La Doctrine Secrète de l’Anahuac · Livre
Chapitre 1 – Les Sept Cavernes Célestes
Pour le bien de la Grande Cause, nous commencerons ce traité par la transcription d’un texte merveilleux. Il s’agit, plus exactement, d’un récit consigné par Fray Diego Duran dans son œuvre remarquable intitulée « Histoire du Mexique » (voir l’ouvrage de Don Mario Roso de Luna : « El Libro que mata a la muerte », p 126 à 134).
Puisque je n’aime pas me parer des plumes d’autrui, nous mettrons chaque paragraphe entre guillemets :
« Cette Histoire des Indiens de la Nouvelle-Espagne et des Iles de Terre Ferme par Fray Diego Duran, admirable livre écrit au début de la colonisation espagnole du si vaste empire, raconte que l’empereur Montezuma, se voyant dans la plénitude de l’opulence et de la gloire, se crut rien de moins qu’un Dieu. Les mages et les Sacerdotes du royaume, beaucoup plus sages que lui et plus riches, puisqu’ils dominaient tous leurs désirs inférieurs, durent lui dire :
« Ô notre roi et notre seigneur ! Ne t’enorgueillis en aucune façon de tout ce qui plie à tes ordres. Tes ancêtres, les empereurs que tu crois morts, te surpassent, là-bas dans leur monde, autant que la lumière du soleil surpasse celle d’un quelconque ver luisant.
« Alors l’empereur Montezuma, avec plus de curiosité encore que d’orgueil, décida d’envoyer une brillante ambassade chargée de présents vers la terre de ses aïeux, soit la Demeure bénie de l’Aube, au-delà des sept grottes de Pacaritampu d’où l’on disait que provenait le peuple aztèque et desquelles leurs vieilles traditions parlent avec tant d’éloge.
« La difficulté, cependant, était de trouver les moyens et le véritable chemin pour parvenir avec bonheur à une région si obscure et mystérieuse, chemin qu’en vérité personne ne semblait plus connaître. L’empereur fit alors comparaître devant lui son ministre Tlacaelel, lui disant :
« Tu dois savoir, ô Tlacaelel, que j’ai résolu de réunir une troupe composée de mes généraux les plus héroïques et de les envoyer, en grand apparat et somptueusement apprêtés, avec une grande partie des richesses que le grand Huitzilopochtli a bien voulu nous accorder pour sa gloire, afin qu’ils aillent déposer ces richesses, avec révérence, à ses augustes pieds. En outre, étant donné que nous possédons des notices dignes de foi attestant que la mère elle-même de notre Dieu vit encore, il pourrait donc lui être agréable d’apprendre la grandeur et la splendeur atteintes par ses descendants à l’aide de leurs bras et de leur tête.
« Tlacaelel répondit :
« Puissant seigneur, en parlant comme tu l’as fait, tu n’a pas été mu, non, en ton être royal, par un désir d’affaires mondaines ni par les déterminations propres de ton si auguste cœur, mais plutôt parce qu’une déité éminente te pousse ainsi à entreprendre une aventure aussi inouïe que celle à laquelle tu veux te livrer. Toutefois, tu ne dois pas ignorer, seigneur, que ce que tu as déterminé de manière si décisive n’est pas une chose de simple force, ni d’adresse ou de vaillance, ni d’aucune manœuvre guerrière, ni même d’astuce politique, mais chose de sorcières et d’enchanteurs, seuls capables de nous découvrir de prime abord, grâce à leurs arts, le chemin qui peut nous conduire en pareil endroit.
« Car tu dois savoir, ô puissant prince, que, selon ce que racontent nos vieilles histoires, ce chemin a été coupé depuis de longues années et que sa partie qui se trouve de ce côté-ci du monde est obstruée par d’épais halliers et des rochers broussailleux peuplés de monstres invincibles, par des déserts de sable et des lagunes sans fond, par d’impénétrables forêts de laîches et de roseaux où perdrait la vie quiconque tenterait, entreprise combien téméraire ! D’emprunter cette voie. Recherche donc, seigneur, comme unique remède contre d’aussi grands obstacles, ces gens sages dont je t’ai parlé, car eux seuls, par leurs arts magiques, pourront peut-être éviter tous ces impossibles obstacles et se rendre jusque là-bas pour te rapporter ensuite les nouvelles qui nous sont nécessaires concernant une telle région, région dont on certifie que lorsque nos aïeux et nos pères l’ont habitée, avant de venir, à la suite d’une longue pérégrination, jusqu’aux lagunes de Mexico où ils virent le prodige du nopal ou buisson ardent, elle était un lieu de séjour amène et sublime où ils jouissaient de la paix et du repos, où ils vivaient des siècles et des siècles sans devenir vieux ni savoir ce qu’étaient les maladies, les fatigues ou la douleur, sans avoir, enfin, aucun des asservissants besoins physiques que nous endurons ici ; mais après que nos ancêtres furent sortis d’un tel paradis pour venir ici, tout leur devint ronces et chardons ; les herbes les piquaient ; les pierres les blessaient et les arbres du chemin étaient devenus, pour eux, durs, épineux et inféconds, tout se conjurant contre eux pour les empêcher de retourner là-bas et pour qu’ainsi ils accomplissent leur mission dans ce monde qui est le nôtre.
« Montezuma, écoutant le bon conseil du sage Tlacaelel, se souvint de l’historien royal Cuauhcoatl, littéralement : l’Aigle-Serpent, c’est-à-dire, le Dragon de la Sagesse, nom toujours attribué aux Adeptes de la « Main Droite » ou Magiciens Blancs, vénérable vieillard dont personne ne connaissait l’âge, et il le fit immédiatement conduire jusqu’à sa retraite dans la montagne, lui disant, après l’avoir salué avec révérence :
« Mon père, très noble ancien et gloire de ton peuple : j’aimerais beaucoup apprendre de toi, si tu daignes me le dire, quelle mémoire tu gardes, en ta sainte vieillesse, au sujet de l’histoire des sept cavernes célestes où habitent nos vénérables ancêtres, et quel est ce lieu saint où demeure notre Dieu Huitzilopochtli, et duquel sont venus jusqu’ici nos pères.
« Puissant Montezuma, répondit solennellement l’ancien, ce que ton serviteur sait, en ce qui concerne ta question, c’est que nos ancêtres, en effet, ont demeuré en cet indescriptible et heureux endroit qu’ils ont appelé Aztlan, synonyme de pureté ou de blancheur. Là subsiste toujours une grande colline au milieu de l’eau, qu’ils ont appelée Culhuacan, ce qui veut dire : Colline tortueuse ou des Serpents. C’est en cette colline que se trouvent les cavernes et c’est là qu’ont vécu nos ancêtres pendant très longtemps, avant de venir ici.
« Là-bas, sous les noms de Medjins et d’Aztèques, ils ont eu un très grand repos ; là-bas, ils jouissaient d’une grande quantité de canards de toute espèce, hérons, cormorans, foulques, poules d’eau et de multiples sortes de poissons admirables ; de la douce fraîcheur des champs plantés d’arbres lourds de fruits, et qu’embellissaient encore des papillons jaunes à la tête multicolore ; de fontaines entourées de saules, de sabines et d’énormes alisiers.
« Ces gens allaient en canoës, et dans leurs sillons ils semaient du maïs, du piment, des tomates, des nahutlis, des haricots et les autres genres de graines que nous mangeons ici et qu’ils ont rapportées de là-bas, en en perdant d’ailleurs beaucoup d’autres en chemin.
« Mais, après qu’ils furent partis de là pour gagner la terre ferme et qu’ils eurent perdu de vue ce lieu délectable, tout, absolument tout, se retourna contre eux ; les herbes les mordaient, les pierres les coupaient ; les champs étaient pleins de ronces et ils trouvèrent des halliers et des bois d’aubépines qui les empêchaient de passer, de s’asseoir ou de se reposer au milieu d’eux. Ils trouvèrent partout, en outre, des vipères, des couleuvres et d’autres bestioles venimeuses ; aussi, des tigres, des lions et d’autres animaux féroces qui leur disputaient le sol et leur rendaient la vie impossible. Voilà tout ce qu’ont laissé nos ancêtres et c’est ce que je peux te dire en me fondant sur nos histoires, ô puissant seigneur !
« Le roi répondit au vieillard que telle devait être la vérité, puisque Tlacaelel donnait la même relation. Ainsi donc, il commanda sur le champ qu’on aille par toutes les provinces de l’Empire rechercher et convoquer tous les enchanteurs et sorciers que l’on pourrait trouver. On amena alors devant Montezuma une soixantaine d’hommes, tous gens d’un grand âge et connaisseurs de l’Art Magique, et une fois qu’on eut réuni les soixante, l’empereur leur dit :
« Pères et anciens, j’ai résolu de connaître où se trouve le lieu d’où sont partis les Mexicains, il y a très longtemps, et de savoir avec exactitude quelle est cette terre, qui l’habite, et si la mère de notre Dieu Huitzilopochtli vit encore. C’est pourquoi je vous ai convoqués, pour que vous alliez là-bas, par le moyen que vous jugerez le plus approprié, et que vous reveniez vite ici.
« Il ordonna en outre qu’on apporte une grande quantité d’étoffes de toutes sortes, de vêtements luxueux, d’or et de joyaux de grande valeur ; beaucoup de cacao, de coton, de teonacaztli, de roses, d’haricots noirs, et de plumes d’une grande beauté ; le plus précieux, enfin, de son trésor, et il le remit à ces sorciers, leur donnant, aussi, leur salaire et beaucoup de nourriture pour le chemin, afin qu’ils accomplissent avec le plus grand soin leur mission.
« Les sorciers partirent donc, et arrivés à une colline appelée Coatepec, qui est située à Tula, ils firent leurs invocations et leurs cercles magiques, s’enduisant de ces onguents qui sont encore utilisés pour de telles opérations.
« Une fois rendus là, ils invoquèrent le Démon (leur Daemon familier respectif, le Lucifer particulier de chacun, pour ainsi dire) et ils le supplièrent de leur montrer le véritable endroit où leurs ancêtres avaient vécu. Le Démon, contraint par ces incantations, les transforma, les uns en oiseaux, les autres en bêtes féroces, lions, tigres, chacals et en effrayants chats sauvages, et il les transporta, eux et tout leur bagage, à l’endroit habité par leurs ancêtres.
« Arrivés à une grande lagune, au milieu de laquelle se trouvait la colline de Culhuacan, ils se posèrent sur la berge et reprirent leur forme humaine ; l’histoire raconte qu’apercevant des gens qui pêchaient sur l’autre rive, ils les appelèrent. Les gens montèrent dans leurs canoës et s’approchèrent d’eux, leur demandant d’où ils venaient et où ils allaient. Ils répondirent alors :
« Seigneurs, nous sommes des sujets du grand empereur Montezuma, de Mexico, et nous venons, sur son ordre, rechercher le lieu où ont habité nos ancêtres.
« Les gens de cette terre leur demandèrent alors quel Dieu ils adoraient, et les voyageurs répondirent :
« Nous adorons le grand Huitzilopochtli, et Montezuma de même que son conseiller Tlacaelel nous ont ordonné de rechercher la mère de Huitzilopochtli, car nous apportons de riches présents pour elle et pour toute sa famille.
« Les habitants de ces lieux retournèrent au rivage et rapportèrent les propos des voyageurs à un vénérable vieillard réputé pour sa profonde sagesse. L’ancien leur dit :
« Qu’ils soient les bienvenus ; amenez-les ici.
« Ils retournèrent à l’autre rive en canoë, y firent monter les voyageurs et les conduisirent à la colline de Culhuacan, colline que l’on dit d’un sable très fin, où s’enfonçaient les pieds des voyageurs à tel point qu’ils ne pouvaient presque pas avancer ; ils parvinrent ainsi, de peine et de misère, à la petite maison que le vieillard avait au pied de la colline ; ils saluèrent l’ancien avec beaucoup de révérence et lui dirent :
« Vénérable Maître, nous sommes tes serviteurs, en cet endroit où ta parole est vénérée, et où l’on révère ta puissance protectrice.
« Le vieillard répliqua, avec un grand amour :
« Soyez les bienvenus, mes enfants. Qui est celui qui vous envoie ici ? Qui est Montezuma, et ce Tlacaelel Cuauhcoatl ? On n’a jamais entendu ces noms ici ; en effet les seigneurs de cette terre se nomment Tezacatetl, Acactli, Tenoch et Victon : ils sont sept hommes, sept chefs de gens innombrables. Il y a aussi quatre merveilleux gouverneurs, ou tuteurs du grand Huitzilopochtli, deux d’entre eux s’appelant Cuautloquetzqui et Axolona.
« Les voyageurs dirent, étonnés :
« Seigneur, tous ces noms nous sont connus comme ceux qu’ont portés des êtres dans une très lointaine antiquité, et de qui subsiste à peine la mémoire dans nos rites sacrés, car il y a maintenant de longues années que tous ceux-là sont oubliés ou morts.
« Le vieillard, ébahi par tout ce qu’il entendait, s’écria :
« O Seigneur de tout le créé ! Qui donc les aurait tués, s’ils se trouvent ici vivants ? Car en ce lieu personne ne meurt, on y vit toujours. Qui sont, alors, ceux qui vivent maintenant ?
« Les émissaires répondirent, confus :
« Seuls vivent, seigneur, leurs arrière-petits-fils et leurs arrière-arrière-petits-fils, eux-mêmes déjà très âgés. L’un d’eux est le grand prêtre de Huitzilopochtli, appelé Cuauhcoatl.
« Le vieillard, non moins surpris qu’eux, s’exclama, d’une voix forte :
« Est-il possible que cet homme ne soit pas encore revenu ici, alors que, jour après jour, sa sainte mère l’espère, inconsolable, depuis qu’il est parti d’ici pour se rendre chez vous ?
« Puis le vieillard donna l’ordre du départ pour le palais royal de la colline. Les émissaires, chargés des présents qu’ils avaient apportés, essayèrent de le suivre, mais il leur était presqu’impossible de faire un seul pas ; ils enfonçaient plutôt, de plus en plus, dans le sable, comme s’ils marchaient dans un bourbier. En les voyant dans un tel embarras et si lourds qu’ils ne pouvaient avancer, tandis que lui cheminait avec une telle prestance que c’est à peine s’il effleurait le sol, l’ancien leur demanda affectueusement :
« Qu’avez-vous donc, ô Mexicains, qu’est-ce qui vous rend si maladroits et si lourds ? Pour en être arrivés là, qu’est-ce que vous mangez dans votre pays ?
« Seigneur, lui répondirent les malheureux, là-bas nous mangeons autant de mets que nous le pouvons provenant des animaux qui y vivent, et nous buvons du pulque.
« À quoi le vieillard répondit, plein de compassion :
« Ces aliments et ces boissons, à l’égal de vos ardentes passions, sont ce qui vous a rendus, mes enfants, si lourds et maladroits. Ce sont eux qui vous empêchent de voir l’endroit où vivent nos ancêtres et qui vous conduisent, enfin, à une mort prématurée. Sachez en outre que toutes ces richesses que vous apportez ne sont ici d’aucune utilité, car seules la pauvreté et la simplicité nous entourent.
« En disant tout ceci, l’ancien saisit avec une grande force les charges de tous et, continuant à gravir la colline, il les porta comme si elles ne pesaient qu’une plume.
Le chapitre XXVII de l’œuvre du Père Duran, commentée par Don Mario Roso de Luna, et que nous paraphrasons ici, se poursuit, dit Don Mario, par le récit de la rencontre des ambassadeurs avec la mère de Huitzilopochtli, dont nous extrayons le passage suivant :
« Une fois rendus en haut, une femme leur apparut, d’un grand âge, si sale et si noire, qu’elle semblait une chose de l’enfer, et en pleurant amèrement elle dit aux Mexicains :
« Soyez les bienvenus, mes enfants, car vous devez savoir que depuis qu’est parti d’ici votre Dieu et mon fils Huitzilopochtli, je ne suis que larmes et tristesse en espérant son retour, et depuis ce jour je ne me suis pas lavée le visage, ni peignée, ni changée de robe, et ce deuil et cette tristesse dureront jusqu’à ce qu’il revienne.
« Voyant une femme si absolument négligée, les messagers, remplis d’effroi, dirent :
« Celui qui nous a envoyés ici est ton serviteur, le roi Montezuma, et son coadjuteur, Tlacaelel-Cuauhcoatl ; tu dois savoir qu’il n’est pas le premier de nos rois mais le cinquième. Les quatre autres rois, ses prédécesseurs, connurent beaucoup de pauvreté et de famine, et ils furent tributaires d’autres provinces, mais à présent la cité est prospère et libre, elle a ouvert des routes par terre et par mer, et elle est à la tête de toutes les autres cités ; elle a aussi découvert des mines d’or, d’argent et de pierres précieuses, et ces richesses, nous te les offrons en présents.
« Elle leur répondit, ses pleurs maintenant apaisés :
« Je vous suis reconnaissante pour toutes vos informations, mais je voudrais savoir si les vieux précepteurs (Sacerdotes) que mon fils emmena d’ici, sont vivants.
« Ils sont morts, madame, et nous ne les avons pas connus ; il ne reste d’eux qu’une ombre et un souvenir presque effacé.
« Fondant à nouveau en larmes, elle leur demanda alors :
« Qui donc les a tués, puisqu’ici-même tous leurs compagnons sont vivants ?
« Et elle ajouta aussitôt :
« Qu’est-ce que vous apportez à manger ? C’est cela qui vous a engourdis et attachés à la terre, et qui est la cause de ce que vous n’avez pas pu monter jusqu’ici.
« Et en les chargeant d’un message pour son fils, elle termina en disant aux visiteurs :
« Avisez mon fils que le temps de sa pérégrination est accompli, puisqu’il a enseigné à son peuple et tout assujetti à sa volonté ; dans le même ordre des choses, des étrangers viendront tout lui enlever, et lui devra revenir en notre giron une fois sa mission accomplie, là-bas.
« Elle leur donna une couverture et une culotte (ou ceinture) de chasteté, pour son fils, et les renvoya.
« Mais les émissaires n’avaient pas plutôt commencé à descendre par le flanc de la colline que la vieille les rappela, leur disant :
« Attendez, vous allez voir comment, sur cette terre, il se fait que les hommes ne vieillissent jamais. Vous voyez mon vieux précepteur ? À mesure qu’il descendra d’ici, regardez-le devenir un jeune homme.
« Le vieillard commença à descendre et, en effet, plus il descendait et plus il rajeunissait, et à peine était-il remonté qu’il était redevenu aussi vieux qu’avant ; il leur dit :
« Vous devez apprendre, mes enfants, que cette colline a la vertu de nous accorder l’âge que nous voulons, selon que nous la gravissons ou la descendons. Vous ne pouvez pas comprendre ceci, car vous êtes abrutis et corrompus par vos aliments et vos boissons, et par le luxe et les richesses.
« Et pour qu’ils ne s’en aillent pas sans être récompensés de ce qu’ils avaient apporté, il leur fit apporter toutes sortes d’oiseaux marins qui vivaient dans cette lagune, toutes sortes de poissons et de légumes, des roses, des couvertures de sisal et des culottes, une pour Montezuma et une autre pour Tlacaelel.
« Les émissaires, après s’être enduits d’onguents, comme à l’aller, se changèrent en les mêmes bêtes féroces que la première fois, pour pouvoir franchir le pays intermédiaire ; ils revinrent à la colline de Coatepec et, reprenant là leur apparence rationnelle, ils se mirent en marche pour la cour royale, non sans remarquer que de leur groupe il en manquait au moins vingt, parce que le Démon, sans doute, les avait décimés en paiement pour son travail, pour les avoir déplacés de plus de trois cents lieues en huit jours, et les avoir ramenés encore plus vite que cet autre qu’il transporta depuis le Guatemala en trois jours, accédant au désir qu’avait une certaine vieille dame de voir son beau visage, selon ce qu’on raconte à propos du premier autodafé que la Sainte Inquisition célébra au Mexique.
« Montezuma fut émerveillé par le récit de ses ambassadeurs et, appelant Tlacaelel, il loua avec lui la fertilité de cette sainte terre de leurs ancêtres, la fraîcheur de ses bosquets, l’abondance sans égale de toutes choses, puisque toutes les semailles se faisaient en même temps, et tandis que les unes mûrissaient, d’autres étaient encore jeunes, d’autres en herbe, et d’autres naissaient, de sorte que, là-bas, on ne pouvait jamais connaître la misère. En évoquant pareille terre de félicité, roi et ministre se mirent à pleurer amèrement, ressentant la nostalgie de cette contrée et le désir ardent et sans limites de retourner y habiter quelque jour, une fois accomplie ici-bas leur mission humaine.
Ici s’arrête la délicieuse relation de Fray Diego Duran, transcrite par Don Mario Roso de Luna, l’insigne écrivain théosophe.
Chapitre 2 – Lucifer-Nahuatl
Parlons maintenant un peu, mais de manière très claire, du divin Daemon de Socrate, le fameux Lucifer de la cathédrale Notre-Dame de Paris, Xolotl Nahuatl lui-même, lequel, sur la colline magique de Coatepec, qui se trouve à Tula, est accouru plus vite que le vent à l’invocation incantatoire des soixante anciens.
Extraordinaire et enchanteresse Tula qui, en vérité, n’est autre que la Thulé scandinave dont nous parlent les vers sublimes du grand Sénèque, située aux confins de ce monde, pour ainsi dire.
Xolotl, l’ombre vivante de Quetzalcoatl, Lucifer-Prométhée, est le « porteur de lumière », l’Étoile du Matin, le symbole vivant de notre pierre angulaire, la pierre du coin, la Pierre Philosophale, qui est la clé de tous les pouvoirs.
Lucifer-Xolotl, prenant parfois l’aspect du Bouc de Mendès, symbolise la puissance sexuelle.
Moïse, au retour du Sinaï où il avait rencontré Jéhovah, portait sur le front deux rayons lumineux en forme de cornes de bouc, ce qui indique qu’il avait travaillé avec la force sexuelle.
Il est écrit, dans des textes hébraïques, que l’Arche de l’Alliance portait à ses quatre angles des cornes de bouc.
Isaïe, le prophète, s’exclame pour sa part :
« Comment es-tu tombé du ciel,
ô Astre brillant du matin, fils de l’Aurore !
Comment as-tu été jeté par terre, toi qui dominais les nations !
Toi qui disais en ton cœur :
Je monterai aux cieux, au plus haut.
Au-dessus des étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône.
Je siégerai sur la montagne sainte,
dans les profondeurs de l’Aquilon.
Je monterai au sommet des nuées,
et je serai pareil au Très-Haut.
Eh bien ! Tu es monté au shéol,
dans les profondeurs de l’Abîme ! ».
(Isaïe, XIV, 12-15).
Les Pères de l’Église, Siméon, Pacôme, Euloge, Antoine voyaient chacun leur Lucifer particulier (car chaque personne a le sien), sous l’aspect d’une délicieuse jeune fille, ou d’un homme terrible aux cornes luisantes, ou encore d’un enfant avec une tunique noire.
Écoutons le merveilleux chant d’Ézéchiel au beau démon Lucifer-Xolotl :
« Tu étais le sceau de la perfection,
plein de sagesse et parfait en beauté.
Tu habitais en l’Éden, au Jardin de Dieu.
Ton vêtement était formé de toutes sortes de pierres précieuses.
Le rubis, la topaze, le diamant,
la chrysolite, l’onyx, le béryl, le saphir,
l’escarboucle, l’émeraude et l’or te couvraient.
Par la multitude de tes tractations,
tu as rempli ton enceinte de violence ; tu as péché,
et je t’ai précipité de la montagne sainte,
je t’ai rejeté d’entre les fils de Dieu,
et le Chérubin protecteur t’a fait périr ».
(Ézéchiel, XXVIII, 12-19).
« À Monte Alban, ce personnage éveille une véritable sympathie : l’entité nue, avec les extrémités contrefaites, la bouche féline et une attitude dynamique qui singularise les débuts de cette cité, ne peut mieux représenter Xolotl (Lucifer). Son association à la fois avec le tigre, avec le feu, dont les flammes remplacent parfois les parties génitales, et avec le mouvement de chute, en sont des preuves suffisantes » (Laurette Séjourne, L’Univers de Quetzalcoatl).
Xolotl-Lucifer-Prométhée est, manifestement, le double de Quetzalcoatl, le prince de la lumière et des ténèbres, et il a un pouvoir absolu sur les cieux, la terre et les enfers.
Incontestablement, le divin Daemon est la réflexion de Dieu à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant, et il peut nous conférer la puissance, la sagesse et l’égalité avec Dieu : « Eritris sicut Dei », « Vous serez comme des Dieux ».
La Pierre Philosophale (Lucifer-Xolotl), sous-jacente au fond même de nos organes sexuels, doit réconcilier les contraires, les frères ennemis : Coincidentia Oppositorum, Coïncidence des Opposés, pour que nous soyons des Dieux.
Le Feu vivant et philosophal des vieux alchimistes médiévaux gît, latent, au fond de notre système séminal, et il n’attend, dans une mystique expectative, que le moment d’être éveillé.
INRI : Ignis Natura Renovatur Integra, Le Feu renouvelle intégralement la Nature. In Necis Renascor Integer (dans la mort renaître intact et pur).
Saint-Thomas dit : « Le plus haut, le plus parfait des anges, l’ange préféré de Dieu ».
Dante écrit : « Plus noble qu’aucune créature, et la somme de toutes les créatures ».
Indubitablement, Xolotl-Lucifer n’est en aucune façon un agent étranger, en dehors de notre psychisme ; tout au contraire, il est, assurément, l’ombre de notre Être divin à l’intérieur de notre « fond intime particulier ».
Il est écrit en lettres d’or dans le livre de la vie que sur les griffes de la patte droite de Lucifer-Nahuatl resplendissent glorieusement certains signes dorés terriblement divins.
Xolotl-Lucifer-Prométhée est l’entraîneur psychologique dans le gymnase de la vie pratique.
Vaine alarme, tapage, tumulte inutile que celui de certaines confréries qui propagent par-ci, par-là, des sottises sans fondement et diffamantes contre le Chinoupes solaire gnostique, le Christos Agathodaemon, le Serpent de la Genèse, Lucifer-Nahuatl, le Resplendissant Dragon de Sagesse.
Xolotl-Lucifer est mal vu, souillé par ces rustres « modèles de savoir » qui, répudiant l’esprit qui vivifie, ont interprété l’allégorie de la guerre dans les cieux et de la lutte de Michel contre le Dragon au pied de la lettre, sans comprendre leur profonde signification : croisade, combat céleste qui doit incontestablement se dérouler dans les profondeurs vivantes de notre propre conscience ; lutte héroïque contre les passions animales que nous portons à l’intérieur, personnifiées dans le « Moi-même », dans le « Soi-même ».
Indubitablement, notre réel Être intérieur profond doit tuer ou échouer. Dans le premier cas, il se convertit évidemment en le tueur du Dragon, par le fait même qu’il est sorti victorieux de toutes les tentations qui se sont présentées à lui.
Xolotl-Lucifer comme précepteur, éducateur, mentor, c’est certainement quelque chose d’insolite, d’inusité, d’extraordinaire ! Il y a, dans la tentation luciférienne, une didactique inimitable, une pédagogie prodigieuse, une attraction qui étonne, un aiguillon incomparable, une instigation cachée avec des intentions divines secrètes, une séduction, une fascination.
De tout ceci nous pouvons inférer qu’à l’intérieur de nos profondeurs intimes nous pouvons et devons lutter contre le Dragon et ses armées ténébreuses (les défauts psychologiques) si vraiment nous voulons nous convertir en « Fils de la Sagesse » et en « Dieux Immortels ».
Sur la terre sacrée des Veda, Indra, le resplendissant Dieu du firmament, tue Vritra ou Ahi, le Démon-Serpent, Lucifer-Xolotl, prouesse pour laquelle il est appelé Vritra-Han, le « Destructeur de Vritra », raison pour laquelle on lui donne le surnom de Jishnu : « Conducteur de l’Armée céleste ».
La Croix est un symbole très antique, employé depuis toujours, dans toutes les religions, chez tous les peuples, et il se tromperait lourdement, celui qui la considérerait comme un emblème exclusif de telle ou telle secte religieuse ; lorsque les conquistadores espagnols sont arrivés sur la terre sainte de Aztèques, ils ont rencontré la Croix sur les autels.
« Le plan des grands édifices religieux du Moyen-Âge, par adjonction d’une abside semi-circulaire ou elliptique soudée au chœur, épouse la forme du signe hiératique égyptien de la croix ansée, qui se lit Ankh, et désigne la Vie universelle cachée en toutes choses ».
« D’autre part, l’équivalent hermétique du signe Ankh est l’emblème de Vénus ou Cypris, Lucifer, le cuivre, l’airain ou le laiton » (Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales).
« Blanchis le laiton et brûle tes livres », nous répètent sans cesse tous les bons auteurs de l’Alchimie médiévale. Ostensiblement, cette expression, cette prière, cet axiome, s’il est sagement traduit, signifie : Magie Sexuelle, Chasteté scientifique, Mort radicale de l’Égo animal.
Quetzalcoatl, ressuscité après avoir « blanchi le laiton », devient l’Étoile du Matin.
L’Apocalypse de Saint-Jean dit :
« Au vainqueur, à celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin, je donnerai pouvoir sur les nations. Et c’est avec un sceptre de fer qu’il les mènera, et elles seront fracassées comme un vase d’argile ! Ainsi, moi-même j’ai reçu ce pouvoir de mon Père. Et je lui donnerai l’Étoile du Matin.
Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises » (Apocalypse, II, 26-29).
Bel et le Dragon, Quetzalcoatl et Xolotl, Apollon et Python, Krishna et Kaliya, Osiris et Typhon, Michel et le Dragon Rouge, Saint-Georges et son Dragon, sont toujours le Logoï divin particulier de chacun de nous et son double projeté dans notre psychisme pour notre bien.
Il n’est pas superflu d’affirmer avec insistance et avec une totale lucidité que tuer le Dragon-Vénus-Lucifer-Xolotl équivaut à nous convertir en ses propres enfants, c’est-à-dire, recevoir l’Étoile du Matin.
Durant toute l’Antiquité, les Dragons ont été considérés comme un symbole de l’éternité et de la sagesse. Les Hiérophantes d’Égypte, de Babylone et de l’Inde, portaient généralement le nom de « Fils du Dragon et des Serpents », corroborant ainsi les enseignements du Gnosticisme universel.
Xolotl, l’ombre ou le double du Christ mexicain Quetzalcoatl, se précipitant depuis l’Empyrée vers nos propres enfers atomiques, voilà une chose extraordinaire, ahurissante.
Xolotl signifie à la fois chien et jumeau. Il n’est pas inutile de rappeler ici-même que le Père Sahagun affirme que le chien est le symbole du feu d’origine céleste. Le « Feu Sexuel », le chien, l’instinct érotique, Lucifer-Nahuatl, est cet agent extraordinaire et merveilleux qui peut nous transformer radicalement.
Le chien guide le chevalier en le conduisant sur l’étroit chemin qui va des ténèbres à la lumière, de la mort à l’immortalité.
Il est indispensable de tirer de la demeure de Pluton Xolotl-Cerbère, prodige de terreur qui, avec ses aboiements, ses trois énormes têtes aplaties et son cou entouré de serpents, remplit d’épouvante tous les défunts.
Xolotl-Cerbère tricéphale tire sur la laisse que tient son maître pour le diriger en toute sûreté sur le sentier escarpé qui mène à la libération finale.
Xolotl-Lucifer, comme archétype du pénitent et muni de la ceinture de chasteté, devenu anachorète, suscite la lumière dans les ténèbres et éclaire tout l’ésotérisme christique.
Xolotl-Lucifer, en possession de la dépouille mortelle qu’il doit ressusciter, nous indique la nécessité de mourir pour être. Il est nécessaire de réfléchir, de méditer, de comprendre : la mort du « Moi-même » est incontestablement la condition indispensable de la résurrection ésotérique qui doit être réalisée ici et maintenant, grâce à l’Alchimie Sexuelle.
« Il faut, en effet, que cet être corruptible revête l’incorruptibilité et que cet être mortel revête l’immortalité.
Et lorsque cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire.
Où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? » (Paul, Première Épître aux Corinthiens, XV, 53-55).
La didactique stimulante et séductrice de Xolotl-Lucifer, si on sait en profiter intelligemment, rend possible la résurrection magique.
La tentation est du feu : le triomphe sur la tentation est lumière. Il faut d’urgence, sans aucun délai, immédiatement, éliminer les éléments indésirables que nous charrions à l’intérieur de nous.
Il s’avère des plus urgent, indispensable de faire preuve de discernement, d’user de discrimination, afin de comprendre concrètement la signification profonde de certaines valeurs symboliques. Je veux parler, plus précisément, du tigre et du chien.
Incontestablement, ce Xolotl-Lucifer portant l’hiéroglyphe solaire, étant donné qu’il se trouve à la racine de notre système séminal, assume le rôle merveilleux du chien Cerbère tel que représenté par Dante dans la Divine Comédie. Le tigre est différent, et ils le savent bien, ces « Jaguars » du Mouvement gnostique, ces « Chevaliers-Tigres » qui, tels de véritables félins de la psychologie révolutionnaire, se sont lancés contre eux-mêmes, contre leurs propres défauts psychologiques.
Le chien et le tigre se trouvent, indubitablement, associés ésotériquement pour le même travail.
L’humanisation du tigre dans l’art aztèque est une chose qui étonne tout mystique. Il serait tout à fait impossible d’extirper nos agrégats psychiques, ces défauts intimes qui, ensemble, constituent le Moi, sans l’aide de cette particule divine, ou Monade intérieure, que nous rappelle la hache, signe de la foudre, que « l’Homme-Tigre » représente très clairement.
Il est écrit en toute lucidité dans le livre de la vie que « celui qui veut monter doit d’abord descendre », et que « toute exaltation est précédée d’une humiliation ».
La descente à la Neuvième Sphère des temps anciens fut toujours l’épreuve maximale pour recevoir la suprême dignité d’Hiérophante. Jésus, Bouddha, Hermès, Quetzalcoatl, durent passer par cette terrible épreuve. C’est là que descend Mars pour retremper son épée et conquérir le cœur de Vénus ; et Hercule, pour nettoyer les écuries d’Augias, et Persée pour trancher la tête de la Méduse.
Quetzalcoatl (et son double), dans les profondeurs terrestres, dans l’Enfer de Dante, dans la terrible demeure de Pluton, doit mourir radicalement s’il veut ressusciter d’entre les morts.
« Au milieu de cet antre un orme gigantesque déploie ses rameaux séculaires ; c’est dans cet orme qu’habitent les vains songes de l’humanité souffrante, collés à ses feuilles comme des insectes.
Par là se promènent les Centaures : Briarée, le géant aux cent bras ; l’Hydre de Lerne, que tua Hercule en lui tranchant ses nombreuses têtes ; la Chimère, ce monstre au corps de chèvre ; les Gorgones, les Harpies et le Spectre aux trois corps.
Elle est épouvantable la voie qui conduit au Tartare par les eaux de l’Achéron, parmi les tourbillons de boue et la turbulence des eaux noires.
Un horrible nocher, aux cheveux blancs hérissés, aux yeux étincelants comme des braises de charbon et à la longue barbe négligée, manœuvre la barque qui passe les Âmes de l’autre côté.
Là, toute une foule tourmentée et nombreuse se presse sur la rive, et tous ces gens tendent les mains dans leur avidité d’atteindre l’autre rive. Mais le nocher choisit capricieusement, il prend tantôt celui-ci, tantôt celui-là, et les autres qui attendent et supplient en vain, il les repousse loin du rivage.
Ces derniers sont ceux qui n’ont pas reçu de sépulture ; ils se désespèrent pendant un temps interminable sur ces bords, jusqu’à ce qu’une main pieuse, là-bas sur la terre, recueille leur dépouille et enferme leurs cendres dans l’urne funéraire.
Alors s’ouvre la demeure de Pluton et les âmes entrent dans leur triste lieu de repos, privées de lumière, étant dès lors l’ombre de ce qu’elles furent » (extrait de l’Enéide de Virgile).
Chapitre 3 – Lévitations Mystiques
La « quatrième coordonnée » est indubitablement cet hyperespace de l’Hypergéométrie, grâce auquel il est possible d’accomplir des actes surnaturels tels que l’apparition ou la disparition d’un corps dans l’espace tridimensionnel d’Euclide, ou faire sortir un objet quelconque de l’intérieur d’une boîte hermétiquement close, etc.
Il a été clairement démontré que lorsqu’un électron et un positon s’annihilent pour libérer de l’énergie, deux grains de lumière apparaissent, ou plus exactement deux rayons gamma. Les expériences qui permettent de constater la crue réalité de ce phénomène, viennent par le fait même démontrer l’existence de la quatrième dimension.
