des juifs, meurent.
Recueillant la suie d’un fourneau, disent les Saintes Écritures, il la lance en l’air ; en retombant sur toute l’Égypte, elle provoque sur les Égyptiens pustules et ulcères.
Étendant son fameux bâton magique, Moïse fait tomber du ciel une grêle qui détruit et tue sans merci. Pour continuer, il projette la foudre incendiaire, fait retentir le tonnerre terrifiant et pleuvoir épouvantablement puis, d’un geste, il ramène le calme.
Toutefois le Pharaon est toujours inflexible. Moïse, d’un coup formidable de sa canne magique, fait surgir comme par enchantement des nuées de sauterelles, puis surviennent d’épaisses ténèbres. Un autre coup de baguette et tout revient à sa place originelle.
La fin de tout ce drame narré dans l’Ancien Testament est bien connue : Jéhovah intervient et fait mourir tous les premiers-nés des Égyptiens ; le Pharaon n’a plus d’autre solution que de laisser partir les Hébreux.
Plus tard, Moïse se sert de sa verge magique pour fendre les eaux de la mer Rouge afin de la traverser à pied sec.
Quand les guerriers égyptiens à la poursuite des Israélites s’y précipitent aussi, Moïse, d’un geste, fait que les eaux se referment engloutissant les poursuivants.
Incontestablement, beaucoup de pseudo-occultistes, en lisant tout ceci, aimeraient en faire autant, et avoir les mêmes pouvoirs que Moïse ; mais cela s’avère tout à fait impossible tant que la volonté continue à être embouteillée au milieu de tout un chacun de ces moi dont les tréfonds de notre psychisme sont chargés.
L’Essence emboutie dans le moi-même est le génie de la lampe d’Aladin, aspirant à la liberté… Une fois libre, ce génie peut réaliser des prodiges.
L’Essence est de la « volonté-conscience » ; malheureusement elle ne fonctionne qu’en vertu de notre propre conditionnement.
Quand la volonté se libère, alors elle s’unit ou fusionne, en s’y intégrant ainsi, avec la Volonté universelle, devenant par le fait même souveraine.
La volonté individuelle fusionnée avec la Volonté universelle peut réaliser tous les prodiges de Moïse.
Il existe trois catégories d’actes : a) ceux qui correspondent à la Loi des accidents. b) ceux qui appartiennent à la Loi de récurrence, les mêmes évènements toujours répétés à chaque existence. c) les actions déterminées intentionnellement par la volonté consciente.
Incontestablement, seuls les gens qui ont libéré leur volonté au moyen de la mort du moi-même pourront réaliser des actes nouveaux, nés de leur libre arbitre.
Les actes communs et courants de l’humanité sont toujours le résultat de la Loi de récurrence ou le simple produit d’accidents mécaniques.
Quiconque possède vraiment la volonté libre peut provenir de nouvelles circonstances ; quiconque a sa volonté embouteillée au milieu du moi pluralisé est victime des circonstances.
À toutes les pages de la Bible, on retrouve un merveilleux déploiement de haute magie, voyance, prophéties, prodiges, transfigurations, résurrection de morts, soit par insufflation ou par imposition des mains, soit par le regard fixé sur la racine du nez, etc., etc., etc.
La Bible parle abondamment du massage, de l’huile sacrée, des passes magnétiques, de l’application d’un peu de salive sur la partie malade, de la lecture des pensées d’un autre, des transportations aériennes, des apparitions, des paroles venues du Ciel, etc., etc., etc. véritables prodiges de la volonté consciente libérée, émancipée, souveraine.
Les sorciers, les ensorceleurs, les magiciens noirs pullulent comme la mauvaise herbe ; cependant, ce ne sont pas des Saints, ni des prophètes, ni des adeptes de la Fraternité blanche.
Personne ne pourrait parvenir à l’illumination réelle ni exercer le Sacerdoce absolu de la volonté consciente, si auparavant il n’était pas mort radicalement en lui-même, ici et maintenant.
Beaucoup de gens nous écrivent fréquemment en se plaignant de ne pas posséder l’illumination, quémandant des pouvoirs, exigeant de nous des clés qui les convertissent en magiciens, etc., pourtant jamais ils ne souhaitent s’auto-observer, à s’autoconnaitre, à désintégrer ces agrégats psychiques, ces moi au-dedans desquels se trouve emprisonnée la volonté, l’Essence.
Ces personnes sont de toute évidence condamnées à l’échec. Ce sont des gens qui convoitent les facultés des Saints, mais qui ne sont en aucune manière disposés à mourir en eux-mêmes.
Éliminer les erreurs est en soi quelque chose de magique, de merveilleux, qui implique une rigoureuse auto-observation psychologique.
Exercer des pouvoirs est possible quand on libère radicalement le pouvoir merveilleux de la volonté.
Malheureusement, comme les gens ont leur volonté emprisonnée dans chaque moi, celle-ci se trouve, par conséquent, divisée en de multiples volontés qui fonctionnent chacune en vertu de leur propre conditionnement.
Il est donc facile de comprendre qu’à cause de cela chaque moi possède sa volonté inconsciente, particulière.
Les innombrables volontés emprisonnées dans les moi se battent fréquemment entre elles, nous rendant, pour cette raison, impuissants, faibles, misérables, victimes des circonstances, incapables.
Chapitre 29 – La Décapitation
À mesure qu’on travaille sur soi-même, on comprend chaque fois davantage la nécessité d’éliminer radicalement de sa nature intérieure tout ce qui nous rend tellement abominables.