Incontestablement, les nombreux phénomènes connus de lévitation authentique ont été rendus possibles grâce à l’agent extraordinaire de la quatrième verticale.
Il n’est pas inutile de préciser que la lévitation mystique consiste tout simplement en une élévation inusitée du corps physique au-dessus du sol. Puisque beaucoup de gens ne connaissent même pas l’abc de cette question, il convient de rappeler les cas de plusieurs anachorètes qui ont lévité en présence, souvent, de nombreux témoins.
Commençons par Saint-Etienne, roi de Hongrie, illustre seigneur du Moyen-Âge, mort en l’an 1038, qui aurait flotté dans l’espace, une nuit qu’il priait dans sa tente.
Poursuivons avec Saint-Dunstan, archevêque de Canterbury, grand homme de Dieu qui, le jour de l’Ascension précisément, le 17 mai 988, se serait élevé miraculeusement jusqu’à la voûte majestueuse de la cathédrale.
Voici à présent, dans l’ordre chronologique, plusieurs cénobites renommés et d’insignes dames à la sainteté reconnue :
Saint-Ladislas de Hongrie (1041-1095), célèbre anachorète qui, lors d’une nuit historique, aurait flotté au-dessus du sol tandis qu’il priait dans le fameux monastère de Warasdin.
Sainte-Christine (1150-1224), l’admirable et illustre mystique qui, déjà considérée comme morte, se serait élevée doucement vers la voûte de l’église, en plein service funèbre.
Sainte-Isabelle de Hongrie, insigne religieuse supérieure ; Saint-Edmond ; Sainte-Ludgarde, nonne réputée ; le Bienheureux Gilles de Santarem ; la mystérieuse Marguerite de Hongrie ; la spirituelle Sainte-Douceline ; le célèbre Saint-Thomas d’Aquin, fameux maître de sagesse ; Sainte-Agnès de Bohême, et beaucoup d’autres qui, s’étant immergés dans la quatrième dimension, se mirent tous à flotter durant leur extase.
Élévations extraordinaires, envols magiques, sorties rapides dans la verticale, suspensions dans les airs, ascensions, transportations, circulation aérienne à haute altitude, essors passagers, extase, allégresse et ravissement.
La légende des siècles raconte, les Dieux et les Hommes le savent, que lorsque notre frère François d’Assise (1186-1226) arriva au crépuscule de sa vie, ses extases sur le mont Averne se sont multipliées. Son disciple bien-aimé, le frère Léon, qui, tout joyeux, lui apportait sa nourriture, le trouvait toujours en état de ravissement, en dehors de sa grotte, flottant à une bonne hauteur au-dessus de la terre parfumée. Parfois même, s’élevant jusqu’au sommet des hêtres, il disparaissait alors, en pénétrant dans la quatrième coordonnée.
Poursuivant notre enquête mystico-scientifique sur le thème de la lévitation, mentionnons également Sainte-Catherine de Ricci (1522-1589), la célèbre stigmatisée, qui fut prieure au couvent des Dominicaines de Prato ; lorsqu’elle entrait en extase, la grande mystique s’envolait et se mettait alors à planer dans l’air ambiant.
De nombreux autres pénitents et cénobites, tels que Saint-François de Paule, Saint-François d’Alcantara, Saint-Thomas de Villeneuve, Saint-François Xavier, etc., se détachaient du sol, en extase, et se maintenaient dans les airs, devant l’extraordinaire étonnement de la conscience publique.
Il y a aussi des cas fameux et extraordinaires de lévitation, par leur côté insolite et inusité, comme ceux de cette mystique appelée Thérèse d’Avila (1515-1582), qu’elle décrit elle-même avec un luxe de détails, expliquant dialectiquement comment l’ineffable pouvoir magique l’absorbait à l’intérieur de la dimension inconnue pendant qu’elle priait ; elle flottait alors devant les religieuses ahuries. Un jour parmi tant d’autres, peu importe lequel, cette Sainte se trouvait si haut au-dessus du plancher qu’on ne put lui donner l’hostie.
La double lévitation de Sainte-Thérèse d’Avila et de Saint-Jean de la Croix, au Carmel d’Avila, causa l’étonnement, la stupéfaction générale ; on a pu voir alors dans l’espace ces deux mystiques en état d’extase.
On dit que le moine angélique connu autrefois sous le nom de Joseph de Copertino s’est élevé soixante-dix fois dans les airs ; ce haut fait magique s’est produit vers l’an 1650, et c’est pour cette raison que le moine fut canonisé. Chaque fois que cet ermite au doux visage se libérait de la dure terre, il lançait une clameur ; interrogé par le cardinal de Laurie au sujet de cet étrange et mystérieux cri à l’instant précis de l’envol, le saint répondit de manière ésotérique : « La poudre, lorsqu’elle s’enflamme dans l’arquebuse, éclate avec un grand bruit ; ainsi en est-il du cœur embrasé par l’amour divin, Amen ! ».
En scrutant de vieux manuscrits avec la ferme patience d’un moine dans sa cellule, nous avons découvert, dans la terre sacrée des Veda, la phrase suivante :
« Celui qui médite sur le centre du cœur obtiendra le contrôle sur le tattva Vayu (le principe éthérique de l’air), il recevra aussi les Siddhis (les pouvoirs des Saints) Bhushari, Khechari, Kaya, etc. (flotter dans les airs, introduire son esprit dans le corps d’une autre personne, etc.). Il acquerra l’Amour Cosmique et toutes les qualités tattviques divines ».
Le développement substantiel du « cœur tranquille » est indispensable et on ne peut plus urgent, si l’on veut apprendre la science des « Jinas » (ou des Djinns), c’est-à-dire la doctrine de la lévitation.
Faire la tentative de notre aptitude « Jinas » serait incongru, sans aucune relation avec le Tertium Organum ou troisième « canon » de la pensée, si l’on n’a pas au préalable cultivé et fortifié les pouvoirs mystiques des Saints dans un cœur tranquille et serein.
Jamais nous ne voudrions interdire ou prohiber les pratiques ésotériques de lévitation magique ; notre intention n’est en aucune façon de semer la confusion ou d’être trouble-fête ; nous désirons seulement suggérer la nécessité du « Sacrificius Intelectus » (le sacrifice de l’intellect), si en vérité nous aspirons ardemment au développement harmonieux des feux du cœur.
Le mental théorétique et spéculatif cherche à s’épancher, il s’étend et se développe aux dépens des subtiles énergies du cœur, et c’est une chose vraiment déplorable.
La célébration intellective, mécaniste, aspire, vampirise sans aucune pitié les pouvoirs vitaux du cœur.
Après de nombreuses années d’observation constante, d’étude et d’expérience, nous avons pu vérifier à maintes reprises que le sujet pseudo-ésotériste ou pseudo-occultiste, enfermé dans son petit monde, dans sa coquille rationaliste, dans les méandres de sa construction intellectuelle, se révèle en fait, sur le terrain pratique de la lévitation, absolument nul.
Il n’est pas inutile d’imiter Joseph de Copertino dans ses prières et ses extases afin que le cœur, embrasé par l’amour divin, se développe harmonieusement, en nous rendant capables de pénétrer consciemment avec le corps physique dans la quatrième verticale, au-delà de l’espace tridimensionnel d’Euclide.
Incontestablement, ces soixante vieillards aztèques qui, sur la colline de Coatepec, avaient fait leurs opérations et cercles magiques pour se plonger ensuite dans la quatrième coordonnée, avaient chacun déjà développé les feux merveilleux du cœur.
Le récit de leur mystérieux voyage à travers la dimension inconnue s’avère insolite, saisissant. Indubitablement, dans « l’Univers Parallèle » de la quatrième dimension, n’importe quelle métamorphose est possible. Lucifer-Nahuatl, contraint par ses conjurations, transforma les soixante ambassadeurs de Montezuma en oiseaux, bêtes féroces, lions, tigres, chacals et chats sauvages.
Le récit consigné par Fray Diego Duran dans son très remarquable ouvrage intitulé Histoire du Mexique, n’est pas, en effet, pure jactance, fantaisie joyeuse ou divertissement littéraire.
Si nous confrontons ce récit avec l’histoire universelle des Jinas, nous retrouverons, au Tibet, Milarepa, très vénérable et adorable Maître, illustre ascète qui, comme n’importe lequel des soixante anciens de Montezuma, savait léviter dans la quatrième dimension. Parfait Adepte doué de facultés magiques, il eut la grâce de pouvoir parcourir et visiter d’innombrables paradis sacrés et cieux des Bouddhas de compassion, où, grâce à la vertu rayonnante de ses actes et à son extraordinaire dévotion, les Dieux qui régissent ces lieux bienheureux lui accordèrent une grande faveur en lui permettant de s’exprimer sur le sujet du Dharma.
Jésus, le grand Kabire, immergé avec son corps physique dans la quatrième verticale, a marché sur les eaux du lac, les Dieux et les Hommes le savent très bien.
Philippe, l’apôtre du divin Rabbi de Galilée, est sans conteste le saint patron des états de djinn.
Chapitre 4 – Le Docteur Faust
Le véritable Lucifer de la doctrine archaïque est, puisqu’il faut le réhabiliter et le dignifier en retrouvant son essence intime, tout le contraire de ce que les théologiens, tels que Des Mousseaux et le marquis de Mirville l’ont supposé, car il est, assurément, l’allégorie de la droiture, le symbole extraordinaire et merveilleux du sacrifice le plus haut (le Christus-Lucifer des Gnostiques), et le même Dieu de sagesse sous d’innombrables appellations.
Xolotl-Lucifer-Prométhée est un avec le Logos platonicien, il est le ministre du Démiurge créateur et le seigneur resplendissant des sept séjours de l’Hadès, du Sabbat et du monde manifesté ; de lui relèvent l’Épée et la Balance de la Justice Cosmique, puisqu’il est, sans nul doute, la norme du poids, l’étalon de mesure et l’essence du nombre, l’Horus, le Brahma, l’Ahura-Mazda toujours ineffable.
Lucifer-Xolotl, le double de Quetzalcoatl, est le gardien de la porte et des clés du Lumitial, pour que n’y puissent pénétrer que les Oints qui possèdent le secret d’Hermès.
Ceux qui maudissent témérairement Lucifer-Nahuatl se prononcent en fait contre la réflexion cosmique du Logos, ils anathématisent le Dieu vivant manifesté dans la matière et renient la sagesse toujours incompréhensible qui se révèle à part égale dans les contraires de la lumière et des ténèbres.
La gloire de Satan est l’ombre d’Adonaï et le trône de Satan est l’escabeau du Seigneur.
Homologie, ressemblance, similitude : Soleil et Ombre, Jour et Nuit : la loi des contraires.
Elles sont au nombre de deux, les Armées du Logos ou du Démiurge Architecte de l’Univers : dans les espaces sublimes, les troupes aguerries de Michel, et dans l’Abîme du monde manifesté, les légions de Satan.
Ce sont, ostensiblement : le Non-Manifesté et le Manifesté ; le virginal et le déchu dans la génération animale.
C’est incontestablement sur Satan seul, jamais sur le Logos, que retombe la honte de la génération ; celui-là a perdu son éclat virginal élevé de Kumara lorsqu’il a mangé du fruit défendu. Grâce à la résurrection ésotérique, Lucifer-Nahuatl reconquiert l’état virginal de Kumara.
La pierre angulaire du Grand-Œuvre est Lucifer-Nahuatl. C’est sur cette pierre maîtresse, que les sages ont situé au fond même de notre système sexuel, que le grand Kabire Jésus a édifié son Église.
La pierre brute, avant d’être taillée pour le Grand-Œuvre, est, certes, impure, matérielle et grossière ; c’est pour cette raison intrinsèque qu’elle reçoit le nom de Diable.
Répéter s’avère parfois indispensable : il nous faut comprendre intégralement et sans délai que chacun de nous a son Xolotl-Lucifer particulier, réflexion parfaite de son Logoï spécifique.
Lucifer-Xolotl sous la forme aztèque du chien luciférien, terreur de beaucoup de gens, pénètre d’habitude dans l’espace tridimensionnel d’Euclide pour se rendre visible et tangible dans le monde physique.
Le comte Gaspard Moir de Loca, illustre seigneur des temps passés, raconte comment se comportait Prestigiar, l’étrange chien du docteur Faust. Ce chien noir à longs poils et au regard pénétrant était indubitablement très intelligent.
Un soir, comme le chien voulait se coucher au centre éclairé de la somptueuse salle de séjour, en présence du comte, Faust, s’adressant à Prestigiar, lui dit un mot dont le célèbre aristocrate ne comprit pas la signification, et l’animal, la queue entre les jambes, sortit de la pièce, en refermant lui-même la porte.
Cet étrange comportement du chien ne parut franchement pas très naturel au comte. Le docteur Faust, en souriant, demanda à son ami comment il avait trouvé son chien, et lui, répondant clairement et sans ambages, dit qu’il le reverrait avec plaisir. Rappelé par son maître, ce chien des Mille et Une Nuits bondit à l’intérieur de l’enceinte et sauta ensuite sur un banc rustique.
Les yeux de cette créature semblaient des billes de feu ardent ; le chien avait pris un aspect terrifiant.
Lorsque le docteur Faust lui caressa le dos, le poil noir du mystérieux chien changea de couleur ; il devint blanc, puis jaune et finalement rouge. Le comte, homme très prudent, préféra garder un respectueux silence ; il décida après de parler d’autre chose.
Ainsi donc, le chien participe de la Magie. Ce généreux animal a toujours été, dans les temps anciens, consacré au Dieu Mercure. Il est manifeste que les vieux Hiérophantes de l’antique Égypte tenaient le chien en grand honneur. L’austère gardien du temple d’Esculape, dans la Rome auguste des Césars, était toujours un chien.
Les Romains vénéraient le chien, mais aussi, chose paradoxale, ils en crucifiaient un tous les ans : les Dieux et les Hommes savent très bien que chaque année, une de ces précieuses créatures était crucifiée, châtiment implacable infligé aux chiens pour le crime de ne pas avoir averti les Romains de l’arrivée des Gaulois.
Les chiens sacrés du temple de Vulcain, sur l’Etna, étaient religieusement traités.
N’oublions jamais que Cerbère, le chien gardien des Enfers, caressait ceux qui entraient et dévorait sans pitié ceux qui essayaient d’en sortir.
Antre épouvantable où hurle Cerbère, prodige de terreur, qui, avec ses aboiements, ses dents acérées, ses trois énormes têtes aplaties et son cou enroulé de serpents, remplit tous les défunts d’épouvante.
La légende des siècles dit que Cerbère fut endormi par la lyre d’Orphée quand celui-ci descendit au Tartare pour y chercher Eurydice. Nul doute que la Sibylle a aussi endormi Xolotl-Lucifer-Cerbère, avec une pâte de miel et de pavots.
L’intervention extraordinaire de Cerbère dans toute la liturgie funéraire est bien connue. Dans les sépultures royales des temps anciens, et encore au Moyen-Âge, on mettait un chien sous les pieds froids du gisant ; symbole infernal profondément significatif.
N’oublions pas le « Lévrier », Cangrande della Scala, seigneur de Vérone et bienfaiteur de Dante.
Il ne se nourrit pas de terre ni d’étain, mais de Sagesse, d’Amour et de Vertu.
Beaucoup d’autres animaux participent de la Haute Magie : le corbeau, symbole de la corruption et de la mort de tous les éléments inhumains que nous portons en nous ; la blanche colombe, qui représente la pureté et la chasteté, de même aussi que le Troisième Logos ; l’aigle jaune, qui avertit l’alchimiste de la proximité du triomphe ; le faisan rouge qui, associé à la pourpre des rois, annonce au sage la consommation totale du Grand-Œuvre.
L’énigmatique et puissant docteur Faust, très vénérable et admirable Maître, illustre tahar, vivait dans l’aisance et le confort, comme une personne très riche. Il accordait aux animaux un rôle occulte et il aimait s’entourer d’eux, les associant à ses prodiges.
À cette époque (1528) de vieille noblesse aux nombreux et remarquables titres et au sang bleu, Faust, à la cour de Prague, réalisait d’extraordinaires prodiges.
Pendant ce temps, un élégant gentilhomme de ses amis qui vivait heureux dans une splendide demeure appelée À l’Ancre, située rue du Château, à Erfurt (un endroit où logeait souvent le docteur Johannes Faustus, enchanteur et magicien), célébra une grande fête.
Mais les seigneurs invités au festin, assis à la table dorée, se mirent à réclamer Faust à cor et à cri ; l’amphitryon de la royale demeure leur déclara que Faust, l’homme à la merveilleuse science, se trouvait à Prague. Cependant, le vin l’ayant exaltée, la bruyante assemblée n’en continuait pas moins d’appeler Faust avec une insolite véhémence, le suppliant d’accourir au banquet.
À ce moment, quelqu’un frappa à la porte du somptueux palais. Le domestique vit, par la fenêtre du premier étage, que Faust était à côté de son cheval, devant la porte, comme s’il venait de mettre pied à terre, et il faisait signe qu’on lui ouvrît.
Le serviteur courut avertir le maître, qui se mit à rire bruyamment, déclarant que c’était impossible, puisque le docteur Faust se trouvait à Prague.
Faust réitéra son appel sur le seuil de la riche demeure ; le seigneur de la résidence alla regarder à son tour. C’était bien lui ! De ce ton impératif et catégorique qui caractérisait les seigneurs féodaux, il ordonna d’ouvrir et d’offrir à Faust le meilleur accueil. Le fils du gentilhomme conduisit le cheval aux écuries, promettant de lui donner tout le fourrage qui serait nécessaire.
Le docteur Johannes Faust prit place à la table du festin, à l’étonnement général des convives.
Le digne seigneur de cette demeure, émerveillé au plus haut point, ne put certes pas résister au désir de demander à Faust comment il avait pu venir aussi rapidement de Prague.
Je le dois à mon cheval, répondit-il ; comme Messieurs vos hôtes désiraient si vivement me voir et m’appelaient, j’ai voulu me rendre à leurs désirs et apparaître au milieu d’eux, bien que je ne puisse pas rester longtemps, car il est indispensable que demain à l’aube je sois de retour à Prague.
Le royal banquet fut très gai, le docteur exécuta avec grand succès ses habituels prodiges, et il abusa même du vin et des sortilèges. Il n’est pas superflu d’évoquer dans ces pages le chœur des joyeuses lyres, les coupes ouvragées, le vin noir, les verres effervescents dont les bords brillaient de reflets irisés tremblants et changeants ainsi qu’un collier de prismes. Le vin noir qui enflamme le sang et rend le cœur allègre, fruit fermenté de la vigne qui inspire tellement les bardes aux cheveux longs.
Au milieu du tumulte et de la fête, Johannes Faust s’exclama d’une voix forte, proposant que l’on goûtât aussi des vins étrangers. Ceux qui assistèrent à la scène disent que d’un récipient improvisé coulèrent alors comme une source les jus fermentés de divers crus, miracle faustien très semblable à celui des Noces de Cana célébrées en Galilée.
Mais tout à coup, de façon inusitée, le fils de l’amphitryon pénétra dans la salle, l’air visiblement contrarié : monsieur le docteur, dit-il, votre cheval mange comme un enragé ! J’aimerais mieux donner la provende à dix ou vingt chevaux qu’au vôtre tout seul ; il m’a déjà dévoré plus de deux boisseaux d’avoine que j’avais préparés, et il est toujours là à attendre devant la mangeoire et regarde autour de lui pour voir s’il en vient d’autre.
Les convives éclatèrent tous de rire, et il ne s’agissait pas du subtil sourire de Socrate, mais du rire tonitruant d’Aristophane.
Le jeune homme poursuivit, impassible : je veux tenir ma parole et le rassasier, dussé-je risquer, pour cela, plusieurs mesures d’avoine.
Faust répondit que c’était inutile, que son cheval avait bien assez mangé, et qu’il engloutirait toute l’avoine de la terre sans que sa faim fût apaisée.
Incontestablement, ce vigoureux coursier était nul autre que Lucifer-Nahuatl lui-même, l’extraordinaire Méphistophélès métamorphosé en bête ailée.
Méphistophélès-Xolotl-Lucifer, qui se changeait parfois, par œuvre de magie, en cheval volant, tel le Pégase des poètes couronnés, transportait Faust rapidement à travers la quatrième dimension, lorsqu’il le fallait.
L’effrayante orgie continua jusqu’à minuit. Alors le cheval hennit. Il faut maintenant que je parte, s’écria le savant docteur.
Cependant, les invités, débordants de rires et d’ébriété, le retinrent par leurs supplications et dès lors il ne put partir.
Le cheval hennit horriblement une deuxième, puis une troisième fois. Le docteur Johannes Faust ne pouvait en aucune façon désobéir ; il prit alors congé de ses amis, fit amener son puissant coursier, l’enfourcha prestement puis s’en alla par la rue du Château. Les gens racontent que lorsqu’il eut dépassé trois ou quatre maisons, le cheval s’élança dans les airs et l’on perdit de vue le cavalier sur sa monture diabolique.
Le docteur Johannes Faust, enchanteur et magicien, fut sans aucun doute de retour à Prague avant le lever du jour.
Le docteur Faust, au dire de la Chronique d’Erfurt, a laissé certainement un souvenir très vivace. Encore aujourd’hui existe la fameuse maison appelée L’Ancre, ainsi qu’une ruelle qui porte le nom du savant lui-même.
En terminant ce chapitre, il me revient à l’esprit l’histoire insolite des soixante sorciers de Montezuma voyageant, grâce au pouvoir de Lucifer, dans la quatrième verticale, vers la terre de leurs ancêtres, la Demeure Impérissable.
Chapitre 5 – Techniques Jinas
En commençant ce chapitre, nous désirons mettre en relief le postulat suivant : la physique demeurera stationnaire tant que l’esprit humain restera embouteillé dans le dogme tridimensionnel d’Euclide.
Incontestablement, la physique contemporaine est tout à fait régressive, retardataire, réactionnaire.
Il faut de toute urgence, sans aucun délai, aller à la découverte de la quatrième verticale ; cependant, ceci est impossible tant qu’il y a le scepticisme matérialiste.
Quelque humanité avancée du lointain futur pourra créer des navires cosmiques capables de traverser instantanément la barrière de la vitesse de la lumière. De tels vaisseaux, basés sur une physique radicalement différente, sur une nouvelle physique du type tétradimensionnel, pourront voyager dans la quatrième verticale à des vitesses supérieures à celle de la lumière. La conquête de l’espace infini sera alors un fait concret, clair et définitif.
Indubitablement, ces navires, mus par l’énergie solaire, devront être conduits par des hommes authentiques dans le sens le plus complet du mot.
Il est ostensible, et tout le monde le sait, qu’avec les avions supersoniques nous avons déjà traversé le mur de la vitesse du son ; néanmoins, le terrien présomptueux et orgueilleux est toujours arrêté par la barrière de la vitesse de la lumière.
Il n’est pas superflu d’émettre à présent l’énoncé suivant : au-delà de la barrière de la vitesse de la lumière, 300 000 kilomètres à la seconde, se trouve la quatrième dimension.
De cet énoncé nous pouvons inférer le corollaire suivant : n’importe quel magicien qui voyage avec son corps physique dans la quatrième coordonnée, sait traverser instantanément la barrière de la vitesse de la lumière.
Coatepec, qui se trouve à Tula, fut l’endroit historique où les soixante vieillards, sorciers du très puissant seigneur Montezuma, ont réussi, grâce à l’aide extraordinaire du Méphistophélès faustien, à traverser instantanément la barrière de la vitesse de la lumière pour voyager par la quatrième verticale jusqu’à l’île Sacrée et Éternelle, au-delà des mers du Pôle Nord, berceau véritable de l’humanité terrestre.
Il faut lire, dans la Doctrine Secrète de H.P. Blavatsky, tout ce qui se rapporte à ce premier continent terrestre, appelé à perdurer du début à la fin de l’humanité sur cette planète.
Sur la terre sacrée des Veda, tout authentique Sannyasin de la Pensée peut traverser instantanément le mur de la vitesse de la lumière, pour voyager par la dimension inconnue, comme François d’Assise.
Nous affirmons solennellement et avec une entière certitude que lorsqu’un ésotériste applique un Samyasin à son corps physique, il traverse aussitôt la barrière de la vitesse la lumière.
Tout Samyasin intégral, essentiel, fondamental, comporte en substance trois ingrédients radicaux :
- A) Concentration absolue de la volonté consciente.
- B) Méditation profonde.
- C) Extase, ravissement, réjouissance mystique, suprême adoration.
Il n’est pas inutile de rappeler, dans ce Message de Noël 1974-75, que la patience est l’échelle des Gnostiques, et l’humilité la porte de leur Jardin.
Certains ascètes gnostiques devront incontestablement travailler durant de nombreuses années avant d’atteindre le plein développement du « Cardias », qui les rendra aptes à la science Jinas.
La nature radiante de la particule intime qui permet ce prodige est clairement désignée par la forme de la hache, signe du foudre, dont « l’Homme-Tigre » du Mexique aztèque use fréquemment.
Le tigre humanisé, Xolotl-Lucifer, est devenu une réalité concrète, non seulement dans le Mexique d’avant Cortès, mais aussi dans toute l’Amérique Centrale. C’est ainsi, transformé en homme, que nous le rencontrons à Teotihuacan, élevant ses bras héroïques dans un geste liturgique, ou avec cette marche féline qui le caractérise.
Indiscutablement, les Chevaliers-Tigres du Mexique aztèque, en plus d’être des guerriers accoutumés au rude combat, étaient aussi des athlètes extraordinaires de la science Jinas (ou djinn).
Sans exagération aucune, nous affirmons catégoriquement que ces grands hommes de l’Anahuac savaient mêler intelligemment les trois éléments du Samyasin avec le pouvoir félin de Lucifer-Nahuatl. Couchés sur des peaux de tigre, imitant la posture sacrée du jaguar lorsqu’il se trouve au repos, légèrement assoupis, ces glorieux hommes savaient combiner consciemment la volonté et l’imagination en une vibrante harmonie.
Conjuguant leurs efforts, dans une suprême concentration mentale, avec la méditation profonde, ils assumaient délibérément, au moyen de l’imagination créatrice, la forme féline du Jaguar-Xolotl-Méphistophélès.
Partir, s’envoler, fonctionner avec cette forme qui épouvante, en pleine extase et joie mystique, ne s’avérait nullement impossible pour ces illustres seigneurs de la terre sacrée de l’Anahuac.
Chaque fois que ces remarquables ermites se levaient de la dure couche pour s’en aller en marchant comme des tigres et disparaître ensuite dans la quatrième coordonnée, ils proféraient la phrase rituelle suivante : « Nous nous appartenons ! »
« La poudre, lorsqu’elle s’enflamme dans l’arquebuse, éclate avec un grand bruit : ainsi en est-il du cœur embrasé par l’amour divin ».
En scrutant de vieux manuscrits avec la patience acharnée du moine dans sa cellule, je fus en mesure de corroborer une foule de détails de l’antique science.
La légende des siècles dit, les Dieux et les Hommes le savent très bien, que ces tigres légendaires, exotiques et étranges, devant le seuil du Temple de Chapultepec, qui se trouve maintenant en état de Jinas, retournaient à leur gentille et très humaine forme.
Nous ne pourrions poursuivre ces pages sans nous rappeler le poète Ovide et ses merveilleuses Métamorphoses. Suprêmes enchantements mystiques que les « ignorants instruits » de cette époque fatale du Kali-Yuga (notre époque), rejettent avec une morgue insolite.
Philippe, l’apôtre du grand Kabire Jésus est, indubitablement, le saint patron de tous ces phénomènes Jinas. Les Écritures Saintes assurent que Philippe, après avoir baptisé un eunuque, fut enlevé par le Seigneur et qu’alors il poursuivit son chemin tout joyeux ; elles disent qu’il se trouva ensuite à Azoth, et qu’en passant il annonçait l’Évangile dans toutes les villes, jusqu’à ce qu’il fut parvenu à Césarée.
N’importe quel Arhat gnostique sincère peut implorer l’aide magique du grand apôtre Philippe.
Si vous aimez Philippe, méditez sur lui lorsque vous êtes sur le point de vous endormir, excluez de votre esprit toute autre pensée et, en ressentant dans votre Âme la joie de sa présence, prononcez la phrase rituelle suivante : « Au ciel Philippe ! » Sortez ensuite de votre chambre d’un pas ferme et décidé en vous introduisant avec énergie dans la dimension inconnue.
Au nom de la Grande Cause, je déclare solennellement que cette formule extraordinaire que je viens de vous donner, je l’ai reçue d’un Esprit divin appelé Is-Abel, dont la personnalité humaine fut assurément celle d’une humble religieuse déchaussée d’un vieux monastère médiéval qui, aujourd’hui, se trouve immergé dans la quatrième verticale.
Que des soleils d’enthousiasme éclairent votre chemin, très cher et aimable lecteur.
Que les forces du Tigre vous accompagnent.
Que les lucioles de la sagesse illuminent votre intellect.
Que le pin murmurant donne de l’ombre à votre repos !
Que les grenouilles d’émeraude signalent les sentiers, en croassant sans relâche.
Qu’Elle, la Nature, soit prodigue avec vous.
Que la Force Universelle vous bénisse et vous dirige.
Chapitre 6 – Aztlan
Aztlan, Avalon, mystérieuse montagne magnétique, insolite Demeure des Fils du Crépuscule (Bouddhas de Compassion, Dhyani-Choans, Serpents de la Sagesse, Pitris ou Pères Précepteurs de l’humanité, Anges des Étoiles, Constructeurs, Vigilants, Étoiles-Yazatas des zoroastriens, etc.).
Terre de l’Aurore, Séjour Impérissable, Paradis Céleste au-delà des mers inconnues du Pôle Nord, ineffable Citadelle du Soleil enveloppée d’incommensurables splendeurs, Ile Blanche, Contrée de l’Amour, Terre d’Apollon.
Cet Éden de la quatrième coordonnée, inébranlable continent au milieu du grand Océan, brille magnifiquement dans le septentrion.
La tradition hellénique répète avec véhémence que la Terre Sacrée ne peut être atteinte ni par voie de mer, ni par voie de terre. « Seul l’envol de l’Esprit peut y conduire », disent avec une grande solennité les vieux sages du monde oriental.
Incontestablement, « Ceux qui resplendissent d’yeux perspicaces », les Adeptes de la Religion-Sagesse, n’ont jamais perdu le contact avec la terre de nos ancêtres.
Réitérons l’énoncé irréfutable à savoir qu’il est possible de franchir instantanément la barrière de la vitesse de la lumière pour voyager avec le corps physique à travers la dimension inconnue jusqu’à la lointaine Thulé.
Le chemin qui conduit à Aztlan, la Terre Solaire, où vivent heureux les Mexi-Tin ou Medjins, Djinns, Jinas ou Génies extraordinaires des peuples arabes, aztèques et mexicains, est coupé depuis de longues années déjà, et sa partie située de ce côté-ci est maintenant obstruée par d’épais halliers et des rochers broussailleux peuplés de monstres invincibles, par des dunes de sable et des lagunes sans fond, par d’impénétrables étendues de laîches et de roseaux où perdrait la vie quiconque tenterait une entreprise aussi téméraire.
On ne peut dire que très peu de choses de cette Terre exotique et sacrée, si ce n’est, peut-être, que selon une antique expression poétique, l’Étoile Polaire fixe sur elle son regard vigilant, de l’aurore jusqu’à la fin du crépuscule d’une journée du Grand Souffle.
Incontestablement, l’Ile Sainte est le berceau du premier homme et la demeure du dernier mortel divin, choisi comme Shishta pour la semence de la future humanité.
Le peuple aztèque, autrefois conduit par les Génies Tutélaires ou Jinas de l’Insula Avalones (l’Ile d’Avalon), atteignit les lagunes de Mexico.
Parallèle exact de ce récit, nous retrouvons dans la Bible hébraïque l’histoire de Moïse guidant le peuple d’Israël à travers le désert jusqu’à la Terre Promise. Prototype du Juif errant, les peuples Jinas des Tuatha sont dans un éternel exode analogue à celui des Juifs d’une part, et des Mexicains d’autre part.
Incontestablement, les Tuatha sont retournés à la verte Erin en état de Jinas. On dit qu’ils sont arrivés d’Avalon ou du Ciel et qu’ils ont apporté à l’Irlande certains symboles sacrés. Il n’est pas superflu de rappeler la Pierre Philosophale, la Lance d’Achille, l’Épée Flamboyante, la Coupe d’Hermès et de Salomon.
L’Aztlan aztèque, Avalon est la Contrée de l’Amour, la Terre de Feu où vit heureux le Frère Jean. Verbe improfanable, Logos, Parole, I E O U A N, JUAN, désignant non pas un homme, mais toute une dynastie solaire.
La première race humaine qui vivait autrefois dans Asgard, l’Ile de Cristal, la Demeure des Dieux, la Terre des Ases, était incontestablement mi-éthérique, mi-physique.
Le Prologos orphique, pré-génétique, a déposé dans l’Homme Cosmique terrestre de précieuses facultés et de grands pouvoirs.
Produit merveilleux d’incessantes évolutions et transformations qui sont parties autrefois du stade germinal primitif, la première race a surgi des dimensions supérieures, complète et parfaite.
Tout procède de Prabhavapyaya, de l’évolution intelligente des principes créateurs et conscients des Dieux saints. Ainsi donc, nous devons commencer par bien étudier la création primordiale avant de pouvoir comprendre tous les processus évolutifs et involutifs de la nature.
La première race n’a incontestablement jamais eu d’instruments rudimentaires ni de feux primitifs.
Pour le bien de la Grande Cause, nous émettrons solennellement l’énoncé suivant : avant que la première race humaine ne sorte de la quatrième coordonnée pour se rendre visible et tangible dans la région tridimensionnelle d’Euclide, il a fallu qu’elle passe par une gestation complète à l’intérieur de la Jagad-Yoni, la Matrice du Monde.
Extraordinaire humanité originelle, Androgynes sublimes et terriblement divins ; êtres ineffables au-delà du bien et du mal. Prototypes d’éternelle perfection pour tous les temps ; gens admirables dotés d’un corps indestructible, élastique et ductile.
Adam-Kadmon, l’être Masculin-Féminin du premier récit de la Création (Genèse, I, 27) était indubitablement la Cour Céleste même des Elohim, dont la tangible réalité se manifestait alors à travers l’eurythmie superlative de leur corps.
Il est ostensible que tous ces très grands êtres étaient les Feux Sacrés personnifiés des pouvoirs les plus occultes de la Nature.
Ces êtres « nés par eux-mêmes », magistraux, accomplis, possédaient entendement, intelligence et volonté. Chacune de ces insurpassables créatures avait incarné son Esprit Individuel et elle le savait.
Ce fut l’âge du fissiparisme ; ces délicieuses créatures se reproduisaient au moyen de l’acte sexuel fissipare.
Tel qu’on peut le voir dans la division en deux du point homogène du protoplasme, connu aussi sous le nom de monère ou amibe ; tel aussi qu’on peut le voir dans la division de la cellule nucléaire, le nucleus se rompant en deux sous nucleus, lesquels, ou bien se développent à l’intérieur de la paroi cellulaire originelle, ou la rompent et se multiplient à l’extérieur comme des entités indépendantes ; de même, c’est selon un mode similaire que ces organismes androgynes se divisaient en deux pour se multiplier à l’extérieur en tant qu’entités indépendantes.
À l’ère du fissiparisme, chacun de ces événements au cours desquels s’effectuait la reproduction originelle, primordiale, était célébré dans des rituels et des fêtes.
La Terre tout entière resplendissait alors glorieusement du sublime éclat d’un bleu intense.
Il n’est pas superflu de préciser que durant cet antique Âge d’Or, l’Ile de Cristal, la Terre d’Apollon, se trouvait, à cause le la révolution périodique des axes du monde, dans la zone équatoriale.
Race superlative et divine d’Androgynes « plus-que-parfaits ». L’Ouragan (du vocable Maya Huracan qui fut par la suite adopté par les langues européennes), qui signifie pour les Hiérophantes aztèques : Vent, Souffle, Parole, Verbe, totalement incarné dans ces excellentes créatures, a fondé dans l’Ile de Cristal la civilisation des Ases.
« Et Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa ; homme et femme il les créa » (Genèse, I, 27).
Vénuste paradisiaque incomparable, beautés androgynes délicieuses, à l’image et à la ressemblance de Tepius K’Okumatz (Dieu).
De la première race émana la seconde, la race de l’Hyperborée, dont les individus se reproduisaient par gemmation ou bourgeonnement ; ces immenses populations habitaient autrefois dans les diverses régions du septentrion.
Il est écrit en lettres d’or dans les pages immortelles du livre de la vie, que de cette seconde classe d’Androgynes divins a procédé à son tour la troisième Race-Racine, les « Doubles », géants hermaphrodites imposants, colossaux, dont le système reproducteur était celui de l’oviparité. La civilisation Lémurienne a merveilleusement fleuri sur le continent Mu ou Lémurie, terre volcanique dans l’océan Pacifique.
Après que l’humanité hermaphrodite se fût séparée en sexes transformés par la Nature en machines porteuses de créatures, la quatrième Race-Racine surgit sur la scène géologique de l’Atlantide, située dans l’océan qui porte son nom.
Atlas, le plus ancien des astrologues, fut son roi. L’esprit poétique des fils de l’Hellade l’imagina, pour cette raison, tel un géant qui soutenait sur son dos, et non sur son puissant esprit, la Mécanique Céleste.
Les fils de cette race, les Titans, prétendirent escalader le Ciel, mais Dieu les confondit, et une nuit la mer et le tonnerre mugirent effroyablement, Europe fut secouée, et au moment où le tumulte la réveilla, toute tremblante, elle ne voyait plus le monde frère. Il ne resta que le Teide pour dire à l’humanité : ici a existé un jour Atlantide, la fameuse !
Or, notre actuelle Race-Racine, la cinquième, constituée des multitudes aryennes qui habitent la face de la Terre, séparées de leur tronc paternel (les Atlantes), a déjà un peu plus d’un million d’années d’existence et se trouve à la veille de son annihilation totale.
Chaque Race-Racine donne sept sous-races, chaque sous race possède à son tour sept ramifications que l’on peut appeler « branches » ou « familles » raciales, les petites tribus, rejetons ou bourgeons de ces dernières, sont innombrables et dépendent de l’action du destin.
L’Ile de Cristal, l’Aztlan aztèque, est donc le Paradis Terrestre, la terre de nos Pères ; c’est là que vivent les ancêtres de toutes les races humaines.
Chapitre 7 – L’Atlantide
« Il y a, dans le Codex Borgia, une figure représentant Atlanteotl en train de porter sur ses épaules les eaux célestes, exactement comme l’Atlas grec auquel nous avons l’habitude de donner la priorité dans l’invention de ce symbole ».
Il est d’emblée clair, disons-le franchement et sans vain détour, que le légendaire Atlas grec est une copie fidèle de l’héroïque Atlanteotl maya et aztèque.
En supprimant, avec un délicat raffinement intellectif, la désinence « otl » de ce nom lumineux, le mot Atlante ressort alors.
Atlante-Otl : ce mot ayant été expliqué par ses racines, il ne nous reste qu’à affirmer catégoriquement qu’il ne s’agit pas ici de vaine étymologie empirique, arbitrairement sélectionnée, ni de pure coïncidence, comme le supposent toujours les ignorants instruits.
Extraordinaire et légitime concordance linguistique, explicable seulement grâce au tronc atlante commun aux peuples américains et méditerranéo-sémitiques. Ceux-ci et ceux-là ont incontestablement leur racine dans la terre enchantée d’Olisis, l’Atlantide submergée à présent dans la mer des ténèbres, dans l’obscur brouillard des légendes d’horreur, de naufrages effrayants et de voyages sans retour.
Mer immense, tu étends au-delà des Colonnes d’Hercule, de Gibraltar, le ventre orageux de ton onde infinie, aux mystères indéchiffrables pour les navigateurs.
La légende tragique remplit ton étendue avec le pouvoir collectif des générations qui t’ont ainsi contemplée, et le poète écoute dans la voix de tes vagues immenses la rumeur de tes tragédies et la clameur de tes mondes ensevelis !
L’Atlantide, ce vaste continent disparu qu’on a considéré comme une rêverie de poète, comme une création du mental divin de Platon, l’Initié, et rien de plus, a existé réellement.
L’intuition du poète est la vision du génie ; celui qui le nie, c’est parce qu’en fait, il ne peut voir avec le pouvoir immense du poète. Les sages ne sont grands que lorsqu’ils parviennent à être poètes, lorsque, se mettant au-dessus des menus détails de la vie, ils sentent les harmonies qui gisent latentes au fond de tout ce qui existe, et qu’ils nous emportent à des sphères supérieures.
C’est ainsi que l’auteur des Métamorphoses des Plantes a pu écrire son Faust, et celui de la Phylogénie donner son Credo ; ainsi encore que Humboldt a pu réaliser son Cosmos, et le divin Platon son Timée et son Critias, et Poe son Eurêka, tous poètes de la Vie Universelle qui n’est autre que le Souffle de ce qui est caché.
« Tu vois cette mer qui embrase la Terre d’un pôle à l’autre, disait à Christophe Colomb son Maître ? Elle fut, un jour, le Jardin des Hespérides. Le Teide régurgite encore ses restes, en mugissant de manière effroyable, tel un monstre gardien du terrain d’un massacre ! »
Ici ont lutté les Titans ; là fleurissaient de populeuses cités. Aujourd’hui, dans les palais marmoréens, ce sont les phoques qui se rassemblent, et les prairies où paissaient les agneaux sont envahies d’algues.
H.P. Blavatsky, dans les Stances anthropologiques, stances 10, 11 et 12, cite ce qui suit :
« Ainsi, deux par deux, dans les sept zones, la troisième race (les Lémuriens), donna naissance à la quatrième (les Atlantes).
Les Suras ou Dieux (Hommes Parfaits) se convertirent en Asuras ou non-Dieux (la gent pécheresse).
La première (sous-race) dans chaque zone était de la couleur de la lune ; la seconde, jaune comme l’or ; la troisième rouge, et la quatrième, de couleur brune, devint noire par le péché.
Ils crûrent en orgueil, ceux de la troisième et de la quatrième (sous-races atlantes), disant : nous sommes les Rois ; nous sommes les Dieux.
Ils prirent des épouses de belle apparence dans la race de ceux qui étaient encore sans mental, ou de tête étroite, engendrant des monstres, des démons maléfiques, mâles et femelles, et également des Kadosh au mental pauvre.
Ils construisirent des temples pour le corps humain, rendant un culte à des mâles et à des femelles. Alors cessa de fonctionner leur Troisième Œil (l’Œil de l’intuition et de la double vue).
Ils construisirent d’énormes cités, ils taillèrent leurs propres images, de leur grandeur et à leur ressemblance, et les adorèrent.
Ils façonnèrent de grandes images hautes de neuf Yatis (vingt-sept pieds). Des feux intérieurs avaient déjà détruit la terre de leurs pères (la Lémurie), et l’eau menaçait la quatrième race (l’Atlantide).
Les premières grandes eaux vinrent et engloutirent les sept grandes îles. Tous les bons furent sauvés et les mauvais détruits.
Il resta peu d’hommes : quelques-uns de couleur jaune, quelques bruns et noirs et quelques rouges. Ceux de la couleur de la lune (les Tuatha) étaient partis pour toujours.
La cinquième race (l’humanité qui peuple actuellement la surface de la Terre, incluant les mayas, incas, quichés, toltèques, nahuas, aztèques de l’Amérique précolombienne), tout entière issue du Tronc Saint (le Peuple Elu sauvé des eaux), se forma et fut gouvernée par les premiers Rois divins.
Les Serpents (Dragons de la Sagesse ou Rishis) redescendirent et firent la paix avec les hommes de la cinquième race qu’ils éduquèrent et instruisirent ».
Poursuivons à présent avec la traduction d’un manuscrit maya qui fait partie de la fameuse collection « Le Plongeon », le Manuscrit Troano, que l’on peut voir au British Museum :
« En l’an 6 de Khan, le 11 Muluc, du mois de Zac, il se produisit de terribles tremblements de terre qui continuèrent sans interruption jusqu’au 13 Chuen. Le pays des collines de glaise, la terre de Mu, fut sacrifié.
Soulevé deux fois, il disparut durant la nuit, après avoir été constamment ébranlé par les feux souterrains qui firent que la terre s’enfonça et réapparut plusieurs fois en divers endroits. Finalement, la surface céda et les dix pays se disloquèrent et disparurent. Furent engloutis 64 millions d’habitants, 8060 ans avant que ne soit écrit ce livre ».
Dans les archives extrêmement anciennes du vieux temple de Lhassa (au Tibet), on peut voir une très vieille inscription chaldéenne, rédigée quelque 2000 ans avant le Christ, et qui dit, littéralement :
« Lorsque l’étoile de Bal tomba sur le lieu qui n’est maintenant que ciel et mer (l’océan Atlantique), les sept villes avec leurs portes d’or et leurs temples transparents, frémirent et furent secouées comme les feuilles d’un arbre dans la tempête.
Et voici qu’une grande vague de feu et de cendres s’éleva des palais : les cris d’agonie de la foule remplissaient l’air.
Le peuple chercha un refuge dans ses temples et citadelles, et le sage Mu, le Sacerdote Ra-Mu, se présenta et lui dit : ne vous ai-je pas prédit tout ceci ? Hommes et femmes, couverts de pierres précieuses et de vêtements brillants, criaient et imploraient : Mu, sauve-nous ! Et Mu de répliquer : vous allez tous périr, avec vos serviteurs et vos richesses, et de vos cendres surgiront de nouvelles nations. Et si elles (la race aryenne actuelle) oublient qu’elles doivent être supérieures non par ce qu’elles acquièrent mais à cause de ce qu’elles donnent, le même sort leur sera réservé.
Les flammes et la fumée étouffèrent les paroles de Mu, et la terre se fendit, et tous ses habitants furent engloutis dans les profondeurs des flots ».
Et que pourraient-ils objecter, maintenant, nos aimables critiques, à ces deux écrits, l’un du Tibet et l’autre de l’Amérique Centrale, qui relatent tous les deux, de manière spécifique, la même catastrophe ?
Outre ces extraordinaires similitudes, si en vérité nous désirons encore plus d’évidences, nous devrons indéniablement faire appel à la philologie.
Il s’avère clair et manifeste que le Viracocha péruvien est tout à fait le même que le Viraj, Homme Divin, Kabire ou Logos, des Hindous, et le mot Inca lui-même, si on en permute les lettres, peut se lire Caïn (Prêtre-Roi). Les innombrables connexions intrinsèques qui rapprochent de tout le domaine de l’Initiation orientale la doctrine et les faits culturels des premiers Incas ne doivent donc absolument pas nous étonner.
Le grand historien romain César Cantu relie savamment et de manière évidente, les premiers Incas avec certaines tribus mongoles ou shamaniques très anciennes, ce qui amène à dire que par l’apparition inopinée du Manu du Nord ou Manco Capac et de sa noble compagne (Coya ou Laco), s’explique sans doute la miraculeuse circonstance que nous fait intelligemment remarquer H.P. Blavatsky relativement au phénomène théurgique de ces êtres purs ou Shamans qui ont l’habitude de prêter leur corps physique aux Génies des mondes suprasensibles dans l’évident dessein d’aider l’humanité ; prodige qui ne doit en aucune façon être confondu avec le médiumnisme de type spirite.
L’ineffable Tao chinois est ce même Deus latin, le Dieu français, le Theos grec, le Dios espagnol, et aussi le Teotl Nahuatl ou aztèque.
Le Pater latin se retrouve, de manière irréfutable, dans le Father anglais, le Vater allemand, le Fader suédois, de même que dans le Padre espagnol et enfin le Pa ou le Ba amérindien.
La douce Mater du latin est indubitablement la même que la Matrusa, la Mère française, la Mother anglaise, la noble Madre de l’espagnol, et aussi la Na ou Maya en maya ou en quechua.
Extraordinaires similitudes linguistiques dont l’examen attentif nous révèle qu’elles sont bien plus que simple ostentation, artifice ou jeu étymologique.
En nous enfonçant dans ces profondeurs de l’étymologie, âme de l’Histoire et l’une des plus puissantes clés de la Gnose, il ne faudrait surtout pas omettre de nous remémorer cette fameuse phrase de l’idiome rituel maya qui dit littéralement : « Heli, Lamah Zabac Tani », et que les quatre évangélistes interprètent ésotériquement de façons différentes. Il est extraordinaire que le grand Kabire Jésus ait prononcé cette même phrase au sommet du majestueux Calvaire.
« Je m’absorbe maintenant dans l’Aube éternelle de ta Présence », voilà, indubitablement, le sens de cette phrase dans l’idiome maya. Il est incontestable que le Grand Hiérophante Jésus a appris le Naga et le maya au Tibet, cela a été démontré.
Dans le monastère sacré de Lhassa, au Tibet, existe encore aujourd’hui un livre où il est écrit textuellement : « Jésus est devenu le Maître le plus salutaire que la Terre ait porté ».
Un savant écrivain a dit : « Il est établi historiquement que la Science-Religion que le Christ a connue en Égypte, en Inde et au Tibet était maya.
Il existe un profond Occultisme maya, qu’a connu sans aucun doute le Christ qui a choisi leurs symboles (mayas) comme support de ses idées d’amour fécondant.
Il n’est plus possible d’imputer au hasard son choix de la Croix maya, de la Trinité et des Douze Apôtres, et de nombreux autres symboles, pour servir de support à l’immense signification scientifico-religieuse de sa prédication ».
Il apparaît clairement que les Mayas-Atlantes ont apporté leur religion en Amérique Centrale. Nul doute qu’ils aient aussi colonisé le Tibet, la Babylonie, la Grèce, l’Inde, etc. Le langage rituel du Kabire Jésus fut indubitablement maya.
Tout ceci ne peut s’expliquer de manière intégrale que grâce au tronc atlante commun aux peuples américains et méditerranéo-sémitiques.
Les tribus de l’Anahuac, de même que toutes les autres tribus amérindiennes vinrent de l’Atlantide et sûrement pas du Nord, comme le supposent toujours certains ignorants instruits.
Ces rustres qui mettent en relief l’idée que les tribus amérindiennes sont venues du continent asiatique en passant par le fameux détroit de Béring sont totalement dans l’erreur, car il n’existe, ni en Alaska, ni, encore moins, dans ledit détroit, pas le moindre vestige du passage par là de la race humaine.
Chapitre 8 – Le Serpent Sacré
C’est dans les doctrines religieuses des Gnostiques que l’on peut le mieux voir la véritable signification du Dragon (Lucifer), du Serpent, du Chevreau et de tous ces symboles des pouvoirs que l’on dit être aujourd’hui les pouvoirs du Mal.
Jésus, le grand Kabire, n’aurait jamais conseillé à ses disciples de se montrer aussi sages que le Serpent si celui-ci avait été un symbole du Démon ; et les Ophites, les sages Gnostiques égyptiens de la « Fraternité du Serpent », n’auraient pas non plus révéré une couleuvre vivante dans leurs cérémonies comme emblème de la Sagesse, de la divine Sophia.
Le Serpent aztèque apparaît infailliblement dans des fonctions insolites qui bouleversent totalement son déterminisme organique : la queue est remplacée par une seconde tête, dans une attitude extraordinaire qui l’élève au-dessus du limon de la terre, les deux têtes représentant les éléments indispensables au développement igné du Serpent Sacré.
Dans les Cultures de l’Anahuac, le corps de la vipère se trouve continuellement modifié par une action inusitée qui imprime un changement radical à sa nature originelle. Nous remarquons tantôt la double tête, qui rappelle de manière tout à fait claire cette figure circulaire du Serpent gnostique en train de dévorer sa propre queue, synthèse extraordinaire du merveilleux message du Seigneur Quetzalcoatl ; tantôt la position verticale, qui illustre soit l’idée maya ou Nahua de la vipère divine dévorant l’Âme et l’Esprit de l’homme, soit, enfin, les flammes sexuelles consumant l’Égo animal, l’annihilant, le réduisant en cendres.
Le Serpent ou Logos Sauveur inspire l’homme afin qu’il reconnaisse son identité avec le Logos et qu’ainsi il retourne à sa propre essence, qui est ce Logos.
Les eaux de l’abîme engendrèrent un vent impétueux (le Serpent, par son sifflement similaire), celui-ci souleva les eaux qui parvinrent à entrer en contact avec l’Esprit et la Lumière, et le Serpent envahit la matière chaotique et engendra l’homme, résultat du mélange des trois principes.
L’unique pensée de la Lumière Supérieure, c’est de pouvoir récupérer ses particules perdues. Et comme la Matrice Chaotique aime et connaît uniquement le Serpent, le Logos lumineux a pris sa forme pour racheter la lumière fondue dans les ténèbres ; c’est pour cela que l’Homme Parfait descendit dans le sein d’une Vierge et non seulement souffrit-il en connaissant les mystères honteux de la Matrice mais aussi, après s’être élevé, il but de la Coupe d’eau vive à laquelle doit boire quiconque veut se dépouiller de la forme de l’esclave et revêtir le vêtement céleste.
Le Serpent Sacré ou Logos Sauveur dort accroupi au fond de l’Arche, mystiquement aux aguets, attendant le moment d’être éveillé.
Ceux qui étudient la physiologie ésotérique dans la culture Nahua ou hindoue soulignent l’idée transcendantale qu’il existe un centre magnétique merveilleux, ou chakra, situé à la base de la colonne vertébrale, à mi-distance entre l’orifice anal et les organes sexuels.
Au centre de ce chakra il y a un carré jaune invisible aux yeux de la chair mais perceptible par la clairvoyance ou sixième sens ; ce carré représente, selon les hindous, l’élément terre.
On nous a dit qu’à l’intérieur de ce carré se trouve une Yoni (Utérus), et qu’au centre de cette Yoni, figurée par un triangle renversé, il y a un Lingam ou Phallus érotique, autour duquel est enroulé le Serpent, mystérieuse énergie psychique appelée Kundalini.
Les textes tantriques de l’Asie décrivent ainsi la Kundalini : « Lumineuse comme l’éclair, elle brille au creux de ce lotus (ou centre magnétique) telle une chaîne de brillantes lumières ».
La structure ésotérique de ce centre magnétique, de même que sa position singulière entre les organes sexuels et l’anus, donnent des fondations solides et irréfutables aux enseignements des écoles tantriques de l’Inde et du Tibet.
Il est incontestable que le Serpent ne peut être éveillé qu’au moyen du Sahaja Maïthuna (ou Magie Sexuelle).
Il n’y a pas de doute que lorsque la Vipère Sacrée s’éveille pour amorcer sa montée le long du canal médullaire spinal de l’organisme humain, elle émet un son mystérieux très semblable à celui d’un quelconque serpent que l’on exciterait avec un bâton.
Le Serpent des Grands Mystères est, indubitablement, l’aspect féminin du Logos, Dieu-Mère, l’Epouse de Shiva, Isis, Adonia, Tonantzin, Rhéa, Marie ou, pour mieux dire, Ram-Io, Cybèle, Opis, Der, Flore, Paule, Io, Akka, la Grande Mère du sanscrit, la déesse des Lha, Lares ou Esprits d’ici-bas, la Mère angoissée de Huitzilopochtli, l’Ak ou Déesse Blanche des Turcs, la Minerve chalcidique des Mystères Initiatiques, l’Aka-Bolzub du temple lunaire de Chichen-Itza (au Yucatan), etc.
Nous conservons encore aujourd’hui un écho lointain des Mystères antiques dans le transept ou plan transversal des églises les plus glorieuses, comme celle de Saint-Paul à Rome, au lieu de la primitive forme de navire, le navire, ou Arche salvatrice du Déluge Universel ou catastrophe atlante, dans lequel arrivèrent tous les Noé, Quetzalcoatl, Xixuthro et Deucalion, et c’est aussi pour cela qu’en tant qu’endroit sacré dans le foyer, on appelle chalcidique le corridor intérieur qui séparait des autres, dans la maison grecque, les pièces consacrées aux hôtes, comme l’indiquent d’ailleurs Vitruve, Procope (De Aedificationem), Becchi (Det Calcidio e della Cripta di Eumachia) et les autres traités de construction où l’on fait l’historique de ce transept ou de cet effectif et symbolique Tau consacré aux devoirs que l’hospitalité impose entre les hommes.
L’insertion du Phallus vertical dans l’Utérus horizontal forme une Croix, n’importe qui peut le constater. Si nous réfléchissons très sérieusement sur l’intime relation existant entre le S et la Croix Tau ou le T, nous arrivons à la conclusion logique que c’est seulement grâce au croisement du Lingam-Yoni (Phallus-Utérus), avec exclusion radicale de l’orgasme physiologique, que l’on peut éveiller Kundalini, le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques.
Les foudres de Zeus tempétueux qui amoncelle les nuées qui font trembler l’Olympe et qui sèment la terreur au milieu de cette pauvre humanité souffrante, forment une Croix.
Le Feu Céleste et le Feu Terrestre, le Fohat potentiel ou virtuel qui agrège ou désagrège, engendre ou anéantit, vivifie ou désorganise, revêt la forme d’une Croix.
Fils du Soleil qui l’engendre, serviteur de l’homme qui le libère et l’entretient, le Feu Divin, déchu, tombé, emprisonné dans la matière, détermine d’insolites et extraordinaires révolutions et dirige sa Rédemption ; il est Jésus sur sa Croix, image merveilleuse de la radiation ignée, incarnée dans toute la nature. Il est l’Agnus Dei immolé depuis l’aurore du « Grand Jour », et il est également le fameux Huehueteotl, le Vieux Dieu du Feu, lequel est représenté, dans l’antique culture de Teotihuacan, comme un vieillard chargé d’années qui supporte sur sa tête millénaire un énorme brasero.
Le Dieu du Feu Sexuel représente, incontestablement, l’une des plus anciennes traditions des peuples mayas et Nahuas ; il est la déité du Centre, en relation directe avec les quatre points cardinaux de la Terre et avec le brasier sacré qui sert à allumer le foyer au centre de la demeure et du temple aztèque, et par conséquent il est très normal de voir sur les Hiérophantes du Dieu de la flamme la mystique figure de la
Sainte Croix, qui orne également les encensoirs, appelés Tlemaitl (mains de feu), avec lesquels les prêtres encensaient toujours les Dieux saints.
Il va sans dire qu’un Dieu aussi antique que celui-là, très semblable à Agni, la déité védique du Feu, porte de très nombreuses appellations. On le nomme Xiuhtecuhtli, vocable Nahuatl dont la signification profonde est : Seigneur de l’Année, Seigneur de l’Herbe et Seigneur de la Turquoise, et Xihuitl qui, en faisant légèrement varier la prononciation, veut dire Année, Herbe et Turquoise. Le Dieu du Feu apparaît sous cette dénomination dans divers panthéons Méso-Américains.
Cette déité étant ainsi désignée, il ne s’avère absolument pas étrange qu’elle portât sur la tête une espèce de mitre bleue, judicieusement formée d’une mosaïque de turquoises, ce qui était une caractéristique très particulière des puissants rois de la grande civilisation mexicaine.
Son Nahual ou déguisement ésotérique est le Xiuhcoatl, c’est-à-dire le Serpent de Feu (la Kundalini), qui se distingue par la précieuse corne décorée de sept étoiles ineffables qu’il porte précisément sur le nez.
Selon la conception Nahua ou maya, la Svastika sacrée des Grands Mystères a toujours été définie comme la Croix en mouvement ; elle est le Nahui-Ollin Nahuatl, symbole sacré du Mouvement Cosmique.
Les deux orientations possibles de la Svastika représentent très clairement les principes masculin et féminin, positif et négatif, de la Nature. Deux Svastikas de l’une et de l’autre direction, exactement superposées, forment indéniablement une Croix potencée et représentent, dans ce sens, la conjonction érotique des deux sexes.
Selon la légende aztèque, ce fut un couple, un homme et une femme, qui a inventé le feu, et ceci n’est possible qu’avec la Croix en mouvement.
INRI : Ignis Natura Renovatur Integra (le Feu renouvelle intégralement la Nature).
Chapitre 9 – La Croix de Saint-André
André l’ermite, humble pêcheur, était au service du Christus Jean, jusqu’au moment où il est devenu le disciple du grand Kabire Jésus.
L’Évangile Christique de l’Humanité Solaire nous dit en effet qu’en commençant sa mission ésotérique, le grand Être alla à Capharnaüm, ville maritime de Galilée, dont le prophète Isaïe a dit : « Le peuple qui se trouvait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et la lumière jaillit sur ceux qui, sur la Terre, demeuraient dans l’ombre de la mort » (Matthieu IV, 16).
Tout en cheminant le long du rivage de la mer de Galilée, le Logos Solaire prit comme premiers disciples Pierre et André, « pour en faire des pêcheurs d’hommes » (Ibid., 19).
André assista Jésus, le Grand Sacerdote Gnostique, lors de la pêche miraculeuse du lac de Gennésareth ou Jainésareth, le symbolique lac Jina, où le Feu Sacré réalisa tant de prodiges.
Il est écrit en caractères d’or dans le livre de la vie, qu’après la mort du grand Kabire, André a effectué nombre de résurrections et de miracles.
La légende des siècles dit qu’à Nicée, rôdaient sept Démons, avides, ténébreux et sinistres, qui assassinaient les voyageurs ; devant le verdict solennel de la conscience publique, André, après les avoir transformés en chiens, les chassa de ces parages.
L’extraordinaire supplice d’André, énigmatique et prodigieux, rendit très célèbre la Croix en X sur laquelle on avait impitoyablement attaché ses membres écartés.
Indubitablement et sans aucune exagération, nous pouvons et devons affirmer solennellement que ce X symbolique, qui est en fait un K grec, fut, est, et sera toujours l’un des symboles les plus précieux de l’ésotérisme christique !
Plusieurs fraternités mystiques ont adopté le signe magique d’André, le X, désignant le Crestos, souvent symbolisé par un poisson.
Précisons que l’apôtre André fut spécifiquement adopté par les Fraternités ésotériques d’Ecosse. Il est bien connu que ces institutions ont le chardon comme plante symbolique.
Incontestablement, il y a eu en Ecosse, durant nombre de siècles, plusieurs Fraternités occultistes de Saint-André du Chardon.
On a souvent répété que des hommes extraordinaires, tels Thomas de Kempis, Geber, Raymond Lulle, Nicolas Flamel, Sendivogius, Albert le Grand, Saint-Thomas d’Aquin, Wigelius, Roger Bacon, Mathias Kornax, Paracelse, Arnaud de Villeneuve et beaucoup d’autres, furent membres actifs de Fraternités similaires.
Si l’immaculé Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde, porte la Croix symbolique sur son oriflamme, comme l’Hiérophante Jésus sur sa sanglante épaule, et s’il la soutient vaillamment avec la patte, tel qu’on le voit dans certaines images religieuses, c’est parce qu’il a le signe sacré vivement incrusté sur cette même patte.
À ceux qui reçoivent l’Esprit ineffable du Fohat sacré, qui le portent en eux et qui sont par conséquent marqués de son signe glorieux, nous dirons, au nom de la vérité, qu’ils n’ont certainement rien à craindre du Feu élémental. Ils sont les authentiques Fils du Soleil, les véritables disciples d’Hélios, qui ont pour guide l’astre de leurs ancêtres.
Le signe de la Croix, sublime monogramme du Christ Notre-Seigneur, dont la Croix de Saint-André et la miraculeuse clé de Saint-Pierre sont deux merveilleuses répliques d’égale valeur alchimique et kabbalistique, est donc l’insigne capable d’assurer la victoire aux travailleurs du « Grand-Œuvre ».
À l’endroit précis où se croisent les bras de la Croix de Palenque est placé l’arbre de la vie de la Kabbale hébraïque ; ceci est un véritable prodige du Mexique antique.
« L’Arbre de la Science du Bien et du Mal » et « l’Arbre de la Vie » partagent indubitablement leurs racines.
N’oublions jamais qu’autour de la resplendissante Croix que Constantin a vue dans le monde astral, sont apparues ces paroles prophétiques que, tout joyeux, il fit alors peindre sur son labarum : In hoc signo vinces (par ce signe tu vaincras).
La Croix sexuelle, symbole vivant du croisement du Lingam-Yoni, porte l’empreinte indélébile et merveilleuse des trois clous qui furent employés pour immoler le Christ-Matière, image des trois purifications par le fer et par le feu, sans lesquelles le Seigneur Quetzalcoatl, au Mexique, n’aurait pu parvenir à la résurrection.
La Croix est l’hiéroglyphe antique, alchimique, du creuset que l’on nommait jadis en français : cruzol, crucible et croiset, en latin : crucibulum ; creuset a pour racine crux, crucis, cruz. Tout ceci nous invite évidemment à la réflexion.
C’est en effet dans le creuset que la matière première du Grand-Œuvre souffre avec une infinie patience la passion du Seigneur. C’est dans le creuset érotique de l’Alchimie Sexuelle que meurt l’Égo et que renaît l’oiseau Phénix de ses propres cendres.
INRI : In Necis Renascor Integer (dans la mort renaître intact et pur).
« La mort est engloutie dans la victoire. Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? Où est-elle, ô mort, ta victoire ? ».
Roger Bacon, dans son œuvre monumentale intitulée Azoth (ouvrage à rapprocher de l’Azug de la puissante sagesse orientale), présente, dans une gravure transcendantale, le premier stade du processus alchimique au moyen d’un cadavre décomposé couché dans la cornue merveilleuse de l’Alchimie.
Le resplendissant Soleil, la Lune pâle et les divers mondes de notre système solaire d’Ors, avec tous ces signes alchimiques qui leur correspondent par nature, dominent intégralement la scène.
Il s’avère étrange de voir ce cadavre lever la tête comme s’il voulait ressusciter d’entre les morts. Le noir Corbeau de l’Alchimie Sexuelle sépare la chair des os tandis que l’Essence animique quitte le corps. Cette image du profane mort, ressuscitant par la suite à l’Initiation, au Réel, est, hors de tout doute et sans ambages, un symbole osirien extraordinaire.
« La chair quitte les os » : phrase liturgique des Fraternités de Saint-André du Chardon et des Fraternités similaires.
Annihilation du cher Égo dans le Laboratorium-Oratorium du Troisième Logos, voilà la profonde signification des tortures d’André sur le terrible X. Mort terrifiante et indispensable qui jamais ne pourrait être réalisée avec un feu vulgaire.
Manifestement, et suivant l’art alchimique, on a besoin pour ce labeur de l’aide extraordinaire d’un agent occulte, d’un feu secret de type sexuel, lequel, pour donner une idée de son aspect, ressemble bien plus à une eau qu’à une flamme.
Ce feu, ou cette eau ardente, est l’étincelle vitale communiquée par le Logos à la matière inerte ; il est le Fohat divin enfermé dans tout le créé, le Rayon Igné, la Kundalini, le Serpent Sacré de la sagesse de l’Anahuac s’élevant par le canal médullaire spinal de l’Adepte.
La connexion du Lingam-Yoni sans éjaculation de l’Ens-Seminis est certainement la clé spécifique grâce à laquelle Adam et Ève peuvent éveiller le Serpent de Saturne dans leur anatomie occulte.
Incontestablement, la lecture très attentive de « Artéphius » de Pontano et de l’œuvre intitulée « Epistola de Igne Philosophorum » s’avère très opportune, parce que dans ces pages immortelles le lecteur pourra trouver de précieuses indications sur la nature et les caractéristiques complètes de ce « Feu aqueux » et de cette « Eau ignée ».
Dans les cours pavées des augustes et saints temples de l’Anahuac, les candidats à l’initiation humaine et solaire, hommes et femmes, tout en échangeant mutuellement des caresses, réalisaient la connexion du Lingam-Yoni (Phallus Utérus), se retirant ensuite du « coït chimique » sans éjaculer l’Ens-Seminis (l’entité du Semen). C’est ainsi qu’ils réalisaient l’éveil du Serpent saturnien.
La transmutation sexuelle de l’Ens-Seminis en énergie créatrice est, assurément, l’axiome fondamental de la Science Hermétique. La bipolarisation de ce type extraordinaire d’énergie à l’intérieur de l’organisme humain a été, depuis les temps antiques, analysée très soigneusement dans les Collèges Initiatiques du Mexique, du Pérou, de l’Égypte, du Yucatan, de la Grèce, de l’Inde, du Tibet, de la Phénicie, de la Perse, de la Chaldée, de Troie, de Carthage, etc.
L’ascension miraculeuse de l’énergie séminale jusqu’au cerveau est rendue possible grâce à une paire de cordons nerveux qui s’élèvent en forme de huit à droite et à gauche de l’épine dorsale. Cette paire de cordons nerveux est connue dans la philosophie chinoise sous les noms classiques de « Yin » et de « Yang », le « Tao » étant le sentier du milieu, le canal médullaire, la voie secrète par où s’élève le Serpent.
Il est indubitable que le premier de ces deux canaux est de nature lunaire, alors que le second est de type solaire. Lorsque les atomes lunaires et solaires entrent en contact dans le Triveni, près du coccyx, le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques s’éveille.
Les kabbalistes hébreux nous parlent du mystérieux Daath, qui apparaît dans « l’Arbre de la Vie », auquel on n’assigne ni nom divin ni chœur angélique d’aucune sorte, et qui ne correspond, non plus, à aucun signe mondain, planète ou élément.
Daath, la mystérieuse Séphiroth hébraïque, est produite par la conjonction ésotérique de Abba, le Père qui est en secret, et de Ama, la Mère Suprême.
Le Père et la Mère, Osiris et Isis, sont perpétuellement unis dans Jesod, le fondement, la Neuvième Séphiroth, le Sexe, mais voilés par le mystère de Daath ou Connaissance tantrique, laquelle ne se révèle qu’avec le Sahaja Maïthuna (La Magie Sexuelle).
Entre ces deux aspects bipolaires de la Création, notre Père qui est dans le secret et notre Divine Mère Kundalini, le métier à tisser de la vie tisse et détisse sans fin.
La légende des siècles raconte que lorsque Sémélé, la mère de Dionysos, vit Zeus, son amant divin, dans toute sa divine splendeur de Maître de la Foudre, elle fut embrasée et elle périt en donnant prématurément naissance à son fils.
Personne ne peut, assurément, voir Dieu face à face sans mourir. La mort du Moi-même, du Soi-même, est indispensable, avant que l’on puisse contempler la face resplendissante de « l’Ancien des Jours ».
De même que la vie représente un processus d’extériorisation ou d’extraversion graduelle et toujours plus complète, de même la mort de l’Égo est un processus d’introversion progressive, en cela que la conscience individuelle, l’Essence pure, se dépouille lentement de ses vêtements inutiles, tout comme Ishtar dans sa descente symbolique, jusqu’à ce qu’elle soit entièrement nue et éveillée en elle-même devant la grande réalité de la Vie libre en son mouvement.
Indubitablement, pour que la lumière que constitue l’Essence animique embouteillée à présent au milieu de l’Égo animal commence à briller, étinceler et resplendir, on doit la libérer, mais en vérité, je vous dis que ceci n’est possible qu’en passant par la terrible annihilation bouddhique : en dissolvant le Moi, en mourant en nous-mêmes.
L’énergie sexuelle est certainement un pouvoir foudroyant, explosif au plus haut degré, merveilleux. Celui qui apprend à se servir de l’arme érotique, de la lance des pactes magiques, pourra réduire en poussière cosmique le Moi de la Psychologie.
Il n’est pas superflu d’affirmer solennellement que la lance, en tant qu’emblème occulte de la force sexuelle virile, joue un grand rôle dans de nombreuses légendes orientales comme instrument de salut et de libération ; lorsqu’elle est brandie intelligemment, la lance permet à l’ascète gnostique de réduire en cendres cet ensemble d’éléments indésirables qui forment l’Égo, le Moi-même, le Soi-même.
Longin, dans la Passion de Notre-Seigneur Jésus le Christ, remplit le même rôle ésotérique que Saint-Michel et Saint-Georges. Incontestablement, Cadmos, Persée et Jason accomplissent une fonction similaire chez les païens.
Embrocher le Dragon ou transpercer d’un coup de lance le flanc du Christ, manier la lance, comme les chevaliers célestes ou les héros grecs, est certes une chose profondément significative.
La Croix de Saint-André et la Haste Sainte allégorisent de manière intégrale tout le travail de l’annihilation bouddhique.
Et en parlant avec une profonde vénération de la Croix de Saint-André et de la sainte Pique, jamais nous ne commettrions la faute impardonnable d’oublier le Saint-Graal.
Les cratères sacrés de toutes les religions représentent l’organe sexuel féminin de la génération et de la régénération, et correspondent certainement au vase cosmogonique de Platon, à la coupe d’Hermès et de Salomon et à l’urne bénie des Mystères antiques.
La mère de notre chair ou la femme au serpent est célèbre dans les traditions mexicaines, qui la représentent déchue de son état primitif de bonheur et d’innocence.
Selon les livres de Zoroastre, le premier homme et la première femme furent créés purs et soumis à Ormuzd, leur créateur. Ahriman les vit et fut jaloux de leur félicité. Il les aborda sous la forme d’un serpent, leur présenta des fruits et les convainquit qu’il était lui-même le créateur de l’univers tout entier. Ils le crurent et, depuis lors, leur nature s’est totalement corrompue.
Les monuments et les traditions des Hindous confirment l’histoire d’Adam et Ève et de leur chute. Cette tradition existe également chez les bouddhistes tibétains et était enseignée par les Chinois et les anciens Perses.
Le péché originel est en effet la racine de l’Égo, la causa causorum du Moi-même, du Soi-même.