Les pires circonstances de la vie, les situations les plus critiques, les évènements les plus pénibles s’avèrent toujours merveilleux pour l’autodécouverte intime.
Dans ces moments inattendus, critiques, affleurent toujours, et lorsque nous y pensons le moins, les moi les plus secrets ; si nous demeurons alertes, incontestablement nous les découvrons.
Les périodes plus tranquilles de la vie sont, précisément, les moins favorables pour le travail sur soi-même.
Il existe dans la vie des moments extrêmement difficiles pendant lesquels on a une tendance marquée à s’identifier facilement avec les situations et à s’oublier complètement soi-même ; dans ces instants on fait des bêtises qui ne mènent à rien ; si, au lieu de perdre la tête, on avait été alerte, en rappel de soi, on aurait découvert avec étonnement certains moi dont jamais nous n’aurions le moindrement soupçonné la possibilité de leur existence.
Le sens de l’auto-observation intime se trouve atrophié chez tout être humain ; en travaillant sérieusement, en s’auto-observant seconde après seconde, ce sens va se développer graduellement.
À mesure que le sens de l’auto-observation poursuit son développement grâce à son utilisation continue, nous serons toujours plus capables de percevoir de manière directe ces moi dont jamais jusque-là nous n’avions eu connaissance de l’existence.
Grâce au sens de l’auto-observation intime, chacun de ces moi qui habitent à l’intérieur de nous assume réellement telle ou telle figure qui a une affinité secrète avec le défaut ainsi personnifié. Indubitablement, l’image de chacun de ces moi a une certaine saveur psychologique tout à fait particulière au moyen de laquelle nous pouvons appréhender, capturer, saisir instinctivement sa nature intime et le défaut qui le caractérise.
Au début, l’ésotériste ne sait par où commencer, il sent la nécessité de travailler sur lui-même, mais se trouve complètement désorienté.
En tirant profit des moments critiques, des situations les plus désagréables, des moments d’adversité maximum, nous découvrons, si nous sommes alertes, nos défauts les plus saillants, les moi que nous devons désintégrer de toute urgence.
On peut parfois commencer par la colère ou par l’amour propre, ou par quelque infortuné lieutenant de la luxure, etc., etc., etc.
Il est surtout nécessaire de prendre note de nos états psychologiques journaliers, si vraiment nous voulons un changement définitif.
Avant de nous coucher, il convient d’examiner les évènements qui se sont déroulés durant la journée, les situations embarrassantes, les éclats de rire bruyants d’Aristophane et le subtil sourire de Socrate.
Il se peut que nous ayons blessé quelqu’un par un sourire ou un regard hors de propos. On peut rendre malade par un sourire ou un regard déplacé.
Rappelons-nous qu’en ésotérisme pur, tout ce qui est à sa place est bon et tout ce qui n’est pas à sa place est mauvais.
L’eau, quand elle est à sa place, est bienfaisante, mais si elle inondait la maison, elle ne serait plus à sa place, elle causerait des dommages, elle serait mauvaise et préjudiciable.
Le feu dans la cuisinière est à sa place et est utile, en plus d’être bon ; en dehors de sa place, brulant les meubles du salon, il serait mauvais et préjudiciable.
N’importe quelle vertu, aussi sainte qu’elle soit, est bonne à sa place ; en dehors de sa place, elle est mauvaise et nuisible. Avec les vertus nous pouvons faire du tort aux autres. Il est indispensable de mettre les vertus à la place qui leur correspond.
Que diriez-vous d’un prêtre qui prêcherait la parole du Seigneur dans une maison de prostitution ? Que diriez-vous d’un homme doux et tolérant bénissant une bande de voyous en train de violer sa femme et ses filles ? Que diriez-vous de cette sorte de tolérance excessive ? Que penseriez-vous de l’attitude charitable d’un homme qui, au lieu d’apporter à manger à sa famille, prodiguerait son argent à des mendiants dépravés ? Quelle opinion auriez-vous d’un homme serviable qui, à un moment donné, tendrait un poignard à un assassin ?
Rappelle-toi, cher lecteur, qu’au milieu des rythmes de la poésie se cache également le crime. Il y a beaucoup de vertu chez les méchants et beaucoup de méchanceté chez les vertueux.
Aussi incroyable que cela paraisse, dans le parfum suave de la prière se cache aussi le crime.
Le crime se travestit en saint, utilise les plus grandes vertus, se présente comme un martyre, et va même officier dans les temples sacrés.
À mesure que le sens de l’auto-observation intime se développe en nous grâce à son utilisation continue, nous apprenons graduellement à voir tous ces moi qui servent de base fondamentale à notre tempérament individuel, qu’il soit sanguin ou nerveux, flegmatique ou bilieux.
Crois-le ou non, cher lecteur, derrière le tempérament que nous possédons, dans les profondeurs les plus lointaines de notre psychisme, se cachent les créations diaboliques les plus exécrables.
Le développement sans cesse progressif du sens de l’auto-observation intime nous rend capables de voir de telles créations, d’observer ces monstruosités de l’enfer au-dedans desquelles se trouve embouteillée notre propre conscience.
Tant qu’un homme n’a pas dissout ces créations de l’enfer, ces aberrations, en lui-même, indubitablement, dans le plus creux, dans le plus profond de lui-même, continuera d’exister quelque chose qui ne devrait pas exister, une difformité, une abomination.
Le plus grave dans tout ceci c’est que l’abominable ne se rend pas compte de sa propre abomination, il se croit beau, juste, une bonne personne, et il se plaint même de l’incompréhension des autres, il se lamente sur l’ingratitude de ses semblables et dit qu’ils ne le comprennent pas, il pleure en affirmant tout ce qu’on lui doit, et qu’on l’a payé en monnaie de singe, etc., etc., etc.