Les expiations rituelles que l’on accomplissait chez divers peuples pour purifier l’enfant lors de son entrée dans cette vie, constituent en fait un pacte de « Magie Sexuelle ».
Au Yucatan (Mexique), on portait l’enfant au temple où le Sacerdote versait sur sa tête l’eau destinée au baptême et lui donnait un nom. Aux îles Canaries, les femmes remplissaient cette fonction à la place des Sacerdotes.
Adam et Ève apparaissent toujours séparés par le tronc de l’arbre paradisiaque. Dans la majorité des cas le serpent, enroulé autour de l’arbre, est représenté avec une tête humaine.
C’est seulement au moyen du plein accomplissement du pacte magico-sexuel que symbolise le sacrement du baptême, qu’il est possible d’annihiler le péché originel pour retourner au Paradis.
Jakin et Bohaz, Urim et Thummim, Apollon et Diane, sont certainement les deux colonnes principales du temple de la Sagesse.
C’est au milieu, entre les deux colonnes du temple, que se trouve l’Arcane AZF, la clé du Grand-Œuvre.
Goethe, adorant sa Divine Mère Kundalini, le Serpent Sacré qui s’élève par le sentier Tao (la colonne vertébrale), s’exclamait, rempli d’extase :
« Vierge pure dans le sens le plus admirable,
Mère digne de vénération,
Reine élue par nous,
Et de condition égale à celle des Dieux ».
Aspirant à mourir en lui-même ici et maintenant, ce grand Initié, durant la « copulation métaphysique », après avoir compris de manière intégrale quelque erreur psychologique, criait de toutes les forces de son Âme :
« Flèches, transpercez-moi ;
Lances, soumettez-moi !
Massues, frappez-moi !
Tout disparaît,
Tout s’évanouit.
Que brille l’étoile perpétuelle,
Foyer de l’éternel amour ».
Comprendre et éliminer, voilà la clé de la Croix de Saint-André ; c’est ainsi que nous mourons d’instant en instant.
Il est impossible d’éliminer radicalement un défaut psychologique sans l’avoir auparavant compris intégralement dans tous les niveaux du mental.
Durant le « coït chimique », Devi Kundalini, notre Mère Cosmique particulière, individuelle, peut et doit empoigner la Pique Sainte, la Haste de Minerve, la Lance d’Achille, l’Arme de Longin, pour détruire le défaut psychologique que nous avons réellement compris. « Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira ».
La légende des siècles dit que le Seigneur Quetzalcoatl, à la veille de sa chute, parla ainsi :
« Mes demeures de riches plumes, mes maisons de coquillages, on dit que je dois les laisser.
Rempli alors de joie, il commanda que l’on amène la reine Natte Précieuse.
Allez et ramenez avec vous la reine Quetzalpetatl (l’Ève de la mythologie hébraïque), celle qui est le délice de ma vie, pour qu’ensemble nous buvions et buvions jusqu’à nous enivrer.
Les pages se rendirent au palais de Tlamachuayan et se présentèrent à la reine.
Dame reine, mon enfant, le roi Quetzalcoatl nous ordonne de te conduire à lui ; il veut qu’avec lui tu te réjouisses.
Elle leur répondit : J’irai.
Lorsque Quetzalpetatl arriva, elle alla s’asseoir près du roi ; on lui dit de boire quatre fois, et la cinquième en l’honneur de sa grandeur.
Et quand elle fut ivre, les mages commencèrent à chanter, et le roi Quetzalcoatl, se levant en titubant, dit à la princesse, au milieu des chants : mon épouse, réjouissons-nous en buvant de cette liqueur (il faisait allusion au breuvage de la luxure).
Comme ils étaient ivres, ils ne disaient plus rien qui soit conforme à la raison (le luxurieux n’entend pas raison).
Le roi ne fit pas pénitence, il n’alla pas au bain rituel, il n’alla pas non plus prier au temple. Finalement le sommeil les emporta. Et au réveil, le jour suivant, ils devinrent tristes tous les deux, ils avaient le cœur oppressé ».
Dans la mythologie hébraïque, on dit qu’Adam et Ève aussi devinrent très tristes après avoir mangé du fruit défendu, et leurs yeux à tous deux s’ouvrirent, et ils connurent qu’ils étaient nus, et ils cousirent alors des feuilles de figuiers et se firent des pagnes.
« Quetzalcoatl dit alors : je me suis enivré, j’ai commis un crime ; rien ne pourra plus enlever la souillure dont je me suis chargé.
Alors, avec ses gardiens, il se mit à chanter un chant. La foule attendait dehors, on la fit attendre davantage.
Éploré et mortifié, rempli de peine et d’angoisse en voyant que ses mauvais agissements étaient déjà connus, et sans que personne n’aille le consoler, devant son Dieu il se mit à pleurer ».
Ces lignes, qui nous invitent à méditer, sont tirées textuellement de la poésie épique Nahuatl. Ce qui vient ensuite est facile à déduire si nous lisons les versets suivants de la Bible hébraïque :
« Et Jéhovah le renvoya du Jardin d’Éden pour qu’il cultive la terre d’où il avait été tiré.
Il jeta donc l’homme dehors, et il posta à l’est du Jardin d’Éden les Chérubins, et un glaive en flamme qui allait de tous côtés, pour garder le chemin de l’Arbre de la Vie » (Genèse, III, 23-24).
La fuite de Quetzalcoatl, sa mystérieuse sortie de la Tula paradisiaque, s’avère certes singulière, inusitée.
On dit qu’il brûla alors ses maisons d’or, d’argent et de coquillages rouges, et toutes les splendeurs de l’art architectural Toltèque.
« Ses œuvres d’art merveilleuses, ses œuvres d’art précieuses et admirables, il enterra tout, il cacha tout dans des endroits secrets, ou à l’intérieur des montagnes, ou au fond des ravins ».
Richissime et inépuisable trésor qu’il eut plus tard à rechercher et à retrouver ; richesse ésotérique enfouie dans les entrailles de la terre.
Ces mystiques paragraphes de l’Anahuac, traduits avec sagesse en termes gnostiques et alchimiques, s’avèrent sublimes : la réduction métallique de « l’Or spirituel » est toujours la conséquence ou le corollaire inévitable de toute chute sexuelle.
En ce qui concerne ces « œuvres d’art merveilleuses » et ces « œuvres d’art précieuses et admirables » auxquelles il est fait allusion, nous devons étudier entre les lignes la grande Épître Universelle de Jacques, le saint patron du Grand-Œuvre (voir le texte biblique).
Enoch a trouvé le « Trésor caché et impérissable » dans les vivantes profondeurs du mont Moria. Chacun de nous doit rechercher son héritage perdu. Le « Trésor » ne se trouve jamais à la surface de la terre, il est nécessaire de descendre à l’Averne pour le trouver.
Visita Interiora terrae, rectificatur invenies Occultum Lapidem. Visite l’intérieur de la Terre, en rectifiant tu trouveras la Pierre cachée.
Indubitablement, la « Pierre Philosophale » et toutes ces gemmes précieuses de la Jérusalem céleste, symbolisant les vertus et les pouvoirs cosmiques transcendantaux, constituent le « Trésor de Quetzalcoatl », notre richesse intime particulière, que nous laissons cachée en sortant de l’Éden et que nous devons chercher à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant.
« Devant l’Arbre de la Vieillesse, le Seigneur vit son visage et, rempli d’une infinie douleur, il dit : je suis vieux.
Il arriva une autre fois à un autre endroit et s’arrêta pour se reposer ; il s’assit sur une pierre et appuya les mains sur elle. Il resta à regarder Tula et finit par fondre en larmes.
Il pleurait à grands sanglots : double filet de larmes qui, telle une grêle, tombaient goutte à goutte ; sur son visage roulaient les gouttes et avec ses larmes il perfora la roche, les gouttes de ses pleurs en tombant transpercèrent la pierre même.
Les mains qu’il avait appuyées sur la roche restèrent bien imprimées dans la roche comme si celle-ci avait été de glaise ; dans la roche s’imprimèrent ses mains, et aussi ses fesses ; dans la pierre sur laquelle il s’était assis, elles furent bien marquées et imprimées. On peut encore contempler le creux qu’ont fait ses mains à cet endroit qu’on appelle Temacpalco ».
En réalité, stricto sensu, dans la « Roche », dans la « Pierre » (c’est-à-dire, dans le Sexe), gît cachée l’électricité sexuelle transcendante qui peut aussi bien asservir que libérer l’homme.
Ces quelques remarques nous invitent à la réflexion : le phénomène quetzalcoatlien s’avère toujours étonnant et d’une actualité palpitante. Nous ne sommes sûrement pas en train de faire des éclaircissements sémantiques, nous voulons seulement commenter le message quetzalcoatlien de manière phénoménologique.
On rapporte que le Saint, après avoir beaucoup souffert, parvint à un lieu qui se nomme Pont de Pierre.
« Il y a de l’eau (l’Ens-Seminis) à cet endroit, de l’eau qui s’élève en jaillissant, de l’eau qui se répand et se diffuse ».
Les anthropologues modernes ont interprété cela de manière différente et complètement fausse ; ils ne connaissent rien de l’ésotérisme de l’Anahuac. Ils ignorent le sens religieux de ces chants.
Bien que cela semble totalement étranger au Gnosticisme, dans le fond ça ne l’est pas, et nous devons mettre en relief ce passage significatif : « Le Bienheureux revint au chemin qu’il avait autrefois abandonné ». On dit qu’il alla chercher une roche et qu’il fit un pont par lequel il passa sur l’autre rive.
Ce fut ainsi que le Grand Avatar des Aztèques reprit son chemin et arriva au lieu appelé l’Eau de Serpents.
Les auteurs arabes, nous dit Fulcanelli, donnent à cette fontaine le nom de Holmat et nous enseignent en outre que ses eaux ont donné l’immortalité au prophète Elie. Ils placent la source fameuse dans le Modhallan, terme dont la racine signifie Mer obscure et ténébreuse, désignant par là le « Chaos métallique », le Sperme sacré, la matière première du Grand-Œuvre.
Cette connaissance échappe aux analyses rationalistes normales ; il s’agit d’enseignements de type supra-rationnel qui ne peuvent être appréhendés, saisis, qu’à l’aide d’un Gourou.
Le « Servus Fugitivus » dont nous avons besoin est une « eau minérale et métallique », solide et cassante, ayant l’aspect d’une pierre et de liquéfaction très aisée. Cette eau coagulée sous forme de masse pierreuse est l’Alkahest et le Dissolvant universel, l’Eau de Serpents, l’Âme métallique du Sperme sacré, le Mercure de la Philosophie secrète, résultat merveilleux de la transmutation sexuelle.
Les sages se sont toujours montrés très réservés au sujet du Mercure philosophique, dont l’opérateur intelligent peut diriger à son gré les phases successives de son élaboration.
Si l’apprentissage de la technique réclame un certain temps et demande quelque effort, cette technique elle-même est, en revanche, d’une extrême simplicité. Elle ne requiert aucune aptitude spéciale ni habileté professionnelle, mais seulement la connaissance d’un curieux artifice qui constitue ce Secretum Secretorum que nous, les Gnostiques, avons déjà divulgué publiquement : connexion du Lingam-Yoni (Phallus-Utérus) sans jamais de toute notre vie renverser la Coupe d’Hermès.
Karl Meagh dit : « Lorsque, dans la période de tension musculaire et avant l’inversion des courants, surgit la sensation de l’éjaculation imminente, le fluide séminal sera retenu en envoyant la langue aussi en arrière que possible et en retenant la respiration.
La contraction des muscles de l’anus est aussi recommandée, comme si l’on était en train de pratiquer l’exercice de concentration sur le chakra Muladhara ».
« L’Âme métallique du Sperme » est l’Hermès, le Mercure tinctorial qui porte en soi l’Or mystique de la même manière que Saint-Christophe porte Jésus, et l’agneau sa propre toison.
Ce fut ainsi, grâce au Mercure de la Philosophie secrète, que le bienheureux Seigneur Quetzalcoatl régénéra l’Or dans son Ame, dans son esprit et dans les Corps Existentiels supérieurs de l’Être.
Les ténébreux essaient bien inutilement de faire retourner le Saint à son passé de pécheur.
« Il ne m’est en aucune façon possible, à présent, de revenir en arrière, déclare le Seigneur, je dois continuer.
Où iras-tu, Quetzalcoatl ?
Je vais, leur dit-il, à la Terre de Couleur Rouge, je vais acquérir le savoir.
Et eux lui disent : Que feras-tu donc là-bas ?
Je vais en réponse à un appel : le Soleil m’appelle.
C’est très bien : abandonne alors la culture Toltèque.
Et le Saint jeta à l’eau ses colliers de gemmes (ses biens matériels, les choses illusoires de ce monde) qui s’enfoncèrent aussitôt. C’est depuis ce temps-là que ce lieu est appelé Eau des Riches Joyaux.
Poursuivant sa route, il arriva un peu plus loin à un endroit nommé Lieu où l’on dort (l’Orcus des Classiques, le Limbus des chrétiens : le sommeil de l’inconscience dans cette vallée de larmes).
Là surgit un Adepte de la Main Gauche qui vient à sa rencontre et lui dit : « Où vas-tu ? »
Et le Saint de répondre : « Je vais à la Terre de Couleur Rouge, je vais acquérir la sagesse. »
« Très bien, bois ce vin de l’oubli, je suis venu pour te l’apporter. »
« Non, je ne peux pas, ni même ne veux y goûter. »
« Tu devras boire, de gré ou de force. Je ne peux non plus te laisser passer, ni ne permet que l’on poursuive son chemin sans qu’on boive. Je dois te faire boire et même t’enivrer. Bois donc ! »
Alors Quetzalcoatl, muni de sa canne (car il était un Bodhisattva tombé), but le vin.
Et une fois qu’il eut bu, il tomba, vaincu, à côté du chemin et commença à ronfler dans son sommeil (durant de nombreuses réincarnations, en passant par d’indicibles amertumes) et l’on pouvait entendre de très loin son ronflement, et finalement (sa conscience s’éveillant de nouveau) il regarda d’un côté et de l’autre, se regarda lui-même et lissa ses cheveux. C’est pour cette raison que le nom de ce site est Lieu où l’on dort.
Il entreprit encore une fois le voyage, parvint à la cime qui est entre le Mont Fumant (qui symbolise le Lingam) et la Femme Blanche (qui symbolise la Yoni) et là, sur lui et sur les compagnons qu’il avait emmenés avec lui, ses bouffons, ses infirmes (ses agrégats psychiques ou éléments inhumains), la neige tomba et, tous congelés, ils restèrent morts ».
« Que la chair quitte les os », s’écriaient les vieux alchimistes médiévaux durant le coït chimique.
Tourments ésotériques des Fraternités de Saint-André du Chardon. La Croix en X est, indubitablement, le symbole merveilleux de la mort de tous ces éléments inhumains qui, ensemble, constituent l’Égo, le Moi.
Supplice allégorique de Saint-André, épouvantables tortures dans la Neuvième Sphère (la région du Sexe), remords, annihilation bouddhique.
Il n’est possible de créer l’Or de l’Esprit ou de le régénérer qu’en annihilant tous ces bouffons, infirmes, agrégats psychiques qui personnifient nos défauts.
Le Saint tantôt chantait, tantôt pleurait ; et il travaillait avec une infinie patience dans la Forge des Cyclopes (la Sexualité).
« Il pleura abondamment et de grands soupirs sortaient de sa poitrine. Il fixa son regard sur la Montagne Nuancée (la Montagne de la Résurrection) et il se mit en route dans cette direction. Il accomplissait partout des prodiges et laissait des signes merveilleux de son passage » (Comme, autrefois, l’avait fait le grand Kabire Jésus en Terre Sainte).
« En arrivant au rivage, il fit une armature de serpents (car il avait réalisé le développement complet des sept degrés de pouvoir du Feu) et, une fois formée (complète), il s’assit sur elle et s’en servit comme navire ».
Ceci nous rappelle Gautama, le Bouddha, assis sur un serpent au pied de l’arbre de la Bodhi, le figuier extraordinaire, symbole magnifique de la puissance sexuelle. Il pleuvait à verse, et l’eau venant à former une flaque, une mare, menaçait de le submerger, mais Gautama, assis sur le serpent, se servit de lui comme navire.
Entre les différents textes, nous pouvons relever des constantes : on nous parle à chaque fois du Serpent Igné de nos pouvoirs magiques, l’aspect féminin du Binah hébraïque, l’Epouse de Shiva, le Troisième Logos, le Saint-Esprit, notre Mère cosmique particulière qui, au moyen de l’élimination des éléments inhumains que nous portons au-dedans, nous sauve des eaux tumultueuses de la vie.
« Le bienheureux Seigneur Quetzalcoatl s’éloigna, il glissa sur les eaux (les eaux spermatiques du premier instant) et personne ne sait comment il parvint à la Terre de Couleur Rouge ».
Le grand Kabire Jésus atteignit aussi, incontestablement, la Terre de Couleur Rouge, lorsqu’on le revêtit de pourpre, en lui mettant en outre sur la tête une couronne d’épines tressée.
Et les soldats se mirent à le saluer en se moquant de lui et lui disant : « Salut, roi des Juifs ! » « Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils crachaient sur lui, et ployant le genou devant lui, ils lui faisaient des révérences ».
C’est effectivement dans le creuset sexuel, érotique, que la matière première du Grand-Œuvre, comme le Christ, souffre sa passion ; c’est dans le creuset de la Neuvième Sphère qu’elle meurt pour ressusciter ensuite, purifiée, spiritualisée, transformée.
En Chaldée, les Ziggourats, qui furent généralement des tours à trois étages, et à la catégorie desquelles appartenait la fameuse « Tour de Babel », étaient peintes de trois couleurs : noire, blanche et rouge pourpre.
Pour donner une idée de l’extraordinaire extension que prend le symbolisme des couleurs du Grand-Œuvre dans la philosophie hermétique, observons, dit Fulcanelli (dans Le Mystère des Cathédrales) « que la Vierge est toujours représentée drapée de bleu (correspondant au noir), Dieu de blanc et le Christ de rouge ».
Dans les temples sacrés de la vieille Égypte des Pharaons, lorsque le récipiendaire était sur le point de passer les épreuves de l’Initiation, un Maître s’approchait de lui et lui glissait à l’oreille cette phrase mystérieuse : « Souviens-toi qu’Osiris est un Dieu noir ! ».
C’est évidemment la couleur spécifique des ténèbres et des « Ombres cimmériennes », celle du Diable, à qui l’on offrait des roses noires, et aussi celle du Chaos primitif, où tous les éléments et les germes de la vie sont mélangés et confondus totalement, c’est le symbole de l’élément terre, de la nuit et de la mort radicale de tous ces agrégats psychiques qui, ensemble, constituent le Moi-même.
Indubitablement, de même que, dans la Genèse hébraïque, le jour succède à la nuit, ainsi la lumière succède à l’obscurité.
Bienheureux ceux qui ont été régénérés et lavés par le Sang de l’Agneau (le Feu Sexuel), ils seront toujours vêtus de robes blanches. Sur la terre sacrée des Pharaons, Ptah, le Régénérateur, portait toujours une tunique de lin blanc, pour indiquer la renaissance des purs, de ceux qui sont morts en eux-mêmes.
Pour l’application systématique de notre point de vue en relation avec les couleurs de la Materia prima du Grand-Œuvre, il est intéressant de faire remarquer à nos étudiants gnostiques qu’avant d’arriver à la Terre de Couleur Rouge, Quetzalcoatl, le Christ mexicain, a pu porter de plein droit la tunique jaune.
La couleur blanche succède à la noire, la jaune à la blanche et la pourpre des Rois sacrés des dynasties solaires succède toujours à la jaune.
Lorsque le Bienheureux arriva à la Terre de Couleur Rouge, il ceignit ses reins de la pourpre des Rois divins et ressuscita d’entre les morts.
On rapporte qu’il se vit alors dans les eaux comme en un miroir (le Miroir de l’Alchimie). Son visage était beau à nouveau (retour au Paradis perdu), il se para des plus beaux vêtements et, ayant allumé un bûcher, il s’y jeta (le Feu Sexuel consuma totalement son Moi psychologique, et il n’en resta même pas les cendres), et les oiseaux au riche plumage (les oiseaux de l’Esprit) vinrent le voir pendant qu’il brûlait : le rouge-gorge, l’Oiseau de Couleur Turquoise, l’Oiseau Tournesol, l’Oiseau Rouge et Bleu, l’Oiseau Jaune Doré et mille oiseaux plus précieux encore.
« Lorsque le bûcher cessa de flamber (le Grand-Œuvre étant consommé), son cœur s’éleva et au ciel il arriva. Là, il se changea en étoile, et cette étoile est l’astre de l’aube et du crépuscule. Auparavant il était descendu au royaume des morts et, après y être demeuré sept jours, il monta au ciel transformé en astre ».
L’Initiateur nous présente toujours d’une main le Miroir de l’Alchimie, tandis qu’il tient dans l’autre la Corne d’Amalthée ; à ses côtés nous voyons l’Arbre de la Vie étudié par les kabbalistes hébreux ; le miroir symbolise toujours le début de l’œuvre ; l’Arbre de la Vie en indique la fin, et la Corne d’abondance, le résultat.
Quetzalcoatl a transformé le Diable, la pierre brute, matérielle et grossière, en Lucifer, la pierre angulaire du Grand-Œuvre, l’Archange de lumière, l’Étoile de l’Aurore.
Le Diable, la réflexion de notre Logoï intérieur, était la créature la plus parfaite avant que nous ne tombions dans la génération animale. « Blanchis le laiton et brûle tes livres », nous répètent tous les Maîtres de l’Art hermétique.
Le Bienheureux, en passant par les tortures des Frères de la Fraternité du Chardon, a blanchi le Diable, l’a ramené à son état resplendissant et originel.
Celui qui meurt en lui-même, ici et maintenant, libère Prométhée enchaîné qui, en retour, le paie en le faisant croître, car il est un colosse ayant pouvoir sur les cieux, sur la terre et sur les enfers.
Lucifer-Prométhée intégré radicalement avec toutes les parties de notre Être, fait de nous quelque chose d’autre, de différent, une créature exotique, un Archange, une puissance terriblement divine.
Il n’est pas superflu de rappeler dans ce traité que lorsque les saintes femmes entrèrent dans le tombeau du Sauveur du monde, elles virent, au lieu de l’homme qu’elles avaient connu, un Ange vêtu d’une longue robe blanche et elles furent saisies d’effroi.
Il est écrit : « À celui qui vaincra et gardera mes œuvres jusqu’à la fin, je donnerai autorité sur les nations.
Et il les mènera avec une verge de fer, et elles seront fracassées comme des vases d’argile ; ainsi moi-même j’ai reçu ce pouvoir de mon Père. Et je lui donnerai l’Étoile du Matin » (Apocalypse, II, 26-28).
Henri Khunrath, dans son « Amphitheatrum Sapientae Aeternae », écrit : « Finalement, lorsque l’œuvre est passée de la couleur cendrée au blanc pur et ensuite au jaune, tu verras la Pierre Philosophale (l’Archange mentionné ci-dessus) ; notre Roi (le Troisième Logos), qui sort de son sépulcre vitreux, se lève de sa couche et vient sur notre scène mondaine avec son corps glorifié, c’est-à-dire régénéré et plus-que-parfait ».
Disons, pour préciser, que le terme « Pierre Philosophale » signifie, selon la langue sacrée, « Pierre qui porte le signe du Soleil ». Or, ce signe solaire est caractérisé par la couleur rouge, laquelle peut varier en intensité.
Un vieil alchimiste dit : « Ce que nous poursuivons, avec tous les philosophes, ce n’est pas l’union d’un corps et d’un esprit métalliques, mais plutôt la condensation, l’agglomération de cet esprit dans une enveloppe cohérente, tenace et réfractaire, capable de l’enrober, d’en imprégner toutes les parties et de lui assurer une protection efficace.
C’est cette âme, esprit ou feu rassemblé (dûment mélangé avec Vénus-Lucifer), concentré et coagulé dans la plus pure, la plus résistante et la plus parfaite des matières terrestres, que nous appelons notre Pierre.
Et nous pouvons certifier que toute entreprise qui n’a pas cet esprit pour guide et cette matière pour base ne conduira jamais au but proposé » (Fulcanelli, Les Demeures Philosophales).
Chapitre 10 – L’Anthropologie Gnostique
Du fait que les études gnostiques ont progressé extraordinairement ces derniers temps, aucune personne cultivée ne tomberait aujourd’hui, comme anciennement, dans l’erreur simpliste de faire surgir les courants gnostiques de quelque latitude spirituelle exclusive.
S’il est bien certain que nous devons tenir compte, dans n’importe quel système gnostique, de ses éléments hellénistiques et orientaux, incluant la Perse, la Mésopotamie, la Syrie, l’Inde, la Palestine, l’Égypte, etc., jamais nous ne devrions ignorer les principes gnostiques perceptibles dans les sublimes cultes religieux des Nahuas, Toltèques, Aztèques, Zapotèques, Mayas, Chibchas, Incas, Quechuas, etc., de l’Amérique indienne.
Pour parler franchement et sans ambages, nous dirons que la Gnose est un fonctionnalisme très naturel de la conscience : une « Philosophia perennis et universalis ».
Incontestablement, la Gnose est la connaissance illuminée des Mystères divins réservés à une élite.
Le mot Gnosticisme renferme l’idée de systèmes ou de courants consacrés à l’étude de la Gnose. Le Gnosticisme implique une série cohérente, claire, précise, d’éléments fondamentaux vérifiables au moyen de l’expérience mystique directe : la Malédiction, à partir d’un point de vue scientifique et philosophique. L’Adam et Ève de la Genèse hébraïque. Le Péché originel et la sortie du Paradis. Le mystère de Lucifer Nahuatl. La Mort du Moi-même. Les pouvoirs créateurs. L’Essence du Salvator Salvandus. Les mystères sexuels. Le Christ intime. Le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques. La descente aux Enfers. Le retour à l’Éden. Le don de Méphistophélès.
Seules les doctrines gnostiques qui impliquent les fondements ontologiques, théologiques et anthropologiques mentionnés ci-dessus font partie du Gnosticisme authentique.
Le terme pro-gnostique désigne ce qui, de façon concrète, évidente et spécifique, présente quelque caractère d’une certaine façon détectable dans les systèmes gnostiques, mais cet aspect étant intégré dans une conception « in toto » étrangère au Gnosticisme Révolutionnaire. dans une pensée qui certainement n’est pas mais néanmoins est gnostique.
Le mot proto-gnostique désigne tout système gnostique à l’état embryonnaire, germinal, et les mouvements régis par une attitude très similaire à celle qui caractérise les courants gnostiques définis.
L’adjectif Gnostique peut et même doit être appliqué intelligemment à des conceptions qui, d’une manière ou d’une autre, relèvent aussi bien de la Gnose que du Gnosticisme.
Le terme Gnosticisant se trouve incontestablement très proche de pro-gnostique par sa signification, puisque ce vocable, en réalité et stricto sensu, se rapporte à des aspects intrinsèques qui possèdent une certaine similitude avec le Gnosticisme universel, mais intégrés dans un courant non défini comme Gnose.
Ces précisions sémantiques fermement établies, définissons maintenant avec une entière clarté méridienne le Gnosticisme.
Il n’est pas inutile dans ce traité de souligner que le Gnosticisme est un processus religieux très intime, naturel et profond. C’est un ésotérisme authentique qui prend racine au fond de notre Être, se développant à chaque instant, comportant des vécus mystiques très particuliers, une doctrine et des rites propres.
Doctrine extraordinaire qui adopte fondamentalement une forme mythique, et parfois mythologique.
Sa Liturgie magique, ineffable, constitue une vive illustration pour la conscience superlative de l’Être.
Indiscutablement, la connaissance gnostique échappe toujours aux analyses ordinaires du rationalisme subjectif. Le corrélât de cette connaissance est l’intimité infinie de la personne, l’Être.
La raison d’être de l’Être est ce même Être. Seul l’Être peut se connaître lui-même. L’Être s’auto connaît donc dans la Gnose.
L’Être se réévaluant et se connaissant lui-même est l’autognose ; indubitablement, cette autognose est la Gnose elle même.
L’auto-connaissance de l’Être est un mouvement supra-rationnel qui dépend de lui et qui n’a rien à voir avec l’intellectualisme. L’abîme qui existe entre l’Être et le Moi est infranchissable et, par conséquent, c’est le Pneuma, c’est l’Esprit qui se reconnaît en nous : cette reconnaissance de soi-même est un acte autonome pour lequel la raison subjective du mammifère intellectuel se révèle inefficace, insuffisante, terriblement indigente.
L’auto-connaissance, l’autognose implique l’annihilation du Moi comme travail préalable, urgent et indispensable.
Le Moi, l’Égo, est constitué de sommes et de restes d’éléments subjectifs inhumains, bestiaux, qui ont incontestablement un commencement et une fin.
L’Essence, la Conscience, emboutie, embouteillée, emprisonnée dans les divers éléments qui constituent le Moi-même, l’Égo, ne se manifeste malheureusement que de façon douloureuse, en vertu de son propre conditionnement. En dissolvant le Moi, l’Essence ou la Conscience s’éveille, s’illumine, se libère ; alors survient, comme conséquence ou corollaire, l’auto-connaissance, l’autognose.
L’autognose est la base irréfutable, incontestable, de la Révélation authentique.
La Révélation gnostique est toujours immédiate, directe, intuitive ; elle exclut radicalement les opérations intellectuelles de type subjectif, elle n’a rien à voir avec l’expérience, avec l’assemblage de données fondamentalement sensorielles.
S’il est bien certain que l’Intelligence ou Noûs, dans son sens « gnoséologique », peut servir de base à l’intellection illuminée, elle se refuse carrément, cependant, à tomber dans le vain intellectualisme. Les caractéristiques ontologiques, pneumatiques ou spirituelles de Noûs (l’Intelligence) s’avèrent claires et évidentes.
Au nom de la vérité, je déclare solennellement que l’Être est l’unique existence réelle, devant la transparence ineffable et terriblement divine de laquelle ce que nous appelons le Moi, l’Égo, le Moi-même, le Soi-même, est tout simplement ténèbres extérieures, pleurs et grincements de dents.
L’autognose ou reconnaissance auto-gnostique de l’Être, une fois comprise l’acception anthropologique du Pneuma ou Esprit, se révèle quelque chose de résolument rédempteur.
Se connaître soi-même c’est avoir atteint l’identification avec son propre Être divin. Se savoir identique avec son propre Pneuma ou Esprit, expérimenter directement l’identification entre ce qui est connu et celui qui connaît, voilà ce que nous pouvons et devons définir comme autognose.
Indéniablement, cette extraordinaire découverte nous invite à mourir à nous-mêmes afin que l’Être se manifeste en nous.
Au contraire, s’éloigner de l’Être, continuer en tant qu’Égo dans l’hérésie de la séparativité, signifie se condamner à l’Involution dans les mondes infernaux, dans les régions submergées de l’Abîme.
Cette réflexion nous amène tout naturellement au thème gnostique du libre-choix. Le Gnostique sérieux est sans conteste un élu a posteriori.
L’expérience gnostique permet au dévot sincère de se connaître et de s’autoréaliser intégralement. On entend par « autoréalisation » le développement harmonieux de toutes les infinies possibilités humaines.
Il ne s’agit pas de concepts intellectuels lancés au hasard, ni de simple verbiage insubstantiel ou de bavardage ambigu. Tout ce que nous disons dans ces lignes peut être traduit en expérience authentique, vivante, réelle.
Le dogme de la prédétermination orthodoxe, qui nous embouteillerait lamentablement dans une étroite conception de la Déité anthropomorphe, n’existe pas dans les courants gnostiques.
Dieu en grec est Theos, en latin Deus et en sanskrit Div ou Deva, mot que l’on traduit habituellement par Ange ou Anges.
Et même chez les peuples sémitiques les plus conservateurs, le plus ancien Dieu de la Lumière, El ou Ilu, apparaît, dans les premiers chapitres de la Genèse, sous la forme plurielle synthétique d’Elohim.
Dieu n’est pas un individu humain ou divin en particulier, Dieu est les Dieux. Il est « l’Armée de la Voix », la « Grande Parole », le « Verbe » de l’évangile de Saint-Jean, le Logos créateur, l’Unité Multiple Parfaite.
S’autoconnaitre et se réaliser dans l’horizon des infinies possibilités implique notre admission ou notre réadmission dans « l’Ost créatrice des Elohim ».
Le Gnostique est formellement assuré que lorsque l’Être aura été intégralement découvert, ses splendeurs merveilleuses aboliront radicalement toute illusion. L’ouverture du Pneuma, ou Esprit divin de l’homme, a un contenu totalement sotériologique.
Si l’on possède encore la Gnose des Grands Mystères archaïques, c’est parce que des hommes très saints, grâce à leur fidélité doctrinaire, ont réussi à s’approcher du dynamisme révélateur de l’Être.
Sans une information préalable sur l’Anthropologie gnostique, il serait plus qu’impossible de faire l’étude rigoureuse des diverses pièces anthropologiques des cultures aztèque, Toltèque, maya, égyptienne, etc.
Dans l’anthropologie profane, excusez la comparaison, lorsqu’on veut obtenir des résultats, on laisse en liberté un singe, à l’intérieur d’un laboratoire, et l’on observe ensuite ce qui se passe.
Les codex mexicains, les papyrus égyptiens, les tablettes assyriennes, les rouleaux de la mer Morte, les anciens parchemins, de même que certains temples très antiques, les monolithes sacrés, les vieux hiéroglyphes, les pyramides, les tombeaux millénaires, etc., offrent dans leur profondeur symbolique un sens gnostique qui échappe définitivement à l’interprétation littérale et qui n’a jamais eu une valeur explicative de caractère exclusivement intellectuel.
Le rationalisme spéculatif, au lieu d’enrichir le langage gnostique, l’appauvrit lamentablement, étant donné que les récits gnostiques, écrits ou allégorisés sous quelque forme artistique que ce soit, sont toujours orientés vers l’Être.
Et c’est dans ce très intéressant langage mi-philosophique et mi-mythologique de la Gnose que se présentent une série de constantes extraordinaires, de symboles avec un fond ésotérique transcendantal, et qui, de manière silencieuse, n’en disent pas moins beaucoup. Les Dieux et les Hommes savent très bien que le silence est l’éloquence de la sagesse.
Les caractères qui se rattachent spécifiquement au « Mythe » gnostique et qui sont mutuellement complémentaires, sont les suivants :
1 Divinité Suprême
2 Emanation et Chute pléromatique
3 Démiurge Architecte
4 Pneuma dans le monde
5 Dualisme
6 Le Sauveur
7 Le Retour.
La Divinité Suprême gnostique peut être définie comme l’Agnostos Theos, l’Espace Abstrait Absolu, le Dieu Ignoré ou Inconnu, la Réalité Une de laquelle émanent les Elohim à l’aurore de toute Création universelle.
Rappelons-nous que Paranishpana est le Summum Bonum, l’Absolu, et, par conséquent, la même chose que Paranirvana.
Incontestablement, les facultés de cognition humaine ne pourront jamais aller au-delà de l’Empire cosmique du Logos Mâle-Femelle, du Démiurge créateur, de l’Armée de la Voix (le Verbe).
Jah-Hovah, le Père-Mère secret de chacun de nous, est le véritable Jéhovah.
La lettre hébraïque Jod est le membrum virile (le principe masculin). Ève, Hévé, qui est la même que Hébé, la Déesse grecque de la jeunesse et la jeune épouse olympique d’Héraclès, est la Yoni, le Calice divin, « l’Éternel Féminin ».
Le divin Rabbi de Galilée, au lieu de rendre un culte au Jéhovah anthropomorphe de la Judée, a adoré son divin Mâle-Femelle (Jah-Hovah), le Père-Mère intérieur.
Le Bienheureux, crucifié sur le mont des « Têtes de Mort » (le Calvaire), s’exclama, dans un grand cri : « Mon Père, je remets mon Esprit entre tes mains ». Ram-Io, Isis, sa Divine Mère Kundalini, l’a accompagné dans la Via Crucis, le Chemin de Croix.
Toutes les nations considéraient leur premier Dieu (ou leurs Dieux primordiaux) comme androgynes : il ne pouvait en être autrement puisqu’ils voyaient leurs lointains progéniteurs primitifs, leurs ancêtres au double sexe, comme des Êtres divins ou des Dieux saints, tout comme le font les Chinois d’aujourd’hui.
En effet, la conception artificieuse d’un Jéhovah anthropomorphe, exclusiviste, indépendant de sa propre création, assis là-haut sur un trône de tyrannie et de despotisme, projetant foudres et tonnerres contre cette triste fourmilière humaine, est le résultat de l’ignorance, pure idolâtrie intellectuelle.
Cette conception erronée, cette vision si éloignée de la vérité s’est malheureusement emparée tant du philosophe occidental que du religieux affilié à n’importe quelle secte complètement dépourvue d’éléments gnostiques.