Le sens de l’auto-observation intime nous permet de vérifier par nous-mêmes et de manière directe le travail secret au moyen duquel, à un certain moment, nous dissolvons tel ou tel moi (tel ou tel défaut psychologique), possiblement découvert dans des conditions pénibles et alors que nous nous y attendions le moins.
As-tu quelquefois pensé, au cours de ta vie, à ce qui te plait ou te déplait le plus ? As-tu réfléchi sur les ressorts secrets de ton action ? Pourquoi veux-tu avoir une belle maison ? Pourquoi désires-tu avoir une voiture dernier modèle ? Pourquoi veux-tu être à la dernière mode ? Pourquoi ambitionnes-tu de ne pas être ambitieux ? Qu’est-ce qui, à un moment donné, t’a le plus choqué ? Qu’est-ce qui t’a le plus égayé hier ? Pourquoi, à un moment précis, t’es-tu senti supérieur à M. Untel ou à Mme Unetelle ? À quelle heure t’es-tu senti supérieur à quelqu’un ? Pourquoi t’es-tu enorgueilli publiquement de tes triomphes ? Ne pouvais-tu pas te taire quand ils murmuraient contre une autre personne que tu connaissais ? As-tu accepté la coupe qu’on t’offrait par pure courtoisie ? As-tu accepté de fumer, sans peut-être en avoir le vice, pour une simple raison d’éducation, ou pour te donner de l’importance ? Es-tu sûr d’avoir été sincère dans cette conversation ? Et quand tu te justifies toi-même, et que tu te glorifies, et que tu racontes tes exploits, en répétant à d’autres ce que tu viens de dire, comprends-tu quel vaniteux tu es ?
Le sens de l’auto-observation intime, en plus de te permettre de voir clairement l’Égo que tu es en train de dissoudre, te permettra également de voir les résultats tangibles et définis de ton travail intérieur.
Au début, ces créations de l’enfer, ces aberrations psychiques qui malheureusement te caractérisent, sont plus hideuses et monstrueuses que les bêtes les plus horribles qui existent au fond des mers ou dans les forêts les plus profondes de la terre ; à mesure que tu avances dans ton travail, tu peux te rendre à l’évidence, grâce au sens de l’auto-observation intérieure, du fait remarquable que ces abominations perdent graduellement du volume, s’amenuisent…
Il est intéressant de savoir qu’à mesure que leur dimension décroit, à mesure qu’elles perdent du volume et rapetissent, ces bestialités gagnent en beauté, prennent lentement l’aspect d’un enfant ; finalement, elles se désintègrent, se convertissent en poussière cosmique, et alors l’Essence emprisonnée se libère, s’émancipe, s’éveille.
Il n’y a pas de doute que le mental ne peut transformer fondamentalement aucun défaut psychologique ; l’entendement peut évidemment s’offrir le luxe d’étiqueter un défaut en lui apposant tel ou tel nom, il peut le justifier, le faire passer d’un niveau à un autre, etc., mais il serait incapable par lui-même de l’annihiler, de le désintégrer.
Nous avons besoin de toute urgence d’un pouvoir flammigère supérieur au mental profane, d’un pouvoir qui soit capable par lui-même de réduire tel ou tel défaut psychologique en fine poussière cosmique.
Heureusement, il existe en nous-mêmes ce pouvoir serpentin, ce feu merveilleux que les vieux alchimistes médiévaux ont baptisé du nom de Stella Maris, la Vierge de la Mer, l’Azoth de la Science d’Hermès, la Tonantzin des Aztèques, au Mexique : elle est une dérivation de notre propre Être intime, Dieu-Mère dans notre monde intérieur, toujours symbolisée par le serpent sacré des Grands Mystères.
Si après avoir observé et compris profondément tel ou tel défaut psychologique (tel ou tel moi), nous supplions notre Mère cosmique particulière, car chacun de nous a la sienne propre, de désintégrer, de réduire en poussière cosmique ce défaut-ci ou celui-là, ce moi, ce qui est le but de notre travail intérieur, nous pouvons être assurés que ce défaut va perdre du volume et sera lentement pulvérisé.
Tout ceci implique, naturellement, des travaux en profondeur suivis et toujours persévérants, car jamais aucun moi ne peut être désintégré instantanément. Par le sens de l’auto-observation intime, nous pourrons voir l’avance progressive du travail relatif à l’abomination qu’il nous intéresse vraiment de désintégrer.
Stella Maris, bien que cela semble incroyable, est la signature astrale de la puissance sexuelle humaine.
Nul doute que Stella Maris a le pouvoir effectif de désintégrer les aberrations dont notre intérieur psychologique est chargé.
La décapitation de Jean-Baptiste est une chose qui nous invite à la réflexion : aucun changement psychologique radical ne serait possible si nous ne passions pas avant par la décapitation.
Notre propre Être dérivé, Tonantzin, Stella Maris, puissance électrique inconnue de l’humanité entière, et qui se trouve latente au fond même de notre psychisme, jouit ostensiblement du pouvoir qui lui permet de décapiter tout moi avant sa désintégration finale.
Stella Maris est ce feu philosophale qui se trouve latent dans toute matière organique et inorganique.
Les impulsions psychologiques peuvent susciter l’action intensive de ce feu, et alors la décapitation est rendue possible.
Certains moi sont d’ordinaire décapités au commencement du travail psychologique, d’autres le sont au milieu, et les derniers à la fin. Stella Maris, en tant que puissance sexuelle ignée, a pleine conscience du travail à effectuer, et elle accomplit la décapitation au moment opportun, en temps et lieu.
Tant que ne s’est pas produite la désintégration de toutes ces abominations psychologiques, de toutes ces lascivités, de toutes ces malédictions : vol, envie, adultère secret ou manifeste, ambition d’argent ou de pouvoirs psychiques, etc., même si nous croyons être des personnes honorables, respectueuses de la parole donnée, sincères, courtoises, charitables, belles à l’intérieur, etc., alors nul doute que nous ne cesserons pas d’être des sépulcres blanchis, beaux au-dehors, mais en dedans pleins de répugnante pourriture.
L’érudition livresque, la pseudo-sapience, la connaissance parfaite des écritures sacrées, qu’elles soient d’orient ou d’occident, du nord ou du sud, le pseudo-occultisme, le pseudo-ésotérisme, l’assurance absolue d’être bien documenté, le sectarisme intransigeant et appuyé sur une totale conviction, etc., tout cela ne sert à rien parce que, en réalité, seul existe dans le fond cela que nous ignorons, ces créations de l’enfer, ces malédictions, ces monstruosités qui se cachent derrière la bonne figure, derrière le visage vénérable, sous le saintissime costume du leadeur sacré, etc.
Nous devons être sincères avec nous-mêmes, nous demander ce que nous voulons, si nous sommes venus à l’enseignement gnostique par pure curiosité, si en vérité ce que nous désirons ce n’est pas de passer par la décapitation : alors nous nous trompons nous-mêmes, nous cherchons à défendre notre propre pourriture, nous sommes en train d’agir hypocritement.
Dans les écoles les plus vénérables de la sagesse ésotérique et de l’occultisme, il y a beaucoup de trompés sincères qui veulent vraiment s’autoréaliser, mais qui ne se consacrent pas à la désintégration de leurs abominations intérieures.
Nombreux sont les gens qui supposent qu’avec de bonnes intentions il est possible de parvenir à la sanctification. Il n’y a pas de doute que tant que nous ne travaillons pas avec intensité sur ces moi que nous charrions dans notre intérieur, ils continueront d’exister tout au fond du regard pieux et de la bonne conduite.
Voici venue l’heure de connaitre que nous sommes des méchants travestis sous la tunique de la sainteté ; des loups avec une toison d’agneau ; des cannibales déguisés en gentlemans ; des bourreaux dissimulés derrière le signe sacré de la croix, etc.
Aussi majestueux que nous paraissions dans nos temples ou dans nos somptueuses résidences de lumière et d’harmonie, aussi sereins et doux que nous voient nos semblables, aussi déférents et humbles que nous semblions être, au fond de notre psychisme continuent d’exister toutes les abominations de l’enfer et toutes les monstruosités qui se révèlent dans les guerres.
La psychologie révolutionnaire nous rend évidente la nécessité d’une transformation radicale et celle-ci n’est possible qu’en nous déclarant à nous-mêmes une guerre à mort, cruelle et sans merci.
Certainement, nous tous nous ne valons rien, nous sommes, chacun de nous, la disgrâce de la terre, l’exécrable.
Fort heureusement, Jean-Baptiste nous a enseigné le chemin secret : mourir en nous-mêmes au moyen de la décapitation psychologique.
Chapitre 30 – Le Centre de Gravité Permanent
Sans l’existence d’une véritable individualité, il s’avère impossible d’avoir une continuité de propos.
Si l’individu psychologique n’existe pas, si en chacun de nous vivent de nombreuses personnes, s’il n’y a pas de sujet responsable, il serait absurde d’attendre de quelqu’un une continuité de propos.
Nous savons très bien qu’au-dedans de chaque personne vivent beaucoup de personnes, alors le vrai sens de la responsabilité n’existe pas réellement en nous.
Ce qu’un moi déterminé affirme à un moment donné ne peut aucunement être sérieux, dû au fait concret que quelque autre moi peut affirmer exactement le contraire à quelque autre moment.
Le plus grave dans tout ceci c’est que beaucoup de gens croient posséder le sens de responsabilité morale et se trompent eux-mêmes en affirmant être toujours les mêmes.
Il y a des personnes qui, à un moment quelconque de leur existence, viennent aux études gnostiques, resplendissantes de la force d’une ardente aspiration, s’enthousiasment pour le travail ésotérique et même jurent de consacrer la totalité de leur existence à ces questions.
Incontestablement, tous les frères de notre mouvement vont jusqu’à admirer un tel enthousiasme.
On ne peut moins que ressentir une grande joie à écouter des personnes de cette sorte, si dévotes et définitivement sincères.
Cependant, l’idylle ne dure pas longtemps, un jour quelconque, pour tel ou tel motif justifié ou injustifié, simple ou compliqué, la personne se retire de la Gnose, elle abandonne alors le travail et, pour réparer le dégât ou essayer de se justifier elle-même, elle s’affilie à quelque autre organisation mystique et pense que maintenant elle va mieux.
Tout ce va-et-vient, tout ce changement incessant d’écoles, de sectes, de religions, est dû à la multiplicité de moi qui luttent entre eux, dans notre intérieur, pour leur propre suprématie.
Étant donné que chaque moi possède son propre jugement, son propre mental, ses propres idées, ce changement d’avis, ce papillonnement constant d’organisation en organisation, d’idéal en idéal, etc., est tout à fait normal.
Le sujet n’est en soi rien d’autre qu’une machine qui sert de véhicule tantôt à un moi, tantôt à un autre.
Certains moi mystiques s’auto-mystifient et après avoir abandonné telle ou telle secte, ils en arrivent à se croire des Dieux, ils brillent comme des feux follets et finalement disparaissent.