Ce que les Gnostiques de tous les temps ont rejeté, ce n’est pas le Dieu Inconnu, Un et toujours présent dans la Nature, ni la Nature « in abscondito », mais le Dieu du dogme orthodoxe, l’épouvantable Divinité vindicative de la Loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent).
« L’Espace Abstrait Absolu », le Dieu Inconnaissable, n’est ni un vide sans limites, ni une plénitude conditionnée, mais les deux choses à la fois.
Le Gnostique ésotériste accepte la Révélation comme procédant d’Êtres divins, les vies manifestées, mais jamais de la Vie Une non manifestable.
La Déité Inconnaissable est l’Espace Abstrait Absolu, la racine sans racine de tout ce qui fut, est ou sera.
Cette Cause infinie et éternelle se trouve, bien entendu, dépourvue de toute espèce d’attributs ; cette lumière négative, cette existence négative, est hors d’atteinte de toute pensée ou spéculation.
Le Mythe gnostique de Valentin, qui nous montre de manière spécifique les trente Eons plérômatiques surgissant mystérieusement du sein de l’Espace Abstrait Absolu par émanations successives et ordonnées, en paires parfaites, peut et doit servir comme archétype modèle d’un mythe moniste qui, de façon plus ou moins manifeste, se trouve présent en tout système gnostique défini.
Ce point transcendantal de la probolé s’oriente classiquement vers une division ternaire du Divin : le Theos Agnostos (l’Absolu), le Démiurge, le Pro-Père, etc.
Le monde divin, l’espace glorieux du Plérôme, a surgi directement de la Lumière Négative, de l’Existence Négative. Finalement, le Noûs, Esprit ou Pneuma, contient en lui même d’infinies possibilités susceptibles de développement durant la manifestation.
Entre les limites extraordinaires de l’Être et du non-être de la Philosophie, il s’est produit la multiplicité, ou chute. Le Mythe gnostique de la chute de Sophia (la divine Sagesse), allégorise solennellement ce terrible bouleversement au sein du Plérôme.
Le désir, la fornication, le fait de vouloir ressortir ou s’imposer en tant qu’Égo, est l’origine de la déchéance et du désordre, et produit une œuvre adultérée qui, incontestablement, reste en dehors de l’espace divin, bien qu’en elle reste prise l’Essence, la Bouddhata, le Matériau Psychique de la créature humaine.
L’impulsion vers l’unité de la Vie libre en son mouvement peut être déviée vers le Moi, forgeant dans la séparation tout un monde d’amertumes.
La chute de l’homme dégénéré est le fondement de la Théologie de toutes les nations antiques.
Selon Philolaos, le pythagoricien (Ve siècle avant Jésus-Christ), les anciens philosophes disaient que le Matériau Psychique, l’Essence, était enterré dans le Moi comme dans une tombe, en guise de châtiment pour quelque péché. Platon témoigne que telle était la doctrine des Orphiques, et lui-même la professait.
Le désir démesuré, le bouleversement du régime de l’émanation, conduit à l’échec.
Le fait de vouloir se distinguer comme Égo entraîne toujours le désordre et la chute de toute rébellion angélique.
L’auteur du monde des formes est, donc, un groupe de créateurs Mâles-Femelles ou Dieux Doubles, comme Tlaloc, le dieu de la pluie et de la foudre, et son épouse Chalchiuhtlicue, la déesse à la robe de jade, dans les panthéons maya, aztèque, Olmèque, Zapotèque, etc.
Dans le mot Elojim (Elohim), nous trouvons une clé transcendantale qui nous invite à la réflexion.
Assurément, Elojim avec un J est traduit par Dieu dans les différentes versions autorisées et révisées de la Bible.
Cependant, c’est un fait irréfutable, non seulement du point de vue ésotérique mais aussi linguistique, que le terme Elojim est un nom féminin avec une terminaison masculine plurielle.
La traduction correcte, stricto sensu, du nom Elohim ou pour mieux dire Elojim, car en hébreux le H se prononce J, est Déesses et Dieux.
« Et l’Esprit des principes masculin et féminin planait à la surface de l’informe, et la création eut lieu ».
Incontestablement, une religion sans Déesses est à mi-chemin du complet athéisme.
Si nous voulons vraiment l’équilibre parfait de la vie animique, nous devons rendre un culte à Elojim (les Dieux et les Déesses des temps anciens), et non au Jéhovah anthropomorphe rejeté par le grand Kabire Jésus.
Le culte idolâtrique du Jéhovah anthropomorphe, au lieu d’Elojim, est certainement un puissant obstacle à l’obtention des états conscientifs supranormaux.
Nous, les anthropologues gnostiques, au lieu de rire avec scepticisme, comme les anthropologues profanes, devant les représentations des Dieux et Déesses des divers panthéons aztèque, maya, Olmèque, Toltèque, inca, Chibcha, celtique, égyptien, hindou, chaldéen, phénicien, mésopotamien, perse, romain, tibétain, etc., nous tombons prosternés aux pieds de ces Divinités, parce qu’en elles nous reconnaissons l’Elojim créateur de l’Univers. « Celui qui rit de ce qu’il ne connaît pas, est sur la voie de devenir idiot ».
La déviation du Démiurge créateur, l’Antithèse, le Fatal, est l’inclination vers l’égoïsme, l’origine réelle de toutes les amertumes de notre monde.
Indubitablement, la conscience égoïque s’identifie avec Jahvé, lequel, selon Saturnin d’Antioche, est un Ange déchu, le Génie du Mal.
L’Essence, la Conscience, embouteillée au cœur de l’Égo, se manifeste douloureusement dans le temps, en vertu de son propre conditionnement.
La situation, certes très peu agréable, répétée sans cesse dans les récits gnostiques, du Pneuma cruellement soumis aux puissances de la Loi, au Monde et à l’Abîme, s’avère trop manifeste pour que nous ayons besoin d’insister sur elle.
La faiblesse et l’impuissance déconcertantes du pauvre « mammifère intellectuel », erronément appelé « homme », à se lever du limon de la terre sans l’aide du Divin, est bien évidente.
Il existe un proverbe populaire, en espagnol, que l’on pourrait traduire ainsi, littéralement : « Dieu priant, marteau donnant » (un équivalent français pourrait être : « Demande et tu recevras », N.D.T.).
Seul le « Rayon Igné », impérissable, enfermé au fond de la substance obscure, informe et froide, peut réduire le Moi psychologique en poussière cosmique pour libérer la Conscience, l’Essence.
Nous déclarons en mots ardents : seul le Souffle divin peut nous réincorporer dans la Vérité ; cependant, ceci n’est possible que sur la base de travaux conscients et de pénitences volontaires.
La possession spécifique de la Gnose s’accompagne toujours d’une certaine attitude d’extranéité ou d’étrangeté devant ce monde mayavique illusoire.
Le Gnostique authentique veut un changement définitif, il sent intimement les secrètes impulsions de l’Être ; de là son angoisse, sa répulsion et son malaise, devant les divers éléments inhumains qui constituent le Moi. Celui qui aspire à se perdre dans l’Être, ressent une vive aversion pour les horreurs du Moi-même, qu’il condamne irrévocablement.
Se considérer comme un moment de la totalité, c’est se savoir infini et c’est repousser, avec toutes les forces de l’Être, l’égoïsme répugnant de la séparativité.
Deux états psychologiques s’ouvrent devant tout Gnostique :
- A) Celui de l’Être, transparent, cristallin, impersonnel, réel et véritable
- B) Celui du Moi, ensemble d’agrégats psychiques personnifiant les défauts, dont la seule raison d’exister est l’ignorance.
Le Moi « supérieur » et le Moi « inférieur » ne sont que deux parties d’une seule et même chose, deux aspects différents du Moi-même, deux facettes de l’Infernal.
En effet, le sinistre, gauche et ténébreux Moi, qu’il soit « supérieur », « médian » ou « inférieur », est la somme, le reste et la multiplication continue d’agrégats psychiques inhumains. Le prétendu Moi supérieur est, assurément, un subterfuge du Moi-même, une ruse intellectuelle de l’Égo qui cherche des échappatoires pour continuer à exister, une forme très subtile d’autotromperie.
Le Moi est un ouvrage horripilant en plusieurs tomes, le résultat d’innombrables événements du passé, un nœud fatal qu’il faut défaire. L’autoglorification égoïque, le culte du Moi, la surestimation du Moi-même, est une paranoïa, une idolâtrie de la pire espèce.
La Gnose est révélation ou dévoilement, aspiration raffinée, synthèse conceptuelle, obtention des Biens les plus élevés.
Ostensiblement, tant en essence qu’en accident, Gnose et Grâce sont phénoménologiquement identifiables. Sans la Grâce divine, sans l’aide extraordinaire du Souffle sacré, l’autognose, l’autoréalisation intime de l’Être est plus qu’impossible.
L’important, c’est de s’auto-sauver, et ceci exige la pleine identification de celui qui sauve et de celui qui est sauvé.
Le Divin qui habite au fond de l’Ame, l’authentique et légitime faculté de connaissance, annihile l’Égo, absorbe l’Essence en sa Parousie et la sauve en conduisant à une totale Illumination. C’est le thème du Salvator Salvandus.
Le Gnostique qui a été sauvé des eaux a fermé le cycle des amertumes infinies ; il a franchi la limite qui sépare l’espace ineffable du Plérôme des régions inférieures de l’Univers ; il s’est vaillamment échappé de l’Empire du Démiurge, car il a réduit l’Égo en poussière cosmique.
Le passage à travers les divers mondes, l’annihilation successive des éléments inhumains, confirme cette réincorporation dans le Soleil Sacré Absolu, et alors, convertis en créatures terriblement divines, nous passons au-delà du bien et du mal.
Chapitre 11 – Mexico-Tenochtitlan
Le mot Tenochtitlan a une explication très claire et très simple, dénuée d’artifices inutiles : « Lieu du Tenochtli, nopal aux figues dures ».
Le cactus traditionnel né dans la dure roche est un glyphe très ancien des Mystères archaïques, le signe magique et mystique de la cité.
Mexico, étymologiquement, provient de la racine Metzli (lune) et de Xictli (ombilic ou centre). Mexico, mot classique précolombien, peut et doit donc se traduire ainsi : « La ville qui est au milieu du lac de la Lune ».
Il n’est pas inutile de signaler ici le fait que le peuple voisin, les Otomis, désignait toujours cette cité seigneuriale par le double nom de Anbondo Amadetzana. Le terme bondo, en rigoureux Otomi, veut dire « nopal », Amadetzana signifie « au milieu de la Lune ».
L’aigle triomphant posé sur le nopal, dévorant un serpent, sur l’écu armorial des États-Unis Mexicains, n’est autre que la traduction fidèle du glyphe archaïque qui autrefois désignait la grande Tenochtitlan.
Même au sommet de la gloire, les anciens Mexicains n’ont jamais oublié que leur métropole, imposante et merveilleuse, avait été établie dans les marécages par une tribu humble et sous-estimée.
Une très antique légende qui se perd dans la nuit des siècles rapporte comment les anciens ont découvert, à leur grand étonnement, intollihtic inacaihti, « dans les marais, dans les étendues de roseaux », certains végétaux et créatures animales que le Dieu Huitzilopochtli leur avait décrits : le saule blanc, la grenouille couleur d’émeraude, le poisson blanc, etc.
« Quand ils virent ceci, les anciens pleurèrent sur-le-champ et ils dirent : Ainsi donc, c’est ici qu’elle sera (notre cité), puisque nous avons vu ce que nous a dit et annoncé Huitzilopochtli. Mais la nuit suivante, le Dieu appela le Sacerdote Cuauhcoatl (Aigle-Serpent) et lui dit : O Cuauhcoatl ! Vous avez vu à présent et vous avez été émerveillés par tout ce qu’il y a dans le marécage. Écoutez cependant ! Il y a quelque chose d’autre que vous n’avez pas encore vu ; allez donc tout de suite voir le Tenochtli, celui sur lequel vous verrez l’aigle se poser hardiment. Là, nous serons, nous dominerons, attendrons, rencontrerons les gens, qui sont notre cœur et notre tête ; avec notre flèche et notre bouclier nous affronterons ceux qui nous entourent, et nous les conquerrons tous. Car là sera notre ville, Mexico-Tenochtitlan, le lieu où l’aigle crie, se montre et mange, le lieu où nage le poisson, le lieu où demeure le serpent et où surviennent beaucoup de choses ».
Cuauhcoatl, le ministre du Très-Haut, ivre d’extase, réunit aussitôt les Mexicains sur l’agora pour leur communiquer la parole du Seigneur. Et les jeunes hommes et toutes les femmes, les vieillards et les enfants, débordants de joie, le suivent à travers le marais, entre les plantes aquatiques et les laîches, et tout à coup, il se produit une chose insolite, la stupéfaction est générale, tous aperçoivent le signe promis, l’aigle rebelle posé sur le nopal, en plein festin macabre, en train de dévorer un serpent.
En ces moments de contemplation et de bonheur, Lucifer Nahuatl s’exclama dans un grand cri : O Mexicains, voilà où je serai !
Les Mexicains, à cause de ceci, se mirent aussitôt à pleurer, et ils dirent : Nous sommes parvenus à réaliser notre désir ! Nous avons vu et nous sommes émerveillés par l’endroit où sera établie notre ville : allons et reposons-nous.
Une fois étudiées de façon appropriée toutes ces phrases au contenu riche et profond, nous passerons aussitôt à une analyse de fond.
Le Serpent est incontestablement le symbole ésotérique de la sagesse et de la connaissance occulte.
Le Serpent a été en relation avec le Dieu de la sagesse depuis les temps antiques. Le Serpent est le symbole sacré de Thot ou Taut, et de tous les dieux saints tels qu’Hermès, Sérapis, Jésus, Quetzalcoatl, Bouddha, Tlaloc, Zoroastre, Bochica, etc.
N’importe quel adepte de la Fraternité Blanche Universelle peut être dûment figuré par le « Grand Serpent », qui occupe une place tellement notoire parmi les symboles des Dieux sur les pierres noires qui enregistrent les bénéfices babyloniens.
Esculape, Pluton, Esmun et Knepp sont tous des Déités avec les attributs du Serpent, nous dit Dupuis. Tous sont guérisseurs, dispensateurs de la santé spirituelle et physique et de l’illumination.
Les Brahmanes ont reçu leur cosmogonie, leur science et leur art de la culture, des fameux Naga-Mayas, appelés par après Danavas.
Les Nagas et les Brahmanes ont utilisé le symbole sacré du Serpent à Plumes, emblème indiscutablement mexicain et maya.
Les Upanishads renferment un traité sur la science du Serpent ou, ce qui revient au même, la science de la connaissance occulte.
Les Nagas (Serpents) du Bouddhisme ésotérique sont des Hommes authentiques, parfaits, autoréalisés, en vertu de leur connaissance occulte, et des protecteurs de la Loi du Bouddha pour autant qu’ils interprètent correctement ses doctrines métaphysiques.
La couronne formée d’un aspic, le Thermutis, appartient à Isis, notre Divine Mère Kundalini particulière, individuelle, car chacun de nous a la sienne.
Kundalini, le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques, enroulée à l’intérieur du centre magnétique du coccyx (à la base de l’épine dorsale), est lumineuse comme l’éclair.
Le grand Kabire Jésus de Nazareth n’aurait jamais conseillé à ses disciples d’être aussi sages que le Serpent, si celui-ci avait été un symbole du mal.
Il n’est pas superflu de rappeler que les Ophites, les sages Gnostiques égyptiens de la « Fraternité du Serpent », n’auraient jamais adoré une couleuvre vivante dans leur Liturgie, comme emblème de la Divine Sophia (Sagesse), si ce reptile avait été en relation avec les puissances du mal.
Le Serpent comme Déité féminine en nous est l’épouse du Saint-Esprit, notre Vierge Mère pleurant au pied de la Croix sexuelle, le cœur transpercé par sept poignards.
Stella Maris, l’Étoile de la Mer, Marah, Marie ou, pour mieux dire, Ram-Io, le Serpent de feu s’élevant victorieusement par la moelle épinière de l’Adepte, est notre propre Être mais dérivé, que l’Aigle, le Troisième Logos, doit dévorer.
Les vieux sages de la Terre sacrée du Mayab ont, depuis la nuit profonde des siècles, toujours souligné l’idée transcendantale des banquets de la Couleuvre ; il faut que nous soyons avalés par le Serpent.
Il s’avère opportun de mentionner ici Tonantzin, notre Divine Mère Kundalini particulière, individuelle, la « Femme Serpent », « Dieu-Mère ».
La classique Médée de l’Anahuac, l’envers de la médaille, est Coatlicue, le Serpent qui annihile l’Égo avant le festin.
Le Serpent saturnien ne mange rien d’immonde ; elle, la divine épouse de Chronos, ne peut dévorer que des principes animiques et spirituels, des corps glorieux, des forces, des facultés, etc.
Au nom de la Vérité, nous devons formuler l’énoncé suivant : sans exception spécifique particulière, aucun Initié, ni même ceux qui, selon la tradition ésotérique occidentale, ont atteint le degré d’Adeptus Exemptus, ne pourrait jouir des pouvoirs du Serpent sans avoir été auparavant dévoré par celui-ci.
Il ne suffit pas d’obtenir l’ascension du Serpent Igné de nos pouvoirs magiques le long du canal médullaire spinal, de chakra en chakra ; il s’avère urgent, indispensable, d’être dévorés par la Couleuvre. C’est seulement ainsi que nous allons nous convertir en quelque chose de différent, de distinct.
Dans le livre magistral de De Bourbourg, Wotan, le demi-dieu mexicain, narrant son expédition, décrit un passage souterrain qui suivait son cours sous terre et se terminait à la racine des cieux, ajoutant que ce passage était un trou de serpent, un trou de couleuvre, et que lui-même y avait été admis parce qu’il était un « Fils des Serpents », c’est-à-dire un Serpent (quelqu’un qui avait été dévoré par le Serpent).
Si les Sacerdotes assyriens portaient toujours le nom de leur Dieu. Aussi, les Druides des régions celto-britanniques s’appelaient Serpents. Je suis un Serpent, je suis un Druide, s’exclamaient-ils.
Le Karnak égyptien est le frère jumeau du Carnac britannique, ce dernier signifiant : le mont du Serpent.
De Bourbourg indique que les chefs avec le nom de Wotan, le Quetzalcoatl ou Déité Serpent des mexicains, sont les descendants de Cam et de Canaan. Je suis Hivim, disent-ils. Étant un Hivim, je suis de la Grande Race du Dragon (Serpent). Je suis moi-même un Serpent, car je suis un Hivim.
D’épouvantables luttes attendent toujours le candidat, l’Adepte, de terribles batailles contre ses propres passions animales personnifiées dans les multiples agrégats psychiques, ou éléments inhumains, qu’il doit réduire en poussière cosmique grâce à l’aide spéciale de la « Femme-Serpent ».
Les grottes des Rishis, les demeures de Tirésias et des voyants grecs, ont été modelées conformément à celles des Nagas, des « Rois-Serpents » qui vivaient dans les cavités creusées dans la roche, sous terre.
L’Adepte victorieux se convertit en un « Fils du Serpent » et en un Serpent qui doit être avalé par l’Aigle de l’Esprit (le Troisième Logos).
Chronos-Saturne est Shiva, le Premier-Né de la création, l’Être de notre Être, L’Archihiérophante et l’Archimage, l’Aigle de l’Anahuac.
La Mythologie grecque considère Chronos comme l’un des plus anciens Dieux ; un véritable créateur de Dieux.
Saturne-Chronos, l’Aigle rebelle, dévore le Serpent pour nous transformer en Dieux. Dans ce Mythe nous rencontrons de nouveau l’idée transcendantale que celui qui donne la vie est aussi le donneur de la mort.
Incontestablement, Saturne avec sa faucille se transforme facilement en la Mort avec sa faux.
Si le grain ne meurt, la plante ne naît pas ; si le Serpent n’est pas avalé par l’Aigle saturnien, jamais nous ne serons des Dieux.
Ovide dit, au sujet de Saturne : « Chronos fut un très antique Roi divin du Latium, qui occupa sur l’emplacement de Rome le mont qui a été appelé par lui Janicule ». Certains assurent qu’il a régné en Etrurie, d’autres en Ombrie. Le premier temple que l’on ait érigé en Italie lui était consacré.
Macrobe dit de lui qu’il était le Dieu Saturne lui-même, qui avait été chassé du Ciel par son fils Jupiter et qui était descendu vivre parmi les hommes ; expulsé de Crète, il reçut l’hospitalité en Italie, où il enseigna l’agriculture, les arts et les sciences.
On dit de Chronos-Saturne, qu’il fonda aussi la cité saturnienne sur le mont Tarpéien, c’est-à-dire sur le Capitole.
Plusieurs le considèrent (Cicéron, De Natura Deorum) comme le Theos Chaos, le Sein d’où sortent toutes choses et où elles doivent revenir, car c’est ce que veut dire son nom, en tant que Dieu du Temps et de l’Année, raison pour laquelle il a été assimilé au nom « EO » (IO).
La Jana, Yana, Gnana ou Gnosis, est la science de Saturne, soit la science de la « Connaissance initiatique », la science d’Enoïchion, ou du Voyant.
Cependant, il est à présent nécessaire de préciser qu’en aucun des paragraphes précédents nous n’avons fait allusion à quelque Régent planétaire, Nazana ou Kabire en particulier ; nous avons seulement voulu nous référer spécifiquement au Saturne intime, le divin Augoïdes, le Logoï individuel, l’Aigle de chacun de nous.
Incontestablement, la Couleuvre dévorée par l’Aigle se transforme par le fait même et de plein droit en Serpent à Plumes.
Jésus, le grand Kabire, fut un Serpent à Plumes, de même que Moïse, Dante, le Saint Lama, le Bouddha, Quetzalcoatl et beaucoup d’autres Hiérophantes.
Les yogis de l’Inde parlent avec une infinie révérence du couple divin Shiva-Shakti, le double Principe créateur Masculin-Féminin.
Ometecuhtli, le Seigneur (l’Aigle), et Omecihuatl, la Dame (le Serpent), se trouvent pleinement manifestés dans le « Serpent à Plumes ».
Cuauhcoatl (le Serpent-Aigle), grand prêtre de notre bienheureux Dieu Huitzilopochtli, était manifestement un illuminé.
Il n’est pas superflu de rappeler que le Serpent à Plumes est le résultat de travaux conscients et de pénitences volontaires, pleinement symbolisés par les épines du nopal.
Serpent, Aigle, Nopal, Pierre Philosophale, Eau du grand lac, constituent les extraordinaires fondations ésotériques de la grande Tenochtitlan.
Le Codex Azcatitlan allégorise intelligemment les principes de la vie mexicaine à Tenochtitlan, dans un tableau qui montre quelques pêcheurs en canoës, occupés au dur labeur, s’efforçant de pêcher parmi les joncs et les oiseaux aquatiques.
De vains utopistes qu’il ne vaut absolument pas la peine de citer, supposent de manière absurde que tout ceci se passait en l’an 1325 de notre ère. En paraphrasant le style socratique nous dirons : les ignorants instruits non seulement ignorent, mais en outre ils ignorent qu’ils ignorent.
Les Dieux de l’Anahuac savent bien que la fondation de la grande Tenochtitlan est enfouie dans la nuit profonde des innombrables siècles qui nous ont précédés dans le cours de l’Histoire.
Les humbles fondateurs de la puissante civilisation solaire de Mexico-Tenochtitlan consacraient la majeure partie de leur précieux temps à la pêche et à la chasse des oiseaux aquatiques.
Il est clair que ces gens simples n’avaient pas meilleur aspect que les autres « sauvages lacustres « devant le regard hautain des habitants des villes voisines de Culhuacan, Azcapotzalco et Texcoco. Leurs armes consistaient en le classique filet des pêcheurs et en le lance-traits si nécessaire pour la chasse aux oiseaux du lac.
Le peuple mexicain vénérait et honorait les Dieux saints (Anges, Archanges, Vertus, Dominations, Trônes, Chérubins et Séraphins du Christianisme).
Il s’avère tout à fait opportun de mentionner ici quelques unes de ces Déités : Atlahua, « Celui qui porte l’Atlatl ». Amimitl : ce nom vient, d’après l’étymologie, de « mitl », flèche et « atl », eau. Opochtli, le Gaucher : la traduction exacte de ce nom est : « Celui qui lance les flèches avec la main gauche ».
Les Deva de l’Inde, les Malachim hébraïques, les Dieux de l’Anahuac, les Anges du Christianisme, sont les principes spirituels des forces merveilleuses de la Nature.
Personne ne peut contrôler de façon absolue ces forces naturelles, à moins de posséder la Cinquième Initiation qualifiée du monde causal, qui est celle d’un Adepte.
Il est indispensable d’avoir été accepté par les Princes du Feu, de l’Air, des Eaux et de la Terre ; il est nécessaire d’avoir réalisé l’ultime nature spirituelle des forces naturelles, avant que nous puissions nous convertir en Rois authentiques des éléments de l’Univers.
Prier est une chose différente ; les Saintes Écritures disent : « Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira ». Les Atlaca-Chichimèques se prosternaient devant les Dieux saints (les Anges du Christianisme), et la réponse ne se faisait jamais attendre.
Les Mexicains furent très heureux lorsqu’ils purent acheter à leurs voisins de la terre ferme, des poutres, des planches et des pierres pour édifier leur cité. Cet achat fut effectué au moyen du système du troc, en échangeant les matériaux utiles contre des poissons, des têtards, des grenouilles, des crevettes, des couleuvres aquatiques, des mouches aquatiques, des vers de marais, des canards, des oiseaux qui vivent dans les marécages, etc.
C’est avec une infinie humilité, simplicité et pauvreté, qu’ils ont édifié un temple à l’Archange Huitzilopochtli, le fondateur réel de Mexico-Tenochtitlan.
Ce Tabernacle était assurément bien petit, conforme à leurs possibilités économiques ; établis en terre étrangère, parmi les joncs et les laîches, il est évident que ces gens ne disposaient ni de la pierre ni du bois suffisants.
La légende des siècles raconte que le souvenir de cette époque, humble et grandiose à la fois, était commémoré une fois l’an durant les fêtes du mois Etzalqualiztli.
L’Ayauhcali ou premier Oratoire dédié à Notre Divin Seigneur Huitzilopochtli, fut dressé un peu au nord-ouest de l’actuelle cathédrale métropolitaine, et approximativement à trois cents mètres, toujours dans la même direction, du centre de la Place de la Constitution, que l’on nomme aujourd’hui « Zocalo » (Socle).
Les souverains mexicains successifs n’épargnèrent certes aucun effort pour faire au Bienheureux Archange Huitzilopochtli une maison de dévotion digne de lui, mais toujours sur le même terrain ou emplacement très sacré choisi par le Saint.
Indiscutablement, autour de ce centre magnétique si singulier ont surgi, règne après règne, des palais, des pyramides, des sanctuaires, etc.
Il n’est pas inutile de préciser que l’apparition de l’aigle et du serpent à Cuauhcoatl et à ses gens s’est produite à l’endroit même où, ensuite, a été construit le temple du saint Dieu Huitzilopochtli. Pour parler franchement et sans ambages, nous déclarons que la grande Tenochtitlan est avant tout le temple.
Dans le Teocalli (Maison de Dieu) se trouve résumée et concentrée totalement la raison d’être fondamentale de la cité, du peuple et de l’état. Ce centre magnétique merveilleux repose, sublime, sur le sol ferme, rocheux ; île admirable au milieu des eaux cristallines du marécage ; lieu exotique dans une grande baie de la légendaire lagune.
Beaucoup de villes et de villages resplendissaient sous la lumière du Soleil sur ses côtes : Azcapotzalco et Tlacopan à l’ouest ; Coyoacan au sud, Tepeyacac au nord, etc.
Les Mexicains durent adapter à leurs besoins un grand nombre de petites îles, de bancs de sable et de vase. Avec une grande industrie et une infinie patience, ce peuple amphibie a dû commencer par créer le sol, en accumulant de la boue sur des radeaux de joncs, creuser de très nombreux canaux, très bien remplir de terre les bords, construire ici, là et partout, des chaussées et des ponts.
Ce fut ainsi que surgit la grande Tenochtitlan, centre merveilleux d’une puissante civilisation serpentine.
Chapitre 12 – Le Cataclysme Final
La Pierre du Soleil, le fameux calendrier aztèque, est incontestablement une parfaite synthèse de la science, de la philosophie, de l’art et de la religion.
Tonatiuh, le Verbe de Saint-Jean, le Logos ou Démiurge créateur de l’Univers, avec sa langue triangulaire de feu, est l’Enfant d’or de l’Alchimie Sexuelle, le Soleil Spirituel de Minuit, l’Aigle qui s’élève, le Resplendissant Dragon de Sagesse, et il est représenté par l’astre brillant qui nous donne vie, lumière et chaleur. Décoré à la manière Nahua, il apparaît, glorieux, au centre de la grande Pierre Solaire. De chaque côté du grand visage apparaissent ses mains, armées de serres d’aigle et pressant chacune un cœur humain.
En ce qui concerne l’ésotérisme transcendantal, les Maîtres Maçons connaissent bien la profonde signification du « salut avec la griffe ».
Autour de la figure du Verbe mexicain, on peut voir, ciselée en grandes dimensions, la date « 4 Tremblement », jour où devra s’achever notre actuel Cinquième Soleil, par le feu et les tremblements de terre.
Dans les rectangles merveilleux du signe Tremblement sont sculptées les dates auxquelles ont péri les « Soleils » précédents.
Les fils du Premier Soleil, (les Androgynes divins de la première race) qui avaient autrefois vécu, heureux, sur l’Ile de Cristal, périrent dévorés par les tigres (rappelez-vous de ce que nous avons dit plus haut dans ce traité sur ce félin).
Les fils du Second Soleil (la seconde race de la Terre d’Apollon), les Hyperboréens, furent rasés par de violents ouragans.
Les fils du Troisième Soleil (les Hermaphrodites lémuriens), les multitudes de la troisième race, qui avaient vécu sur le continent lémurien situé autrefois dans l’océan Pacifique, périrent par une pluie de feu et dans de grands tremblements de terre.
Les fils du Quatrième Soleil, la quatrième race (les Atlantes), dont la terre était située dans l’océan Atlantique, furent engloutis par les eaux.
Ceux qui ont étudié à fond le sermon prophétique du grand Kabire Jésus et la Deuxième Épître de Pierre aux Romains, vont indubitablement s’incliner avec révérence devant le ton sévère de la Pierre Solaire.
Michel Nostradamus, extraordinaire voyant, insigne astrologue, qui a vécu entre les années 1503 et 1566, en France, dit :
« En l’an l999, au septième mois, il viendra du ciel un grand Roi de terreur » (voir les deux premiers vers de la Centurie 10, quatrain 72).
Selon les calculs astronomiques, il n’y aura au cours de ce XXe siècle, que deux éclipses totales du Soleil : une le 4 février 1962 et l’autre en août l999.
L’effrayante perturbation dans l’orbite et dans le mouvement de la planète Terre est expliquée scientifiquement par le voyant Nostradamus lui-même, par l’approche d’un autre astre qui, durant sept jours, apparaîtra comme un autre soleil.
L’Apocalypse de Saint-Jean mentionne cet astre, le baptisant du nom d’Absinthe, amertume, (Apocalypse VIII, 11).
Cette planète gigantesque, habituellement désignée sous le nom d’Hercolubus, est appelée par certains la « Planète Froide » et d’autres la nomment la « Planète Rouge » ; elle est incontestablement beaucoup plus grande que Jupiter, le géant colossal de notre système solaire.
« À une éclipse de soleil, dit Nostradamus, succédera l’été le plus obscur et le plus ténébreux qui ait jamais été vu depuis la création jusqu’à la passion et la mort de Jésus-Christ, et depuis ce moment jusqu’à ce jour, et c’est au mois d’octobre que se produira une grande translation, de telle sorte qu’on croira que la Terre sera sortie de son orbite et se sera abîmée dans les ténèbres éternelles ».
Jésus, le Grand Kabire, a dit (Matt. XXIV, 29-51) :
« Aussitôt après la grande tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira, la Lune ne donnera plus son éclat, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’Homme ; et alors toutes les tribus de la Terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et gloire. Et il enverra ses Anges avec un grand bruit de trompette, et ils rassembleront ses élus, des quatre vents, d’une extrémité du ciel à l’autre.
Du figuier apprenez la parabole : dès que sa ramure devient molle et que les feuilles apparaissent, vous savez que l’été est proche. De même vous aussi, lorsque vous verrez toutes ces choses, vous connaîtrez qu’il est proche, aux portes. En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. Le Ciel et la Terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
Mais la date de ce jour et l’heure, personne ne le sait, ni même les Anges des cieux, sauf mon Père, seul.
Comme en les jours de Noé, ainsi sera la venue du Fils de l’Homme. Car en les jours avant le déluge, on mangeait et on buvait, on se mariait et on se donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Et les gens ne comprirent pas, jusqu’à ce que vînt le déluge qui les emporta tous ; tel sera aussi l’avènement du Fils de l’Homme. Alors deux seront aux champs : l’un sera pris et l’autre sera laissé. Deux femmes seront en train de moudre dans un moulin : l’une sera prise et l’autre sera laissée.
Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure va venir votre Seigneur. Mais sachez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur devait venir, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer sa maison.
Ainsi donc, soyez prêts, vous aussi, car le Fils de l’Homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas.
Quel est donc le serviteur fidèle et prudent que le maître a établi sur les gens de sa maison pour qu’il leur donnât la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera occupé de la sorte. En vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens.
Mais si ce mauvais serviteur dit en son cœur : Mon maître tarde à venir, et qu’il commence à frapper ses compagnons de servitude, à manger et à boire avec les ivrognes, le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il n’attend pas, et à l’heure qu’il ne connaît pas ; et il le châtiera durement et il lui assignera son lot parmi les hypocrites ; là seront les pleurs et les grincements de dents ».
Isaïe (XIII, 6-13) dit : « C’est pourquoi j’ébranlerai les cieux ; et la Terre bougera de sa place à cause de la fureur du Seigneur des armées, au Jour de son ardente colère. Car les étoiles du ciel et les astres ne feront plus briller leur lumière ».
Isaïe (XXIV, 19-21) dit encore : « La Terre titubera comme un homme ivre ; elle sera disloquée ; elle tombera et ne se relèvera jamais plus ».
Saint Paul (2e Ep. aux Th., II, 3, 4) : « Avant le second avènement de Jésus viendra l’apostasie, l’homme impie, le fils de perdition, celui qui s’élèvera au-dessus de tout ce que l’on nomme Dieu ou que l’on adore ; il ira s’asseoir comme un Dieu dans le temple de Dieu, cherchant à se faire passer pour un Dieu ».
Saint-Pierre (2e Ep. III, 10-14) : « Le Jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit ; en ce jour les cieux passeront avec grand fracas et les éléments, s’embrasant, se dissoudront, et la Terre, avec toutes les œuvres qu’elle renferme, se consumera ».
Joël (III, 15-16) : « Le Soleil et la Lune s’obscurciront et les étoiles perdront leur éclat ; et les cieux et la Terre trembleront ».
Saint-Jean (Apocalypse, VI, 12-17) : « Il y eut un grand tremblement de terre ; et le Soleil s’obscurcit et la Lune devint comme du sang, et les étoiles du ciel s’abattirent sur la Terre, comme les figues vertes que projette le figuier lorsqu’il est tordu par un grand vent. Et le ciel se retira, les monts et les îles furent arrachés de leur place ; et les rois de la Terre et les riches se cachèrent dans les cavernes et parmi les rochers des montagnes, et ils disaient : Croulez sur nous et cachez nous de la face de celui qui est assis sur le Trône et de la colère de l’Agneau ; car il est arrivé le Grand Jour de sa colère ».
Saint-Jean (Apocalypse XXI, 1, 5 ; XX, 12-14) : « Je vis un ciel nouveau et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre ont disparu, et la mer, elle n’existe plus. Et celui qui siège sur le Trône déclara : Voici que je renouvelle toutes choses.
Et je vis les morts, grands et petits, debout devant Dieu ; et on ouvrit les livres ; puis on ouvrit un autre livre qui est celui de la vie ; et les morts furent jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres ; et la mer rendit les morts qu’elle avait en elle ; et la mort et l’Enfer rendirent les morts qu’ils avaient en eux et ils furent jugés selon leurs œuvres ».
Il est dit dans l’Apocalypse qu’à la fin de ce monde apparaîtra l’Antéchrist (la science matérialiste).
La Bête, la Grande Prostituée, l’humanité tout entière, dont le nombre fatal est « 666 », et le Diable qui la fourvoyait (l’intellectualisme athée), le faux prophète qui fait des miracles et des prodiges trompeurs, bombes atomiques, fusées spatiales, avions supersoniques, etc., seront projetés dans un lac de feu et de soufre dans les entrailles de la Terre.