Il y a des personnes qui apparaissent un instant dans le travail ésotérique et ensuite, au moment où un autre moi intervient, abandonnent définitivement ces études et se laissent avaler par la vie.
Nul doute que si on ne lutte pas contre la vie, elle nous dévore et rares sont les aspirants qui, en vérité, ne se laissent pas avaler par la vie.
Comme il existe au-dedans de nous toute une multiplicité de moi, le centre de gravité permanent ne peut exister.
Il est tout à fait normal que ce ne soient pas tous les sujets qui se réalisent intimement. Nous savons très bien que l’autoréalisation intime de l’Être exige une continuité de propos, et comme il est assurément très difficile de trouver quelqu’un qui ait un centre de gravité permanent, il n’est donc pas étrange qu’elle soit si rare la personne qui parvient à l’autoréalisation intérieure profonde.
Le normal c’est que quelqu’un s’enthousiasme pour le travail ésotérique et ensuite l’abandonne ; l’étrange serait que cette personne n’abandonne pas le travail et qu’elle atteigne le but.
Certainement, et au nom de la vérité, nous affirmons que le Soleil est en train de faire une expérience de laboratoire très complexe et terriblement difficile.
À l’intérieur de l’animal intellectuel erronément appelé homme se trouvent des germes qui, convenablement développés, peuvent convertir les humanoïdes en hommes solaires.
Toutefois il n’est pas superflu de préciser qu’il n’est pas assuré que ces germes vont se développer, le normal c’est qu’ils dégénèrent et se perdent lamentablement.
En tout cas, les germes en question, qui doivent nous convertir en hommes solaires, ont besoin d’une ambiance adéquate, car il est bien connu que la graine de semence dans un milieu stérile ne germe pas, se perd.
Pour que la vraie semence de l’homme, déposée dans nos glandes sexuelles, puisse germer, il est nécessaire d’avoir une continuité de propos et un corps physique normal.
Si les scientifiques continuent à faire des expérimentations avec les glandes à sécrétion interne, toute possibilité de développement des germes mentionnés pourra se perdre.
Bien que cela paraisse incroyable, les fourmis ont déjà passé par un processus similaire, dans un lointain passé archaïque de notre planète Terre.
On est rempli d’étonnement en contemplant la perfection d’un palais de fourmis. Il n’y a pas de doute que l’ordre établi dans n’importe quelle fourmilière est formidable.
Ces initiés qui ont éveillé la conscience savent par expérience mystique directe que les fourmis, en des temps que les plus grands historiens du monde sont extrêmement loin de soupçonner, furent une race humaine qui a créé une très puissante civilisation socialiste.
Ils éliminèrent alors les dictateurs de ce peuple, les diverses sectes religieuses et le libre arbitre, car tout cela leur enlevait du pouvoir et ils avaient besoin d’être totalitaires au sens le plus complet du mot.
Dans ces conditions, une fois éliminés l’initiative individuelle et le droit religieux, l’animal intellectuel se précipita sur le chemin de l’involution et de la dégénérescence.
À tout ce que nous venons de dire s’ajoutèrent les expériences scientifiques : transplantations d’organes, de glandes, expériences avec les hormones, etc., dont le résultat fut le rapetissement graduel et l’altération morphologique de ces organismes humains jusqu’à leur conversion finale en les fourmis que nous connaissons.
Toute cette civilisation-là, tous ces mouvements en relation avec l’ordre social établi devinrent mécaniques et se transmirent héréditairement de père en fils ; aujourd’hui on est rempli d’étonnement en voyant une fourmilière, mais nous ne pouvons moins que déplorer son manque d’intelligence.
Si nous ne travaillons pas sur nous-mêmes, nous involuons et dégénérons épouvantablement.
L’expérience que le Soleil est en train de faire dans le laboratoire de la Nature, en plus d’être certainement très difficile, a donné très peu de résultats.
Créer des hommes solaires n’est possible que s’il existe une véritable coopération de chacun de nous.
La création de l’homme solaire est impossible si nous n’établissons pas d’abord un centre de gravité permanent à l’intérieur de nous.
Comment pourrons-nous avoir une continuité de propos si nous n’établissons pas dans notre psychisme un centre de gravité ?
N’importe quelle race créée par le Soleil n’a assurément pas d’autre objectif, dans la nature, que de servir aux intérêts de cette création et à l’expérience solaire.
Si le Soleil échoue dans son expérience, il perd tout intérêt pour la race et ainsi se trouve-t-elle, par le fait même, condamnée à la destruction et à l’involution.
Chacune des races qui ont existé sur la face de la Terre a servi pour l’expérience solaire. De chaque race le Soleil a obtenu quelques triomphes, récoltant de petits groupes d’hommes solaires.
Quand une race a donné ses fruits, elle disparait de façon progressive ou périt violemment au moyen de grandes catastrophes.
La création d’hommes solaires est possible quand on lutte pour se rendre indépendant des forces lunaires. Il n’y a pas de doute que tous ces moi que nous portons dans notre psychisme sont de type exclusivement lunaire.
Il ne serait en aucune façon possible de nous libérer de la force lunaire si nous n’établissions pas en nous, au préalable, un centre de gravité permanent.
Comment pourrons-nous dissoudre la totalité du moi pluralisé si nous n’avons pas de continuité de propos ? De quelle manière pourrons-nous avoir une continuité de propos sans avoir auparavant établi dans notre psychisme un centre de gravité permanent ?
Étant donné que la race actuelle, au lieu de se rendre indépendante de l’influence lunaire, a perdu tout intérêt pour l’intelligence solaire, incontestablement elle s’est condamnée elle-même à l’involution et la dégénérescence.
Il est impossible que l’homme véritable surgisse au moyen de la mécanique évolutive. Nous savons très bien que l’évolution et sa sœur jumelle l’involution sont, en fait, les deux Lois qui constituent l’axe mécanique de toute la nature. L’évolution se fait jusqu’à un certain point parfaitement défini et aussitôt après vient le processus involutif ; à toute élévation succède une descente, et vice-versa.
Nous sommes exclusivement des machines contrôlées par divers Égos. Nous servons à l’économie de la nature, nous n’avons pas une individualité définie comme le supposent erronément plusieurs pseudo-ésotéristes et pseudo-occultistes.
Il nous faut changer de toute urgence afin que les germes de l’homme donnent leurs fruits.
Nous ne pouvons nous convertir en hommes solaires qu’en travaillant sur nous-mêmes avec une véritable continuité de propos et un sens complet de responsabilité morale. Ceci implique de consacrer la totalité de notre existence au travail ésotérique sur nous-mêmes.
Ceux qui ont espoir d’atteindre l’état solaire au moyen de la mécanique de l’évolution, se mystifient eux-mêmes et se condamnent en fait à la dégénérescence involutive.
Dans le travail ésotérique, nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de la versatilité ; ceux qui ont les idées flottantes, ceux qui aujourd’hui travaillent sur leur psychisme et demain se laissent avaler par la vie, ceux qui cherchent des échappatoires, des justifications pour abandonner le travail ésotérique, dégénèreront et involueront.
Quelques-uns ajournent le travail sur l’erreur, laissent tout pour le lendemain, tandis qu’ils améliorent leur situation économique, sans tenir compte que l’expérience solaire est quelque chose de très différent de leur jugement personnel et de leurs projets manifestes.
Il n’est pas si facile de se convertir en homme solaire, tant que nous portons la Lune dans notre intérieur (l’égo est lunaire).
La Terre a deux lunes ; la deuxième de ces lunes est appelée Lilith et se trouve un peu plus loin que la lune blanche.
Les astronomes considèrent habituellement Lilith comme une lentille, car elle est de très petite dimension. C’est la Lune noire.
Les forces les plus sinistres de l’égo parviennent à la Terre en provenance de Lilith et produisent des résultats psychologiques infrahumains et bestiaux.
Les crimes de la presse rouge, les assassinats les plus monstrueux de l’histoire, les délits les plus insoupçonnés, etc., etc., etc., sont dus aux ondes vibratoires de Lilith.
La double influence lunaire, représentée dans l’être humain par l’égo qu’il porte à l’intérieur de lui, fait de nous un véritable échec.
Si nous ne voyons pas l’urgence de vouer la totalité de notre existence au travail sur nous-mêmes dans le but de nous libérer de la double influence lunaire, nous allons finir avalés par la Lune, involuant, dégénérant chaque fois davantage dans certains états que nous pourrions bien qualifier d’inconscients ou infraconscients.
Le plus grave dans tout ceci c’est que nous ne possédons pas de véritable individualité ; si nous avions un centre de gravité permanent, nous travaillerions vraiment sérieusement jusqu’à l’obtention de l’état solaire.
Dans ces questions, il y a tant d’excuses, tant d’échappatoires, il existe tellement de choses attirantes et fascinantes, qu’il est devenu, en fait, pratiquement impossible, pour cette raison, de comprendre l’urgence du travail ésotérique.
Néanmoins, la petite marge de libre arbitre que nous avons, et l’enseignement gnostique orienté vers le travail pratique pourraient nous servir de fondation pour ces nobles buts en relation avec l’expérience solaire.
Le mental dispersé ne saisit pas ce qu’ici nous sommes en train de dire, il lit ce chapitre et l’oublie ensuite ; viens après un autre livre et encore un autre et nous finissons par nous affilier à quelque institution qui nous vend un passeport pour le ciel, qui nous parle de façon plus optimiste, qui nous assure des commodités dans l’au-delà.
Ainsi sont les gens, de simples marionnettes contrôlées par des fils invisibles, des poupées mécaniques avec des idées de girouette et sans continuité de propos.
Chapitre 31 – Le Travail Ésotérique Gnostique
Il est urgent d’étudier la Gnose et d’utiliser les idées pratiques que nous donnons dans cet ouvrage, pour travailler sérieusement sur nous-mêmes.
Toutefois, nous ne pourrions travailler sur nous-mêmes avec l’intention de dissoudre tel ou tel moi sans l’avoir au préalable observé.
L’observation de soi-même permet qu’un rayon de lumière pénètre dans notre monde intérieur.
Chaque moi s’exprime d’une certaine façon dans la tête, d’une autre façon dans le cœur et d’une autre façon dans le centre sexuel.
Il nous faut observer le moi qu’à un moment donné nous avons surpris, il est urgent de le voir en chacun de ces trois centres de notre organisme.
Dans nos relations avec les autres gens, si nous sommes alertes et vigilants comme la sentinelle en temps de guerre, nous nous auto-découvrirons.
Rappelez-vous, à quel moment a-t-on blessé votre vanité ? Votre orgueil ? Qu’est-ce qui vous a le plus contrarié durant la journée ? Pourquoi cette contrariété ? Quelle en était la cause secrète ? Étudiez bien ceci, observez votre tête, votre cœur et votre sexe…
La vie pratique est une école merveilleuse ; dans l’interrelation sociale, nous pouvons découvrir ces moi que nous charrions à l’intérieur de nous.