Le Livre des livres du Chilam Balam, joyau sacré du peuple maya, dit textuellement ce qui suit :
« Le Katun 13 Ahau est le treizième dans l’énumération : Cabal IX Bach, la ville de Chachalaca ; Kinchil Coba, Chachalaca au visage solaire, est le siège du treizième Katun.
Il se teindra de noir, le bouquet des seigneurs de la Terre, par le Jugement de Dieu Notre Seigneur.
Le Soleil sera renversé, la face de la Lune sera renversée ; le sang coulera des arbres et des pierres ; ils brûleront, les cieux et la Terre, par la parole de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de Dieu l’Esprit-Saint. C’est la sainte Justice, le saint Jugement de Dieu Notre Seigneur.
Nulle sera la force du Ciel et de la Terre lorsqu’entrera le Christianisme dans les grandes villes, dans les villages cachés, dans la grande cité appelée Maax, Mono, et aussi dans toutes les petites villes sur toute l’étendue du pays plat de Maya Cusamil Mayapan, le lieu de l’Hirondelle Maya à l’endroit de l’Étendard au Cerf.
Ce sera alors le règne des hommes et des femmes de deux jours (homosexuels et lesbiennes), dans le déchaînement de la lascivité ; ce seront alors les fils de l’infamie et de la perversité, comble de notre perdition et de notre honte. Nos enfants seront consacrés à la fleur de mai et les jours nous seront néfastes.
Ce sera le début de la mort par le sang mauvais à la Lune croissante et à la Lune décroissante, et à la pleine Lune s’envenimera tout le sang. Mais les astres bons brilleront aussi, répandant leur bonté sur les vivants et sur les morts ».
Melchisédech, le Génie de la Terre, le Roi du Monde, fit au Tibet la prophétie suivante :
« De plus en plus les hommes (ou, pour mieux dire, les mammifères rationnels) oublieront leur âme pour s’occuper seulement de leur corps. La plus grande corruption va régner sur la Terre. Les hommes deviendront semblables à des bêtes féroces, assoiffés du sang de leur frères.
Le croissant de la Lune s’éteindra et ses adeptes tomberont dans la guerre perpétuelle. Les plus grands malheurs s’abattront sur eux et ils finiront en s’entretuant. Les couronnes des rois, grands et petits, tomberont : un, deux, trois quatre, cinq, six, sept, huit. Alors éclatera une guerre terrible entre tous les peuples. Les océans rougiront. La terre et le fond des mers se couvriront d’ossements, des royaumes disparaîtront, des peuples entiers mourront, la faim, la maladie, des crimes inconnus des lois, que jamais encore le monde n’avait vus ni imaginés.
Alors viendront les ennemis de Dieu et de l’Esprit Divin, qui gisent au fond de l’homme lui-même. Ceux qui lèvent la main sur un autre périront aussi. Les oubliés, les persécutés se dresseront ensuite et retiendront l’attention du monde entier.
Il y aura d’épais brouillards et des tempêtes terribles. Des montagnes jusqu’alors sans végétation se couvriront de forêts. Toute la Terre tremblera. Des millions d’hommes échangeront les chaînes de l’esclavage et les humiliations, pour la faim, la peste et la mort. Les routes s’empliront de foules cheminant par hasard d’un endroit à un autre.
Les plus grandes, les plus belles cités disparaîtront par le feu, une, deux, trois. De dix mille hommes, un seul survivra, il sera nu, dénué de tout entendement, sans force pour se construire une habitation ou chercher sa nourriture. Et ces survivants hurleront comme des loups féroces, dévoreront des cadavres, mordront leur propre chair et défieront Dieu au combat.
Toute la Terre deviendra déserte et Dieu lui-même s’en détournera. Sur la Terre vide régnera la nuit et la mort.
Alors j’enverrai un peuple, inconnu jusqu’à maintenant (l’Armée du Salut Mondial), qui d’une main forte, arrachera les mauvaises herbes de la folie et du vice, et conduira les quelques-uns qui seront restés fidèles à l’esprit de l’homme dans la bataille contre le mal. Ils fonderont une nouvelle vie sur la Terre purifiée par la mort des nations ».
Cette prophétie est acceptée par les Gnostiques, qui l’interprètent comme la fin de l’Âge Noir ou Kali-Yuga ; il y aura ensuite, selon eux, une nouvelle civilisation et une nouvelle culture.
Sainte-Odile, cette princesse allemande née en l’an 660, qui avait prophétisé avec précision l’Allemagne de Hitler et la Deuxième Guerre Mondiale, a évoqué, pour la fin du Kali Yuga, d’étranges monstres surgissant des mers et répandant la terreur.
On verra des choses prodigieuses en Orient : une grande nuée noire répandra la désolation.
Mother Shipton, la fameuse voyante du XVe siècle, née en Angleterre, a prédit en son époque des choses qui produisirent assurément beaucoup d’étonnement. Voyons quelques unes de ses prédictions :
AUTOMOBILES ET CHEMINS DE FER : « Des voitures sans chevaux circuleront et des accidents rempliront le monde de douleur ».
RADIOTÉLÉGRAPHIE : « Les pensées iront autour du monde dans le temps qu’il faut pour ouvrir et fermer les yeux ».
SOUS-MARINS : « Les hommes se déplaceront sous l’eau, ils voyageront, y dormiront et y converseront ».
AVIONS : « Nous verrons les hommes dans l’air, en blanc, noir et vert ».
GRANDE CATASTROPHE MONDIALE : « Le monde arrivera à sa fin en 1999 ».
Le grand Kabire Jésus a dit : « Quant à la date de ce jour et à l’heure, personne ne les connaît, ni même les Anges qui sont dans le Ciel, ni le Fils, personne sinon le Père.
Veillez, donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de la maison (ni à quelle date, ni en quelle année), au tomber du jour, ou à minuit, ou au chant du coq ou le matin ; de sorte que lorsqu’il viendra à l’improviste, il ne vous trouve pas endormis (c’est-à-dire, avec la conscience endormie). Et ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : Veillez ! (Éveillez la conscience) ».
Les temps de la fin sont arrivés et le grand incendie universel se trouve extrêmement proche.
Il s’avère opportun de citer quelques versets extraordinaires du Coran.
« Parmi les signes qui doivent précéder l’arrivée de l’heure dernière, il y a celui que la Lune qui se séparera en deux. Mais malgré cela les incrédules n’accorderont pas crédit à leurs yeux ».
Il est indiscutable qu’il ne s’agit en aucune façon d’une division géologique de notre satellite. On doit interpréter cette prophétie de Mahomet dans un sens politique et militaire. Que l’on observe, à partir de l’an 1980, les mouvements de l’Islam ; c’est seulement ainsi que nous pourrons comprendre ce qui doit alors advenir aux adeptes du croissant de la Lune.
« Lorsque la trompette retentira pour la première fois, lorsque la terre et les montagnes seront soulevées dans les airs et broyées d’un seul coup, lorsque le ciel se déchirera et tombera en miettes, ce sera le Jour inévitable ».
Nous avons déjà expliqué, antérieurement, les effets que le passage de la planète Hercolubus doivent produire sur notre monde terrestre ; il est indubitable que la Terre subira violemment les divers changements prophétisés par Mahomet dans le Coran.
Quel formidable choc ! Ce sera le Jour du Jugement final. Ceux qui ont des œuvres qui pèsent dans la balance auront une vie agréable. Ceux qui sont légers auront pour demeure la fosse ardente (les mondes infernaux).
« Lorsque la Terre tressaillira de ce tremblement qui l’attend, lorsqu’elle aura vomi les morts qui reposent dans ses entrailles, l’homme devra être prêt pour être jugé.
Le Soleil sera disloqué, les étoiles tomberont, les montagnes seront mises en mouvement et iront se briser contre le sol. Le ciel éclatera en mille morceaux, les mers et les fleuves confondront leurs eaux. Les tombes s’entrouvriront et les morts ressusciteront. Ceux qui auront pratiqué le bien jouiront d’une félicité illimitée ; mais les réprouvés seront aussi châtiés sans mesure ».
J’ai contemplé dans le monde causal, avec un étonnement mystique, la grande catastrophe qui approche, et puisque c’est la région de la musique ineffable, la vision était accompagnée d’une bande sonore.
Une délicieuse symphonie tragique résonnait au fond des profondeurs du ciel de Vénus. Cette partition étonnait, en général, par la grandeur et la majesté, par l’inspiration et la beauté de son architecture ; par la pureté de ses lignes et par le coloris et les nuances de sa savante et artistique illustration, douce et sévère, grandiose et terrifiante, dramatique et lugubre à la fois.
Les morceaux mélodiques fragmentaires (leitmotivs) que l’on entendait dans le monde causal, au moment des différentes situations prophétiques, avaient une grande force expressive et se trouvaient en relation intime avec le grand événement, et avec les circonstances historiques qui le précéderont inévitablement.
Il y a, dans la partition de ce grand opéra cosmique, des fragments symphoniques en relation avec la troisième guerre mondiale ; sonorités délicieuses et funestes, événements horrifiants, bombes atomiques, radioactivité épouvantable sur toute la Terre, famines, destruction totale des grandes métropoles, maladies inconnues, révolutions qui mettront tout à feu et à sang, dictatures insupportables, athéisme, matérialisme, cruauté sans limites, camps de concentration, haines mortelles, multiplication des frontières, persécutions religieuses, martyres mystiques, bolchevisme exécrable, abominable anarchisme, intellectualisme dénué de toute spiritualité, perte complète de la pudeur corporelle, drogues, alcool, prostitution totale de la femme, exploitation infâme, nouvelles techniques de torture, etc.
Entremêlés avec un art sans précédent, on pouvait entendre des thèmes frissonnants en relation avec la destruction des plus puissantes métropoles du monde : Paris, Rome, Londres, New York, Moscou, etc.
Nostradamus, dans une lettre célèbre adressée à Henri II, écrit : « Lorsque le Soleil sera complètement éclipsé, dans notre ciel passera un nouveau et colossal corps céleste que l’on verra en plein jour, mais les astrologues (il fait allusion aux fameux astronomes d’aujourd’hui et du futur) interpréteront les effets de ce corps d’une autre façon (très à la moderne), et à cause de cette mauvaise interprétation, personne n’aura de provisions pour les phases de pénurie (allusion à la grande catastrophe) ».
Nostradamus, médecin, astrologue et clairvoyant illuminé, inclut dans ses prédictions cette question de la révolution des axes de la Terre, mais n’indique pas de date exacte, précise, du moment où cela doit se produire ; néanmoins, il relie l’événement à la double éclipse qui aura lieu en 1999.
Il y aura indubitablement une conjonction extraordinaire sous le signe zodiacal du Capricorne, qui fera sentir son influence à partir de 1984 et jusqu’en 1999.
Le Grand Maître H.P. Blavatsky a prédit, il y a déjà plusieurs années, qu’il y aura un soulèvement mondial vers la fin de notre siècle.
Jean l’Évangéliste dit : « Lorsque les oiseaux d’acier pondront des œufs de feu ; que les hommes domineront les airs et parcourront le fond des mers ; lorsque les morts vont ressusciter ; lorsque le feu descendra des cieux et que les hommes dans les champs ne pourront rejoindre les villes, et ceux des villes fuir dans les champs, lorsque d’étranges appareils seront vus dans le ciel et que l’on verra de la terre des choses extravagantes.
Lorsque les créatures, jeunes et vieilles, auront des visions, des prémonitions et feront des prophéties ; lorsque les hommes seront divisés à cause du nom du Christ ; lorsque la faim, la soif, la misère, la maladie et les cimetières auront remplacé les populations des villes ; lorsque les frères de sang s’entretueront et que les créatures adoreront la Bête, alors les temps seront arrivés ».
L’Apôtre Saint-Paul, dans son Épître aux Thessaloniciens (l, Th. V, 20, 21) nous avertit en ces termes : « Ne méprisez pas les prophètes, examinez tout, retenez ce qui est bon ».
L’histoire cyclique de l’humanité s’ouvre au chapitre VI de la Genèse, avec le récit du déluge universel (la submersion du continent atlante), et se clôt au chapitre XX de l’Apocalypse, dans les flammes ardentes du Jugement final.
Moïse, sauvé des eaux furieuses de la vie, a écrit le premier texte ; Saint-Jean, figure extraordinaire de l’exaltation solaire, ferme le livre sacré avec les sceaux du feu et du soufre.
Partant de ceci, et malgré son apparente universalité et l’action terrifiante et prolongée des éléments déchaînés, nous sommes convaincus que le grand cataclysme qui approche ne frappera pas également dans toutes les parties ni dans toute l’étendue des continents et des mers. Quelques terres privilégiées abriteront les hommes, femmes et enfants de l’Armée du Salut Mondial. Là, ces âmes choisies seront, pendant quelque temps, témoins de l’épouvantable duel de l’eau et du feu.
Un double arc-en-ciel annoncera la splendeur d’un nouvel Âge d’Or, après la grande catastrophe.
Virgile, le grand poète de Mantoue, maître de Dante, d’origine florentine, a dit : « Il est arrivé, l’Âge d’Or, et il requiert une nouvelle race ».
Nous savons, d’autre part, jusqu’à quel point la Bible est supérieure aux autres livres. Incontestablement, malgré que la Bible soit le livre éternel, immuable, le livre cyclique par excellence, en aucun de ses versets il n’est dit que l’an l999 soit précisément celui de la grande catastrophe.
Néanmoins, et malgré qu’on ignore encore la date exacte de l’effrayante catastrophe qui s’en vient, car le Père seul connaît le jour et l’heure, nous savons par expérience directe que « les temps de la fin sont déjà arrivés et que nous y sommes ».
Notre intention n’est pas d’entreprendre ici une réfutation contre les partisans d’une telle date ; nous voulons seulement dire que la Bible, malgré qu’elle renferme en elle-même la révélation de toute l’histoire humaine, y compris ni plus ni moins les annales propres des divers peuples, jamais n’a déclaré qu’en l’an 1999 périrait la race aryenne (l’humanité actuelle).
Toutefois, les érudits ne doivent absolument pas ignorer qu’on trouve dans la Bible la narration in extenso du périple qu’effectue chaque grande génération cyclique. L’humanité est maintenant parfaitement mûre pour le châtiment suprême ; la fin de cette honteuse humanité s’en vient !
L’analyse kabbalistique démontre que les chiffres deux, cinq, zéro, renferment le secret de la grande catastrophe ; celui qui a de l’entendement, qu’il entende, car ici il y a sagesse !
Malheureusement, les gens ne savent jamais pénétrer la profonde signification de certaines quantités kabbalistiques, il est déplorable que tous ne l’interprètent que littéralement.
Il faut attendre de sang froid l’heure suprême, heure de châtiment pour beaucoup et du martyre pour quelques-uns.
« Mais sachez tout d’abord, dit Pierre (2e Ep. III, 3, 4, 10), qu’aux derniers jours viendront avec leurs moqueries des railleurs qui vivent selon leur concupiscence et ils disent : Où est la promesse de son avènement ? Car depuis que les pères sont morts, tout demeure comme au début de la création.
Mais il viendra, le Jour du Seigneur (à une date que seul le Père connaît), comme un voleur ; et en ce Jour, les cieux se dissiperont avec fracas et les éléments embrasés se dissoudront, de même, aussi, que la Terre avec les œuvres qu’elle renferme ! ».
Chapitre 13 – Paradis et Enfers
« Ô Bienheureux Mixcoatl, tu mérites bien d’être loué par les chants, et tu mérites bien que ta renommée vive dans le monde, et que ceux qui dansent dans les chants et danses sacrés, te portent dans la bouche, et que le son des tambourins de Huejotzingo se répande jusqu’aux faubourgs pour que tu te réjouisses et que tu apparaisses à tes nobles amis et à tes généreux parents !
Ô glorieux jeune homme, digne de toute louange, toi qui offres ton cœur au Soleil, pur comme un collier de saphirs, une autre fois tu viendras croître, une autre fois tu viendras fleurir dans le monde, tu viendras aux chants et danses sacrés, et au milieu des tambours et tambourins de Huejotzingo, tu apparaîtras aux nobles et aux hommes valeureux, et tes amis te verront » (Sahagun, II, 140).
« Tous ceux qui mouraient à la guerre, ou sur l’autel du sacrifice, allaient à la maison du Soleil. Tous marchaient ensemble dans une immense plaine. Lorsque le Soleil apparaît, quand il est temps pour lui de se lever, ils commencent, alors, à lancer des cris de guerre, ils font résonner les grelots qu’ils portent aux chevilles et frappent leurs boucliers.
Si leur écu est perforé par deux ou trois flèches, alors par ces fentes ils peuvent contempler le Soleil ; mais ceux dont le bouclier n’a aucune ouverture ne peuvent regarder le Soleil.
Tous ceux qui sont tombés morts au milieu des agaves et des cactus, parmi les épineux acacias, et ceux qui ont offert des sacrifices aux Dieux, peuvent contempler le Soleil, ils peuvent parvenir jusqu’à lui.
Lorsque quatre années ont passé, ils se changent en beaux oiseaux : colibris, oiseaux-mouches, oiseaux dorés avec un cercle noir autour des yeux ; ou en papillons d’un blanc brillant, en papillons aux fines soies, en papillons grands et multicolores, comme les vases pour boire, et ils vont se délecter là-bas, à l’endroit de leur repos, et ils ont l’habitude de venir sur terre et ils se régalent dans les fleurs rouges comme du sang : la paisentia, l’érythrine, la caroline, la calliandra » (Poésie épique Nahuatl).
« Les vieux ont dit que le Soleil les appelle à lui, pour qu’ils vivent avec lui là-bas dans le ciel, pour qu’ils le réjouissent, qu’ils chantent en sa présence et lui fassent plaisir. Ils sont en continuelle réjouissance avec le Soleil, ils vivent dans de perpétuels délices, ils goûtent et sucent l’arôme et le suc de toutes les fleurs savoureuses et odorantes, ils ne ressentent jamais ni tristesse, ni douleur, ni langueur, car ils vivent dans la Maison du Soleil, où il y a des richesses de délices.
Et ceux qui, ainsi, meurent dans les guerres, sont très honorés ici dans le monde, et cette sorte de mort est désirée de plusieurs. Beaucoup envient ceux qui meurent ainsi, et c’est pour cela que tous désirent cette mort, car ceux qui meurent ainsi sont très glorifiés » (Sahagun II, 140).
Énigmatiques poèmes solaires, vérités transcendantales que l’anthropologie profane ne connaît pas.
On a dit beaucoup de choses sur le Makara, l’Ecailleux, le fameux Dragon volant de Médée. On peut encore voir au British Museum, un exemplaire de Dragon ailé et pourvu d’écailles.
Le grand Dragon respecte et vénère seulement les Serpents de Sagesse. Il est déplorable que les assyriologues ignorent totalement la condition du Dragon dans la Chaldée antique.
Le symbole merveilleux du Dragon a assurément sept significations ésotériques. Il n’est pas superflu d’affirmer catégoriquement que dans son sens le plus élevé il est identique au « Né par lui-même », au « Logos » des Hindous, au « Cela » hindou.
Dans son sens le plus infernal, il est le Diable, cette excellente créature que l’on a appelée Lucifer, le Porteur de lumière, l’Étoile du Matin, le Laiton des vieux alchimistes médiévaux.
Chez les Gnostiques chrétiens appelés Naasséniens ou adorateurs du Serpent, le Dragon était le « Fils de l’Homme » ; ses sept étoiles brillent glorieuses dans la main droite de l’Alpha et l’Oméga de l’Apocalypse de Saint-Jean.
Il est déplorable que le Prométhée-Lucifer des temps anciens se soit transformé en le Diable de Milton. Satan redeviendra le Titan libre d’autrefois lorsque nous aurons éliminé de notre nature intime tout élément animal. Il nous faut, avec la plus grande urgence, sans aucun délai, blanchir le Diable, et ceci n’est possible qu’en luttant contre nous-mêmes, en dissolvant tout cet ensemble d’agrégats psychiques que constituent le Moi, le Moi-même, le Soi-même.
C’est seulement en mourant en nous-mêmes que nous pourrons blanchir le laiton, et contempler le Soleil de Minuit (le Père).
Tous ceux qui meurent dans la guerre contre eux-mêmes, ceux qui parviennent à l’annihilation du Moi-Même, brillent, resplendissants, dans l’espace infini et pénètrent dans les différents départements du Royaume (ils entrent dans la Maison du Soleil).
L’allégorie de la Guerre dans les Cieux a son origine dans les temples d’Initiation et dans les cryptes archaïques. Michel lutte contre le Dragon Rouge et Saint-Georges contre le Dragon Noir, ils sont toujours en guerre, Apollon et Python, Krishna et Kaliya, Osiris et Typhon, Bel et le Dragon, etc. Le Dragon est toujours la réflexion de notre propre Dieu intime, l’ombre du divin Logoï qui, du fond de l’Arche de la Science, attend, dans une mystique expectative, le moment d’être réalisé.
Se battre contre le Dragon signifie vaincre les tentations et éliminer tous et chacun des éléments inhumains que nous portons en dedans (colère, cupidité, luxure, envie, orgueil, paresse, gourmandise, etc.).
Ceux qui meurent sur l’autel du Sacrifice, c’est-à-dire du Sacro-office, dans la Neuvième Sphère, vont à la Maison du Soleil, ils s’intègrent avec leur Dieu.
Sur la terre sacrée des Veda, Arjuna tremble et frémit en plein champ de bataille, en comprenant qu’il doit tuer ses propres parents (ses multiples Moi ou défauts psychologiques qui constituent l’armée ennemie).
Pour les authentiques Mexicains, ce qui détermine le lieu où ira l’Âme après la mort, c’est le genre spécifique de mort et le type de travaux qu’a effectués le défunt durant sa vie. Même les guerriers ennemis qui ont péri dans la dure bataille ou qui, capturés comme prisonniers, ont été sacrifiés sur la Tezcatl, la pierre des sacrifices, peuvent entrer au sublime Royaume de la Lumière Dorée (le Paradis du Soleil). Ces ennemis sacrifiés vont à un Dieu spécial qui est Teoyaomiqui, la « Déité des ennemis morts ».
L’aspect ésotérique de ce thème de la religion populaire est transcendantal. Le comprendre est indispensable : les Chrétiens aussi devraient vénérer les Saints des autres crédos, religions et langues.
Les femmes mortes en couches qui demeurent, heureuses, dans le Paradis occidental judicieusement appelé Cincalco, la « Maison du Maïs », sont également très vénérées. Indubitablement, avant de se transformer en Déesse, la femme morte à l’accouchement jouit d’extraordinaires pouvoirs magiques, selon ce qu’affirme la religion de l’Anahuac.
On dit aussi de la femme qui meurt en couches qu’elle a vaincu l’ennemi ; les jeunes guerriers convoitent son bras droit et essaient de s’en emparer car il les rendra invincibles au combat, raison pour laquelle le cadavre de ces femmes est toujours rigoureusement surveillé par les hommes du clan armés de pied en cap afin d’éviter la mutilation. Il est intéressant de remarquer que ces femmes, avant de se convertir en
Déesses, descendent sur Terre, transformées en spectres terrifiants et de mauvais augure, portant en guise de tête un crâne de squelette, leurs mains et leurs pieds pourvus de griffes, selon ce que disent les Mystères de l’Anahuac.
Ce sont d’extraordinaires états post mortem que ceux de ces nobles femmes qui meurent en couches.
Durant cet évanouissement de trois jours dont parle le Bardo-Thodol, et qui suit toujours le décès du corps physique, ces défuntes revivent la vie qui vient de s’écouler et elles paraissent alors sous l’aspect de fantômes souffrants et d’horrible apparence. Cependant, une fois terminées les expériences rétrospectives de l’existence révolue, l’Essence, en l’absence du Moi, s’élève de sphère en sphère, jusqu’à s’immerger dans la félicité solaire.
Beaucoup plus tard, une fois épuisé leur bon Dharma, ces Âmes doivent inévitablement retourner dans une nouvelle matrice.
Les sages Sacerdotes de l’Anahuac ont toujours affirmé de façon péremptoire que les Cihuateteo ou « Femmes Déesses » mortes en couches, vivent dans le Paradis occidental, appelé ‘‘Cincalco », la « Maison du Maïs ».
Du germe, du grain naît la vie, et elles ont donné leur vie précisément pour la créature naissante. La Mère Nature sait toujours payer de la meilleure façon possible le sacrifice solennel de ces femmes bénies ; le bonheur de ces Âmes dans les Cieux de la Lune, de Mercure, de Vénus et du Soleil, est indescriptible.
Malheureusement, toute récompense s’épuise et, finalement, ces Âmes reviennent à l’intérieur du Moi afin de pénétrer dans une nouvelle matrice.
Ceux qui meurent noyés dans les eaux tumultueuses des rivières ou des mers, ou dans les ondes profondes des lacs, ou par la foudre, entrent dans le bienheureux Paradis de Tlaloc, qui est situé au sud, région de la fertilité et de l’abondance, où existent toutes sortes d’arbres fruitiers et où abonde le maïs, les haricots, la chia et une foule d’autres aliments.
Les splendides peintures découvertes dans le temple de Teotihuacan viennent nous démontrer la ferme croyance en le Tlalocan, le fameux Paradis de Tlaloc.
Dans les dimensions supérieures de la nature se trouvent plusieurs paradis de félicité ; il n’est pas inutile de rappeler le Royaume du Bouddha Amitabha, que les Lamas tibétains situent à l’ouest.
Le Bardo-Thodol cite plusieurs de ces Édens : le « Royaume du Suprême Bonheur », le « Royaume de la Dense Concentration », le « Royaume des longs cheveux », Vajra-Pani ou le Vihara illimité de la Radiation du Lotus, Padma-Sambhava en la présence d’Urgyan, etc.
La doctrine secrète de l’Anahuac enseigne qu’il y a treize cieux et elle affirme solennellement que dans le plus élevé de tous vivent les âmes des enfants qui meurent avant d’avoir eu l’usage de la raison. La doctrine du Mexico antique dit que ces âmes innocentes attendent que l’actuelle humanité soit détruite dans le grand cataclysme qui s’en vient, pour se réincarner dans la nouvelle humanité.
Dans le Tibet millénaire, le Bardo-Thodol guide les défunts qui désirent se libérer afin de ne pas retourner dans ce monde d’amertumes.
Sur la terre sacrée des Pharaons, beaucoup d’Âmes ont réussi à s’échapper de ce cloaque du Samsara, après avoir travaillé à la dissolution de l’Égo.
De terribles épreuves attendent les trépassés qui désirent ne pas revenir dans ce monde ; s’ils en sortent victorieux, ils entrent alors aux Royaumes suprasensibles cités plus haut ; dans ces régions ils sont instruits et aidés avant de s’immerger, heureux comme des enfants innocents, dans le Grand Océan. Beaucoup de ces Âmes reviendront dans l’Âge d’Or, après le grand cataclysme, pour travailler à leur autoréalisation intime.
Il s’avère incontestablement intelligent de savoir se retirer à temps, avant que ne se termine le cycle d’existences. Il est préférable de se retirer de « l’École de la Vie » avant d’en être expulsé ; l’Involution dans les entrailles submergées de la Terre, dans le ténébreux Tartare, est assurément très douloureuse.
Au pays ensoleillé de Kem, à l’époque du Pharaon Khephren, j’ai connu personnellement un cas exemplaire. Il s’agit d’un citoyen très religieux qui n’avait jamais fabriqué les Corps Existentiels Supérieurs de l’Être.
Ce mystique, très sérieux en soi, mais se croyant incapable d’accomplir les ordalies de l’Initiation et sachant le destin qui attendait les Âmes après chaque cycle ou période d’existences, a préféré se retirer de la scène cosmique.
Ce dévot n’a jamais connu le Mystère indicible du « Grand Arcane », mais il avait le Moi et il savait qu’il l’avait, et il désirait le désintégrer pour ne plus retourner, après la mort, à cette vallée de larmes. Il est ostensible que sa Divine Mère Kundalini, Tonantzin, Isis, l’a toujours assisté dans le travail de dissolution de ces éléments qui constituent le Moi-même.
Jamais je n’affirmerais que cet homme religieux soit alors parvenu à l’élimination totale des éléments inhumains ; cependant, il s’avança beaucoup dans son travail et, après la mort du corps physique, il arriva dans l’Au-delà avec l’intention inébranlable de ne pas revenir dans ce monde. Puis, après l’évanouissement déjà évoqué de trois jours, cette Âme a dû revivre de façon rétrospective l’existence qui venait de s’achever.
Une fois terminé le travail rétrospectif, le défunt ayant été informé du résultat de toutes ses actions autant bonnes que mauvaises, il resta ferme dans le dessein de ne plus retourner. Le hurlement terrible du « Loup de la Loi », qui épouvante tellement les trépassés, l’épouvantable ouragan de la Justice Objective, les sinistres tempêtes du Pays des Morts, les innombrables couples qui copulent sans fin, les attractions et répulsions, sympathies et antipathies, les terreurs cavernaires, etc., ne réussiront jamais à faire renoncer cette Âme à sa ferme résolution. La voix solennelle des Sacerdotes égyptiens qui, pendant sa vie, lui avaient promis leur aide, arrivait jusqu’au défunt, lui rappelant sa résolution.
Keb, son Père qui est en secret, et Nut, sa Divine Mère Isis, soumirent leur fils (le défunt) à l’épreuve finale ; mais le désincarné en sortit victorieux.
Par suite de tous ces triomphes intimes, le défunt entra tout heureux dans un Paradis moléculaire très semblable à celui de Tlaloc. Dans cette région d’indiscutables délices naturels, la créature désincarnée poursuivit avec plein succès le travail sur elle-même. Devi Kundalini, Tonantzin, Isis, Marie, sa Divine Mère particulière, l’aida de manière directe en éliminant de son psychisme les résidus inhumains qui restaient encore.
Au fur et à mesure que le défunt reconquérait son innocence et qu’il mourait toujours davantage en lui-même, il passait par diverses métamorphoses ; il assuma au début la figure ineffable d’une tendre demoiselle et enfin celle d’une enfant de trois ans, et alors, en tant que simple Bouddha élémental, il s’immergea dans l’océan de l’Esprit Universel de Vie, au-delà du Bien et du Mal.
Cette créature fut sans nul doute sincère avec elle-même ; ne se sentant pas capable d’atteindre l’Adeptat, elle préféra se séparer de la scène du monde, retourner au point de départ originel et continuer à l’état de simple élémental. Ces Âmes peuvent se réincarner, si elles le veulent, dans le futur Âge d’Or, après le grand cataclysme qui approche, pour pénétrer les Mystères ; cependant la plupart de ces innocentes créatures préfèrent demeurer pour toujours à l’état élémental.
Lorsque nous, les Initiés de la vieille Égypte, avons donné ces enseignements au peuple, nous étions assis en groupes de quatre autour de petites tables carrées ; par ceci nous représentions de manière allégorique les quatre états fondamentaux par lesquels doit passer toute Âme qui désire se retirer de la roue du Samsara.
Une fois consommée l’élimination des résidus inhumains dans la psyché du défunt, celui-ci devra expérimenter en lui-même le « Vide Illuminateur » : c’est le Dharmakaya.
Ce vide n’est pas de la nature du vide du néant, mais un vide intelligent ; c’est l’état de l’Esprit dans le Sambhogakaya.
Vide et clarté sont inséparables ; le vide clair par nature, et la clarté par nature vide, est l’Adi-Kaya, l’Intelligence illuminée.
L’Intelligence illuminée, brillant sans obstacles chez le défunt qui est parvenu à mourir complètement à lui-même, irradie de toutes parts : c’est le Nirmanakaya.
C’est seulement par l’expérience directe des quatre kayas qu’il est possible d’obtenir la libération totale.
Très différent est le sort qui attend les Âmes qui terminent une période quelconque de manifestation sans s’être libérées. Ceux qui n’ont pas été élus par le Soleil ou par Tlaloc, disent les Aztèques, vont tout simplement au Mictlan, et là ces Âmes subissent d’épouvantables épreuves magiques en passant par les Enfers.
En premier lieu, pour parvenir au Mictlan, elles doivent d’abord passer par le fleuve bourbeux, l’Achéron ou le Chicnahuapan, dans la barque de Charon, comme le dit Dante dans sa Divine Comédie ; c’est, incontestablement, la première épreuve à laquelle sont soumis les Dieux Infernaux.
« Malheur à vous, âmes dépravées ! N’espérez jamais revoir le ciel. Je viens pour vous conduire à l’autre rive, où règnent d’éternelles ténèbres, au milieu des flammes et de la glace » (Dante, l’Enfer, Chant Troisième).
Les Sages Mexicains ajoutent que l’Âme doit ensuite passer entre deux montagnes qui se rapprochent l’une de l’autre ; en troisième lieu, par une montagne d’obsidienne ; en quatrième lieu par la région où hurle affreusement un vent glacial ; ensuite, par l’endroit où flottent les bannières ; en sixième lieu, par l’endroit où l’on est percé de flèches ; dans le septième cercle dantesque se trouvent les bêtes féroces qui mangent les cœurs ; dans le huitième, disent les Aztèques, il y a le passage étroit au milieu des pierres ; et dans le neuvième et dernier cercle de Dante, à l’intérieur de la Terre, existe le Chicnahumictlan où l’on passe par la « seconde mort » si justement décrite dans l’Apocalypse de Saint-Jean.
Après cela, ces Âmes se reposent en entrant aux Paradis élémentaux de la nature ; elles amorcent alors de nouveaux processus évolutifs qui doivent commencer par le règne minéral, se poursuivre dans le végétal, puis dans le règne animal, et culminer en cet état d’humanoïde qu’elles avaient autrefois perdu.
Chapitre 14 – Le Binaire Serpentin
Le Binaire serpentin dans le Mexique préhispanique est une chose qui à coup sûr nous invite à la réflexion.
Les deux Serpents Ignés ou Xiuhcoatles qui entourent gracieusement le Soleil dans le Calendrier aztèque, entouraient également le temple principal de la grande Tenochtitlan formaient le fameux Coatepantli ou « Mur de Serpents ».
Le Serpent aztèque apparaît constamment dans des situations extraordinaires qui, comme nous l’avons dit précédemment, bouleversent intégralement son déterminisme organique : la queue représentée par une deuxième tête prenant d’insolites attitudes, nous conduit, par simple déduction logique, au Binaire serpentin.
La double tête, qui rappelle tout à fait clairement la figure du Serpent circulaire, du Serpent gnostique en train de dévorer sa propre queue, apparaît sur les murs sacrés du temple de Quetzalcoatl (ruines de Xochicalco).
Les Binaires serpentins, soit qu’ils dansent exotiquement, enroulés dans la forme mystique du Saint-Huit, soit qu’on les représente enchaînés l’un à l’autre et formant un cercle, à la manière maya, etc., nous indiquent quelque chose de mystérieux, d’extraordinaire et de magique.
Il n’est pas inutile dans ce traité de souligner avec insistance le double caractère ésotérique du Serpent. On doit distinguer le Serpent tentateur de l’Éden et le Serpent d’airain qui guérissait les Israélites dans le désert ; l’horripilant Python qui se vautrait dans le limon de la terre et qu’Apollon irrité blessa de ses dards, et cet autre qui s’élevait sur la verge d’Esculape, le Dieu de la Médecine.
Lorsque le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques monte par le canal médullaire spinal de l’organisme humain, il s’agit de notre Divine Mère Kundalini.
Quand le Serpent Igné descend en se précipitant depuis l’os coccygien vers les enfers atomiques de l’homme, il s’agit de l’abominable organe Kundartisseur.
Le Vénérable Maître « G » est tombé dans la très grave erreur d’attribuer au Serpent ascendant (Kundalini) les pouvoirs hypnotiques et horribles du Serpent descendant (l’abominable organe Kundartisseur).
Kundalini est un mot composé : Kunda vient nous rappeler l’abominable organe Kundartisseur, et lini est un terme atlante qui signifie « fin ». Kundalini, en haute grammatique, peut et doit donc se traduire ainsi : « Fin de l’abominable organe Kundartisseur ».
L’ascension victorieuse de la Kundalini le long du canal médullaire spinal marque la fin de l’abominable organe Kundartisseur.
Indubitablement, le docteur Maurice Nicoll et Ouspensky, le grand Initié, ont accepté cette erreur du Maître « G ». Ce Maître considérait que sa Mère Cosmique était le Prana sacré.
Si le Maître « G » avait étudié le Binaire serpentin sur les murs sacrés des temples mexicains, Toltèques, mayas, etc., il n’aurait indubitablement jamais commis cette confusion.
Le Yoga oriental a effectué des analyses exhaustives sur ce Feu serpentin annulaire (Kundalini) qui se déroule vers le haut dans le corps de l’ascète, cependant il n’a presque pas parlé du Serpent descendant, ou « queue démoniaque », dont la force électrique maintient dans une transe hypnotique permanente toute l’humanité souffrante.