N’importe quelle contrariété, n’importe quel incident, peut nous conduire, grâce à l’auto-observation intime, à la découverte d’un moi que ce soit celui de l’amour-propre, de l’envie, de la jalousie, de la colère, de la convoitise, de la suspicion, de la calomnie, de la luxure, etc., etc., etc.
Il nous faut nous connaitre nous-mêmes avant de pouvoir connaitre les autres. Il est urgent d’apprendre à voir le point de vue adverse.
Si nous nous mettons à la place des autres, nous découvrirons que les défauts psychologiques que nous attribuons aux autres, nous les avons en surcroit dans notre intérieur.
Aimer le prochain est indispensable, mais on ne pourrait aimer les autres si, avant, on n’apprenait pas à se placer dans la situation d’une autre personne dans le travail ésotérique.
La cruauté continuera d’exister sur la face de la Terre tant que nous n’aurons pas appris à nous mettre à la place des autres.
Mais si l’on n’a pas le courage de se voir soi-même, comment pourrait-on se mettre à la place des autres ?
Pourquoi devrions-nous voir exclusivement le mauvais côté des autres personnes ?
L’antipathie mécanique envers une autre personne que nous rencontrons pour la première fois, indique que nous ne savons pas nous mettre à la place du prochain, que nous n’aimons pas notre prochain, que nous avons la conscience excessivement endormie.
Une certaine personne nous est-elle très antipathique ? Pour quel motif ? Peut-être boit-elle ? Observons-nous. Sommes-nous surs de notre vertu ? Sommes-nous surs de ne pas charrier dans notre intérieur le moi de l’ivrognerie ?
Il serait préférable qu’en voyant un ivrogne faire des bouffonneries nous disions : « Voilà comme je suis, que de bouffonneries je suis en train de faire. »
Vous êtes une femme honnête et vertueuse, et pour cela vous supportez difficilement une certaine dame ; vous ressentez de l’antipathie pour elle. Pourquoi ? Vous sentez-vous très sure de vous-même ? Croyez-vous qu’à l’intérieur de vous, vous n’avez pas le moi de la luxure ? Pensez-vous que cette dame discréditée à cause de ses scandales et lascivités est perverse ? Êtes-vous sure qu’à l’intérieur de vous n’existent pas la lascivité et la perversité que vous voyez chez cette femme ?
Il serait préférable de vous auto-observer intimement et en profonde méditation, que vous preniez la place de cette femme que vous détestez.
Il est urgent de valoriser le travail ésotérique gnostique, il est indispensable de le comprendre et l’apprécier si réellement nous aspirons avec ardeur à un changement radical.
Il devient indispensable de savoir aimer nos semblables, d’étudier la Gnose et d’apporter cet enseignement à tout le monde, car dans le cas contraire nous tomberons dans l’égoïsme.
Si quelqu’un se dédie au travail ésotérique sur lui-même, mais ne donne pas aux autres l’enseignement, son progrès intime s’avèrera très difficile par défaut d’amour pour le prochain.
« Qui donne, reçoit et qui donne davantage, recevra davantage, mais celui qui ne donne rien on lui enlèvera même ce qu’il a. » Ceci est la Loi.
Chapitre 32 – La Prière dans le Travail
Observation, jugement et exécution sont les trois facteurs de base de la dissolution. Premièrement : on observe. Deuxièmement : on juge. Troisièmement : on exécute.
Les espions à la guerre, d’abord on les observe ; ensuite on les juge ; enfin on les fusille.
Dans l’interrelation sociale survient l’autodécouverte et l’autorévélation. Celui qui renonce à la vie en commun avec ses semblables renonce également à l’autodécouverte.
Tout incident de la vie, si insignifiant qu’il paraisse, est indubitablement causé par un acteur intime en nous, un agrégat psychique, un moi.
L’autodécouverte est possible quand nous nous trouvons en état d’alerte perception, d’alerte nouveauté.
Un moi, découvert en flagrant délit, doit être soigneusement observé dans notre cerveau, cœur et sexe.
Un moi quelconque de luxure pourrait se manifester dans notre cœur sous l’apparence de l’amour, dans le cerveau comme un idéal, mais en portant notre attention au centre sexuel, nous sentirions une excitation morbide bien identifiable.
La mise en jugement de n’importe quel moi doit être définitive. Il nous faut l’assoir sur le banc des accusés et le juger impitoyablement.
Toute échappatoire, justification, considération, doit être éliminée, si nous voulons vraiment nous rendre conscients du moi que nous aspirons ardemment à extirper de notre psychisme.
L’exécution est différente ; il serait impossible d’exécuter un moi quelconque sans l’avoir au préalable observé et jugé.
La prière dans le travail psychologique est fondamentale pour la dissolution. Nous avons besoin d’un pouvoir supérieur au mental si nous désirons réellement désintégrer tel ou tel moi.
Le mental ne pourrait jamais par lui-même désintégrer aucun moi, ceci est indéniable, irréfutable.
Prier c’est converser avec Dieu. Nous devons appeler Dieu Mère dans notre intimité si, en vérité, nous voulons désintégrer les moi ; celui qui n’aime pas sa Mère, le fils ingrat, échouera dans le travail sur lui-même.
Chacun de nous a sa Mère divine particulière, individuelle ; elle est, en elle-même, une partie de notre propre Être, mais dérivée.
Tous les peuples anciens ont adoré « Dieu Mère » qui est dans le plus profond de notre Être. Le principe féminin de l’Éternel est Isis, Marie, Tonantzin, Cybèle, Rhéa, Adonia, Insoberte, etc., etc., etc.