Si ces « mammifères intellectuels » qui peuplent la face de la Terre pouvaient voir avec une entière clarté méridienne dans quel état lamentable ils se trouvent, ils chercheraient désespérément la manière de se délivrer. Aussitôt que le pauvre animal intellectuel s’éveille, ne serait-ce qu’un instant fugace, et ouvre ses yeux à la crue réalité de la vie, le formidable pouvoir hypnotique du terrible Serpent de l’Abîme, revient immédiatement à la charge avec une force multipliée et la malheureuse victime tombe endormie une autre fois, en rêvant qu’elle est éveillée ou sur le point de s’éveiller.
Seul le Gnostique sincère qui comprend intégralement la difficulté d’éveiller la conscience sait que ceci n’est possible que sur la base de travaux conscients et de pénitences volontaires.
La grande Vipère infernale connaît tout le modus operandi de l’imagination mécanique (jamais nous ne nous prononcerions contre la « diaphanéité » ou la « translucidité » qui caractérise l’Imagination objective, consciente).
La Couleuvre abyssale, par le moyen de l’imagination mécanique, qui est son agent primordial, travaille en accord avec les intérêts de la Nature et nous maintient enfouis dans un état de transe hypnotique profonde. À l’aide des mécanismes de la fantaisie, nous justifions toujours nos pires infamies, nous éludons nos responsabilités, nous cherchons des échappatoires, nous nous considérons nous-mêmes beaucoup, nous avons le sentiment le plus élevé de notre propre importance, nous nous croyons justes et parfaits.
Il y a tout lieu de penser qu’il y a des forces pour lesquelles il est utile et profitable de maintenir le « mammifère rationnel » dans un état de sommeil hypnotique et d’empêcher qu’il voie la vérité et comprenne sa situation dans la vie.
Manifestement, la plupart de nous recourent à de telles excuses et ceci de telle manière que, sous la subtile et idiote activité de la justification du Moi-même, et avec la complicité de l’imagination mécanique, jamais nous ne soupçonnerions, en réalité, l’existence intime de nos très naturelles erreurs psychologiques.
Par exemple, nous pouvons être cruels avec notre épouse, nos enfants, nos parents, tout en l’ignorant réellement. Le plus grave c’est que nous permettons que cette situation perdure, surtout parce que cela nous plaît et que c’est tellement plus facile, et si on nous accuse de cruauté, nous allons probablement sourire en pensant qu’on ne comprend pas notre justice, notre miséricorde et notre amour infini.
Nous sommes étranglés par les anneaux horripilants du Grand Serpent, mais nous nous croyons libres.
La légende des siècles dit que lorsque Krishna, le grand Avatar hindou, eut atteint l’âge de quinze ans, il partit à la recherche du patriarche Nanda et lui demanda : « Où se trouve ma Mère ? » (Le Serpent ascendant Kundalini).
« Mon fils, ne me le demande pas, répondit le patriarche, ta Mère est retournée au pays d’où elle est venue, et je ne sais pas quand elle reviendra ».
Krishna sombra dans une profonde tristesse, il abandonna ses compagnons et erra plusieurs semaines aux environs du mont Mérou. Il tomba soudain sur un vieillard qui se tenait là, debout sous un cèdre gigantesque. Ils se regardèrent tous les deux pendant un long moment.
« Qui cherches-tu ? » lui demanda l’anachorète.
« Ma Mère ! Où donc vais-je la rencontrer ? ».
« Près de Celui qui ne change jamais » (le Père qui est en secret).
« Mais comment vais-je le trouver ? ».
« Cherche, cherche toujours et sans répit (à l’intérieur de toi-même). Tue le Taureau (l’Égo animal) et écrase le Serpent » (de l’Abîme).
Krishna fait ensuite remarquer que la forme majestueuse du vieillard devenait transparente, puis tremblotante, jusqu’à s’évanouir parmi les branches, telle une vibration lumineuse.
Lorsque Krishna descendit du mont Mérou, il paraissait radieux et transfiguré ; une énergie magique jaillissait de son être.
« Allons combattre les Taureaux et les Serpents (de l’Abîme) ; allons défendre les bons et subjuguer les méchants », dit-il à ses compagnons.
Avec l’arc et l’épée, Krishna et ses frères, les fils des pasteurs, abattirent dans la forêt toutes les bêtes féroces.
Krishna tua et dompta des lions, fit la guerre aux rois dépravés et libéra les tribus opprimées, mais la tristesse envahit le fond de son cœur.
Son Âme n’avait qu’un désir profond, mystérieux : rencontrer sa Divine Mère Kundalini et aller retrouver le sublime vieillard (son Maître) ; mais en dépit de la promesse que celui-ci lui avait faite, et malgré qu’il avait beaucoup lutté et vaincu, il ne pouvait y parvenir.
Un jour il entendit parler de Kalayoni, le Roi des Serpents, le Magicien Noir gardien du temple de Kali (Coatlicue, Proserpine, Hécate), l’effroyable Déesse du Désir et de la Mort, et il demanda à lutter avec le plus terrifiant de ses serpents, ce Serpent éternel (l’abominable organe Kundartisseur) qui avait déjà dévoré des centaines d’excellents guerriers, dont la bave rongeait les os, et dont le regard semait l’épouvante dans les cœurs.
Des profondeurs du temple de Kali (la Reine des Enfers et de la Mort, celle qui préside à tous les crimes), Krishna vit sortir, après l’invocation magique de Kalayoni, un long reptile bleu vert. Le Serpent redressa lentement son grand corps, hérissa de façon horrifiante sa crinière rousse, et ses yeux pénétrants étincelèrent épouvantablement sur sa tête de monstre aux écailles éclatantes.
« Ou tu l’adores ou tu péris », lui dit le Magicien.
Le Serpent mourut des mains de Krishna, du saint héros qui ne connaissait pas la peur.
Lorsque Krishna eut anéanti héroïquement le Grand Serpent gardien du temple de Kali, l’horrible Déesse du Désir et de la Mort, il fit des ablutions et fut en oraison pendant un mois au bord du Gange, après s’être purifié à la lumière du Soleil et dans la divine pensée contemplative du Maha-Deva.
L’horripilante Vipère infernale n’accepterait jamais le Sahaja Maïthuna, la « Chasteté scientifique », parce que cela va à l’encontre des intérêts de la Nature.
Ceux qui ne réussissent pas à se faire dévorer par le Divin Serpent Kundalini seront engloutis par l’effrayant Serpent Python.
Le guerrier qui parvient à tuer la Couleuvre infernale entrera au palais des Rois ; il sera oint comme Roi et Prêtre de la Nature, selon l’Ordre de Melchisédech.
Cependant, ce n’est certes jamais une entreprise facile que celle de se rebeller contre les atomes de l’hérédité, contre la luxure que nous avons héritée de nos ancêtres, contre l’effroyable Vipère infernale que nos aïeux ont apportée au monde et que nous transmettrons à nos enfants et aux enfants de nos enfants. Cette chose que l’on porte dans la chair, dans le sang et dans les os, est définitive, et se révolter contre elle s’avère épouvantable.
La doctrine de l’annihilation bouddhique est fondamentale. Il nous faut mourir à chaque instant ; c’est seulement avec la mort qu’advient le nouveau.
Chapitre 15 – Les Élémentaux
Notre Divine Mère Tonantzin est le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques s’élevant, victorieux, par le canal médullaire spinal de l’organisme humain.
Coatlicue est le Serpent de l’Abîme, Kali, Hécate, la Proserpine infernale, la Déesse de la Terre.
Cuauhcoatl est un autre nom terrible de la Déesse de la Terre et la sainte patronne des fameuses Cihuateteo qui crient et beuglent épouvantablement dans la nuit.
À une époque plus récente, Cuauhcoatl s’est transformée en la « pleureuse » de nos légendes populaires, portant un mystérieux berceau ou le cadavre d’une innocente créature, et lançant dans la nuit d’amères lamentations en parcourant les nobles rues de la cité. On disait jadis qu’elle en était arrivée là à cause du crime d’avoir laissé abandonné dans le marché public le berceau dans lequel était le couteau du sacrifice.
Incontestablement, les « gnomes » ou « pygmées » qui demeurent dans les entrailles de la Terre tremblent devant Coatlicue. Le Génie particulier de ces gnomes est Gob, une Déité très spéciale, bien connue en Haute-Magie. On nous a dit que le royaume spécifique des gnomes se trouve au nord de la Terre. On les commande avec l’épée.
Voyons à présent un magnifique poème de l’épopée Nahua en relation avec Tlaloc, le Dieu de l’eau :
« Le Dieu Tlaloc résidait dans un grand palais avec quatre chambres, et au milieu de la maison il y avait une cour, avec quatre énormes récipients remplis d’eau.
Le premier est celui de l’eau qui pleut en son temps et rend la terre féconde pour qu’elle donne de bons fruits.
Le second est celui de l’eau qui fait pourrir les moissons et fait perdre les fruits.
Le troisième est celui de l’eau qui fait geler et sécher les plantes.
La quatrième contient l’eau qui produit sécheresse et stérilité.
Le Dieu a à son service plusieurs ministres, les élémentaux de l’eau, petits de corps, et qui demeurent dans chacune des chambres, chacun selon sa couleur, car ils sont bleu ciel, jaunes et rouges.
Ceux-là, avec de grands arrosoirs et des bâtons dans les mains, vont arroser la terre quand le Dieu suprême de la pluie l’ordonne.
Et quand il tonne, c’est qu’ils brisent leur cruche, et si la foudre tombe, c’est qu’un fragment de la jarre cassée frappe la Terre ».
Me trouvant un jour en état de méditation profonde, j’eus à me mettre en contact direct avec le Bienheureux Seigneur Tlaloc. Ce grand Être vit dans le monde causal, au-delà du corps, des affects et du mental. J’ai expérimenté dans toutes les parties de mon Être la formidable réalité de sa présence.
Vêtu de manière exotique, il ressemblait à un Arabe de l’ancien temps ; son visage, impossible à décrire avec des mots, était semblable à un éclair.
Lorsque je l’accusais âprement du crime d’avoir accepté tant de sacrifices d’enfants, de femmes, d’hommes, de vieillards, etc., il répondit : « Je ne suis pas coupable de cela, jamais je n’ai exigé de tels sacrifices, ce fut le fait de ces gens, là-bas, dans le monde physique ». Puis il conclut : « Je reviendrai dans la nouvelle ère du Verseau ».
Le Dieu Tlaloc devra incontestablement se réincarner d’ici quelques années.
Les kabbalistes affirment solennellement que le royaume des ondines se trouve à l’ouest et qu’on les invoque dans la coupe des libations.
Les mages antiques, lorsqu’ils appelaient les ondines des fleuves et des lacs, ou les génies des nuages, ou les néréides de l’océan tumultueux, clamaient en un grand cri les mantras suivants : « Veya, Vallala, Veyala, Heyala, Veya ».
Certaines tribus d’Amérique, lorsqu’elles désirent de la pluie pour leur cultures, se réunissent, et les membres de ces tribus revêtent alors l’apparence du crapaud, l’imitent, et tous en chœur reproduisent le coassement qui le caractérise ; le résultat ne se fait pas trop attendre.
Les anciens Mexicains priaient le Seigneur de la pluie, Tlaloc, et alors la terre était arrosée avec les eaux de la vie.
Bien que Tlaloc soit un Roi de la Nature, une créature parfaite au-delà du bien et du mal, c’est entre ses mains que sont l’inondation, la sécheresse, la grêle, le gel et la foudre, raison pour laquelle les magiciens de l’antiquité craignaient sa colère.
Il n’est pas superflu d’affirmer qu’au terme de la civilisation Nahua, on a offert des sacrifices de prisonniers revêtus du Numen, et spécialement des jeunes filles vierges et des enfants, dans le but d’apaiser sa colère.
Il nous faut préciser ceci : lorsque la puissante civilisation de l’Anahuac était au zénith de sa gloire, les sacrifices humains qui horrifient tellement les touristes, brillaient par leur absence, il n’y en avait pas. Toute civilisation qui agonise s’achève toujours, indubitablement, dans un bain de sang, et Mexico ne pouvait en aucune façon être l’exception. Ceux qui ont étudié l’Histoire universelle ne l’ignorent pas ; ils n’ont qu’à évoquer le souvenir de Rome, Troie, Carthage, de l’Égypte, de la Perse, etc.
Les sectateurs de l’Anthropologie profane, utopistes à cent pour cent et se fondant sur le simple rationalisme subjectif, ont lancé l’hypothèse absurde que notre Seigneur Très Saint, Quetzalcoatl, grand Avatar du Mexico antique, fut aussi adoré sous le nom d’Ehécatl qui, adéquatement traduit, signifie « Dieu du vent ».
Les Adeptes de la fraternité occulte, ces Individus Sacrés dotés de la raison objective, les Maîtres authentiques de l’Anthropologie gnostique, savent très bien, par expérience mystique directe et par l’analyse profonde, que le Dieu du vent est un Deva de la Nature, un Malachim du monde causal, un Génie du mouvement cosmique, très différent de Quetzalcoatl.
Il n’est pas inutile d’expliquer que la raison subjective élabore ses concepts, ses notions, exclusivement avec les données qui proviennent des perceptions sensorielles externes, motif pour lequel ce type de raison ne peut rien connaître du réel, de la vérité, de Dieu, comme l’a déjà démontré de manière concluante monsieur Emmanuel Kant, dans son livre intitulé : La Critique de la raison pure. La raison objective est différente : elle élabore le contenu de ses concepts à partir de données fondamentales de la conscience.
Ainsi donc, en traitant des Dieux du panthéon aztèque, nous, étudiants de l’Anthropologie gnostique, savons très bien ce dont nous parlons ; nous ne lançons pas d’opinions subjectives, nous sommes mathématiques dans l’investigation et exigeants dans l’expression.
Ehécatl, Sabtabiel, Michaël, etc., constituent une véritable pléiade d’Individus Sacrés de notre système solaire d’Ors, spécialisés dans la difficile science du mouvement cosmique.
Le grand Guruji Ehécatl a aidé de manière très efficace le grand Kabire Jésus de Nazareth, lors de son dur processus résurrectif.
Il est indubitable que sous la direction d’Ehécatl travaillent, sur notre planète Terre, des billions et des trillions de sylphes aériens.
On nous a dit avec fermeté que le royaume des sylphes se trouve situé à l’est. On peut indiscutablement les commander avec la plume d’aigle et avec les saints pentacles ; ceci, les magiciens le savent bien.
Dans la vision de l’harmonie de toutes choses, nous découvrons, avec un étonnement mystique, la partie spirituelle de la Nature ; en d’autres termes, nous rencontrons les fameux Malachim ou Rois Angéliques. Les contacts directs avec les élémentaux doivent toujours être réalisés par l’intermédiaire des Rois Angéliques des éléments, dans la sphère merveilleuse du monde causal.
Tout comme la terre, l’eau et l’air, l’élément feu de la Nature a aussi, dans la doctrine secrète de l’Anahuac, son Dieu spécial. Les Aztèques l’ont toujours adoré sous le nom sacré de Huehueteotl qui, correctement traduit, signifie : « Le Dieu Vieux ». On le représente comme un vieillard chargé d’ans et portant sur sa tête un énorme brasero.
On nous a dit que, au contraire de Tezcatlipoca qui, comme nous l’avons déjà dit, est le premier à arriver à la Fête du mois Teotleco, le Bienheureux Seigneur Divin Huehueteotl est le dernier arrivé à l’Assemblée des Dieux.
Huehueteotl en tant qu’élément naturel est l’INRI des Chrétiens, l’Abraxas des Gnostiques, le Tao chinois, le Zen bouddhique, l’Agnus Dei.
Huehueteotl comme Individu Sacré, est un Roi Angélique, quelqu’un qui s’est autoréalisé intimement, un Malachim, sous le rectorat duquel travaillent des billions et des trillions de salamandres (les créatures du feu).
Dans le feu universel demeurent, remplis de bonheur, les « Fils de la Flamme », les Dieux de l’élément igné, les Génies antiques, Apollon, Minerve, Horus, etc. Ces Flammes ineffables et terriblement divines sont assurément très au-dessus du bien et du mal.
Ostensiblement, le royaume des salamandres se trouve au sud ; on les commande avec la baguette dentée, ou avec le trident magique.
Pour dominer et utiliser les élémentaux de la Nature de façon complète et décisive, il est indispensable d’éliminer auparavant l’Égo animal.
Une personne légère et capricieuse ne pourra jamais gouverner les sylphes de la Nature ; jamais un sujet froid, mou, inconstant, ne sera le maître absolu des ondines des eaux et des néréides des mers ; la colère irrite les salamandres du feu, et la grossière concupiscence convertit, de fait, en jouet des gnomes ou pygmées du règne minéral ceux qui veulent se servir d’eux.
Il faut être prompt et actif comme les sylphes ; flexible et attentif aux images comme les ondines et les néréides ; énergique et fort comme les salamandres ; laborieux et patient comme les gnomes ; en un mot, il est nécessaire, absolument indispensable, de vaincre les élémentaux dans leur force, sans jamais se laisser asservir à leurs faiblesses. On doit se rappeler que notre devise maîtresse est THELEMA (Volonté).
Lorsque le mage sera totalement mort en lui-même, la nature toute entière lui obéira.
Il se promènera durant l’orage sans que la pluie touche sa tête, le vent ne dérangera pas un seul pli de son vêtement, il traversera le feu sans se brûler, il marchera sur les eaux tourmentées de l’océan, sans s’enfoncer. Il pourra voir très clairement toutes les richesses enfouies dans les profondeurs de la Terre.
Rappelez-vous les paroles du grand Kabire Jésus : « Les miracles que j’ai faits, vous aussi pourrez les faire, et même plus encore ».
L’Ordre angélique du monde des causes naturelles, ou monde de la volonté consciente, est celui des Malachim ou Rois de la Nature, qui, assurément, constituent par eux-mêmes les principes spirituels légitimes des éléments. Ces Dieux ineffables et terriblement divins sont des hommes parfaits dans le sens le plus complet du mot ; de tels êtres sont tout à fait au-delà du bien et du mal.
L’ascète illuminé est rempli d’étonnement et de terreur mystique lorsqu’il expérimente, dans toutes les parties de son être, la présence du Dieu chauve-souris, puissant Seigneur des Mystères de la Vie et de la Mort.
Il n’est pas superflu de rappeler que l’on a conservé des hymnes adressés à Huitzilopochtli, à la Mère des Dieux, au Dieu du feu, à Xochipilli, le Dieu de la musique, de la danse et du chant, à Xochiquetzal, à Xipe-Totec, le Divin Seigneur du printemps, etc.
Au moment précis où j’écris ces lignes, d’insolites réminiscences jaillissent dans mon esprit : il y a plusieurs années, un hôte indésirable demeurait chez moi ; il ne semblait pas avoir envie de partir. Je consultai à ce sujet Ehécatl, le Dieu du vent ; suite à cet entretien, il n’y a pas de doute que la personne a dû quitter hâtivement mon logis.
Heureusement que j’avais en ma possession la « somme » qu’Ehécatl me réclamait pour mon assistance : il n’y a rien qui nous soit donné en cadeau, tout coûte quelque chose. Ces Dieux élémentaux, on les paie en valeurs cosmiques ; celui qui a de quoi payer, s’en tire bien dans ses négociations. Nos bonnes œuvres représentent la monnaie cosmique ; toujours faire le bien est une bonne affaire ; ainsi accumulerons-nous du « capital cosmique », grâce auquel il est possible de faire des transactions de cette sorte.
L’Initié aborde les êtres cosmiques au nom de l’un des Rois qui les gouvernent. Il descend d’une certaine façon aux royaumes élémentaux, en apportant avec lui sa force virile, et il œuvre alors sur les éléments.
Les opérations élémentales doivent commencer dans le monde des causes naturelles ; elles doivent être contrôlées à partir de cette région ; faute de ce contrôle, la Magie Noire surgit aussitôt. Lorsque les forces élémentales divorcent de leurs principes spirituels, elles se convertissent en quelque chose de différent et, bien que l’on ne prétende faire aucun mal, il se produit inévitablement une chute accompagnée de dégénérescence.
Quand nous conquérons l’innocence dans le mental et dans le cœur, les Principes du feu, de l’air, des eaux et de la terre ouvrent devant nous les portes des Paradis élémentaux. Il est nécessaire, par conséquent, lorsque nous voulons nous servir des forces élémentales, que nous implorions l’assistance des Rois correspondants.
Le monde causal, ou monde de la volonté consciente, est essentiellement la région du mysticisme religieux. Le Gnostique qui apprend à combiner la méditation avec la prière, peut incontestablement établir un contact objectif et conscient avec les Dieux de la Nature.
Le monde causal est la sphère des Maîtres ; c’est le Temple éternel dans les cieux, qu’une main a construit ; c’est la grande Demeure de la fraternité occulte.
Voulez-vous ardemment la pluie ? Désirez-vous la faire cesser ? Adressez alors votre méditation et votre oraison au Bienheureux Tlaloc. « Demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira ».
Vous êtes malade ? Vous désirez guérir quelqu’un ? Prenez alors pour centre de votre concentration, de votre méditation, de votre prière ou supplique, le fameux Dieu chauve-souris des Aztèques et des Mayas. Ce grand Être est indubitablement un Maître des Mystères de la Vie et de la Mort.
Lorsque le feu crépite ardemment, menaçant des vies, des maisons, des bâtiments de fermes, que Huehueteotl, le Dieu du feu, soit alors l’objet central de votre concentration, votre méditation et vos suppliques.
Les kabbalistes hébreux appartenant à la tradition rabbinique savent bien que le mantra du monde causal a été, est et sera toujours : « Aloah Va Daath ».
Méditer sur cette parole équivaut à frapper aux portes merveilleuses du Grand Temple.
Nous allons maintenant transcrire un fragment mystique d’une prière à Xipe-Totec, le Dieu élémental du printemps, qui est aussi celui des marchands :
Oraison
« Toi, buveur nocturne,
pourquoi te fais-tu prier ?
Revêts ton costume,
revêts ton habit d’or.
Ô mon Dieu, ton eau de pierres précieuses
est descendue ;
il s’est transformé en Quetzal,
le haut cyprès ;
le Serpent de feu
s’est transformé en Serpent de Quetzal.
Il m’a rendu libre, le Serpent de feu.
Peut-être disparaît-il,
peut-être disparaît-il et me détruit-il, moi,
le tendre plant de maïs.
Semblable à une pierre précieuse,
il verdit en mon cœur ;
mais néanmoins je verrai l’or,
et je me réjouirai s’il a mûri,
si est né le chef de la guerre.
Ô mon Dieu, fais qu’au moins,
fructifient en abondance,
quelques plants de maïs ;
ton dévot dirige ses regards vers ta montagne,
vers toi ; je me réjouirai si tout d’abord il mûrit un peu,
si je peux dire qu’il est né, le chef de la guerre ».
Et lorsque s’est produit le miracle de la fructification, le dévot reconnaissant s’écrie en disant au Divin Seigneur Xipetotec :
« Il est né, le Dieu du maïs,
à Tamoanchan.
À l’endroit où il y a des fleurs,
le Dieu « I Fleur »,
le Dieu du maïs est né,
à l’endroit où il y a de l’eau et de l’humidité,
où sont faits les enfants des hommes,
dans le précieux Michoacán ».
Ces prières ineffables sont d’origine Toltèque et sont écrites en langage ésotérique Nahua-tlatolli.
La légende des siècles raconte que Trithemus, le mage abbé, ce savant qui, en 1483, prit la tête du monastère de Sponheim, connaissait à fond la science ésotérique des éléments.
On rapporte qu’il évoqua le spectre de Marie de Bourgogne devant l’empereur Maximilien, qui l’en avait supplié, et il est connu que l’ombre auguste conseilla à l’empereur une nouvelle conduite, lui révéla certains faits et lui ordonna de se remarier avec Bianca Sforza.
Tous les érudits du Moyen-Âge étaient passionnément épris de Magie et beaucoup d’entre eux ont travaillé avec les élémentaux de la Nature.
Certains mages, avec une grande ferveur religieuse, appelaient à grands cris Cupidon, pour qu’il fasse apparaître dans le miroir magnétisé, devant les dévots stupéfaits, le visage de l’être aimé.
Que Dieu et Sainte-Marie me gardent ! Combien de merveilles Cupidon a-t-il accompli au moyen des élémentaux !
L’abbé Trithemus se considérait disciple d’Albert le Grand ; jamais il ne nia que « le plus saint des saints » pratiquait la Magie. Albert le Grand, tout comme Saint-Thomas, affirma la réalité de l’Alchimie. Son traité d’Alchimie ne quittait jamais l’abbé.
Trithemus racontait que lorsque Guillaume II, comte de Hollande, dîna avec le célèbre et noble savant Albert le Grand à Cologne, celui-ci fit dresser une table dans le jardin du monastère, bien que l’on fût en plein hiver et qu’il neigeât.
Dès que les invités eurent pris place autour de la table, comme par enchantement la neige disparut et le jardin se remplit de fleurs variées. Des oiseaux de toutes sortes volaient joyeusement d’arbre en arbre, comme aux plus beaux jours de l’été.
Les jeunes moines élèves du mystérieux abbé désiraient ardemment pouvoir réaliser pareils prodiges, et Trithemus s’empressait de préciser que Maître Albert parvenait à ces merveilles au moyen de la Magie élémentale, et qu’il n’y avait rien là de démoniaque ni, par conséquent, de pervers, de condamnable ou d’exécrable.
Il est certain que Faust, Paracelse et Agrippa, les trois mages les plus illustres du Moyen-Âge, furent les disciples de l’abbé Trithemus.
« Récitez-moi les quatre éléments de la Nature », demandait l’abbé à ses jeunes moines, en pleine classe.
« La terre, l’eau, l’air, le feu ».
« Oui, reprenait le Maître, la terre et l’eau, les plus lourds, sont attirés vers le bas ; l’air et le feu, plus légers, vont vers le haut. Platon avait raison de fondre le feu dans l’air, qui devient pluie, qui devient rosée, qui devient eau, qui devient terre en se solidifiant ».
Le mystique qui aspire réellement à devenir un Malachim, un Roi Angélique de la Nature, doit d’abord devenir roi de lui-même. Comment pourrons-nous commander aux élémentaux de la Nature si nous n’avons pas appris à gouverner les élémentaux atomiques de notre propre organisme ?
Les salamandres atomiques du sang et du sexe brûlent atrocement dans nos passions animales. Les sylphes atomiques de notre propre air vital, lorsqu’ils sont au service de l’imagination mécanique, subjective (à ne pas confondre avec l’imagination objective, consciente), jouent avec nos pensées lascives et perverses. Les ondines atomiques du Sperme sacré engendrent toujours d’épouvantables tempêtes sexuelles. Les gnomes atomiques de la chair et des os jouissent, indolents, avec la paresse, la gloutonnerie, la concupiscence.
Il est devenu indispensable de savoir exorciser, commander et soumettre les élémentaux atomiques de notre propre corps.
Par le moyen des exorcismes du feu, de l’air, de l’eau et de la terre, nous pouvons également soumettre les élémentaux atomiques de notre propre corps. Ces oraisons et exorcismes doivent incontestablement être appris par cœur.
Exorcisme du Feu
On exorcise le feu en y jetant du sel, de l’encens, de la résine blanche, du camphre et du soufre, et en prononçant trois fois les trois noms des Génies du feu : Michaël, roi du soleil et de la Foudre ; Samaël, roi des volcans ; Anaël, prince de la lumière astrale, écoutez mes prières, Amen. (Ensuite le dévot formulera mentalement sa demande).
Exorcisme de l’Air
On exorcise l’air en soufflant du côté des quatre points cardinaux et en disant, avec une grande foi : Spiritus Dei ferebatur super aquas, et inspiravit in faciem hominis spiraculum vitae. Sit Michaël dux meus, et Sabtabiel servus meus, in luce et per lucem. Fiat verbum halitus meus, et imperabo spiritibus, aeris hujus, et refrenabo equos solis volontate cordis mei, et cogitatione mentis meae et nutu oculi dextri. Exorciso igitur te, creatura aeris, per Pentagrammaton et in nomine Tetragrammaton, in quibus sunt voluntas firma et fides recta. Amen. Sela, Fiat. Qu’il en soit ainsi. (Le dévot, concentré sur Michaël et Sabtabiel, formulera ensuite sa demande).
Exorcisme de l’Eau
Fiat firmamentum in medio aquarum et separet aquas ab aquis, quae superius sicut quae inferius, et quae inferius sicut quae superius ad perpetranda miracula rei unius. Sol ejus pater est, luna mater et ventus hanc gestavit in utero suo, ascendit a terra ad coelum et rursus a coelo in terram descendit. Exorciso te, creatura aquae, ut sis mihi speculum Dei vivi in operibus ejus, et fons vitae, et ablutio peccatorum. Amen. (Bien concentré sur Tlaloc ou Nicksa, le dévot formulera ensuite mentalement sa requête).
Exorcisme de la Terre
Par le clou d’aimant qui traverse le cœur du monde, par les douze pierres de la Cité Sainte, par les sept métaux qui coulent dans les veines de la Terre, et au nom de Gob, obéissez-moi ouvriers souterrains. (À ce moment, concentré sur Gob, le dévot formulera sa demande).
Les mages antiques accompagnaient leurs opérations de Magie élémentale de fumigations avec des branches de laurier, d’artémise (ou armoise), de rue, de sauge, de pin, de romarin, etc., ces végétaux brûlaient sur des charbons incandescents.
Cette observance est magnifique : l’air se chargera de la fumée des plantes ; le feu exorcisé réfléchira la volonté de l’opérateur ; les forces subtiles de la Nature l’écouteront et lui répondront. En ces instants, l’eau semble frémir et bouillonner ; le feu jette un étrange éclat et l’on perçoit dans l’air des voix inconnues ; la terre elle-même semble trembler.
C’était dans ces moments que les mages du Moyen-Âge obtenaient que le Génie élémental « Cupidon », en plus de se rendre visible dans le miroir magnétisé, leur montrât aussi, dans ce miroir, non seulement le visage de la personne aimée, mais encore, ce qui est plus intéressant, les événements que le destin réserve toujours aux êtres qui s’adorent.
Les Dieux du feu, Agni, Huehueteotl, etc., les Elohim de l’air, Paralda, Ehécatl, etc., les Divinités de l’eau, Nicksa, Tlaloc, etc., Gob et les autres Déités du monde souterrain, assistent toujours le mystique qui, avec sagesse, amour et pouvoir, les invoque.
On nous a dit que tout magicien qui travaille avec les élémentaux de la Nature peut se rendre invisible à volonté. Incontestablement, il n’est possible d’acquérir ce pouvoir, de même que toute autre faculté, qu’au prix de suprêmes sacrifices.
Il est indéniable que le sacrifice signifie clairement le choix délibéré et clairvoyant d’un bien supérieur de préférence à un inférieur.
Le combustible que la locomotive consomme est cruellement sacrifié au profit du mouvement si indispensable pour le transport des passagers. En réalité, le sacrifice est une transmutation de forces ; l’énergie latente dans le charbon offerte sur l’autel de la locomotive est transformée en l’énergie dynamique de la vapeur, par le moyen des instruments utilisés.
Il existe un mécanisme, psychologique et cosmique à la fois, que chaque acte de sacrifice met en jeu et par lequel celui-ci se transforme en énergie spirituelle, laquelle à son tour peut être appliquée à divers autres mécanismes et réapparaître sur le plan de la forme en un type de force intégrante absolument distincte de ce qu’elle était réellement à l’origine du processus.
Par exemple, un homme peut sacrifier ses émotions à sa carrière, ou une femme sa carrière à ses émotions. Certaines personnes sont disposées à sacrifier leurs plaisirs terrestres au profit des joies de l’esprit.
Néanmoins, il est très rare de trouver quelqu’un disposé à renoncer à ses propres souffrances, à les sacrifier pour quelque chose de supérieur.
Sacrifiez la suprême douleur très naturelle qui résulte du trépas d’un être cher et vous aurez une effarante transmutation de forces, dont la conséquence sera le pouvoir de vous rendre invisibles à volonté.
Le docteur Faust savait se rendre invisible à volonté ; il est manifeste que ce mage avait obtenu ce pouvoir grâce au sacrifice. Les sages du Moyen-Âge avaient une formule enchanteresse merveilleuse, au moyen de laquelle ils pouvaient se rendre invisibles : il suffit, après les rites et invocations d’usage de savoir se servir magiquement de la formule liturgique suivante : Athal, Bathel, Nothe, Jhoram, Asey, Cleyubgit, Gabellin, Semeney, Mencheno, Bal, Labenentem, Nero, Meclap, Halateroy, Palcim, Tingimiel, Plegas, Peneme, Fruora, Heam, Ha, Ararna, Avora, Ayla, Seye, Peremies, Seney, Levesso, Hay, Barachalu, Acuth, Tural, Buchard, Caratim, per misercordiam, abibit ergo mortale, perficiat qua hog opus, ut invisibiliter, ire possim.
Cette sorte de formule magique exige absolument une foi réelle et inébranlable. Il est évident qu’il faut la fabriquer, cette foi, par l’étude analytique profonde et par l’expérience mystique directe.
Chapitre 16 – Au Sujet des Rêves
La Gnose enseigne qu’il existe plusieurs catégories différentes de rêves, que la psychologie moderne décadente de l’hémisphère occidental ignore radicalement.
Indubitablement, les rêves sont de diverse qualité spécifique, à cause du fait concret qu’ils sont en relation intime avec chacun des centres psychiques de l’organisme humain.
En toute vérité et sans aucune exagération, nous pouvons affirmer que la majorité des rêves se trouvent liés au centre instinctif moteur, c’est-à-dire qu’ils sont l’écho de choses vues durant le jour, de simples sensations et mouvements, pure répétition astrale de ce que l’on vit quotidiennement. En outre, certaines expériences de type émotionnel, comme la peur, qui fait tant de dommages à l’humanité, prennent d’ordinaire la priorité dans ces rêves chaotiques du centre instinctif moteur.
Il existe donc des rêves intellectuels, moteurs, émotionnels, instinctifs et sexuels.
Les rêves les plus importants, les vécus intimes de l’Être, sont associés à deux centres : Émotionnel Supérieur et Mental Supérieur. Les rêves en relation avec ces deux centres supérieurs sont assurément très intéressants. Ils se caractérisent toujours par ce qu’on pourrait appeler une formulation dramatique.
Or, si nous pensons au Rayon de la Création, aux centres supérieurs et inférieurs et aux influences qui descendent par ce Rayon cosmique, nous devons admettre que se présentent en nous des vibrations lumineuses qui tentent de nous soigner, qui essaient de nous informer de l’état dans lequel nous nous trouvons. Il s’avère utile, par conséquent, de recevoir ces messages et d’être en contact avec les Adeptes aztèques, mayas, Toltèques, égyptiens, grecs, etc.
Il est également merveilleux de converser intimement avec les diverses parties les plus élevées de notre Être.
Les centres supérieurs sont pleinement développés en nous, et nous transmettent des messages que nous devons apprendre à capter consciemment.
Les personnes choisies qui ont déjà eu des moments de « rappel de soi » dans la vie, qui alors ont vu une chose ou une personne commune et courante d’un point de vue complètement nouveau, ne seront pas surprises si je leur dis dans ce chapitre que de tels moments possèdent la même qualité ou la même saveur intérieure que ces rares et étranges rêves reliés aux deux centres Émotionnel et Mental Supérieurs.
Sans aucun doute, la signification de tels rêves transcendantaux appartient au même ordre que la réalisation en soi du Rayon de la Création et, en particulier, à l’Octave latérale du Soleil.
Quand on commence à se rendre compte de la profonde signification de ce type spécifique de rêves, c’est le signe que certaines forces luttent pour nous éveiller, nous soigner, nous guérir.
Chacun de nous est un point mathématique dans l’espace, et ce point sert de véhicule à une somme déterminée de « Valeurs » (bonnes ou mauvaises). La mort est une soustraction de fractions ; l’opération mathématique terminée, tout ce qui reste ce sont les Valeurs, blanches ou noires.
En accord avec la loi de l’Éternel Retour, il est indéniable que les Valeurs retournent, se réincorporent.
Si un homme commence à s’occuper plus consciemment du petit cycle d’événements récurrents de sa vie personnelle, il pourra alors vérifier par lui-même, à travers l’expérience mystique directe, que dans le sommeil journalier se répète continuellement la même opération mathématique de la mort. En l’absence du corps physique, durant le sommeil normal, les Valeurs immergées dans la Lumière astrale s’attirent et se repoussent, en accord avec les lois de l’Attraction universelle.
Le retour à l’état de veille implique, en fait et par droit propre, le « retour » des Valeurs à l’intérieur du corps physique.
L’une des choses les plus extraordinaires est que les gens pensent qu’ils sont en relation uniquement avec le monde extérieur. La Gnose nous enseigne que nous sommes en relation avec un monde intérieur, invisible pour les sens physiques ordinaires, mais visible par la clairvoyance.
Le monde intérieur invisible est beaucoup plus étendu et contient davantage de choses intéressantes que le monde extérieur vers lequel toujours nous regardons à travers les cinq fenêtres des sens.
Plusieurs rêves se réfèrent à l’endroit où nous nous trouvons dans le monde intérieur invisible d’où surgissent les diverses circonstances de la vie.
Le langage des rêves est exactement comparable au langage des paraboles. Ceux qui interprètent littéralement pensent que le Semeur de l’Évangile du Christ est allé semer, et que la semence est tombée en terrain rocailleux, etc., mais ils ne saisissent pas le sens de cette parabole, parce qu’elle appartient en elle-même au langage symbolique du Centre Émotionnel Supérieur.
Il n’est pas superflu de rappeler que tout rêve, quelque absurde ou incohérent qu’il soit, possède une signification, car il indique non seulement le centre psychique auquel il se trouve associé, mais également l’état psychologique de ce centre.
Plusieurs pénitents qui se présumaient chastes, lorsqu’ils furent soumis à des épreuves dans les mondes internes, ont failli dans le centre sexuel et sont tombés dans une pollution nocturne.
Chez l’Adepte Parfait, les cinq centres psychiques : intellectuel, émotionnel, moteur, instinctif et sexuel, fonctionnent en pleine harmonie avec l’Infini.
Quels sont les fonctionnalismes mentaux durant le rêve ? Quelles émotions nous agitent et nous troublent ? Quelles sont nos activités en dehors du corps physique ? Quelles sensations instinctives prédominent ? A-t-on pris note des états sexuels durant le sommeil ?
Nous devons être sincères avec nous-mêmes. C’est avec raison que Platon a dit : « L’homme se connaît par ses rêves ».
La question du fonctionnement erroné des centres est un sujet qui exige un examen de toute la vie à travers l’observation de soi-même en action, et l’examen rigoureux des rêves. Il est impossible de parvenir à la compréhension des centres et de leur travail juste et équivoque en un instant, cela nécessite une patience infinie.
Toute la vie se déroule en fonction des centres et est contrôlée par eux. Nos pensées, sentiments, idées, espérances, craintes, amours, haines, actions, sensations, plaisirs, satisfactions, frustrations, etc., se trouvent dans les centres.
La découverte de quelque élément inhumain dans n’importe lequel des centres est un motif plus que suffisant pour le travail ésotérique.
Tout défaut psychologique doit au préalable être compris au moyen de la technique de la méditation avant que l’on procède à son élimination.
Extirper, déraciner, éliminer n’importe quel élément indésirable est possible seulement en invoquant l’aide de Tonantzin (la Divine Mère Kundalini), une variante de notre propre Être, le Fohat particulier de chacun de nous.
C’est ainsi que nous mourons d’instant en instant ; c’est seulement avec la mort que survient le nouveau.
Dans l’échelle des êtres et des choses, incontestablement, des influences de toutes sortes nous atteignent. Si nous avons compris le Rayon de la Création, nous saurons également qu’à chaque instant de la vie nous parviennent des influences et que ces influences sont de différente qualité.
Il faut toujours se rappeler qu’il y a des influences supérieures qui agissent sur nous et qu’elles sont enregistrées par notre appareil psychique, mais si nous sommes collés, accrochés à nos sens, si nous ne prêtons pas une pleine attention à notre vie intérieure, alors nous ne pourrons arriver à percevoir ces influences.
Chapitre 17 – Discipline du Yoga du Sommeil
Les aspirants qui désirent ardemment et sincèrement l’expérience mystique directe doivent indubitablement commencer par la discipline du « Yoga du Sommeil ».
Il est évident que le Gnostique doit être exigeant envers lui-même et doit apprendre à créer les conditions favorables pour le rappel et la compréhension de toutes ces expériences intimes qui nous viennent toujours durant notre sommeil. Avant de nous coucher pour nous reposer des fatigues et efforts de la journée, il convient de porter attention à l’état dans lequel nous nous trouvons.
Les dévots qui, à cause des circonstances, mènent une vie sédentaire, ne perdent rien et gagnent réellement beaucoup si avant d’aller dormir, ils font une courte promenade d’un pas alerte et à l’air frais. Cette petite marche détendra leurs muscles.
Toutefois, il est bon de préciser que jamais nous ne devons abuser des exercices physiques ; nous devons vivre de manière harmonieuse.
Le souper, goûter ou repas final de la journée, doit être léger, libre de mets lourds ou stimulants, en évitant avec soin d’ingérer des aliments qui peuvent nous tenir éveillés, nous empêcher de dormir.
« La meilleure manière de penser, c’est de ne pas penser ».
Lorsque le mental est calme et en silence, libre des tourments du jour et des anxiétés mondaines, il se trouve alors dans un état à cent pour cent favorable à la pratique du « Yoga du sommeil ».
Lorsque le Centre Émotionnel Supérieur travaille réellement, alors s’éteint, ne serait-ce que pour un bref instant, le processus de la pensée.
L’ivresse dionysiaque permet à ce centre d’entrer en activité ; il est possible d’atteindre cet état de ravissement en écoutant avec une infinie dévotion les symphonies délicieuses d’un Wagner, d’un Mozart ou d’un Chopin.
La musique de Beethoven, tout particulièrement, est extraordinaire pour faire vibrer avec intensité le Centre Émotionnel Supérieur. Dans cette musique, le Gnostique sincère découvre un immense champ d’exploration mystique, car ce n’est pas une musique de formes, mais d’idées archétypiques ineffables. Chaque note a sa signification ; chaque silence correspond à une émotion supérieure.
Beethoven a cruellement senti les rigueurs et les épreuves de la « nuit spirituelle », et au lieu d’échouer, comme beaucoup d’aspirants, il a ouvert les yeux de son intuition au surnaturalisme mystérieux, à la partie spirituelle de la Nature, à cette région où vivent les Rois Angéliques de cette grande création universelle : Tlaloc, Ehécatl, Huehueteotl, etc.
Regardez le musicien philosophe tout au long de son existence exemplaire. Sur sa table de travail il garde constamment à la vue une image de sa Divine Mère Kundalini, l’ineffable Neith, la Tonantzin de l’Anahuac, la suprême Isis égyptienne.
On nous a dit que ce grand Maître a mis au bas de cette figurine adorable, de sa propre main, une inscription très mystérieuse :
« Je suis celle qui a été, celle qui est et qui sera et aucun mortel n’a levé mon voile ».
Le progrès intime révolutionnaire est impossible sans l’aide immédiate de notre Divine Mère Tonantzin.
Tout fils reconnaissant doit aimer sa Mère, Beethoven aimait profondément la sienne.
Hors du corps physique, aux heures du sommeil, l’Âme peut converser avec sa Mère Divine. Cependant, il est évident que nous devons commencer par la discipline du Yoga du Sommeil.
Nous devons prêter attention à la chambre dans laquelle nous dormons, la décoration doit être agréable, les couleurs les plus souhaitables pour l’objectif que nous poursuivons. En dépit de ce que d’autres auteurs conseillent, les couleurs les plus souhaitables sont précisément les trois tonalités primaires : le bleu, le jaune et le rouge.
Indubitablement, les trois couleurs de base correspondent toujours aux trois forces primaires de la Nature (le Saint-Triamanzikamno), la Sainte-Affirmation, la Sainte-Négation et la Sainte-Conciliation.
Il n’est pas superflu de rappeler que les trois forces originelles de cette grande création se cristallisent toujours de manière positive, négative et neutre.
La causa causorum du Saint-Triamanzikamno se trouve cachée dans l’élément actif Okidanokh qui, lui-même, n’est que l’émanation de l’Absolu Solaire Sacré.
Il va de soi que le rejet des trois couleurs fondamentales, après toutes les raisons exposées, équivaut, par simple déduction logique, à tomber dans l’absurdité ou la sottise. Le Yoga du Sommeil s’avère extraordinaire, merveilleux, formidable, cependant sa pratique est très exigeante.
La chambre doit être toujours bien parfumée et aérée, légèrement, imprégnée de la sereine fraîcheur de la nuit.
Après une révision détaillée de lui-même et de la chambre où il va dormir, le Gnostique doit examiner son lit. En observant une boussole, nous pourrons vérifier si l’aiguille est bien orientée vers le nord. Sans aucun doute, il est possible de profiter consciemment de ce courant magnétique du monde qui circule sans cesse du sud au nord. Orientons notre lit de façon à ce que la tête soit toujours vers le nord, afin d’utiliser intelligemment le courant magnétique indiqué par la direction de l’aiguille.
Le matelas ne doit pas être exagérément dur, ni trop mou, c’est-à-dire que son élasticité doit être telle qu’elle ne puisse en rien affecter les processus psychiques du dormeur.
Des ressorts bruyants ou une tête de lit qui craque et geint au moindre mouvement du corps constituent un obstacle sérieux pour les pratiques du Yoga du Sommeil.
Sous l’oreiller, on place un cahier ou un carnet et un crayon de façon à pouvoir les rejoindre facilement dans l’obscurité.
Les vêtements de nuit doivent être frais et très propres, on doit parfumer l’oreiller avec notre fragrance préférée.
Après avoir accompli tous ces prérequis, l’ascète gnostique passe à la seconde étape de cette discipline ésotérique. Il se met au lit et, ayant éteint les lumières, il se couche en « décubitus dorsal », c’est-à-dire sur le dos, les yeux fermés et les mains sur le plexus solaire. On demeure totalement tranquille durant quelques instants et, après s’être relaxé et détendu complètement, tant dans le physique que dans le mental, on se concentre sur Morphée, le Dieu du sommeil.
Incontestablement, chacune des parties isolées de notre Être Réel exerce une fonction déterminée, et c’est précisément Morphée (ne pas confondre avec Orphée) qui est chargé de nous instruire dans les mystères du sommeil.
Il serait plus qu’impossible de tracer un schéma de l’Être ; cependant toutes les parties spiritualisées, isolées, de notre présence commune, veulent la perfection absolue de leur fonction. Quand nous nous concentrons sur Morphée, celui-ci se réjouit de la brillante opportunité que nous lui offrons.
Il est essentiel d’avoir foi et de savoir supplier. Nous devons prier Morphée de nous enseigner et de nous éveiller dans les mondes suprasensibles.
À ce moment-là, une somnolence très spéciale commence à s’emparer du Gnostique qui, alors, adoptera la posture du lion : couché sur le côté droit, la tête dirigée vers le nord, ramener les jambes lentement, jusqu’à ce que les genoux soient pliés ; dans cette position, la jambe gauche repose sur la droite. Ensuite, poser la joue droite sur la paume de la main droite, et laisser le bras gauche reposer sur la jambe du même côté.
À l’éveil du sommeil normal, il ne faut pas bouger, car il est certain que les mouvements agitent nos Valeurs et que se perd alors le souvenir de nos rêves.
Indubitablement, l’exercice rétrospectif devient nécessaire lorsque nous désirons nous rappeler avec précision de tous et chacun de nos rêves.
Le Gnostique doit noter soigneusement les détails du rêve ou des rêves dans le cahier, ou carnet, placé sous l’oreiller à cette fin. Il pourra ainsi tenir un compte rendu minutieux de son progrès intime dans le Yoga du Sommeil.
Même s’il ne reste en mémoire que de vagues fragments du rêve ou des rêves, ils doivent être consignés avec soin. Lorsqu’il ne reste rien en mémoire, il faut commencer l’exercice rétrospectif en ayant pour base la première pensée que nous avons eue au moment précis du réveil ; de toute évidence, celle-ci se trouve intimement associée au dernier rêve.
Il est nécessaire de préciser que l’exercice rétrospectif commence avant que l’on soit totalement revenu à l’état de veille, lorsqu’on se trouve encore en état de somnolence, essayant de suivre consciemment la séquence du rêve. La pratique de cet exercice commence toujours par la dernière image que nous avons eue, juste avant de revenir à l’état de veille.
Nous terminerons ce chapitre en affirmant solennellement qu’il est impossible d’aller plus avant dans cette pratique en relation avec la discipline du Yoga du Sommeil à moins que nous soyons parvenus à la mémoire parfaite de nos expériences oniriques.
Chapitre 18 – Le Sommeil Tantrique
Il est naturellement indispensable de revoir mensuellement notre cahier de notes, dans le but de constater par nous-mêmes la progression de la mémoire onirique. Toute possibilité d’oubli doit être éliminée ; nous ne devons pas nous engager dans les pratiques subséquentes tant que nous ne sommes pas parvenus à une mémoire parfaite.
Nous pouvons relever alors certains événements très intéressants qui semblent sortir d’autres siècles et qui se déroulent dans des milieux et contextes qui n’ont rien à voir avec l’existence concrète du rêveur.
Il nous faut être en état de « perception alerte », « d’alerte-nouveauté », et porter une attention toute spéciale à l’étude des détails, incluant les questions spécifiques, conversations, réunions, activités inusitées en relation avec d’autres personnes, ou dans des lieux particuliers, temples, etc.
Une fois qu’on a atteint le développement intégral de la mémoire onirique et éliminé la possibilité d’un oubli, le processus de symbolisation ouvrira le chemin de la révélation. La science de base de l’interprétation des rêves, nous devons la chercher dans la loi des analogies philosophiques, dans la loi des analogies des contraires, dans la loi des correspondances et de la Numérologie.
Les images astrales réfléchies dans le miroir magique de l’imagination ne doivent jamais être traduites littéralement, car elles sont des représentations symboliques des idées archétypiques et elles doivent être utilisées de la même manière qu’un mathématicien utilise les symboles algébriques. Il n’est pas inutile d’affirmer que ce genre d’idées descend du monde de l’Esprit Pur.
Il est certain que les idées archétypiques qui descendent de l’Être sont toujours merveilleuses, nous informant soit sur l’état psychologique de tel ou tel centre de la machine humaine, soit sur des sujets ésotériques très profonds, soit sur de possibles succès ou dangers, etc., toujours enveloppés dans le revêtement du symbolisme. Percer tel ou tel symbole astral, telle ou telle scène ou figure, dans le but d’en extraire l’idée essentielle, n’est possible qu’à travers la « méditation de l’Être », laquelle est logique et comparative.
Parvenu à ce stade de la discipline du Yoga du Sommeil, il est indispensable de pénétrer dans l’aspect tantrique de la question.
La Sagesse antique enseigne que Tonantzin (Devi Kundalini), notre Divine Mère Cosmique personnelle, particulière (car chacun a la sienne propre), peut adopter n’importe quelle forme, car elle est l’origine de toutes les formes. Il convient donc que le disciple médite sur Elle avant de s’endormir. L’aspirant devra pénétrer quotidiennement dans le processus du sommeil en répétant avec une grande foi l’oraison suivante : « Tonantzin, Teteoinan, Ô ! Ma Mère, viens à moi, viens à moi ».
Selon la Science tantrique, si le Gnostique persévère dans cette pratique, tôt ou tard surgira comme par enchantement, parmi les expressions amorphes et changeantes de ses songes, un élément initiateur. Tant que cet élément initiateur n’est pas intégralement identifié, il est indispensable de continuer à transcrire ses rêves dans le cahier ou le carnet.
L’étude et l’analyse profonde de chaque rêve noté ne peut être ajournée dans la discipline ésotérique du sommeil tantrique. Incontestablement, le progrès didactique nous conduit à la découverte de l’élément initiateur ou unificateur du rêve.
Indubitablement, le Gnostique sincère qui parvient à ce stade de la discipline tantrique se trouve prêt à passer à l’étape suivante, laquelle sera le thème de notre prochain chapitre.
Chapitre 19 – La Pratique du Retour
Lorsque l’aspirant a réalisé avec un succès complet tous les exercices gnostiques relatifs à l’ésotérisme du Sommeil, il est clair qu’il se trouve alors intimement prêt pour la « pratique du retour ».
Au cours du chapitre précédent, nous avons parlé de l’élément initiateur qui surgit comme par enchantement au milieu des expressions changeantes et amorphes de nos rêves.
Certaines personnes très « psychiques », raffinées (sensibles) et impressionnables, ont toujours possédé en elles-mêmes l’élément initiateur. Ces psychiques se caractérisent par la répétition continue d’un même rêve ; ils revivent périodiquement telle ou telle scène ou revoient dans leurs expériences oniriques, de façon constante, telle créature ou tel symbole.
Chaque fois que l’élément initiateur, que ce soit un symbole ou un son, une couleur, une personne, etc., est remémoré au réveil du sommeil normal, l’aspirant, les yeux toujours fermés, continue à visualiser l’image-clé familière pour ensuite, intentionnellement, essayer de se rendormir en poursuivant le même rêve.
En d’autres mots, nous dirons que l’aspirant tente de se rendre conscient de son propre rêve, et c’est pour cela qu’il le poursuit intentionnellement, mais en l’amenant à l’état de veille, en pleine lucidité et autocontrôle. Il devient alors spectateur et acteur d’un rêve, avec l’avantage, certes non négligeable, de pouvoir abandonner la scène à volonté pour se mouvoir en toute liberté dans le monde astral.
L’aspirant, libre de toutes les entraves de la chair, hors de son corps physique, se sera alors dépris de sa vieille ambiance familière, pénétrant dans un univers régi par des lois différentes.
La discipline de l’état de sommeil des Bouddhistes tantriques conduit didactiquement à l’éveil de la conscience.
Le Gnostique ne peut s’éveiller au véritable état d’Illumination qu’en comprenant et en désintégrant ses rêves.
Les écritures sacrées de l’Inde affirment solennellement que le monde entier est le Rêve de Brahma. Partant de ce postulat hindou, nous affirmerons impérativement ce qui suit : « Quand Brahma s’éveille, le Rêve se termine ».
Tant que l’aspirant n’est pas encore parvenu à la dissolution radicale non seulement des rêves eux-mêmes, mais également des ressorts psychologiques qui les provoquent, l’éveil absolu sera tout à fait impossible. L’éveil définitif de la conscience n’est possible qu’au moyen d’une transformation radicale.
Les quatre évangiles christiques insistent sur la nécessité de s’éveiller ; malheureusement les gens continuent de dormir.
Quetzalcoatl, le Christ mexicain, fut certainement un homme cent pour cent éveillé. La multiplicité de ses fonctions nous indique également avec précision la grande antiquité de son culte et la vénération profonde qu’on lui portait dans toute l’Amérique Centrale.
Les Dieux Saints de l’Anahuac sont des Hommes parfaits dans le sens le plus complet du mot ; des créatures absolument éveillées, des êtres qui ont rayé de leur psychisme toute possibilité de rêver.
Tlaloc, « Celui qui fait germer », Dieu de la pluie et de la foudre, tout en étant un Dieu, est également un homme éveillé, quelqu’un qui eut à éliminer de son psychisme non seulement ses rêves, mais aussi toute possibilité de rêver. Il est l’Individu Sacré principal de la très ancienne culture Olmèque et il apparaît toujours avec le masque du Tigre-Serpent sur les haches colossales et les diverses figures de jade.
Tezcatlipoca et Huitzilopochtli, créatures du Feu, vives représentations de la nuit et du jour, sont aussi des hommes éveillés, des êtres qui ont réussi à aller au-delà des rêves.
Hors du corps physique, l’homme éveillé peut invoquer le Dieux Saints des Aztèques, Mayas, Zapotèques, Toltèques, etc. Les Dieux des Codex Borgia, Borbonicus, etc., viennent à l’appel de l’homme éveillé.
Grâce à l’aide des Dieux Saints, l’homme éveillé peut étudier, dans la Lumière astrale, la doctrine secrète de l’Anahuac.
Chapitre 20 – Les Quatre Béatitudes
Dans le chapitre précédent nous avons beaucoup parlé de l’élément initiateur du rêve, il nous reste maintenant à apprendre comment l’utiliser.
Quand le Gnostique a tenu un compte-rendu de ses rêves, il découvre immanquablement le rêve qui toujours se répète ; ceci entre autres est certes un motif plus que suffisant pour noter dans un cahier ou carnet tous les rêves.
Indubitablement, l’expérience onirique constamment répétée est l’élément initiateur qui, utilisé intelligemment, nous conduit à l’éveil de la conscience.
Chaque fois que le mystique, couché dans son lit, s’assoupit intentionnellement en méditant sur l’élément initiateur, le résultat ne tarde jamais longtemps ; en général l’anachorète revit ce rêve consciemment, avec la possibilité de se séparer de la scène à volonté pour voyager dans les mondes suprasensibles.
N’importe quel autre rêve pourra également être utilisé à cette fin, lorsque nous connaissons vraiment la technique : celui qui s’éveille d’un rêve peut poursuivre intentionnellement le même rêve, si tel est son désir. Dans ce cas, il doit s’endormir à nouveau en revivant son expérience onirique par l’imagination.
Il ne s’agit pas d’imaginer que nous sommes en train d’imaginer ; le point fondamental consiste à revivre le rêve dans sa crue réalité antérieure.
Répéter intentionnellement le rêve, c’est le premier pas vers l’éveil de la conscience ; se séparer à volonté du rêve en plein milieu de la scène qui se déroule, c’est le deuxième pas. La force manque à certains aspirants pour réaliser le second pas, même s’ils réussissent la première étape ; ces personnes peuvent et doivent s’aider elles-mêmes par la technique de la méditation. Prenant des décisions très sérieuses, ces dévots pratiqueront la méditation avant de s’engager dans le sommeil.
Dans ce cas, leur problème intime sera le thème de concentration et d’autoréflexion dans leur méditation intérieure profonde.
Durant cette pratique, le mystique fervent, rempli d’émotion sincère, invoquera sa Divine Mère Tonantzin (Devi Kundalini). Versant des larmes de douleur, l’ascète gnostique se lamente sur l’état d’inconscience dans lequel il se trouve et implore de l’aide, suppliant sa Mère de lui donner les forces intérieures nécessaires pour se déprendre de n’importe quel rêve à volonté.
L’objectif que poursuit toute cette discipline du sommeil tantrique est de préparer le disciple à reconnaître clairement les Quatre Béatitudes qui se présentent au cours de l’expérience onirique.
Cette discipline ésotérique n’est assurément que pour les personnes très sérieuses, car elle exige une patience infinie et d’énormes surefforts intimes.
On a beaucoup parlé, dans le monde oriental, sur les « Quatre Lumières » du sommeil, et nous devons étudier cette question.
La première se nomme la « Lumière de la Révélation », et il est écrit en lettres d’or dans le livre de la vie qu’elle peut être perçue juste avant ou durant les premières heures du sommeil.
Il faut souligner avec véhémence et sans autre commentaire qu’au fur et à mesure que le sommeil devient plus profond, la mêlée indésirable des impressions résiduelles et le courant habituel des pensées discriminatoires finissent heureusement par se dissoudre peu à peu. Dans cet état du sommeil s’insinue progressivement la Seconde Illumination, connue en Asie sous le nom merveilleux de « Lumière de l’Augmentation ».
Incontestablement, l’ascète gnostique, grâce à l’extraordinaire discipline du sommeil tantrique, parvient bien au-delà de cette étape, il va jusqu’à capter totalement les deux Lumières restantes.
Vivre lucidement la réalité crue de la vie pratique dans les mondes supérieurs de la Conscience Cosmique, signifie que l’on a atteint la Troisième Lumière, celle de la « Réalisation Immédiate ».
La Quatrième Lumière est celle de « l’Illumination Intérieure Profonde » et elle nous vient comme par enchantement en pleine expérience mystique.
« Ici, au Quatrième Degré de Vide, demeure le Fils de la Mère de la Claire Lumière », déclare un traité tibétain.
Pour parler franchement et sans ambages, je déclare que la discipline du sommeil tantrique est en réalité une préparation ésotérique pour ce sommeil final que nous appelons la mort. Etant mort plusieurs fois au fil des nuits successives, le Gnostique anachorète qui a capturé consciemment les Quatre Béatitudes qui se présentent dans l’expérience onirique, à l’instant de la désincarnation passe à l’état post mortem avec la même facilité avec laquelle il s’introduisait volontairement dans le monde du rêve.
Hors du corps physique, le Gnostique conscient peut constater par lui-même le destin réservé aux Âmes au-delà de la mort.
Si chaque nuit, au moyen de la discipline tantrique du sommeil, l’ésotériste peut mourir consciemment et pénétrer dans le monde des morts, il est clair qu’il peut également pour cette raison, étudier le Rituel de la Vie et de la Mort tandis qu’arrive l’officiant.
Hermès, après avoir visité les mondes infernaux où il a vu avec horreur le destin des Âmes perdues, a pris connaissance de choses insolites.
« Regarde de ce côté, dit Osiris à Hermès, vois-tu l’essaim des Âmes essayant de remonter à la région lunaire ? Les unes sont rejetées vers la terre, comme des tourbillons d’oiseaux sous les chocs de la tempête. Les autres rejoignent à grand coups d’ailes la sphère supérieure, qui les entraîne dans sa rotation. Une fois parvenues là, elles recouvrent la vision des choses divines ».
Les Aztèques, en enterrant celui qui avait été choisi par Tlaloc, le Dieu de la pluie, plaçaient près du corps un rameau sec. On disait qu’au moment où le bienheureux arrivait au « Champ des Délices » qu’est le Tlalocan, le rameau sec reverdissait, indiquant ainsi la reprise d’une existence nouvelle, le retour.
Ceux qui n’ont pas été élus par le Soleil ou par Tlaloc vont fatalement au Mictlan, qui est situé au nord, région où les âmes subissent une série d’épreuves magiques en passant par les mondes infernaux.
Les lieux où les Âmes souffrent atrocement avant de parvenir au repos définitif sont au nombre de neuf. Ceci nous rappelle de manière indiscutable les neuf cercles infernaux de la Divine Comédie de Dante Alighieri.
Nombreux sont les Dieux et les Déesses qui peuplent les neuf cercles dantesques de l’Enfer aztèque. Il n’est pas superflu de rappeler l’effrayant Mictlantecuhtli et la ténébreuse Mictecacihuatl, le Seigneur et la Dame de l’Enfer, habitants du neuvième et plus profond des niveaux souterrains.
Les Âmes qui passent par les épreuves de l’Enfer aztèque, ultérieurement, après la « Seconde Mort », pénètrent tout heureux dans les Paradis élémentaux de la Nature.
Les Âmes qui, après la mort, ne descendent pas aux mondes infernaux, ni ne montent au « Royaume de la Lumière Dorée », ni au « Paradis de Tlaloc », ni au « Royaume de l’Éternelle Concentration », etc., inévitablement retournent ou reviennent de manière médiate ou immédiate.
Les Âmes choisies par le Soleil ou par Tlaloc jouissent d’un grand bonheur dans les mondes supérieurs avant de retourner à la vallée du Samsara.
Les anachorètes gnostiques, après avoir capté les Quatre Lumières du sommeil, peuvent visiter consciemment, chaque nuit, le Tlalocan, ou descendre au Mictlan, ou se mettre en contact avec les Âmes qui, avant de retourner à la vallée du Samsara, vivent dans la région lunaire.
Chapitre 21 – L’Ange Gardien
Nous débuterons le dernier chapitre de ce livre avec la phrase suivante : le premier éducateur de tout grand Initié se convertit, de fait et de plein droit, en la cause fondamentale de toutes les parties spiritualisées de son authentique présence commune.
Tout gourou reconnaissant se prosterne humblement devant le premier créateur de son Être authentique.
Lorsqu’après beaucoup de travaux conscients et de pénitences volontaires se révèle, devant nos yeux inondés de larmes, l’absolue perfection réalisée dans le fonctionnement de toutes les parties spiritualisées, isolées, de notre présence commune, l’impulsion de gratitude de l’Être envers le premier éducateur surgit en nous.
Incontestablement, la perfection absolue de toutes et chacune des parties isolées de l’Être est possible seulement en mourant radicalement en soi-même, ici et maintenant.
Il existe divers états d’autoréalisation intime : certains Initiés ont obtenu la perfection de certaines parties isolées de l’Être, cependant ils ont encore beaucoup de travail à faire avant de parvenir à l’absolue perfection de toutes les parties.
Il serait absolument impossible de dessiner l’Être. Il ressemble à une foule d’enfants innocents, chacun d’eux exerçant des fonctions déterminées. Parvenir à l’intégration totale est l’aspiration la plus ardente de tout Initié.
Quand on atteint l’autoréalisation intime de la partie la plus élevée de l’Être, on reçoit alors le grade initiatique d’Ishmesch.
Notre Seigneur Quetzalcoatl, le Christ mexicain, a indéniablement développé la partie la plus élevée de son propre Être. Il est ici opportun de souligner que Xolotl le Lucifer Nahuatl, est aussi une autre des parties isolées de notre propre Être.
Les Dieux élémentaux de la Nature, tels que Huehueteotl, Tlaloc, Ehécatl, Chalchiuhtlicue, la Guenièvre de Tlaloc, Xochiquetzal, la Déesse des fleurs, etc., assistent l’Initié au cours de ses opérations de Magie élémentale, à condition d’une conduite droite.
Toutefois, nous ne devons jamais oublier notre « Intercesseur élémental », le Magicien élémental en nous-mêmes, qui peut invoquer les Dieux élémentaux de la Nature et réaliser des prodiges. Incontestablement, il représente une autre des parties isolées de notre propre Être.
Trois Déesses qui, réellement, ne sont que trois aspects d’une même Divinité, représentent notre Divine Mère (variantes, émanations de notre propre Être), ce sont : Tonantzin, Coatlicue et Tlazolteotl.
Notre Être est composé de nombreuses parties isolées ; on est rempli d’étonnement au souvenir du Lion de la Loi, des deux Génies qui prennent note de nos actions, bonnes ou mauvaises, du Surveillant du Karma ; du Miséricordieux, du Compatissant, de notre Père-Mère réunis, de l’Ange Gardien, etc., qui tous font partie de notre Être.
Les pouvoirs flamboyants de l’Ange Gardien s’avèrent extraordinaires, merveilleux, terriblement divins.
Dans des sources parfaitement gnostiques, conservées en secret dans les monastères initiatiques, et qui diffèrent grandement du pseudo-christianisme et du pseudo-occultisme commun et courant à l’usage du vulgaire, on retrouve réellement ce qu’est l’Ange Gardien.
En approchant le domaine mystérieux de l’histoire et de la vie des « Jinas », nous avons découvert non seulement le temple de Chapultepec, au Mexique, et les gens de la quatrième verticale, mais également, et ceci est surprenant, les pouvoirs de l’Ange Gardien en relation avec tout ceci.
Il convient de ne jamais oublier que le Père Prado et Bernal Diaz del Castillo s’amusaient tous les deux en regardant les prêtres de l’Anahuac en état de Jinas (ou djinn). Les anachorètes flottaient délicieusement en se transportant par les airs de Cholula jusqu’au Temple Majeur. Cela survenait quotidiennement au coucher du soleil.
Jamais les disciples de Saïs, dans le Delta du Nil, ni ceux qui, sur les plateaux de Perse, suivaient Zoroastre, ni les contemplateurs de la Tour de Belo, en Babylonie, n’ont obtenu au cours de leurs promenades nocturnes de plus grandioses horizons que ceux qu’a toujours obtenus celui qui se soumet sérieusement à la discipline du sommeil tantrique.
Hors du corps physique, l’anachorète gnostique conscient peut, s’il le veut, invoquer une certaine partie isolée de son propre Être, définie en ésotérisme pratique sous le nom d’Ange Gardien, et l’Ineffable, incontestablement, viendra à son appel.
Une sérénité diaphane, une tranquillité sans limite, une félicité extatique comme celle expérimentée par l’Âme lorsqu’elle rompt les liens avec la matière et avec le monde, voilà ce que nous ressentons en ces moments délicieux.
Tout le reste, tu peux certainement l’imaginer cher lecteur ; du « Lohengrin » on peut toujours recevoir des services magiques.
Si, en ces instants de ravissement, nous demandons à l’Ange Gardien la faveur de sortir le corps endormi du lit où nous l’avons laissé reposer et de l’amener devant nous, le phénomène magique se réalisera avec plein succès.
On pressent l’arrivée du corps physique déjà en route, amené par l’Ange Gardien, quand on ressent, sur nos épaules animiques ou astrales, une étrange pression. Si nous conservons une attitude réceptive, ouverte et subtile, le corps physique pénétrera à l’intérieur de nous.
Le tantriste gnostique conscient, au lieu de s’en retourner à son corps physique, attend que celui-ci vienne à lui, pour voyager avec ce corps dans la Terre Promise, dans la quatrième coordonnée. Puis, grâce à l’aide de l’Ange Gardien, l’ascète gnostique retourne à sa demeure et à son lit sans le moindre danger.
Les Vénérables Maîtres de la fraternité occulte voyagent avec leur corps physique dans la quatrième verticale, avec la possibilité d’abandonner cette même dimension à l’endroit qu’ils désirent.
Cela signifie que les Maîtres Ressuscités de « l’Ordre Supérieur » peuvent s’offrir le luxe, certes appréciable, de renoncer à tous les moyens modernes de transport, bateaux, avions, automobiles, etc.
La haute valeur initiatique que possèdent en eux-mêmes les procédés critico-analogiques et symboliques qui, dans les temps anciens, furent l’essence vive de l’école alexandrine des philalèthes ou « amants de la Vérité », académie synthétique du IVe siècle fondée par Ammonios Saccas, le grand autodidacte éclectique, et par Plotin, le continuateur de Platon à travers les siècles, avec les principes doctrinaires de l’Égypte, du Mexique, du Pérou, de la Chine, du Tibet, de la Perse, de l’Inde, etc., a permis à beaucoup d’Initiés de s’orienter sur le sentier en Lame de Rasoir.
L’Androgilia d’Ammonios Saccas, livre d’or par excellence, mérite une mention très spéciale.
Indubitablement, l’erreur de nombreux pseudo-ésotéristes et pseudo-occultistes modernes a sa racine dans l’amour-propre : ils s’aiment eux-mêmes, ils désirent l’évolution de la misère qu’ils portent à l’intérieur d’eux, ils désirent continuer, aspirant à la perfection de ce qui en aucune façon ne mérite la perfection, ni la continuation.
Ces gens au psychisme subjectif se croient riches, puissants, illuminés, et convoitent en outre une magnifique place dans « l’Au-delà », mais en réalité ils ne savent rien sur eux-mêmes. Ils ignorent lamentablement leur propre impuissance, leur sottise, leur malheur, leur vacuité, leur misère psychologique, ainsi que leur nudité.
Nous les Gnostiques nous n’aspirons pas à être meilleurs ou pires, tout ce que nous voulons c’est mourir à nous-mêmes ici et maintenant.
Quand nous établissons le dogme de l’Évolution comme fondement de nos meilleures aspirations, nous partons d’une base fausse. Pour nous, pénitents du sentier rocailleux qui conduit à la libération finale, l’évolution est sans aucun intérêt. Nous savons que nous sommes affligés et misérables ; l’évolution de soi-même ne servirait à rien ; nous préférons la mort suprême ; c’est seulement avec la mort qu’advient le nouveau.
Pourquoi aurions-nous à lutter pour l’évolution et le progrès de notre propre malheur ? Mieux vaut la mort ! Si le grain ne meurt, la plante ne naît pas. Lorsque la mort est absolue, ce qui naît est également absolu.
L’annihilation totale du Moi-même, la dissolution radicale de ce que nous portons de plus cher en nous, la désintégration finale de nos meilleurs désirs, pensées, sentiments, de nos passions, ressentiments, douleurs, émotions, vœux, haines, amours, jalousies, vengeances, colères, affections, attachements, caresses, luxures, etc., est urgente, primordiale, et ne peut être différée, pour que surgisse la flamme de l’Être, ce qui est hors du temps, ce qui est toujours nouveau.
L’idée que chacun de nous se fait de l’Être n’est jamais l’Être ; le concept intellectuel que nous avons élaboré sur l’Être, n’est pas l’Être, notre opinion sur l’Être n’est pas l’Être : l’Être est l’Être et la raison d’être de l’Être est ce même Être.
La peur de la mort absolue est un empêchement, un obstacle à l’obtention du changement radical. Chacun de nous porte à l’intérieur de lui une création « équivoque », erronée. Il est indispensable de détruire ce qui est faux, afin que surgisse en vérité une création neuve.
Jamais nous ne tenterions de promouvoir l’évolution de la fausseté, nous préférons l’annihilation absolue.
Du sein de la noire et effrayante fosse sépulcrale de l’Abîme, surgissent les diverses parties flamboyantes de l’Être ; l’Ange Gardien est l’une de ces diverses parties isolées.
Ceux qui connaissent réellement les Mystères du Temple, reflets merveilleux des Mystères bachiques, éleusiens et pythagoriciens, jamais ne désireraient continuer avec leur propre misère intérieure.
Il faut revenir au point de départ originel ; il faut retourner aux ténèbres primitives du « Non-Être » et au « Chaos », pour que naisse la lumière et que surgisse à l’intérieur de nous une nouvelle création.
Au lieu de craindre l’annihilation totale, mieux vaut savoir aimer et tomber dans les bras de notre Sainte et Divine Mère la Mort !