Dans le monde physique nous avons un père et une mère, dans le plus profond de notre Être nous avons également notre Père qui est en secret et notre Divine Mère Kundalini.
Il y a autant de Pères dans le Ciel que d’hommes sur la terre. Dieu Mère dans notre propre intimité est l’aspect féminin de notre Père qui est en secret.
Lui et Elle sont assurément les deux parties supérieures de notre Être intime. Indubitablement, Lui et Elle sont notre Être Réel lui-même, au-delà du moi de la psychologie.
Lui se dédouble en Elle et commande, dirige, instruit. Elle, elle élimine les éléments indésirables que nous portons à l’intérieur de nous, à la condition d’un travail soutenu, continu, sur nous-mêmes.
Quand nous serons morts radicalement, quand tous les éléments indésirables auront été éliminés, après beaucoup de travaux conscients et de pénitences volontaires, nous nous fusionnerons, nous nous intègrerons avec le « Père-Mère » ; alors nous serons des Dieux terriblement divins, au-delà du bien et du mal.
Notre Mère divine particulière, individuelle, au moyen de ses pouvoirs flammigères, peut réduire en poussière cosmique n’importe lequel de tous ces moi, que nous avons au préalable observés et jugés.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser une formule spécifique pour prier notre Mère divine intérieure. Nous devons être très naturels et très simples en nous adressant à Elle. L’enfant qui s’adresse à sa mère n’use jamais de formules spéciales, il dit ce qui sort de son cœur et c’est tout.
Aucun moi ne peut être dissout instantanément ; notre Divine Mère doit travailler et même souffrir énormément avant de parvenir à l’annihilation de n’importe quel moi.
Devenez introvertis, dirigez votre prière vers le dedans, cherchant dans votre intérieur votre Dame divine ; parlez-lui en lui adressant de sincères supplications. Implorez-la de désintégrer ce moi que vous avez au préalable observé et jugé.
Le sens de l’auto-observation intime, au fur et à mesure qu’il va se développer, vous permettra de constater l’avance progressive de votre travail.
Compréhension et discernement sont fondamentaux, cependant il faut quelque chose de plus si, réellement, nous voulons désintégrer le moi-même.
Le mental peut s’offrir le luxe d’étiqueter n’importe quel défaut, de le faire passer d’un département à un autre, de l’exhiber, de le cacher, etc., mais jamais il ne pourrait l’altérer fondamentalement.
Il est nécessaire de recourir à un « pouvoir spécial » supérieur au mental, à un pouvoir flammigère capable de réduire en cendres n’importe quel défaut.
Stella Maris, notre Divine Mère, a ce pouvoir, elle peut pulvériser n’importe quel défaut psychologique.
Notre Mère divine vit dans notre intimité, au-delà du corps, des affects et du mental. Elle est, par elle-même, un pouvoir igné supérieur au mental.
Notre Mère cosmique particulière, individuelle, possède Sagesse, Amour et Pouvoir. En elle existe une absolue perfection.
Les bonnes intentions et la répétition constante des mêmes formules ne servent à rien, ne conduisent à rien.
Il ne servirait à rien de répéter : « je ne serai pas luxurieux » ; les moi de la lascivité de toute manière continueraient d’exister dans la profondeur même de notre psychisme.
Il ne servirait à rien de répéter quotidiennement : « je n’aurai plus de colère ». Les moi de la colère continueraient d’exister dans nos profondeurs psychologiques.
Il ne servirait à rien de dire quotidiennement : « je ne serai plus cupide ». Les moi de la convoitise continueront d’exister dans les divers tréfonds de notre psychisme.
Il ne servirait à rien de nous retirer du monde et nous enfermer dans un couvent ou vivre dans quelque caverne ; les moi à l’intérieur de nous continueront d’exister.
Certains anachorètes vivant dans des cavernes sont parvenus, au moyen de rigoureuses disciplines, à l’extase des saints, et furent transportés aux cieux, où ils virent et entendirent des choses qu’il n’est pas donné aux êtres humains de comprendre ; néanmoins, les moi ont continué d’exister dans leur monde intérieur.
Incontestablement, l’Essence peut s’échapper du moi, à l’aide de rigoureuses disciplines, et jouir de l’extase, mais après le moment de bonheur, elle retourne à l’intérieur même du moi.
Ceux qui se sont accoutumés à l’extase, sans avoir dissout l’égo, croient qu’ils ont déjà atteint la libération, mais ils s’automystifient, se croyant des Maitres jusqu’à ce qu’ils entrent dans l’involution submergée.
Jamais nous ne nous prononcerions contre le ravissement mystique, contre l’extase et la félicité de l’âme en l’absence de l’égo.
Nous voulons seulement souligner la nécessité de dissoudre les moi pour atteindre la libération finale.
L’Essence de tout anachorète discipliné, habituée à s’échapper du moi, répète le même exploit après la mort du corps physique, jouit pour un temps de l’extase et ensuite revient, comme le génie de la lampe d’Aladin, à l’intérieur de la bouteille, à l’égo, au moi-même.
Il ne lui reste plus alors d’autre recours que de retourner à un nouveau corps physique, dans le but de répéter sa vie sur le tapis de l’existence.
Plusieurs mystiques qui se sont désincarnés dans les cavernes de l’Himalaya, en Asie Centrale, sont maintenant des personnes vulgaires, communes et courantes, dans ce monde-ci, en dépit du fait que leurs suiveurs les adorent et les vénèrent encore.
Toute tentative de libération, aussi grandiose qu’elle soit, si elle ne tient pas compte de la nécessité de dissoudre l’égo, est condamnée à l’échec.